Ils sont les plus réfractaires des Gilets jaunes, traqueurs de propagande et ils manifestent tous les mois devant les immeubles de la presse d’Etat au sein du Collectif Vigimédias. Vigimédias agit, depuis 2015, en faveur de la liberté d’expression au sein de médias dominants en France. Sa démarche est née lors de la grande révolte populaire des Gilets jaunes. Emma Robin, membre de Vigimédias et militante pour le RIC (Référendum d’initiative citoyenne), ainsi que Pascal Pouvereau, membre lui aussi du collectif évoquent le mode de fonctionnement atypique de cette organisation qui préconise l’horizontalité des décisions et considère que le RIC doit permettre d’abroger des lois ou révoquer des élus.
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00:05 Ils sont les plus réfractaires des Gilets jaunes,
00:08 traqueurs de propagande qui manifestent tous les mois
00:11 devant les immeubles de la presse d'État.
00:13 Ils agissent dans un collectif qui s'appelle Vigimedia
00:16 et j'ai souhaité que des membres de cette association
00:19 viennent s'exprimer et je suis très heureux d'accueillir
00:22 Emma Robin, bonjour madame,
00:23 et puis Pascal Pouvereau, monsieur, bonjour.
00:26 Bonjour monsieur le député.
00:27 Vous êtes tous les deux membres donc de Vigimedia
00:29 et j'ajouterai Emma Robin que vous êtes aussi militante
00:31 pour le RIC, le référendum d'initiative citoyenne
00:35 mais nous allons reparler de tout cela dans quelques instants.
00:37 Alors Vigimedia, je viens de le dire,
00:39 c'est un collectif agissant depuis maintenant 8 ans,
00:42 depuis 2015, en faveur de la liberté d'expression
00:45 au sein des médias dominants français, vaste sujet,
00:48 et votre démarche est-elle née de la censure
00:51 réservée par les grands médias au mouvement de révolte
00:54 qui était celui des Gilets jaunes ?
00:56 Emma Robin.
00:58 Alors, écoutez, je vais tout de suite passer la parole à Pascal
01:02 qui connaît Vigimedia et les membres fondateurs de Vigimedia
01:05 depuis plus longtemps que moi finalement,
01:09 même avant les Gilets jaunes,
01:11 car Vigimedia débute avant les Gilets jaunes.
01:13 Alors, expliquez-nous.
01:14 Vigimedia en fait, ça s'est créé à la base
01:17 de façon un peu spontanée en 2015.
01:19 L'idée en fait c'était de montrer que les médias,
01:21 les grands médias dominants,
01:22 que ce soit donc les médias publics qui nous appartiennent,
01:26 parce que c'est nous qui payons les impôts,
01:27 mais également les médias privés qui sont détenus
01:30 par des grandes puissances d'argent,
01:32 ne respectaient pas un certain nombre de règles,
01:40 et notamment les règles qui sont présentées dans la Charte de Munich.
01:43 Donc la Charte de Munich, on s'est rendu compte
01:45 que ces journalistes en fait ne la connaissaient pas.
01:47 Ce sont les droits et les devoirs du journaliste.
01:49 Cette charte a été écrite dans les années 70.
01:53 Et on se rendait compte qu'il y avait un certain nombre de sujets
01:55 sur lesquels toute cette diaspora de médias ne parlait pas,
02:00 ou alors donnait toujours un seul son de cloche.
02:03 Donc ça c'est vraiment quelque chose qui nous posait problème,
02:05 de se dire le grand public qui n'a accès qu'à ces grands médias
02:08 n'était informé que d'une seule façon,
02:13 et donc ne pouvait pas se faire un avis juste
02:17 pour prendre des décisions notamment dans ce qui serait une démocratie.
02:21 – Est-ce que l'illustration c'est la façon dont les grands médias
02:24 se sont comportés avec le mouvement de révolte
02:27 qui était celui des gilets jaunes, des millions de personnes maltraitées ?
02:31 – Tout à fait, tout à fait, j'allais y venir.
02:33 Il y a avant les gilets jaunes Sylvain Barron
02:36 qui déclare des manifestations devant les grands médias,
02:39 notamment avec tous les points que Pascal vient de citer.
02:43 Et à partir des gilets jaunes, dans cette recherche finalement contestataire
02:48 d'être entendue sur des blocages politiques dans notre pays,
02:52 il y a un constat d'échec du retour médiatique.
02:58 Alors que certains ronds-points constituent des textes,
03:02 la plupart des grands médias montrent des gilets jaunes violents,
03:05 alors que la plupart des ronds-points, moi personnellement à Vitry-sur-Seine,
03:09 j'ai eu l'occasion de discuter avec différentes personnes de bord politique,
03:13 toutes très différentes, alors que dans les grands médias
03:17 on avait l'image d'être tous très racistes, très antisémites,
03:21 tous d'extrême droite, ou tous finalement de la même couleur, jaune.
03:26 – Ce qui est intéressant par rapport aux gilets jaunes,
03:28 c'est qu'en fait les gilets jaunes c'est plein de choses.
03:30 Et donc évidemment il y a les manifestations, et ça c'est visible,
03:34 et les grands médias étaient obligés de les montrer,
03:37 et ils focalisaient l'attention sur la casse.
03:39 Mais il y avait aussi tout un travail de réflexion qui se faisait sur les ronds-points,
03:43 et j'ai eu l'occasion de voyager à l'étranger
03:46 et de poser la question comment l'étranger voyait les gilets jaunes.
03:50 Et en fait finalement ce traitement que la France avait porté justement sur cette casse,
03:56 s'était reporté à l'étranger également.
03:58 Donc la presse évidemment est là pour donner une opinion dans le pays en lui-même,
04:02 mais aussi en fait à l'extérieur.
04:03 Donc c'est assez intéressant de voir ce point-là.
04:05 Et donc forcément en tant que gilets jaunes,
04:08 très rapidement on s'est rendu compte que la presse,
04:11 même les gilets jaunes qui n'étaient pas forcément au courant de tout ceci
04:14 par rapport aux médias, se sont très rapidement rendu compte
04:17 que les médias traitaient mal le véritable message qu'ils avaient dans leur cœur.
04:21 – Et qu'est-ce qu'ils voulaient ces médias ?
04:22 Ils voulaient tuer le mouvement des gilets jaunes ?
04:24 Quel est le sentiment que vous aviez à ce moment-là ?
04:25 Vous êtes partie prenante dans cette affaire.
04:27 Comment vous considérez que… qu'est-ce que font les médias ?
04:30 Pourquoi ils le font ?
04:32 – Alors justement c'est une vaste question à laquelle à Vigimedia on s'attaque,
04:37 parce qu'il y a plusieurs points.
04:39 Il y a de l'instrumentalisation, de la récupération et du mensonge à proprement parler.
04:47 Mais dans quel but ?
04:48 Alors ça va être un petit peu compliqué parce que nous c'est ce qu'on perçoit
04:53 quand on étudie les médias.
04:55 Je n'ai pas la garantie à 100% que ce soit leur but,
04:58 mais si vous regardez un des documents sur lesquels on travaille à Vigimedia
05:03 qui s'appelle "La pieuvre des médias",
05:08 qui est un document édité par Acrimed,
05:10 une association qui justement lutte déjà avant les gilets jaunes
05:14 contre les grands médias et par le monde diplomatique,
05:17 vous voyez que finalement tous les grands médias
05:20 sont possédés par une poignée de milliardaires,
05:23 une poignée, une dizaine, parfois moins.
05:26 Ça change un petit peu d'année en année.
05:28 Et cette possession de tous nos grands médias
05:34 pose un problème au niveau de leur ligne éditoriale,
05:37 au niveau de comment finalement ils vont traiter l'information
05:41 plutôt pour faire de l'audience et du chiffre
05:43 pour répondre à leur appartenance privée
05:46 que pour réellement traiter l'information.
05:49 Pascal Pouvre, quand les médias vont traiter les gilets jaunes,
05:52 pour se défendre ils vont dire "les gilets jaunes se comportent mal avec nous,
05:55 ils sont violents et c'est pour cela que nous-mêmes
05:58 nous en donnons une image peu favorable".
06:01 Est-ce que ça c'est des argusies, des arguments fallacieux ?
06:06 Ce sont des vrais arguments et pour nous c'est toujours très compliqué
06:09 parce que quand on arrive devant un média,
06:11 il y a toujours les personnes qui souhaitent vraiment se lâcher, les insulter.
06:15 C'est normal, ils ont vraiment ça sur le cœur
06:17 et ils le font de bonne foi d'une certaine façon.
06:19 Et en même temps, nous on essaye quand même de créer un pont
06:22 finalement entre le public et ces médias.
06:25 Donc c'est une position assez difficile.
06:27 Après les médias, leur rôle, qu'ils soient insultés ou non,
06:31 leur rôle c'est simplement de rapporter l'information.
06:33 Donc normalement, ils n'ont pas à prendre position en disant
06:37 "ben voilà, ouin ouin, ils nous insultent, on ne va pas les interviewer".
06:40 Et d'ailleurs, de toute façon, ils étaient obligés d'en parler les gilets jaunes.
06:43 C'était un mouvement tellement énorme qu'ils étaient obligés d'en parler.
06:46 Sauf que, encore une fois, sur quoi ils mettaient l'attention,
06:49 ce n'est pas forcément ce que les gilets jaunes…
06:53 ce n'étaient pas les idées qui étaient réfléchies par les gilets jaunes
06:56 mais plutôt les actions sur lesquelles en effet,
06:58 ils pouvaient avoir différents débordements.
07:00 Et quand il y a une foule, on ne peut pas tout contrôler, c'est normal.
07:04 – Surtout si on essaie de contrôler les débordements.
07:05 Mais les principes, vous avez dit tout à l'heure, de la charte de Munich,
07:09 vous savez qu'il y a même des journaux qui ont remis en cause en disant
07:12 "la charte de Munich, non, elle n'existe pas, elle existe bel et bien".
07:16 Qu'est-ce qu'elle dit ? Elle dit de la déontologie.
07:20 – Alors, j'allais rebondir sur un autre texte que la charte de Munich
07:24 qui est malheureusement tout aussi important dans les médias,
07:27 c'est le livre de M. Edouard Bernays qui s'appelle "Propaganda"
07:30 qui a été écrit, je vais avoir la date qui me manque, les années 60,
07:35 il me semble, vous m'excuserez si je me trompe.
07:38 – C'est bien avant, on est avant, mais ce n'est pas grave.
07:41 Mais il l'a écrit, c'est sûr.
07:43 – Pourquoi "Propaganda" est un livre important à relier aux médias ?
07:46 Justement parce que ces médias privés vont chercher à se comporter
07:51 comme des vendeurs d'informations sur un marché
07:53 et donc vont chercher à faire du marketing, c'est ça, "Propaganda"
07:56 c'est un des premiers ouvrages qui vous explique
08:01 quelles sont les meilleures stratégies marketing pour manipuler une population.
08:04 Et M. Bernays se base sur les travaux de son oncle, Sigmund Freud.
08:09 Donc il utilise la psychologie, les recherches en psychologie
08:13 pour mettre du marketing dans la manipulation des populations,
08:17 stratégie qui sont également utilisées par les grands médias.
08:20 La violence est beaucoup plus, malheureusement,
08:24 à cause de nos penchants humains hormonaux, est beaucoup plus vendeuse.
08:29 Et donc que, par exemple, des ronds-points en train d'écrire des constitutions
08:33 ou des textes plus simples, mais c'est plus vendeur.
08:37 Moi, c'est mon interprétation de ce problème vis-à-vis de la Charte de Munich
08:43 qui, elle, vous rappelle justement à être un peu comme le médecin
08:47 avec son serment d'hypocrate.
08:49 – Je peux rebondir sur la Charte de Munich,
08:52 pour les auditeurs qui ne sauraient pas.
08:54 C'est 10 points des devoirs du journaliste,
08:58 mais il y a également les droits du journaliste.
09:00 Donc ce texte, comme je le disais tout à l'heure,
09:02 a été écrit dans les années 70,
09:04 et malheureusement, ce texte ne reste qu'un texte.
09:07 – Ce n'est pas le serment d'hypocrate, le journaliste ne le signe pas.
09:11 – Exactement. – Il ne s'y devrait pas référer.
09:13 – Il n'est pas intégré non plus dans la loi française
09:15 ni dans sa constitution.
09:17 Donc finalement, ça ne reste qu'un texte indicatif pour les journalistes
09:22 et pour les, on va dire, ceux qui détiennent les médias.
09:25 Et malheureusement, en l'état actuel, on ne peut rien faire avec ce texte.
09:29 En termes législatifs, on ne peut pas attaquer en justice directement
09:34 des journalistes ou des médias avec ce texte-là.
09:37 – Il est resté pourtant longtemps à l'une du site internet du SNJ,
09:41 qui est le plus important syndicat de journalistes en France,
09:45 marqué à gauche.
09:47 Pour marquer votre colère, alors qu'il pleuve là,
09:50 je l'ai vu de mes yeux vus, avec TVL nous avons vu ce lac neige,
09:55 qu'il vente, vous manifester tous les premiers samedis du mois dans la capitale.
09:59 – Tout à fait. – Pourquoi ? Où ça ?
10:01 – Alors, en fait, l'idée c'est d'avoir déjà une date qui est fixe
10:04 et qui est évidente pour le public.
10:06 Donc on a choisi les premiers samedis du mois,
10:08 c'est aussi pour un côté pratique, dans le sens où les personnes
10:11 qui n'habiteraient pas en région parisienne,
10:13 c'est le moment où elles vont avoir un petit peu d'argent sur leur compte
10:17 et vont pouvoir se déplacer.
10:19 Et donc le fait d'avoir cette date récurrente,
10:21 l'idée c'est pas simplement d'avoir une action qui dure dans le temps.
10:25 L'idée c'est progressivement d'appeler les gens à se réunir,
10:29 de venir de plus en plus nombreux devant ces médias pour leur faire pression.
10:32 C'est-à-dire qu'on n'est pas là seulement pour crier des revendications,
10:37 mais on est là également pour "faire peur" à ces médias
10:41 et progressivement mettre cette influence du peuple en bas de chez eux.
10:47 Non pas pour les violenter parce que c'est pas du tout notre intérêt
10:51 et notre volonté, mais pour essayer justement d'entamer un rapport de force
10:56 avec une population, donc le peuple, face à ces médias
10:59 qu'on pourrait appeler le quatrième pouvoir aussi.
11:01 Malheureusement lorsque Montesquieu a pensé au pouvoir,
11:04 il n'a pas pensé aux médias, mais pour nous c'est vraiment très clair.
11:07 Les médias sont vraiment un pouvoir en lui-même.
11:10 Peut-être même le premier maintenant.
11:11 Vos lieux de manifestation, si je ne trompe pas, France Télévisions, Radio France,
11:16 l'AFP, BFM TV également, à la fois le service public de l'audiovisuel,
11:23 "service public" dirait Gilles William, et le privé.
11:27 En fait, vous faites quand même une distinction entre les deux
11:30 ou c'est le même regard que vous portez sur l'ensemble de ces médias ?
11:34 Alors ça dépend sur quel plan.
11:36 Forcément les deux sont un peu différents de par leur "patron".
11:40 Néanmoins, on remarque que justement, que ce soit le service public
11:44 ou que ce soit des médias privés, dès lors qu'ils ont une certaine audience,
11:47 il y a des sujets qui ne vont jamais être traités.
11:50 Par exemple sur l'idée de sortir de l'Union Européenne, ça c'est quelque chose.
11:53 Nous on s'intéresse beaucoup à différents domaines,
11:56 notamment la souveraineté de la France.
11:58 On s'est rendu compte que la voie de la souveraineté
12:02 est très peu portée dans ces médias.
12:05 La véritable démocratie également, c'est quelque chose qu'on essaye de développer.
12:09 Et donc là exactement, c'est la même chose.
12:12 Ce sont des sujets sur lesquels ces deux types de médias,
12:15 quel que soit leur patron, vont donner le même son de cloche.
12:19 On va en parler.
12:20 Juste une dernière petite question, vous avez dit "faire peur".
12:22 Je lis sur votre site,
12:24 "si nous sommes résolument pacifiques et précautionneux sur le plan juridique",
12:28 et on vous comprend parce que Darmanin dissout plus vite que son nombre,
12:31 "vous croyez néanmoins au rapport de force".
12:34 Faire peur, rapport de force.
12:37 Vous allez inquiéter, M. Darmanin, non ?
12:39 Nous nous entraînons à des happenings artistiques,
12:43 éphémères, avec parfois des papiers toilettes,
12:47 pour symboliser notre dégoût de certains grands médias
12:51 qui malheureusement nous traitent mal, sans violence physique déjà,
12:58 et nous leur retournons quelque part.
13:00 En tous les cas, nous essayons, nous nous entraînons.
13:02 C'est un travail très difficile.
13:04 Moi qui suis une grande nerveuse,
13:05 je ne suis d'ailleurs pas toujours présente avec l'équipe,
13:08 mais c'est justement, c'est aussi un travail de mise en scène parfois.
13:12 Un travail de mise en scène.
13:13 Pour rebondir sur le rapport de force,
13:16 je vous parlais tout à l'heure,
13:17 cette idée de devenir de plus en plus nombreux,
13:19 plus on est nombreux, moins on se contrôle aussi.
13:21 Donc ça peut être compliqué,
13:23 et ça peut donner justement ce côté un petit peu "dangereux" pour les médias.
13:27 Et par ailleurs, on essaye aussi de beaucoup travailler sur le domaine de l'humour.
13:31 On peut faire très mal avec de l'humour,
13:32 et c'est une arme qu'on essaye vraiment d'utiliser tant qu'on le peut.
13:37 – Et puisqu'on parle encore de budget média,
13:38 on passera sur des questions plus…
13:41 comme le RIC, ça m'intéresse aussi.
13:43 Le mode de fonctionnement de votre collectif, je l'ai bien gardé,
13:45 il est atypique, disons de gauche, avec une horizontalité des décisions,
13:50 avec la prise en compte des propositions des militants.
13:53 Est-ce que c'est… allez, je vous pose la question,
13:55 vous allez réagir à cela bien évidemment.
13:58 Est-ce que c'est le fonctionnement d'une organisation ouvertement de gauche
14:00 ou d'extrême gauche, comme on en a connu,
14:02 et ça fonctionne comme cela,
14:03 ou est-ce que c'est plutôt la définition d'un comportement
14:06 que vous souhaitez en adéquation finalement avec le fonctionnement chaotique,
14:11 mais atypique, je l'ai dit, et intéressant des Gilets jaunes ?
14:16 Comment vous fonctionnez ?
14:17 – Alors… – Extrême gauche ?
14:19 – Je me permets, simplement…
14:23 j'avais oublié de le mentionner,
14:24 mais on parle aujourd'hui en notre nom propre,
14:26 pas au nom ni de Vigimedia ni du RIC,
14:28 en tout cas pour ma part, je te laisserai préciser parce que…
14:30 – Vous êtes des membres, je l'ai bien compris,
14:31 vous n'êtes pas la direction, parce qu'il y a une horizontalité,
14:33 j'ai bien compris tout ça.
14:34 – Et je précise ça parce que le collectif Vigimedia,
14:36 je pense, moi je serais plutôt contente d'être appelée de gauche,
14:39 mais je sais que certains membres du collectif se sentiraient insultés,
14:42 et je trouve que c'est ce qui fait la force justement de notre collectif,
14:45 c'est de ne pas réclamer une pluralité d'opinions dans des médias
14:47 sans nous-mêmes réussir à organiser une pluralité d'opinions dans notre sein.
14:53 – Oui, Pascal Pouvreau, moi je ne vous posais pas la question
14:54 de savoir si vous étiez de droite ou de gauche,
14:55 je me disais est-ce que le fonctionnement est celui d'une organisation,
14:59 on va dire, faisons simple, les organisations de droite,
15:01 on voit bien qu'elles sont quand même très verticales avec le chef, la chef,
15:06 et puis les visions plus horizontales, elles sont plutôt réservées à la gauche,
15:11 sauf d'ailleurs à Elle et Fille, là aussi c'est très vertical.
15:14 Donc comment vous définiriez ça ?
15:17 – Donc nous concrètement, on fait de la politique,
15:20 après nous sommes apartisans, c'est-à-dire que chacun a son avis propre.
15:23 On essaye justement d'avoir ce côté qui pourrait sembler relativement horizontal
15:28 parce que finalement on se base en fait sur le socle de la démocratie en elle-même
15:33 et même si dans un collectif, quel qu'il soit,
15:37 il y a toujours certaines personnes qui vont plus ou moins s'impliquer,
15:40 et on laisse en fait un certain équilibre se faire de façon naturelle
15:46 selon la volonté de chacun.
15:48 Néanmoins, il y a quand même cette volonté de ne pas avoir un "chef",
15:54 et d'ailleurs en l'état actuel, nous sommes toujours un collectif
15:56 sans rôle directement précisé pour chacun des membres.
16:01 Donc voilà, il y a ce côté relativement horizontal qui existe,
16:04 et en fait c'est un côté aussi très ouvert,
16:07 c'est-à-dire qu'on est simplement des bénévoles,
16:10 on fait ça sur notre temps libre, on a un temps limité,
16:14 et on appelle chacun aussi à pouvoir nous rejoindre.
16:16 – Il y a ouverture d'esprit, parce que moi quand je suis venu
16:19 sur votre chaîne YouTube à votre invitation collective,
16:22 tout le monde a donné son avis, j'ai bien compris cela.
16:25 – Avec celle aussi du service public libre.
16:27 – Donc je suis venu, j'ai bien compris,
16:29 et parmi l'assistance, il y a quelqu'un qui m'a dit qu'il me vend en me disant
16:32 "moi je suis d'extrême gauche, je n'aurais jamais écouté", etc.
16:34 et tout, c'est intéressant.
16:35 Donc il y a véritablement cette ouverture d'esprit,
16:37 ou est-ce que c'est un vernis qu'on se donne,
16:41 apartisant mais dans la réalité on roule pour ?
16:45 – Alors moi j'espère que… – Je vais s'embêter avec ça.
16:47 – Non, non, vous avez raison, c'est important que…
16:50 justement, moi je craindrais que tout soit appris pour l'hiver.
16:52 – Parce qu'il faut de la sincérité, les Gilets jaunes c'était ça qui était bien,
16:54 c'était sincère, quand ça ne l'a plus été, ça s'est arrêté.
16:57 – Tout à fait.
16:58 Alors certains disent que ça…
16:59 nous quelque part, moi dans mon cœur ça continue,
17:02 les Gilets jaunes justement, parfois à Vigimedia,
17:05 et j'allais vous répondre sur le fonctionnement,
17:08 parfois on balbutie un peu,
17:10 on en est nous-mêmes à essayer de constituer nos statuts,
17:12 parce que c'est aussi une mini-constitution des statuts,
17:15 et ça prend beaucoup de temps, ça prend des…
17:18 – J'ai ma transition, ça prend beaucoup de temps,
17:20 parce que des Gilets jaunes vous avez gardé des points fondamentaux,
17:23 invité, donc toujours sur votre chaîne YouTube,
17:25 alors j'ai vu, au sein de votre assistance, parmi vos responsables,
17:29 ou les responsables, l'attachement au RIC, au référendum d'initiative citoyenne,
17:33 et je me pose la question, est-ce que c'est la clé de la démocratie directe ?
17:37 Et là je vous ramène à, ça prend beaucoup de temps.
17:39 – Ah !
17:41 – Alors je vais peut-être rebondir, là vous parlez de démocratie directe,
17:46 et nous ça nous semble un peu étrange de devoir utiliser ce mot direct,
17:50 démocratie a un sens en lui-même.
17:53 – Amendement adopté, si vous permettez,
17:56 vous voyez ça va beaucoup plus vite, ça ne prend pas beaucoup de temps avec moi,
17:58 donc est-ce que c'est un élément de démocratie le référendum d'initiative citoyenne ?
18:01 Et on voit bien qu'il a bien évidemment des difficultés d'organisation,
18:05 et que ça prend du temps, c'était ça qui m'amenait à vous poser la question.
18:09 Pourtant vous êtes attachée à cette notion de référendum d'initiative citoyenne,
18:11 comment on l'organise ?
18:13 – Alors, vaste question, effectivement,
18:16 commencer par la notion de démocratie permet d'ouvrir un petit peu des portes
18:22 au sujet de cet outil de la démocratie qui n'est pas le seul,
18:26 puisque par exemple le tirage au sort est un autre outil de la démocratie,
18:29 néanmoins notre régime représentatif qui se dit démocratie n'a pas ces outils.
18:37 Et de plus, nous avons une déclaration des droits de l'homme et du citoyen
18:41 où l'article 6 écrit que la loi est la volonté de l'expression générale.
18:46 Et des sondages sont faits, par exemple à Espoirique,
18:50 qui montrent que 73% des Français veulent ce RIC.
18:53 Et donc comment faire pour que cet outil arrive dans notre régime
18:57 et que cette démocratie ait vraiment tout son sens finalement ?
19:02 Eh bien, je vais repasser par ce temps long qu'est le processus constituant.
19:07 Et personnellement, je milite pour ce référendum d'initiative citoyenne,
19:11 j'aimerais qu'il soit écrit en toute matière,
19:14 parce qu'il a plusieurs matières dans la Constitution,
19:17 mais la matière qui permet de l'écrire dans la Constitution,
19:22 c'est la matière constituante, c'est la matière qui permet d'initier,
19:26 en tant que citoyen, pas en tant qu'élu parlementaire
19:29 ou politicien rémunéré, on va dire, enfin si vous n'êtes pas élu,
19:33 vous êtes aussi citoyen, mais en tant qu'individu seul,
19:38 de récolter des seuils qui déclenchent un référendum sur une question
19:42 et du coup une question qui modifie la Constitution.
19:45 – D'une certaine façon, en étant assez rapide,
19:48 moi je le vois, en tout cas personnellement,
19:50 comme une porte d'entrée vers la démocratie,
19:52 dans le sens où les décisions ne viennent pas d'une autre instance,
19:56 en l'état actuel, les référendums, déjà on n'en a pas beaucoup,
20:01 mais en plus de ça ils sont initiés ou bien par le Président ou par le Parlement.
20:06 – Les référendums locaux aussi.
20:08 – Il y a des locaux également, mais il y a vraiment cette notion de se dire,
20:12 c'est vraiment le peuple aussi qui va initier l'idée de ce qu'il veut,
20:15 et ce n'est pas simplement un QCM, entre guillemets,
20:17 où on va cocher des cases en "je veux ceci, je veux cela"
20:19 ou "je ne veux pas ceci ou cela", mais de formuler nous-mêmes les questions.
20:23 Donc voilà.
20:24 – J'ai bien compris, ce n'est pas une question que l'on vous pose,
20:27 c'est une question que vous avez suscitée,
20:28 que vous posez à l'ensemble des citoyens, comme vous.
20:31 – Vous avez l'initiative.
20:32 – Mais qui émerge aussi de façon crédible,
20:36 du fait que ce soit une grande quantité de personnes qui l'aient introduit.
20:41 Ce n'est pas un certain nombre, une petite oligarchie,
20:43 qui décide ce qu'on va faire,
20:45 c'est vraiment le grand nombre qui va apporter les choix de société.
20:47 – Eh bien c'est une bonne question,
20:48 parce que ça m'amène à la question que j'avais préparée quelque part,
20:52 la voilà, qu'est-ce que vous pensez de la démarche de,
20:55 par exemple, la tête de liste européenne pour reconquêtre Marion Maréchal,
20:57 qui elle, propose le RIP, le référendum d'initiative populaire partagée,
21:03 qui dit que le RIP est le seul outil juridique pour imposer,
21:09 dans son cas précis à Emmanuel Macron,
21:11 un changement de politique en matière d'immigration,
21:14 et elle se dit prête à lancer la récolte de 4,8 millions de signatures.
21:21 Est-ce que ça c'est quelque chose qui va dans ce sens que vous souhaitez,
21:24 ou vous considérez que c'est petit bras, inatteignable, votre point de vue ?
21:28 Je ne parle pas sur la question de l'immigration,
21:29 je parle sur la technique du RIP, la question de l'immigration.
21:33 – Communément, le RIP, référendum d'initiative, soit populaire,
21:37 soit partagée et soit pour ma part parlementaire,
21:40 fait référence à l'article 11 de notre constitution.
21:43 En l'état, cet article 11 a déjà un seuil un peu… 10% à 4,7 millions.
21:52 La différence avec, il me semble, peut-être…
21:56 alors je dois vous confesser, je n'ai pas lu en détail le projet de Mme Mori.
22:01 – Elle a dit 4,8, il faut, donc c'est bien, c'est bien.
22:03 – Mais voilà, sur l'article 11, on a un seuil à 4,5, 4,7,
22:07 10% du corps électoral, il me semble, si je ne m'abuse.
22:10 Néanmoins, le problème, ce n'est pas le premier problème de l'article 11.
22:15 Le premier problème, on est encore sur la définition de qui a l'initiative.
22:19 Et dans l'article 11, ce sont des parlementaires qui peuvent initier.
22:21 Il vous faut 5% du parlement, à peu près 180 parlementaires.
22:26 Moi, en tant que citoyenne toute seule, je ne peux pas initier un RIP,
22:29 comme il est écrit dans l'article 11.
22:31 Si le projet de Mme Marion Maréchal était de, justement,
22:37 réellement donner une initiative citoyenne.
22:40 Alors, la question des seuils à 4,8 millions me paraît,
22:46 enfin, abordable, mais trop élevée.
22:48 Voilà, ma réponse, ce ne serait pas la première question que j'aurais.
22:51 Et ensuite, oui, c'est très élevé, 1 million, c'est déjà énorme.
22:55 – Je complèterais que, finalement, alors si on pense à ces seuils-là,
22:58 le rôle des médias a un très, très gros rôle là-dedans.
23:00 C'est-à-dire qu'on l'a bien vu avec, justement,
23:03 le référendum pour l'aéroport de Paris, qui était le RIP.
23:08 Nous, en tant que particuliers,
23:12 et on faisait également appel aux médias indépendants,
23:15 on essayait, justement, de propager l'idée, de se dire,
23:18 la population peut se prononcer, en fait, sur ce concept
23:23 qui était lancé par rapport à l'aéroport de Paris.
23:25 Et on s'est rendu compte qu'on n'a pas du tout arrivé
23:27 à atteindre le seuil nécessaire.
23:29 Donc, les médias, encore une fois, sont un engrenage nécessaire
23:33 de la réflexion sur le référendum d'initiative,
23:37 alors que ce soit partagée ou citoyenne.
23:41 Dans tous les cas, les médias resteront un élément important.
23:44 – Est-ce que vous pensez que le RIP doit permettre d'abroger des lois ?
23:47 Est-ce que vous pensez que ça permet de révoquer des élus ?
23:51 – Alors, si vous voulez, je peux vous exposer toutes les matières,
23:54 parce que ce sont des matières.
23:56 – Rapidement.
23:57 – Mais je vais aller plus vite, c'est sans fin.
24:00 Et étant donné qu'il n'est pas encore écrit dans la Constitution,
24:02 j'aurais presque tendance à vous demander
24:03 quelle est la matière, vous, que vous écririez dans la Constitution ?
24:06 En premier, et ensuite, celle auquel on ne pense pas.
24:10 Celle que vous commencez à citer, donc véto, abrogatif, révocatoire,
24:14 législatif, sont les plus connues.
24:16 La matière constitutionnelle étant la première,
24:20 ensuite, celle que je viens de vous annoncer,
24:22 que vous aviez commencé à annoncer.
24:23 Et puis après, une fois qu'on devient un peuple constituant,
24:27 qu'est-ce qui nous empêche de mettre la signature des traités
24:30 dans la Constitution comme votée,
24:33 comme une procédure qui peut être mise au référendum d'initiative citoyenne ?
24:39 Et qu'est-ce que vous, vous pensez de toutes ces matières ?
24:42 Est-ce que vous avez déjà réfléchi à de nouvelles matières
24:45 auxquelles on ne pense pas d'habitude ?
24:47 – Étienne Chouard, si je vous dis Étienne Chouard,
24:48 c'est quelqu'un qui vous parle forcément.
24:51 Est-ce que vous pensez qu'il a tracé cette route que vous évoquez
24:53 ou il n'a pas été assez loin de lui non plus ?
24:55 – C'est évident qu'Étienne Chouard, depuis 15 ans qu'il travaille,
25:00 il a ouvert un champ de réflexion gigantesque
25:05 avec beaucoup d'éléments, évidemment, de sa propre réflexion,
25:08 d'éléments qui ont été réfléchis aussi ensemble par le peuple.
25:11 Donc encore une fois, tous les deux, on s'exprime en notre nom propre,
25:15 mais on a tous les deux été très marqués par ses idées.
25:19 – Vous savez que la dernière question, c'est la pire.
25:23 – Non, attendez-moi de la dernière question. – Juste pour répondre sur Étienne Chouard,
25:26 parce que je… il me semble que vous êtes parisien aussi.
25:29 Sur notre panthéon, il y a marqué "Aux grands hommes, la patrie reconnaissante".
25:33 Et du coup, moi, ça m'arrive d'essayer de chercher les grands hommes.
25:36 Étienne Chouard n'est pas le seul grand homme de France, déjà,
25:40 et dans le RIC, j'aimerais mentionner aussi M. Yvan Bachou
25:43 qui est allé voir Étienne Chouard pour lui dire
25:46 "Étienne, dans ton travail sur la Constitution,
25:48 il faudrait t'intéresser au référendum d'initiative citoyenne".
25:50 Donc c'est un travail collectif.
25:51 Et il y en a d'autres, d'ailleurs des militants disciples d'Étienne Chouard,
25:55 hier ont déposé une nouvelle proposition de loi sur le site de l'Assemblée nationale
25:59 pour qu'on puisse signer à nouveau pour le RIC constituant.
26:02 Donc c'est un travail collectif.
26:04 – C'est un travail collectif, j'ai bien compris que c'est collectif.
26:07 Avec chacun parlant son nom, et c'est pour ça que je vais quand même
26:08 vous poser la dernière question.
26:09 Je veux bien vous jouer avec le temps pour pas que je vous la pose,
26:11 mais je réussirai quand même.
26:12 Qu'est-ce qu'on fait aux Européennes ?
26:15 – Alors les Européennes… – Vous ne patez pas pour répondre.
26:18 – Moi, je… ça va être…
26:20 Moi, personnellement, les Européennes, je conçois dans ma vision
26:27 que ça n'aura pas trop d'influence, dans le sens où les parlementaires
26:31 ont un rôle finalement très très mineur dans la possibilité
26:35 de modifier la vie des Européens.
26:38 Néanmoins, c'est une ouverture médiatique très intéressante pour porter des idées.
26:45 Le moment où on porte une campagne, c'est toujours le moment justement
26:48 de véhiculer des idées et de les transmettre.
26:51 Donc, moi, de toute façon… – Vous voterez.
26:55 – Alors, je n'ai pas encore décidé mon choix, c'est possible.
26:58 – Vous vous demandez le choix, je vous ai dit "Est-ce que vous voterez ?"
27:01 Vous irez voter ? – Je ne suis pas sûre.
27:03 – C'est un peu lourd, je vais y aller.
27:05 – Vous irez voter, vous voterez pour ? – Je ne sais pas.
27:08 Peut-être blanc.
27:10 Je vous avoue, je pense que je donnerai mon vote à celui qui mettra le plus l'accent
27:16 sur le RIC constituant, mais bon, je ne vais pas vous mentir,
27:21 j'ai déjà très envie d'être devant le bureau de vote,
27:23 pas dans le bureau de vote, parce qu'il y a cinq ans,
27:26 ce n'est pas tant les manifestations que j'ai aimées avec les Gilets jaunes,
27:29 c'est d'organiser des votations autonomes, et il y a cinq ans,
27:31 c'était la première fois que je participais à une votation autonome
27:34 devant un bureau de vote, on avait fait voter 35 personnes.
27:38 Donc peut-être que cette fois-ci, on fera voter plus de personnes
27:40 et on leur avait proposé de voter pour le RIC.
27:43 À l'époque, en toute matière, mais c'est une action,
27:47 peut-être une prochaine fois, parce que ça fait encore plus peur
27:50 que les manifestations.
27:51 – Allez, un RIC, sinon rien, il fallait bien qu'on le fasse.
27:53 Merci beaucoup Emma Rovin, merci Pascal Pouvaud d'être venu
27:56 vous exprimer librement et rarement sur les chaînes de télévision,
28:01 que ce soit celles-ci, alternatives, donc absolument libres.
28:04 Merci à vous.
28:05 – Merci beaucoup, merci à vous.
28:07 [Musique]
28:11 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]