LA BANDE PREND LE POUVOIR - Kaymronne: le prénom qui ne passe pas

  • il y a 7 mois
 La bande de "Julie jusqu'à minuit" réagit à la vague de harcèlement reçue par les parents d'un nouveau-né
Transcript
00:00 Géraldine, qui prend le pouvoir pour un tout autre sujet qui concerne un nouveau-né.
00:05 Et ça fait malgré tout polémique.
00:06 Tout est parti d'un article de West France publié en début du mois de janvier,
00:11 pour annoncer la naissance de Cameron.
00:14 Cameron, c'est Cameron en fait, mais ils ont choisi une orthographe un peu particulière,
00:18 K-A-I-M-R-O-2-N-E.
00:20 Et ça a déclenché une vague de cyberharcèlement.
00:26 Il a été qualifié de "pauvre gosse sur les réseaux", ses parents de "beauf" vont raccuser de maltraitance.
00:32 À tel point qu'ils ont été contraints de demander à West France de supprimer ses publications sur les réseaux sociaux,
00:38 et qu'ils envisagent de porter plainte, Géraldine.
00:41 Oui, mais ça aurait dû être l'histoire feel-good de cette nouvelle année.
00:46 C'est exactement l'inverse.
00:48 En fait, je trouve cette histoire assez symptomatique et révélatrice de notre époque.
00:53 La presse locale se précipite pour prendre les photos du nouveau-né, les parents évidemment sont ravis.
00:58 Ils se voient déjà transmettre à leur enfant cet héritage de postérité, que ça fasse le tour de la famille.
01:06 C'est exactement l'inverse.
01:07 Aujourd'hui, ils se souviendront du jour de la naissance de la troisième enfant,
01:12 comme de la plus terrible et violente humiliation que leur renverront tous les jours les sites internet.
01:19 C'est ignoble, ça je pense qu'on sera tous d'accord.
01:22 Mais c'est assez français et c'est assez révélateur.
01:26 On a un problème avec ces prénoms.
01:29 Enfin, on a dégagé les particules, on a un problème avec les prénoms.
01:34 On s'interdit de les évoquer quand il s'agit d'évoquer un fait divers, par exemple, c'est sacré.
01:40 Mais alors quand il s'agit, parce qu'on ne veut pas de problème éthique, ça renvoie une ethnie,
01:44 mais quand il s'agit de classe sociale, alors là, on peut y aller, on se déchaîne.
01:50 On se déchaîne, petit Cameron, parce qu'ils ont voulu gaéliser un prénom britannique,
01:56 on ne voit pas où est le problème.
01:57 Ils ont deux autres enfants dont le prénom commence par K et donc ils ont voulu continuer.
02:01 Et on a une société, je dis c'est très français, parce qu'on a une société qui est obnubilée
02:05 par les castes, par l'apparence d'appartenance à une classe sociale,
02:10 et ce qui autorise les gens à trouver ça marrant de créer des classes sociales.
02:13 Il y a malgré tout une loi, c'est la réforme de 93, qui dit que les parents sont libres
02:18 de prénommer leur enfant comme ils l'entendent, à quelques exceptions.
02:21 Prêt, c'est-à-dire à condition qu'il ne soit pas contraire à l'intérêt de l'enfant.
02:26 Mais Robert Ménard, est-ce que vous comprenez que ce prénom donner à un nouveau-né, choque ?
02:31 - Attendez, pardon, vous voulez...
02:32 - Non, je voulais terminer, ce qui me frappe, parce que j'ai dit on est obnubilé par ça.
02:36 Ce qu'on a omis de dire, c'est que le vrai problème de cette société,
02:40 c'est que les prunes ou les domities, leurs parents, ils ne font qu'un enfant.
02:43 Et que ces gens-là, c'était leur troisième, et c'est grâce au petit Cameron,
02:47 on en voudrait plein des petits Cameron qui vont venir demain,
02:49 payer nos retraites et notre système de santé.
02:51 Ça, on l'oublie complètement, avec des fous furieux qui se déchaînent sur un prénom.
02:55 Je trouve ça non seulement violent, méchant, mais aussi très bête.
03:02 Et c'est très triste, ce que ça raconte de notre société.
03:06 - Au-delà du harcèlement évidemment que cette famille a subi,
03:08 qui est absolument terrible et personne ne doit subir ça,
03:10 sur ces prénoms, qu'on voit de plus en plus, c'est vrai,
03:14 dont l'orthographe est quand même très particulière, etc.
03:18 Quel est votre avis là-dessus ?
03:19 Est-ce que vous comprenez que ça puisse déranger certains ?
03:23 - Honnêtement, je ne vois pas qui ça peut déranger.
03:25 C'est les parents qui sont les...
03:26 Il pourrait y avoir des prénoms ridicules qui te mettent en difficulté pour les enfants.
03:31 Vous y faisiez allusion.
03:32 Il faut faire attention, tu vois.
03:34 Enfin, j'en sais rien, ça ne me vient pas en tête.
03:37 - Périphérique, ça va être des frères.
03:38 - On en a eu plein à la Révolution française.
03:40 Vous savez, les gens s'étaient lâchés sur les pédés, les chonquis, radis, télégraphines.
03:44 Qu'est-ce qu'on découvre ?
03:45 On découvre que le prénom, non seulement c'est ethnique, mais c'est aussi social.
03:52 Et qu'il y a un mépris d'une partie de la population, des pauvres.
03:56 Tu y as un regard.
03:57 Les gens, ils sont ouverts, ils sont intéressés par les autres,
04:03 mais ils te jugent sur des a priori.
04:05 La bonne nouvelle, c'est quoi ?
04:06 C'est effectivement qu'ils aient trois enfants.
04:08 Vous avez vu les chiffres de la démographie, ce que ça donne ?
04:11 Ce que ça donne.
04:13 Et puis, ça change.
04:14 Je n'ai plus les chiffres en tête.
04:16 Marie, il y avait combien au début du siècle,
04:19 il y avait combien de petites filles qui s'appelaient Marie ou Marie quelque chose ?
04:23 Je ne sais plus si c'est 25 ou 30 %.
04:25 Il y a moins d'un pour cent aujourd'hui.
04:27 Ça dit l'évolution des sociétés.

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