Protéger les abysses de l'exploitation minière - En toute subjectivité, Hugo Clément
Nous connaissons encore très mal le monde mystérieux de l'océan profond, puisque 95% de ces territoires immergés n’ont jamais été explorés. Ces écosystèmes fragiles sont indispensables au fonctionnement des océans et à la régulation du climat, mais ils abritent de précieuses ressources.
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/hugo-clement-en-toute-subjectivite
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00:00 Le 7-10 sur France Inter.
00:05 7h20 en toute subjectivité ce matin avec le journaliste et présentateur de l'émission
00:10 « Sur le front sur France 5 », Hugo Clément, bonjour !
00:13 Bonjour Nicolas !
00:14 On reste en mer Hugo, mais on plonge dans les abysses !
00:16 Oui, ce monde mystérieux de l'océan profond que nous connaissons encore très mal aujourd'hui
00:21 puisque 95% de ces territoires immergés n'ont jamais été explorés.
00:26 Ces écosystèmes fragiles sont indispensables au fonctionnement des océans et à la régulation du climat,
00:31 mais ils abritent de précieuses ressources comme le lithium, le nickel ou le cobalt
00:35 utilisés dans la fabrication des batteries et des appareils électroniques.
00:39 Alors forcément, ça aiguise les appétits de certains industriels
00:42 qui veulent se lancer dans ce qu'on appelle en anglais le « deep sea mining »,
00:45 c'est-à-dire le minage en eau profonde.
00:48 Cela consiste à extraire les minerais situés à plusieurs milliers de mètres de profondeur.
00:53 Or, selon les chercheurs, cette pratique pourrait avoir des conséquences catastrophiques
00:57 sur les fonds marins et les espèces qui s'y trouvent,
00:59 notamment à cause du bruit et des sédiments qui seraient mis en suspension.
01:03 Alors où en est-on aujourd'hui ?
01:06 Pour l'heure, l'exploitation en eau profonde n'a pas débuté
01:08 et fait l'objet d'un intense combat entre d'un côté les industriels
01:11 et de l'autre la communauté scientifique épaulée par des activistes du monde entier.
01:15 Il y a un an, je vous parlais de la décision historique de la France
01:19 qui décidait d'interdire par anticipation l'exploitation minière des fonds marins.
01:23 Cette décision a placé notre pays au cœur d'une coalition mondiale de 24 nations
01:28 qui défendent un moratoire sur le minage des abysses.
01:31 Mais les industriels n'ont pas déposé les armes pour autant
01:34 et une bataille importante s'est jouée hier en Norvège.
01:37 C'est-à-dire, Hugo, expliquez-nous.
01:39 Le Parlement du pays nordique devait se prononcer sur une proposition du gouvernement
01:43 qui souhaitait autoriser dès à présent l'exploitation des fonds marins dans l'océan Arctique
01:47 sur une zone plus large que la surface du Royaume-Uni.
01:50 Mais c'était sans compter sur l'opposition des principaux instituts scientifiques du pays
01:55 comme l'Agence Norvégienne de l'Environnement
01:57 et sur la mobilisation de personnalités françaises
02:00 telles que le champion olympique Martin Fourcade, la glaciologue Heidi Sövestre
02:04 ou les activistes Camille Etienne et Anne-Sophie Roux
02:07 qui se sont carrément déplacées en Norvège pour alerter la société civile.
02:11 Avec succès puisqu'elles ont poussé des stars norvégiennes à se positionner publiquement
02:15 contre le minage en eau profonde.
02:17 Parmi elles Ada Egerberg, la footballeuse internationale au réolé d'un ballon d'or
02:21 la chanteuse Aurora ou encore des influenceuses aux millions d'abonnés.
02:26 Et cette pression populaire a fonctionné puisque le Parlement norvégien n'a finalement pas voté
02:31 en faveur de l'exploitation minière des fonds marins.
02:34 Seule l'exploration de ces zones a été décidée
02:37 dans l'optique d'en apprendre davantage sur les impacts d'un futur minage.
02:40 Alors ce n'est pas une victoire totale des opposants
02:43 mais c'est une première étape importante qui permet de gagner du temps
02:46 en retardant de plusieurs années le lancement d'une éventuelle exploitation.
02:50 D'ici là, scientifiques et activistes comptent bien parvenir à un accord mondial
02:54 qui permettrait de préserver pour de bon les abysses de l'appétit humain.
02:58 Hugo Clément merci et à mercredi prochain.