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Samuel reçoit l'écrivaine Mélissa Da Costa, elle a publié sept livres en cinq ans et devance désormais Guillaume Musso et Marc Levy en tête du classement des romanciers les plus lus de France. Elle revient sur ce succès. 

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Transcription
00:00 Je suis très heureux de vous recevoir ici avec vos bébés.
00:03 Ils sont tous là.
00:04 Sept livres publiés en moins de cinq ans de tout le bleu du ciel au dernier,
00:08 "Les femmes du bout du monde" et ce chiffre fou.
00:11 1,1 million de personnes se sont rendues dans une librairie en 2023
00:14 pour acheter l'un de vos livres.
00:16 C'est assez vertigineux, non ?
00:18 Oui, on perd un petit peu la mesure de tout ça, oui.
00:22 C'est un classement dans lequel vous devancez Guillaume Musso et Marc Lévy.
00:26 Ça faisait 12 ans de suite que Guillaume Musso était en tête de ce classement.
00:29 Comment ça se passe ?
00:30 C'est comme à la présidentielle, vous recevez un coup de fil du vaincu,
00:33 vous avez pu parler avec lui ?
00:34 Non, non, non, même pas.
00:35 Ça aurait été sympa.
00:37 Non, non, c'est des chiffres qui sont regardés un petit peu toute l'année,
00:41 qui sont scrutés.
00:43 J'ai eu deux années très prolifiques avec deux romans qui sont sortis par an,
00:49 ces deux dernières années.
00:50 Donc je savais que j'avais un petit peu d'avance sur les autres.
00:53 Comment vous expliquez ce succès ?
00:54 Est-ce qu'on peut l'expliquer d'abord ?
00:56 Non, moi je ne peux pas l'expliquer.
00:59 Éventuellement, quand je suis en salon ou en séance de dédicace,
01:02 je reçois les mots de mes lecteurs et je me rends compte qu'il se passe quelque chose
01:05 de très, très fort au moment de la lecture,
01:08 beaucoup d'émotions, une espèce d'intimité qui se crée entre le lecteur et l'auteur.
01:13 Et puis après, de toute façon, quoi qu'il se passe,
01:16 qu'on ait beaucoup de promotions, beaucoup de médias ou pas,
01:19 il y a quelque chose qui nous échappe.
01:21 Le livre nous échappe, les lecteurs ont envie de le partager, de l'offrir,
01:25 et ça nous échappe.
01:26 Tout le monde vous lit, mais on a l'impression qu'on ne vous connaît pas bien encore.
01:30 D'ailleurs, le JDD titré en février dernier,
01:33 Mélissa D'Acosta, l'inconnue la plus lue de France.
01:35 C'est bien.
01:36 C'est vrai, ça vous va bien ? Pourquoi ?
01:39 Ça me permet de conserver ces deux aspects.
01:43 Ma vie d'autrice, un petit peu dans ma bulle,
01:47 à l'écart du monde, dans le calme et le silence,
01:49 là où on ne me reconnaît pas trop.
01:52 Et puis, la vie sur les salons, en promotion,
01:56 où là, on est dans l'échange avec les lecteurs.
01:59 Vous êtes tranquille, alors ?
02:01 Encore tranquille.
02:02 Qui me permettent d'être tranquille.
02:03 Par exemple, dans les transports,
02:05 il paraît que vous voyez parfois des lecteurs en train de lire vos livres,
02:09 sans savoir qu'en face, il y a la romancière.
02:11 Oui, et je n'interviens jamais.
02:13 Je me sens trop mal à l'aise.
02:15 Et je me fais disputer à chaque fois.
02:16 On me dit "mais il fallait y aller !"
02:18 Ça donne envie d'aller taper sur l'épaule.
02:20 En pleine lecture.
02:21 Non, je me fais discrète.
02:22 Et vous scrutez alors leurs réactions ?
02:24 Oui, j'aime bien regarder. Est-ce qu'il a l'air de s'ennuyer ?
02:26 Non, ça va, il a l'air d'aimer.
02:28 Vous avez grandi très loin de Paris,
02:31 et du succès, du showbiz.
02:33 Replonge ?
02:34 Oui.
02:35 3 000 habitants, c'est dans l'Ain, c'est à côté de Mâcon.
02:38 Un père dans le bâtiment, une mère assistante maternelle.
02:40 Est-ce qu'ils vous lisent, vos parents ?
02:42 Oui, ce sont mes premiers lecteurs, maintenant.
02:45 Et d'ailleurs, votre père, il a ouvert pour la première fois un livre.
02:49 C'était le vôtre ?
02:50 Oui, un roman pour la première fois, pour me lire,
02:52 il était un petit peu obligé, j'étais en librairie.
02:54 Et puis maintenant, il ne s'arrête plus.
02:56 En fait, ça lui a redonné le goût à la lecture.
02:58 Beaucoup de fierté, j'imagine.
02:59 Oui, oui, oui.
03:01 Vous avez toujours écrit, le premier écrit,
03:05 des poèmes d'ailleurs, à l'âge de 7 ans,
03:07 assez rapidement, des romans.
03:09 Vous découvrez aussi comme lectrice Harry Potter.
03:11 Oui.
03:12 Là, vous avez quel âge ?
03:14 Je dois être en CE1, CE2 à peu près, donc...
03:17 19 ans, j'imagine.
03:19 Oui, à peu près.
03:20 Mais ce qui est drôle, c'est que JK Rowling met trop de temps
03:23 à écrire le tome suivant, et donc vous allez écrire vous-même
03:26 la suite de Harry Potter.
03:27 Oui, oui, oui.
03:28 Racontez.
03:29 J'adore en fait, parce que tout est possible quand on écrit,
03:32 c'est ça qui me plaît, on peut réinventer le monde,
03:34 on est un petit peu un dieu, tout est possible.
03:37 Et donc, je devenais élève à Poudlard,
03:40 aux côtés d'Harry Potter.
03:41 En fait, j'étais moi-même dans l'histoire, c'était génial.
03:43 Vous et vos copines.
03:44 Moi et mes copines, c'est ça.
03:45 Ça s'appelait Harry Potter et le diamant rouge.
03:47 C'est ça.
03:48 Et on pourra le lire un jour ?
03:49 Non, je ne pense pas.
03:50 Bon, à l'âge adulte, vous avez vécu un conte de fées
03:54 grâce à ce roman, "Tout le bleu du ciel",
03:57 et grâce surtout, c'est ça qui en fait un conte de fées
04:00 assez moderne, grâce à Internet.
04:02 Oui, grâce à une plateforme d'auto-édition,
04:06 qui s'appelle monbestseller.com,
04:09 et qui permet à n'importe qui, en fait, n'importe quel inconnu
04:13 passionné d'écriture, de déposer son manuscrit en ligne
04:15 et d'être lu par des dizaines, et pourquoi pas des centaines
04:19 de lecteurs un petit peu partout en France.
04:21 Et puis, ça s'est un petit peu emballé,
04:24 il y a eu un engouement sur la plateforme,
04:25 parce qu'il y a un système de notation, de commentaires,
04:27 donc beaucoup de cinq étoiles, beaucoup de commentaires élogieux.
04:30 Et il faut savoir que maintenant, il y a beaucoup de maisons d'édition
04:32 qui scrutent ces plateformes à l'affût d'une future pépite, peut-être.
04:37 Et donc, j'ai été repérée par un éditeur qui s'appelle Carnet Nord.
04:41 - Vous avez mis beaucoup de temps à l'écrire, "Tout le bleu du ciel" ?
04:43 - J'ai mis à peu près six, sept mois,
04:47 mais six, sept mois très, très, très intenses.
04:51 Du matin au soir, à y penser la nuit,
04:54 c'est six, sept mois de non-stop.
04:56 - Quand le succès arrive avec "Tout le bleu du ciel",
04:59 vous avez un peu de mal à vous y faire.
05:01 On s'est rencontrées une première fois il y a trois ans,
05:03 et vous m'aviez raconté une anecdote incroyable.
05:05 Quand on vous demande quel métier vous faites à cette époque,
05:07 à l'époque de "Tout le bleu du ciel", qu'est-ce que vous répondez ?
05:09 - Chargée de communication, qui était mon ancien métier,
05:12 parce que je n'osais pas encore m'affirmer écrivaine, autrice,
05:17 donc je continuais de donner mon ancien métier.
05:19 Mais maintenant, ça y est. J'assume.
05:22 - Depuis peu ?
05:23 - Depuis l'année dernière et le classement des cigareaux.
05:27 - C'est très récent.
05:29 - Je me suis dit que je suis à peu près crédible, je peux le dire.
05:32 - C'est quoi, c'est le syndrome de l'imposteur ?
05:34 - Oui, sans doute. J'imagine qu'il y a un petit peu de ça.
05:37 - Et on finit par s'en débarrasser.
05:39 - Oui.
05:40 - Tout s'est enchaîné ensuite avec le succès que l'on sait.
05:43 Alors, l'introspection, les choix de vie, le deuil, la nature, la résilience,
05:47 voilà les thèmes principaux de vos livres.
05:49 C'est quoi le style d'Acosta ?
05:51 - Ah, bonne question.
05:53 Je pense que c'est un style avec beaucoup de lenteur,
05:57 dans une société où on regarde beaucoup de séries,
06:02 on a besoin de beaucoup d'actions, de rebondissements.
06:04 Là, on est tout à l'inverse, en fait, on est dans des romans très gros.
06:07 - Ce sont des pavés.
06:08 - Parce qu'ils prennent beaucoup de temps,
06:10 ils campent des scènes de vie quotidiennes
06:12 dans lesquelles il ne se passe pas forcément grand-chose en apparence.
06:15 Et on est beaucoup dans la psychologie, en fait.
06:17 Donc, une espèce de lenteur et une profondeur psychologique, je dirais.
06:21 - Six, sept romans avec celui-ci,
06:24 "La Feuseuse d'étoiles", en soutien à l'UNICEF,
06:27 en l'espace de quatre ans et demi, cinq ans, à peine.
06:30 - Oui, c'est ça.
06:32 - C'est vital d'écrire ?
06:34 - Oui, c'est vital, parce que j'ai beau savoir
06:37 que j'ai un, voire deux romans d'avance,
06:39 je ne peux pas m'empêcher de me remettre à écrire.
06:42 Je fais ça depuis toute petite, donc c'est vraiment un besoin que j'ai.
06:46 - Donc, c'est toute la journée, plusieurs heures par jour ?
06:50 - C'est en fonction du quotidien.
06:53 Tout dépend de l'inspiration aussi.
06:55 Si je n'ai pas d'idée d'inspiration,
06:58 je ne peux rien écrire pendant trois, quatre mois
07:00 jusqu'à ce qu'une idée s'impose et vienne me hanter.
07:02 Et ensuite, ça peut être quatre jours par semaine,
07:04 une bonne partie de la journée.
07:06 - Quand certains qualifient votre travail de roman "feel good",
07:09 ça vous agace un peu ?
07:11 - Tout dépend de ce qu'on met derrière.
07:13 Si "feel good", c'est faire de la littérature qui fait du bien,
07:17 qui permet de faire une introspection, un travail sur soi,
07:21 et d'aller de l'avant, ça me va très bien.
07:23 Quand on entend par "feel good" roman de gare très léger,
07:26 aussi vite lu qu'oublié, ça me gêne un petit peu plus.
07:29 Mais tout dépend de ce qu'on y met derrière.
07:31 Si c'est des romans qui font du bien, moi, ça me va.
07:33 - Le prochain livre ?
07:34 - Le prochain livre.
07:35 - C'est pour quand ?
07:36 - Il arrive normalement aux alentours de septembre 2024,
07:40 avec une thématique assez sociétale,
07:44 un sujet qu'on voit assez peu dans la littérature ou dans les fictions.
07:47 On ne va pas trop le révéler.
07:49 Mais en gros, on est dans un huis clos au sein du couple
07:52 qui est touché par un drame et une difficulté
07:55 qui est assez peu mise en lumière encore, je dirais, dans la société.
07:58 - Rendez-vous en septembre alors.
08:00 - Rendez-vous en septembre.
08:01 - Merci Mélissa Dacosta, la romancière la plus lue de France.

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