Emmanuel Macron a donné une longue conférence de presse mardi soir dernier pendant laquelle il a usé de plusieurs références à des prédécesseurs. Matthieu Croissandeau passe en revue ces différents clins d'œil.
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00:00 2h20 de conférence de presse, beaucoup d'annonces, le président de la république a multiplié
00:08 les clins d'oeil, les slogans hier pour définir son fameux cap, et pour tous ceux
00:12 qui n'ont pas les rêves, écoutez.
00:13 La France demeure cette nation du bon sens.
00:18 En l'écoutant hier, j'ai d'abord cru qu'on avait changé de devise.
00:22 Emmanuel Macron a dit "ce qui a fait le succès de notre pays, c'est l'ordre et le progrès".
00:26 "L'ordre et le progrès" c'est la devise du Brésil, et c'est une devise qui est inspirée
00:30 du travail d'un philosophe français qui s'appelle Auguste Comte.
00:33 Mais sa phrase à lui était beaucoup plus ambitieuse, il disait "l'amour pour principe,
00:38 l'ordre pour base et le progrès pour but".
00:40 Dans l'affaire, Emmanuel Macron a oublié l'amour.
00:43 Déjà, au printemps dernier, il avait parlé de travail, ordre et progrès pour annoncer
00:47 son programme des 100 jours.
00:48 On a entendu le président de la république parler aussi d'une France plus forte et plus juste.
00:52 La France forte, c'était le slogan de Nicolas Sarkozy en 2007.
00:56 Contre l'ordre juste, c'était celui de son adversaire Ségolène Royal.
01:00 Et on peut continuer la liste.
01:01 Emmanuel Macron a dit hier "moi j'assume de continuer à présider au réel avec un
01:06 certain sens de l'idéal".
01:07 Ça, c'est un clin d'œil à Jean Jaurès.
01:09 C'est Jean Jaurès qui lui disait "il faut aller à l'idéal et comprendre le réel".
01:13 Le président a aussi plaidé pour une France du bon sens et non pour une France des tracas.
01:18 C'est au fond la France du bon sens plutôt que la France des tracas.
01:22 Un petit clin d'œil cette fois-ci à Georges Pompidou avec sa célèbre formule "arrêtons
01:26 d'emmerder les français".
01:27 Quant au "pour que la France reste la France".
01:30 Ça, c'est du Éric Zemmour dans le texte.
01:32 C'était même le slogan de son affiche en 2022.
01:35 Qu'est-ce que ça raconte ?
01:36 Ça raconte que le macronisme reste un patchwork, un attrape-tout.
01:40 Mais qu'hier, on a quand même assisté à un sacré coup de barre à droite.
01:43 Pourquoi ? Parce que le président de la république est persuadé que le pays se droitise.
01:48 Il a d'ailleurs constitué une équipe gouvernementale principalement recrutée dans les rangs de
01:51 l'ex-UMP.
01:52 Et puis, il y a des élections européennes qui approchent et là, l'adversaire à combattre,
01:57 c'est le Rassemblement National.
01:58 Du coup, beaucoup d'ordres et peu de progrès.
02:00 Parce que quand on regarde dans les annonces d'hier, durcissement des règles pour les
02:02 chômeurs, doublement des franchises pour les médicaments, les tarifs de l'électricité
02:07 qui vont augmenter, tout ça, ça ne fait pas très social.
02:10 Mais surtout, ce qui est frappant, c'est que les mesures annoncées, le retour de l'uniforme
02:13 à l'école, des cérémonies de diplôme, tout ça est terriblement vintage.
02:18 Le président qui voulait faire entrer la France dans le XXIème siècle pioche ses
02:22 recettes dans la France du XXème siècle.
02:24 Où est passé le candidat de la Startup Nation ? Vous l'avez entendu parler d'intelligence
02:28 artificielle par exemple hier ? Eh bien non.
02:30 Emmanuel Macron a effectué un virage à droite, à droite toute même et en marche arrière.
02:34 Merci.
02:35 Merci.