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00:00:00 Un mouvement qui était perçu comme populaire, très largement partagé au-delà des frontières partisanes,
00:00:04 eh bien ils peuvent avoir la crainte que ce mouvement soit aujourd'hui abîmé par ces images de violence.
00:00:09 On les voit à Paris, on ne sait pas si c'est le cas évidemment dans d'autres villes de province.
00:00:14 Mais malgré tout, il semble quand même que la mobilisation aujourd'hui était un peu moins forte,
00:00:19 en tout cas à midi, on verra cet après-midi, que la semaine dernière. Pourquoi ?
00:00:23 Parce que, et vous l'avez dit, ce n'est pas forcément le nombre de personnes qui traduisent aujourd'hui
00:00:28 la force des mobilisations. Il y a avec les réseaux sociaux des mobilisations différentes.
00:00:33 Vous pouvez répondre que vous êtes favorable, vous pouvez cliquer sur Facebook pour dire que vous soutenez,
00:00:38 vous pouvez mettre un gilet jaune sur votre pare-brise, beaucoup de citoyens ont fait juste cela,
00:00:43 et puis vous pouvez être les plus déterminés et aller manifester à des ronds-points, sur des rocades,
00:00:48 comme on l'a vu tout au long de la semaine.
00:00:50 Et les plus déterminés, dédéterminés, des casseurs, ce ne sont pas des manifestants,
00:00:54 ce sont sur l'avenue des Champs-Elysées en ce moment, vous le voyez sur ces images en direct de BFMTV,
00:01:01 il y a des tout derniers chiffres dont vous disposez, Alexandra González, des chiffres d'interpellation notamment.
00:01:06 Oui, pour l'instant, la préfecture Bolisse parle de neuf interpellations au total,
00:01:11 après tous les débordements qui se déroulent maintenant depuis 10h ce matin,
00:01:15 neuf interpellations, principalement pour des jets de projectiles.
00:01:19 La difficulté depuis ce matin pour les forces de l'ordre, c'est qu'ils sont face à des casseurs
00:01:25 qui ont infiltré véritablement le mouvement des gilets jaunes,
00:01:28 qui sont très difficiles à différencier des gilets jaunes parce qu'eux-mêmes en portent un,
00:01:34 et que dès lors que les forces de l'ordre ont tenté d'avancer, après avoir tenté de les contenir,
00:01:40 dès lors qu'ils ont tenté d'avancer, ces casseurs, à chaque fois, se sont fondus dans la masse,
00:01:45 dès lors que des gendarmes mobiles ou des CRS apparaissaient. C'est pour ça que pour l'instant,
00:01:50 il n'y a que, entre guillemets, neuf interpellations, ce qui peut paraître peu par rapport à la centaine
00:01:57 de casseurs qu'on a pu voir sur ces images et dont ont parlé les responsables,
00:02:02 et notamment les ministères de l'Intérieur.
00:02:03 David Lebar, 5 000 personnes sur les Champs-Élysées, quelques centaines de casseurs,
00:02:07 nous dit Alexandra González, comment est-ce possible qu'on n'arrive pas à maîtriser
00:02:11 quelques centaines de personnes alors qu'on a les moyens qu'on a aujourd'hui ?
00:02:14 Les forces de l'ordre ont des camions à eau, ils ont des gaz lacrymogènes,
00:02:17 ce sont des policiers expérimentés, entraînés ?
00:02:20 C'est possible quand on explique le risque. Et expliquer le risque, c'est, comme ça vient d'être dit,
00:02:27 faire le choix de, si on doit lancer une phase d'interpellation sur une centaine de casseurs,
00:02:32 peut-être 200 maximum, vous avez 5 000 manifestants qui, eux, sont là pour manifester pacifiquement.
00:02:37 Si vous lancez cette offensive pour interpeller, vous avez un risque majeur de dommages collatéraux,
00:02:42 et on aurait un tout autre débat ce soir qui consisterait à pointer du doigt
00:02:46 qui seraient les fautifs si on avait des blessés, et pire, des gens peut-être décédés.
00:02:51 Aussi bien du côté des forces de l'ordre que du côté des manifestants.
00:02:54 Et on espère tous qu'on n'en arrivera pas là aujourd'hui, évidemment.
00:02:55 Exactement. Alors, il y a d'autres techniques qui pourront être envisagées par la suite,
00:02:59 mais encore une fois, on est dans l'urgence.
00:03:01 On a vu, d'abord, on est dans la priorité du maintien de l'ordre et de la reprise du terrain.
00:03:05 L'essentiel, c'était de reprendre le terrain, le tout en préservant la sécurité des personnes.
00:03:09 On peut disserter, moi je n'aime pas du tout porter de jugement,
00:03:12 c'est mes collègues qui sont sur le terrain, il faut les soutenir, c'est des moments très difficiles.
00:03:16 Il faudra se poser la question d'évoluer sur certaines techniques, peut-être que le canon à eau.
00:03:19 À un moment ou à un autre, il faudra envisager des techniques telles que le colorant.
00:03:22 Et quand vous avez un groupe de 100 casseurs, ça existe à l'étranger.
00:03:25 Si vous avez 100 casseurs en train d'agir et que vous êtes en mesure de les arroser avec du colorant,
00:03:29 vous pouvez ensuite, plus tard, les interpeller dans des conditions de sécurité.
00:03:32 Mais ces phases de réflexion-là devront intervenir
00:03:34 une fois qu'on ne sera plus dans cette situation d'urgence.
00:03:36 Il ne s'agit pas de porter des jugements hâtifs.
00:03:37 Nicolas Priset, les conséquences politiques de ce qu'on est en train de voir sur les Champs-Elysées.
00:03:41 Et je le rappelle, s'il vous plaît, pour ceux qui nous rejoignent sur BFM TV,
00:03:44 qui découvrent ces images de violences urbaines sur la plus belle avenue du monde,
00:03:49 comme l'on dit, ce n'est pas vraiment le cas aujourd'hui.
00:03:52 Ce sont des événements ultra localisés ailleurs.
00:03:56 À Paris, tout se déroule dans le calme, et c'est le cas aussi en province.
00:03:58 C'est ce que nous font remonter, en tout cas nos équipes, déployées un peu partout en France.
00:04:02 Nicolas Priset, donc les conséquences politiques de ces images.
00:04:05 La nouveauté politique de la journée, c'est que contrairement à ce qui s'était passé
00:04:10 la semaine dernière, samedi dernier et durant le reste de la semaine,
00:04:14 il y a de la part du gouvernement, en la personne de Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur,
00:04:19 une accusation qui est portée à Marine Le Pen, au Rassemblement national,
00:04:23 d'avoir en quelque sorte été à l'instigation du mouvement de défilé sur les Champs-Elysées,
00:04:29 dont il faut rappeler qu'il n'a été demandé et revendiqué par personne.
00:04:33 C'est-à-dire qu'aucun organisateur chez les Gilets jaunes n'a déposé en préfecture
00:04:37 de demande pour faire une manifestation sur les Champs-Elysées.
00:04:40 Mais Marine Le Pen a évoqué cette idée dans une question sur Twitter,
00:04:44 et c'est pourquoi Christophe Castaner l'accuse d'avoir été,
00:04:48 peut-être pas l'organisatrice du rassemblement sur les Champs-Elysées,
00:04:53 mais en tout cas de l'avoir, à tout le moins, soutenu par la pensée.
00:04:57 - Elle joue sur les mots aujourd'hui, elle dit "je n'ai jamais appelé à quelque violence que ce soit".
00:05:01 - Évidemment, c'est le cas. - Elle n'a pas non plus appelé elle personnellement à défiler sur les Champs-Elysées,
00:05:06 mais c'est la seule responsable politique dans les partis d'opposition à avoir évoqué cette idée des Champs-Elysées.
00:05:12 Et donc c'est la raison pour laquelle Christophe Castaner s'est saisi de cette idée pour lui reprocher de l'avoir formulée.
00:05:19 Et donc on a aujourd'hui, nouveauté par rapport à la confrontation entre le gouvernement d'un côté,
00:05:24 les Gilets jaunes, de l'autre, qui était la confrontation des jours qui viennent de s'écouler,
00:05:28 et bien on a aujourd'hui une confrontation qui est beaucoup plus politique, beaucoup plus classique et traditionnelle.
00:05:33 C'était celle du second tour de la présidentielle entre, d'un côté, la République En Marche qui est au gouvernement,
00:05:39 et puis Marine Le Pen au Rassemblement National.
00:05:41 - David Le Bars, au vu de la situation en ce moment sur les Champs-Elysées, quel est le plus gros risque ?
00:05:46 - Le plus gros risque, c'est que la journée s'enlise.
00:05:48 Et malheureusement, tant que les casseurs ne sont pas interpellés ou que nous ne sommes pas en mesure de le faire,
00:05:54 et bien cette journée risque d'être très compliquée. Il est seulement 14h.
00:05:57 C'est à peine l'heure du début de rassemblement, dont on voit déjà qu'il ne sera pas le lieu choisi pour les vrais manifestants,
00:06:02 ceux qui sont venus là dans des conditions saines et sincères.
00:06:05 On va avoir maintenant cette problématique sur la capitale de ces groupes de casseurs,
00:06:09 qui risquent peut-être également d'être rejoints par d'autres individus,
00:06:13 qui pourraient se dire que c'est l'occasion de faire aussi valoir leur façon de procéder.
00:06:16 Donc on va avoir une journée très longue pour les forces de l'ordre,
00:06:18 et ça va être très compliqué jusqu'à sans doute tard dans la journée.
00:06:21 - Jean-François Madieu.
00:06:22 - Oui, on est en train d'avoir sous les yeux les conséquences du fait que les corps intermédiaires sont laminés,
00:06:29 ou qui ne sont pas dans l'action, et donc on a des gens totalement désorganisés.
00:06:32 Quand vous voyez ce qui se passe là autour de la place Charles de Gaulle, de l'Etoile, et sur l'avenue des Champs-Élysées,
00:06:37 les manifestants ne savent pas où aller. Personne n'est là pour donner des consignes.
00:06:41 Bien sûr, il n'y a pas de service d'ordre. Il y a des gilets jaunes et des casseurs,
00:06:46 et ce sera pareil en effet ailleurs dans Paris, avec cette fois-ci non pas l'ultra droite, comme on le voit ici,
00:06:52 mais peut-être l'ultra gauche, et effectivement, on devra se poser des questions sur ce type de mouvement,
00:07:00 et la disparition, je dirais, de toute une série de corps intermédiaires.
00:07:03 Je vise les organisations syndicales et leur affaiblissement,
00:07:06 et le fait qu'elles ne soient pas dans ce type d'action, c'est quand même un vrai problème.
00:07:09 - Julia Delage, vous êtes sur les Champs-Élysées pour BFMTV.
00:07:12 La violence est sporadique, mais elle se maintient.
00:07:17 - Effectivement, on assiste en ce moment même à une charge de gendarmes mobiles sur le bas des Champs-Élysées.
00:07:26 Jusqu'à présent, les forces de l'ordre tentaient de faire refluer le flux d'individus violents vers le haut des Champs-Élysées,
00:07:37 pour tenter un petit peu de canaliser tout cela.
00:07:40 Le problème, c'est que d'autres groupes sont arrivés par le bas des Champs-Élysées.
00:07:45 Il a donc fallu, eux aussi, les encercler.
00:07:49 C'est ce qu'ils sont en train de faire en ce moment.
00:07:51 Un groupe d'individus est en train de se faire refluer vers le bas des Champs-Élysées,
00:07:57 à coups de gaz lacrymogènes, de jets d'eau et de grenades assourdissantes.
00:08:02 Donc là, on a vraiment une situation très confuse ici, sur les Champs-Élysées,
00:08:06 avec des groupes d'individus extrêmement violents qui s'en prennent aux forces de l'ordre très mobiles, très rapides.
00:08:13 Et puis, notamment en haut des Champs-Élysées et un peu sur le bas aussi,
00:08:17 il y a des groupes de manifestants qui tentent de se protéger parfois,
00:08:23 qui enlèvent quelques minutes les barricades qui ont été érigées
00:08:29 pour notamment laisser passer les forces de secours,
00:08:32 notamment des véhicules et des camions de pompiers,
00:08:35 pour ensuite les refermer derrière ces véhicules.
00:08:39 Et là, on assiste vraiment à une pluie de gaz lacrymogènes sur l'ensemble de l'avenue des Champs-Élysées
00:08:45 pour tenter de disperser les éléments les plus violents.
00:08:49 Julia Delage en direct des Champs-Élysées pour BFM TV.
00:08:53 La suite de notre édition spéciale, évidemment avec ces violences qui se poursuivent depuis 10h ce matin sur les Champs-Élysées.
00:08:59 Des groupes de gilets jaunes et de casseurs qui sont organisés.
00:09:02 Ils ont organisé des barricades improvisées sur les Champs-Élysées.
00:09:06 Les forces de l'ordre tentent de les faire reculer avec des gaz lacrymogènes, avec des canons à eau.
00:09:12 Mais pour l'instant, la situation reste bloquée, extrêmement tendue.
00:09:15 À 11h, le ministre de l'Intérieur évoquait le chiffre de 5000 personnes sur les Champs,
00:09:20 de 23 000 manifestants partout en France.
00:09:22 C'est moins que la semaine dernière, mais c'est un chiffre, évidemment, extrêmement provisoire
00:09:26 qui a été donné à 11h.
00:09:27 Évidemment, difficile d'évaluer exactement le nombre de gilets jaunes aujourd'hui
00:09:31 qui sont dans les rues partout en France.
00:09:33 Une certitude, cette situation de violence sur les Champs-Élysées
00:09:38 et ces groupes de gilets jaunes qui ont envahi toute une partie des rues de Paris.
00:09:43 On va évidemment continuer à suivre en direct sur BFMTV la situation,
00:09:46 essayer de comprendre aussi ce qui se passe précisément avec nous, notamment,
00:09:50 Pacome Routin, vous êtes député de La République en Marche de Paris.
00:09:53 D'abord, votre sentiment sur la situation dans laquelle on se trouve aujourd'hui.
00:09:57 On se dit, est-ce que tout cela n'était pas évitable ?
00:09:59 Est-ce que le gouvernement n'aurait pas pu donner des gages plus tôt
00:10:02 pour éviter cette nouvelle manifestation ?
00:10:05 La question, ce n'est pas d'éviter une manifestation ou pas.
00:10:09 Les images sont très impressionnantes.
00:10:11 Ce sont d'abord des images de violence.
00:10:13 Donc, qu'il y ait des manifestations pour ou contre des réformes,
00:10:17 pour ou contre une politique d'un gouvernement,
00:10:19 ce sont des choses qu'on voit depuis des années en France.
00:10:21 Mais là, on avait rarement vu des violences pareilles,
00:10:24 des violences symboliques sur les Champs-Élysées,
00:10:27 les forces de l'ordre qui sont prises à partie.
00:10:30 Moi, je trouve ça extrêmement impressionnant.
00:10:32 Et en plus, avec, pour le moment, très peu de monde.
00:10:36 Donc, voilà l'impression que cela donne,
00:10:39 en tout cas pour les Gilets jaunes qui sont venus sur Paris aujourd'hui,
00:10:42 c'est qu'ils sont passés à une stratégie de blocage,
00:10:46 à une stratégie de la violence.
00:10:48 Et ça, c'est extrêmement dommage.
00:10:50 Et je crois qu'il y a beaucoup de gens qui le regrettent.
00:10:52 – Et il y a effectivement beaucoup de Gilets jaunes
00:10:53 qui témoignent sur l'antenne de BFMTV de leur écoeurement,
00:10:56 de leur désarroi face à ces situations de violence.
00:10:59 La violence sur le terrain, sur les Champs-Élysées.
00:11:01 Fabien Combet, vous êtes sur place.
00:11:03 Il y a toujours ces moments très tendus entre les forces de l'ordre
00:11:06 qui essayent de repousser Casseur et Gilets jaunes
00:11:09 au niveau du haut de l'avenue des Champs-Élysées.
00:11:12 – Oui, nous sommes en haut au niveau du rond-point de l'étoile,
00:11:22 de l'arc de triomphe, avec justement encore énormément de manifestants.
00:11:27 Toujours quelques affrontements,
00:11:29 mais les faces à face sont de plus en plus rares.
00:11:32 Les manifestants sont regroupés dans le calme, tout en haut des champs.
00:11:36 La situation s'est apaisée, en tout cas en haut des Champs-Élysées,
00:11:40 après de longues heures de face à face,
00:11:43 de vagues de lancées de grenades lacrymogènes
00:11:46 pour essayer de disperser cette foule
00:11:49 qu'il a fallu faire remonter depuis les Champs-Élysées.
00:11:52 Mais là, on semble dans un moment d'accalmie en tout cas,
00:11:55 avec toujours un face à face, mais moins violent.
00:11:59 Des forces de l'ordre qui sont huées, sifflées,
00:12:01 par les manifestants lorsqu'elles passent.
00:12:04 Mais globalement, la situation s'apaise légèrement,
00:12:08 avec moins de violence en tout cas,
00:12:11 entre manifestants et forces de l'ordre en ce moment même,
00:12:13 alors que les CRS sont en train de redescendre l'avenue des Champs-Élysées,
00:12:17 maintenant que la majorité des manifestants s'est calmée sur le haut,
00:12:21 sur le rond-point de l'arc de triomphe.
00:12:23 Fabien Crombé avec Frédéric Leclerc-Rimaud
00:12:25 sur les Champs-Élysées, situation que l'on suit en direct sur BFM TV.
00:12:29 Dominique Rizet, évidemment avec vous,
00:12:30 on a besoin de comprendre ce qui est en train de se passer.
00:12:32 Il y a ces barricades de fortune, j'ai envie de dire,
00:12:35 qui ont été installées avec du mobilier urbain,
00:12:36 avec des chaises de restaurant, de café qui ont été pris par les casseurs.
00:12:40 Et puis il y a les forces de l'ordre qui essayent de suivre,
00:12:44 d'encadrer un peu ce mouvement.
00:12:46 C'est un face à face, comment agissent les forces de l'ordre,
00:12:48 quels peuvent être les consignes ?
00:12:51 Qui ont été établies avec du mobilier urbain
00:12:54 ou avec du mobilier de restaurant.
00:12:56 Parce qu'à cet endroit, il est bien évident que,
00:12:58 normalement, les manifestants ne devaient pas venir.
00:13:01 La manifestation n'était pas prévue sur les Champs-Élysées.
00:13:03 Vous pensez bien que si ça avait été le cas,
00:13:05 il n'y aurait eu, tous les restaurants auraient fermé,
00:13:07 il n'y aurait pas eu les tables, il n'y aurait pas eu les chaises,
00:13:08 il n'y aurait pas eu tout ce qui permet de construire des barricades,
00:13:11 pas même de panneaux de chantier, puisque ça n'était pas prévu.
00:13:14 On ne devait pas venir, les manifestants ne devaient pas venir ici.
00:13:17 C'est parti très vite, c'est parti très tôt,
00:13:20 c'est parti très fort, avec visiblement des professionnels du désordre,
00:13:24 ceux qu'on connaît bien, de gauche, de droite,
00:13:27 extrême gauche, extrême droite ou extrême abruti.
00:13:30 On n'est pas dans la pensée politique,
00:13:32 on est dans le degré zéro de la pensée.
00:13:34 Ce sont des trublions, ce sont des professionnels du désordre urbain.
00:13:39 On les voit bien faire, les premières barricades sont posées par eux,
00:13:43 ils vont à l'affrontement avec les forces de l'ordre,
00:13:46 ils jettent des pavés, ils vont ensuite s'enfuir,
00:13:48 partir dans les rues, sur les côtés, et puis revenir dans la foule.
00:13:52 Et une foule de gilets jaunes,
00:13:53 ignorante de ce que c'est que l'organisation du désordre dans une manif,
00:13:58 et qui voit revenir dans ces rangs les mêmes casseurs,
00:14:01 qui vont recommencer à regarder.
00:14:03 Premiers affrontements vers 10h, 10h30, 13h30, deuxième barricade,
00:14:07 les policiers sont remontés sur les Champs-Elysées,
00:14:10 et dans un moment, il y a une autre barricade qui se mettra en place,
00:14:13 parce que ces gens vont partir et revenir dans la foule.
00:14:16 Et alors évidemment, on suit la situation au plus près sur le terrain,
00:14:19 il y a ces violences, et puis il y a ces gilets jaunes
00:14:21 qui sont obligés d'observer cette situation,
00:14:24 qui sont parfois écoeurés de ces violences.
00:14:27 Lisa Hadef, vous êtes aux côtés de ces gilets jaunes,
00:14:29 qui espéraient aujourd'hui faire entendre leurs revendications.
00:14:32 Exactement, je me trouve actuellement avec Ingrid, elle a 24 ans.
00:14:37 Ingrid, concrètement, pourquoi est-ce que vous en avez marre ?
00:14:40 J'en ai marre parce que je suis une mamante de deux enfants.
00:14:43 Écoutez, c'est simple, je gagne 2000 euros à peu près par mois,
00:14:46 en comptant les aides de la CAF pour mes enfants,
00:14:49 et au final, le 15 du mois, je me retrouve avec 300 euros.
00:14:52 Donc vous comptez les courses, les couches, et ça y est, j'ai plus rien.
00:14:55 Donc en fait, à la fin du mois, j'arrive, j'ai un découvert.
00:14:58 Et jamais un mois, j'arrive à rester dans le vert.
00:15:00 Qu'est-ce que vous attendez concrètement du gouvernement comme solution ?
00:15:05 Comme solution, j'attends au moins déjà un geste
00:15:07 qu'on retrouve notre liberté d'expression, tout ça,
00:15:11 et que les taxes s'arrêtent, parce qu'on n'en peut plus, on ne s'en sort plus.
00:15:15 Je parle pour moi, je parle pour tous les citoyens que vous voyez là,
00:15:18 et on s'en sort plus en fait.
00:15:20 Chaque fin de mois, toutes les taxes augmentent,
00:15:23 et on ne se voit plus les deux bouts en fait.
00:15:26 Pourquoi est-ce que vous avez décidé de venir ici manifester sur les Champs-Elysées
00:15:29 en dépit de l'interdiction de l'EDA,
00:15:30 alors qu'il y avait une manifestation qui était autorisée au Champs de Mars ?
00:15:33 Parce que tout bêtement, c'était interdit.
00:15:35 Donc on lui donne raison si on s'en va.
00:15:37 Donc nous, on n'est pas d'accord avec lui, on attend une réaction de sa part.
00:15:41 Donc on vient à l'affront, on vient là où c'est interdit,
00:15:43 pour lui faire comprendre qu'on ne cèdera pas.
00:15:45 On ne cèdera pas, on est là.
00:15:47 Comme Ingrid, ils sont des milliers ici réunis sur les Champs-Elysées,
00:15:51 bien déterminés à rester ici tout au long de la journée,
00:15:53 sur cette avenue, en dépit de l'interdiction de manifester ici.
00:15:56 Lisa Hadef avec Stéphane Beaujard pour BFM TV,
00:15:59 la parole des Gilets jaunes,
00:16:01 la parole politique apportante aussi en ce samedi,
00:16:04 puisqu'il y a eu beaucoup de prise de parole politique
00:16:07 depuis le point presse qu'a tenu Christophe Castaner,
00:16:10 le ministre de l'Intérieur, qui à la mi-journée,
00:16:12 a donné quelques chiffres provisoires,
00:16:14 et puis qui a surtout pointé du doigt Marine Le Pen.
00:16:16 Il a parlé des séditieux de l'ultra-droite,
00:16:19 qui sont venus pour en découdre avec les forces de l'ordre.
00:16:22 Jean-Luc Mélenchon, bonjour.
00:16:24 Merci d'être avec nous en direct sur BFM TV.
00:16:26 Marine Le Pen a parlé de propos minables de la part de Christophe Castaner.
00:16:30 Il y a une polémique politique autour désormais de l'organisation de cette journée.
00:16:34 Aujourd'hui, est-ce que vous pensez que cette mobilisation des Gilets jaunes
00:16:37 est minée par l'ultra-droite ?
00:16:40 Non, je ne dirais pas ça.
00:16:41 Je crois que tout le monde est dans cette mobilisation du point de vue de...
00:16:44 comment dire... des engagements politiques.
00:16:46 Il y a toutes sortes de gens de tous les points de vue possibles.
00:16:49 Mais c'est surtout de tous les milieux sociaux
00:16:52 que les gens viennent dans ce mouvement et se reconnaissent.
00:16:54 Donc, personne ne peut ni ne doit se l'approprier.
00:16:57 Alors, M. Castaner, c'est son jeu.
00:16:59 Il faut qu'il fasse peur, il emploie des grands mots, il parle de séditieux,
00:17:03 comme si des gens avaient l'intention de je ne sais pas quoi faire,
00:17:05 moi, prendre le pouvoir par la force.
00:17:07 Vous voyez ? Et puis, il met beaucoup en scène les violences.
00:17:11 Il dit dès ce matin "la mobilisation faiblit",
00:17:14 alors que les échos que moi j'ai au quartier général de la France Insoumise,
00:17:19 c'est que dans tout le pays, des ronds-points, des carrefours
00:17:23 sont occupés par des Gilets jaunes, dans la plus grande tranquillité.
00:17:27 Voilà. Et je crois que c'est ça, moi, surtout, que je veux dire aujourd'hui.
00:17:30 Il faut que ce mouvement trouve sa force.
00:17:32 Donc, je dis à mes amis, donnez le coup de main,
00:17:34 ne vous l'appropriez pas, et surtout, pesez dans le sens de la tranquillité.
00:17:39 Parce que c'est ce que veulent les gens.
00:17:41 Et surtout, il faut qu'ils aient une réponse à leur demande.
00:17:44 Enfin, ils ne sont pas là pour prendre l'air.
00:17:46 Ils sont là parce qu'ils ont quelque chose à demander.
00:17:48 Et ce quelque chose, c'est... Oui ?
00:17:50 – Jean-Luc Mélenchon, est-ce que vous condamnez clairement les violences
00:17:53 qui se déroulent depuis ce matin ?
00:17:55 Et quels consignes donnez-vous à ceux qui voudraient défiler
00:17:58 le champ de marche sécurisé ou toujours les Champs-Élysées ?
00:18:02 – Mais je ne donne aucune consigne.
00:18:06 Ce mouvement a ses propres émetteurs politiques,
00:18:09 ses propres responsables, et voilà.
00:18:12 Et c'est à eux d'assumer ça.
00:18:14 Moi, je n'ai pas de responsabilité dans ce mouvement.
00:18:17 Et je vous dis franchement que je n'en souhaite pas.
00:18:19 La seule chose que je souhaite, c'est qu'on n'aille pas au bout
00:18:22 de cette logique folle de confrontation, de choc frontal
00:18:26 que le gouvernement recherche pour justifier le fait qu'il ne bouge pas.
00:18:30 Donc moi, ma demande, c'est...
00:18:32 Puisque la discussion budgétaire est en cours,
00:18:35 si on avait déjà voté le budget, peut-être que la situation serait différente,
00:18:38 mais on ne l'a toujours pas voté.
00:18:40 Donc je dis au gouvernement, annulez la hausse des carburants,
00:18:45 et comme il vous manquera 3 milliards, rétablissez l'impôt sur la fortune,
00:18:49 parce que c'est le même chiffre.
00:18:51 La vérité vraie, c'est que les gens se cotisent à la pompe à essence
00:18:54 pour payer 1 million d'euros pour les 100 personnes les plus riches du pays.
00:18:58 Enfin, ça, c'est la vraie vérité.
00:19:00 Alors vous voyez, c'est simple de régler une situation comme celle-là.
00:19:04 Une question pour vous de Thierry Arnaud, éditorialiste BFM TV.
00:19:07 Juste une question sur ce que vous disiez il y a quelques instants,
00:19:10 Jean-Luc Mélenchon, sur la mobilisation.
00:19:12 Ce matin, on a entendu Christophe Cassaner nous expliquer
00:19:14 qu'en gros, il y avait 5 fois moins de monde dans la France
00:19:18 pour manifester au nom des Gilets jaunes aujourd'hui
00:19:20 que la semaine dernière.
00:19:21 Pour vous, clairement, ces chiffres ne correspondent pas à la réalité ?
00:19:26 – Non, mais c'est le jeu de Cassaner de faire ça, c'est assez traditionnel.
00:19:30 Des fois, vous savez, c'est à la première manif qu'on entend le pouvoir dire
00:19:34 "la mobilisation s'essouffle".
00:19:35 Bon, de toute façon, ce n'est pas, franchement, ce n'est pas le sujet
00:19:38 ce que dit Cassaner.
00:19:39 Ça n'a aucune espèce d'impact sur personne.
00:19:41 Les gens qui aujourd'hui sont sur les carrefours
00:19:44 et qui sont dans le mouvement Gilets jaunes,
00:19:46 si j'en crois ce qu'on me dit et ce que je vois
00:19:48 et les coups de téléphone que j'ai,
00:19:49 c'est plus puissant que ça n'était dans le cours de la semaine
00:19:52 parce que dans la semaine, les gens avaient le travail, la famille, etc.
00:19:55 et là, on arrive le samedi où ce sont des familles entières qui se mobilisent.
00:19:59 Donc tout ça, non.
00:20:00 Je crois surtout que vous autres, les éditorialistes et les analystes,
00:20:04 parce que vous pouvez aider à comprendre,
00:20:06 il faut accepter l'idée de ne pas analyser ce mouvement
00:20:10 comme on analyse les autres mouvements
00:20:12 où vous les avez analysés dans le passé.
00:20:14 Là, vous avez quelque chose qui est profondément populaire
00:20:17 et qui touche les coûts sociaux,
00:20:20 et qui sont toutes atteintes par ce mouvement.
00:20:23 C'est-à-dire que tout le monde est dans l'action.
00:20:25 Donc il y a un ras-le-bol sur la question des prélèvements
00:20:28 qui sont faits sur le porte-monnaie des gens.
00:20:30 Tous les témoignages vous le montrent.
00:20:32 Comprenez bien que l'impôt, qui est une bonne chose,
00:20:34 lorsqu'il n'est plus consenti,
00:20:36 c'est le début des révolutions dans ce pays.
00:20:38 En France, ça a toujours été comme ça.
00:20:40 Vous avez raison de dire que les analystes doivent...
00:20:42 Un grand événement qui a lieu là, ne ramènez pas ça...
00:20:44 Vous avez raison de dire que les analystes doivent avoir le gril de lecture,
00:20:47 mais est-ce que ce n'est pas vrai du monde politique aussi,
00:20:49 au fond, de vous-même et de la France Assoumise ?
00:20:52 Est-ce que le fait que ce mouvement soit né,
00:20:54 se soit développé, et proteste aujourd'hui,
00:20:56 alors que ce n'est pas vous qui avez appelé à le faire, par exemple,
00:20:59 que ce mouvement n'est pas porté par un parti politique,
00:21:01 est-ce que ça vous interroge ?
00:21:03 Ça m'interroge d'une manière qui va vous paraître imprévue.
00:21:08 Je vous rappelle que je suis l'auteur de quelques livres,
00:21:11 et notamment d'un qui s'appelle "L'ère du peuple",
00:21:13 et qui décrit le surgissement d'événements populaires de masse de cette nature,
00:21:18 à partir de revendications qui ancrent le processus, et de réseaux sociaux.
00:21:23 Par conséquent, moi, dans tout ce que je vois là,
00:21:26 je me sens conforté dans la grille d'analyse.
00:21:28 Dans mon esprit, je n'ai jamais imaginé,
00:21:31 et je ne crois plus à l'idée des partis d'avant-garde,
00:21:33 qui injectent de l'inconscient,
00:21:35 qui disent ce qui est bon et ce qui n'est pas bon.
00:21:37 Tout ça, c'est une autre époque.
00:21:38 C'est d'ailleurs ce qui m'a amené à regretter,
00:21:40 de voir tant d'organisations traditionnelles de l'ancienne gauche,
00:21:44 avoir une attitude réservée, voire des fois moralisante,
00:21:48 et des fois même un peu méprisante,
00:21:51 à l'égard d'un mouvement populaire de cette nature.
00:21:54 Moi, ce n'est pas du tout mon point de vue.
00:21:55 Je pense que le peuple est capable d'auto-organisation,
00:21:59 et capable d'initiative.
00:22:00 Et c'est ce qu'on a aujourd'hui sous les yeux.
00:22:01 Ne vous y trompez pas.
00:22:03 – Merci Jean-Luc Mélenchon d'avoir été en direct sur BFM TV,
00:22:06 alors que vous le voyez, des violences qui se poursuivent sur les Champs-Elysées,
00:22:09 affrontements toujours entre ces groupes de Gilets jaunes,
00:22:12 et surtout ces casseurs, ces membres de l'ultra-droite,
00:22:14 qui sont venus pour en découdre avec les forces de l'ordre.
00:22:17 Images en direct.
00:22:19 On suit évidemment sur BFM TV la situation en plus près.
00:22:22 On essaye d'analyser, de comprendre, et puis les réactions également.
00:22:25 Olivier Faure, bonjour, vous êtes le premier secrétaire du Parti Socialiste.
00:22:29 Vous êtes aujourd'hui écoeuré,
00:22:31 vous pensez que ce mouvement des Gilets jaunes,
00:22:33 il a été miné par l'ultra-droite,
00:22:35 qu'il ne parviendra pas à faire passer son message aujourd'hui ?
00:22:38 – Non, ça vous vous trompez avec Christophe Cassaner,
00:22:40 lui il cherche à laisser penser que ce mouvement se résumerait
00:22:44 à 200 casseurs sur les Champs-Elysées.
00:22:46 La vérité c'est que nous savons ça, nous faisons face à un mouvement,
00:22:49 qui est un mouvement ultra-majoritaire,
00:22:51 puisqu'il est soutenu par les trois quarts des Français.
00:22:53 Et donc la seule question posée au pouvoir actuel,
00:22:57 n'est pas de savoir comment minorer,
00:22:59 n'est pas de savoir comment organiser un flattapasse comode avec l'extrême droite,
00:23:03 mais de répondre sur le fond à ces Français qui manifestent leur colère,
00:23:07 leur exaspération et cela fait plusieurs semaines maintenant,
00:23:10 que nous avons, nous, appelé à entrer en négociation avec des États généraux,
00:23:14 qui permettraient à la fois de parler du financement de la politique énergétique,
00:23:18 qui est une partie du sujet, mais plus largement,
00:23:21 de revenir sur la politique fiscale du gouvernement,
00:23:23 parler de pouvoir d'achat, parce que le carburant,
00:23:26 c'est en fait la goutte de pétrole qui fait des produits élevés.
00:23:29 La vérité est que nous avons aujourd'hui des millions de Françaises et de Français
00:23:33 qui au milieu du mois se demandent comment ils le finiront.
00:23:36 Et donc la question, elle est là.
00:23:38 Et tant que le gouvernement ne comprendra pas ce qui se passe,
00:23:42 quelle est la lame de front qui est en train aujourd'hui de passer sur les mains politiques,
00:23:47 alors nous en serons à cette situation.
00:23:50 Et ce que je lui demande aujourd'hui, c'est que le président s'exprime,
00:23:53 non pas dans plusieurs jours, non pas qu'il cherche à temporiser,
00:23:56 non pas qu'il cherche à renvoyer sur des décisions ultérieures qui viendraient dans plusieurs mois,
00:24:00 mais qu'il dise dès maintenant ce qu'il entend faire.
00:24:03 Qu'il en dise dès maintenant qu'il y a un moratoire, par exemple,
00:24:06 sur les nouvelles hausses qui doivent intervenir en janvier.
00:24:09 Et le temps de la discussion est bien effectivement géolocale de présentation.
00:24:13 Parce qu'il faut revenir sur le fond, sur la politique qui a été menée sur l'ISF,
00:24:18 sur la flat tax, sur l'exit tax, sur toutes ces mesures qui ont à la fois miné le budget de l'État,
00:24:26 mais qui ont aussi miné la confiance dans ce gouvernement,
00:24:29 parce qu'il apparaît pour ceux qui l'aient un gouvernement qui est prévisible pour les mêmes.
00:24:33 – Merci Olivier Faure d'avoir été en direct avec nous sur BFM TV.
00:24:36 Évidemment on va en plateau essayer de décrypter toute cette parole politique.
00:24:39 On va juste faire un crochet avant par les Champs-Élysées,
00:24:41 parce que c'est là que ça se passe, qu'un nouveau mouvement est en train de s'organiser.
00:24:44 Fabien Combet, vous êtes sur place.
00:24:46 Nouveau mouvement des forces de l'ordre, toujours,
00:24:48 qui essayent de repousser les manifestants et les casseurs surtout.
00:24:52 – Alors là, les forces de l'ordre ont quitté les Champs-Élysées.
00:24:58 Ils ont actionné le canon à eau, fait une salve de gaz lacrymogène.
00:25:02 Et la section, la dizaine de camionnettes de CRS, a quitté les lieux.
00:25:07 Résultat, elle a finalement ouvert la porte à ces manifestants
00:25:12 qui étaient tous regroupés sur le rond-point de l'étoile,
00:25:16 qui sont en train de reprendre possession des lieux,
00:25:19 de remettre les barrières qui avaient été écartées par la compagnie de CRS.
00:25:24 Ils sont en train de remettre les palissades de chantier au milieu de l'avenue et de redescendre.
00:25:30 Ils sont en train de s'organiser pour retourner sur les Champs,
00:25:35 un mouvement donc des CRS qui sont donc partis, qui ont quitté les lieux.
00:25:41 Et les manifestants, en tout cas ces gilets jaunes, qui reprennent peu à peu possession,
00:25:46 qui sont en train d'ériger une nouvelle barricade au milieu des Champs.
00:25:50 – Et on le voit effectivement direct sur ces images,
00:25:52 on reviendra vers vous dans un instant.
00:25:54 Michel Vivorca, vous êtes sociologue, on entendait Jean-Luc Mélenchon,
00:25:57 on entendait Olivier Faure, on voit bien que ce mouvement,
00:26:00 il échappe à la parole politique, il échappe à l'action politique.
00:26:04 La colère, elle est profonde, elle est généralisée.
00:26:06 – Alors oui, il y a beaucoup de colère, beaucoup d'indignation.
00:26:10 Ce n'est pas forcément sur les Champs-Elysées que cette colère est la plus significative,
00:26:14 la plus lourde de sens, parce que la violence, ça dissout le sens,
00:26:17 ça dissout ce qu'a voulu dire ce mouvement au départ.
00:26:22 Donc ma première remarque, c'est pour dire qu'un mouvement a toujours des dimensions défensives,
00:26:27 testataires, parfois un peu violentes, mais là, cette violence,
00:26:30 il me semble qu'elle est d'une autre nature pour l'essentiel.
00:26:33 Donc ça c'est le premier point, ce n'est pas un aspect du mouvement,
00:26:37 c'est plutôt à l'occasion du mouvement, même si les limites sont peut-être un peu plus grandes.
00:26:42 Mais le point qui me semble le plus important et dont on n'a pas encore beaucoup parlé,
00:26:46 il se passe beaucoup de choses aussi en province aujourd'hui, en région, il faut dire.
00:26:49 Beaucoup de choses, beaucoup de protestations,
00:26:51 et ceux qui sont venus à Paris ont déjà hésité à venir souvent.
00:26:56 Il y avait beaucoup de gens qui ont dit "je n'ai pas les moyens",
00:26:59 d'autres qui ont dit "je ne connais pas Paris", d'autres qui ont dit "j'ai peur",
00:27:03 "ça va être pourri par la violence", enfin bref.
00:27:06 Et ils arrivent à Paris, ceux qui viennent quand même, je ne parle pas des casseurs,
00:27:09 et là on leur dit quelque chose comme "ce n'est pas pour vous les lieux symboliques,
00:27:14 la Paris-Saint-Élysée, c'est pas pour vous, la Concorde, c'est pas pour vous,
00:27:17 le Champ de Mars, d'accord, mais c'est ça et pas autre chose en gros".
00:27:22 Et donc ce sentiment, et j'en arrive au point important,
00:27:25 ce sentiment que Paris n'est pas pour eux, en quelque sorte, Paris comme lieu de symbole,
00:27:30 je crains, je crains que ça ne renforce la distance entre, j'ai envie de dire,
00:27:37 non pas les villes, mais entre Paris et le reste d'Afrique.
00:27:41 - Les lieux symboliques, effectivement c'est très fort ce que vous nous dites,
00:27:44 Paris n'est pas pour eux, c'est le sentiment qu'ils peuvent ressentir,
00:27:47 effectivement Dominique, on a quand même ces images en direct,
00:27:49 on a peut-être pour l'instant pas la compréhension totale de la stratégie des forces de l'ordre,
00:27:53 mais Fabien Crombé nous disait à l'instant "les forces de l'ordre se sont retirées des Champs-Élysées",
00:27:57 du coup on voit les casseurs, les gilets jaunes qui sont en train de nouveau de remonter les nouvelles barricades,
00:28:03 qu'est-ce qui peut se faire ? Pourquoi d'abord ?
00:28:05 Pour répondre peut-être à cette question symbolique, il faut le rappeler,
00:28:07 pourquoi ils n'avaient pas droit aux Champs-Élysées, pourquoi ils n'avaient pas droit à la Concorde ?
00:28:11 - Pas droit aux Champs-Élysées, pas droit à la Concorde,
00:28:13 parce que c'est un quartier qui se trouve tout près du ministère de l'Intérieur,
00:28:16 qui se trouve tout près du palais de l'Élysée, l'ambassade des États-Unis,
00:28:19 l'ambassade d'Angleterre, des quartiers sensibles bien évidemment d'un point de vue stratégique, politique,
00:28:26 et puis aussi des quartiers sensibles parce qu'il y a des boutiques, des boutiques de luxe,
00:28:30 et que ces boutiques, ces vitrines pourraient tomber comme c'est toujours le cas.
00:28:35 J'ai envie de dire, vous donnez la réponse au problème.
00:28:38 Ces gens-là voulaient aller là où il y a de l'argent, des boutiques, du pouvoir politique, du symbole,
00:28:43 enfin ce qui fait le centre de la France.
00:28:46 - Mais comment comprendre qu'il n'y ait plus de... que les policiers se soient retirés,
00:28:49 que les gendarmes se soient retirés ?
00:28:50 - Parce qu'à un moment peut-être il faut faire retomber la pression, c'est-à-dire reculer un peu,
00:28:55 les laisser s'agacer, s'énerver avec ces barricades qu'ils sont en train de jeter, perdre un peu de force, voilà.
00:29:03 La police, la gendarmerie se retire, ici ils ne sont pas en train de casser des vitrines,
00:29:07 ils sont en train de prendre des panneaux, en train de les empiler.
00:29:10 Les gendarmes, les policiers se replient et puis reviendront le moment venu si les choses venaient à dégénérer
00:29:17 et encore une fois vers des vitrines ou vers des établissements ou vers du public
00:29:21 parce que là, on le répète encore une fois, c'est important de le dire,
00:29:25 ce ne sont pas des gilets jaunes qui font ça, ce sont des casseurs et il faut bien les différencier des gilets jaunes.
00:29:31 - Ah comment alors ?
00:29:33 - Moi le gros problème aujourd'hui de ce mouvement, c'est qu'il n'y a pas d'organisation.
00:29:39 Et donc il n'y a eu aucun refus de qu'ils ne viennent pas à Paris,
00:29:43 tout a été fait justement pour essayer de faire en sorte qu'ils puissent venir exprimer leurs revendications
00:29:49 mais le ministère de l'Intérieur n'a personne en face avec qui négocier.
00:29:55 D'ailleurs c'est Jean-Luc Mélenchon qui le dit le mieux, on est dans une espèce de mouvement assez anarchiste d'une certaine manière
00:30:03 et qui représente peut-être beaucoup de personnes sur les revendications
00:30:07 mais qui dans leur mode d'action ne représente malheureusement je pense pas grand monde.
00:30:13 Et je crois qu'il n'y a pas grand monde qui se reconnaît dans ces images aujourd'hui.
00:30:17 Donc c'est peut-être la limite aussi d'un mouvement sans aucune organisation,
00:30:21 c'est qu'à la fin ça ne peut pas bien se passer.
00:30:26 Et Michel Vivorcq a le fait qu'il n'y ait pas d'organisateur identifié,
00:30:29 c'est aussi j'ai envie de dire fédérateur parce que tout le monde peut s'y retrouver.
00:30:32 Il faut quand même que l'on parle un quart de seconde technologie.
00:30:36 Aujourd'hui, internet, les réseaux sociaux, les téléphones mobiles,
00:30:40 ça a totalement changé les formes de mobilisation.
00:30:43 Le répertoire des mobilisations n'est plus du tout le même que celui d'il y a 30 ou 40 ans.
00:30:47 Il n'y avait pas non plus, pour compléter ce que vous dites,
00:30:51 il n'y avait pas de tocards organisés par un grand syndicat ou de trains frettés,
00:30:54 ni de services d'ordre structurés, etc.
00:30:57 Parce qu'on est confronté à quelque chose de neuf qui a donc toutes ces faiblesses que vous évoquiez,
00:31:02 qui se cherchent avec toutes ces tentations, dérives et autres,
00:31:07 mais c'est parce qu'on est confronté à un mouvement neuf du point de vue de ses formes d'action.
00:31:12 Je ne dis pas du point de vue de ses significations, c'est autre chose.
00:31:15 Et donc, on est peut-être au début simplement d'un long processus,
00:31:19 parce que Nuit Debout, c'était un peu la même chose.
00:31:22 - Exactement. - C'était un peu la même chose.
00:31:25 - Ce n'est pas si nouveau en fait. - Ça n'existe pas.
00:31:27 - Ça n'existe pas sur les réseaux sociaux, ça fédérait des entreprises.
00:31:29 - Les réseaux sociaux tout seuls, ça ne suffit pas,
00:31:32 mais ce mouvement se structure de drôle de façon, on n'en parle pas assez,
00:31:36 il se structure localement sur les ronds-points, sur les points où se rencontrent,
00:31:41 20, 30, 40 personnes qui commencent à se connaître, etc.
00:31:45 Et donc, ce mouvement n'est pas capable de monter à Paris, pour le dire simplement de manière organisée.
00:31:50 Je pense quand même que si le pouvoir avait voulu trouver tout de suite des interlocuteurs,
00:31:57 il aurait peut-être pu en trouver. J'étais sur un plateau de télévision hier ou avant-hier,
00:32:01 avec une jeune femme qui avait ramassé un million de signatures sur Facebook ou autre.
00:32:07 Voilà quelqu'un qui aurait pu être un interlocuteur ou une interlocutrice.
00:32:10 - C'est une question qui va se poser évidemment dans un instant,
00:32:12 de savoir avec qui va pouvoir dialoguer évidemment le gouvernement dans les prochaines heures,
00:32:15 les prochains jours, les prochaines semaines.
00:32:17 On va d'abord retourner du côté des Champs-Elysées.
00:32:19 Lisa Hadef, vous êtes sur place.
00:32:21 Fabien Combet nous disait il y a un instant que les forces de l'ordre prenaient du recul,
00:32:24 laissaient du champ aux manifestants.
00:32:26 Qu'est-ce qu'il en est là où vous vous trouvez ?
00:32:28 - Alors avec Stéphane Baugerin, on se trouve en haut des Champs-Elysées,
00:32:34 juste en dessous de la Place de l'Étoile, où les manifestants ont d'abord été emmenés dans un premier temps.
00:32:38 Ils ont été dégagés au canon à eau et désormais ils essayent de redescendre au fur et à mesure.
00:32:42 Comme vous pouvez le voir sur ces images de Stéphane Baugerin,
00:32:45 ils redescendent petit à petit jusqu'au bas des Champs-Elysées.
00:32:49 Au milieu des Champs-Elysées, ce que vous pouvez voir sur ces images,
00:32:51 ce sont des barrières du mobilier urbain qui a été utilisé pour faire des barricades
00:32:55 et qui est encore présent et bien visible, les fumigènes également.
00:32:58 Et en fait, les Champs-Elysées sont coupés en deux.
00:33:01 Il y a la partie haute des Champs-Elysées, ce que vous avez vu dans un premier temps,
00:33:04 avec la Place de l'Étoile et l'Arc de Triomphe.
00:33:07 Et la partie basse, ce qui mène vers l'Elysée, plus proche de la Place de la Concorde,
00:33:10 où les Gilets jaunes sont aussi présents en nombre.
00:33:13 Et désormais, ils essayent au fur et à mesure, à nouveau,
00:33:16 de se rapprocher de plus en plus du Palais de l'Elysée pour faire entendre leurs principales revendications.
00:33:21 À savoir qu'ils veulent qu'Emmanuel Macron comprenne qu'ils sont ici pour manifester,
00:33:24 pour avoir plus de pouvoir d'achat, qu'ils en ont marre, qu'ils se sentent lésés.
00:33:27 Nous disent-ils qu'ils se sentent totalement abandonnés.
00:33:30 Le mouvement est un peu brouillon.
00:33:32 Vous voyez, il y a plusieurs groupes de Gilets jaunes éparpillés un peu partout sur cette avenue des Champs-Elysées
00:33:36 qui partent de la Place de l'Etoile pour redescendre au fur et à mesure jusqu'au Palais de l'Elysée,
00:33:41 comme vous pouvez le voir sur ces images de Stéphane Bojart.
00:33:43 Lisa Hadef, Stéphane Bojart, avec qui on suit évidemment la situation.
00:33:46 C'est l'une des nombreuses équipes de BFMTV mobilisées aujourd'hui.
00:33:49 Thierry Arnault, on entend dans ces paroles de Gilets jaunes que nous rapportait Lisa,
00:33:53 cette envie d'être entendu par le Président de la République.
00:33:56 Est-ce que ça veut dire que les signaux envoyés depuis 10 jours ont été insuffisants ?
00:33:59 Est-ce que l'exécutif n'a pas réussi à apaiser à aucun moment,
00:34:03 à trouver la bonne voie pour parler à ces Gilets jaunes ?
00:34:05 Oui, ça veut dire que les signaux envoyés depuis quelques jours,
00:34:08 ils ont été pas seulement insuffisants, ils ont été totalement inaudibles.
00:34:11 Mais on voit bien que le gouvernement est confronté au fond à un mouvement
00:34:15 qui est à la fois simple et complexe. Il est simple dans ce qu'il exprime.
00:34:18 Une colère, un sentiment d'abandon, le fait qu'on a l'impression de gagner de moins en moins,
00:34:23 de payer de plus en plus et d'être abandonné.
00:34:26 Abandonné de manière générale, abandonné par les services publics,
00:34:29 abandonné par le gouvernement et abandonné en l'occurrence par celui qui incarne le pouvoir,
00:34:34 c'est-à-dire par Emmanuel Macron.
00:34:36 Mais en même temps, il est complexe ce mouvement.
00:34:39 Il est complexe, ça vient d'être dit, parce qu'il n'a pas de leader, il n'a pas d'organisation.
00:34:43 Et il est complexe aussi quand vous êtes un gouvernement parce qu'il n'a pas de revendication.
00:34:47 Il n'y a pas une revendication autour de laquelle s'unissent tous les Gilets jaunes
00:34:51 pour dire "si on obtient ça, on arrête. Si on obtient le fait que la taxe sur le carburant soit retenue, on arrête.
00:34:57 Si on obtient telle ou telle baisse d'impôt, on arrête."
00:35:00 On voit bien que certains se focalisent sur cette taxe sur le carburant,
00:35:04 d'autres exigent la destitution, le départ immédiat du président de la République.
00:35:09 Et donc c'est la raison pour laquelle c'est un mouvement complexe à traiter et d'ailleurs aussi paradoxal.
00:35:15 Et j'en terminerai par ce point-là. Le paradoxe c'est quoi ?
00:35:17 Le paradoxe c'est qu'on entend depuis des mois, pour ne pas dire des années, des experts, des politiques,
00:35:24 je pourrais vous citer un innombrable de livres qui ont été écrits
00:35:27 pour décrire de manière tout à fait juste, précise, cette colère des Français qui a été exprimée aujourd'hui.
00:35:34 Et on voit finalement qu'Emmanuel Macron perçoit cette colère.
00:35:37 Il dit lui-même depuis des mois qu'il est le produit de cette colère,
00:35:40 que cette colère a fait de lui le président de la République.
00:35:43 Et il se retrouve dans cette situation paradoxale d'être surpris aujourd'hui par une colère
00:35:48 qu'il a lui-même diagnostiquée et dont il dit qu'elle a fait de lui le président de la République.
00:35:53 Macron, Brupin, comment vous pensez qu'on peut agir désormais ?
00:35:57 Parce qu'on l'entend bien, c'est ce que disait Thierry, pas de revendication immédiate, claire.
00:36:01 Il n'y a pas une mesure symbolique qui permettrait de mettre un terme à cette grogne.
00:36:04 Comment vous voyez la suite des choses ?
00:36:06 On est dans un moment très compliqué du quinquennat.
00:36:09 Puisque ça fait 18 mois qu'on est au pouvoir, on a mis en place un certain nombre de réformes
00:36:15 et que pour l'instant les résultats ne se font pas suffisamment ressentir.
00:36:19 Ceci dit, ce qui est aussi paradoxal dans ce mouvement, qui porte évidemment sur le pouvoir d'achat,
00:36:24 où il y a énormément de gens en France qui n'ont plus vu leur pouvoir d'achat progresser
00:36:29 depuis la crise économique de 2008.
00:36:32 Ce qui est paradoxal, c'est que c'est cette année où on commence, avec les réformes qu'on a faites,
00:36:38 qu'on commence à redonner du pouvoir d'achat.
00:36:42 La suppression progressive de la taxe d'habitation, la suppression des cotisations sociales.
00:36:46 Évidemment, il y a cette hausse de la taxe carbone qui répond à des objectifs écologiques,
00:36:53 à des engagements que nous avons pris, parce qu'il faut qu'on réponde le plus urgemment possible
00:36:58 au réchauffement climatique. Mais on est en train d'aller sur la bonne voie.
00:37:02 Évidemment, ce que je comprends, c'est qu'il y ait un ras-le-bol,
00:37:06 parce que depuis 10 ans, depuis la crise économique, on y a répondu d'abord avec de la dette publique,
00:37:10 puis ensuite avec des hausses d'impôts.
00:37:12 Et donc on est aujourd'hui dans ce moment de tension très fort.
00:37:15 Un ras-le-bol est probablement de l'impatience.
00:37:17 C'est ce qui se traduit dans la rue ce samedi après-midi.
00:37:19 Si vous nous rejoignez sur BFM TV, suite de notre édition spéciale, il est bientôt 14h30.
00:37:23 Et vous voyez ces images, ces images de rassemblement de Gilets jaunes.
00:37:26 Et toujours, cette avenue des Champs-Elysées, qui depuis 10h ce matin,
00:37:30 est occupée en partie par des Gilets jaunes, mais aussi par des casseurs, des membres de l'ultra-droite,
00:37:35 notamment, qui ont été spécifiquement désignés par la préfecture de police de Paris,
00:37:39 des membres de l'ultra-droite, qui ont installé notamment des barricades
00:37:43 qui se sont affrontés avec les forces de l'ordre à plusieurs reprises.
00:37:46 Les forces de l'ordre qui ont tenté de les faire reculer avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau.
00:37:51 Pour l'instant, c'est le statu quo.
00:37:53 Les forces de l'ordre, ces dernières minutes, se sont plutôt retirées.
00:37:56 Ont plutôt tenté de faire retomber la pression qui était montée crescendo depuis 10h ce matin.
00:38:02 Fabien Combet, vous êtes sur place pour BFM TV sur les Champs-Elysées.
00:38:05 Quelle est la situation au moment où l'on se parle ?
00:38:10 Les forces de l'ordre ont abandonné le haut des Champs-Elysées,
00:38:16 repris par les manifestants qui érigent en ce moment même,
00:38:19 ce qu'ils avaient déjà érigé un peu plus tôt, un barrage, une barricade avec des barrières de chantier.
00:38:27 Ils se sont abondamment servis sur un chantier qui a lieu en haut des Champs-Elysées.
00:38:32 Ils sont en train de la reconstituer.
00:38:34 Effectivement, pour le moment, malgré cette barricade, la situation est relativement calme en haut des Champs-Elysées.
00:38:42 On voit un nuage de lacrymogène un peu plus bas.
00:38:44 Sans doute que les forces de l'ordre ont décidé de repartir de nouveau d'en bas pour les repousser.
00:38:49 Il faut savoir que même si cette barricade est franchement impressionnante en plein milieu de l'avenue des Champs-Elysées,
00:38:54 si un véhicule des forces de l'ordre décide d'intervenir, ces barrières, on l'a vu tout à l'heure,
00:39:00 sont très facilement éjectées par un engin des forces de l'ordre.
00:39:05 Donc pour le moment, les manifestants, en tout cas ce groupe, érige des barricades sous les yeux des autres manifestants,
00:39:12 quelles que soient leurs intentions, soit faire face aux forces de l'ordre,
00:39:15 ils sont très nombreux, très bien organisés d'ailleurs, ces groupes qui montent ces barricades,
00:39:19 et ceux qui les regardent, tous, ont l'intention de rester sur les champs, d'occuper ce lieu.
00:39:25 On l'a compris, il n'y a quasiment personne sur le champ de Mars qui était le lieu où ils devaient se retrouver.
00:39:32 Leur intention est claire et ils l'ont montré dès le matin, d'ailleurs sans doute plus tôt que ce que l'on pensait.
00:39:38 Ils voulaient occuper les lieux et ils le font depuis 10h environ ce matin.
00:39:44 Ils sont tous réunis ici, soit à agir directement contre les forces de l'ordre, soit en spectateur.
00:39:50 A noter, encore une fois, et c'est ça qui est le plus surprenant, malgré ces scènes de face à face,
00:39:56 ces gaz lacrymogènes, ces pavés, enlevés de la rue pour les jeter sur les forces de l'ordre,
00:40:00 à notre connaissance, aucune vitrine impactée, c'est-à-dire que contrairement à d'autres manifestations qu'on a déjà vues,
00:40:07 où vous avez des enseignes, des banques, des McDonald's, de la restauration rapide qui sont ciblées par le symbole qu'ils représentent,
00:40:13 là, c'est clairement, les pavés, les barrières sont destinés à faire face aux forces de l'ordre.
00:40:20 Éric Leclerc, Mof pour BFMTV, sur les Champs-Elysées, Dominique, un point sur ces questions de sécurité.
00:40:26 Il y a une difficulté particulière dans la situation que l'on est en train de vivre, c'est qu'il y a ces casseurs,
00:40:31 très clairement, à peu près identifiés, mais il y a tous ces gilets jaunes qui sont venus aussi pacifiquement,
00:40:36 qui se retrouvent mêlés à la foule. J'imagine que pour les forces de l'ordre, c'est un casse-tête,
00:40:40 on ne peut pas charger des gilets jaunes pacifistes, même si des casseurs sont au milieu.
00:40:43 Oui, parce qu'on ne peut pas faire la différence entre les uns et les autres,
00:40:46 et puis les gilets jaunes sont finalement au contact des casseurs, ou alors les casseurs viennent au contact des gilets jaunes,
00:40:52 se mélangent à eux pour d'ailleurs profiter d'une protection, parce qu'ils savent très bien que les forces de l'ordre
00:40:59 ne se comporteront pas de la même façon avec les vrais gilets jaunes légitimes, et eux, les casseurs.
00:41:05 Donc la chose peut-être, en regardant ce qui est en train de se passer, ce serait peut-être que les gilets jaunes
00:41:13 se retirent sagement pour laisser les forces de l'ordre interpeller ceux qui sont les casseurs et ceux qui sont ici,
00:41:20 et qu'ensuite la manifestation des gilets jaunes, puisque ça démarre maintenant normalement sur le champ de Mars,
00:41:25 puisse s'organiser dans le calme, après l'interpellation de ces fauteurs de troubles, encore une fois,
00:41:32 qui n'ont rien à voir avec le mouvement.
00:41:34 Pascal Di Topanelli, vous nous avez rejoint, vous êtes expert en sécurité.
00:41:37 Le plus gros risque, c'est le dérapage, c'est d'avoir des blessés, c'est d'avoir potentiellement un mort.
00:41:43 C'est ça aujourd'hui pour les forces de l'ordre, le plus grand danger dans ce genre de situation ?
00:41:46 C'est le plus grand danger, bien sûr, c'est la chose qu'il faut absolument éviter,
00:41:50 et c'est d'autant plus difficile quand on est dans ce type de situation, où comme vous le disiez,
00:41:56 il importe d'avoir une graduation de la riposte, toujours cette proportionnalité,
00:42:01 et d'opérer des interpellations chirurgicales, puisqu'il s'agit d'aller au milieu de gens pacifiques, retirer les casseurs.
00:42:09 Et ces violences ont donné lieu à une passe d'armes politique.
00:42:12 Christophe Castaner, le ministre de l'Intérieur, a fait un point à la mi-journée pour évoquer les chiffres de participation,
00:42:17 et il a surtout pointé du doigt Marine Le Pen, parlant des sédicieux de l'ultra-droite,
00:42:22 qui aujourd'hui organisait cette violence. Marine Le Pen lui a répondu sur BFM TV, écoutez cet échange.
00:42:28 Sur Paris, on voit une évolution. À l'appel de Marine Le Pen, qui avait invité les manifestants à venir sur les Champs-Élysées,
00:42:35 effectivement, près de 5 000 personnes sont mobilisées. Mais ce que l'on constate, c'est qu'aujourd'hui, l'ultra-droite s'est mobilisée,
00:42:42 est en train de vouloir dresser des barricades sur les Champs-Élysées.
00:42:46 Nos forces de sécurité avaient parfaitement anticipé cette situation.
00:42:49 Et donc, petit à petit, l'ensemble des obstacles qui sont mis sur les Champs-Élysées sont neutralisés,
00:42:56 et les forces de l'ordre avancent avec des moyens d'intervention qui permettent d'éviter tout blessé.
00:43:02 Les lanceurs d'eau, vous avez pu le voir, ou l'usage de bombes lacrymogènes qui permettent justement de repousser les assaillants, repousser les sédicieux.
00:43:10 Il n'est pas un ministre de l'intérieur, il est un militant politique. Et il se comporte comme tel, car si les accusations sont indignes,
00:43:18 par une forme de manipulation politicienne qui n'échappera à personne, il souhaite me faire porter la responsabilité de quelques casseurs
00:43:26 qu'il a laissés lui-même venir sur les Champs-Élysées. Donc il est tout à fait responsable, il est dans la stratégie de la tension
00:43:32 qui est utilisée par le gouvernement depuis une semaine. Alors, que M. Castaner fasse arrêter les responsables des violences,
00:43:39 ça me paraît être une évidence. Mais qu'il arrête de faire une utilisation minable et politicienne de ces faits,
00:43:46 pour tenter de réhabiliter un gouvernement qui aujourd'hui est contesté et à juste titre par l'immense majorité des Français.
00:43:55 Michel Vivorca, est-ce qu'on est en train d'assister à une sorte de politisation de ce qui est en train de se passer,
00:44:00 de politisation de ces gilets jaunes ? En tout cas, on essaye de le faire.
00:44:04 Politisation, c'est peut-être un peu excessif. Disons un moment politique. Moi, ce qui me frappe, c'est que dans toutes les images que nous voyons
00:44:12 depuis un bon moment, depuis ce matin sur votre chaîne, on ne voit pas de foule. On ne voit pas de foule. Même quand on voit les Champs-Elysées,
00:44:20 on voit des gens qui courent, on voit des gens qui regardent, des gens qui se déplacent, mais on ne voit pas à aucun moment de foule.
00:44:27 Alors, les manifestations étaient annoncées pour 14 heures. J'entends dire à l'instant que sur le Champs de Mars, il n'y a pas grand monde.
00:44:34 Et donc, je crois qu'il faut aussi réfléchir à ce qui est... Alors, moi, je ne parlerai pas d'échec pour ce mouvement,
00:44:39 mais ce qui est à l'évidence une difficulté pour cet univers de mobilisation, à venir à Paris s'exprimer. Et donc, moi, je pense qu'il faudrait réfléchir aussi
00:44:51 à une sortie de tout ceci, qui tienne compte de cette colère, de cette indignation. Je ne parle pas du tout de la violence que vous êtes en train de voir.
00:44:58 Une sortie de crise qui permettrait de sortir de là par le haut, en tenant compte quand même de beaucoup de choses qui ont été dites fiscalement,
00:45:06 socialement, écologiquement, si on peut dire. Et on en est très loin, parce qu'aujourd'hui, à l'heure présente, on est dans l'affrontement
00:45:15 entre les forces de l'ordre et les casseurs, pour simplifier.
00:45:18 On est plutôt dans l'impasse. Et on est avec Stéphane Peu. Bonjour. Merci d'être avec nous. Vous êtes député communiste de Seine-Saint-Denis.
00:45:23 Est-ce que vous avez le sentiment que cette journée va servir à quelque chose, que le message des Gilets jaunes, ce ras-le-bol, va pouvoir s'exprimer
00:45:31 et arriver jusqu'à l'Elysée, quand on voit ces violences, ces débordements dont les Gilets jaunes ne sont pas responsables ?
00:45:35 Oui, non, ils n'en sont pas responsables. Bien évidemment, les violences sont tout à fait inacceptables.
00:45:42 Et moi, ce que je retiens, c'est que depuis une semaine, entre le 17 novembre, date des premiers rassemblements des Gilets jaunes,
00:45:49 il y avait 68 % des Français qui les soutiennent. Une semaine après, et en dépit du fait qu'il y a eu pas mal d'incidents, quand même, ici ou là,
00:45:58 il y a 8 Français sordides qui les soutiennent. Et donc le soutien de l'opinion publique de ce pays à ce qu'expriment les Gilets jaunes,
00:46:05 c'est avant tout un mouvement contre l'injustice fiscale et l'injustice sociale, doit être entendu du gouvernement.
00:46:12 Et que la responsabilité de calmer le jeu comble entièrement au gouvernement, qui doit enfin apporter des réponses très concrètes.
00:46:21 J'en vois deux, principalement. Un qui annonce l'augmentation du SMIC, comme ça se fait dans d'autres pays européens,
00:46:28 je pense notamment au Portugal, par exemple, mais une augmentation significative du SMIC et le rétablissement de l'impôt sur la fortune,
00:46:37 qui est quand même le marqueur du début de la présidence d'Emmanuel Macron, qui a vécu comme une véritable injustice sociale,
00:46:44 toujours plus pour les riches et toujours moins pour les gens qui travaillent, les couches moyennes et les couches populaires.
00:46:51 Merci Stéphane Peu d'avoir été en direct avec nous sur BFM TV. Thierry Arnault, j'ai envie de dire qu'indépendamment du soutien populaire
00:46:58 dont parlait Stéphane Peu, indépendamment du succès ou du semi-échec de cette journée, pour l'instant, les chiffres ne nous permettent pas de le dire.
00:47:05 Indépendamment de tout cela, Emmanuel Macron est désormais face à ce mouvement et ne peut pas ne pas y répondre et trouver des voies pour parler au français au sens large.
00:47:13 Oui, vous avez tout à fait raison. Et s'il s'avère ce soir que la tendance indiquée par le ministre de l'Intérieur est totalement confirmée dans la journée,
00:47:20 et si le bilan global reste du même ordre, c'est-à-dire qu'on a à peu près 5 fois moins de monde dans la rue au total, et on précise bien qu'on n'en sait rien pour l'instant.
00:47:29 C'est une équipe de 11 heures, tout à fait probable.
00:47:31 Tout ça est une hypothèse du raisonnement. Ça ne dispensera en rien le président de la République de répondre à ce mouvement.
00:47:39 Pourquoi ? Parce qu'on voit bien que ce mouvement porte une colère que je décrivais tout à l'heure, une exaspération, un sentiment d'abandon, un sentiment de déclin,
00:47:48 un sentiment d'oubli qui est très largement partagé et qui se traduit dans les sondages par le fait que 7 à 8 français sur 10 soutiennent,
00:47:58 ou au minimum manifestent leur sympathie vis-à-vis de ce mouvement.
00:48:03 Et donc la conclusion politique que le président doit en tirer, et qu'il a déjà tiré, c'est qu'indépendamment du nombre de personnes qui sont dans la rue aujourd'hui,
00:48:12 ces gilets jaunes expriment une colère légitime.
00:48:16 Alors on sait que le président de la République a choisi de s'exprimer mardi, a choisi de s'exprimer pour expliquer comment il entend désormais accompagner cette transition écologique.
00:48:27 Mais est-ce que la réponse du président mardi sera à la hauteur des attentes qui s'expriment aujourd'hui ? Ça reste à voir évidemment.
00:48:34 Et on va évidemment aller sur le terrain retrouver Elisade. Vous êtes sur les Champs-Elysées. Quelle est la situation à 14h39 ?
00:48:42 Nous sommes ici avec Stéphane Bojart près de l'Arc de Triomphe au niveau de Georges V. Nous sommes un peu redescendus sur l'avenue des Champs-Elysées.
00:48:53 Et comme vous pouvez le voir sur ces images de Stéphane Bojart, des barricades, des manifestants Macron démission, c'est le mot d'ordre ici.
00:48:58 Tous sont là en train de revendiquer, ils souhaitent en tout cas, ils réclament la démission du président de la République.
00:49:06 Ils ont érigé des barricades et essayent de se faire entendre des CRS qui sont un peu plus loin sur l'avenue des Champs-Elysées en plusieurs groupes.
00:49:14 Plusieurs groupes disparatent tout au long de cette avenue des Champs-Elysées.
00:49:18 Et ici, l'un d'entre eux près des barricades avec l'Arc de Triomphe en arrière-plan.
00:49:23 Comme vous pouvez le voir sur ces images de Stéphane Bojart, tous crient Macron démission et attendent que le temps passe pour pouvoir redescendre cette avenue des Champs-Elysées.
00:49:31 Et espérer atteindre le palais de l'Elysée avant la fin de la journée.
00:49:36 Lisa, Adèle sur les Champs-Elysées pour BFM TV avec Stéphane Bojart.
00:49:40 Dominique, on est, et je voudrais l'avis du sociologue aussi sur cette question, quand même sur des profils très particuliers.
00:49:46 Parce que comme nous le disait Fabien Combet à l'instant, on n'est pas sur des gens qui cassent des vitrines.
00:49:50 Pour l'instant, il n'y a pas eu de casse. Il y a eu du mobilier urbain qui a été effectivement démonté.
00:49:54 Il y a eu des pavés qui ont été pris. Il y a eu des échanges par moments tendus avec les forces de l'ordre.
00:49:58 Mais on n'est pas dans une casse généralisée.
00:50:01 Non. C'est pour ça d'ailleurs que ni la police ni la gendarmerie n'intervient pour l'instant.
00:50:06 Regardez, tout le monde s'énerve sur cette barricade. On saute. On fait du bruit.
00:50:10 On est presque plutôt bon enfant en chantant la marseillaise.
00:50:11 On fait du bruit. On saute sur la barricade. On ne casse rien.
00:50:16 On utilise du mobilier urbain. Il ne vaut pas grand chose. Voilà. On s'énerve.
00:50:19 C'est pour ça aussi que les forces de l'ordre se sont reculées pour laisser redescendre un peu la pression.
00:50:24 C'est totalement inutile d'en rajouter, de venir à leur contact, de risquer et que des manifestants soient blessés,
00:50:30 quels qu'ils soient d'ailleurs, ou que des forces de l'ordre soient blessés.
00:50:34 On sait bien que cette barricade, on la voit. C'est assez clairsemé quand même.
00:50:39 Si les forces de l'ordre décident de l'évacuer, ça va prendre à peu près 3 minutes.
00:50:43 Quelques grenades lacrymogènes, le canon à eau, tout le monde va s'en aller.
00:50:47 Donc c'est une démonstration qu'on laisse faire, encore une fois, pour laisser retomber la pression.
00:50:52 C'est le système de la manifestation. On laisse un tampon, on laisse une zone de décompression.
00:51:00 - Monsieur Lévorquin, qu'est-ce que ça nous dit de la sociologie des gens qui sont dans la rue aujourd'hui ?
00:51:05 - Écoutez, il faudrait faire des enquêtes plus précises pour vous parler vraiment sérieusement.
00:51:09 - On va l'étudier au fur et à mesure. - Mais ça, ça viendra plus tard.
00:51:11 On a souvent dit que c'était l'ultra-gauche qui faisait de la casse dans les manifestations, au moment de la loi travail par exemple,
00:51:19 et dans ce genre de situation. Là, on a le sentiment que c'est d'autres groupes.
00:51:23 Je vais parler sans savoir, donc je vais être très prudent, mais c'est pas le registre de l'ultra-gauche qu'on avait vu auparavant.
00:51:32 C'est tout ce que je peux dire, d'où les accusations que c'est plutôt de l'extrême droite, mais ça je ne le sais pas.
00:51:37 En tout cas, on est dans un registre un peu neuf. Et je voudrais faire une autre remarque, puisqu'on a évoqué il y a un instant la question du pouvoir.
00:51:45 Comment est-ce qu'il peut s'en sortir ? Parce que pour s'en sortir par le haut, il faut qu'il dialogue, il faut qu'il trouve des interlocuteurs.
00:51:51 Premièrement, il faut qu'il trouve les bons thèmes. Et je suis très frappé de deux choses dans ce qui nous est annoncé,
00:51:56 parce qu'on n'a pas encore entendu le chef de l'État. Un, on va parler écologie. Or, les gens qui se mobilisent veulent qu'on parle social.
00:52:03 Alors peut-être qu'on va nous parler social et écologie, mais en tout cas, il y a déjà une sorte de déséquilibre.
00:52:10 Et puis deuxièmement, on nous annonce que le dialogue se fera avec les syndicats, des associations, autrement dit, des représentants d'autres choses que de ce mouvement.
00:52:23 Alors si c'est pour être les opérateurs politiques de ce mouvement, comme essaie de le faire je pense la CFDT plus que d'autres, ok, ça peut se faire.
00:52:34 Mais si c'est pour discuter avec la CGT de la réponse apportée au mécontentement de gens qui ne se reconnaissent pas dans la CGT,
00:52:40 là, je pense qu'il y a un deuxième déséquilibre potentiel. Et donc je pense que, je souhaite que la sortie se fasse avec un rééquilibrage,
00:52:48 qu'on parle écologie et social en même temps, et que l'on essaie de voir comment faire rentrer dans le jeu les acteurs de ce mouvement,
00:52:58 même si, ça a été dit tout à l'heure, ils n'ont pas de chef, pas de structure, pas de dirigeant.
00:53:03 Alors vous avez en direct les images des Champs-Elysées, on voit que les canons à eau fonctionnent encore,
00:53:08 on voit que les forces de l'ordre ont quand même laissé un peu de champ aux manifestants, que la tension retombe au moins un peu.
00:53:15 Et on le disait à l'instant, normalement la manifestation cet après-midi devait se tenir au Champs-de-Mars,
00:53:20 c'est là que les autorités avaient prévu un périmètre encadré, sécurisé. Alors que se passe-t-il au Champs-de-Mars ?
00:53:26 Est-ce qu'il y a du monde ? Eh bien on va aller voir, on va aller retrouver Raphaël Maillochon qui est sur place.
00:53:29 Raphaël, est-ce qu'il y a du monde au Champs-de-Mars ou personne ? Visiblement, quelques Gilets jaunes quand même.
00:53:34 Eh bien vous le voyez, effectivement, ces 70 Gilets jaunes derrière moi viennent à l'instant d'arriver, vous le voyez,
00:53:40 ils arrivent non pas des Champs-Elysées mais plutôt du 15ème arrondissement de la capitale.
00:53:45 Et j'ai pu rencontrer de nombreux Gilets jaunes, notamment l'une d'entre elles qui va arriver,
00:53:49 qui a déposé la demande, puisque je vous rappelle que le rassemblement, cette manifestation ici sur le Champs-de-Mars
00:53:55 a été autorisée par la préfecture de police de Paris, ce Gilet jaune qui devait me rejoindre.
00:54:01 On va aller le retrouver, vous le voyez, quelques Marseillaises également.
00:54:05 Et donc on va lui poser la question sur ce rassemblement. Bonjour.
00:54:10 Alors racontez-moi un petit peu ce que vous venez faire maintenant sur le Champs-de-Mars.
00:54:13 Il y a eu ces violences sur les...
00:54:15 Nous sommes en direct. Il y a eu ces violences sur les Champs-Elysées.
00:54:18 Là, vous êtes actuellement sur le Champs-de-Mars.
00:54:21 Nous sommes le parti des citoyens européens, PACE, qui veut dire la paix,
00:54:24 qui est un parti qui milite pour l'unité des Européens et qui a considéré qu'on ne pouvait pas laisser
00:54:31 des Gilets jaunes venir à Paris sans leur offrir un cadre légal.
00:54:34 Donc c'est pour ça que nous avons fait une demande d'autorisation.
00:54:37 La préfecture nous a autorisés à manifester ici.
00:54:40 Et donc ça permet à des gens, comme vous venez de le voir, de trouver un endroit où ils sont en sécurité,
00:54:45 où ils peuvent manifester de façon légale, voilà, et pas prendre des risques dans des endroits qui ne sont pas autorisés.
00:54:50 Alors justement, vous l'avez dit, Céric, est-ce que les violences qui sont apparues là, cet après-midi,
00:54:54 sur les Champs-Elysées, peuvent desservir le message porté par les nombreux Gilets jaunes ?
00:54:57 La violence ne sert jamais personne, ni ceux qui l'exercent, ni ceux qui la subissent.
00:55:04 Donc de toute façon, ce n'est pas bon. Ce qui est important, c'est qu'on arrive à dialoguer
00:55:08 et que le gouvernement, les autorités, ouvrent une négociation avec les Gilets jaunes, voilà,
00:55:16 pour qu'on parle des problèmes, comment on peut accompagner.
00:55:19 Nous, nous sommes favorables à la taxe carbone.
00:55:22 Donc la question, c'est de savoir comment on accompagne la transition énergétique par des mesures sociales
00:55:26 et surtout comment on s'occupe de l'aménagement du territoire.
00:55:30 On a abandonné depuis des années l'aménagement du territoire.
00:55:32 Comment on redonne la vitalité aux villes moyennes ?
00:55:34 Moi, je pense à Hénin-Beaumont, je pense à Béziers, toutes ces villes qui ont basculé dans le Front National
00:55:38 parce que ce sont des villes un peu à l'abandon, qui sont à proximité de très grandes métropoles
00:55:41 comme Montpellier ou Lille, qui ne pratiquent pas leur solidarité avec eux.
00:55:46 Là, le champ de Mars est plus que clairsemé.
00:55:48 Vous êtes 70, là-bas, il y a un petit groupe de 40 personnes.
00:55:51 On est très loin de ces images de nombreux Gilets jaunes.
00:55:54 Vous le déplorez d'avoir très peu de monde ici sur le champ de Mars ?
00:55:57 Je crois que ce qui est important, c'est de porter des idées fortes.
00:56:00 Après, que les gens soient éparpillés ou pas, ce n'est pas tellement important.
00:56:04 Ce qui est important, c'est les idées qu'ils portent et leur volonté de dialogue
00:56:08 et d'avancer dans la résolution du problème.
00:56:11 La France est fracturée aujourd'hui. Il faut réduire cette fracture.
00:56:15 Il faut rapprocher les gens. C'est extrêmement important.
00:56:17 Donc nous avons pris un petit document qui s'appelle
00:56:19 "Que proposez-vous pour établir une paix sociale durable dans le cadre d'une économie verte ?"
00:56:23 Par exemple, nous proposons la délocalisation de ministères dans des grandes métropoles
00:56:29 pour donner de l'activité et qu'en échange, les grandes métropoles s'occupent mieux
00:56:33 des villes moyennes qui les alentourent et du tissu rural.
00:56:36 Très bien, merci beaucoup. Vous allez voir ces images du champ de Mars
00:56:40 pour vous montrer à quel point, je le disais à l'instant,
00:56:42 ce champ de Mars est au pied de la tour Eiffel.
00:56:44 Clairsemé, vous le voyez, il y a quelques Gilets jaunes au bout de l'image.
00:56:47 Ils étaient 70 au pied de la tour Eiffel. Il y a des petits groupes de 40-50 personnes.
00:56:52 Mais globalement, ici sur le champ de Mars, très peu de personnes
00:56:55 par rapport à ces images qu'on a vues tout au long de l'après-midi du côté des Champs-Elysées.
00:56:59 Raphaël Mayochon, un champ de Mars effectivement un peu désertique
00:57:02 mais avec des vraies revendications, avec des Gilets jaunes qui ont des choses à dire
00:57:06 et qui ont envie d'avancer.
00:57:08 "Mobilisation éparpillée", disait ce monsieur.
00:57:10 Ce n'est pas très grave, éparpillée du moins à Paris.
00:57:12 Thibaut Cheminot, journaliste BFMTV, vous nous avez rejoint.
00:57:14 Qu'en est-il dans le reste de la France de la mobilisation aujourd'hui des Gilets jaunes ?
00:57:18 Comme le week-end dernier, il y a des actions aux quatre coins de la France.
00:57:22 Vous le voyez sur cette carte qui rassemble tous les lieux de manifestation.
00:57:26 L'ensemble est clairement complètement jaune.
00:57:30 On regarde en présent ce qu'il se passe en détail.
00:57:33 A l'heure où je vous parle, dans la plupart des villes, les rassemblements ont lieu dans le calme.
00:57:38 Par exemple à Bordeaux, opération PH gratuite dès 8h ce matin.
00:57:42 Les manifestations dans le calme également à Toulouse et à Saint-Brieuc.
00:57:46 En revanche, vive tension près de Lyon sur la 6, où les manifestants ont envahi l'autoroute bloquante.
00:57:53 Ainsi, toute la circulation à Vienne, sur la 7 ou encore au niveau de la frontière espagnole.
00:58:00 Ce que l'on peut dire d'une manière générale, c'est qu'aujourd'hui, pour les Gilets jaunes,
00:58:04 il s'agit d'être visible à tout prix aux quatre coins de la France.
00:58:07 Les Gilets jaunes qui veulent se faire entendre dépasser l'image de ces violences qui ont éclaté sur les Champs-Élysées.
00:58:13 Dominique Rizet, ces violences qui ont commencé tôt ce matin, on est plutôt dans une phase d'observation.
00:58:19 Oui absolument, qui ont commencé très tôt ce matin, vers 10h, 10h30.
00:58:23 Et puis qui sont montées en puissance jusqu'à 13h.
00:58:27 Utilisation par les forces de l'ordre des gaz lacrymogènes et des canons à eau.
00:58:34 A gauche, vous voyez les gendarmes avec des casques bleus sans aucun sigle.
00:58:39 Et à droite, avec les deux bandes jaunes, c'était des CRS.
00:58:43 Et ceux qui ont deux bandes bleues, c'est la DOPC, les policiers, les compagnies d'intervention de la DOPC,
00:58:47 la direction de l'ordre public et de la circulation de Paris.
00:58:50 Donc là, on apprend par la préfecture de police que dans le secteur des Champs-Élysées,
00:58:54 deux barricades en feu ont été prises en compte par les forces de l'ordre.
00:58:57 On voit les images, c'est en train de se passer.
00:59:00 Voilà donc évacuation de deux barricades qui étaient en feu.
00:59:04 Je vous l'ai dit tout à l'heure, à partir du moment où la police décide d'avancer,
00:59:07 ça va finalement assez vite parce que ce mouvement, les personnes que l'on voit ici sont quand même,
00:59:13 sont clairsemées, ce n'est pas une foule, une masse de personnes.
00:59:16 Les vrais gilets jaunes ont la sagesse visiblement de s'éloigner des casseurs,
00:59:20 ce qui permet à la police de travailler plus efficacement, de savoir à qui elle a affaire.
00:59:25 Ceux vers lesquels elle dirige son canon à eau sont clairement des casseurs.
00:59:30 Voilà donc la préfecture de police qui prend en compte deux barricades en feu
00:59:35 avec les forces de l'ordre présentes sur place.
00:59:38 Je crois qu'il y a une nouvelle compagnie qui est arrivée, une colonne de renforts,
00:59:43 une colonne de renforts qui est arrivée sur les Champs-Élysées.
00:59:45 Et on voit en même temps, vous nous donnez ces informations Dominique,
00:59:48 certains tentent de rallumer des barricades, on l'a vu sur les images à l'instant,
00:59:52 Pascal Bitto Panelli.
00:59:54 Ce qui est compliqué c'est la forme que va prendre ce mouvement au fur et à mesure de la journée.
00:59:58 Il n'est que 14h51, les rassemblements étaient prévus pour 13h, 14h, 16h, fin d'après-midi.
01:00:04 Du côté de la place de la République, il y a cet éparpillement, comment on peut le gérer ?
01:00:10 L'éparpillement sera, je le pense, géré sur toutes les poches de durcissement de Paris.
01:00:17 On s'attendait à ce qu'elle soit très mobile, difficile à suivre,
01:00:22 mais le terrain est occupé en statique et en dynamique, de manière à faire face, pour autant je l'espère.
01:00:29 Vous l'avez remarqué, le maintien de l'ordre en France, il se pratique sans contact,
01:00:34 en l'évitant, de manière à éviter les blessures.
01:00:37 Il s'applique également en respectant deux critères, le critère de proportionnalité et le critère de réversibilité.
01:00:45 C'est-à-dire qu'on va pouvoir, à un moment donné, exercer une coercition très forte,
01:00:52 et pouvoir dès que la situation ne le justifie plus, l'arrêter.
01:00:56 Ce sont les mouvements où on charge.
01:00:59 C'est l'image qu'on voyait à l'instant de ces forces de l'ordre qui discutaient avec des gilets jaunes.
01:01:02 On fait du tampon, on compense, on essaie d'éviter au maximum les blessures.
01:01:07 C'est l'image qu'on voit en ce moment de ces forces de gendarmerie qui essayent de dialoguer
01:01:11 pour que la situation passe au mieux avec les gilets jaunes.
01:01:14 Lisa Hadef, on va vous retrouver sur les Champs-Elysées.
01:01:17 Où en est la situation, là où vous êtes ?
01:01:23 La situation est toujours un peu tendue ici. Comme vous le voyez, il y a plusieurs barricades qui prennent feu.
01:01:27 Mais parmi tous ces incidents, au milieu de tous ces incidents, il y a aussi des gens, des gilets jaunes,
01:01:32 qui sont là juste pour revendiquer ce qu'ils souhaitent demander à Emmanuel Macron.
01:01:38 Je me trouve actuellement avec Gérard, il a 63 ans. Gérard, vous êtes retraité.
01:01:41 Comment voulez-vous exprimer votre ras-le-bol ? De quoi vous en avez marre ?
01:01:45 Notre ras-le-bol, ça va s'expliquer très vite.
01:01:49 On n'arrive plus, on peine de plus en plus, les fins de mois sont difficiles.
01:01:55 Moi, je m'inquiète surtout pour mes enfants, mes petits-enfants, parce que ça galère.
01:01:59 Ça galère pour trouver du boulot.
01:02:02 Je suis venu ici pour montrer mon ras-le-bol, pas pour voir des gens cassés.
01:02:06 Ce n'est pas notre truc, nous.
01:02:08 On est plein de gens, on est venus là sans rien, sans armes,
01:02:12 pour manifester, pour montrer qu'on en avait marre.
01:02:15 Sincèrement, on est marre de cette dictature, parce que pour nous, ça devient de la dictature.
01:02:20 Alors, qu'est-ce que vous attendez concrètement comme réponse du gouvernement
01:02:23 pour améliorer votre situation au quotidien ?
01:02:25 Alors là, je vais vous dire, là, de toute façon, il va y avoir des revendications
01:02:29 au niveau des Gilets jaunes, mais une grosse augmentation du SMIC,
01:02:35 les retraites, qu'il arrête de toucher les retraites surtout,
01:02:37 parce qu'on a travaillé toute notre vie.
01:02:39 Moi, j'ai travaillé 47 ans, et voilà, c'est pas pour arriver encore à être obligé d'en redonner.
01:02:44 Moi, quand j'ai travaillé, à l'époque où j'étais actif,
01:02:46 on m'a dit "il faut donner une journée pour les anciens".
01:02:48 Ben ok, pourquoi pas, on fait un geste.
01:02:50 Après, il y a la CSG, ben ok.
01:02:53 Et j'arrive à la retraite, boum.
01:02:55 Maintenant, c'est à moi qu'il faut que je redonne encore.
01:02:57 On ne peut plus, c'est impossible.
01:03:01 Et pourquoi, pour exprimer votre mécontentement, vous avez choisi de vous rendre ici,
01:03:05 sur l'avenue des Champs-Elysées, plutôt qu'au Champs-de-Mars,
01:03:07 là où c'était autorisé de manifester ?
01:03:09 Alors, ben nous, voilà, nous sommes un peuple français, des citoyens,
01:03:14 qu'on n'a pas envie d'être parqués, comme des moutons.
01:03:17 Voilà. Nous, on ne veut pas qu'on nous dise "allez là".
01:03:22 Non, on est en France, on est chez nous.
01:03:25 Et voilà, comme vous pouvez l'entendre,
01:03:29 les Gilets jaunes sont bien décidés à rester ici, coûte que coûte,
01:03:32 tout au long de la journée, pour exprimer leur mécontentement
01:03:34 et se faire entendre du président de la République.
01:03:37 Vous avez parlé à la date avec Stéphane Baujard, parole de Gilets jaunes,
01:03:40 poignante, parce qu'on entend le désarroi de ce monsieur,
01:03:43 et en même temps, on entend les mots qu'il utilise,
01:03:45 qui sont quand même "on n'est pas des moutons",
01:03:47 donc "on a envie de manifester ici, on vient là",
01:03:49 et qui emploient le mot de dictature, également.
01:03:51 Je voudrais votre regard à tous les deux.
01:03:53 Alors, effectivement, les gens disent des choses fortes,
01:03:56 des choses très très fortes, sur leur indignation, leurs inquiétudes,
01:04:00 leurs refus, et leur fierté.
01:04:02 On n'est pas des moutons, on veut être reconnus comme...
01:04:05 Deuxième, je voudrais faire deux autres remarques très rapidement.
01:04:07 La première...
01:04:08 - Je me permets, excusez-moi Michel, je vous recache juste cette image,
01:04:10 parce que malheureusement, on voit bien qu'il y a de nouveau
01:04:13 des débordements qui sont en train de se dérouler.
01:04:15 On est sur les Champs-Elysées, et visiblement,
01:04:17 des affrontements directement entre certains Gilets jaunes
01:04:19 et forces de gendarmerie.
01:04:21 Ce monsieur qui discutait tout à l'heure avec les gendarmes,
01:04:23 on voit que visiblement, la discussion n'a pas permis d'apaiser les tensions.
01:04:27 Je vous laisse reprendre.
01:04:28 - Je voulais faire deux remarques.
01:04:29 La première, c'est qu'apparemment, le peuple de Paris n'est pas concerné,
01:04:33 ou pratiquement pas.
01:04:35 En Atlantique, chaque fois qu'on interview quelqu'un,
01:04:37 c'est quelqu'un qui vient d'ailleurs.
01:04:39 Les Parisiens ne se sentent pas concernés.
01:04:41 La solidarité que laissent imaginer les sondages,
01:04:45 avec 10% de sympathie,
01:04:47 elle ne va pas très loin, elle n'est pas parisienne.
01:04:50 La deuxième chose qui est peut-être plus importante,
01:04:53 il me semble que ce mouvement des Gilets jaunes
01:04:55 n'est pas très capable et pas très désireux d'être à Paris.
01:04:59 Que ça doit se passer ailleurs.
01:05:02 - La carte que l'on a vue tout à l'heure est quand même impressionnante.
01:05:05 Il y a du jaune dans toute la France.
01:05:07 Mais dans Paris, pour l'instant, si vous retirez les casseurs-casseurs,
01:05:11 si je peux dire, il n'y a pour l'instant pas du tout.
01:05:15 Ce qui veut dire que Internet ne suffit pas.
01:05:19 Parce que les réseaux sociaux et Internet nous annonçaient au départ
01:05:22 une énorme mobilisation.
01:05:24 Et donc, ça ne marche pas forcément.
01:05:26 - Thierry, je viens de la parler dans un instant,
01:05:27 juste deux minutes sur les images qu'on a vues.
01:05:29 On voit bien que la situation se calmait un petit peu.
01:05:32 On voit que là, il y a eu des scènes un peu plus dures.
01:05:34 Qu'on peut bien gérer.
01:05:36 - La situation est en train de se tendre.
01:05:38 Regardez, des paris ont été arrachés sur l'avenue.
01:05:41 Encore une fois, je ne suis pas sûr que ce soit des Gilets jaunes
01:05:44 qui fassent des choses pareilles.
01:05:46 On en est à 13 interpellations à Paris.
01:05:49 Et c'est vrai que la France en jaune qu'on a vue tout à l'heure,
01:05:53 cette carte de France, c'est une France qui manifeste dans le calme.
01:05:58 Pas d'incident majeur en province, en tout cas.
01:06:01 Pas d'incident majeur, ça ne se passe qu'à Paris.
01:06:03 Parce qu'à Paris, encore une fois, démonstration de force,
01:06:06 de groupes qui viennent donner un autre message
01:06:10 que celui des Gilets jaunes,
01:06:12 qui est le message constant dans toutes les manifestations
01:06:15 de la violence, du désordre, du chaos.
01:06:18 - Thierry, un mot sur cette parole de Gilets jaunes
01:06:20 qu'on vient d'entendre avant de retourner sur le terrain.
01:06:22 - Oui, c'était juste et judicieux de donner la parole à un retraité.
01:06:25 Parce qu'une des dimensions intéressantes de ce mouvement,
01:06:28 même si on ne l'aperçoit que de manière empirique pour l'instant,
01:06:30 c'est la présence quand même forte de retraités au sein de ce mouvement.
01:06:34 Et parmi les leçons politiques qu'il y aura incontestablement attirées
01:06:37 pour le pouvoir, il y a sans doute cette erreur
01:06:39 qui a constitué de manière aussi systématique
01:06:42 à vouloir opposer les actifs aux retraités
01:06:45 pour dire "on récompense le travail".
01:06:47 Mais on voit bien ce sentiment d'injustice des retraités
01:06:49 qui se sont pris l'augmentation de la CSG,
01:06:51 qui se sont pris la non-indexation des retraites sur les prix.
01:06:55 Et ces gens-là disent "c'est bien gentil de ne dire qu'on n'est pas des actifs,
01:06:58 mais on l'a été pendant au moins 4 décennies, on a cotisé".
01:07:02 Et il y a chez les retraités un fort sentiment d'injustice
01:07:06 dont il faudra tirer les leçons politiques aussi à l'occasion de ce mouvement des Gilets jaunes.
01:07:10 - Et on vous fait vivre sur BFM TV cette mobilisation des Gilets jaunes,
01:07:14 notamment du côté de l'avenue des Champs-Elysées
01:07:16 où la situation reste extrêmement tendue.
01:07:18 Fabien Combet, vous êtes sur place pour BFM TV.
01:07:20 Quelle est exactement la situation à l'heure où l'on se parle ?
01:07:23 On voit qu'elle est assez tendue et qu'elle évolue de minute en minute.
01:07:27 - Alors nous sommes en haut des Champs-Elysées.
01:07:33 C'est là où, dans la matinée, les CRS ont repoussé les manifestants
01:07:39 tout en haut de la place de l'Etoile.
01:07:41 Et bien c'est là où les manifestants ont pris position.
01:07:44 Les CRS ont quitté les lieux il y a environ près d'une heure,
01:07:49 une demi-heure, une heure.
01:07:50 Et désormais les manifestants ont remis une barricade
01:07:53 avec les barrières de chantier.
01:07:55 Ils viennent d'y mettre le feu.
01:07:56 Donc on a une épaisse fumée noire qui est visible de très loin,
01:08:00 qui s'élève des Champs-Elysées.
01:08:02 C'est une image assez impressionnante.
01:08:04 Reste que ce feu a été allumé parce que ceux qui tenaient cette barricade
01:08:09 se sont sentis un petit peu désemparés parce qu'ils font face,
01:08:12 et ils sont là pour faire face aux forces de l'ordre.
01:08:14 Et les forces de l'ordre sont plus bas.
01:08:16 Donc ils n'avaient pas d'affrontements sous la main.
01:08:20 Donc ils ne sont pas très nombreux à tenir cette barricade.
01:08:22 Ils ont décidé d'y mettre le feu un petit peu pour s'occuper.
01:08:26 On a une particularité, on parle de casseurs.
01:08:30 C'est un mot qui est différent des autres manifestations
01:08:35 qu'on a pu voir encore une fois.
01:08:37 Les casseurs ce sont souvent des gens qui frappent au hasard.
01:08:40 On a souvent vu des vitrines brisées, des commerçants se lamenter
01:08:43 parce qu'ils n'y sont pour rien et sur le chemin d'une manifestation
01:08:46 ils ont vu leur vitrine exploser.
01:08:48 Là, aucune vitrine n'a été touchée sur les Champs-Elysées.
01:08:52 Alors qu'on a vu des palais, des pavés déterrés,
01:08:56 on a vu des plots en béton être amenés,
01:08:58 des chantiers qui ont été entièrement dévalisés pour faire ces barricades.
01:09:02 Et on entend des Marseillaises et on entend des Macron démission.
01:09:07 Donc on a l'impression que ceux qui tiennent ces barricades
01:09:10 ont un message éminemment politique, agitent des drapeaux français
01:09:14 mais sont là pour faire face uniquement aux forces de l'ordre.
01:09:17 Et puis derrière eux, situation assez incroyable,
01:09:19 c'est que juste à côté vous avez des vieux, des jeunes, des femmes, des hommes
01:09:24 qui sont là uniquement pour porter leur message,
01:09:26 qui sont juste à côté, qui ne se sentent pas en insécurité.
01:09:29 Et ce sont tous ces gilets jaunes mélangés
01:09:31 qui occupent les Champs-Elysées depuis ce matin.
01:09:33 Fabien Crombé sur les Champs-Elysées, on reste avec vous.
01:09:36 Tout au long de l'après-midi, évidemment, pour suivre la situation,
01:09:39 vous êtes avec Ouliana Malitchef au plus près de ces manifestants,
01:09:43 ces événements qui se déroulent en plein cœur de la capitale,
01:09:45 il est 15h sur BFM TV.
01:09:47 Merci d'être sur notre antenne pour suivre ces événements de l'après-midi
01:09:52 en marge de cette mobilisation des gilets jaunes.
01:09:55 Bonjour Benjamin.
01:09:56 Bonjour Sandra.
01:09:57 Bonjour à tous.
01:09:58 Ce qu'il se passe en ce moment, c'est donc cette situation,
01:10:00 vous le voyez, toujours très tendue sur les Champs-Elysées.
01:10:02 Ça dure depuis 10h ce matin.
01:10:04 D'un côté des éléments radicaux, des casseurs qui ont infiltré le mouvement.
01:10:07 Ils ont dressé des barricades, vous l'avez vu.
01:10:09 De l'autre, les forces de l'ordre, il y a eu 13 interpellations jusqu'à maintenant.
01:10:14 Les chiffres donnés par le ministère de l'Intérieur à 11h,
01:10:17 ils sont de 23 000 personnes mobilisées dans toute la France.
01:10:20 C'est moins que samedi dernier, mais ce sont des chiffres très provisoires.
01:10:23 On vous fait vivre tous ces événements, bien sûr en direct sur BFM TV
01:10:27 avec nos reporters, nos éditorialistes et nos invités en plateau.
01:10:29 Dominique Rizet est avec nous, spécialiste police-justice,
01:10:33 Thierry Arnaud, éditorialiste politique, sont encore avec nous,
01:10:39 Gaëtan Mélin, spécialiste éco,
01:10:42 Eric Delbecq, spécialiste des questions de sécurité intérieure,
01:10:45 Pascal Vitopanelli est resté avec nous,
01:10:47 également spécialiste des questions de sécurité.
01:10:50 Merci beaucoup. Tout d'abord, Dominique Rizet,
01:10:52 je voudrais qu'on revienne sur cette stratégie des forces de l'ordre.
01:10:56 Aujourd'hui, on voit effectivement qu'ils sont au plus près des manifestants,
01:10:59 on voit qu'ils sécurisent le périmètre,
01:11:01 qu'ils ne chargent pas, en tout cas le moins possible.
01:11:04 Non, le moins possible, parce que pourquoi charger
01:11:07 quand ça n'est pas utile, quand ça n'est pas nécessaire ?
01:11:10 On a ici des gens qui prennent des barricades, qui prennent des palettes,
01:11:14 qui prennent les grilles qui sont au pied des arbres à Paris,
01:11:17 ces grilles en trois morceaux,
01:11:19 qui les jettent et qui les empilent au milieu de l'avenue des Champs-Elysées,
01:11:22 mais qui finalement, sinon, cette démonstration du désordre
01:11:26 ne crée pas un danger imminent pour eux,
01:11:30 ni pour les forces de l'ordre,
01:11:32 ni pour les boutiques des Champs-Elysées.
01:11:34 Voilà, ils sont concentrés sur l'avenue, sur le pavé,
01:11:37 qu'ils sont d'ailleurs en train de démonter avec des pieds de biche
01:11:40 pour lancer les pavés sur les policiers ou sur les gendarmes mobiles,
01:11:45 qui se sont éloignés, on les laisse faire.
01:11:47 Pour l'instant, encore une fois, c'est impressionnant
01:11:51 en termes de démonstration et de désordre,
01:11:53 mais il n'y a pas de danger pour la vie de qui que ce soit pour l'instant.
01:11:58 Et tout à l'heure, la préfecture de police a décidé
01:12:01 qu'il fallait évacuer deux barricades en feu.
01:12:04 On a vu à ce moment-là les forces de l'ordre remonter
01:12:07 au contact de ceux qui sont bien des casseurs et pas des gilets jaunes,
01:12:11 qui se sont mêlés à la foule des gilets jaunes.
01:12:14 Donc on a vu les forces de l'ordre qui sont remontées,
01:12:16 gaz lacrymogène, canon à eau de la préfecture de police,
01:12:20 et donc s'est évacué quand même assez vite.
01:12:22 Vous voyez l'hélicoptère qui survole Paris.
01:12:24 Donc cet hélicoptère, il avait été annoncé hier par la préfecture de police,
01:12:27 ce dispositif qui sert à veiller aussi sur les alentours de Paris,
01:12:31 puisqu'il y a eu des tentatives de blocage sur le périphérique,
01:12:35 notamment du côté de la porte de Clichy, avec des VTT
01:12:40 et avec des motards dans un autre endroit du boulevard périphérique.
01:12:45 – Les autorités craignaient évidemment ce genre d'image,
01:12:49 ce genre d'incidents, ce qui a peut-être surpris,
01:12:52 c'est que ça a démarré très tôt, dès 10h,
01:12:54 il y avait déjà des violences sur les Champs-Élysées.
01:12:56 – Oui, ça a démarré très très vite, aux alentours de 10h, vous l'avez dit,
01:13:01 des premiers contacts avec les forces de l'ordre
01:13:06 qui ont évacué, qui ont repoussé un peu les manifestants,
01:13:11 et puis ensuite, ordre a dû leur être donné de se positionner,
01:13:15 de voir un petit peu ce qui allait se passer,
01:13:17 ordre ensuite de remonter les Champs-Élysées,
01:13:19 qui ont été évacués aux alentours de 13h,
01:13:23 donc on rappelle qu'il y a 8000 manifestants à Paris,
01:13:26 ce sont des chiffres qui nous ont été donnés
01:13:28 par le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, tout à l'heure,
01:13:31 8000 manifestants à Paris, dont 5000 qui se trouvaient sur les Champs-Élysées,
01:13:35 24 000 dans toute la France, et pour l'instant,
01:13:38 70 ont choisi l'option autorisée de la manifestation
01:13:43 et sont sur le Champs de Mars.
01:13:45 - On les a vus tout à l'heure, effectivement,
01:13:47 avec Raphaël Maillochon, Dominique Rizet,
01:13:49 on va retourner justement au plus près de ces manifestants "les vrais",
01:13:53 pas ceux qui sont venus là pour casser sur les Champs-Élysées.
01:13:56 Elisa Hadef, vous suivez ces manifestants, ces gilets jaunes,
01:14:00 qui sont montés à Paris aujourd'hui,
01:14:02 pour réellement passer un message à Emmanuel Macron.
01:14:07 - Exactement, nous avons rencontré au fur et à mesure de la journée
01:14:13 plusieurs gilets jaunes qui nous ont tout simplement confié
01:14:17 qu'ils étaient totalement dépassés par la situation.
01:14:19 L'ampleur de ces débordements ici sur l'avenue des Champs-Élysées,
01:14:22 ils comptaient bien se faire entendre par Emmanuel Macron,
01:14:24 mais ne pensaient pas que cela allait prendre des proportions pareilles.
01:14:27 Comme vous pouvez le voir sur ces images,
01:14:29 de nombreuses barricades prennent feu, des banderoles "Macron, destitution",
01:14:32 "gouvernement, démission", c'est le mot d'ordre ici aujourd'hui,
01:14:35 "Macron, démission", et pourtant, à la base,
01:14:37 ils sont ici, les gilets jaunes, pour justement se faire entendre
01:14:40 et pouvoir faire comprendre au gouvernement
01:14:43 qu'ils n'arrivent plus à joindre les deux bouts à la fin du mois.
01:14:45 Nous avons rencontré notamment une mère de famille, Anne Gritt,
01:14:47 qui a 24 ans, qui dit qu'à la fin du mois,
01:14:49 elle n'a plus que 300 euros pour faire ses courses
01:14:51 et qu'elle n'arrive plus avec deux enfants à charge,
01:14:53 ou encore des retraités qui disent que leur combat désormais
01:14:56 n'est plus seulement cette hausse du carburant survenue il y a quelques semaines,
01:15:00 mais aussi la hausse de la CSG, que c'est un combat commun et solidaire
01:15:04 entre tous les citoyens français, que tout le monde doit se mêler à ce mouvement.
01:15:08 Ici, sur l'avenue des Champs-Elysées,
01:15:10 nous sommes un peu redescendus de la place de l'Etoile,
01:15:12 nous sommes aux alentours de Georges V,
01:15:16 et des camions de pompiers sont venus pour éteindre le feu
01:15:20 et faire en sorte que tout se passe dans les meilleures conditions ici
01:15:23 pour ces gilets jaunes qui sont venus manifester pacifiquement
01:15:27 et qui sont contre ces débordements.
01:15:29 - Lisa, Dave, au niveau des Champs-Elysées avec Stéphane Beaujard,
01:15:33 c'est effectivement important de le rappeler,
01:15:35 il y a des gilets jaunes, de nombreux gilets jaunes,
01:15:37 qui aujourd'hui manifestent de manière pacifique,
01:15:40 c'est important de le dire, parce qu'il y a ces casseurs d'un côté,
01:15:42 et il y a donc le reste de ces personnes qui sont là aussi aujourd'hui
01:15:46 pour adresser un message.
01:15:48 Et il y a cette opposition politique avec d'un côté le ministre de l'Intérieur,
01:15:53 Christophe Castaner, qui s'est exprimé tout à l'heure,
01:15:55 il a donné les chiffres notamment de cette mobilisation,
01:15:58 et il a pointé du doigt Marine Le Pen et l'ultra-droite.
01:16:02 On va le réécouter.
01:16:04 [Bruits de la foule]
01:16:09 - Sur Paris, on voit une évolution.
01:16:11 À l'appel de Marine Le Pen, qui avait invité les manifestants
01:16:14 à venir sur les Champs-Elysées,
01:16:16 effectivement, près de 5 000 personnes sont mobilisées.
01:16:18 Mais ce que l'on constate, c'est qu'aujourd'hui, l'ultra-droite s'est mobilisée,
01:16:22 est en train de vouloir dresser des barricades sur les Champs-Elysées.
01:16:26 - Il n'est pas un ministre de l'Intérieur, il est un militant politique,
01:16:30 et il se comporte comme tel,
01:16:32 car ses accusations sont indignes.
01:16:34 Si j'avais appelé à manifester sur les Champs-Elysées,
01:16:36 j'aurais appelé à manifester sur les Champs-Elysées.
01:16:38 Je posais la question au gouvernement de savoir pourquoi des manifestations
01:16:42 comme le Nouvel An, comme la Coupe du Monde,
01:16:45 pouvaient se dérouler sur les Champs-Elysées,
01:16:47 et pourquoi là, en l'occurrence, le ministère de l'Intérieur
01:16:50 se faisait prendre d'une intransigeance totale,
01:16:53 en autorisant seulement les manifestants à aller aux Champs-de-Mars,
01:16:56 dont on sait que c'est quasiment une souricière.
01:17:00 - Une autre réaction politique en direct sur BFM TV.
01:17:04 Bonjour Nicolas Dupont-Aignan. - Bonjour Madame.
01:17:07 - Président de La France, tout d'abord je voudrais vous demander
01:17:10 quelle est votre réaction face à ces événements particulièrement
01:17:14 qui se déroulent depuis ce matin sur les Champs-Elysées.
01:17:18 - Je vais vous dire une chose, c'est que les Champs-Elysées,
01:17:20 ce n'est pas la France.
01:17:22 Dans toute la France, il y a des gilets jaunes, des vibles,
01:17:24 des mères de famille, des retraités, des ouvriers, des cadres commerciaux.
01:17:28 Je les ai vus hier près de Harle, j'étais sur un barrage à un péage.
01:17:32 Bon enfant qui laissait d'ailleurs passer les voitures
01:17:34 et qui était en grande solidarité avec les Français qui passaient,
01:17:38 les gendarmes, les policiers.
01:17:40 Donc on nous présente aujourd'hui sur toutes les télévisions
01:17:43 des incidents comme si la France était à feu et à sang
01:17:47 pour discréditer un mouvement qui est le mouvement d'un peuple
01:17:51 soutenu à 75% par les Français
01:17:53 et qui veut simplement pouvoir vivre de son travail.
01:17:56 Alors moi, les petites polémiques minables de M. Castaner
01:17:59 ne m'intéressent pas.
01:18:00 Cet homme n'est pas à la hauteur de sa fonction.
01:18:02 Il cherche les gros sabots à diviser les Français.
01:18:07 Alors j'entends l'ultra-droite, tout ceci, ça ne veut rien dire.
01:18:10 Le mouvement des gilets jaunes, il appartient à tous les Français.
01:18:13 Les gens que j'ai rencontrés toute la semaine, partout,
01:18:16 ils sont de toutes couleurs politiques.
01:18:18 Ils veulent simplement qu'on arrête de les taxer alors qu'ils sont honnêtes.
01:18:22 C'est tout.
01:18:23 Et il ne faut pas confondre avec des casseurs qui viennent
01:18:26 à chaque manifestation.
01:18:27 Il y en avait plein à un moment de la Coupe du Monde.
01:18:29 D'ailleurs, on les a moins montrés à cette époque-là.
01:18:31 Voilà, c'est tout.
01:18:32 Il faut revenir à la raison.
01:18:34 Il faut revenir à la réalité des choses.
01:18:36 – D'un mot, Nicolas Dupont-Aignan sur BFM TV,
01:18:39 on a évidemment parlé de ce qui se passait sur les Champs-Élysées,
01:18:42 mais on a répété depuis plusieurs heures maintenant
01:18:44 qu'il y avait ailleurs également des mobilisations
01:18:46 qui se passaient dans le calme et avec des gilets jaunes pacifiques.
01:18:49 Juste pour revenir également sur les chiffres
01:18:51 qu'a donné Christophe Castaner tout à l'heure.
01:18:53 Il parle de 23 000 personnes à 11 heures,
01:18:56 alors qu'il y en avait 124 000 à la même heure samedi dernier.
01:18:59 Mobilisation en baisse.
01:19:01 Est-ce que, selon vous, il y a un affaiblissement de cette mobilisation ?
01:19:05 – Non, tout ça est complètement faux.
01:19:08 La semaine dernière, il y avait presque un million de Français
01:19:11 qui ont été solidaires, qui étaient dans la rue.
01:19:14 Et on a inventé ce chiffre de 220 000 qui a été répété partout.
01:19:17 Aujourd'hui, il y a moins de monde, c'est évident,
01:19:19 parce que vous savez, les gens ne sont pas guettés de cœur
01:19:22 sous la pluie, dans le froid, à manifester,
01:19:25 surtout que ce ne sont pas des manifestants professionnels.
01:19:27 Et puis, les gens n'ont pas l'argent pour venir à Paris,
01:19:30 ça coûte cher, on ne peut déjà même pas remplir un plein
01:19:33 tellement les taxes ont été augmentées.
01:19:35 Donc, en vérité, ce qui se passe, c'est que c'est un mouvement diffus,
01:19:39 c'est une colère immense d'un peuple en souffrance.
01:19:41 Et moi, ce qui m'importe, ce n'est pas de polémiquer,
01:19:44 c'est d'apporter des solutions.
01:19:46 Et il y a eu deux solutions que je propose simples.
01:19:48 C'est d'abord d'arrêter la hausse du 1er janvier sur le fuel, le gaz,
01:19:52 sur l'essence, ça, il faut l'annuler.
01:19:55 Et puis, la deuxième solution, c'est de convoquer des états généraux
01:19:58 de la fiscalité pour qu'on remette à plat la fiscalité écologique
01:20:01 et qu'on taxe plutôt les produits importés,
01:20:04 les camions étrangers qui traversent la France,
01:20:06 les supercargos qui apportent des marchandises qui polluent,
01:20:10 plutôt que de taxer le travail des Français.
01:20:12 Moi, c'est tout ce que je demande.
01:20:14 Vous voyez, ce qui est important, c'est qu'il y ait des paroles de raison
01:20:17 et des paroles de proposition.
01:20:19 Et ce que je regrette dans le gouvernement,
01:20:21 c'est qu'il soit presque indigne de sa fonction,
01:20:24 c'est-à-dire qu'il n'entend rien, il ne comprend rien,
01:20:27 il veut moquer les gens, il veut diviser les Français,
01:20:30 il hystérise les rapports sociaux.
01:20:32 Et ce n'est pas à la hauteur de l'enjeu.
01:20:34 Pas du tout à la hauteur de l'enjeu.
01:20:36 Nicolas Dupont-Aignan, certes, ses Français sont révoltés
01:20:39 contre le pouvoir en place, ils ont été très clairs là-dessus,
01:20:41 mais ils rejettent également toute récupération politique
01:20:44 de tous les partis traditionnels, notamment ceux qui ont été présents
01:20:47 aux dernières élections. Vous ne vous sentez pas concerné par ce rejet ?
01:20:50 Pas du tout. Parce que moi, je portais un gilet jaune
01:20:53 sur les barrières d'autoroutes quand il y a eu la privatisation,
01:20:56 parce que j'ai fait des propositions en 2012
01:20:58 pour qu'on n'augmente pas la taxe sur l'essence
01:21:01 et qu'on la baisse quand le prix du baril augmente,
01:21:03 de manière à avoir une TIPP qu'on appelle flottante,
01:21:06 parce que je suis aux côtés des automobilistes depuis des années.
01:21:09 Et je vais vous faire une confidence,
01:21:11 hier j'ai été très bien accueilli sur des barrages,
01:21:14 très très bien accueilli. Mais parce que, aussi,
01:21:17 je n'ai jamais dit que tous les gilets jaunes étaient debout la France, jamais.
01:21:20 Parce que je pense que le rôle d'un homme politique,
01:21:23 ce n'est pas de dire "c'est moi, c'est moi, c'est moi",
01:21:26 ce n'est pas l'enjeu. Le rôle d'un homme politique,
01:21:28 c'est de trouver une issue politique à ce conflit social.
01:21:31 Et je remarque d'ailleurs, ce qui est incroyable dans ce qui se passe aujourd'hui,
01:21:34 les syndicats, ils sont aux abonnés absents,
01:21:37 ces syndicats complètement vendus qu'on a en France,
01:21:40 ils sont où ? Ils devraient aider les gilets jaunes,
01:21:43 puisqu'il y a 75% des français qui sont là.
01:21:46 Pourquoi les syndicats sont absents ? Et les partis politiques,
01:21:49 est-ce qu'ils ne peuvent pas proposer des solutions ?
01:21:52 Moi, à Debout la France, on a proposé des solutions.
01:21:55 Elles valent ce qu'elles valent, mais elles sont concrètes.
01:21:58 Et je demande au gouvernement de réunir des états généraux
01:22:01 pour qu'on en sorte par le haut. Parce que ce n'est jamais bon,
01:22:04 cette frustration du peuple,
01:22:07 comment dire, d'être condamné à la violence.
01:22:10 – Merci beaucoup Nicolas de Convénier. – On a bien compris votre réaction,
01:22:13 votre message. Merci d'avoir été avec nous en direct sur BFM TV.
01:22:16 On continue bien évidemment à suivre et à commenter tout ce qui se passe.
01:22:19 Vous les voyez ces images en direct des Champs-Elysées
01:22:22 avec ces nombreuses personnes, ces gilets jaunes qui sont rassemblés
01:22:25 et notamment ces casseurs. On le rappelle, il faut bien différencier
01:22:28 ces casseurs qui se sont greffés à cette mobilisation
01:22:31 et il y a de l'autre côté des personnes qui sont venues
01:22:34 pour manifester de façon pacifique.
01:22:37 Éric Delbecq, pour commenter les images qu'on voit actuellement,
01:22:40 il y a une sorte un petit peu de… la tension est toujours très présente,
01:22:45 mais il y a plus ces affrontements qu'on avait pu voir tout à l'heure.
01:22:48 Qu'est-ce qui se passe ? Les forces de l'ordre tentent un petit peu
01:22:51 de jouer un petit peu sur le timing ?
01:22:54 – Il se passe ce qui se passe à peu près dans tout ce type d'événements.
01:22:58 Vous avez dit à juste titre que ça avait commencé un peu tôt ce matin.
01:23:02 Les forces de l'ordre s'attendaient à ce qu'il y ait du mouvement
01:23:05 plus tôt en début d'après-midi et puis des vagues, c'est-à-dire avec les gens
01:23:08 qui ont des motivations politiques d'ultra-droite ou d'ultra-gauche
01:23:11 et puis après ce qu'on appelle très clairement des casseurs.
01:23:14 Donc les forces de l'ordre, elles ont fait leur travail toute la matinée.
01:23:17 J'ai entendu des commentaires encore parfois totalement hubuesques
01:23:20 demandant si les forces de l'ordre s'étaient correctement préparées,
01:23:23 si elles avaient fait ce qu'il fallait. Elles ont fait exactement ce qu'il fallait faire,
01:23:26 ce que Dominique Rizet disait tout à l'heure et ce que d'autres commentateurs ont déjà dit.
01:23:29 La doctrine du maintien de l'ordre en France, c'est de maintenir un maximum
01:23:34 les gens à distance parce que, et là aussi contrairement à ce qu'on dit,
01:23:38 la priorité n'est pas forcément de rétablir l'ordre au sens premier,
01:23:42 ce qui peut paraître choquant dans un premier temps,
01:23:45 mais de préserver la vie des manifestants.
01:23:49 C'est la priorité.
01:23:50 C'est la priorité. Donc il a été fait en sorte que, en plus dans cette confusion
01:23:54 où vous avez le vrai gilet jaune et des gens qui sont là pour faire des dégâts,
01:23:58 ce qui n'est pas de blesser.
01:24:01 Donc la manœuvre a été absolument parfaite à la fois des policiers et des gendarmes.
01:24:05 Du point de vue de l'ordre public, il n'y a rien à dire.
01:24:08 Alors que vous voyez ces images en direct sur BFM TV
01:24:11 de ces événements qui se déroulent depuis ce matin sur ces Champs-Elysées,
01:24:14 c'est là qu'on vous retrouve Fabien Crombé, où en est ce rapport de force
01:24:19 entre ces manifestants qui restent positionnés sur les Champs-Elysées
01:24:23 et les forces de l'ordre à 15h15.
01:24:28 Les forces de l'ordre qui viennent de reprendre position en haut des Champs-Elysées,
01:24:33 ils étaient là, ils avaient repoussé les manifestants jusqu'au repoint de l'étoile,
01:24:38 puis ils ont quitté les lieux.
01:24:40 Ils viennent de nouveau d'arriver et disperser les manifestants
01:24:44 avec des gaz lacrymogènes.
01:24:46 Il se trouve qu'il y a une barricade qui avait été reformée par les manifestants
01:24:50 qui avaient décidé de l'incendier.
01:24:52 Ils sont donc en train d'agir pour disperser avec ce nuage de gaz lacrymogènes
01:24:59 qui a remplacé le feu de barricade.
01:25:02 Et les manifestants qui sont de nouveau amenés à remonter vers le rond-point de l'étoile.
01:25:08 Donc une situation qui finalement se maintient,
01:25:12 c'est-à-dire que depuis les affrontements de ce matin
01:25:15 où réellement on avait des milliers de personnes sur les Champs-Elysées,
01:25:19 avec un face-à-face sur l'avenue,
01:25:22 désormais les manifestants sont dispersés
01:25:26 et on voit justement ce mélange assez improbable
01:25:30 de personnes qui veulent vraiment, véritablement,
01:25:33 et qui sont là pour en découdre avec les forces de l'ordre.
01:25:36 Ils portent un gilet jaune, mais ils sont là pour ériger des barricades,
01:25:40 pour faire face, pour chanter face aux forces de l'ordre.
01:25:44 Et puis ceux qui sont venus porter leur message
01:25:46 et qui ne souhaitaient pas rester sur le Champs de Mars,
01:25:49 de toute génération, de toute âge,
01:25:51 qui se baladent le long du rond-point de l'étoile
01:25:54 et qui regardent un peu en recul la situation
01:25:58 et ce face-à-face qui a lieu en ce moment même sur les Champs.
01:26:01 Fabien Chromet avec Ouliana Malitchev sur les Champs-Elysées.
01:26:04 Thierry Arnault est avec nous en plateau.
01:26:07 Thierry, ces images ne profitent finalement à personne,
01:26:10 ni au gilet jaune, ni à l'exécutif.
01:26:12 Non, c'est clair, mais je crois que s'agissant des gilets jaunes,
01:26:15 ça ne va pas fondamentalement affecter la perception du mouvement.
01:26:20 Il est clair qu'il y a eu des débordements,
01:26:21 il est clair que ceux qui commettent les actions les plus violentes
01:26:23 ne sont pas représentatifs du mouvement des gilets jaunes.
01:26:26 Et au fond, on assiste à quelque chose d'un peu paradoxal.
01:26:30 Aujourd'hui, il y a des débordements d'un côté,
01:26:32 il y a, si l'on en croit les chiffres du ministère de l'Intérieur,
01:26:35 qui sont les seuls dont on dispose pour l'instant,
01:26:37 une mobilisation qui est beaucoup moins forte que la semaine dernière,
01:26:40 plus de cinq fois moins, si j'ose dire,
01:26:43 par rapport à samedi dernier.
01:26:45 Mais il en faudrait bien davantage, me semble-t-il,
01:26:48 pour entamer le capital sympathie des gilets jaunes.
01:26:51 Il y a toujours huit Français sur dix qui disent qu'ils soutiennent
01:26:54 ou qu'ils ont de la sympathie pour ce mouvement,
01:26:56 parce qu'il exprime quelque chose qui est ressenti par beaucoup de Français,
01:27:00 ce sentiment de colère, d'abandon,
01:27:03 d'avoir de plus en plus de difficultés à boucler les freins de main,
01:27:05 de payer de plus en plus, de recevoir de moins en moins,
01:27:08 d'être abandonné au niveau des services publics,
01:27:10 d'être abandonné par son gouvernement,
01:27:12 et d'être incompris par celui qui incarne le pouvoir,
01:27:14 c'est-à-dire le président de la République, Emmanuel Macron.
01:27:16 Pour autant, est-ce que ce mouvement a un avenir,
01:27:19 dans la mesure où c'est gilet jaune pour beaucoup ?
01:27:22 La question qu'on se pose, c'est, sont-ils prêts à écouter
01:27:25 le message que va leur passer le gouvernement mardi,
01:27:28 quel que soit le message ?
01:27:30 La grande difficulté, c'est que c'est un mouvement à la fois simple et complexe.
01:27:33 Il est simple dans ce qu'il exprime,
01:27:35 cette colère que je viens de décrire brièvement.
01:27:38 Il est complexe par ailleurs, parce qu'il est né de manière spontanée,
01:27:41 il n'a pas de leader, donc il n'a pas d'interlocuteur légitime
01:27:45 et identifié par le gouvernement,
01:27:47 et il n'a pas non plus de revendication claire.
01:27:50 Quand on écoute tous ceux qui se succèdent au micro de BFM TV ce matin,
01:27:53 on entend "il faut augmenter les retraites, il faut augmenter le SMIC,
01:27:57 il faut renoncer à la taxe sur les carburants,
01:27:59 il faut rétablir l'ISF, il faut destituer Emmanuel Macron".
01:28:02 Et j'en oublie, la liste est très longue,
01:28:04 et on voit bien que du coup, on n'est pas face à un mouvement
01:28:08 que le gouvernement pourrait appréhender clairement en disant,
01:28:11 par exemple, si je cède sur la taxe sur les carburants,
01:28:14 j'ai répondu au mouvement et demain,
01:28:17 tous les gilets jaunes vont rentrer chez eux.
01:28:19 On voit bien que c'est quelque chose de beaucoup plus diffus
01:28:21 et de beaucoup plus complexe,
01:28:23 ce qui rend l'exercice de la réponse à laquelle Emmanuel Macron
01:28:25 va se livrer mardi d'autant plus difficile, évidemment.
01:28:29 – Gaëtan Ménard est avec nous, spécialiste éco de BFM TV.
01:28:33 Ces gens qui manifestent à Paris, ils veulent bien sûr lancer un cri d'urgence,
01:28:37 et ils ont l'impression de ne pas être entendus,
01:28:39 de ne pas être écoutés par l'exécutif.
01:28:41 – Oui, tout à fait, c'est leur qualité.

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