Faim de solidarité : notre émission pour comprendre comment la précarité touche les Alpes-Maritimes

  • il y a 7 mois
Pour lancer notre grande collecte de dons en faveur des plus démunis, qui commencera demain dans toutes nos agences, nous avons reçu des invités de terrain pour tenter de comprendre comment la précarité touche notre territoire.Faim de solidarité : c’est le nom de la grande opération que la rédaction de Nice-Matin lance, au secours des plus démunis.
Pour lancer cette action, nous avons reçu dans notre studio trois responsables d’associations et deux élus pour nous parler de la réalité du terrain et de l’état de la précarité sur le territoire.
Qui sont nos sans-abri ? Comment les aider ? Comment se porte le moral dans les associations ? Comment la pauvreté s’est-elle aggravée ces dernières années pour les étudiants, les seniors et les travailleurs pauvres ? Une heure pour tenter d'y répondre...

Transcript
00:00:00 *Musique*
00:00:23 Bonjour à tous. Côté piles, il y a les chiffres.
00:00:26 C'est une pauvreté qui explose dans notre pays sans épargner ni les femmes, ni les seniors, ni les enfants.
00:00:31 Côté face, derrière les chiffres, il y a la réalité quotidienne de tous ceux qui n'arrivent plus à joindre les deux bouts.
00:00:36 Ces personnes-là n'habitent pas au bout du monde, elles vivent juste à côté de chez vous, parfois dans le même immeuble que vous.
00:00:41 Alors on peut choisir de tourner la tête ou on peut choisir simplement de se demander comment agir.
00:00:46 Pour mieux comprendre la situation, il faut tenter de tracer des perspectives.
00:00:49 Le plus simple est de laisser la parole à ceux qui savent, c'est-à-dire à nos invités, Emilie Moulin, que je vous laisse nous présenter.
00:00:56 Bonjour, merci beaucoup. Bonjour à tous. François Chantrait, bonjour.
00:00:59 Vous êtes ancien journaliste, vous avez décidé de vous engager, devenant le président des Restos du Coeur dans les Alpes-Maritimes.
00:01:05 Bonjour, Tania Jacquique, vous êtes la présidente de Solidarité 06, une association d'aide aux sans-abri que vous avez créée à Nice en 2012.
00:01:12 Et vous avez également ouvert Oasis, un centre d'accueil du jour pour les femmes SDF, en partenariat avec le Secours Populaire.
00:01:18 Bonjour, monsieur Eric Poget, vous êtes député de la 7e circonscription des Alpes-Maritimes et conseiller municipal de la ville d'Antibes.
00:01:25 Bonjour, Jean-Stéphane Stelitano, vous êtes secrétaire général du Secours Populaire dans les Alpes-Maritimes.
00:01:31 Et enfin, je me tourne vers vous, Jennifer Sall, vous êtes adjointe déléguée au senior et aux solidarités de la ville de Nice,
00:01:37 et également présidente de la commission de lutte contre les inégalités et de la défense des droits des femmes à la région Sud.
00:01:42 Bonjour et merci à tous d'être avec nous. Merci, Emilie.
00:01:45 Alors, François Chantrait, la situation dans notre département semble plus grave que la moyenne de la France. Comment ça se fait ?
00:01:51 Très clairement, les Alpes-Maritimes sont une terre de contraste. C'est une image, c'est un cliché, mais c'est vrai.
00:01:58 On connaît la côte d'Azur sous ses reflets les plus brillants et ils existent. C'est une réalité. C'est un pays magnifique.
00:02:05 Mais en même temps, il y a une coulisse et dans la coulisse, il y a des gens qui ont du mal à joindre les deux bouts.
00:02:10 Je crois qu'on ne meurt pas de faim dans les Alpes-Maritimes, mais beaucoup de gens n'ont pas assez. La situation est celle-là.
00:02:16 Beaucoup de gens n'ont pas assez et ces gens-là se tournent vers nous, vers le Secours Populaire, vers d'autres associations,
00:02:21 parce qu'il y a une statistique qui me frappe beaucoup. Au Restos du Coeur, il y a 60% des gens qui viennent nous voir dont nous sommes la seule source d'approvisionnement.
00:02:31 C'est-à-dire qu'en dehors des Restos du Coeur, ils n'ont rien. Et pour la plupart, ils ne font qu'un seul repas par jour.
00:02:36 Ou il n'y a que les enfants qui mangent. Ou alors on refuse de se chauffer. Ou alors on ne s'habille pas.
00:02:42 On arbitre entre des dépenses essentielles. C'est ça le vrai visage de la précarité.
00:02:46 M. Stelitano, est-ce que vous avez le sentiment que la réputation, le côté doré un petit peu clinquant de la Côte d'Azur peut porter préjudice aux personnes qui sont réellement dans le besoin ?
00:02:57 Peut-être pas directement. Je pense que le facteur déterminant de cette précarité, comparé à d'autres régions de France, c'est la charté des loyers.
00:03:07 C'est-à-dire que la partie la plus difficile, la plus contrainte qui est le logement, représente une part plus importante ici qu'ailleurs.
00:03:15 Et effectivement, le côté attractif de la région fait que ça a un impact sur l'immobilier.
00:03:22 C'est aussi une géographie qui ne permet pas de construire ou partout. Et donc ces contraintes-là font qu'on a une très grande tension sur les logements, notamment sur les logements sociaux.
00:03:32 Et donc flamber aujourd'hui ce loger à deux pièces c'est 800 euros. Je veux dire qu'à Paris on trouve des chiffres comme ceux-là.
00:03:40 Et donc d'un côté les revenus sont les mêmes qu'en Lauserne. Mais par contre on a des coûts, même alimentaires.
00:03:47 On a son coût de la vie qui est beaucoup plus cher. Donc c'est vrai que le reste à vivre des mars alpins est beaucoup plus faible.
00:03:53 Nous on voit au Secours Populaire, la moyenne nationale, on est un peu en dessous de 4 euros par jour et par personne, au niveau national.
00:04:00 Au niveau de la région PACA, on est à un peu plus de 3 euros. Et dans la région des Alpes-Maritimes, on est à moins de 3 euros, on est à 2,60.
00:04:09 Mais ce n'est pas que les gens gagnent moins, c'est qu'ils dépensent plus.
00:04:13 Est-ce que la situation est différente, je pose la question à vous tous, il y a une différence entre le littoral et l'arrière-pays ?
00:04:20 Oui très clairement, nous on le constate, on a entrepris une action d'aller vers les gens qui ont besoin de nous.
00:04:27 Donc on a une épicerie itinérante qui sillonne les quatre vallées des Alpes-Maritimes.
00:04:31 Très clairement, les personnes précaires dans ces zones-là sont en difficulté, plus en difficulté qu'en ville, parce qu'il y a moins de services publics,
00:04:40 parce qu'il y a moins d'offres commerciales, donc moins de concurrence, les prix sont plus élevés.
00:04:44 Et puis il y a des fragilités particulières qui sont le froid, donc chauffage, la distance, donc carburant.
00:04:49 Vous voyez, il y a toute une série de facteurs qui s'accumulent, en plus de la précarité qui est assez semblable de celle qu'on connaît en ville.
00:04:57 Mais il y a ces facteurs-là qui aggravent leur situation.
00:05:00 Vous avez parlé de froid, mardi dernier à Boulogne-Biancourt, un homme est mort de froid dans une cave.
00:05:07 Et au même moment, à Carpentras, une femme s'est éteignée sur le trottoir en raison de la chute des températures.
00:05:12 Est-ce qu'on est prêt si une vague de froid arrive sur la côte d'Azur ? Je me tourne vers vous Jean-Stéphane.
00:05:17 On n'est jamais assez prêt, mais effectivement, je pense qu'on a déjà anticipé.
00:05:21 On a vu sur la ville de Nice, avec l'hébergement d'urgence dans le gymnase, on le voit avec l'oasis de nuit.
00:05:28 Il y a une réactivité propre. Je pense que la spécificité aussi locale, il y a une belle représentation aujourd'hui.
00:05:34 C'est-à-dire qu'il y a un tissu associatif qui travaille vraiment de concert avec les institutions,
00:05:39 que ce soit les villes, le département, les métropoles, qui fait qu'il y a une capacité de réaction qui est certainement au-dessus de la norme en France.
00:05:48 Et je pense que ce qui a renforcé cette dynamique, c'est la Covid.
00:05:53 On a tiré les leçons de la Covid, on est tous partis un peu chacun de notre côté au départ.
00:05:58 Mais on a appris, et puis la tempête Alex a appris à faire qu'on sait travailler ensemble.
00:06:03 Et donc aujourd'hui, c'est vrai que si demain ça tombait à -10°C, ça serait quand même catastrophique.
00:06:09 Mais je pense qu'on a une capacité de résilience entre les associations et les pouvoirs publics, et les instances, à réagir plus rapidement que dans d'autres régions.
00:06:18 Moi je pense que ça a été dit, notre territoire est un territoire complexe, un territoire de contraste,
00:06:25 qui a été aussi marqué au cours des dernières décennies par des catastrophes incroyables.
00:06:29 Tempête Alex, rappelez-vous les inondations de 2015, et d'autres encore.
00:06:34 Et je crois que ce couple, associations, pouvoirs publics, et moi je défends le couple maires-associations,
00:06:40 ça me semble la réponse immédiate sur le terrain, c'est le maire et les associations,
00:06:44 a appris à travailler ensemble et a appris à être résilients et a appris à être efficaces.
00:06:48 Que ce soit à Nice, que ce soit à Cannes, que ce soit dans ma ville d'Antibes,
00:06:51 aujourd'hui, je ne dis pas qu'on est parfait, je ne dis pas qu'attention, qu'on n'est pas à l'abri d'une catastrophe,
00:06:56 mais on a considérablement appris et on s'est considérablement amélioré au cours des dix dernières années,
00:07:02 du fait de ce que notre territoire a vécu.
00:07:05 Et pour revenir à votre question précédente, oui, moi j'ai une circonscription qui part du Cap d'Antibes
00:07:09 et qui va jusqu'au plateau de Causseul, et c'est clair qu'on se rend compte que sur le moyen,
00:07:13 le OPI, il y a de plus en plus de jeunes couples, de gens qui travaillent,
00:07:18 qui cherchent à s'installer parce que le foncier est moins cher, parce que le coût de la vie est moins cher.
00:07:22 Donc sur un territoire très particulier comme le nôtre, qui n'est pas la France,
00:07:26 moi je dis toujours les Alpes-Maritimes, ce n'est pas la France.
00:07:28 Il va falloir que je devienne député, que je rencontre des collègues députés du quatre coins du pays
00:07:32 pour m'en rendre compte. Les Alpes-Maritimes, ce n'est pas la France.
00:07:35 Et au sein de ce territoire, on a des disparités à quelques encablures, à quelques kilomètres.
00:07:40 Antibes-Causseul, c'est 40 kilomètres.
00:07:43 Et ça, donc, ça doit nous interpeller parce qu'il y a aussi des problématiques d'aménagement du territoire
00:07:49 dans ce moyen et dans ce haut pays en termes de transport public, en termes de densification du foncier.
00:07:55 Les maires de ces communes ont très peur que l'on reproduise sur le moyen et le haut pays
00:08:01 ce qui s'est passé sur la bande littorale au cours des 60, 70 dernières années, c'est-à-dire qu'on densifie.
00:08:05 Et pourtant, aujourd'hui, c'est un des lieux de ressources, un des lieux, des zones de protection
00:08:11 sur lesquelles des jeunes couples qui arrivent sur le marché du travail, qui travaillent,
00:08:15 peuvent s'installer et peuvent arriver à vivre sur notre territoire.
00:08:18 Et ça, ça doit nous interpeller tous.
00:08:20 Jennifer Sell, à Nice, c'est quasiment un état dans l'état dans les Alpes-Maritimes,
00:08:24 une très grande ville qui attire énormément de personnes et donc où la précarité est très importante.
00:08:28 Comment on fait pour gérer une situation pareille ?
00:08:31 Écoutez, comme l'a dit Jean-Stéphane Stelitano, on travaille main dans la main, tous ensemble.
00:08:35 Et on réfléchit, on essaie d'anticiper les situations de crise.
00:08:39 Alors, je ne dis pas qu'on est parfait, mais par exemple, effectivement,
00:08:42 comme on est tous en lien au quotidien et qu'on connaît tous les difficultés que rencontre notre territoire,
00:08:47 on essaie d'anticiper.
00:08:49 Là, effectivement, nous ne sommes pas en période de grand froid par rapport à d'autres régions,
00:08:53 on va dire, qui subissent. On n'a pas les mêmes températures.
00:08:56 Donc le plan grand froid n'a pas été activé par la préfecture.
00:08:59 Il n'empêche qu'avec notre maire Christian Estrosi, nous avons décidé, dès le 24 décembre,
00:09:04 d'ouvrir un gymnase pour les sans-abri, une cinquantaine de places, jusqu'à demain soir,
00:09:09 pour faire en sorte d'accueillir des personnes à la rue, parce qu'on constatait,
00:09:13 au cours d'un certain nombre de semaines, que la situation devenait de plus en plus problématique.
00:09:18 Il y avait de plus en plus de personnes à la rue. Nous l'avons constaté.
00:09:21 Les associations nous l'ont fait remonter, notamment également le SAMU social,
00:09:25 la Croix-Rouge, qui nous ont fait remonter tout un tas d'informations.
00:09:28 Et c'est vrai que nous avons voulu agir.
00:09:31 Alors, comme on le sait, effectivement, on est un territoire très proactif en la matière.
00:09:36 Donc c'est vrai que quand on a beaucoup de dispositifs qui sont mis en place,
00:09:39 forcément, les gens viennent plus facilement chez nous,
00:09:41 parce qu'on a des dispositifs mis en place pour les aider.
00:09:44 Il n'empêche que ce n'est jamais parfait, qu'on essaye de faire de notre mieux.
00:09:48 Mais nous, Pouvoir public, nous ne travaillons jamais seuls.
00:09:51 Nous travaillons en lien quotidien et constant avec l'ensemble des associations
00:09:55 qui nous accompagnent dans le travail que nous menons au quotidien pour faire face à la précarité.
00:09:59 Alors, on parle Pouvoir public, justement, en 2017, souvenez-vous,
00:10:03 Emmanuel Macron avait dit qu'il ne voulait plus aucun sans-abri à la rue.
00:10:06 Aujourd'hui, on en voit encore beaucoup. La faute à qui, selon vous ?
00:10:10 Moi, dans la rue, on retrouve tout un tas de personnes qui sont totalement différentes.
00:10:17 On a des gens qui travaillent, qui ont des papiers, qui travaillent.
00:10:21 On a des sans-papiers.
00:10:22 On a des personnes qui sont sur notre territoire depuis des années,
00:10:25 dont la situation n'est pas régularisée.
00:10:27 On a des familles dont la situation est en cours de régularisation, ou sont en cours.
00:10:32 Bref, on a des personnes âgées, de plus en plus.
00:10:36 On a des étudiants.
00:10:37 Bref, le profil des personnes à la rue varie et est très différent.
00:10:42 Donc aujourd'hui, on ne peut pas dire, on ne peut pas généraliser les personnes à la rue.
00:10:47 Il y a des gens aussi qui sont à la rue, qui ne souhaitent pas avoir une main tendue,
00:10:51 qui n'y arrivent pas, qui au bout d'une cinquantième, soixantième fois
00:10:55 qu'ils vont rencontrer un travailleur social vont accepter.
00:10:57 Mais on a tous les profils.
00:10:59 Donc dire qu'effectivement, on ne veut plus personne à la rue, oui, c'est un vœu.
00:11:03 Après dire qu'on va y arriver, c'en est une autre.
00:11:05 On travaille tous ensemble au quotidien.
00:11:07 Mais c'est vrai qu'on constate quand même qu'il y a des moyens qui manquent,
00:11:11 disons-le clairement, qui manquent au niveau de l'État,
00:11:14 qui manquent parce qu'aujourd'hui, on constate tous les jours,
00:11:17 je vous dis, on a ouvert ce gymnase et on constate qu'on a des personnes,
00:11:20 des familles par exemple, qui arrivent, des personnes qui arrivent,
00:11:23 qui ont fait des demandes d'asile.
00:11:25 Donc on suit ces familles-là.
00:11:27 Et pour des demandeurs d'asile, comme la réponse n'est pas apportée tout de suite,
00:11:31 c'est-à-dire à savoir de leur dire si oui ou non,
00:11:33 ils ont le droit de rester sur notre territoire.
00:11:35 Mais la situation dure pendant 5, 6, 7, 8 mois, voire un an, voire plus.
00:11:41 Ces gens-là s'installent et gardent espoir.
00:11:44 Ils n'ont pas le choix.
00:11:45 Et ça les précarise encore plus.
00:11:47 Donc à un moment donné, peut-être que la solution serait de dire,
00:11:51 écoutez, aujourd'hui, mais tout de suite, c'est-à-dire de façon assez claire,
00:11:56 dans un laps de temps qui soit court,
00:11:58 pour ne pas aussi ajouter de la précarisation et de la violence,
00:12:00 parce que rester sur un territoire pendant longtemps
00:12:02 et qu'au bout d'un moment, on leur dise, écoutez, vous n'êtes pas les bienvenus chez nous,
00:12:05 on vous raccompagne à la frontière,
00:12:07 ce n'est pas non plus une solution, parce que les gens s'habituent.
00:12:09 Ils ont des enfants qui aussi sont scolarisés, etc.
00:12:12 Donc peut-être que la solution, c'est effectivement d'agir vite
00:12:15 pour que ceux qui doivent retourner dans leur pays, ils retournent.
00:12:19 Ça veut dire les pays sûrs, etc.
00:12:21 Et puis les autres, on arrive à trouver des solutions.
00:12:23 Mais des solutions pérennes, pas des solutions d'urgence,
00:12:26 qui en fait sont compliquées pour tout un chacun.
00:12:29 Une question très bête, Tania Jacky, vraiment très très bête,
00:12:31 mais comment deviennent-on SDF ?
00:12:33 Est-ce qu'il y a un point commun entre toutes les personnes ?
00:12:36 Comme Jennifer l'a expliqué maintenant,
00:12:40 autant qu'on a des sans-abri, on a autant de raisons différentes
00:12:46 pourquoi ils sont devenus les sans-abri.
00:12:48 Toutes les catégories qu'on vient de citer,
00:12:51 on devient, par exemple, demandeurs d'asile,
00:12:57 comme on a expliqué, ils n'ont pas la solution.
00:13:02 Pendant quelques mois, ils se retrouvent à la roue.
00:13:04 Je voulais juste ajouter encore une problématique qui est de la roue.
00:13:08 En fait, une catégorie, ce sont des gens avec des problèmes psychologiques.
00:13:14 Donc problème psychologique, pour moi, c'est plus important
00:13:18 que toutes les autres raisons.
00:13:20 Parce qu'en fait, quelqu'un, par exemple,
00:13:22 dès que sa situation administrative peut se débloquer,
00:13:25 on peut le ressortir.
00:13:27 Pour certains sans-abri, ils restent à la roue pendant très longtemps,
00:13:30 même s'ils arrivent à la roue,
00:13:32 ce sont les problèmes psychologiques dont la roue,
00:13:34 ils vont les développer.
00:13:36 Et à part de là, rien n'est possible.
00:13:39 Cette personne, elle va perdre l'espoir,
00:13:43 pas de l'espoir, mais envie de faire toutes les démarches.
00:13:47 Et tout est compliqué après.
00:13:49 Pour moi, à ce moment, je pense qu'à 40% minimum
00:13:55 des personnes qu'on croise tous les jours,
00:13:58 on les connaît de votre accueil de jour aussi,
00:14:02 de 44, à Oasis, à la salle Lerit,
00:14:06 quand on a eu l'opportunité,
00:14:08 ce sont des gens avec des problèmes.
00:14:10 Donc c'est une autre catégorie.
00:14:12 On les traite dans la catégorie de précarité,
00:14:14 mais en fait, il faut une autre aide pour toutes ces personnes.
00:14:18 - Et précisément, quelle genre d'aide ?
00:14:19 Est-ce que ces personnes-là sont diagnostiquées d'une part ?
00:14:21 Et qu'est-ce qu'il faudrait faire concrètement ?
00:14:23 Déjà peut-être savoir quel est leur problème.
00:14:26 - Certains, ils ne sont pas du tout diagnostiqués.
00:14:29 C'est ça qui est le problème.
00:14:30 En fait, ils sont détachés, ils sont isolés complètement de tout ça.
00:14:33 Et pour les mener chez un psychologue, c'est compliqué.
00:14:37 Donc on a rencontré ce problème à Oasis.
00:14:40 Par exemple, la personne, on voit qu'il y a un problème,
00:14:43 elle refuse de parler avec un psychologue, psychiatre et tout ça.
00:14:47 C'est très, très compliqué après.
00:14:49 Donc à mon avis, peut-être, il faut trouver les psys qui sont mobiles,
00:14:55 qui vont se déplacer dans les lieux.
00:14:57 Parce que, par exemple, même à Oasis,
00:15:01 dans les accueils de jour ou d'hébergement d'urgence,
00:15:05 on a une grande majorité de sans-abri
00:15:09 qui ne vont jamais appeler 115,
00:15:11 qui ne vont jamais aller chercher une assistance sociale.
00:15:14 J'ai vu l'année dernière et l'année d'avant,
00:15:17 quand on a fait le renforcement des sans-abri,
00:15:20 la première année, on avait le chiffre 63% des sans-abri
00:15:24 qui n'ont pas de suivi social,
00:15:26 parce qu'ils ne vont pas faire les démarches.
00:15:28 Ils sont hors circuit et ils ne vont même pas voir les associations parfois.
00:15:31 C'est pour ça qu'il y a les maraudes pour aller à eux.
00:15:33 On a des femmes sur Nice,
00:15:35 même si on a mis plein de choses en place.
00:15:39 Grâce à toutes les associations qu'on travaille avec Secours Populaire,
00:15:43 grâce à Ville de Nice, grâce à tout,
00:15:45 on arrive à gérer la situation des femmes qui sont à la roue.
00:15:50 Et pourtant, il y a certaines qui ne veulent pas venir.
00:15:53 Elles sont complètement "non, non, non, je ne veux rien, je reste dans mon coin".
00:15:57 Et pour ça, on ne peut pas dire que c'est le choix de la dame
00:16:01 de rester comme ça au domicile.
00:16:03 Non, il y a un problème.
00:16:05 C'est le choix de personnes de se mettre dehors
00:16:08 et de rester agressées sur l'employé.
00:16:12 Et d'ailleurs, je trouve que c'est intéressant
00:16:14 qu'aujourd'hui on soit réunis autour d'un terme qui est la précarité
00:16:17 et pas la pauvreté.
00:16:19 La précarité, c'est une bulle, c'est un ensemble.
00:16:21 C'est la maladie mentale, c'est le mal-logement,
00:16:23 c'est la mauvaise santé, c'est le décrochage social.
00:16:26 Ce sont des gens qui sont cabossés dans plusieurs dimensions,
00:16:30 les personnes auxquelles nous avons affaire.
00:16:33 Tu expliquais très bien à quel point on avait en face de nous
00:16:36 des personnes qui avaient décroché sur le plan psychologique
00:16:39 et qui sont très difficiles de rattraper.
00:16:41 Alors, il y a des niveaux, j'allais dire, de blessures très différents.
00:16:45 Mais dans la rue, c'est vrai qu'on assiste à des cas extrêmes,
00:16:48 extrêmement douloureux.
00:16:49 Et c'est dur, c'est dur pour tout le monde de rattraper les choses.
00:16:52 Au niveau des restos du cœur, je dirais qu'on a...
00:16:54 Est-ce une chance ? J'en sais rien.
00:16:56 Mais on a des personnes qui sont logées, qui ont un logement.
00:16:59 Qui sont mal logées parfois, mais qui ont un logement.
00:17:01 Qui ont parfois un travail, qui ont souvent une voiture.
00:17:04 Ils dorment dedans, d'ailleurs.
00:17:06 Vous voyez, c'est des catégories quand même très différentes.
00:17:08 Mais c'est bien d'aborder ce sujet sous le plan de la précarité,
00:17:11 parce que précisément, ça permet de prendre
00:17:13 toute la dimension de la diversité des situations.
00:17:15 - Et le processus de précarité est un processus qui s'accélère.
00:17:20 C'est-à-dire, ce qui est très difficile,
00:17:22 c'est d'être suffisamment en amont pour anticiper.
00:17:24 Et c'est difficile de l'évaluer.
00:17:26 Parce que, enfin, moi, je vois sur ma ville d'Antibes,
00:17:28 les différentes associations avec qui on travaille,
00:17:30 nous disent qu'on a de plus en plus de travailleurs pauvres.
00:17:32 C'est-à-dire des gens qui ont un boulot.
00:17:34 - Un salaire, oui.
00:17:35 - Qui arrivent plus ou moins à se loger.
00:17:37 Mais qui sont au seuil, au seuil de la pauvreté.
00:17:40 Et là, alors, la solution, je ne l'ai pas,
00:17:43 mais il faudrait arriver à anticiper le processus,
00:17:45 parce que la précarité, c'est un processus
00:17:47 et qui va de plus en plus vite.
00:17:48 C'est-à-dire que quand on franchit une étape,
00:17:50 on sombre et on sombre très vite.
00:17:52 Et malheureusement, vous avez raison,
00:17:54 les problèmes psychologiques viennent se rajouter.
00:17:57 Il y a une sorte d'enchevêtrement,
00:18:00 d'effet de levier, mais négatif.
00:18:02 Comme on parle de processus d'intégration,
00:18:04 il y a des processus où on sombre dans la précarité.
00:18:06 Et là, c'est très compliqué,
00:18:08 parce que les cas sont très lourds après.
00:18:10 Ils sont lourds en termes de précarité,
00:18:12 de fournir de la nourriture, un toit, etc.
00:18:15 Mais ils sont lourds psychologiquement.
00:18:16 Et aujourd'hui, honnêtement, moi, je ne vois pas.
00:18:18 On est relativement démuni.
00:18:20 C'est-à-dire même la sphère publique,
00:18:21 il ne faut pas se cacher.
00:18:22 Je ne vois pas comment on peut faire demain.
00:18:24 Dans le système de santé en France,
00:18:26 c'est la psychiatrie qui est le plus mal lotie.
00:18:30 Ça veut dire qu'en cascade derrière,
00:18:32 trouver des psychologues, trouver des psychiatres,
00:18:34 trouver des sociologues, des gens qui puissent aller
00:18:37 empêcher ce processus de précarité,
00:18:38 ça va être très compliqué.
00:18:39 Et moi, je voudrais revenir à la question initiale.
00:18:42 Il y a deux sujets, moi, qui me semblent dramatiques.
00:18:46 C'est ces travailleurs pauvres qui décrochent.
00:18:48 Ils travaillent, ils sont en phase d'intégration,
00:18:50 mais ils décrochent, ils n'y arrivent pas.
00:18:52 Et deux, c'est la situation des étudiants.
00:18:54 On n'a jamais connu ça dans notre pays.
00:18:57 Il y a 30, 40 ans en arrière,
00:18:59 le statut d'étudiant n'était pas un statut
00:19:01 qui s'associait à une notion de précarité ou de pauvreté.
00:19:03 Aujourd'hui, vous avez vu la dernière étude qui est sortie hier.
00:19:05 20% des étudiants français qui ne mangent pas à leur faim.
00:19:09 Plus de 90% qui sont en dessous du seuil de pauvreté.
00:19:13 Moi, je trouve que quand on s'estime être une grande nation,
00:19:15 la France est censée être la sixième ou septième puissance mondiale,
00:19:19 ça, ça devrait nous interpeller,
00:19:20 parce que ce sont nos jeunes, ce sont des étudiants,
00:19:22 et ils ne s'en sortent pas.
00:19:23 Et on les retrouve dans les différents réseaux d'accompagnement.
00:19:26 Alors, on va évoquer la question des jeunes,
00:19:28 des étudiants dans un instant.
00:19:30 Mais c'est vrai qu'il y a certaines populations
00:19:31 qui paraissent plus fragiles que d'autres,
00:19:32 et notamment c'est le cas des femmes.
00:19:34 Tania Jakic, c'est plus difficile d'être à la rue lorsqu'on est une femme ?
00:19:38 C'est très difficile d'être une femme à la rue.
00:19:43 C'est difficile d'être une humaine à la rue, tout court.
00:19:46 C'est pour tout le monde, c'est difficile.
00:19:48 Vous pouvez avoir 20 ans, en pleine santé, et tout ça,
00:19:51 vous restez trois jours à la rue, on peut discuter.
00:19:55 Donc, on ne parle pas des femmes.
00:19:57 Et quand on parle des femmes,
00:19:59 elles ont toutes les problématiques que tout le monde peut retrouver à la rue,
00:20:04 donc dormir et tout ça, plus les agressions.
00:20:09 Et agressions de tous les types, verbales, sexuelles,
00:20:14 ce qu'elles subissent les femmes.
00:20:16 Comme je dis, ça fait plus de 10 ans que je suis à la rue
00:20:20 avec les sans-abri, donc au quotidien.
00:20:24 Avant l'ouverture de Oasis,
00:20:26 je n'avais aucune idée que c'était un fer,
00:20:30 ce que les femmes vivaient à la rue.
00:20:32 Je savais que c'était difficile,
00:20:34 mais pour ça, on a créé le film
00:20:37 qui parle de la vie d'une femme à la rue.
00:20:42 C'est une urgence absolue
00:20:47 de mettre les femmes qui sont à la rue,
00:20:49 de les mettre à l'abri.
00:20:51 Est-ce qu'il y a une prise en charge spécifique pour les femmes sans-abri ?
00:20:54 On est en train de construire.
00:20:56 Déjà avec Oasis, on a créé,
00:21:00 entre Solidarité 06 et Secours Populaire,
00:21:03 on l'a créé à la fin de 2022.
00:21:05 On est le premier accueil de jour pour les femmes sans-abri sur la région.
00:21:10 Il y a ce type de prise en charge,
00:21:13 je pense qu'on est 5 ou 6 en France entière.
00:21:17 5 ou 6 ?
00:21:18 Oui, parce qu'en fait, il y a des accueils mixtes,
00:21:22 mais plein de femmes,
00:21:24 elles ne vont pas, parce que c'est mixte avec des hommes,
00:21:27 par rapport à des agressions et tout ça,
00:21:29 elles évitent d'y aller.
00:21:31 Donc c'est très important.
00:21:33 En fait, on a commencé avec Oasis,
00:21:39 et maintenant, grâce à Ville de Nice,
00:21:43 qui nous ont, et Mme Barbosa,
00:21:45 et toute l'équipe de Ville de Nice,
00:21:47 je voulais remercier parce qu'on avait
00:21:50 un accueil de nuit pour 3 mois, pour l'instant,
00:21:54 et qui nous a sauvé la vie.
00:21:57 Mais sauvé la vie.
00:21:58 Dernier moment, combien de femmes,
00:22:01 on n'est pas obligé de...
00:22:04 On est en stress, sincèrement,
00:22:06 chaque matin quand une femme vient à Oasis,
00:22:08 notre priorité, c'est de la trouver à hébergement de nuit.
00:22:11 Et tout est saturé,
00:22:14 tout est saturé,
00:22:15 tout l'hébergement d'urgence et tout ça.
00:22:18 Et maintenant, avec cette solution,
00:22:20 on n'est vraiment...
00:22:21 On ne remercie pas assez.
00:22:23 Vraiment, il faut...
00:22:25 En fait, il faut dupliquer les choses.
00:22:27 - J'allais vous dire, le sentiment qu'on a,
00:22:29 c'est que c'est insuffisant, en fait.
00:22:30 C'est bien que ça se fasse sur Nice,
00:22:32 c'est merveilleux, mais ailleurs,
00:22:34 dans les autres villes, dans le reste du département ?
00:22:36 - C'est ça, en fait.
00:22:38 Quand on a parlé la dernière fois,
00:22:40 vraiment, autour des problématiques
00:22:43 des femmes de la Rouge,
00:22:44 je dis, comme on dit tous,
00:22:47 il y a, sur Nice, sur notre région,
00:22:50 on a un tissu social et caritatif.
00:22:53 Vraiment, on travaille tous les mains dans les mains,
00:22:57 avec la ville, avec l'État,
00:22:59 entre les associations.
00:23:01 Mais on a de plus en plus de monde,
00:23:04 et c'est difficile de répondre.
00:23:06 Donc ici, on arrive à trouver la solution.
00:23:09 On arrive à trouver la solution.
00:23:11 Et je me demande, pour tous les autres femmes
00:23:14 qui sont à la Rouge,
00:23:15 parce que si vous prenez les statistiques,
00:23:17 il y a 300 000 sans-abri à la Rouge,
00:23:20 si 38 % sont des femmes,
00:23:22 comme les statistiques disent,
00:23:24 il y a 144 000 femmes qui dorment à la Rouge,
00:23:28 qui sont exposées aux agressions,
00:23:31 aux viols.
00:23:33 On ne parle même pas de côté de précarité,
00:23:36 est-ce qu'elle va manger, est-ce qu'elle va se doucher ?
00:23:39 On parle des droits humains,
00:23:43 de protéger de violences.
00:23:45 Et comme on sait bien,
00:23:48 plein de femmes, par exemple,
00:23:50 ne déclarent pas de viols,
00:23:52 surtout les femmes sans-abri.
00:23:54 Donc si on n'a pas de statistiques,
00:23:56 ça veut dire que ça n'existe pas.
00:23:57 Et ce n'est pas vrai.
00:23:58 Donc ça existe.
00:23:59 Il y a deux jours,
00:24:01 il y avait une fille qui est venue à Oasis,
00:24:03 qui s'est fait agresser la nuit d'avant.
00:24:05 Et ça se passe tout le temps,
00:24:07 en bas de chez nous, pendant qu'on dort.
00:24:09 Si on parle de la spécificité des femmes,
00:24:11 il y a aussi la précarité mensuelle,
00:24:13 pour les femmes sans-abri,
00:24:15 mais aussi pour les étudiantes.
00:24:16 Aujourd'hui, une boîte de tampons,
00:24:18 dans un supermarché, ça peut monter jusqu'à 6 euros.
00:24:20 Qu'est-ce qu'on peut faire pour essayer de maîtriser ça ?
00:24:23 Il y a pas mal de choses qui sont mises en place.
00:24:26 Il y a certaines associations féminines
00:24:29 qui sont en train de créer,
00:24:31 ils font des collectes déjà.
00:24:33 Donc ils nous fournissent tout ce qui est hygiénique.
00:24:38 En fait, hygiène féminine.
00:24:42 Et aussi, il y a tout un mouvement
00:24:45 sur les serviettes réutilisables.
00:24:50 Oui, en plein échange.
00:24:52 C'est logique et tout ça.
00:24:54 Les restos du cœur, d'ailleurs,
00:24:55 sont mis à disposition dans certains centres.
00:24:57 Mais encore une fois,
00:24:59 ces produits ne sont pas à disposition toute l'année, malheureusement.
00:25:02 Mais on met à disposition des protections féminines
00:25:04 dans nos centres.
00:25:06 C'est vrai que c'est des produits d'hygiène
00:25:08 qui coûtent très très cher.
00:25:09 Et donc c'est très apprécié des personnes
00:25:11 qui fréquentent nos centres.
00:25:12 Alors, Éric Poget faisait allusion, évidemment,
00:25:14 à la situation des étudiants.
00:25:15 Qu'est-ce qui a fait qu'on en ait arrivé là ?
00:25:17 Parce qu'effectivement, il y a 10 ou 15 ans,
00:25:19 être étudiant était plutôt un gage de qualité de vie
00:25:21 et de légèreté de vie.
00:25:22 Aujourd'hui, on a l'impression que c'est un véritable problème.
00:25:25 Ça vient à quoi ? Ça tient à quoi ?
00:25:27 Je pense que c'est le reflet de la paupérisation
00:25:30 d'une partie de la société
00:25:31 qui est amplifiée sur le public étudiant.
00:25:33 C'est-à-dire que pour un étudiant,
00:25:35 c'est plus compliqué de s'acheter à manger,
00:25:37 c'est encore plus compliqué de se loger,
00:25:39 encore plus compliqué de se nourrir,
00:25:41 c'est encore plus compliqué de payer ses charges
00:25:44 si on arrive à avoir un logement.
00:25:46 Et tout s'amplifie.
00:25:48 Il y a une proposition qui a été faite l'année dernière au Sénat
00:25:52 et qui malheureusement n'a pas abouti
00:25:53 et qui serait une proposition, moi je trouve,
00:25:54 à remettre sur la table,
00:25:55 qui est de créer un ticket restaurant étudiant.
00:25:58 C'est un sénateur centriste qui a proposé ça
00:26:02 il y a un an en arrière.
00:26:03 Ça n'a malheureusement pas prospéré encore,
00:26:05 mais moi je trouve que ce serait une idée à creuser,
00:26:07 d'autant plus que là, les tickets restaurants,
00:26:08 ils ont prolongé leur validité pour qu'on puisse consommer avec.
00:26:11 Je trouve que d'avoir l'idée du ticket restaurant,
00:26:14 c'est bien ancré dans la population.
00:26:16 Un ticket restaurant étudiant
00:26:17 pour que les étudiants puissent se nourrir
00:26:19 ou puissent acheter des produits de première nécessité,
00:26:23 il y a une idée, je trouve, à creuser
00:26:25 parce que l'idée, par rapport à ce qu'on se dit,
00:26:27 c'est d'essayer d'éviter qu'on tombe
00:26:29 dans ce qui vous fait agir tous les jours.
00:26:33 C'est-à-dire que, moi malheureusement,
00:26:35 j'estime qu'en tant que responsable politique,
00:26:37 on est en phase d'échec.
00:26:38 Heureusement que vous êtes là
00:26:39 et heureusement qu'il faut s'en occuper,
00:26:40 mais vous avez à traiter de plus en plus de monde
00:26:42 et l'idée c'est qu'il faudrait qu'un peu en amont,
00:26:44 on arrive à essayer de colmater la brèche.
00:26:46 Et malheureusement, on est dans une société
00:26:48 où les riches sont de plus en plus riches
00:26:50 et les pauvres de plus en plus pauvres.
00:26:51 C'est ça la réalité, c'est les fameux écarts.
00:26:53 Sur la situation des étudiants,
00:26:54 j'ai une réalité qui m'effraie en quelque sorte
00:26:58 parce qu'on a l'impression qu'aujourd'hui
00:26:59 la précarité ça devient génétique.
00:27:01 C'est-à-dire qu'on se transmet dans les familles
00:27:03 la pauvreté.
00:27:04 On a beaucoup de mal dans une famille qui est pauvre
00:27:06 à sortir les enfants de cette précarité
00:27:08 et les faire progresser dans l'échelle sociale.
00:27:11 Il y a une espèce de...
00:27:12 Comme si l'ascenseur était en panne depuis un certain temps.
00:27:15 On le sait dans nos pays, malheureusement.
00:27:17 Mais en l'occurrence,
00:27:18 il y a une étude de l'OCDE qui dit que
00:27:20 en France, une famille pauvre
00:27:23 met cinq générations à sortir de la pauvreté.
00:27:27 Donc, vous voyez, il y a une espèce de blocage comme ça,
00:27:29 de poids lourd.
00:27:30 C'est pour ça que nous, on met tellement l'accent
00:27:31 sur la petite enfance
00:27:32 pour essayer justement de tirer,
00:27:34 de sortir vers le haut
00:27:36 des familles qui sont actuellement
00:27:38 plombées par la difficulté
00:27:41 et qui, d'une certaine manière, reproduisent
00:27:44 année après année
00:27:45 les mêmes mécanismes d'exclusion.
00:27:47 C'est des familles cabossées.
00:27:48 Des cabossées de père en fils, de mère en fille.
00:27:51 Et ce n'est pas acceptable dans notre société.
00:27:53 Clairement.
00:27:54 Il y avait en février 2023,
00:27:57 c'était il n'y a pas très longtemps,
00:27:59 ce fameux projet de loi,
00:28:00 la proposition de loi qui n'a pas abouti
00:28:02 sur le repas étudiant à un euro.
00:28:04 Selon vous, c'est une bonne idée ou une mauvaise idée ?
00:28:07 Je trouve que l'idée du ticket restaurant étudiant,
00:28:12 pour moi, c'était une bonne idée.
00:28:14 Ça n'a pas prospéré, je le regrette.
00:28:15 Peut-être que ça reviendra.
00:28:16 Mais d'avoir, on appelle ça un ticket restaurant
00:28:19 parce que c'est communément accepté,
00:28:20 ou un chèque, ou je ne sais pas.
00:28:22 Mais un système qui permette à nos étudiants
00:28:24 qui ne sont pas dans des zones
00:28:25 où il y a des restos universitaires
00:28:28 ou ce genre de choses,
00:28:29 qui leur permettent de se nourrir
00:28:31 et qui leur permettent d'acheter
00:28:32 des biens de consommation immédiats.
00:28:34 Pour faire les courses.
00:28:35 Faire les courses, exactement.
00:28:36 Je trouve que c'est une idée à creuser.
00:28:37 Quand on voit la paupérisation du monde étudiant,
00:28:40 et en plus, pour reprendre ce que disait monsieur,
00:28:42 il a parfaitement raison,
00:28:44 ils se forment, ils sont étudiants,
00:28:46 mais on ne leur inculque que les gènes de la précarité.
00:28:50 Et ça, ça devrait tous nous interpeller.
00:28:53 Nous, responsables politiques,
00:28:55 comme citoyens dans notre France aujourd'hui.
00:28:59 Et là, je trouve que l'effort majeur est là.
00:29:01 Bien sûr, il y a le problème des femmes,
00:29:02 bien sûr, il y a le problème des travailleurs propres,
00:29:04 mais je trouve que sur le public étudiant,
00:29:06 s'il y avait une action majeure à mener,
00:29:08 elle est là, à mon avis.
00:29:10 Après, il y a des choses qui sont faites.
00:29:11 Il y a des épiceries sociales et solidaires pour étudiants.
00:29:14 Donc à Nice, on en a d'ailleurs deux.
00:29:16 Une qu'on a ouverte en collaboration
00:29:18 avec la FACE06 en 2012.
00:29:21 Donc ça remonte quand même un petit peu.
00:29:22 Une deuxième qu'on a ouverte dans le quartier de Saint-Roch à Nice.
00:29:25 Et puis, qui a fait des petits,
00:29:27 c'est-à-dire ils font aussi restaurants sociaux et solidaires.
00:29:29 Parce qu'on s'est aperçus aussi à la période de la COVID,
00:29:31 que ça a été un moment où on a vu encore plus
00:29:35 cette précarité étudiante.
00:29:37 Parce que les étudiants se sont retrouvés seuls,
00:29:40 en plus de la précarité qu'ils subissaient au quotidien.
00:29:43 Que c'est là, en fait, où ça a vraiment émergé,
00:29:45 où ça a été plus "visible".
00:29:47 Ça a toujours existé, mais ça a été plus visible.
00:29:50 Et donc c'est là où quand même, on s'est rendu compte
00:29:52 qu'il y avait un certain nombre d'étudiants
00:29:54 qui, en plus de la précarité,
00:29:56 c'est-à-dire du manque de moyens qu'ils subissaient au quotidien,
00:30:00 vivaient en plus un mal-être personnel,
00:30:03 parce qu'ils étaient seuls.
00:30:04 Et donc non seulement, ils étaient démunis,
00:30:06 mais en plus seuls.
00:30:07 Et donc c'est vrai que d'avoir pu aussi
00:30:09 avoir ces restaurants sociaux et solidaires,
00:30:11 de pouvoir se rencontrer,
00:30:12 parce qu'à la fois, cette précarité crée aussi un mal-être
00:30:16 et un isolement qui peut être très problématique.
00:30:20 Donc ça aide aussi à se réinsérer,
00:30:23 à ne pas être seul.
00:30:25 Le restaurant étudiant,
00:30:27 le restaurant social et solidaire, par exemple,
00:30:29 qui ouvre plusieurs fois dans la semaine,
00:30:31 ça permet aussi aux étudiants,
00:30:32 non seulement d'avoir un repas qui est gratuit,
00:30:36 mais également d'avoir un moment de convivialité,
00:30:39 de partage avec des étudiants de tous bords,
00:30:42 totalement normal, qui peuvent échanger entre eux.
00:30:44 Pour les étudiants, on parle aussi de la précarité numérique,
00:30:47 la difficulté d'accéder, de se payer un abonnement
00:30:50 pour un smartphone, ce genre de choses.
00:30:51 Est-ce que c'est quelque chose qui vous fait sourire
00:30:53 ou est-ce que c'est quelque chose que vous prenez réellement au sérieux ?
00:30:55 Je ne sais pas qui veut répondre.
00:30:56 Je trouve que c'est très sérieux.
00:30:58 C'est une fracture supplémentaire.
00:31:00 Et très évidemment, nous on voit au resto du cœur
00:31:02 des personnes qui ont la plus grande difficulté,
00:31:05 par exemple, d'aller à un rendez-vous à la CAF, tout simplement.
00:31:07 Parce qu'elles ne savent pas se servir des...
00:31:09 Et comme vous le savez maintenant,
00:31:11 les accès aux services publics,
00:31:12 c'est de plus en plus dématérialisé,
00:31:14 via des plateformes.
00:31:16 Les personnes qui n'ont pas ces aptitudes-là
00:31:18 et qui ont souvent honte de ne pas les avoir,
00:31:20 ils sont isolés, ils ne demandent pas leur droit.
00:31:22 D'ailleurs, c'est un des aspects auxquels nous sommes confrontés,
00:31:25 c'est le non-accès au droit.
00:31:27 C'est-à-dire que ce ne sont pas des personnes qui touchent trop,
00:31:29 ce sont des personnes qui ne touchent pas
00:31:31 ce à quoi elles auraient droit, en théorie.
00:31:33 Parce qu'elles ne savent pas le faire.
00:31:35 Et qu'elles n'ont pas le courage de le dire.
00:31:37 Elles ont honte de le faire.
00:31:39 Depuis maintenant plusieurs mois,
00:31:41 il y a une antenne mobile qui s'appelle le Proxibus,
00:31:43 qui a une double vocation,
00:31:45 aller dans les zones blanches
00:31:47 et sur les campus universitaires.
00:31:50 Il ne distribue pas à manger,
00:31:55 mais par contre, il fait de l'accès au droit,
00:31:57 de l'accès au numérique.
00:31:58 Et effectivement,
00:32:00 le aller-vers, c'est-à-dire de se mettre
00:32:02 au pied des immeubles où habitent les étudiants
00:32:04 pour aller à leur rencontre,
00:32:06 rencontre malheureusement un grand succès.
00:32:10 Effectivement, il y a ces difficultés d'accès.
00:32:12 C'est-à-dire qu'aller sur Instagram,
00:32:14 il n'y a pas de souci.
00:32:15 Mais aller sur son compte Amélie,
00:32:17 ouvrir ses droits,
00:32:18 voir pourquoi son compte est bloqué à la CAF,
00:32:21 c'est tout de suite un obstacle.
00:32:23 Il y a de la prévention aussi autour de la santé.
00:32:26 Et on voit qu'il y a une très forte demande
00:32:31 de la part des étudiants.
00:32:33 Après, pour en revenir
00:32:35 au niveau de cette précarité étudiante,
00:32:37 encore une fois, il faut revenir
00:32:39 à ce qu'est le plus gros poste de dépense
00:32:41 d'un étudiant.
00:32:43 La nourriture, ce n'est pas le plus gros poste.
00:32:45 C'est effectivement le logement.
00:32:48 Et sur le CRUS, par exemple,
00:32:51 de Nice-Toulon, avec qui on travaille
00:32:53 depuis des années,
00:32:54 puisqu'on a des antennes étudiantes,
00:32:56 grâce au CRUS d'ailleurs,
00:32:58 on voit bien que là,
00:33:00 spécifiquement dans notre région,
00:33:02 on a un CRUS très actif,
00:33:04 avec des mises à l'abri d'étudiants,
00:33:06 un vrai travail de collaboration.
00:33:08 Mais ce n'est pas le cas dans d'autres régions de France.
00:33:10 Il y a des régions de France qui refusent,
00:33:12 où les CRUS refusent de travailler avec le Secours Pop.
00:33:14 Parce qu'ils considèrent qu'ils font très bien leur job
00:33:16 et qu'ils n'ont pas besoin du Secours Populaire.
00:33:18 Donc là aussi, il y a des spécificités locales
00:33:21 et des forces.
00:33:22 On a des lignes de force sur le département.
00:33:25 Et effectivement, je pense que
00:33:27 le fait de développer,
00:33:29 il y a eu des grandes opérations de rénovation
00:33:31 de logements étudiants,
00:33:33 c'est la clé.
00:33:34 C'est-à-dire que si effectivement,
00:33:35 l'étudiant, du jour au lendemain,
00:33:36 au lieu de payer 600 euros, il n'en paie plus que 400,
00:33:38 il n'a plus besoin d'aller au Secours Populaire
00:33:40 ni au Restos du Cœur.
00:33:42 Donc, c'est là où les pouvoirs publics
00:33:45 doivent donner les moyens,
00:33:47 là où il faut.
00:33:48 Et effectivement,
00:33:49 alors, nous on s'inscrit un petit peu
00:33:51 au Secours Populaire,
00:33:52 on a une position,
00:33:53 on n'agit pas sur les causes,
00:33:55 parce qu'on considère que c'est au rôle
00:33:57 du député et des élus.
00:33:59 Nous, on agit sur les conséquences.
00:34:01 Et effectivement, ce qu'on a pu constater,
00:34:03 et je pense qu'on partage ces analyses,
00:34:05 c'est que, je prends un exemple du chèque énergie.
00:34:07 Le chèque énergie, il a été distribué
00:34:10 de manière à permettre aux Français.
00:34:12 Et puis, du jour au lendemain, on dit,
00:34:14 ben on arrête.
00:34:15 Oui, ben on arrête pour tout le monde.
00:34:17 Donc, ça veut dire que là, aujourd'hui,
00:34:18 tous les gens qui vont avoir leur facture d'ADF
00:34:20 arrivée au mois de janvier, février,
00:34:22 ils vont se la prendre plein de barres.
00:34:24 Alors, quelqu'un qui gagne 4 ou 5 000 euros par mois,
00:34:26 il ira une fois au restaurant au moins.
00:34:29 Ça ne va pas non plus...
00:34:30 Par contre, celui qui est à 1 400 euros par mois,
00:34:33 ben là, ça va tout changer.
00:34:34 Et ce qu'il va faire,
00:34:35 il va franchir les portes de nos associations
00:34:38 pour aller chercher de l'aide alimentaire
00:34:39 parce qu'il va falloir payer le loyer
00:34:41 et payer la facture d'électricité.
00:34:43 Et donc, nous, ce que l'on dit,
00:34:44 c'est que tous ces dispositifs d'aide
00:34:47 doivent être ciblés.
00:34:49 C'est-à-dire que quand on a entendu ce chèque énergie,
00:34:51 quand on a entendu cette aide à la prime au carburant,
00:34:54 tout ça, c'est distribuer de l'argent
00:34:57 pas nécessairement à des gens
00:34:58 qu'on n'a pas nécessairement besoin.
00:35:00 Et pour nous, l'idée du restaurant à 1 euro,
00:35:04 ça ne touche pas tous les étudiants.
00:35:06 Il y a des étudiants qui n'ont aucun problème
00:35:09 de fin de mois, au contraire.
00:35:11 Et donc, aujourd'hui, pour nous,
00:35:12 il est important que l'on cible.
00:35:15 Mais comment on cible ?
00:35:17 Et c'est là où, effectivement,
00:35:19 je pense qu'il y a le logiciel, pas le même,
00:35:21 du côté des élus que du côté des associations.
00:35:24 Nous, ce qu'on dit à nos associations,
00:35:26 c'est qu'on est sur le terrain.
00:35:28 Entre les Réseaux du cœur, le Secours populaire,
00:35:31 toutes les petites associations,
00:35:32 ce sont des millions de gens qui viennent dans nos...
00:35:35 Nous les connaissons.
00:35:37 Les pouvoirs publics, eux, se basent sur des instruments
00:35:39 qui s'appellent l'INSEE.
00:35:41 Un truc complètement froid, anonyme,
00:35:43 et on vous dit, vous avez 4 858 000 personnes.
00:35:47 Sauf que nous, c'est... on les connaît.
00:35:50 D'où nos bénévoles connaissent.
00:35:51 Et on sait que la réalité,
00:35:53 elle est bien au-delà de ce chiffre.
00:35:55 Et à partir du moment où vous avez un indicateur
00:35:57 qui n'est pas le même,
00:35:59 du côté des associations,
00:36:00 qui exprime un besoin et des difficultés,
00:36:03 et d'un autre, des élus qui prennent des décisions
00:36:06 sur d'autres indicateurs,
00:36:08 du coup, il y a des écarts.
00:36:10 Et aujourd'hui, les étudiants que vous voyez
00:36:12 qui se plaignent aujourd'hui,
00:36:14 ce sont ceux qui sont entre ces deux fourchettes.
00:36:16 Parce que l'INSEE dit quelque chose,
00:36:18 et nous on en dit une autre,
00:36:19 et au milieu, entre les deux,
00:36:21 il y a tous ces gens-là qui viennent dans nos épiceries,
00:36:24 qui viennent nous chercher de l'aide,
00:36:25 qui vont même jusqu'à...
00:36:27 Vous savez, on est dans une antenne étudiante,
00:36:29 le nombre de jeunes femmes qu'on a évité
00:36:31 qu'elles tombent dans la prostitution.
00:36:33 Parce qu'elles étaient c'est soit se nourrir,
00:36:36 soit payer le loyer,
00:36:37 et préférer vendre leur corps.
00:36:39 Donc, c'est une réalité.
00:36:41 Ça, on le sait. Et ça, ce n'est pas écrit dans l'INSEE.
00:36:43 Et donc, aujourd'hui, ce que nous disons,
00:36:45 comme il y a eu la prime de fin d'année
00:36:47 qui a été distribuée,
00:36:49 sur quelle base ? Sur les bases des allocataires.
00:36:51 Très bien. Mais est-ce que tous les allocataires
00:36:53 viennent chez nous ? Bien sûr.
00:36:55 C'est qu'une petite majorité de gens qui viennent...
00:36:57 Les autres ne sont pas allocataires.
00:36:59 Et donc, c'est important
00:37:01 qu'enfin, on se dise
00:37:03 "Mais pourquoi est-ce qu'on vante
00:37:05 autant les mérites de nos associations,
00:37:07 les élus ici, autour de cette table ?
00:37:09 Tout le monde est une élimination."
00:37:11 Sans les associations, on n'y arrive pas.
00:37:13 Sauf que quand les associations disent
00:37:15 "Oui, mais attendez, quand on vous dit qu'il y a 4 millions de gens
00:37:17 qui sont venus au Scope Populaire, qu'il y en a X millions,
00:37:19 et quand on additionne tous ces gens-là,
00:37:21 et si on enlève les dublons, on est à
00:37:23 40 ou 50% de plus que vos chiffres,
00:37:25 pourquoi à ce moment-là, vous ne nous écoutez pas ?
00:37:27 Pourquoi vous n'entendez pas notre message ?
00:37:29 C'est pour ça que moi, je plaide
00:37:31 pour ce couple maire-association.
00:37:33 C'est ce qu'on a fait en Thibes. Le CCRS,
00:37:35 je pense qu'on doit être pareil à Addis et dans les autres grandes villes,
00:37:37 mais le CCRS a la charge de réunir
00:37:39 toutes les associations sur le territoire en Thibois.
00:37:41 Toutes les semaines, il y a une réunion de coordination,
00:37:43 déjà pour faire en sorte que ce soit efficace et efficient,
00:37:45 mais justement pour aller au-delà du cloisonnement.
00:37:47 On est dans un pays hyper-cloisonné.
00:37:49 Cette réunion a la vocation
00:37:51 à faire le point avec les associations qui nous disent
00:37:53 "Telle famille,
00:37:55 elle est juste en-dessous ou juste en-dessus
00:37:57 de la fameuse marge INSEE,
00:37:59 mais elle a besoin d'aide."
00:38:01 Et là, le CCRS de la ville d'Antibes apporte une aide.
00:38:03 Mais ça, c'est du chirurgical.
00:38:05 Et ce chirurgical ne peut se faire qu'au plus proche du terrain.
00:38:07 Je voudrais revenir sur l'histoire du logement, notamment le logement étudiant.
00:38:09 Moi, ce que j'essaie de plaider,
00:38:11 pareil, on l'a fait nous sur Antibes,
00:38:13 c'est toujours sur l'idée de décloisonner,
00:38:15 faire du logement étudiant,
00:38:17 et le mixer avec du logement saisonnier.
00:38:19 C'est-à-dire qu'il y a une idée
00:38:21 qui devrait prospérer, c'est-à-dire
00:38:23 quand on fait un programme de logement étudiant,
00:38:25 on a aussi la problématique de l'attractivité touristique
00:38:27 et du logement des saisonniers.
00:38:29 Nous, on a fait deux programmes sur Antibes, un à Jean Lépin,
00:38:31 un milieu Antibes-Jean,
00:38:33 où de septembre
00:38:35 à juin, c'est du logement étudiant,
00:38:37 et du 20 juin
00:38:39 au 10 septembre, c'est du logement saisonnier.
00:38:41 Ce qui nous permet, entre guillemets,
00:38:43 de "rentabiliser"
00:38:45 l'investissement de logement,
00:38:47 et qui nous permet d'être efficace, parce que le besoin
00:38:49 qu'on a pour nos acteurs touristiques
00:38:51 de logement de saisonnier,
00:38:53 il est réel pour l'attractivité touristique
00:38:55 du territoire, et on comble aussi
00:38:57 le problème du logement étudiant. Mais le problème, c'est que dans notre
00:38:59 pays, on est trop cloisonné.
00:39:01 C'est-à-dire, quand on dit qu'on fait du logement étudiant,
00:39:03 c'est que du logement étudiant. Et quand on dit qu'on veut
00:39:05 faire un logement saisonnier,
00:39:07 c'est pris en charge par les professionnels du secteur,
00:39:09 et ils ne peuvent pas en faire autre chose que
00:39:11 du logement saisonnier ou du logement économique.
00:39:13 Il faut qu'on arrive à décloisonner.
00:39:15 On y arrive si on met un petit peu de bonne volonté.
00:39:17 Nous, je vous dis, on a fait deux beaux programmes sur Antibes
00:39:19 qui fonctionnent comme ça. Et là, on apporte
00:39:21 une solution, je veux dire, les pouvoirs
00:39:23 publics apportent une solution qui est
00:39:25 efficiente, et qui permet modestement,
00:39:27 nous, à l'échelle d'Antibes, de résoudre une partie
00:39:29 de nos deux problèmes, logement des saisonniers et
00:39:31 logement des étudiants. - Alors, Eric Poget,
00:39:33 sans pointer un gouvernement ou un autre,
00:39:35 vous n'avez pas le sentiment que, globalement, les pouvoirs publics
00:39:37 ont un peu sous-estimé le problème, depuis
00:39:39 10, 15, 20, 30 ans ?
00:39:41 - Je pense que la vision
00:39:43 étatique,
00:39:45 nationale,
00:39:47 centralisée,
00:39:49 est décorrélée de la réalité du terrain.
00:39:51 Entre ce qui se décide,
00:39:53 moi, dernièrement, je vous l'ai dit, j'ai interrogé
00:39:55 la ministre Aurore Berger, la fin décembre,
00:39:57 dans le cadre d'une QAG, elle me fait
00:39:59 une réponse en disant "j'ai mis X millions de plus".
00:40:01 Bon, ça me fait
00:40:03 une belle jambe. Est-ce que vous les voyez, les X millions ?
00:40:05 Vous allez les voir, peut-être un beau jour, mais
00:40:07 il y a une décorrélation entre le national,
00:40:09 la vision de la politique nationale,
00:40:11 et la réalité sur le terrain. On en revient à ce qu'on disait
00:40:13 tout à l'heure. Ça, c'est un des
00:40:15 problèmes. Et moi, je pense qu'il faut beaucoup plus de décentralisation,
00:40:17 notamment dans le social, dans la solidarité,
00:40:19 dans le troisième mot de
00:40:21 notre devise "liberté, égalité, fraternité",
00:40:23 dans la fraternité, la fraternité, c'est
00:40:25 quelque chose qui peut se mettre au fronton
00:40:27 de la République, mais qui se décline localement.
00:40:29 Et ça, il faut que ça
00:40:31 devienne dans notre ADN.
00:40:33 Ça, c'est un premier problème. Et après,
00:40:35 le deuxième sujet, c'est vrai aussi que, depuis 20 ans,
00:40:37 on a une paupérisation
00:40:39 de notre société,
00:40:41 qui font que, ce que je disais tout à l'heure,
00:40:43 les riches sont de plus en plus riches,
00:40:45 mais les pauvres sont de plus en plus pauvres. Et donc, l'écart
00:40:47 est important. Et là, on dévie
00:40:49 des fondamentaux
00:40:51 de ce que devrait être la République française.
00:40:53 C'est-à-dire que, ceux qui ont fait un peu de maths,
00:40:55 on a tous appris l'écart à la moyenne. L'écart
00:40:57 à la moyenne, il est en train de s'accroître.
00:40:59 Alors, pour celui qui est dans la partie haute,
00:41:01 il va s'en sortir. Celui qui est dans la partie basse,
00:41:03 c'est de plus en plus compliqué. Et ça,
00:41:05 ça devrait nous interpeller politiquement,
00:41:07 philosophiquement et humainement aussi.
00:41:09 - Ça interpelle aussi
00:41:11 les associations comme la nôtre, parce que c'est...
00:41:13 Pour nous, là, il y a un vrai sujet
00:41:15 de fond, pour ce qu'on ne voit plus là,
00:41:17 mais je pense que c'est partagé par les amis d'ici,
00:41:19 autour de la table. C'est que
00:41:21 notre mission, au départ, c'est une mission humanitaire.
00:41:23 On est là pour
00:41:25 être, à un moment donné,
00:41:27 dans la vie, un accident de la vie,
00:41:29 et intervenir de façon ponctuelle.
00:41:31 On n'est pas là pour faire de l'assistanat et aider
00:41:33 tout au long de la vie quelqu'un.
00:41:35 On doit être là pour, au moment où il tombe,
00:41:37 l'aider à se relever, lui donner
00:41:39 des outils pour pouvoir continuer son parcours
00:41:41 de vie. Aujourd'hui,
00:41:43 on le voit, depuis la Covid, ça s'est
00:41:45 vraiment accéléré, où là,
00:41:47 on devient une mission de service public.
00:41:49 - C'est-à-dire qu'on n'arrive plus à sortir de la précarité ?
00:41:51 - Oui, c'est-à-dire qu'on n'est plus nécessairement
00:41:53 que des gens qui ont des accidents de la vie.
00:41:55 On devient
00:41:57 des sous-Lidl,
00:41:59 des sous-Aldi,
00:42:01 on devient
00:42:03 des annexes
00:42:05 de Pôle emploi, parce que
00:42:07 les mesures qui ont été prises en matière de lutte
00:42:09 contre le chômage, quand une
00:42:11 décision est prise au niveau d'un gouvernement
00:42:13 pour réduire les droits ou pour
00:42:15 les durcir, ça c'est un choix
00:42:17 politique, là-dessus on ne juge pas. Mais par contre,
00:42:19 les conséquences, elles sont où ?
00:42:21 Le nombre de gens qui tombent en fin de droit.
00:42:23 Donc, après, si effectivement
00:42:25 on nous dit "bah oui, comment ça se fait
00:42:27 que vous avez plus de monde ?" On va vous expliquer.
00:42:29 À partir du moment où vous redurcissez certains droits,
00:42:31 certaines allocations,
00:42:33 on parle des allocations de logements,
00:42:35 on a parlé tout à l'heure des étudiants, il y a eu
00:42:37 un dispositif pour réduire les allocations de logements.
00:42:39 Donc, à partir du moment
00:42:41 où il y a des effets, des politiques
00:42:43 qui sont menées, et que
00:42:45 à un moment donné, on ne se pose pas juste la question
00:42:47 d'analyser
00:42:49 ces effets de la politique, et dire
00:42:51 "quand on fait cette mesure-là,
00:42:53 deux ans après, c'est quoi les effets de cette mesure ?"
00:42:55 Alors, on peut dire que c'est le plein emploi. Moi, j'ai toujours
00:42:57 été très étonné, dans toutes mes publications,
00:42:59 c'est de dire "d'un côté, on nous annonce
00:43:01 du plein emploi, et on n'a jamais eu
00:43:03 autant de monde dans nos épiceries."
00:43:05 Donc, c'est que ce plein emploi-là
00:43:07 n'est pas un plein
00:43:09 emploi à vie, c'est un plein emploi
00:43:11 à la survie. - C'est un plein emploi qui n'est pas une solution,
00:43:13 en réalité, puisqu'on a des travailleurs pauvres.
00:43:15 - On a des travailleurs qui sont sans abri.
00:43:17 - Au resto du coeur, on reçoit des jeunes femmes
00:43:19 ou des jeunes hommes qui ont des petits contrats,
00:43:21 qui travaillent, hein, travaillent. - Qui vivent dans la rue.
00:43:23 - Mais ils vivent ou dans leur voiture, ou dans la rue,
00:43:25 et ils ne finissent pas le mois.
00:43:27 Nous, on a 60% des gens qui viennent chez nous
00:43:29 qui n'ont plus rien
00:43:31 après les premiers jours du mois, quoi.
00:43:33 Ils finissent le mois sur la jante.
00:43:35 - Alors, on a parlé des femmes,
00:43:37 on a parlé des étudiants,
00:43:39 les seniors également, les retraités.
00:43:41 On avait l'impression, ça aussi,
00:43:43 c'est des idées tout à fait reçues, mais que sur la Côte
00:43:45 d'Azur, les retraités sont plutôt des gens
00:43:47 heureux, et puis on découvre qu'apparemment, c'est pas
00:43:49 le cas, réellement. - Il y a des retraités
00:43:51 heureux sur la Côte d'Azur, il y en a beaucoup, fort heureusement.
00:43:53 Mais il y en a aussi beaucoup,
00:43:55 et là, c'est une autre configuration.
00:43:57 On a des personnes qui ont des revenus très limités,
00:43:59 très faibles, qui ne font pas face à une situation
00:44:01 d'inflation galopante, qu'on connaît,
00:44:03 on va pas s'étendre là-dessus, et qui se disent
00:44:05 "jusqu'à la fin de mes jours, ce sera ça".
00:44:07 Puisque ça n'évolue pas. Les retraites évoluent très peu,
00:44:09 et les revenus qui sont en face,
00:44:11 eux non plus, ne suffisent pas
00:44:13 à vivre, tout simplement. Le logement,
00:44:15 c'est ce qu'il en est. Peu
00:44:17 de retraités modestes sont propriétaires
00:44:19 de leur logement, malheureusement. Et donc, là, il y a aussi
00:44:21 un facteur de précarité, on les voit dans nos
00:44:23 centres d'activité. Et c'est des personnes,
00:44:25 moi, ça me crève le cœur,
00:44:27 parce qu'on se dit qu'il n'y a pas d'espoir
00:44:29 projeté, vis-à-vis
00:44:31 de ces personnes-là. Parce qu'il n'y aura pas de reprise d'activité,
00:44:33 il n'y aura pas de solution à court terme.
00:44:35 Donc, on sait qu'on est là,
00:44:37 comme tu le disais, dans une mission de
00:44:39 service public. On assiste
00:44:41 des quantités entières de retraités
00:44:43 qui vont rester à nos côtés, et on sera
00:44:45 là, jusqu'à la fin de leurs jours.
00:44:47 Mais c'est là aussi où, pardon,
00:44:49 c'est là aussi où on met en place, nous, collectivités,
00:44:51 des mesures pour le pouvoir d'achat
00:44:53 des seniors aussi, pour essayer
00:44:55 d'améliorer la qualité de vie, et de faire
00:44:57 en sorte qu'ils puissent aussi, sur certains
00:44:59 postes, faire des économies. Et donc,
00:45:01 par exemple, c'est pour ça qu'à la Ville de Nice,
00:45:03 on a créé un restaurant
00:45:05 solidaire et social pour
00:45:07 les seniors de la Ville de Nice, avec des repas
00:45:09 à 3 euros. Parce que ce sont
00:45:11 des moments où, justement, ils peuvent
00:45:13 bien manger, parce que c'est un moment où ils peuvent
00:45:15 manger équilibré. Mais pas que,
00:45:17 parce qu'on constate aussi, à nouveau,
00:45:19 je le répète souvent, mais il y a cette
00:45:21 précarité financière,
00:45:23 mais il y a aussi la précarité et l'isolement
00:45:25 social qui se rajoutent
00:45:27 à la précarité financière, et qui fait qu'à
00:45:29 un moment donné, on peut être en exclusion,
00:45:31 et on peut, à un moment donné,
00:45:33 devenir sans-abri,
00:45:35 parce qu'on a été exclus pas que financièrement,
00:45:37 socialement, etc.
00:45:39 Et un accident de la vie, ça
00:45:41 arrive aussi quand on est
00:45:43 senior. Donc c'est vrai qu'on
00:45:45 met des mesures en place pour faire en sorte
00:45:47 d'éviter cet isolement,
00:45:49 que ce soit un isolement social, que ce soit
00:45:51 un isolement financier, bref,
00:45:53 on essaie de maintenir, pour faire en sorte
00:45:55 justement que ces seniors
00:45:57 vivent bien, jusqu'à la fin
00:45:59 de leur vie. On est là pour les accompagner.
00:46:01 Au Centre Communal d'Action Sociale, on est là pour les accompagner.
00:46:03 À la Ville de Nice aussi.
00:46:05 Il y a une idée aussi, fausse idée,
00:46:07 on dit toujours la Côte d'Azur, les Alpes-Maritimes,
00:46:09 "terres" entre guillemets,
00:46:11 excusez-moi, de vieux, "terres" de
00:46:13 personnes qui viennent passer
00:46:15 leur retraite. Oui, dans le flux
00:46:17 de personnes qui ont les moyens, mais le flux
00:46:19 inverse est très important.
00:46:21 Moi, j'ai rencontré énormément de personnes
00:46:23 qui ont fait leur carrière, qui arrivent à la retraite et qui disent
00:46:25 "bon ben maintenant, je
00:46:27 sors du monde professionnel, je
00:46:29 prends ma retraite et je pars.
00:46:31 Je repars dans une région où
00:46:33 il y avait des liens familiaux, parce que
00:46:35 le coût de la vie est moins cher." Ça, c'est un
00:46:37 élément qui devrait aussi
00:46:39 nous alarmer. Deuxième chose, c'est que
00:46:41 ce service public de la grande précarité
00:46:43 dont vous avez la charge,
00:46:45 il est fondé sur le bénévolat.
00:46:47 Il ne faut pas l'oublier. Ça devrait aussi
00:46:49 nous interpeller. C'est-à-dire que ce sont des...
00:46:51 C'est une colonne vertébrale de bénévoles
00:46:53 qui s'engagent, qui font tourner ça.
00:46:55 Demain, ces bénévoles, eux aussi
00:46:57 vieillissants, eux aussi usés,
00:46:59 eux aussi fatigués ou par manque de reconnaissance,
00:47:01 disent "on peut plus
00:47:03 ou on veut plus". - Mais il y en a de moins en moins.
00:47:05 - Mais quelle est la réponse
00:47:07 de la sphère publique ?
00:47:09 Parce que les Restos du Coeur, Secours Populaire,
00:47:11 votre association, enfin moi les miens que j'ai chez moi sur Antibes,
00:47:13 je vais régulièrement les voir, c'est tout des bénévoles.
00:47:15 Et c'est plutôt des bénévoles âgés.
00:47:17 - Mais justement... - Et c'est ça l'inquiétude.
00:47:19 L'inquiétude, elle est là. - Mais ma question est peut-être naïve,
00:47:21 mais quand on entend le discours des associations,
00:47:23 ça choque tout le monde, on comprend tous
00:47:25 le discours qui est tenu. Pourquoi ça bloque ?
00:47:27 Pourquoi
00:47:29 il n'y a pas d'action de l'État
00:47:31 derrière ? Qu'est-ce qui fait que
00:47:33 sur le terrain, ça reste comme ça et ça n'avance pas ?
00:47:35 - Je peux répondre ?
00:47:37 - Oui, bien sûr. - Voilà.
00:47:39 - Ça nous arrange.
00:47:41 - Quand j'ai commencé
00:47:43 mon association
00:47:45 avec des sans-abri
00:47:47 il y a plus de 10 ans,
00:47:49 j'ai l'impression qu'on avait
00:47:51 un autre profil des sans-abri.
00:47:53 J'ai l'impression que
00:47:55 dernier moment,
00:47:57 on a plus en plus déjà
00:47:59 un autre profil. Parce qu'avant,
00:48:01 on avait des petits messieurs
00:48:03 sympas qui...
00:48:05 ils restent dehors,
00:48:07 ils picolent un petit peu
00:48:09 et tout ça.
00:48:11 "Vous voulez qu'on s'occupe de vous ?" "Non,
00:48:13 le toit c'est mon ciel." Et tout ça.
00:48:15 Aujourd'hui, tout est changé.
00:48:17 Comme nous,
00:48:19 comme association, on n'a pas
00:48:21 de famille.
00:48:23 Parce que rarement, on trouve les enfants
00:48:25 à la rue, mais rarement.
00:48:27 En général, ils sont pris en charge
00:48:29 par l'État et tout ça,
00:48:31 par 115 et des autres.
00:48:33 Avant,
00:48:35 sans savoir rentrer dans
00:48:37 toutes ces problématiques de précarité et tout ça,
00:48:39 je pouvais me poser la question
00:48:41 "Mais mince, la ville, qu'est-ce qu'elle fait
00:48:43 quand on voit autant de sans-abri ?
00:48:45 L'État, il fait quoi ? Les associations
00:48:47 qui sont financées par l'État
00:48:49 ou par la ville, qu'est-ce qu'elles font ?"
00:48:51 Mais je peux vous dire, tout le monde fait
00:48:53 beaucoup. L'État, il fait beaucoup. Parce que nous,
00:48:55 on voit les gens qui sont pris en charge,
00:48:57 mais on ne voit pas
00:48:59 tout ce qu'ils ont déjà pris
00:49:01 en charge. Ville de Nice,
00:49:03 on peut, ou de Vendée,
00:49:05 je ne sais pas, on peut dire
00:49:07 "Oui, ça, il faut améliorer" et tout ça,
00:49:09 mais les gens ne voient pas
00:49:11 tout le travail qui est derrière.
00:49:13 Ils ne voient pas combien
00:49:15 on a de l'écoute
00:49:17 de Ville de Nice aussi, par rapport
00:49:19 à notre problématique. On a
00:49:21 plein de choses qui sont mises en place.
00:49:23 Je sais que vos associations,
00:49:25 elles travaillent autant que la mienne.
00:49:27 On s'est investi avec des bénévoles
00:49:29 et on donne vraiment tout ça,
00:49:31 et pourtant, on a des problèmes.
00:49:33 À mon avis, il y a,
00:49:35 on est trop dans le schéma
00:49:37 de comment c'était avant,
00:49:39 et comment on a géré les choses avant la COVID.
00:49:41 Je ne sais pas comment c'était
00:49:43 avant en France,
00:49:45 mais je pense que
00:49:47 tout a changé,
00:49:49 maintenant, à partir de la COVID.
00:49:51 Je ne sais pas,
00:49:53 chez vous, est-ce que c'est
00:49:55 de plus en plus dur, c'est de plus en plus
00:49:57 difficile, et on n'arrive pas,
00:49:59 en fait, on est tous
00:50:01 soumergés, l'État, la ville,
00:50:03 nous, par rapport à la problématique
00:50:05 que vous dites, logements,
00:50:07 les prix,
00:50:09 si vous voyez les prix, ils ont
00:50:11 augmenté les derniers dix ans,
00:50:13 mais le salaire, pas autant.
00:50:15 Donc il faut tout réviser,
00:50:17 à mon avis, pour pouvoir agir
00:50:19 comme il faut.
00:50:21 - Eric Pouget a pointé un point qui est très
00:50:23 important, me semble-t-il, c'est la fatigue
00:50:25 des bénévoles, le fait que les bénévoles
00:50:27 se sont usés, est-ce que vous le ressentez réellement
00:50:29 dans vos associations ? - Oui.
00:50:31 Oui, oui. - Pour soi-chanter, oui ?
00:50:33 - Oui, oui, tout à fait, on a une classe d'âge
00:50:35 qui constitue
00:50:37 l'essentiel de nos rangs,
00:50:39 c'est les 60-70 ans,
00:50:41 les 75 ans. Bon, c'est
00:50:43 des bénévoles qui sont formidables,
00:50:45 ils sont géniaux, parce qu'ils ont eu une vie
00:50:47 avant, ils ont des compétences,
00:50:49 ils ont des envies, en plus, ils sont en bonne santé
00:50:51 pour la plupart, mais
00:50:53 ils s'épuisent, ils s'épuisent littéralement,
00:50:55 parce qu'aujourd'hui, les associations
00:50:57 fonctionnent uniquement avec des bénévoles,
00:50:59 et ils sont mobilisés,
00:51:01 mais tout le temps, tout le temps, pour conduire un camion,
00:51:03 pour faire une distribution,
00:51:05 pour décharger une palette,
00:51:07 pour aller chercher des vêtements, pour accueillir,
00:51:09 c'est sans arrêt.
00:51:11 - Oui, et puis on n'arrive pas, du coup, à ce qu'il y ait
00:51:13 un gros pool de bénévoles
00:51:15 pour pouvoir ne le faire qu'une fois
00:51:17 par semaine, donc ça veut dire qu'à force,
00:51:19 ils doivent le faire plusieurs fois par semaine. - Absolument.
00:51:21 - Certains ont quand même une vie aussi à côté,
00:51:23 il faut le dire, une vie active,
00:51:25 et donc du coup, il y a cet épuisement,
00:51:27 ce phénomène d'épuisement qui existe.
00:51:29 On le rend compte d'ailleurs tous les week-ends
00:51:31 sur notre site El Nouza
00:51:33 où nous faisons les petits-déj' de la solidarité
00:51:35 avec les associations qui sont
00:51:37 en face de moi, et au début,
00:51:39 il y avait tout un tas de bénévoles,
00:51:41 c'était il y a deux ans, et puis aujourd'hui,
00:51:43 ils sont quatre bénévoles à agir toute l'année.
00:51:45 Donc là, on est en train de se poser
00:51:47 la question de savoir comment faire.
00:51:49 Donc le but, comme on discute
00:51:51 tout le temps entre nous, c'est à nouveau
00:51:53 un travail d'équipe.
00:51:55 On essaye de lancer des appels
00:51:57 aux différentes personnes qu'on connaît.
00:51:59 Voilà, moi, on est en charge
00:52:01 des seniors, et on peut très bien envoyer
00:52:03 un appel à candidature pour les seniors.
00:52:05 Et puis on a décidé aussi de monter
00:52:07 avec la ville de Nice
00:52:09 et sous l'impulsion de notre maire,
00:52:11 un salon du bénévolat pour que les associations
00:52:13 soient présentes ce jour-là et fassent
00:52:15 un appel à bénévoles pour qu'elles puissent aussi
00:52:17 avoir des bénévoles nouveaux
00:52:19 pour présenter leurs actions, pour présenter ce qu'elles font,
00:52:21 et pour donner envie aussi.
00:52:23 Alors pas qu'aux retraités, parce qu'il y a aussi
00:52:25 des jeunes qui ont envie de donner de leur temps.
00:52:27 Après, la problématique, c'est que ça perdure dans le temps.
00:52:29 Donc plus on arrive à avoir des bénévoles,
00:52:31 plus on arrive à avoir une action
00:52:33 de faire tourner
00:52:35 les bénévoles, et moins ça épuise.
00:52:37 Donc voilà, mais c'est vrai qu'on a des gros besoins.
00:52:39 Après, il y a encore une autre chose.
00:52:41 Par exemple, on avait une grande vague
00:52:43 de bénévoles pendant la crise de COVID,
00:52:45 pendant le temps de l'Alex et tout ça.
00:52:47 Parce que je pense que
00:52:49 les citoyens, on se sent touchés.
00:52:51 Nous, personnellement, ça peut nous arriver.
00:52:53 Et ils ne comprennent pas que
00:52:55 sans abrisme, ça peut arriver
00:52:57 à tout le monde. Donc on a tous
00:52:59 les profils de gens qui sont à la roue.
00:53:01 Et genre, la
00:53:03 crise passe, et bien on continue
00:53:05 avec notre vie et on oublie ça.
00:53:07 Si on a 300
00:53:09 personnes qui dorment au mois de janvier
00:53:11 à la roue, c'est la crise.
00:53:13 Donc c'est
00:53:15 vraiment, je ne sais pas,
00:53:17 on passe
00:53:19 à côté des sans-abri,
00:53:21 à côté des personnes âgées qui sont dans
00:53:23 la difficulté, à côté des gens.
00:53:25 À Oasis, on a des filles de 18 ans.
00:53:27 De 18 ans.
00:53:29 Et des femmes de 85 ans.
00:53:31 Donc qui sont à la roue.
00:53:33 Donc je pense que
00:53:35 les gens,
00:53:37 les citoyens en fait,
00:53:39 ont s'habitué de voir
00:53:41 les gens qui sont à la roue.
00:53:43 C'est pas normal. C'est ça qu'il faut
00:53:45 expliquer tout le temps.
00:53:47 Que c'est pas normal de laisser
00:53:49 une personne dehors.
00:53:51 Que tout le monde se prenne
00:53:53 conscience de ça.
00:53:55 Et donner un peu de
00:53:57 sentiment. Parce que moi je viens
00:53:59 d'un petit pays
00:54:01 où on n'a pas ni l'aide comme vous avez
00:54:03 de ville de Nice,
00:54:05 de ville intime, ni l'État, ni autant
00:54:07 d'associations. Et pourtant,
00:54:09 on ne laisse pas les gens dehors.
00:54:11 Déjà chez moi, moi en bas, mon libère.
00:54:13 C'est très important ce que vous dites. Parce que ça c'est
00:54:15 une modification, à mon avis, structurelle
00:54:17 de la société.
00:54:19 Il y a 50 ans en arrière,
00:54:21 dans une structure familiale,
00:54:23 une structure sociétale,
00:54:25 excusez-moi le terme, mais accueillir le pauvre
00:54:27 ou avoir un engagement
00:54:29 solidaire
00:54:31 vers les plus fragiles, ça faisait
00:54:33 partie de l'ADN de la société
00:54:35 dans laquelle on était. Et malheureusement,
00:54:37 on est dans une société qui s'individualise,
00:54:39 qui se matérialise, qui se replie sur soi.
00:54:41 Et donc, ces choses
00:54:43 qui pouvaient paraître naturelles,
00:54:45 je ne sais pas de quel pays vous venez,
00:54:47 qui pouvaient apparaître
00:54:49 naturelles. Moi, quand j'étais
00:54:51 gamin, mes grands-parents,
00:54:53 d'eux-mêmes,
00:54:55 nous au camping, on logeait des gens qui ne savaient pas
00:54:57 où se loger. Mon grand-père faisait ça.
00:54:59 C'était dans l'ADN.
00:55:01 Aujourd'hui, c'est fini ça.
00:55:03 Et donc, du coup,
00:55:05 on rentre à la maison,
00:55:07 on ferme la porte, on branche la télé,
00:55:09 on branche CNews
00:55:11 ou BFM ou LCI.
00:55:13 Et puis,
00:55:15 on connaît du monde que ce que
00:55:17 le petit écran veut bien nous dire. Mais on n'a plus
00:55:19 ce contact-là. Et moi, je trouve
00:55:21 que pour essayer de redonner du goût
00:55:23 de citoyenneté, du goût de solidarité,
00:55:25 il y aurait des actions
00:55:27 à imaginer envers les jeunes.
00:55:29 Ça passe par la formation.
00:55:31 La formation, la sensibilisation, la croix rouge d'Antibes,
00:55:33 il y a pas mal de jeunes qui
00:55:35 viennent. Alors, pas tout de suite leur demander,
00:55:37 ils ont aussi leurs problématiques de jeunes,
00:55:39 d'étudiants, etc. Mais trouver des moyens
00:55:41 de sensibiliser un public
00:55:43 plus jeune à l'engagement
00:55:45 bénévole, à l'engagement citoyen
00:55:47 et, en prisme,
00:55:49 à la fragilité que connaissent un certain nombre de nos
00:55:51 concitoyens, c'est quelque part refaire
00:55:53 un petit peu société comme ça pouvait se faire il y a 50,
00:55:55 60, 70 ans derrière, qui était fait dans les structures familiales.
00:55:57 Monsieur Steltano. Je pense aussi
00:55:59 qu'une des crises du bénévolat,
00:56:01 c'est le problème, c'est que les gens,
00:56:03 ça manque de cohérence.
00:56:05 Je m'explique. C'est-à-dire que
00:56:07 il y a quelques années de ça, des dizaines
00:56:09 d'années, le modèle de société
00:56:11 faisait que
00:56:13 les gens, ils étaient militants,
00:56:15 il y avait des convictions,
00:56:17 et puis, en face d'eux, il y avait des situations
00:56:19 de crise qu'on a pu
00:56:21 rencontrer par le passé,
00:56:23 depuis la Deuxième Guerre mondiale.
00:56:25 Aujourd'hui,
00:56:27 on vit dans une société dissonante.
00:56:29 C'est-à-dire que
00:56:31 on a un flux d'informations
00:56:33 qui sont contradictoires.
00:56:35 C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
00:56:37 pourquoi est-ce qu'on s'engage comme bénévole ?
00:56:39 Pourquoi est-ce que
00:56:41 je vais donner ce qui est plus précieux ?
00:56:43 C'est-à-dire mon temps.
00:56:45 Si je le fais, c'est que je veux que c'ait du sens.
00:56:47 Et là,
00:56:49 le problème, c'est qu'on le voit bien.
00:56:51 On a des bénévoles qui viennent,
00:56:53 ils viennent une semaine et après, ils repartent.
00:56:55 Pourquoi ? Parce qu'en face d'eux,
00:56:57 ils sont des gens et ils se demandent
00:56:59 pourquoi est-ce qu'il est là ?
00:57:01 Pourquoi est-ce que cette dame qui travaille,
00:57:03 elle vient ?
00:57:05 Dans les rayons, j'ai de moins en moins de choses à lui donner.
00:57:07 Et donc, il y a une frustration.
00:57:09 Et un sentiment
00:57:11 d'incapacité.
00:57:13 Et du coup,
00:57:15 de se dire que
00:57:17 je donne du temps et que quand je regarde la télévision,
00:57:19 je vois des gens qui se pavanent.
00:57:21 Je vois des décisions qui sont prises.
00:57:23 On ne sait pas pourquoi.
00:57:25 On n'a pas abordé ce sujet.
00:57:27 Je pense qu'on est au terme de l'émission.
00:57:29 Aujourd'hui,
00:57:31 l'État est quand même la première
00:57:33 machine à précariser les gens.
00:57:35 Il a fallu quand même
00:57:37 que ça soit dans vos colonnes.
00:57:39 Quand on voit qu'un monsieur
00:57:41 qui est étranger
00:57:43 est obligé de passer par les médias pour avoir un renouvellement
00:57:45 de titre de séjour.
00:57:47 Mais il n'y en a pas qu'un.
00:57:49 Aujourd'hui,
00:57:51 si on additionne le nombre
00:57:53 de gens, de travailleurs étrangers
00:57:55 sur notre territoire, en situation régulière,
00:57:57 et qu'ils se retrouvent dans l'égalité
00:57:59 des étudiants qui se retrouvent
00:58:01 à être arrêtés de leurs études parce que
00:58:03 la machine étatique
00:58:05 ne fonctionne pas normalement
00:58:07 et qu'elle se retrouve dans la précarité.
00:58:09 Et quand vous avez un bénévole
00:58:11 qui est là et qui se retrouve face
00:58:13 à un étudiant, par les étudiants.
00:58:15 Vous comprenez, moi j'ai fait mon dépôt
00:58:17 de demande au mois de novembre.
00:58:19 On est bientôt au mois de février.
00:58:21 Le crousse, maintenant je vais perdre mon logement.
00:58:23 Je vais perdre mon logement.
00:58:25 Et généralement ça arrive.
00:58:27 Et je vais perdre mon contrat d'apprentissage.
00:58:29 Donc, aujourd'hui,
00:58:31 ça c'est
00:58:33 un exemple. La CAF,
00:58:35 vous avez une anomalie à la CAF,
00:58:37 mais on vous coupe les allocations.
00:58:39 Et puis on étudie après.
00:58:41 La caisse de retraite, vous n'avez pas envoyé
00:58:43 votre impôt par internet,
00:58:45 on vous coupe vos allocations.
00:58:47 Et quand vous avez des bénévoles
00:58:49 confrontés en permanence
00:58:51 à se dire "mais finalement je rame,
00:58:53 j'écope, alors qu'en face
00:58:55 j'ai des élus,
00:58:57 j'ai un pouvoir en place
00:58:59 qui fait tout le contraire de ce que je fais."
00:59:01 Quand vous ramez à contre-courant,
00:59:03 vous n'étonnez pas si la mobilisation
00:59:05 n'est plus aussi forte.
00:59:07 Et donc si on veut que
00:59:09 le bateau France
00:59:11 ne coupe pas l'eau,
00:59:13 il faut que tout le monde rame dans le même sens.
00:59:15 Et là aujourd'hui, on a un capitaine
00:59:17 qui va dans une autre direction,
00:59:19 et on a dix outillés qui sont les bénévoles
00:59:21 qui vont dans une autre direction.
00:59:23 Et donc je pense qu'aujourd'hui,
00:59:25 je ne parle même pas à l'argent,
00:59:27 c'est qu'à partir du moment où
00:59:29 on se dit que maintenant,
00:59:31 on a charge de la preuve,
00:59:33 elle est du côté de l'État,
00:59:35 elle n'est plus de la côté de celui
00:59:37 qui demande une aide.
00:59:39 Quand je demande une carte de séjour,
00:59:41 on doit me la donner, si j'ai déjà eu,
00:59:43 on doit me la donner.
00:59:45 Si j'ai un problème avec la CAF,
00:59:47 on doit me prévenir, il y a un problème,
00:59:49 mais on continue à me payer mes allocations.
00:59:51 Et s'il y a un trop-perçu,
00:59:53 ce n'est pas la CAF qui va déposer le bilan
00:59:55 si elle récupère son trop-perçu.
00:59:57 Par contre, de couper les vivres pendant deux, trois mois
00:59:59 à une famille parce qu'ils manquent un papier,
01:00:01 c'est juste insupportable parce qu'ils viennent chez nous.
01:00:03 Et ces gens-là, on pourrait éviter qu'ils viennent chez nous.
01:00:05 Et donc,
01:00:07 on en a mille et un exemples,
01:00:09 mais est-ce qu'on veut bien nous écouter ?
01:00:11 Et est-ce qu'on veut bien
01:00:13 prendre les mesures qui s'imposent ?
01:00:15 Et là, les bénévoles, quand il y aura de la cohérence,
01:00:17 je ne parle pas de cohésion, je parle de cohérence,
01:00:19 et qu'on ne fonctionne pas à deux niveaux,
01:00:21 à ce moment-là, je suis sûr
01:00:23 que les Français se réinvestiront. Là, on a vraiment
01:00:25 un sentiment qu'il y a une France
01:00:27 qui marche pour les uns et une France
01:00:29 qui ne marche pas pour les autres.
01:00:31 Justement, on parle des bénévoles, et pour tous ceux qui nous écoutent
01:00:33 et qui ont envie de s'engager, mais qui ne savent pas
01:00:35 comment faire... - Il faut qu'on leur donne le goût quand même !
01:00:37 Il faut qu'on leur donne l'envie !
01:00:39 - Pour la boîte à idées, qu'est-ce que vous aimeriez leur dire ?
01:00:41 Qu'est-ce qui va les encourager pour leur dire de venir ?
01:00:43 - Nous, d'abord,
01:00:45 on les accueille parce qu'on est des gens sympas,
01:00:47 et que l'ambiance dans les centres,
01:00:49 c'est extrêmement sympathique, moi je peux en témoigner.
01:00:51 Vous voyez, il y a des repères
01:00:53 comme ça dans un centre, on mange le jeudi-midi
01:00:55 ensemble, on partage un petit coup
01:00:57 d'apéritif, et puis on mange ensemble ce qu'on a amené,
01:00:59 et bon, c'est super sympa,
01:01:01 il y a une manière de socialiser aussi,
01:01:03 quand on est bénévole, on est à la retraite,
01:01:05 ça donne un sens à sa vie quand même,
01:01:07 il faut dire les choses comme ça. On a moins peur
01:01:09 quand on est bénévole parce qu'on voit les autres de près,
01:01:11 on vit plus en silo
01:01:13 comme on vit lorsqu'on est sur Instagram
01:01:15 toute la journée, on voit des gens différents,
01:01:17 et ça c'est une richesse incroyable, il faut le dire
01:01:19 ça aussi. Il faut dire aussi que
01:01:21 nous, et je pense que
01:01:23 d'autres associations le font, on forme les bénévoles,
01:01:25 on les forme à des logiciels d'approvisionnement,
01:01:27 à des logiciels d'inscription,
01:01:29 à la relation à la personne accueillie,
01:01:31 à l'accompagnement, au retour à l'emploi,
01:01:33 bref, c'est une expérience en soi,
01:01:35 enfin il y a une expérience humaine
01:01:37 et sociale, si j'ose dire,
01:01:39 qui est formidable, et puis
01:01:41 amicale, enfin je veux dire, il y a des
01:01:43 bénévoles que je connais très bien
01:01:45 qui manqueraient pour rien au monde
01:01:47 une ouverture de centre, parce qu'ils savent
01:01:49 qu'ils y trouvent des gens bien,
01:01:51 comme eux, qui croient aux mêmes choses, qui sont différents
01:01:53 d'eux, qui ont des parcours complètement différents,
01:01:55 mais qui pour autant s'entendent bien et conjuguent
01:01:57 leur effort pour répondre à la demande. Ça c'est ça
01:01:59 le bénévolat. - Oui, alors, Anne, ce matin aussi
01:02:01 Emilie, on s'est demandé comment on pouvait donner un coup d'oeil
01:02:03 à notre façon. - Oui, exactement,
01:02:05 et demain, lundi 15 janvier,
01:02:07 toutes les agences du groupe Nice Matin
01:02:09 deviennent des points de collecte pendant un mois
01:02:11 pour les personnes qui se trouvent en difficulté
01:02:13 dans nos villes. Alors, vous pouvez donner des
01:02:15 aliments non périssables, des produits d'hygiène féminine
01:02:17 et des sous-vêtements. Dans un mois,
01:02:19 le 11 février, tous les dons récoltés seront
01:02:21 reversés à des associations caritatives
01:02:23 locales, de Menton, Nice,
01:02:25 Cannes-sur-Mer, Antibes, Cannes-Grasse, à ces temps
01:02:27 sur tout le territoire. On vous donne rendez-vous
01:02:29 sur le site de Nice Matin et dans le journal pour connaître
01:02:31 l'horaire de la collecte. - Bien,
01:02:33 ce sera le mot de la fin, F-I-N,
01:02:35 bien sûr. Merci à tous pour votre
01:02:37 présence. Merci à Sophie Dancé et
01:02:39 Philippe Bertigny qui ont réalisé cette émission,
01:02:41 que vous pourrez retrouver sur Facebook,
01:02:43 sur Youtube, sur toutes les chaînes du groupe Nice Matin.
01:02:45 Pour ceux qui veulent aller plus loin,
01:02:47 n'hésitez pas à suivre le dossier spécial
01:02:49 que va consacrer Nice Matin à la précarité
01:02:51 qui paraîtra ce lundi
01:02:53 dans tous les bons kiosques, il n'y en a pas de mauvais.
01:02:55 Merci beaucoup de nous avoir suivis.
01:02:57 Bonne journée à tous et à très bientôt.
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