Pour développer l'économie du Groenland, la start-up groenlandaise Artic Ice récupère de la glace millénaire dans des fjords pour l'expédier dans des bars de Dubaï. Pour le plaisir des clients mais au détriment de la planète.
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00:00 L'image du jour, c'est avec toi Marie, Marie, Marie, Marie, des images qui ne laissent pas de glace ce matin.
00:05 Exactement. Je sais qu'il est encore tôt, mais j'avais envie de vous proposer de prendre un petit verre tous ensemble.
00:10 Parfait. C'est si gentiment demandé.
00:12 Sauf que voilà, je ne vais pas vous demander de vous concentrer sur ce qu'on va boire, il me semble que c'est du whisky,
00:16 mais plutôt sur les glaçons qui sont dans ce verre, parce que comme ça de prime abord on dirait des glaçons classiques,
00:21 sauf qu'ils sont particuliers, ils ont parcouru 16 000 kilomètres en bateau.
00:25 Sans fond. Comment ça ?
00:27 Je vais vous expliquer. Il y a une start-up qui s'appelle Arctic Ice,
00:31 qui récolte de la glace au Groenland et qui l'exporte aux Émirats Arabes Unis.
00:37 Et là-bas, aux Émirats Arabes Unis, elle est servie à Dubaï, dans des cocktails, dans des hôtels très riches.
00:45 C'est le Guardian qui a expliqué ça dans un article qui fait énormément de bruit.
00:50 Il y a tout un procédé pour que cette glace soit récoltée.
00:52 Ils vont au Groenland, ensuite ils mettent la glace dans un cargo qui va aller au Danemark,
00:57 puis ce cargo va être ensuite dans un autre cargo qui va longer les côtes françaises, la Méditerranée et la Mer Rouge,
01:03 avant d'arriver à Dubaï. C'est un énorme parcours pour des glaçons.
01:06 Le monde part en sucette quand même.
01:08 C'est vrai que c'est ce qu'on se dit quand on voit ça, et on se dit "mais pourquoi aller chercher ces glaçons à l'autre bout du monde ?"
01:12 L'un des co-créateurs de l'entreprise a une explication toute trouvée.
01:15 Il dit que c'est parce que c'est une glace qui est extrêmement pure, la glace la plus propre au monde.
01:20 C'est une glace qui a 100 000 ans, et selon lui, à chaque gorgée, c'est une expérience extraordinaire.
01:24 Je vois que tu lèves les yeux au ciel.
01:26 Je rappelle qu'on ne met pas de glace dans le whisky.
01:28 Il y a deux écoles sur ça.
01:32 En plein été, on peut quand même mettre un petit délire dans le glace.
01:36 On a calculé l'empreinte carbone de ce glaçon.
01:40 C'est ce qui fait énormément réagir les réseaux sociaux.
01:44 Pour tout vous dire, Clément Sénéchal, qui est expert des enjeux écologiques,
01:47 a dit à notre journaliste François Pitrelle que lui, au début, il ne croyait même pas à cette histoire.
01:52 Écoutez.
01:53 On sait que c'était Groenland davantage que Groenland qui était concerné par ce nouveau business.
01:59 On en est au stade où même la glace naturelle va être flanquée d'une empreinte carbone.
02:04 L'ironie de l'histoire, c'est que la glace du Groenland, elle subit les effets du réchauffement climatique.
02:09 Elle disparaît à un rythme très élevé.
02:11 Et maintenant, elle va en plus subir la prédation des activités économiques.
02:17 C'est quand même le snobisme posté à l'extrême.
02:21 La bêtise.
02:22 Oui, oui, oui.
02:23 Je ne suis même pas sûre qu'on se rende compte que les glaçons ont un goût particulier quand on boit des alcools forts comme ça.
02:29 En tout cas, la start-up, elle se défend.
02:31 Elle dit qu'elle est très respectueuse de l'environnement,
02:33 qu'elle transporte la glace à faible intensité de carbone
02:36 et qu'elle s'engage à devenir neutre en émissions carbone à l'avenir.
02:39 Elle ne fixe pas d'échéance.
02:41 Je dirais quand même qu'on peut aussi s'étonner du fait que Dubaï fasse venir des glaçons du Groenland,
02:44 sachant qu'il y avait quand même la COP 28 le mois dernier.
02:46 On n'est pas sur une cohérence absolue, je trouve.
02:49 Mais ça questionne aussi autour du secteur du luxe.
02:52 Jusqu'où ce secteur va aller pour…
02:54 Dans le n'importe quoi.
02:55 Dans le n'importe quoi.
02:56 Peut-être que les bateaux sont à la rame.
02:58 Peut-être qu'il n'y a pas de moteur, il n'y a pas de charbon dans les bateaux.
03:01 Non, ce qu'il dit, c'est que de toute façon, les bateaux, pour aller du Groenland au Danemark,
03:05 seraient revenus quasiment vides sinon.
03:07 Donc le fait de rajouter de la glace, ça ne rajoute pas de l'empreinte carbone.
03:09 Il y a quand même du Danemark au général Abouy.