"Quand on parle de la musique, on parle de la vie" : Bernard Lavilliers raconte les voyages et les rencontres de sa vie dans "Ecrire sur place"

  • il y a 9 mois
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Lundi 15 janvier 2024 : l’auteur, compositeur et interprète Bernard Lavilliers. Il vient de publier "Écrire sur place" aux éditions des Équateurs.

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Transcription
00:00 Bonjour Bernard Lavillier.
00:01 Bonjour.
00:02 Ce qui définit le plus l'auteur-compositeur-interprète, Stéphano, que vous êtes, c'est l'ère
00:06 du grand large, le besoin d'effacer cette notion de frontière et de mélanger les genres,
00:10 les cultures, avec comme arme de regroupement massif la musique.
00:13 Depuis 1965 et vos premières créations, vous n'avez jamais cessé de mélanger le
00:17 rock, le reggae, la salsa, la bossa nova et la chanson française.
00:21 Vous n'avez jamais cessé de voyager et plus encore de soutenir les ouvriers et leur lutte,
00:26 et donc de vous engager.
00:27 C'est à travers l'écriture que vos chansons sont nées, les mots sont donc votre socle,
00:31 la base de l'harmonie que vous recherchez depuis plusieurs décennies.
00:34 Et ça tombe bien car vous publiez "Écrire sur place" chez Équateur.
00:38 Est-ce que c'est un hommage que vous souhaitiez rendre justement à ce que l'écriture vous
00:41 a offert finalement ?
00:42 C'est ça, exactement.
00:44 Oui parce que je n'ai trouvé pas de titre, un titre plus poétique, plus Équateur, une
00:50 sorte de métaphore.
00:51 Et finalement, on en su resté comme Les Cendrars ou d'autres, "Écrire sur place".
00:55 Parce qu'au fond, je suis sur place dans un pays dont je ne parle pas forcément la
00:59 langue ou à moitié.
01:01 Je rencontre des gens qui sont dans le même niveau que moi ou même plus bas des fois,
01:06 qui me racontent comment ils vivent et comment ils gagnent leur vie, mal, avec la musique.
01:10 Donc tout ça c'est très intéressant.
01:12 On va dire qu'on parle de la vie quand on parle de la musique.
01:15 Carrément.
01:16 En direct, on branche la prise.
01:17 Parce que tout le monde joue de la musique, tout le monde écoute de la musique, dans
01:20 ces milieux dont je parle, toute la journée.
01:23 Si on arrête la musique, c'est comme si vous arrêtiez de respirer.
01:25 C'est à peu près la même chose.
01:26 Si c'est trop long, c'est fatal.
01:28 Ce livre nous permet finalement de mieux comprendre qui vous êtes et comment sont nés vos chansons
01:34 surtout.
01:35 Vous les avez toutes écrites au cœur de l'action.
01:37 Vous dites même "C'est moi le rêveur de banquise".
01:39 J'ai essayé d'écrire au cœur du chaudron.
01:41 Le chaudron était la gare de Metz où vous avez vécu la fin d'une ambiance ouvrière,
01:45 l'arrivée du chômage et de la drogue.
01:46 En même temps.
01:48 Vous êtes devenu finalement le témoin et la voix de celles et ceux qui ne pouvaient
01:51 pas s'exprimer au fil du temps.
01:53 Il y a de ça, puisqu'ils me remercient.
01:56 Mais ils ne me prennent pas pour un dieu pour autant.
01:58 Ils me remercient de parler de choses réelles avec poésie.
02:03 Parce que "Les mains d'or", c'est une chanson très poétique et ça décrit quelque
02:07 chose d'extrêmement violent.
02:08 Ceux qui m'écoutent, ils savent très bien de quoi je parle.
02:10 Qu'ils soient cadres supérieurs, ça peut aussi leur arriver.
02:13 Ils le savent très bien.
02:14 Metz est donc l'un de vos portes d'attache.
02:17 C'est aussi là que vous avez été désigné déserteur parce que vous refusiez de porter
02:21 l'uniforme.
02:22 Vous êtes indomptable.
02:23 C'est ma question.
02:24 Il ne faut pas me braquer.
02:25 Si je dis non, c'est non.
02:28 Et puis après, les conséquences vont avec.
02:31 Et moi, je ne bouge pas.
02:32 Je suis à l'aise dans le rapport de force.
02:35 J'aime ça.
02:36 Mais en même temps, je n'aime pas ça.
02:38 Je préfère quand c'est beaucoup plus harmonieux.
02:40 Croyez-moi, il ne faut pas me braquer.
02:42 C'est tout.
02:43 Pour terminer, "On the road again" vous colle à la peau.
02:46 Elle représente quoi cette chanson ?
02:47 Génial.
02:48 J'adore.
02:49 C'est la définition de l'homme que vous êtes ?
02:53 Oh non, pas uniquement.
02:55 Il y en a d'autres.
02:56 Vous êtes très souvent sur la route.
02:58 Oui, c'est ça.
02:59 Mais "On the road again", c'est une façon de ne jamais s'arrêter.
03:02 Donc, c'était la mélodie d'un Chilien qui s'appelait Santa Maria.
03:05 Ça partait dans tous les sens.
03:07 Moi, je me dis qu'une chanson, c'est une mélodie.
03:09 Donc, je prends ce mot-là, je joue à la guitare et pendant toute la nuit, je me dis
03:14 qu'est-ce que je vais bien pouvoir raconter sur cette chanson.
03:16 Les mélodies me parlent.
03:17 C'est-à-dire qu'une mélodie, si je me concentre vraiment, je trouve ce que la mélodie me
03:23 raconte à ce moment-là dans l'état où je suis.
03:25 J'ai trouvé "On the road again" en premier et après, j'ai trouvé, pour rigoler, "Nous
03:31 étions jeunes et larges d'épaule, bandits joyeux, insolents et drôles".
03:33 Ah putain, je me suis dit ça c'est super.
03:35 C'est moi.
03:36 Oui, c'est moi.
03:37 Je suis un bandit joyeux, c'est vrai.
03:39 Merci beaucoup Bernard Laville d'être passé dans le monde d'Élodie sur France Info.
03:42 Le livre s'appelle "Écrire sur place".
03:44 Il est sorti chez Équateur.
03:45 Merci.
03:46 Merci beaucoup.

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