Le travail des éducateurs de rue, qui oeuvrent souvent dans l'ombre, n'est pas toujours compris, ou mal connu. Leur défi est d'aller à la rencontre de jeunes qu'ils repèrent, aussi bien dans la rue que devant un collège ou un lycée, fréquemment en difficultés scolaires, parfois en rupture familiale.
Les éducateurs de rue de la fondation Jeunesse Feu Vert arpentent les territoires des quartiers de Paris et de ses banlieues défavorisés. Ils sont souvent les seuls interlocuteurs disponibles pour ces jeunes en rupture de ban ou risquant de l'être.
Quels sont les liens de confiance, pas toujours faciles à mettre en place, qui se tissent entre ces éducateurs en prévention spécialisée et ces jeunes en difficulté ? Comment les accompagnent-ils pour retrouver une place dans la société et redonner du sens à leur vie ?
Documentaire réalisé par : Paule Muxel / Écrit par : Paule Muxel et Anne Muxel
Année : 2023 / Durée : 53' Coproduction : Kando / LCP-Assemblée nationale
Les éducateurs de rue de la fondation Jeunesse Feu Vert arpentent les territoires des quartiers de Paris et de ses banlieues défavorisés. Ils sont souvent les seuls interlocuteurs disponibles pour ces jeunes en rupture de ban ou risquant de l'être.
Quels sont les liens de confiance, pas toujours faciles à mettre en place, qui se tissent entre ces éducateurs en prévention spécialisée et ces jeunes en difficulté ? Comment les accompagnent-ils pour retrouver une place dans la société et redonner du sens à leur vie ?
Documentaire réalisé par : Paule Muxel / Écrit par : Paule Muxel et Anne Muxel
Année : 2023 / Durée : 53' Coproduction : Kando / LCP-Assemblée nationale
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00:00 Je suis allée à la rencontre de quelques éducateurs et éducatrices, et des jeunes
00:17 et des adultes entre 12 et 40 ans.
00:19 À Paris, porte de Ventre, dans le 14e, et place des fêtes dans le 19e.
00:23 Et aussi le 93 à Saint-Ouen et à Épinay-sur-Seine.
00:27 Le travail des éducateurs se trouve au cœur de la prévention de l'enfance.
00:33 Ils aident les jeunes en difficulté et créent des liens.
00:36 Dire un simple bonjour, être toujours présent dans les quartiers, dans la rue, dans le local
00:43 des éducateurs, dans les familles.
00:45 Ils les accompagnent sur toutes sortes de situations souvent instables.
00:50 Ils sont là dans les endroits où parfois il n'y a plus personne.
00:53 Un lien sur le temps, qui construit la relation ou pas, mais qui laisse une présence de
00:59 confiance sur le trajet des jeunes.
01:00 Bon, bah bon foot les garçons ! Entraînez-vous bien !
01:09 T'as des nouvelles toi pour ta détection ?
01:12 Ouais j'ai été pire, je pouvais pas faire.
01:15 Pourquoi ?
01:16 J'ai été blessé.
01:17 D'où t'es blessé ? Qu'est-ce que t'es fait ?
01:18 J'ai mal au genou.
01:19 T'as mal au genou ? Un coup pendant le foot ?
01:23 Ça a tapé l'endroit où t'as mal ?
01:25 Est-ce que tu l'as immobilisé ? Est-ce que t'as mis de la pommade ?
01:27 Est-ce que t'as fait ce qu'il fallait ?
01:28 Moi je te conseille quand même d'aller voir un médecin.
01:31 Prends soin de toi, c'est important.
01:32 Allez, bon foot les garçons ! Salut !
01:38 Je suis arrivé ici avec encore une grande proximité d'âge, au final, avec les jeunes
01:45 qu'on accompagne, 12-21.
01:47 Après on sait qu'au final la prévention spécialisée, on dit pas un jeune à 21 ans,
01:52 maintenant tu te démerdes.
01:53 Donc il y avait des jeunes de 24, de 25, de 30 ans.
01:57 Quand je suis arrivé le premier soir où je me suis retrouvé tout seul dans le local
02:01 avec des grands qui me testaient un peu, qui me bousculaient, voir comment je réagissais,
02:07 est-ce que je tenais la route, tout ça, je me suis dit "Waouh, c'est pas un boulot
02:13 facile".
02:14 Et en fait c'est par les actes qu'on crée la relation de confiance.
02:21 J'ai un souvenir dans ce bureau justement, mon premier été, je suis arrivé en février,
02:26 je me suis retrouvée toute seule un long moment parce que mes collègues étaient en
02:29 vacances, on n'était que 3 à ce moment-là, et des grands qui sont venus, des grands de
02:33 mon âge, de 25 ans, ils étaient 4, ils se sont posés dans ce bureau, 3, et en fait
02:38 ils ont sorti un couteau.
02:39 Ils m'ont demandé de mettre la main comme ça, et qu'ils fassent "tac, tac, tac, tac,
02:44 tac".
02:45 Donc j'ai refusé, mais ça a été compliqué pour moi, ils m'ont posé des questions sur
02:49 ma sexualité, donc je leur ai répondu de la sexualité en général, enfin un orgasme
02:58 féminin, mais ça a été assez déconcertant pour moi.
03:02 J'ai tenu, j'ai bien tenu, et quand ils sont sortis, je me vois en fait transpirer,
03:07 j'en pouvais plus, j'ai même les larmes qui se sont montées, parce que j'ai eu peur
03:10 en fait, j'ai eu peur pour moi.
03:11 Je me suis dit "mais qu'est-ce qu'ils vont me faire avec leur couteau là, des grands
03:15 qui sortaient de prison".
03:16 Enfin voilà, c'est quand on est reparlé aux grands, et ils ne se rappellent plus,
03:19 ils me disent "non, c'est pas grave, t'as pas fait ça Caro quand même".
03:22 Je me dis "bah si, si on avait fait ça".
03:24 Ils me disent "mais t'as eu peur ?" J'ai dit "mais évidemment que j'ai eu peur".
03:26 Et je leur ai dit, j'ai cru qu'ils voulaient peut-être me violer, j'ai eu peur les garçons.
03:30 "Vous vous rendez pas compte, vous me sortez un couteau, il y en a qui venaient de sortir
03:33 de prison, je ne vous connaissais pas plus que ça, donc oui j'ai eu peur".
03:37 Et ils m'ont dit "mais tu sais, on t'a testé je pense à ce moment-là, c'était
03:40 pour voir si tu tenais".
03:41 Et en fait il y a vraiment tout ce truc de test aussi qui est vachement important en
03:44 prévention spécialisée, surtout nous en tant que femmes, tout ce qui va être la drague.
03:48 Ils vont tester, ils vont mettre...
03:50 Ton CV ?
03:51 - Non.
03:52 - Là-dessus ?
03:53 - Oui s'il te plaît.
03:54 J'ai envoyé, mais je ne sais pas si c'est vraiment parti ou pas.
03:57 - Mais c'est pas un CV ça ? C'est pas une adresse mail je veux dire ça ?
04:00 - Si, si.
04:01 - T'as beaucoup d'amis ?
04:03 - Oui, beaucoup.
04:04 - Beaucoup ?
04:05 - Oui.
04:06 - Dans le quartier ? T'en connais plein ?
04:08 - Non, presque tout le monde.
04:11 - Et tout le monde te connait ?
04:12 - Oui.
04:13 - Et tout le monde connait Fovard ?
04:14 - Euh... presque.
04:15 - Qu'est-ce qu'on dit des éducateurs ? Tes copains, tout ça, tout le monde...
04:21 - Ils disent que ça serait bien s'ils s'inscrivaient mais le problème c'est que des fois ils sont
04:26 occupés pendant la semaine.
04:27 - Et tu passes les voir dans le local ?
04:30 - Oui, à chaque fois que je passe par là, je vois qu'il s'est ouvert, qu'il dit bonjour.
04:36 - Je me souviens de toi disant venir voir les éducateurs c'est bien mais ça ne durera
04:40 pas toute la vie.
04:41 Tu aimerais que ça dure toute la vie ?
04:46 - Oui.
04:47 - Tu sais pourquoi ?
04:48 - Parce que c'est génial.
04:49 - C'est pas du tout ça.
04:50 - C'est pas du tout ça.
04:51 - C'est pas du tout ça.
04:52 - C'est pas du tout ça.
04:53 - C'est pas du tout ça.
04:54 - C'est pas du tout ça.
04:55 - C'est pas du tout ça.
04:56 - C'est pas du tout ça.
04:57 - C'est pas du tout ça.
04:58 - C'est pas du tout ça.
04:59 - C'est pas du tout ça.
05:00 - C'est pas du tout ça.
05:01 - C'est pas du tout ça.
05:02 - C'est pas du tout ça.
05:05 - C'est pas du tout ça.
05:08 - C'est pas du tout ça.
05:11 - C'est pas du tout ça.
05:14 - C'est pas du tout ça.
05:17 - C'est pas du tout ça.
05:20 - C'est pas du tout ça.
05:23 - C'est pas du tout ça.
05:26 - C'est pas du tout ça.
05:29 - C'est pas du tout ça.
05:30 - C'est pas du tout ça.
05:31 - C'est pas du tout ça.
05:32 - C'est pas du tout ça.
05:33 - C'est pas du tout ça.
05:34 - C'est pas du tout ça.
05:35 - C'est pas du tout ça.
05:36 - C'est pas du tout ça.
05:37 - C'est pas du tout ça.
05:38 - C'est pas du tout ça.
05:39 - C'est pas du tout ça.
05:40 - C'est pas du tout ça.
05:41 - C'est pas du tout ça.
05:42 - C'est pas du tout ça.
05:43 - C'est pas du tout ça.
05:44 - C'est pas du tout ça.
05:45 - C'est pas du tout ça.
05:46 - C'est pas du tout ça.
05:47 - C'est pas du tout ça.
05:48 - C'est pas du tout ça.
05:49 - C'est pas du tout ça.
05:50 - C'est pas du tout ça.
05:51 - Je l'ai entendu.
06:03 - Cyberharcèlement.
06:04 - On a le cyberharcèlement.
06:05 Donc ça c'est le harcèlement qui se fait sur...
06:06 - Les réseaux.
06:07 - Les réseaux sociaux.
06:08 - Est-ce que ça se fait beaucoup ça ?
06:09 - Oui.
06:10 - Oui.
06:11 - Oui.
06:12 - Et face à une personne qui subit du harcèlement, vous pouvez en parler à une personne de confiance.
06:18 Ça peut être qui cette personne de confiance ?
06:21 Est-ce que ça peut être les parents ?
06:22 - Oui.
06:23 - Oui.
06:24 - Non, non, non, non.
06:25 - Ça peut être les parents, un professeur, surveillant CPE, psychologue, infirmière.
06:31 Est-ce qu'il peut y avoir d'autres adultes de confiance à qui on peut en parler ?
06:34 - Non, mais en fait, madame, je ne sais pas ce que...
06:36 - Ah, ça peut être qui ?
06:37 - Vous.
06:38 - Mais nous, on est qui ?
06:39 - Les profs.
06:40 - On n'est pas des profs.
06:41 - Pas des profs.
06:42 - Des assistantes.
06:43 - Des psychologues.
06:44 - Non.
06:45 - On n'est pas des...
06:46 - Mais qu'est-ce qu'ils racontent ?
06:47 - On est des adultes.
06:48 - On est des adultes.
06:49 - On est des adultes.
06:50 - Oui, on peut commencer par là.
06:51 - Non.
06:52 - C'est la réalité.
06:53 - On est des directrices.
06:54 - Non, on n'est pas assistantes sociales.
06:55 - Non plus.
06:56 - Des prétendantes.
06:57 - Donc, vous pouvez en parler à des éducateurs, d'accord ?
07:00 - Oui.
07:01 - Il faut savoir que, par exemple, un éducateur, comme un psychologue, comme une infirmière,
07:07 comme un assistante sociale, sont soumis aux secrets professionnels.
07:11 C'est-à-dire que vous pouvez nous confier des choses et nous, on ne va pas aller le répéter
07:14 à vos parents.
07:15 Sauf, bien sûr, il y a des conditions.
07:17 Si on estime que vous êtes en danger, oui, on sera amené à en parler à vos parents.
07:21 Mais nous sommes soumis aux secrets professionnels.
07:24 - Je ne suis jamais tombée sur un jeune qui dit "ça ne m'intéresse pas".
07:28 Des fois, il n'ose pas trop le dire.
07:30 "Oui, je passe bientôt".
07:32 Au moins, il sait où nous trouver.
07:35 Après, des fois, ça prend du temps.
07:37 Je sais qu'il y a des jeunes qui ont été accompagnés 5 ans après.
07:41 Le principal, c'est qu'il nous ait repérés en tant que personnes ressources.
07:44 Et si un jour, il estime qu'il a besoin de nous solliciter, il sait où nous trouver.
07:48 Après, c'est pour ça que c'est important de créer du lien.
07:52 Parce que quand le lien manque, on a du mal à échanger avec les jeunes.
07:56 Et c'est réciproque.
07:58 Et du coup, c'est pour ça que c'est important de consolider, de renforcer ce lien-là,
08:02 qui est un lien d'échange, de confiance mutuelle.
08:06 Et le plus difficile, je dirais, c'est au moment où peut-être j'ai du mal à comprendre
08:11 ce qu'un jeune veut me dire.
08:13 Après, ça se travaille sur la durée.
08:15 Et c'est pas grave, on le formule autrement.
08:17 Des fois, il faut se répéter.
08:19 Il faut faire preuve de patience.
08:20 Le jeune, il en a marre parce qu'à l'école, tout le monde lui dit ça.
08:33 Il rentre chez lui, ses parents lui disent ça.
08:35 Et puis, moi, quand il est avec moi,
08:38 sans forcément faire la part des choses, je lui dis la même chose.
08:42 C'est pas marché.
08:44 Et moi, quel moyen j'ai pour lui faire comprendre autrement ?
08:48 Le moyen le plus efficace, c'est le temps.
08:52 Les enseignants, eux, ils crient trop.
09:11 Et moi, j'en ai marre de l'école parce que c'est trop nul, parce que ça me saoule.
09:15 Après, ma mère, elle me crie dessus quand j'ai des mauvaises notes.
09:18 Je la rend énervée.
09:19 Moi, j'aime pas la rendre énervée.
09:21 - Qu'est-ce que vous avez envie de faire, tout le temps ?
09:23 - Moi, footballer.
09:25 Et moi, si j'arrive pas à percer dans le foot,
09:29 si j'arrive pas à gagner des soules dans le foot,
09:32 je vais essayer d'être architecte ou ingénieur.
09:38 J'ai toujours dit que j'ai hâte d'avoir une carte bancaire.
09:41 Parce qu'en fait, quand je demande des trucs à mes parents,
09:43 à chaque fois, ils me disent non, non, non, non, non, non.
09:46 Du coup, moi, j'ai hâte d'avoir une carte bancaire.
09:48 Et j'ai hâte de travailler comme ça.
09:50 J'ai beaucoup de tchita, comme on dit.
09:53 Comme ça, je pourrais m'acheter tous mes plaisirs.
09:56 - Il y a une chose qui vient juste d'arriver.
10:00 Ça peut être dans le malheur et dans le bonheur.
10:05 Tu vois, il te voit dans une main d'oeuvre que t'aimes bien.
10:10 Tu l'aimes bien, tu lui fais confiance.
10:12 Tu lui fais confiance, tu vas lui dire.
10:15 Par exemple, tu vas rentrer dans une salle,
10:20 ils vont te dire d'enlever la capuche.
10:22 D'abord, t'as pas le droit de dire...
10:26 Ils vont pas te laisser dire des gros mots.
10:28 Plein de choses.
10:30 L'âme.
10:33 Moi, j'ai trois projets.
10:35 D'abord, mon plan A, rappeur.
10:41 Si ça marche pas, j'ai un plan B, c'est acteur.
10:45 Si ça marche pas, plan C, boxeur.
10:48 - Je pense que ce qu'il a voulu dire,
10:51 en tout cas par rapport à la discussion qu'on a eue,
10:53 c'était de parler déjà de l'avenir
10:55 et d'être capable de se projeter.
10:57 Le fait de voir ça chez les très jeunes, déjà,
11:00 qui, sans même savoir ce qu'ils veulent faire,
11:03 savent ce qu'ils veulent être.
11:05 Et être du bon côté de la barrière à cet âge-là,
11:08 c'est déjà très important pour moi.
11:11 - Là, vous êtes relous. Vous êtes...
11:23 - Je vais reposer.
11:29 - Un déshonneur.
11:31 - Dans la manière dont ils se présentaient à nous,
11:39 je savais qu'ils étaient là pour nous.
11:42 Qu'ils pouvaient nous écouter
11:45 et nous aider dans plein de domaines.
11:48 - Ma manière de réfléchir, je pense, grâce à eux,
11:52 elle a changé un peu au niveau maturité.
11:55 Au niveau maturité, je pense que ça a changé.
11:58 Parce qu'avant, j'étais un gamin.
12:00 Mais là, depuis, je me comporte un peu plus comme un adulte.
12:04 Et en vrai, si je suis content, c'est mieux.
12:08 - En fait, c'est avec... C'est pas avec le temps,
12:12 mais je sais pas comment expliquer.
12:14 Au fur et à mesure qu'on comprend ce qu'ils font,
12:17 ce qu'ils font dans leur métier,
12:20 ils se mettent dans notre peau, en gros.
12:23 Et ils nous mettent à l'aise aussi, les éducateurs.
12:27 - C'est le premier séjour qu'on fait avec eux.
12:30 On a proposé de partir 3-4 jours dans le feu vert.
12:34 Ils sont un peu fatigués, du coup, vu qu'ils dorment pas trop la nuit.
12:38 Mais ça va, ils ont pas fait trop de bruit cette nuit.
12:41 Forcément, quand on les entend parler, on apprend des choses.
12:45 Ou quand ils nous parlent,
12:47 quand on est posés pendant des heures ici, du coup, ils souffrent.
12:51 Là, avec eux, on travaille aussi les gros mots,
12:54 ou la façon de se comporter
12:56 quand on est...
12:58 Quand il y a des éducateurs ou quand il y a d'autres personnes.
13:01 Et là, je sens, par exemple, le travail, il avance.
13:04 Au tout début, il y a un an, c'était pas du tout comme ça.
13:07 Les gros mots, ça fusait dans tous les sens.
13:09 Ils sont dans une bulle, donc ils se rendent pas compte
13:12 du regard des gens ou de ce que les gens peuvent penser d'eux.
13:15 Ils le voient plus, ils font plus attention à ça.
13:18 Ils grandissent aussi, mais je pense qu'il y a aussi le travail qu'on a fait avec eux.
13:23 (Bruit de machine)
13:25 - Comme ça, regarde, je fais ça, après, clac,
13:32 et après, tu coupes, et après, tu le sors.
13:35 - La technique, regarde, tu détaches, tu détaches.
13:41 Après, t'as lieu, tu colles ici, tu colles, tu colles, tu colles, tu colles, tu colles.
13:45 Tu viens ici, tu reprends le tour, et tu refais un tour après.
13:51 - Ah oui, c'est un homme en mariée, c'est excellent, ça.
13:54 - Comment tu te nommes ? - Euh, Bavard, s'il te plaît.
13:57 - Moi, ce que j'ai toujours trouvé exceptionnel chez ces jeunes,
14:01 mais même adultes, c'est cette capacité de rebondir.
14:06 Ils ont une espèce de... et puis de dédramatisation, tu vois,
14:12 où rien n'est grave, en fait, tout peut être pris à la rigolade.
14:15 Et même, tu le vois dans leur rapport entre eux, ils se chambrent beaucoup.
14:19 Et ça, c'est aussi assez culturel. J'ai souvent mon discours de dire,
14:23 en fait, moi, ce que je veux, c'est pas que vous deveniez quelqu'un d'autre,
14:26 ni que vous me serviez la soupe en ayant l'attitude parfaite d'un enfant sous cloche,
14:32 mais c'est plutôt d'avoir... déguiser votre intelligence
14:36 de sorte d'être adaptée à tout ce qui vous entoure,
14:39 pour pas que la société, elle vous... elle vous...
14:42 elle vous sorte de ses rangs en disant que vous êtes inadaptée.
14:46 Parce que là, du coup, tu vas pas pouvoir prendre la place que tu souhaites prendre.
14:50 Donc l'idée, c'est que tu puisses réaliser tes rêves,
14:53 prendre la place dont tu rêves, en fonction de tes compétences,
14:56 et qu'il y a rien qui est trop beau pour toi, en fait.
14:59 Par contre, faut que t'acceptes de jouer avec les codes.
15:02 (musique douce)
15:05 - Jean-Laurent n'est pas encore parlé, mais moi, dans...
15:13 On n'en a pas parlé, mais moi, sincèrement, j'aurais bien repris les deux mêmes.
15:16 - Ah ouais ? Ça a bien fonctionné ? - Bah, je trouve que ça a bien...
15:19 - C'est un peu cette... - Je trouve que ça a bien fonctionné.
15:21 En plus, là, c'est dans les locaux de la mission locale.
15:23 C'est dans... Du coup, c'est le même prestataire, tu vois.
15:26 J'aurais trouvé ça intéressant de remettre les deux, si vous êtes d'accord.
15:28 Après, fallait que je m'en parle en équipe.
15:30 C'est pour ça que volontairement, je leur en ai pas du tout parlé encore.
15:32 Le 1er lundi, alors que moi, j'ai mon vacances, c'est mon aventure,
15:35 je peux pas plus me rater.
15:37 - Les adolescents, ils ont un mouvement de vie.
15:40 Ils sont fragiles, mais ils ont un mouvement de vie très fort,
15:42 une pulsion de vie très forte.
15:44 Et donc, ils expriment des choses à l'état brut, quoi.
15:48 Et à leur contact, j'apprends...
15:51 J'apprends sur... Sur, effectivement, qu'on peut...
15:55 Que c'est une période où on peut être fragile sur tellement de points.
15:59 Tellement de points.
16:00 Et que c'est important de pouvoir les comprendre,
16:03 de pouvoir leur laisser leur chance,
16:05 de pouvoir les accueillir dans notre société,
16:08 parce que c'est les adultes de demain.
16:10 - 45 secondes, plus ça.
16:13 Je ramène ici au visage, passe ta hanche,
16:16 décolle de ta main, jambe arrière.
16:18 Décolle de ta main, jambe arrière.
16:20 Regarde, je te le profite, je peux le voir.
16:22 Effectivement, pas mal de gamins... J'aime pas l'école.
16:25 J'aime pas l'école, je... Je m'ennuie.
16:29 Je suis au fond de la classe, je bavarde, je dessine.
16:34 De toute façon, j'aime pas la prof.
16:36 Je sais pas ce que j'y fais, à l'école.
16:38 Ça me sert à quoi ? Qu'est-ce que ça va me porter plus tard ?
16:41 Et c'est vrai que... On se pose même plus la question.
16:44 Mais là, dans... Un peu... Il faut que t'ailles à l'école.
16:47 De toute façon, l'école est obligatoire.
16:49 Pourquoi ? Pourquoi je suis obligé d'aller à l'école ?
16:51 Pourquoi, quand on est adulte, on est obligé de bosser ?
16:53 Pourquoi... Il faut pas tricher ?
16:57 Pourquoi...
16:59 Pourquoi ma vie, elle est définie à l'avance ?
17:03 Va moins vite, la qualité, la qualité, pas la quantité.
17:07 Et donc, l'idée, c'est aussi...
17:09 De les aider à se définir, eux-mêmes, en termes d'identité.
17:13 En termes de... Est-ce que ma place, elle est ici ?
17:15 Est-ce que ma place, elle est ailleurs ? Est-ce que ma place, elle est dans les voyages ?
17:17 Est-ce que ma place, elle est auprès des autres ?
17:20 Et on leur fait souvent... Comprendre, dans notre discours,
17:24 que les armes, elles passent par la scolarité.
17:28 Et le système a été conçu comme ça.
17:31 C'est cette importance de mots, en fait,
17:33 où des jeunes, des fois, peuvent vriller d'un coup.
17:36 Et on le voit dans le milieu scolaire, où des fois, des professeurs vont dire...
17:39 "Là, t'as été bête" ou "t'es bête".
17:41 Alors ça, le jeune, il explose.
17:43 Et c'est vrai que ça, c'est super important, là.
17:45 Toujours réfléchir à l'importance des mots qu'on emploie.
17:47 Y a pas mal d'adolescents, quand ils ont des carences affectives,
17:50 qui viennent de l'enfance, je me suis rendu compte, en les accompagnant,
17:53 qui ont eu du mal à accepter que quelqu'un puisse être là pour eux.
17:57 Et ce qui est assez... Enfin, moi, que je trouve passionnant dans ce métier,
18:01 et à leur contact, c'est qu'on arrive à un moment donné,
18:05 et ça prend énormément de temps, avec des jeunes comme ça,
18:08 après, ils sont pas tous... Mais qui ont des fragilités...
18:12 C'est qu'ils nous demandent énormément de preuves d'amour.
18:18 Lève ta main droite ! Lève ta main droite, protège !
18:21 Voilà. Plus t'es relâché, plus t'es ronronné.
18:23 C'est pas grave, tu t'en es rendu compte, c'est bien.
18:25 Continue, lâche pas. Allez, lâche pas.
18:28 Ouais, bien joué, la flexion ! Descends un peu plus.
18:31 Voilà ! Tu vois, tu y arrives.
18:33 Quand je considère que c'est réussi, c'est quand je me rends compte
18:38 que relationnellement, si tu veux, j'ai passé une étape avec la personne
18:44 qui fait que la personne a réellement confiance en moi.
18:46 C'est ça que je veux dire.
18:47 - Ça s'appelle de la bonne fatigue. - C'est bien.
18:49 C'est comparé au dernier instance, là, c'est mieux.
18:52 Parce que plus on change de se mettre, plus on commence à faire des trucs
18:56 qu'on apprécie mieux. En plus, comme t'as dit, la confiance,
18:59 on a fait un travail sur nous, on se parle, on fait confiance aux autres.
19:03 C'est mieux, ouais. Ça commence à avancer, c'est bien.
19:07 Faut qu'on continue comme ça, c'est tout.
19:09 Les jeunes, par exemple, quand on les accompagne dans une démarche,
19:13 ils aiment me tenir informée de ce qu'il en est.
19:15 Et au fond de moi-même, au fond de mon petit cœur,
19:18 je suis tellement contente pour eux.
19:20 Après, je le montais pas à ce temps-là.
19:22 "Ah, c'est bien, je suis contente pour toi."
19:24 Mais au fond de moi, je me dis "Petite victoire."
19:26 Petite victoire parce que je l'ai accompagnée,
19:28 j'ai su le remobiliser quand lui, il se démobilisait.
19:31 Je l'ai jamais lâché. Je lui ai mis des petits coups de pieds aux fesses.
19:34 "Ça suffit, t'arrêtes, tu vas y arriver, je suis derrière toi."
19:37 Et quand le jeune, il arrive en disant "Tiens, regarde, j'ai mon diplôme."
19:41 Ouais, je suis contente.
19:43 Je pense que peut-être que si on avait pas été là, en effet,
19:45 ils seraient pas là.
19:46 Parce qu'ils avaient besoin, à un moment donné,
19:48 d'avoir quelqu'un qui les pousse.
19:50 Et souvent, c'est des jeunes qui ont pas perdu confiance en eux, mais pas loin.
19:55 Là, il faut que je vois en premier.
19:56 Quelle école tu vas en première ?
19:58 Là, t'as aussi proc.
19:59 Quelle école tu vas en première ?
20:00 - C'est au début. - Si t'as le choix.
20:02 Bah si, faire en 10 fois, je vais faire un petit direct.
20:04 - Un, faire en 10. - Si tu le quettes,
20:06 tu fais en 10 sur mon CV, ça va être plus bien.
20:08 Un, faire en 10, deux.
20:09 Il y a des choses que je peux pas dire à ma mère directement.
20:12 Je peux pas se parler à elle directement.
20:14 Et après, elle peut me donner des petites idées.
20:17 Des idées qui font que...
20:19 Des conseils, pas des idées, plutôt des conseils.
20:22 Comment je peux dire à ma mère ?
20:24 Des fois, elle peut elle-même en parler directement à ma mère.
20:26 Elle est en relation avec ma mère directement.
20:28 C'est comme une grande personne.
20:30 C'est comme si c'était une personne de ma famille à qui je faisais confiance.
20:34 En fait, ils nous mettent en confiance comme si on avait une relation
20:37 de père-fils, fille-mère-fils.
20:40 C'est ça qui fait qu'à l'heure d'aujourd'hui, on écoute un peu mieux, je pense.
20:44 On écoute facilement sans père-fils.
20:47 On peut pleurer devant eux, on aura pas de gêne.
20:51 Par exemple, on va jamais aller dans une ferme,
20:55 faire des trucs avec des animaux.
20:57 On va dire avec Feu Vert, on est partis.
21:00 On va jamais se dire, on va faire une distribution pour les SDF.
21:04 Avec Feu Vert, ils nous montent vers le haut, en fait.
21:07 La soupe, on va l'accrocher, les minettes.
21:10 Une seule famille à la rue.
21:13 Envoie les tuvains, je les mets ici.
21:16 Et ne donnez pas à vos entourages.
21:19 À partir de maintenant, vous ouvrez vos yeux.
21:22 Gauche, celles qui sont à gauche, regardent à gauche.
21:25 Celles qui sont à droite, regardent à droite.
21:27 Et quand on voit un SDF, on s'arrête en speed et on distribue.
21:31 - A la fin, on distribue. - Sonia, wesh !
21:34 Tu parles mal !
21:38 Oh là là !
21:41 Ça va, ça va, oui.
21:46 Mais à un moment donné, c'est un budget aussi pour nous, Feu Vert.
21:49 J'aimerais bien, dans ce cas-là, on fait des petits pavés de saumon.
21:52 J'entends bien les filles, mais...
21:54 Il faut être aussi réaliste.
21:56 Attache-toi !
21:58 C'est quoi ce chantage ? Attache-toi, je te dis !
22:01 Attache-toi !
22:06 - Elle l'a attachée ? - Non, toi !
22:08 Ouais !
22:10 Qui va là ?
22:12 C'est la sainte Sivane de Cagnot !
22:15 Qui va là ? Mais dis-moi, qui va là ?
22:17 C'est le budget de Sivane, dis-moi, qui va là ?
22:20 Mais dis-moi, qui va là ? Tout le monde rentre à l'éthiole là.
22:23 À 225 pouces, on couche et tu fais la mer.
22:26 Et ce petit sable, ta mère t'a fait danser.
22:29 T'es toujours dans le noir, tu reçois le soleil.
22:32 Je m'en fous, je m'en fous !
22:34 Arrêtez !
22:36 Arrêtez de me faire des choses !
22:38 - Faut mettre les paires dedans. - Les paires ?
22:40 - Faut pas les mettre dedans, faut les mettre ici. - Ouais, ouais, ouais.
22:43 On y va, les garçons ? Des vrais tours, les gars, des vrais tours !
22:46 Arrêtez de couper ! Go !
22:48 Ça va ? Attention, Yann, c'est pas grave.
22:55 J'ai vécu des tas de choses en termes de suivi.
23:00 Harcèlement scolaire, viol.
23:03 J'ai accompagné plein de jeunes à Bobigny.
23:06 Prisons pour mineurs, prisons...
23:09 La génération était un peu moins violente.
23:12 Mais à l'époque, on a eu des situations.
23:15 Les voitures de poulies ici, les jeunes en gros,
23:18 on est en masse, en groupe, qui allaient au niveau du pont,
23:21 au niveau du collège, mais on a eu des choses, des fictions.
23:24 Mais non, aujourd'hui, non. En tout cas, aujourd'hui, attention,
23:27 c'est une bombe à retardement, ce conflit de quartier,
23:30 même qu'il est aussi avec la source, les Prel, pardon.
23:33 C'est une bombe à retardement. Aujourd'hui, il se passe rien,
23:36 demain, peut-être... On a l'air pris de rien.
23:39 Mais c'est vrai que ça fait un petit moment où des faits très graves,
23:42 coup de marteau, coup de machette, des trucs comme ça, attention,
23:45 des choses, ici, même dans ce local, pour une petite anecdote,
23:48 il y avait des jeunes qui étaient scolarisés au lycée Feder,
23:51 qui est plus vers la source, les Prel.
23:54 Les jeunes d'orgement étaient amenés à prendre les transports en commun
23:57 et à s'y rendre. Et à un moment donné, il y avait un conflit
24:00 avec les jeunes du centre-ville. Donc les jeunes du centre-ville,
24:03 ils les attendaient dans le parc qui est à côté.
24:06 Un jour, ils se sont fait agresser avec des machettes.
24:09 Un jeune s'est fait couper la moitié d'un doigt et tout.
24:12 J'ai rassemblé tous les jeunes ici, au local, ici.
24:15 À l'époque, les CPE du lycée, ils étaient venus.
24:18 Et on les a effectués ailleurs.
24:21 La prochaine fois qu'on vient, on fasse un match avec eux.
24:24 Et vous jouez, on partage un bon moment ensemble. T'en penses quoi ?
24:27 Ça serait bien, non ? Je vous conseille, voilà, tu fais ça, ça, tac, tac.
24:30 Comme ça, ça travaille votre esprit de solidarité et de partage.
24:34 D'accord ? On fera ça ? Allez, on y va, les gars !
24:37 Oh !
24:38 C'est mieux d'aller à Feuvert que de rester au quartier,
24:57 parce qu'au quartier, des fois, il n'y a rien à faire.
25:00 Tu peux... Tu peux...
25:03 Tu peux...
25:06 Je sais pas, tu peux avoir des problèmes, tout ça.
25:09 Moi, j'ai pas envie d'avoir ça, moi. J'ai pas envie de rester à Feuvert,
25:12 pas faire comme les... Pas avoir de trucs bizarres avec la drogue, tout ça.
25:16 Parfois, même si on n'est pas dans ça,
25:19 à force de traîner avec des gens qui sont comme ça,
25:22 après, nous aussi, on va finir par le devenir.
25:25 Faut pas faire de gâchis.
25:27 C'est pas juste... Parce que tu vas la découper, la main.
25:30 - Tu fais comme ça ? - Oui.
25:32 - Comme ça, genre ? - Oui.
25:33 - Après, tu l'ouvres comme une fleur. - Voilà !
25:36 - C'est comme ça que je fais, moi. - Merci.
25:38 - Tu sais, quand t'épluches, tu laisses pas ton doigt à la fin.
25:43 - C'est pour ça que je fais ça. - Sinon, tu peux te le couper.
25:45 - D'accord.
25:46 - Tiens, après, il y a les ananas.
25:50 - Non, mais faut pas mettre ça dedans.
25:52 - Il n'y a que les faiblesses qui pleurent.
25:55 - Il n'y a que les faibles. - Que les faibles qui pleurent.
25:58 - Les faibles.
25:59 - Mais non, il n'y a pas que les faibles qui pleurent.
26:01 - Moi, je dis que non.
26:03 - Par exemple, si quelqu'un de dur,
26:07 il peut pleurer pour un décès ou un truc comme ça,
26:10 mais ça veut pas dire qu'il est faible.
26:13 Enfin, si, maintenant, mais...
26:15 - Mais est-ce que pleurer, c'est forcément une preuve de faiblesse ?
26:20 - Non.
26:21 - Ma mère, elle va me dire un truc,
26:24 et je vais pleurer.
26:25 Genre, ça se fait pas, tout ça.
26:27 Après, un exemple, elle va dire, "Pourquoi tu pleures ?
26:29 "C'est pour les faibles et tout."
26:31 Du coup, après, j'arrête de pleurer.
26:33 - Ah, donc ça t'aide ? - Ouais.
26:35 - Parce que c'est sa manière...
26:37 Le fait de te le dire comme ça, c'est sa manière de te réconforter.
26:40 Et ça t'aide ?
26:41 - Non. - Non ?
26:43 - Enfin, genre, je me dis que j'arrête de pleurer.
26:45 Mais sinon...
26:47 - Bah, j'ai appris les avis des autres,
26:49 comme quoi mon avis peut-être peut être négatif.
26:52 Genre, j'ai su contrôler mes avis
26:54 et avoir les autres avis des gens,
26:56 et tu te donnes un autre avis.
26:58 Et c'est ça qui te fait...
27:00 Le fait de...
27:01 Tu peux avoir d'autres avis.
27:03 Tu...
27:04 Tu peux te dire que comme quoi t'avais pas raison, quoi.
27:07 Et tu réfléchis, en fait, dans ta tête.
27:10 - Ça nous aide, ça nous fait avancer.
27:12 Et ça m'aide, par exemple, à avoir...
27:14 Par exemple, une autre mentalité.
27:17 - Hé !
27:19 On y va ?
27:20 Vous commencez à monter là... Direct.
27:23 Et puis les autres, on va attendre.
27:27 - Une fiction, pour moi, c'est pas juste une fiction,
27:29 ça peut être la réalité. On sait très bien.
27:31 Il suffit que tu sois au mauvais endroit au mauvais moment,
27:34 tu peux terminer comme le jeune homme dans le film.
27:37 Et moi, c'est ce qui m'inquiète aussi, c'est la haine.
27:39 Par rapport au quartier, je parle de super aimeur,
27:41 alors je me dis...
27:42 J'espère qu'un jour, on n'en arrivera pas là.
27:44 Mais pour ça, il faudra agir avec intelligence.
27:47 Moi, mon objectif avec vous,
27:49 l'influence que je peux avoir avec vous,
27:51 c'est de vous tirer vers l'eau.
27:53 Vous passer des messages.
27:54 Parce que malheureusement, ça durera pas toute la vie.
27:56 Quand vous venez, après, vous allez prendre votre envol,
27:58 vous allez être des adultes et des hommes.
28:00 Et je l'espère pour vous, vous êtes mon gars.
28:02 Et vous l'êtes déjà.
28:03 Donc tout ce qui peut vous tirer vers le bas,
28:05 conflit de quartier,
28:07 "Vas-y, va faire le guet",
28:08 "Va faire le guet", quand je dis le guet, c'est-à-dire le guetteur,
28:11 dans le quartier, pour le trafic, tout ça,
28:14 éloignez-vous de tout ça, les gars. D'accord ?
28:16 - J'aimerais être dans cette...
28:17 - Je sais que c'est plus simple,
28:18 c'est plus facile à dire qu'à faire.
28:19 Attention.
28:20 Moi, je peux te dire, j'en ai vu dans le quartier, qu'il en fait.
28:22 Donc il y a des gars comme vous,
28:24 c'est-à-dire sans problème, intelligents,
28:26 qui...
28:27 Après, on a tous des problèmes, attention, hein,
28:29 mais qui n'étaient pas faits pour ça.
28:30 Mais ils l'ont fait par, voilà, par manque de moyens
28:33 ou parce qu'ils n'avaient pas forcément du travail et tout.
28:35 Donc faites attention à ça, d'accord ?
28:37 Faites attention à toi aussi.
28:38 Junior, par contre, parle à papa et maman, très important, tout de suite, hein.
28:41 OK ? Idriss, pareil, hein.
28:42 Denis, faites attention à toi.
28:44 - Non, mais, mais, c'est déjà...
28:45 C'est déjà, c'est quoi, le feu bleu ?
28:46 - Oui, mais tu lui parles du séjour, s'il te plaît.
28:48 D'accord ? De toute façon, je vais te donner toutes les infos via WhatsApp et tout.
28:50 OK ?
28:51 - Quand on part en séjour, c'est tout de suite...
28:53 Ils veulent mettre leur musique, en fait.
28:55 Alors je...
28:56 Je leur dis "OK, je vais mettre mon musique,
28:58 mais je mets les miennes d'abord."
28:59 Là, c'est "Non, non, tu vas pas nous mettre tes vieilles musiques et tout."
29:02 Je dis "Si, si, je vais mettre une musique, on fait un échange."
29:04 Donc là, c'est assez marrant.
29:05 Et du coup, une fois, on avait fait un séjour avec un groupe mixte,
29:09 mais on avait retrouvé des jeunes filles qui avaient déjà fait un séjour avec moi.
29:12 Ils m'ont dit "Tu veux nous mettre du piaf ?"
29:13 Je dis "Bah, t'as retenu le nom, déjà."
29:15 Et ça, c'est assez...
29:16 Donc on échange aussi.
29:18 Donc ils nous apportent beaucoup de choses aussi,
29:20 et on leur apporte beaucoup aussi.
29:22 C'est le but aussi de leur apporter.
29:23 Et le but des séjours aussi, c'est de travailler aussi...
29:26 Ben...
29:27 Enfin, c'est toujours court, les séjours, en même temps.
29:29 - Ce qui m'énerve, c'est qu'elles regardent pas.
29:31 Après, elles voient, elles sont pas aveugles, hein.
29:33 Mais elles sont pas aveugles.
29:34 - Ah, mais avant de dire, c'est toujours pareil, en fait.
29:36 Avant de regarder une fois, deux fois, puis avant de dire, c'est toujours pareil.
29:38 À Nacera, c'est toujours pareil.
29:40 C'est bon, on a des chefs.
29:42 - Moi, je sens plus mes pieds.
29:47 Là, c'est là, je vais arrêter.
29:49 - Tu fais une pause ?
29:50 - J'appelle Karima, là.
29:52 - Et...
29:57 Les filles, rangez vos portables.
29:59 Pendant qu'on va aller au fromagerie, ça va être clair.
30:01 Vous aurez le temps, tac, tac, tac.
30:02 Rangez vos téléphones.
30:03 - Moi, je vais m'occuper de moi.
30:04 - Vous restez dans le carillon, je suis avec vous.
30:06 - OK.
30:34 - C'est pas parce qu'une personne avait fait un truc,
30:36 elle laisse les 5 autres personnes ne pas vouloir faire,
30:38 et la personne a fait.
30:40 - Puis on lui dit non, on veut pas faire, mais elle veut.
30:42 Dans ces cas-là, on n'a qu'à rester à la maison.
30:44 Elle fait ça un autre jour, elle vient un autre week-end,
30:46 elle ramène son fromage.
30:48 - On s'est senties forcées.
30:49 - Oui, voilà, là, c'est vraiment...
30:51 C'est force, en fait.
30:52 Maman a dégoûté du fromage.
30:54 - Voilà, et du lait.
30:55 Parce que les vaches, elles sont hyper sales,
30:57 elles les lavent jamais.
30:58 - Ouais.
30:59 - C'est un truc, dans tous les cas, qu'on voulait pas faire.
31:04 - Mais bon...
31:06 C'est fait, c'est fait.
31:08 - T'as fait beaucoup la tête, Lina, aujourd'hui.
31:15 Vraiment, j'ai vraiment l'impression que cette visite-là,
31:18 c'était une torture pour toi, que je t'ai forcée.
31:21 Donc, dis, exprime-toi, Lina.
31:24 - C'est le moment où...
31:25 - Moi, je voulais pas partir, dans tous les cas.
31:26 - Oui, on avait tous compris.
31:28 On aurait fait quoi ?
31:29 Les autres, ils partent visiter la fromagerie,
31:31 j'aurais fait quoi ? Je te laisserais quoi ?
31:32 - Mais nous, quatre, on a pas voulu y aller.
31:34 - Pourquoi, quand on a préparé la journée hier,
31:36 on m'a même dit...
31:37 - Non, on a dit...
31:38 - C'est chouette, même si on fait la traite des vaches.
31:40 Je vous ai même dit...
31:41 - Oui, si on fait la traite des vaches.
31:42 - Je vous ai dit que c'est pas possible.
31:43 - Vous aurez fait comment ?
31:44 Si on faisait la traite des vaches, vous aurez fait comment ?
31:45 - Ah ouais ?
31:46 - Dans tous les cas, si j'aurais vu que les vaches,
31:47 elles seront comme ça, je les aurais même pas touchées.
31:48 - J'étais pas très contente,
31:50 parce qu'à un moment donné, un séjour, aussi,
31:52 c'est aussi du ski.
31:54 Vous vous êtes fait plaisir, vous avez fait de la luche,
31:56 mais aussi, moi, j'y tiens aussi à cette partie culturelle.
31:58 - Ils vont parler de leur famille,
32:00 ils vont parler de difficultés, parler de...
32:02 C'est... Voilà, il y a des choses, des fois,
32:04 difficiles à entendre aussi,
32:06 donc il y a des révélations, des fois, comme ça.
32:08 Des fois, on n'est pas toujours prêts.
32:10 Voilà, donc, du coup,
32:12 attention à bien écouter pour reprendre ça après.
32:16 (bruit de moteur)
32:18 - Viens.
32:30 Viens.
32:32 - Avec les monstres,
32:36 j'ai trouvé plein de trucs, en fait.
32:38 Des trucs vraiment sincères.
32:40 Et du coup,
32:42 elle avait le côté professionnel,
32:44 mais plus...
32:46 dans la vie réelle, en vrai.
32:48 Elle donne des conseils,
32:50 elle a des façons pour parler aux jeunes.
32:52 Et elle m'a montré
32:54 comment... comment la vie est en vrai.
32:56 Enfin, même quand...
32:58 J'étais des fois dans les difficultés et tout ça,
33:00 même le soir tard,
33:02 elle est là, elle me répond.
33:04 Et après, ses réponses,
33:06 c'est bien, c'est doux, c'est compréhensif.
33:08 C'est...
33:10 C'est des mots qui rentrent vraiment dans la tête.
33:12 C'est pas comme n'importe qui que...
33:14 Quand je leur raconte,
33:16 c'est pas la même chose.
33:18 Et moi, quand je vois le...
33:20 Comment elle est avec les monstres,
33:22 j'aimerais bien avoir une vie comme elle, en fait.
33:24 Vraiment.
33:26 Dans le sens, comment elle présente,
33:28 comment elle parle,
33:30 comment... ses manières et tout ça.
33:32 Vraiment.
33:34 - Bah, cette séance,
33:36 c'était pas comme la première.
33:38 Mais elle m'a appris des choses.
33:40 - C'est pour ça que...
33:42 J'aime bien te laisser aussi réfléchir
33:44 et pas tout de suite te débriefer.
33:46 Parce que ça s'infuse
33:48 et dans ton corps, ça s'infuse aussi.
33:50 Comme une infusion à la cannelle.
33:52 - Ouais.
33:54 (rires)
33:56 - J'aime trop.
33:58 Vraiment.
34:00 Malgré que j'étais chiante avec elle.
34:02 - Alors, moi, dans mes formations,
34:04 on en a jamais parlé, hein, bien sûr.
34:06 Et...
34:08 Y a pas question d'amour,
34:10 y a question de transfert.
34:12 Alors, le transfert, quand même,
34:14 c'est une grande question d'amour.
34:16 Mais rarement, on va t'en parler
34:18 en ces termes-là.
34:20 Parce que c'est comme un gros mot lâché, quoi.
34:22 Comme une bombe où on parle d'émotion,
34:24 d'affect. Et non, surtout pas.
34:26 Et du coup, c'est quand même fou.
34:28 Parce que t'arrives avec tout un tas de bagages
34:30 en tant qu'éduc, et puis, on t'a jamais parlé
34:32 de l'essentiel, tu vois.
34:34 Et c'est, j'ai l'impression, un peu comme
34:36 les relations avec les enfants,
34:38 ou par exemple la sexualité.
34:40 Et on n'en parle jamais.
34:42 On n'en parle qu'en termes de maladies,
34:44 en termes de prévention des maladies
34:46 et de la grossesse, éventuellement.
34:48 Et puis, fin de l'histoire.
34:50 - Bonjour. - Bonjour.
35:02 - Salut. - Hé, ça tombe bien, toi.
35:04 - Ça y est, t'as eu ta paye ?
35:06 - Ouais, vas-y. - Tu l'as eue, ta paye ?
35:08 - Ouais, mais j'ai... J'ai se tromper, oh non.
35:10 - Mais tu l'as eue ! - Ouais.
35:12 - C'est bon, t'as pu te faire un petit resto ?
35:14 - Non, non, pas. J'ai payé mes factures.
35:16 - Ah, bah c'est bien, t'as payé tes factures
35:18 plutôt que le resto.
35:20 - Tu passes quand, à me voir ?
35:22 - T'es là demain ? - Ouais.
35:24 - A quelle heure ? - Je dis qu'à 15h.
35:26 Si tu veux, tu passes vers 15h30, 16h, même grand,
35:28 max, moi, à 17h, je suis partie.
35:30 - 15h30. - 15h30.
35:32 Et comme ça, je t'aide dans les démarches ?
35:34 Vas-y, on fait comme ça.
35:36 Bah, je te le dis, on part pour toi, hein.
35:38 Après, on va te tailler, après.
35:40 - Mon but, à moi,
35:46 c'est pas d'agir forcément
35:48 sur une situation marginale
35:50 ou que moi, j'estime marginale, déjà.
35:52 Et...
35:54 Pour qui ? Pour qui ?
35:56 Pour moi ? Pour...
35:58 Pour Pôle emploi ?
36:00 Pour la sécurité de l'arrondissement ?
36:02 Pour...
36:04 Y a des jeunes qui font des choix.
36:06 Qui assument leurs choix.
36:08 Qui savent
36:10 qu'il y aura
36:12 dans cette direction une case prison à un moment donné.
36:14 Et qui sont pas prêts
36:18 à changer.
36:20 Est-ce qu'un jour, ils auront
36:22 une rencontre amoureuse
36:24 et ils décideront de s'investir davantage
36:26 dans leur rencontre amoureuse
36:28 qu'auprès de leur groupe de pères
36:30 dans des...
36:32 Dans des côtes de la rue ?
36:34 Euh...
36:36 Ils seront...
36:38 Ils seront décisionnés, hein.
36:40 - C'est pas toi qui va amener ce changement.
36:42 - Peut-être. Peut-être. J'en sais rien.
36:48 J'en sais rien. Mes paroles peuvent avoir écho
36:50 dans son esprit sans même que je le sache.
36:52 Sans même que lui ou elle le sache.
36:54 Et quand tu vas voir en détention,
36:56 par exemple, c'est un exemple,
36:58 un jeune,
37:00 tu vas le voir à un moment donné
37:02 où il est dans une fragilité
37:04 extrême.
37:06 Et quand tu vas faire
37:08 ce mouvement-là, alors que t'es pas
37:10 de la famille,
37:12 d'aller les voir
37:14 et de leur montrer par ton regard
37:16 que toi, t'es pas
37:18 à la justice, mais que
37:20 t'es encore là pour eux.
37:22 T'es encore là pour les écouter,
37:24 pour parler avec eux parce que tu les apprécies.
37:26 Et ben là, tu...
37:30 Et moi, pour moi,
37:32 c'est vraiment le rôle de l'éducateur
37:34 de prévention. Parce que
37:36 nous, on a un rôle à jouer là-dessus.
37:38 C'est que nous, on peut aller
37:40 aux interstices, aux endroits
37:42 où il y a plus grand monde.
37:44 (sonnerie)
37:46 - Sans Feuvert, sans
38:08 Rachid, Aïssatou, Romain,
38:10 en tout cas, l'équipe privée,
38:12 après, je sais pas, Feuvert en entier,
38:14 mais l'équipe qui nous a suivis, je pense pas qu'aujourd'hui,
38:16 je serais en formation, en prison
38:18 ou en train de faire des bêtises encore, moi.
38:20 - Et là, maintenant, tu fais quoi ?
38:22 - Là, en ce moment, je suis en
38:24 formation en alternance avec
38:26 la RATP pour devenir conducteur de bus.
38:28 - Ils veulent pas nous
38:30 décevoir. Et
38:32 ils savent qu'on va pas les juger,
38:34 mais ils veulent qu'on garde une image
38:36 positive de leur personne,
38:38 et ça, c'est normal, et ça, c'est humain.
38:40 Mais...
38:42 Il faut prendre le temps, donc moi, j'ai pas
38:44 besoin de tout savoir, donc ça m'intéresse pas du tout.
38:46 Mais c'est vraiment, ouais, de les accompagner.
38:48 Ils savent que
38:50 on est quand même des professionnels
38:52 et donc, du coup, quand même, on a
38:54 un oeil assez aiguisé de qui fait quoi.
38:56 Et puis, du coup,
38:58 on sera toujours là pour eux. On est pas là pour
39:00 juger qui que ce soit.
39:02 On est là pour accompagner.
39:04 (brouhaha)
39:06 - Tu connais, hein?
39:08 - Tu devrais garder le maillot du Stade Rallais, quoi.
39:12 - Ouais, il est en tout.
39:14 Non, tu connais, c'est... D'abord, on chauffe un peu,
39:16 on chauffe un peu, on chauffe un peu.
39:18 - Il faut savoir qu'il faut accepter aussi leur aide.
39:20 Parce que, par exemple, j'ai
39:22 certains amis à moi ou certains
39:24 qui veulent pas de l'aide à Feuvert.
39:26 Quand ils croisent Feuvert, bonjour, au revoir,
39:28 mais sinon, ils ont rien à voir avec Feuvert.
39:30 C'est quand t'as grandi, quand on a cet âge-là,
39:32 qu'on se dit, ah ouais, ils ont vraiment
39:34 voulu nous aider. Malgré qu'on voulait pas,
39:36 ils ont forcé vraiment.
39:38 Limite, ils voulaient plus qu'on avance que nous-mêmes.
39:40 - Tire, tire!
39:42 (cris de joie)
39:44 - Dès qu'ils ont l'amour de leurs parents,
39:56 ils ont la confiance de leurs parents, ils ont des discours
39:58 bienveillants de la part des parents, je sais que même
40:00 s'ils sont dans une situation de précarité,
40:02 ils auront de la ressource
40:04 pour après.
40:06 Mais s'il y a pas ce minimum-là
40:08 d'amour,
40:10 de confiance et de discours positifs,
40:12 ça va être compliqué.
40:14 - C'est Carla, Carla d'entraide. Vous voyez comment?
40:20 C'est mon père, limite! Limite, c'est comme mon père, ce type.
40:22 - C'est mon père, ce type.
40:24 - T'es bon, t'es bon, 2 mètres, 2 mètres,
40:34 il était avec moi au collège, il mange beaucoup,
40:36 beaucoup, beaucoup, mais c'est mon gars quand même.
40:38 Voilà, et ça, c'est mes frérots, ça.
40:40 J'ai fait mon collège avec eux.
40:42 Et voilà,
40:44 vous voyez, un ballon, ça nous suffit
40:46 pour jouer et être heureux en tout cas.
40:48 Ils sont là, ça, c'est mon gars.
40:50 Rappeur, flèche montante, drill.
40:52 Tu vois ce que je veux dire?
40:54 Voilà.
40:56 19ème, 10ème, hein?
40:58 Et ouais, connu, GSL.
41:00 Là, regarde, là, t'es sur place des flèches.
41:02 Y a de tout et y a de rien.
41:04 Mais ce qui est sûr, c'est qu'on est tous là
41:06 et on s'en sort tous de la même manière, tu vois?
41:08 C'est toi qui suis? Voilà, c'est Kariya, là.
41:10 C'est moi je te le dis et que tu me dis c'est qui la suit, tu comptes?
41:12 Charo, mon frère, tu montes?
41:14 Allez.
41:18 Je me suis vraiment, vraiment amusé avec Feuvert.
41:20 Vraiment, je...
41:22 On a voyagé, mes premiers voyages sont...
41:24 ont été faits avec Feuvert, tu vois?
41:26 On partait dans le sud, dans le nord,
41:28 mais c'était toujours des voyages
41:30 avec quand même cet aspect
41:32 de faire quelque chose en retour.
41:34 Parce que quand on partait en voyage,
41:36 c'était pas un voyage où on se la coulait, tu vois?
41:38 On partait, on ramassait des feuilles.
41:40 On travaillait, quoi, tu vois?
41:42 Ils nous apprenaient déjà à travailler.
41:44 Travail mérite salaire.
41:46 J'étais en pro mécanique,
41:48 j'ai fait de la pro électronique.
41:50 Ça m'intéressait pas, tu vois?
41:52 Et il y avait Feuvert, tu vois?
41:54 Et je m'en souviens, tu sais,
41:56 c'était une dame qui s'appelait Virginie,
41:58 maintenant je crois qu'elle travaille dans le 20e, tu vois?
42:00 Et elle m'a aidé, tu sais, de ouf!
42:02 Et à la fin, bah, j'ai eu un entretien
42:04 avec le directeur
42:06 d'un lycée Bac pro-vente
42:08 et je suis rentré dedans!
42:10 Et Crescendo, il a kiffé mon profil,
42:12 mon potentiel, mais c'est pour t'expliquer que
42:14 si j'avais pas eu Feuvert, j'aurais...
42:16 j'aurais peut-être vu le côté négatif de la vie, hein?
42:18 L'économie parallèle, tu vois?
42:20 Je vais pas te faire de dessin, tu vois?
42:22 Ils ont ce rôle un peu d'éponge
42:24 d'écouter, tu vois?
42:26 Parce qu'ils sont dans la pédagogie à fond, tu vois?
42:28 Ils sont là pour les jeunes, mais pas que pour les jeunes, hein, Feuvert!
42:30 Ils sont là pour tout ce qui est paperas,
42:32 si une maman ne parle pas forcément français
42:34 ou quoi que ce soit, tu vois?
42:36 Ils sont là vraiment pour aider.
42:38 Mais ils te donneront jamais
42:40 la chose dans ta bouche tout crue.
42:42 Et là,
42:44 il est là le...
42:46 le petit binz, tu vois?
42:48 Parce qu'il y en a beaucoup qui pensent que tu veux un Feuvert,
42:50 je veux du travail, ok, vas-y, tiens!
42:52 Nanana... Ils vont pas te donner.
42:54 Ils vont voir si t'es motivé,
42:56 tu vas aller avec eux, ils vont te montrer comment faire.
42:58 Et ça... Il faut avoir une certaine
43:00 motivation en soi, tu vois? Il faut se faire combat.
43:02 (musique)
43:04 (musique)
43:06 (musique)
43:08 (musique)
43:10 [Cris de foule]
43:17 [Musique]
43:23 [Vrombissement du moteur]
43:27 [Musique]
43:39 Ça fait 12 ans que je suis sur ce quartier-là, j'y vais sur la 13ème année,
43:43 mais ils me le disent aujourd'hui, les anciens, que toi t'es toujours là.
43:48 Tu te dis, tu t'es pas trompé, parce que y a des moments difficiles.
43:53 Après tu peux devenir aussi un petit peu celui qui porte un petit peu toute la responsabilité de la frustration.
44:01 Certain.
44:04 Pour moi, Emel, c'est comme un grand frère, parce que depuis tout petit, je le connais,
44:09 je sais que c'est quelqu'un, j'ai confiance en lui, il a confiance en moi.
44:13 Et franchement, ça peut que être positif.
44:17 Il me voyait traîner un peu, il était là, vas-y, va à l'école, qu'est-ce que tu fais ici ?
44:22 Mais franchement, je l'en veux pas, je peux que le remercier.
44:25 Au jour d'aujourd'hui, j'ai mon bac, j'ai eu le diplôme que ma mère attendait tant.
44:30 Et franchement, je peux que le remercier.
44:32 Quand ta mère, elle va travailler tous les jours, qu'elle est toute seule, qu'elle travaille,
44:37 même quand t'as une basket trouée, elle va te l'acheter, tu vois ce que je veux dire ?
44:41 Franchement, au jour d'aujourd'hui, je peux que remercier ma mère.
44:47 Parce que sans elle, je serais pas ce que je suis aujourd'hui.
44:50 Sans elle, je serais pas...
44:52 Et franchement, c'est compliqué.
44:55 C'est vrai que ça a été compliqué de la voir, d'aller travailler.
44:58 Mais moi aussi, j'essaie de travailler pour que mes enfants soient au maximum.
45:03 Pour que mes descendants, comme on dit, soient au top.
45:09 Nous, on est là, on est en bas tous les jours, on voit tous les jours la même chose,
45:12 on connaît tous les jours, on voit tout le temps la même chose.
45:15 Mais les mecs, ils nous font découvrir des environs.
45:18 Je sais pas, chez moi, c'était pas ça.
45:21 Une activité en karting, en famille, tout ça.
45:25 Ma mère a d'autres chats à fouetter, mon gars.
45:28 On a fait du vélo, on a fait du kayak.
45:33 Trop de trucs, j'ai fait trop de trucs, trop d'activités.
45:38 J'ai fait du paintball, j'ai fait du karting, j'ai fait...
45:41 Là, au jour d'aujourd'hui, je suis animateur.
45:44 De base, il m'a trouvé juste un truc pour avoir un peu d'argent.
45:48 Histoire d'avoir un peu d'argent de poche.
45:51 Grâce à lui, au jour d'aujourd'hui, ils ont kiffé mon travail,
45:54 ils m'ont donné plusieurs responsabilités.
45:56 Je paye même plus le même salaire que je gagnais au début.
45:59 - Je t'ai connu, en plus, il m'a acheté de la viande.
46:14 - C'est bon, on va t'emmêler, sinon t'as maigri.
46:17 - Allez-y, tout mec, mon frère.
46:21 - Tu es sûr que t'es parti en vacances ?
46:23 Il arrive de Turquie, il lui a les loupons et tout.
46:26 - Ah, parfait. - Attention, c'est gênant, là.
46:29 - Attention.
46:31 - Un petit cadeau de... Bah, écoute, merci beaucoup.
46:34 Merci. Je vais montrer un petit peu.
46:36 Voilà. Il est parti en vacances, il m'a ramené un petit cadeau.
46:39 Voilà. Je l'ouvrirai tranquillement.
46:41 - Tu l'as acheté chez Shézade, là, t'as vu ?
46:43 - Non, non, il y a un bazar.
46:45 C'est plutôt au collège où ça a commencé.
46:47 Souvent, au collège, à l'adolescence, on veut s'affirmer.
46:50 Donc là, on rencontre des gens,
46:52 on se fait tous influencer par les plus grands qui sont nos modèles.
46:56 Et au quartier, à l'époque, en tout cas,
46:58 les modèles qu'on voyait, c'était plutôt les grands avec les belles voitures.
47:02 C'était plutôt ça.
47:04 Et puis après, on rencontre, on a une bande, tout le monde...
47:07 Voilà, j'ai suivi, j'ai suivi.
47:09 J'ai suivi mes copains.
47:11 En fait, c'est ça.
47:13 Et puis après, au quartier, bah, ça continue.
47:16 On commence à vendre un peu de shit, voilà.
47:20 Et puis voilà.
47:21 - L'influence est très importante.
47:23 Ils m'ont influencé.
47:24 - C'est pas vrai.
47:25 Il m'a influencé.
47:26 Il m'a influencé.
47:27 - Pas lui, non.
47:28 - Non, c'est là, elle arrive au moment où on commençait, bah...
47:30 - Il y avait des goûts.
47:31 - Elle arrive au moment où il y avait des goûts.
47:33 Elle arrive au moment où c'était énorme comme truc.
47:35 - Bon, on va venir vous saluer.
47:36 - C'est bon, c'est bon.
47:37 - On va venir tous, on va venir tous.
47:38 - Bien sûr.
47:39 - Ce que j'ai adoré à l'époque, chez Feubert,
47:43 c'est le fait qu'il ne porte pas de jugement.
47:46 Donc je me rappelle, je les avais rencontrés, ils étaient 3.
47:49 Il y en a 3 qui m'ont marqué, avec qui on a beaucoup échangé,
47:52 qui nous écoutaient énormément.
47:54 Parce que, sans jugement, je me rappelle,
47:57 j'avais intégré une école, une lycée technique à Torion.
48:02 En tout cas, dans le 11e, voilà.
48:04 Et c'était grâce à Macera, en plus.
48:07 Elle m'a dit, on était là, assis, j'arrive avec des numéros,
48:10 et j'ose pas appeler, parce que c'était une école dans le 11e.
48:14 Et moi, pour moi, le 11e, car tchi-tchi, j'y allais que la nuit.
48:18 Macera, elle appelle, et je sais pas comment elle a fait.
48:21 Elle a réussi à convaincre la directrice d'un rendez-vous.
48:25 Elle me dit, vas-y, je dis, comment ça, vas-y ?
48:27 Vas-y, c'est bon, t'inquiète pas.
48:29 Elle appelle, j'ai mon rendez-vous, j'y vais,
48:31 et tout de bam, c'est à ma tchi.
48:33 Je sais pas, ils voient que notre projet, on y tient à coeur.
48:35 Ils vont nous aider, ils vont pas nous lâcher, c'est ça le truc.
48:38 Ils nous lâchent pas.
48:39 Et même quand on a envie de lâcher, ils sont là,
48:41 ils disent non, on lâche pas, moi, je suis confiant sur toi.
48:44 Rien que le fait de dire, j'ai confiance en toi,
48:46 c'est, voilà, en tout cas, moi, pour ma part, c'est ce qu'ils m'ont apporté.
48:49 Le fait d'avoir, le fait de savoir que moi aussi, je pouvais le faire.
48:53 Voilà, elle fait partie de ma vie, elle m'a aidé.
48:56 Et surtout, aujourd'hui, comme je dis, je suis ingénieur automaticien,
49:01 et c'est elle.
49:03 C'est ma deuxième maman.
49:08 C'est-à-dire que, un jour, je me souviens,
49:11 on était dans ma voiture ou dans sa voiture.
49:14 J'ai dit, j'ai ma maman chez moi, j'ai ma maman de dehors.
49:18 Elle me dit, c'est qui ? Je dis, c'est toi.
49:20 Quand c'est pas elle qui me prend la tête, c'est toi qui me prends la tête.
49:23 En fait, je pourrais pas expliquer.
49:27 C'est...
49:29 Je sais pas, on ressent les choses.
49:32 Je voyais beaucoup de sincérité chez elle.
49:35 Et le fait qu'elle soit aussi sensible à l'art,
49:38 je crois que c'est ça qui a fait que...
49:40 Je pense que, comme ils ont pris leur travail au sérieux,
49:44 nous aussi, on les a pris au sérieux très vite.
49:46 Et oui, ça a sauvé beaucoup de personnes.
49:49 Et même si parfois, il y avait...
49:51 Il pouvait y avoir un laps de temps où on se voit pas,
49:54 on avait toujours une pensée pour Feuvert.
49:56 Et je pense que, indirectement,
49:59 hein, ces éducateurs, ces sorciers, là,
50:03 indirectement, ils nous ont donné ces trucs-là,
50:06 en nous, qui, on va dire,
50:09 on a envie d'aider les plus jeunes, automatiquement.
50:11 Là, ce qui va se passer, c'est que là, c'est le dernier artiste.
50:15 Je sais pas si vous le connaissez.
50:18 (rires)
50:21 (musique)
50:24 (cris)
50:29 (musique)
50:32 (cris)
50:35 (musique)
50:38 (cris)
50:41 (musique)
50:44 (rires)
50:47 (musique)
50:50 (cris)
50:53 - Je vais te dire une phrase.
50:56 Pensez beaucoup à la vie.
50:59 Sans ça, t'es rien.
51:02 - Tiens. - Allez.
51:08 - Là, ça a filmé, là. T'envoies tes enfants.
51:11 Regarde ça!
51:13 Elle arrête pas de filmer!
51:15 *musique*
51:17 *musique*
51:19 *musique*
51:22 *musique*
51:25 *musique*
51:28 *musique*
51:30 *musique*
51:50 *musique*
51:52 *musique*
51:54 *musique*
51:56 *musique*
51:58 ...
52:14 [BIP]