Plus de trois mois après l'attaque de l'armée israélienne contre Gaza, la guerre semble s'éterniser sans qu'aucune perspective de solution politique apparaisse à l'horizon. Les représentants de l'Autorité palestinienne en Europe reprochent à l'Union européenne d'osciller entre impuissance et complicité. Pourquoi ? Quel rôle peuvent jouer les mobilisations citoyennes en Europe et dans le monde, contre la guerre menée par Israël ?
Entretien exclusif avec Adel Atieh, Ambassadeur de Palestine, chef de mission adjoint auprès de l'Union européenne.
Entretien exclusif avec Adel Atieh, Ambassadeur de Palestine, chef de mission adjoint auprès de l'Union européenne.
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00:00 Bonjour Adèle Attier, vous êtes ambassadeur de Palestine, chef de mission adjoint auprès de l'Union européenne.
00:08 Merci d'abord à vous d'avoir accepté de venir sur le plateau de l'humanité pour que nous puissions faire le point sur la situation,
00:15 bien entendu à Gaza, dans les territoires occupés de Cisjordanie, et que vous nous disiez quelle perspective vous voyez dans la conjoncture actuelle
00:24 pour les Palestiniens et pour la Palestine tout simplement. Tout d'abord, simplement une question que j'aimerais vous poser,
00:31 quelles sont les dernières informations dont vous disposez, vous, sur la situation à Gaza, sur les habitants, la situation des habitants de Gaza ?
00:40 Merci de me recevoir pour cette émission. La situation sur le terrain est une situation dramatique parce qu'Israël continue de bombarder
00:48 les infrastructures civiles palestiniennes. Aujourd'hui, je pense que nous avons à peu près 23 000 victimes palestiniennes,
00:56 dont 70% sont des enfants et des femmes, et vous rajoutez à ceci à peu près 9 000 Palestiniens disparus,
01:04 dont les corps sont encore sous les décombres des maisons bombardées par l'armée israélienne.
01:10 Parallèlement à ça, Israël a bombardé systématiquement toutes les infrastructures de la santé,
01:16 les hôpitaux sont pratiquement hors fonction, elle a bombardé des écoles, elle a bombardé des mosquées,
01:22 elle a bombardé des églises, dans l'esprit d'obliger la population palestinienne, telle que Nathanael l'a déclarée au début de la guerre.
01:29 Elle a demandé aux Palestiniens de Gaza de partir, ou dans l'esprit de Nathanael, de partir vers l'Egypte,
01:36 d'exiler le peuple palestinien une deuxième fois. Donc tous ces bombardements aveugles tuaient un maximum de nombre de Palestiniens,
01:43 pour priver les Palestiniens de l'accès à l'eau, à l'électricité, aux médicaments,
01:48 c'est pour pousser, obliger la population palestinienne de quitter, mais l'obliger de partir par la force de feu
01:55 et la force de destruction des infrastructures civiles.
01:59 Il y a Gaza, il y a aussi la Cisjordanie, quelle est la situation encore une fois actuellement sur place,
02:06 sachant que là aussi il y a des morts, dû à l'armée israélienne, aux colons, on est dans une situation identique ?
02:12 Tout à fait, ce qui se passe en Cisjordanie, à la lumière de ce qui se passe à Gaza,
02:17 ça s'inscrit dans le cadre de la stratégie israélienne de rendre la vie de la population palestinienne impossible,
02:25 afin de l'obliger de partir. Aujourd'hui, tant que l'armée israélienne qui est le colon en Cisjordanie,
02:31 elle a la main libre pour détruire, pour tuer un maximum, pour harceler la population civile en Cisjordanie.
02:39 Depuis le 7 octobre à aujourd'hui, ce sont 356 Palestiniens tués en Cisjordanie,
02:45 dont un nombre, un bon nombre tués par les colons israéliens.
02:50 Donc le colon avec l'armée sème la terreur par les incursions répétées des villes et des villages israéliennes,
02:58 par les arrestations et par les assassinats, et plusieurs Palestiniens ont été abattus de sang-froid par l'armée israélienne ces derniers jours.
03:07 Adélatier, vous êtes, je l'ai dit, ambassadeur, chef de mission adjoint auprès des institutions européennes,
03:14 dont vous les fréquentez tous les jours, vous rencontrez des responsables en permanence de l'Union européenne,
03:20 à quelque niveau que ce soit. J'allais lire comment vous définiriez, nous sommes ici au Parlement européen,
03:25 juste à côté de nous, les députés sont de l'autre côté, comment est-ce que vous définiriez précisément
03:31 l'attitude dans cette guerre de l'Europe, l'attitude vis-à-vis des Palestiniens, sachant que, je le redis pour ceux qui nous écoutent,
03:40 il va y avoir un débat dans quelques minutes, là, à l'intérieur du Parlement européen, qui donnera lieu au vote d'une résolution jeudi
03:48 sur la question de Gaza, sur la question des territoires de Cisjordanie. Comment vous définiriez cette attitude ?
03:55 On a maintenant trois mois de recul. Comment s'est comportée globalement l'Union européenne ?
04:01 Alors, si je dois qualifier la position du Parlement européen et de l'Union européenne en général, c'est malheureusement
04:07 la position exprimée par les institutions de l'Union européenne, c'est une position irresponsable, parce que depuis le début de la guerre,
04:17 Israël a reçu un soutien inconditionnel, ce qui a encouragé les dirigeants israéliens à poursuivre, intensifier les attaques militaires
04:28 contre la population civile à Gaza, ce qui nous donne le résultat aujourd'hui d'un véritable massacre.
04:33 D'ailleurs, Israël est accusé de commettre des génocides. La Cour internationale de justice, aujourd'hui,
04:38 est en train d'étudier la possibilité de juger Israël pour des crimes de génocide. Et je pense que ce qui a contribué,
04:45 ce qui a encouragé Israël à intensifier ce bombardement contre les civils palestiniens, c'est cette position de l'Union européenne,
04:53 qui est une position molle. L'Europe a trahi ses propres valeurs, a donné un soutien inconditionnel à une puissance occupante
05:03 qui viole toutes les règles de droit internationales et qui est en train de commettre des crimes et des crimes de guerre
05:09 contre la population palestinienne. C'est une position très étrange parce qu'elle dévoile la situation au Moyen-Orient,
05:17 la situation aujourd'hui en Palestine, a complètement démasqué cette politique de double mesure,
05:24 double poids, de deux mesures de l'Union européenne, alors que l'Union européenne prétend défendre le droit international
05:30 et les valeurs universelles de droit de l'homme dans certaines régions au nord de l'Europe.
05:36 Je me réfère là à la position de l'Ukraine, mais de l'autre côté, elle adopte une position totalement contradictoire
05:45 et elle fournit un soutien inconditionnel à une puissance occupante. Israël, c'est une puissance occupante.
05:52 Israël a annexé une partie des territoires palestiniens et notamment Jérusalem, une partie des territoires arabes et notamment le Golan.
05:59 D'une part, on fournit une assistance contre un pays qu'on accuse d'avoir envahi l'Ukraine.
06:07 On impose des sanctions contre ce pays, des sanctions contre les individus, des sanctions contre les institutions
06:13 et des sanctions contre l'État. Et de l'autre côté avec Israël, on se comporte de manière de…
06:19 avec la complicité, ce qui encourage Israël, aucune sanction n'a été adoptée à l'égard de l'État d'Israël.
06:26 Et pourtant Israël viole l'ensemble des règles de droit international, ce qui finalement encourage cet État à poursuivre le massacre des peuples palestiniens.
06:35 Et tant que cette occupation n'a pas de prix à payer, tant qu'Israël ne paye pas le prix de ses violations, de son comportement,
06:44 je pense qu'Israël n'arrêtera pas. Elle poursuivra le bombardement, elle poursuivra la colonisation,
06:50 elle poursuivra certainement l'assassinat des civils palestiniens à Gaza ou en Cisjordanie.
06:55 – Pour continuer sur l'Union européenne, est-ce qu'il y a des pays tout de même,
07:00 parce que là on parle de l'Union européenne en tant qu'institution globale,
07:03 est-ce que vous ressentez, puisque ça a été le cas dans l'histoire, de la part d'un certain nombre de pays,
07:08 je pense à la France tout bêtement, qui ont une attitude un peu différente de la ligne générale de l'Europe aujourd'hui ?
07:14 – Alors il y a certains pays qui ont rapidement changé leur position, et je me réfère ici notamment à la position de la Belgique,
07:24 la position de l'Espagne, dont les premiers ministres s'y sont exprimés contre la politique israélienne,
07:31 et ils ont appelé très tôt à un cessez-le-feu total à Gaza.
07:36 Maintenant, quand on prend des grandes puissances comme la France,
07:40 la position de la France n'est pas une position responsable,
07:46 qui va avec le rôle historique et le rôle politique de la France.
07:52 La France a la possibilité, a la capacité de forcer Israël à cesser le feu en imposant des sanctions,
08:00 en adoptant une position commune au sein de l'Union européenne afin d'arrêter ce carnage.
08:05 Or, la France a adopté des déclarations contradictoires,
08:09 et jusqu'à aujourd'hui on n'a pas vu une position très claire.
08:12 Oui, le président Macron a changé, certains changements dans son discours,
08:16 mais jusqu'à aujourd'hui on ne voit pas une volonté d'imposer un cessez-le-feu,
08:20 de forcer Israël d'arrêter le bombardement des infrastructures civiles.
08:25 Oui, il y a un changement dans la position de l'Union européenne,
08:28 une légère, nette amélioration,
08:31 mais cette amélioration ne va pas vraiment au niveau des responsabilités politiques et morales de l'Union européenne,
08:39 à assumer ses responsabilités en tant qu'acteur politique global,
08:43 qui défend l'ordre international, qui défend le système légal international.
08:48 Donc l'Europe a adopté des positions qui sont pour le moindre,
08:52 qui tombent très loin derrière nos attentes.
08:58 Je le répète, dans quelques minutes va avoir lieu un débat ici au Parlement européen,
09:01 à la suite de ce que vous venez de dire.
09:03 Il y a quelque chose à en attendre, ou pas grand-chose selon vous ?
09:06 Alors, les déclarations successives aux représentants durant ces dernières quatre semaines sont éclaires.
09:14 Lui, il a une position très avancée par rapport aux États membres.
09:18 Déjà le 15 novembre, il a parlé de la nécessité d'un cessez-le-feu.
09:23 Lui, il s'était exprimé pour un accès inconditionnel de l'aide humanitaire à Gaza.
09:29 Je pense qu'aujourd'hui, il va répéter la même chose,
09:31 la nécessité d'imposer un cessez-le-feu immédiat et total.
09:35 Mais ces déclarations doivent être suivies d'actions,
09:40 comme le dit d'ailleurs lui-même, monsieur Borrell, il dit,
09:42 dans le cadre de conflits israélo-palestiniens, il y a énormément de déclarations,
09:47 il y a très peu d'actions.
09:48 Moi, ce que je voudrais voir aujourd'hui,
09:50 c'est des actions concrètes qui forcent Israël à arrêter ce carnage.
09:55 C'est ça. L'arrêt, on sait qu'il y a des débats sémantiques sur l'histoire de cessez-le-feu,
10:01 cessez-le-feu humanitaire.
10:03 Derrière ça, il y a la question tout de même de la paix,
10:05 c'est-à-dire d'un arrêt de la guerre.
10:08 Il n'en est pas question pour l'instant de ça,
10:11 du côté de l'Union européenne ou du côté des États européens.
10:13 Les États européens, finalement, cette guerre triste,
10:18 cette guerre mortelle a ramené la question palestinienne à l'agenda,
10:23 à l'agenda, la priorité de l'agenda de l'Union européenne,
10:27 la communauté internationale.
10:29 Il y a des idées qui circulent concernant le jour après,
10:34 le lendemain de la fin de la guerre à Gaza.
10:36 Notre position à nous, et ça fait 20 ans que nous parlons de la nécessité
10:41 d'avancer sur la solution à deux États.
10:44 Moi-même, en tant que diplomate, avec le rencontre avec mes collègues à Bruxelles,
10:47 ça fait, pendant ces dernières quatre années,
10:50 j'ai atterri leur attention sur la gravité de la situation.
10:55 J'ai averti mes collègues sur la possibilité d'une vague de violence
10:59 parce que, de l'autre côté, l'absence d'une perspective politique
11:02 a poussé le peuple palestinien dans des désespoirs
11:05 et dans une situation de désespoir.
11:07 Si l'action, si l'option de processus de paix a échoué,
11:12 vous avez d'autres organisations qui viennent proposer d'autres alternatives
11:18 pour mettre fin à cette situation d'occupation.
11:22 Donc, après la guerre, la priorité c'est un cessez-le-feu,
11:26 mais après le cessez-le-feu, il faudra que l'Union européenne
11:29 prenne ses responsabilités, exerce ses pouvoirs politiques et moraux
11:34 afin de forcer Israël de revenir à la table des négociations
11:37 pour la mise en œuvre de la solution à deux États
11:39 pour mettre fin définitivement à cette agression israélienne.
11:43 – On cherche qui pourrait être un élément qui puisse moteur,
11:48 en tous les cas, qui puisse bouger ces frontières
11:52 que vous êtes en train de nous décrire, qui pour l'instant ne bougent pas,
11:54 c'est-à-dire qu'on reste dans la situation dans laquelle on était
11:56 et qui empire de jour en jour.
11:59 Les Palestiniens sont soutenus par des citoyens, aussi en Israël,
12:03 il y a une mobilisation en Israël de personnes qui voudraient effectivement
12:09 qu'on reprenne des discussions, qu'on arrête la guerre, etc.
12:13 Est-ce que ce soutien-là est important ?
12:15 Est-ce que c'est quelque chose qui peut à l'heure actuelle faire bouger
12:20 ces lignes qui semblent statiques à l'instant, tel que vous le décrivez ?
12:23 – C'est extrêmement important, la mobilisation de la société civile israélienne est importante,
12:28 la mobilisation de la société civile européenne,
12:31 telle que nous la voyons aujourd'hui, était très importante,
12:34 et c'est d'ailleurs les plusieurs millions de manifestants
12:38 dans les rues des villes européennes qui ont poussé l'Union européenne
12:41 et certains États membres à corriger leur position,
12:45 tout ceci, c'est extrêmement important.
12:47 Mais ce dont nous avons besoin aujourd'hui, c'est des positions politiques claires.
12:52 Autant que l'Union européenne, autant que ses États membres,
12:55 elles détiennent les instruments nécessaires et suffisants
12:59 pour infléchir le comportement d'Israël.
13:01 Mais ce qui nous manque aujourd'hui, c'est la volonté politique.
13:04 Aujourd'hui, il faut que l'Europe soit honnête avec elle-même,
13:07 il faut que l'Europe se mette en force pour défendre le droit international
13:12 et le système légal et juridique international,
13:16 et imposer à Israël d'accepter la mise en œuvre des résolutions
13:20 de conseil de sécurité, des plans de paix arabes et les accords d'Oslo.
13:25 L'Europe est en position aujourd'hui d'infléchir.
13:28 L'Europe a la possibilité, la capacité d'exercer des pressions sur Israël
13:32 et d'imposer des sanctions, pourquoi pas ?
13:34 Pourquoi c'est interdit de parler de sanctions contre un État
13:36 qui est en train de commettre un génocide,
13:38 qui est en train de commettre un massacre contre le peuple français ?
13:42 - Un État partenaire de l'Europe, par ailleurs.
13:43 - Bien sûr, bien sûr.
13:44 C'est le premier partenaire commercial d'Israël, c'est l'Union européenne.
13:48 L'Union européenne partage avec Israël aussi une large gamme d'accords,
13:52 d'associations et autres choses.
13:54 Ça permet à Israël d'accéder au programme de coopération avec l'Union européenne.
13:58 C'est le même programme que nous avons interrompu,
14:02 que nous avons coupé avec un autre État accusé d'envahir l'Ukraine.
14:08 Mais aujourd'hui, nous voulons que l'Union européenne soit consistante
14:11 avec ses positions et imposer les mêmes choses,
14:14 traiter Israël en État selon les règles de droit international
14:18 et non pas en État en dessous, au-dessus de droit international.
14:22 Tant qu'Israël ne paie pas le prix de cette occupation,
14:25 ne paie pas le prix de ces violations de droit international,
14:30 je ne pense pas qu'il corrigera ce comportement.
14:33 - Alors, vous y répondez en partie,
14:35 mais je vous repose la question sous une autre forme.
14:38 De votre place de diplomate, est-ce que vous pensez,
14:41 est-ce que vous voyez à l'heure actuelle,
14:44 quelques petits voyants un peu perceptibles vers qui laisseraient entendre
14:48 qu'on puisse effectivement ouvrir une perspective diplomatique ?
14:53 J'allais dire, à quelle échelle, à quel niveau ?
14:54 On parle de l'Europe, peut-être ailleurs également ?
14:56 - Alors, il y a des propositions, évidemment,
14:58 parce que la solution à la situation à Gaza
15:01 ne peut se faire que dans le cadre d'une solution globale
15:06 pour mettre fin à l'occupation israélienne.
15:09 Il y a des propositions, il y a des idées,
15:11 et tout dépend de la position de la communauté internationale
15:14 et notamment de l'Union européenne.
15:16 Parce que l'Union européenne était prête aujourd'hui
15:18 d'adopter quelques mesures.
15:19 Je vois un léger changement dans la position de l'Union européenne,
15:23 une certaine amélioration dans la position de l'Union européenne.
15:26 Ce n'est pas suffisant, c'est déjà bien.
15:29 Une résolution au Parlement,
15:30 j'espère qu'elle va être votée à une large majorité,
15:33 appellera pour la première fois un cessez-le-feu immédiat.
15:37 Malheureusement, le 15 novembre, nous avons échoué,
15:41 le Parlement européen a rejeté.
15:44 C'est ça ce qui est quand même extraordinaire.
15:46 C'est les représentants du peuple européen
15:48 qui rejettent le 15 novembre l'appel à un cessez-le-feu.
15:52 C'est quand même pour moi, comme un Palestinien,
15:53 c'est extrêmement choquant.
15:55 Où sont-ils, les valeurs fondatrices de l'Union européenne ?
15:58 Je pense que l'Union européenne, aujourd'hui,
15:59 fait face à deux situations.
16:01 D'une part, sa politique de double poids,
16:04 de deux poids, deux mesures,
16:06 a complètement démasqué ce déséquilibre dans ses positions.
16:11 Ça nécessite de l'Europe de corriger cette politique,
16:14 d'adopter une position plus proche
16:16 du droit du peuple palestinien, du droit international.
16:19 Et de l'autre côté, nous voyons que c'est le résultat
16:24 de la domination de force de la droite dans l'Union européenne.
16:28 C'est la droite et l'extrême droite qui adoptent des positions
16:32 – j'assume mes paroles ici –
16:35 qui adoptent des positions contraires au droit international,
16:38 qui frôlent avec des positions basées sur une certaine perception
16:45 de l'islamophobie et l'arabophobie.
16:48 Parce que ce qui se passe en Ukraine,
16:50 les positions sont très claires,
16:52 les paramètres sont définis de manière extrêmement claire.
16:55 Et ce qui se passe en Israël et en Palestine,
16:57 on adopte une position totalement à l'opposé.
17:00 Alors là, ça invite à réfléchir.
17:04 Pourquoi est-ce que l'Europe, le Parlement,
17:06 les institutions de l'Union européenne
17:08 adoptent une position très ferme dans la question de l'Ukraine ?
17:11 Et pourquoi est-ce qu'elles adoptent cette position de complicité
17:14 avec la puissance occupante quand il s'agit de traiter
17:18 avec la question palestinienne ?
17:19 – En dehors de l'Europe, il y a le reste du monde,
17:21 bien sûr, on le dit à l'instant,
17:23 en tant, encore une fois, vous que diplomate,
17:26 est-ce que vous avez des relations avec d'autres pays,
17:29 d'autres grands pays, on pense bien sûr tous au même,
17:32 États-Unis, Chine, etc.
17:35 Est-ce qu'ailleurs dans le monde, il y a des pays, des États,
17:40 des gouvernements qui se disent que la situation de Gaza
17:43 n'est pas simplement que régionale,
17:46 elle ne concerne pas simplement que le Moyen-Orient
17:48 et pas même que le Moyen-Orient et l'Europe,
17:50 mais qu'elle concerne finalement le monde entier,
17:52 ce qui se dit de plus en plus.
17:54 Est-ce que vous sentez cette sensibilité-là ailleurs
17:57 auprès de certains de vos collègues, de vos homologues ?
18:00 – Je pense que nous sommes en Europe, et je parlerai,
18:03 je mettrai l'accent plus sur l'Union Européenne,
18:06 mais il y a les États-Unis qui est un acteur principal
18:08 et je pense qu'il y a une prise de conscience actuellement
18:12 au sein de l'administration américaine
18:14 qu'il faut changer la stratégie traditionnelle
18:19 de la gestion de la crise et avancer dans une stratégie
18:23 de résoudre le conflit parce que ce conflit,
18:26 comme vous le voyez aujourd'hui, peut déborder au-delà,
18:29 il peut déborder au-delà de frontières.
18:31 Comme vous voyez au sud de Liban aujourd'hui,
18:34 les bases militaires américaines ont été attaquées
18:36 à plusieurs reprises en Syrie ou en Irak,
18:38 et vous avez aussi la situation de navigation
18:41 dans le secteur du Yémen du Sud.
18:44 Donc il y a un risque de débordement,
18:47 il y a un risque que ce conflit soit généralisé,
18:50 ça c'est clair.
18:51 Deuxièmement, on arrive à la conviction
18:56 que la solution au conflit actuel n'est pas une solution militaire
19:01 parce qu'Israël a mené cinq guerres contre Gaza,
19:04 il n'a jamais réussi à éliminer les infrastructures militaires de Hamas,
19:08 donc la solution ne peut être qu'une solution
19:10 diplomatique et politique, ça c'est un.
19:13 Deux, supposons qu'Israël réussisse à éliminer
19:17 les infrastructures militaires de Hamas,
19:19 mais Hamas au-delà des infrastructures militaires,
19:22 c'est une idée, c'est une idéologie qui s'est développée
19:25 parce qu'Israël a complètement ruiné la perspective
19:29 de la solution de deux États,
19:30 parce qu'Israël a ruiné la perspective de processus de paix,
19:34 donc l'alternative proposée à l'échec de processus de paix…
19:37 – On l'appelle les accords d'Oslo, signés…
19:40 – Bien sûr, écoutez, l'échec des accords d'Oslo
19:44 dont Israël porte entièrement la responsabilité,
19:47 était aujourd'hui clair, en 1993,
19:50 on avait 150 000 coulons dans les territoires occupés de Cisjordanie,
19:53 aujourd'hui nous sommes à 750 000 coulons,
19:56 on passe de 70 colonies en 1993 à aujourd'hui il y a 320 colonies,
20:01 donc vraisemblablement, visiblement,
20:04 Israël n'a fait que maintenant 30 années de soi-disant processus de paix,
20:08 n'a fait qu'augmenter, n'a fait que renforcer l'occupation
20:12 et la mainmise sur les territoires palestiniens occupés
20:14 et par conséquent a complètement mené à l'échec ce processus de paix
20:18 dont certains proposent une alternative,
20:20 qui est l'alternative de la violence
20:24 et ce qui se passe aujourd'hui dans les territoires.
20:25 – La question est prématurée bien entendu,
20:27 mais comme vous y avez fait allusion, il y a la question de l'après-guerre,
20:32 il y a la question de la manière dont on va pouvoir,
20:35 dont vous allez pouvoir continuer à maintenir la défense de la Palestine,
20:40 des Palestiniens après cette étape, après cet événement dramatique, tragique,
20:46 qui est en train de se dérouler aujourd'hui sous nos yeux.
20:49 Qu'est-ce qui est possible ?
20:50 Est-ce que derrière ça, sur quelle base on peut faire que,
20:54 on remobilise j'allais dire autour de l'idée que le peuple palestinien
20:58 a le droit d'exister, qu'il a le droit à un territoire tout simplement ?
21:01 – Alors il peut y avoir des dévergences au sein du peuple palestinien
21:04 sur certaines questions politiques,
21:06 mais le peuple palestinien, unanimement, la solution passe par la fin de l'occupation,
21:12 la création d'un État palestinien indépendant aux frontières de 1967
21:16 avec Jérusalem comme sa capitale.
21:18 D'ailleurs Hamas a fait des déclarations assez avancées, étonnantes à cet égard,
21:23 à accepter l'idée d'un État palestinien dans les territoires occupés de 1967.
21:30 Alors une fois qu'il nous semble d'accord,
21:31 que les communautés internationales, que l'Union européenne
21:34 est prête finalement d'assumer son rôle,
21:36 de rompre avec cette politique de deux poids, deux mesures,
21:39 à assumer ses responsabilités,
21:43 à aider le peuple palestinien à avancer pour réaliser ce droit à l'autodétermination,
21:49 je pense là qu'on peut aboutir à une perspective assez positive
21:53 et que le peuple palestinien finalement,
21:55 avec sa direction politique, que ce soit de l'autorité palestinienne ou l'OALP,
21:59 pourra mener à bien, pourra gérer de manière efficace
22:04 les institutions de l'autorité palestinienne, de l'État palestinien
22:07 et exercer sa souveraineté sur l'ensemble des territoires occupés depuis 1967,
22:13 y compris la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem Est.
22:17 – On va rester sur cette note d'espoir, cette petite note d'espoir,
22:20 cette petite étincelle Adèle Attier.
22:22 Merci beaucoup de nous avoir parlé de toute cette question.
22:27 Bien sûr, nous restons évidemment, vous le savez,
22:30 attentifs à tout ce qui se passe en Palestine.
22:32 On aura l'occasion de se retrouver, je l'espère.
22:34 Au revoir, merci à vous et merci à vous qui nous avez suivis, au revoir.
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