avec Céline Astugue soignante en EHPAD et responsable adjointe CGT santé Haute-Garonne.
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00:00 France Bleu Occitanie.
00:02 Bon début de journée, nous sommes le mardi 9 janvier 2024, 7h46, on parle des EHPAD dans le quart d'heure Toulouse 1 ce matin,
00:07 après la révélation de ce nouveau présumé scandale à Toulouse.
00:10 Si vous avez un proche dans une maison de retraite, venez nous dire au 05 34 43 31 31 s'il est bien pris en charge ou pas.
00:16 Votre invité vous répond aussi ce matin Jeanne-Marie.
00:19 Absolument, bonjour Céline Astug.
00:21 Vous êtes soignante dans un EHPAD, la région, et responsable adjointe de la CGT santé en Haute-Garonne.
00:27 On apprend donc ce matin sur France Bleu que deux familles de résidents ont porté plainte dans l'EHPAD, la résidence de l'écuille à la sépière.
00:34 Une fille s'est rendue compte qu'en plaçant un enregistreur dans la chambre de son père,
00:39 que ce dernier avait été enfermé dans sa chambre la nuit, giflé, insulté.
00:44 On imagine bien la détresse de ceux qui nous écoutent ce matin qui ont un proche dans une maison de retraite.
00:51 Est-ce que c'est un cas isolé selon vous Céline Astug ou pas ?
00:55 Je l'espère que c'est un cas isolé.
00:59 C'est vrai que ça peut arriver, c'est déjà arrivé.
01:05 Vous informez la population qu'il y a de la maltraitance dans les EHPAD.
01:10 Effectivement, il y en a. Je ne vais pas me cacher que ça peut arriver.
01:17 Mais en venir enfermer un résident dans sa chambre la nuit pour ne pas avoir à s'en occuper, c'est quand même inhumain.
01:24 Oui, tout à fait. Après, il faut voir les circonstances.
01:28 La personne âgée, si elle est des ambulantes, si elle est dans un secteur fermé,
01:33 s'il n'y a pas tout ça, s'il n'y a rien de tout ça, c'est inhumain d'enfermer une personne âgée dans sa chambre.
01:40 Dans les enregistrements, on entend des gifles qui sont assénés à ce vieux monsieur.
01:45 Vous avez déjà vu ce genre de scène dans les résidences dans lesquelles vous avez travaillé ?
01:50 Non, jamais.
01:52 Et si c'était le cas, il faut dénoncer de suite.
01:57 Les agents personnels pour ça sont quand même mis en garde et on est obligés de dénoncer ces actes.
02:05 Et on va essayer de comprendre avec vous notamment comment on en arrive à ce genre de situation.
02:09 Mais d'abord, on prend vos témoignages au 05 34 43 31 31.
02:13 Au Standard de France, Bleu Occitanie en direct de Tarbes avec Jeanne. Bonjour Jeanne.
02:16 Bonjour Jeanne.
02:17 Oui, bonjour.
02:18 Bienvenue en direct.
02:19 Qu'est-ce qui se passe pour votre proche dans une maison de retraite ?
02:21 Alors bon, moi j'ai ma maman qui est dans une maison de retraite depuis trois ans et demi.
02:26 Ce qui se passe, c'est que j'y vais tous les jours.
02:29 J'y vais tous les jours parce que sinon, alors il n'y a pas de maltraitance physique à mon sens.
02:35 Je n'ai encore rien vu de cet été-là.
02:37 Mais c'est plus de la maltraitance psychologique.
02:39 On va dire que si on n'y va pas, comme je dis, on les stocke devant la télé toute la journée, plus ou moins changés.
02:47 Plus ou moins, je dis bien.
02:49 Au niveau des médicaments, quelquefois il y a pas mal d'erreurs.
02:54 Heureusement que je m'en occupe pas mal et je peux surveiller tout ça.
02:59 Il est arrivé qu'on administre un autre médicament à votre maman par erreur ?
03:03 On ne lui a pas administré puisque c'est moi qui l'a fait manger le soir et que sur son plateau il y avait un médicament qui n'était pas à elle.
03:10 Voilà, donc sachant le traitement qu'elle a, j'ai été voir le personnel en disant non, il y a une erreur là.
03:18 Mais si ça n'était pas moi, ça aurait été une soignante.
03:21 Qu'est-ce qu'on vous a répondu ? Est-ce que vous constatez qu'il y a un problème de manque de personnel dans la maison d'entraide de votre maman ?
03:27 Oui, il y a un manque de personnel.
03:29 On dénonce beaucoup de choses au niveau des EHPAD, c'est très bien.
03:32 Mais en fait, on ne fait rien.
03:34 Rien ne bouge, rien n'avance.
03:37 C'est ça qui me chagrine.
03:39 Je peux vous demander combien vous payez chaque mois pour que votre maman soit hébergée là ?
03:44 Oui, on est dans les 2000 levis.
03:48 Quasiment ?
03:50 Oui, 2000 levis.
03:52 Quasiment 3000 euros pour avoir ce genre de traitement.
03:56 Merci beaucoup Jeanne pour votre précieux témoignage.
04:00 Continuez à nous appeler au 05 34 43 31 31.
04:03 Céline Astuc de la CGT santé.
04:05 Cette situation-là de la maman de Jeanne, celle que j'ai rappelée juste avant, un vieux monsieur qui est semble-t-il abandonné dans sa chambre,
04:12 c'est précisément parce qu'on manque de bras dans les EHPAD, même si on n'excuse rien évidemment.
04:17 Alors oui, effectivement, on n'excuse rien.
04:20 Mais effectivement, je rejoins cette personne, cette dame, au manque de moyens.
04:25 Mais ça fait 20 ans qu'on manque de moyens.
04:28 On est très en retard.
04:30 Il n'y a rien qui est fait pour les EHPAD.
04:32 Tout est repoussé.
04:34 Le quinquennat, le premier quinquennat, Macron avait annoncé une loi, elle n'est pas passée.
04:41 Son deuxième mandat, on l'attend toujours.
04:44 Il n'y a rien de prévu pour les EHPAD.
04:47 Donc on recrute ?
04:48 On a les finances qui sont plus bas.
04:52 85% des maisons de retraite publiques et même un peu privées, pas à but lucratif, associatif, sont en déficit.
05:02 On court à la catastrophe.
05:03 On ne peut plus remplacer.
05:05 On ne trouve pas de personnel soignant qualifié.
05:07 Résultat, Céline Astuc, c'est qu'on embauche des personnes qui ne sont pas qualifiées.
05:14 Et donc qui ne savent pas s'occuper des personnes âgées.
05:17 On n'a pas de personnel soignant.
05:20 Tout le monde fuit les EHPAD, fuit l'hôpital.
05:24 On ne parle pas de la santé des professionnels.
05:29 Vous avez des collègues à qui vous devez tout expliquer,
05:32 qui ne savent absolument pas comment on soigne et on change une personne âgée ?
05:37 Presque rien.
05:40 Vous avez assisté à des scènes ubuesques ?
05:43 Oui, on embauche des personnes qu'on pense qu'au minimum,
05:48 elles ont la capacité de s'occuper d'une personne âgée.
05:52 Mais ce n'est pas le cas.
05:54 On essaie de former, mais on n'y arrive pas.
05:57 Les personnes ne restent pas, c'est trop dur.
06:00 Elles font un, deux jours, même des fois qu'une heure.
06:03 Il faut se rendre compte que c'est un travail assez physique,
06:08 aussi psychologiquement, mais elles ne restent pas.
06:12 05 34 43 31 31, direction le très beau département du Tarn à Lavore,
06:17 avec Jean-Pierre. Bonjour Jean-Pierre.
06:19 Oui bonjour.
06:20 Bonjour Jean-Pierre. Est-ce que vous, vous avez eu des soucis
06:23 dans un EHPAD de la région, ou c'est le contraire ?
06:26 Non, absolument pas.
06:28 Si je peux citer le nom de cet EHPAD ?
06:33 Oui, vous pouvez.
06:34 Alors, ce sont les 13 vents à Bellebeurau, dans le Tarn.
06:38 Notre sœur a vécu 5 ans, elle est décédée en août.
06:44 Et notre sœur souffrait d'un syndrome autistique extrêmement sévère.
06:48 Et alors, je ne peux, toute ma famille ne peut que féliciter
06:53 toutes les personnes qui travaillent dans cet EHPAD.
06:55 C'est un EHPAD extraordinaire.
06:57 Public ou privé ?
06:58 Autant le personnel, pardon ?
07:00 Public ou privé cet EHPAD ?
07:01 Privé.
07:03 Autant toute l'équipe de la direction, d'une écoute,
07:09 tout le personnel accompagnant, le personnel médical,
07:13 sont extraordinaires.
07:16 Nous, j'y allais très régulièrement et toujours,
07:19 il y avait des activités qui étaient prodiguées les après-midi.
07:25 Notre sœur, à la fin, était gravement malade et est décédée dans cet EHPAD.
07:30 Mais elle a été vraiment accompagnée, respectée.
07:34 C'est un lieu vraiment qui t'a...
07:39 je ne sais plus comment dire...
07:42 En tout cas, on entend souvent que des critiques exemplaires.
07:45 On peut dire exemplaires.
07:47 Absolument, absolument, vraiment, vraiment,
07:50 un EHPAD absolument exemplaire.
07:52 On peut dire qu'on sait bien.
07:53 Merci, compte votre témoignage Jean-Pierre.
07:55 On salue tous les gens qui travaillent dans ces maisons de retraite
07:58 et qui font leur possible avec les moyens qu'ils ont.
08:01 Merci pour votre appel.
08:03 Céline Astuc de la CGT Santé en Haute-Garonne.
08:06 Après le scandale Orpea, il y a deux ans,
08:08 le gouvernement avait annoncé un vaste plan de contrôle dans les EHPAD.
08:11 Est-ce que tous les EHPAD ont été contrôlés, à votre connaissance, rien qu'en Haute-Garonne ?
08:15 Non, non, non.
08:17 Ils ne peuvent pas contrôler tout le monde.
08:20 Alors, ils font des contrôles, oui, physiques,
08:22 mais ils ne peuvent pas venir tout le temps.
08:24 Donc, ils font des contrôles, ils demandent des documents.
08:27 Mais non, on n'est pas tous contrôlés.
08:29 Après, je rejoins le monsieur qui vient de parler,
08:32 je connais très bien cette maison de retraite à Bellboro,
08:34 qui effectivement est un très bon établissement.
08:37 Il y en a d'autres, heureusement.
08:38 Comment ils font, eux, pour recruter ?
08:41 Après, c'est un petit EHPAD.
08:44 C'est très familial, Bellboro.
08:48 Et oui, ils ont une équipe, une bonne équipe.
08:52 Après, heureusement que dans beaucoup de maisons de retraite,
08:55 il y a de très bons soignants.
08:56 C'est ce qui sauve, effectivement, beaucoup d'établissements,
08:59 parce qu'il y a de bons soignants.
09:01 Mais il y a encore, on l'a entendu...
09:03 Et qui sont encore là, dévoués aux établissements.
09:06 Mais il y a encore des défaillances, on l'a entendu ce matin,
09:09 avec le témoignage de Jeanne, depuis TARP, depuis les Hautes-Pyrénées.
09:12 Merci beaucoup aux auditeurs et merci à vous,
09:14 Céline Astug, soignante dans un EHPAD de la région,
09:17 responsable adjointe de la CGT Santé en Haute-Garonne.