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Les Taïwanais éliront samedi 13 janvier leur nouveau président et leurs députés. Sur fond de tension avec la Chine, ce scrutin est décisif pour l'avenir de Taïwan, comme l'explique notre journaliste Claude Leblanc.

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Transcription
00:00 Si Taïwan devenait une partie intégrante de la Chine,
00:03 ce serait un vrai problème pour le monde.
00:05 Ces dernières années, Taïwan est devenu un enjeu de conflits
00:14 et de frictions entre les États-Unis, la Chine,
00:17 et de manière plus générale, entre les Occidentaux et la Chine.
00:20 À partir du moment où les États-Unis, dans un premier temps,
00:27 ont voulu utiliser Taïwan comme un élément de pression sur Pékin,
00:31 puisque Washington était entré dans une phase de friction
00:35 commerciale, technologique, puis politique avec Pékin,
00:39 et donc il fallait trouver un élément de nature à mettre la pression sur Pékin,
00:44 sachant que les Chinois considèrent Taïwan
00:47 comme un élément important de leur politique
00:50 et puis un élément essentiel à l'unité nationale.
00:53 À tort ou à raison, la question ne se pose pas là.
00:56 L'importance de Taïwan était de donner aux Chinois l'impression
01:00 que les Occidentaux, Américains en premier lieu,
01:03 avaient un moyen de pression sur Pékin.
01:05 Les trois prétendants à l'élection présidentielle taïwanaise
01:13 sont William Lai, qui représente le Parti démocrate progressiste,
01:16 donc le parti qui est aujourd'hui au pouvoir à Taïwan depuis 2016,
01:21 depuis l'élection de Tsai Ing-wen, qui a effectué deux mandats
01:25 et qui doit céder sa place cette année parce qu'elle ne peut pas faire trois mandats.
01:29 William Lai, qui est l'actuel vice-président,
01:32 a un positionnement évidemment très proche de celui de Mme Tsai,
01:35 qui vis-à-vis la Chine cherche plutôt une position indépendantiste,
01:40 ou en tout cas qui prend de grandes distances avec Pékin,
01:43 estimant que les propositions que pouvait faire Pékin dans une éventuelle réunification,
01:48 c'est-à-dire sur un modèle hongkongais, un pays de système, ne convenaient pas,
01:52 et que de toute façon la démocratie taïwanaise et la société taïwanaise dans son ensemble
01:57 étaient plutôt aujourd'hui dans une dynamique d'autonomie, voire d'indépendance, vis-à-vis de Pékin.
02:03 Ensuite il y a Ho You-yi, qui est le candidat du Kuomintang,
02:07 donc le Kuomintang a été le parti qui a été au pouvoir à Taïwan jusqu'en 2016,
02:12 même s'il y a eu une petite parenthèse au début des années 2000,
02:16 et le Kuomintang est plutôt le parti qui cherche à avoir un dialogue pragmatique avec Pékin,
02:21 plutôt chercher, pas forcément la réunification avec Pékin,
02:25 mais en tout cas faire en sorte que les relations entre les deux pays soient plutôt positives,
02:30 dans le sens où on ne veut pas, à la différence du Parti démocrate progressiste,
02:35 avoir une position de friction avec Pékin.
02:38 Et le troisième candidat, qui est le candidat du Parti du Peuple Taïwanais,
02:42 qui est un parti qui monte, qui a une certaine popularité au sein de la population taïwanaise,
02:47 et dirigé par Kuo Wenzhe, lui est beaucoup plus favorable à un statu quo,
02:51 c'est-à-dire qu'il n'est ni pour ni contre.
02:53 Il voudrait que la relation telle qu'elle existait avant Tsai Ing-wen demeure,
02:59 c'est-à-dire qu'on reconnaît l'existence d'une seule Chine,
03:01 simplement il y a deux capitales en quelque sorte, Taipei et Pékin.
03:05 On reste comme ça, on essaye d'avoir des relations un peu pragmatiques.
03:14 Évidemment, il y a beaucoup d'enjeux qui dépassent largement la relation bilatérale
03:18 entre Taïwan et la Chine.
03:20 Il est clair que si William Lai est élu, il y a de très fortes chances que ce soit le cas,
03:24 que sa posture soit encore très favorable à l'indépendance,
03:28 même s'il ne prononcera peut-être pas ce mot-là.
03:31 Il est clair que pour Pékin, ce sera considéré comme une nouvelle provocation,
03:35 ou en quelque sorte un échec dans leur politique vis-à-vis de Taïwan,
03:38 parce que depuis 2016, depuis que Tsai Ing-wen a été élue,
03:41 les Chinois ont tenté de faire pression sur les Taïwanais
03:44 pour leur rappeler qu'ils n'étaient pas un pays indépendant,
03:48 qu'ils étaient une province de la Chine en quelque sorte,
03:51 et qu'ils ne pouvaient pas se comporter n'importe comment sur la scène internationale.
03:56 Mais il est clair que Pékin va manifester,
03:59 probablement par des démonstrations de force dans le détroit de Taïwan,
04:02 ou par la sortie d'avions au-dessus de l'espace aérien taïwanais,
04:06 pour montrer encore une fois que Pékin ne lâchera pas l'affaire,
04:09 parce que Xi Jinping, pendant son discours du Nouvel An,
04:13 a rappelé qu'il y aura la réunification avec Taïwan,
04:17 sans donner de date évidemment,
04:18 mais il y a une date malgré tout qui est dans beaucoup de têtes,
04:21 c'est 2049, c'est le 100e anniversaire de la fondation de la République Populaire de Chine.
04:26 Et puis il faut ajouter que Taïwan est un grand centre de production des semi-conducteurs,
04:30 c'est 60% des semi-conducteurs produits dans le monde,
04:34 et c'est 90% surtout des semi-conducteurs de pointe qui viennent de Taïwan.
04:38 Donc évidemment si Taïwan devenait une partie intégrante de la Chine,
04:43 ce serait un vrai problème pour le monde.
04:45 [Musique]

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