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00:00 [Musique]
00:04 Je vous demande de regarder attentivement ce qui va suivre.
00:07 L'enquête que vous allez voir est certainement la pire que nous ayons eu à traiter depuis la création de cette émission.
00:13 Elle glace le sang, ni plus ni moins.
00:15 Nous ne pouvons rien affirmer.
00:17 Tout ce qui sera dit dans les minutes qui suivent, eh bien c'est à mettre au conditionnel.
00:21 Mais vous allez voir qu'il y a des choses troublantes et des choses qui font vraiment froid dans le dos.
00:26 Il y a dans quelques instants des personnes qui vont venir sur ce plateau
00:30 et qui espèrent en savoir plus concernant le décès d'un proche qui aurait disparu du cercueil où il était.
00:38 Peut-être est-il préférable d'ailleurs si des enfants regardent cette émission,
00:42 eh bien que les parents aillent les coucher ou les empêchent de regarder ce qui va suivre.
00:47 Mais je pense qu'il est nécessaire que nous essayons d'en savoir plus dans cette affaire.
00:51 J'accueille maintenant Marie-Christiane et Thierry.
00:54 [Applaudissements]
00:55 Ce sont des enfants rongés par le doute que nous accueillons sur notre plateau.
00:59 Ils veulent savoir de quoi est morte leur mère et surtout où est passé son corps.
01:03 L'hôpital dit qu'elle est morte d'une mort naturelle.
01:07 Eux vous disent qu'elle est morte d'autre chose.
01:09 Le corps, c'est pas le corps. Non, là, pour nous, il y a un trafic, il y a quelque chose.
01:12 Ils sont persuadés que la tombe sur laquelle ils se recueillent ne contient pas la dépouille de leur maman,
01:17 mais plutôt celle d'un autre.
01:18 Il faut pas qu'ils nous laissent comme ça. On a besoin de faire notre deuil.
01:22 Pour faire notre deuil, il faut un corps. On n'a rien.
01:25 Que s'est-il passé ? S'agit-il d'une erreur, d'une négligence ou pire encore ?
01:30 Il y a eu une substitution de cadavre et c'est inacceptable.
01:35 Nous allons enquêter pour donner des réponses à cette famille en détresse qui les attend depuis trop longtemps.
01:40 Nous irons d'abord voir le médecin légiste concerné avec qui le dialogue ne sera pas simple.
01:44 Je vous attaque en diffamation. Je ne vous attaque pas en diffamation.
01:47 Pour sans aucun doute, c'est une nouvelle affaire douloureuse et étrange qui commence tout de suite.
01:52 [Applaudissements]
01:53 Bonsoir Marie-Christiane, bonsoir Thierry.
01:56 La personne en question décédée donc s'appelle Éliane et c'est pour elle que vous vous battez aujourd'hui.
02:02 Qu'attendez-vous de cette émission sans aucun doute ?
02:04 Eh bien de cette émission, ce que nous attendons c'est la vérité, de savoir la vérité,
02:10 de savoir où est passée Éliane et de pouvoir faire cette exhumation
02:16 pour identifier tout ce qu'il y a à l'intérieur de ce cercueil qui n'est pas le nôtre.
02:22 Et ce que nous demandons en termes de justice, puisque c'est tout simplement qu'aujourd'hui la justice prenne le relais,
02:27 qu'elle remplisse son rôle parce que devant toutes ces incohérences qui sont là,
02:32 il y a une évidence par rapport à tous ces gens, qu'on nous cache la vérité.
02:41 Il y a quelqu'un également de votre entourage qui est avec nous sur ce plateau.
02:45 Bonjour mademoiselle.
02:47 Quel est votre lien de parenté avec la défunte ?
02:49 Je suis la fille de madame Kabil.
02:52 Vous avez vous aussi madame l'impression qu'il y a des choses vraiment très bizarres dans ce dossier ?
02:57 Oui tout à fait et puis il est vrai que les choses qui puissent nous dire de quoi est morte ma maman,
03:04 c'est le dossier médical et son corps.
03:07 Et jusqu'alors nous n'avons ni dossier médical ni le corps de maman.
03:10 La question que vous vous posez tous ce soir, c'est déjà 1. De quoi est morte cette dame ?
03:15 2. Où est passé sa dépouille ? Car on ne le sait pas.
03:18 3. Qu'en est-il de ces témoignages que nous allons voir dans ce reportage ?
03:22 Parce que des langues se sont déliées, même sous couvert d'anonymat.
03:26 On commence petit à petit à reconstituer le puzzle et on s'aperçoit,
03:29 vous vous en doutez qu'il y a des choses docteur Courtois, on en dira plus tout à l'heure,
03:32 qui sont quand même très très très bizarres, morbides,
03:36 mais je crois que ces gens-là ont le droit de connaître la vérité.
03:39 Voyons donc l'enquête avant de démarrer toute une série de coups de fil.
03:43 C'est une grande enquête qui va démarrer maintenant.
03:45 Avant de démarrer des duplex, une nouvelle fois, je l'annonce aux parents,
03:49 s'il y a des petits-enfants, même si les images ne sont pas forcément choquantes,
03:53 mais le contexte en tout cas, lui, ne permet peut-être pas de faire de beaux rêves,
03:57 quand on est un petit garçon ou une petite fille,
03:59 donc il serait peut-être plus prudent de les éloigner du poste de télévision.
04:03 Mais vous avez le droit à la vérité.
04:05 Sans aucun doute, l'enquête se fit prichonner.
04:07 Eliane Kabil. Cette femme décède en 2001 de manière suspecte.
04:12 C'est en voulant découvrir la vérité que sa famille plonge dans l'horreur.
04:16 L'hôpital dit qu'elle est morte d'une mort naturelle.
04:21 Eux, ils vous disent qu'elle est morte d'autre chose.
04:23 Le corps, c'est pas le corps. Non, là, pour nous, il y a un trafic, il y a quelque chose.
04:26 Non, mais là, c'est grave. Ce qui s'est passé, c'est grave.
04:30 Ah, donc, il s'est bien passé quelque chose.
04:32 Je sais que leur but, c'est qu'on craque, c'est qu'on fasse des choses pour que...
04:37 Parce qu'ils essayent d'user la famille.
04:39 Non, vous cherchez de l'argent.
04:41 Ah non, non, non.
04:42 Avec toutes les preuves qu'on a, avec tout ce qu'on a actuellement, il faut qu'ils arrêtent.
04:47 Malgré une exhumation et plusieurs autopsies, des doutes subsistent.
04:52 Folie collective ou soupçon réel ?
04:54 Enquête sur une affaire qui glace le sang.
04:56 Vous avez vu que ça va permettre d'avoir des enfants ?
04:58 Pourquoi y a-t-il eu cette substitution de cadavre ?
05:02 Négligence ? Si c'est le cas, elle est effrayante.
05:06 Commerce ?
05:07 Il faut pas qu'ils nous laissent comme ça. On a besoin de faire notre deuil.
05:10 Pour faire notre deuil, il faut un corps. On n'a rien. On n'a rien.
05:15 Notre vie a basculé. On n'en peut plus.
05:20 Écoutez, pitié. Pitié, vraiment pitié.
05:24 De quoi est morte Eliane Kabil ? Où est passé son corps ?
05:28 C'est ce que notre famille veut savoir et elle le crie.
05:31 L'hôpital pense qu'elle n'est motivée que par l'argent.
05:34 - Non, ça c'est pas moi. - Bah non, non, non.
05:36 Le médecin légiste qui a autopsié le corps pense que notre famille est fragile.
05:40 Tandis que ce sont des malades mentaux,
05:42 ils vont tous se rentrer dans un processus de maladie mentale,
05:45 ils vont tous contester éternellement le problème.
05:49 Mais l'assistant du médecin légiste pense, lui, que le corps enterré n'est peut-être pas le bon.
05:53 - Non, c'est pas moi. - Bah non, non, non.
05:56 Nous allons enquêter en profondeur, poser des questions.
05:59 Pourquoi, après l'exhumation du corps, la famille n'a pas reconnu les vêtements ?
06:02 Pourquoi elle n'a pas reconnu le médaillon ?
06:05 Pourquoi le cercueil a l'air différent ?
06:08 - Ce qui est sûr, c'est les poignets. Les poignets, c'est pas les nôtres.
06:11 Sur le plateau, nous interrogerons le médecin légiste.
06:13 - Ils ont eu un choc cytologique. - Désolé, désolé, j'arrête cette communication qui n'a pas d'intérêt.
06:17 - Vous avez raison, professeur. Écoutez-moi, je vous laisse raccrocher ensuite.
06:21 Notre famille est-elle folle ?
06:23 - Il ne faut pas qu'ils nous laissent comme ça. C'est inhumain.
06:27 Nous souffrons terriblement. Les enfants sont tous perturbés.
06:31 Où lui cache-t-on quelque chose ? La réponse, dans "Sans aucun doute", dans un instant, sur TF1.
06:36 Il y a quelques instants, nous étions à l'écoute de la famille Kabil,
06:43 venue nous dire sa souffrance quant à la disparition d'un proche.
06:47 Dans ce dossier, les questions sans réponse sont nombreuses.
06:51 De quoi est morte Eliane Kabil ? Où est passé son corps ?
06:54 Voici la suite de notre document.
06:56 - Pourquoi y a-t-il eu cette substitution de cadavre ?
07:00 - Négligence ? Si c'est le cas, elle est effrayante.
07:04 Commerce ? - Il ne faut pas qu'ils nous laissent comme ça.
07:06 On a besoin de faire notre deuil. Pour faire notre deuil, il faut un corps.
07:10 On n'a rien. On n'a rien.
07:13 Notre vie a basculé. On n'en peut plus.
07:18 Écoutez, pitié. Pitié, vraiment, pitié.
07:27 Le 27 janvier 2001, Eliane Kabil est hospitalisée pour une douleur à la cheville.
07:32 Elle décédera 15 jours plus tard.
07:34 Pourtant, il ne s'agissait au départ que d'une mesure de précaution à la demande du médecin de famille.
07:40 La faire selon lui de quelques jours, afin de pratiquer des analyses.
07:44 Eliane se porte bien. Eliane dit qu'elle a presque plus mal.
07:49 Elle avait une douleur, mais ça va s'en aller.
07:53 Le résultat des examens s'avère excellent.
07:56 Mais brutalement, le 7 février, l'état de santé d'Eliane bascule.
08:00 Elle est placée sous oxygène.
08:02 Physiquement, elle fait 100 ans. Elle fait très vieille.
08:06 On s'aperçoit à ce moment-là qu'elle ne peut pas bouger.
08:09 Mais elle ne nous dit rien, en fait.
08:11 On est choqués parce qu'elle n'arrive pas à faire aucun mouvement.
08:14 Elle n'arrive pas à mâcher. Elle n'arrive pas à valer.
08:16 Elle ne bouge plus.
08:18 Le médecin diagnostique une infection du sang.
08:21 Prise de panique, Lucie demande le transfert de sa mère dans un hôpital spécialisé.
08:26 On parle avec le médecin. On essaie de savoir ce qui se passe.
08:28 Elle nous rassure en disant que c'est juste une anémie de type 1,
08:31 qu'il y a 3 stades, qu'elle sortira jeudi prochain et qu'elle ira voir le médecin de son choix.
08:35 Mais là, vu qu'elle est faible, faire un transfert, etc., ce n'est pas la peine.
08:38 Elle n'est pas malade. Elle n'a rien.
08:40 Le transfert est annulé.
08:42 Pourtant, 2 jours plus tard, Eliane part en réanimation.
08:45 Dans la nuit du 9 au 10 février,
08:48 Eliane aurait subi, selon les médecins, des soins lourds et douloureux.
08:52 C'est Marie-Christiane, sa sœur, qui a couru à son chevet.
08:55 Là, je la touche. Elle est froide. Elle est glaciale.
08:59 Je lui ouvre les mains. Elle a un peu de sang dans les mains.
09:02 Je m'aperçois qu'elle a une plaie qui est ici.
09:09 Elle a un film ocre qui part du pectoral gauche au pectoral droit.
09:16 Je me dis "Zut, alors qu'est-ce qui s'est passé ? Eliane est morte."
09:20 Ici, elle a comme une coquille, mais c'est tout blanc.
09:25 Eliane est inerte. Elle est morte.
09:30 Je reste vraiment abasoudie de voir Eliane morte.
09:33 Ils arrivent et ils me donnent la montre d'Eliane et le dentier d'Eliane.
09:38 Nous sommes le 10 février.
09:41 Plusieurs signes portent à croire qu'Eliane est décédée.
09:44 Les machines sont débranchées. Seul le respirateur artificiel fonctionne.
09:49 Selon la famille, une étrange cicatrice lui parcourt le corps.
09:53 Et pourtant, les médecins sont formels.
09:55 Eliane n'a pas été opérée. Elle serait toujours en vie, mais dans un coma profond.
10:00 Nos doutes subsistent pendant 4 jours.
10:03 Le 13 février, on nous annonce que Mme Kabil est décédée d'un arrêt cardiaque.
10:12 C'est marqué de mort naturelle.
10:15 Mort naturelle, aléa thérapeutique ou encore septicémie.
10:21 Les médecins auraient invoqué des causes aussi différentes qu'invraisemblables.
10:25 En dernier recours, ils auraient même tenté d'acheter le silence de cette famille.
10:30 On nous a proposé deux médiations et une forte indemnisation.
10:38 On n'a pas du tout accepté.
10:40 La famille d'Eliane ne peut accepter son décès.
10:43 Trop de questions restent en suspens.
10:45 Nous avons mené notre enquête à leur côté et découvert des éléments plus que troublants.
10:50 Tout d'abord, comment expliquer ce courrier adressé par l'hôpital aux médecins de famille ?
10:55 Une lettre datée du 9 février faisant mention du décès alors qu'Eliane serait officiellement morte le 13.
11:01 Nous avons retrouvé ce médecin, le seul à avoir suivi la santé d'Eliane durant 35 ans.
11:07 La famille le questionne en caméra cachée.
11:10 Ses propos sont sans équivoque.
11:12 C'est l'hôpital qui était tampon.
11:16 C'était pas moi, c'est l'hôpital.
11:18 Vous faisiez tampon entre la famille et l'hôpital pour essayer de trouver un terrain d'entente.
11:22 Mais s'il y a mort "naturelle", il n'y a pas de médiation et il n'y a pas de proposition de déterminer.
11:28 C'est un dommagement lourd.
11:30 C'est une mort accidentelle parce qu'il y a eu une maladie qui n'a pas été contrôlée.
11:35 C'est tout.
11:37 Le médecin rend enfin le silence.
11:39 C'est un soulagement pour la famille.
11:41 Selon lui, Eliane n'aurait jamais dû mourir.
11:44 L'hôpital aurait commis une erreur de diagnostic.
11:47 Nous avons interrogé en caméra cachée l'interne responsable d'Eliane à l'hôpital.
11:51 Sa version est différente, confuse et surtout placée sous l'étroite surveillance d'un médecin-chef.
11:57 Laissez-la parler, c'est le docteur.
11:59 Elle a pas dit comment elle a fait l'activation de son anemone réflactaire.
12:03 On pouvait pas le voir, c'était décevant.
12:06 C'était gouvernement.
12:07 On peut pas le voir.
12:08 Ce discours sous contrôle ne répond pas aux questions de la famille.
12:12 L'interne les renvoie vers le directeur de l'hôpital.
12:15 Mais cet homme ne semble pas comprendre leur démarche.
12:18 La médiation a été proposée par l'hôpital.
12:21 Voyez donc un dédommagement très lourd.
12:23 Il faut arrêter la procédure.
12:25 Donc vous cherchez de l'argent.
12:27 Non, non, non, c'est une honte.
12:30 Du début jusqu'à la fin c'est une honte.
12:33 Ça justifie vraiment une instruction judiciaire.
12:38 L'hôpital ne reconnaît qu'un défaut de communication avec la famille.
12:43 Des explications largement insuffisantes.
12:46 Voilà pourquoi à l'époque, celle-ci réclame une exhumation.
12:56 Afin de connaître les causes réelles du décès, la famille réclame une autopsie.
13:01 Les conclusions parviennent six mois plus tard.
13:03 Eliane aurait succombé à une leucémie foudroyante et multiviscérale.
13:08 En clair, un cancer généralisé que personne n'aurait remarqué.
13:12 Un diagnostic incompréhensible, mais selon la famille, il y aurait une explication.
13:18 Quand on regarde mieux le rapport et la description du corps de la personne qui a été autopsiée,
13:23 là on comprend effectivement que ça peut être multiviscérale, puisque ce n'est pas notre maman.
13:27 Ils disent qu'en fait la personne pesait 82 kg, or maman faisait 70 kg et 500 g.
13:35 Cette personne apparemment fait 1,65 m, maman faisait 1,60 m.
13:39 Différence de taille, de poids, la cicatrice constatée à l'hôpital n'est pas mentionnée.
13:45 Rien ne correspond à Eliane Kabil.
13:48 Un doute sérieux pèse sur l'identité du cadavre.
13:51 Afin d'en avoir le cœur net, la justice ordonne une exhumation.
13:55 Celle-ci, pratiquée 18 mois après l'enterrement d'Eliane, recèlerait les ingrédients d'une bavure médico-légale.
14:02 On aurait tout simplement interdit à la famille d'y assister.
14:06 C'est à 8 heures quand la criminelle arrive, qu'on rentre avec eux,
14:11 et qu'on découvre effectivement qu'il y a plus d'une dizaine de personnes,
14:15 qu'il y a deux corbillards qui sont là, une pelleteuse,
14:19 et que tout est déjà fait, et qu'ils n'ont plus qu'à, avec des cordes,
14:23 tirer le cercueil, et puis l'exhumation a été déjà faite.
14:29 Et lorsqu'on sort du cimetière, on est juste à l'entrée,
14:33 et là, deux personnes se présentent en tant que la police judiciaire,
14:38 une femme et un homme, et ils sont extrêmement énervés,
14:41 et ils disent "comment ça se fait que c'est terminé,
14:44 alors que nous, nous avons eu ordre de faire des photos de l'exhumation ?"
14:48 Et ils arrivent quand tout est fini.
14:50 Lors de cette exhumation, toutes les règles auraient été bafouées.
14:55 Aucun procès verbal n'est dressé.
14:57 Autre détail troublant, si l'exhumation a lieu le 30 juin,
15:00 un document vient semer le doute.
15:02 Cette réquisition, adressée par la police,
15:05 demande le transport du corps d'Eliane vers un institut médico-légal.
15:09 Mais ce transport s'effectue le 25 juin,
15:12 soit cinq jours avant la date officielle de l'exhumation.
15:15 Pour la famille, ce jour-là, on a remplacé le corps.
15:18 - Vous arrivez à faire votre deuil, à vous recueillir ici,
15:25 ou ça ne vous présente rien ?
15:27 - Non, je ne viens pas au cimetière,
15:30 et je pense que pour toute la famille, la seule façon qu'on ait de...
15:35 Je ne sais même pas si on peut dire d'exister, de faire quelque chose, je pense que...
15:42 - Non. - Non ?
15:45 Pour la famille, il ne s'agit pas du corps d'Eliane.
15:48 Ce doute, apparu lors de l'exhumation,
15:51 devient pour eux une certitude lors de l'autopsie.
15:54 Une nouvelle autopsie est pratiquée le 1er juillet 2003.
16:04 Marie-Christiane et Thierry veulent s'assurer de l'identité du cadavre.
16:08 Ils pénètrent alors brutalement et sans autorisation dans la salle d'autopsie.
16:13 Ce qu'ils découvrent à l'intérieur du cercueil les marquera jamais.
16:17 - Vraiment, je m'attendais à voir Eliane.
16:23 Et là, il y a de tout.
16:25 Il y a une tête, il y a une forme de cuvette dorsale, sans les côtes.
16:31 Et à l'intérieur, c'est de la boucherie.
16:34 - Il n'y avait pas de bras, il n'y avait pas de jambes,
16:37 il n'y avait pas de bassin, il n'y avait aucune structure humaine.
16:42 Marie-Christiane et Thierry ne sont pas médecins légistes,
16:45 mais ils relèvent des détails de bon sens.
16:48 Le cercueil exhumé n'a pas de croix, contrairement à celui commandé par la famille.
16:52 Les attaches de poignée sont totalement différentes.
16:55 Quant au corps, il est habillé d'une toute autre manière.
16:59 - Les chaussures n'ont rien à voir avec les chaussures d'Eliane.
17:03 Il y a aussi ce médaillon, ce médaillon qui est dans cette amalgame de viande,
17:08 parce qu'il n'y a pas de corps.
17:10 Et qu'il y a les initiales "ML".
17:13 Eliane n'avait pas de médaillon avec ces initiales "ML".
17:18 Il y a une espèce encore de...
17:20 Il y a pas mal d'objets qu'Eliane n'avait pas.
17:24 Même le dentier apporté par la famille ne correspond pas avec la mâchoire du corps présenté.
17:30 Plus grave, le bracelet médical n'est ni celui de l'hôpital, ni celui de l'institut.
17:36 Pour couronner le tout, le rapport d'autopsie est tout simplement rendu un jour
17:40 avant même que celle-ci ne soit pratiquée.
17:43 - Dans ce cercueil, rien ne nous appartient.
17:46 Mais il y a beaucoup de morceaux de corps.
17:50 Et nous aimerions, si la justice nous entend,
17:54 une autre exhumation et une autre autopsie.
17:59 Malgré toutes ces incohérences, le médecin légiste est formel.
18:03 L'ADN du corps autopsié correspond bien à celui d'Eliane.
18:06 Pourtant, ce même médecin a refusé de pratiquer ce prélèvement sur le dentier apporté par la famille.
18:12 Pour quelle raison ? La famille parle questionnée en caméra cachée.
18:16 Par hasard, celle-ci tombe sur l'assistant du professeur présent également le jour de l'autopsie.
18:21 Écoutez bien ce qu'il révèle à la famille.
18:24 - Vous avez bien vu que ça la permet d'avoir une autre défense.
18:28 - Comme on est habillé, ça n'a rien à voir avec ce que vous me disiez.
18:31 Les tenues que vous aviez mises, ça n'a rien à voir.
18:33 Ma parole n'a pas pris en compte dans des autopsies comme ça.
18:36 - Mais comme tu étais là... - Mais comme j'étais là, j'ai pu constater de mes yeux.
18:40 - Moi, je ne peux pas dire ce qu'il a dit, ce qui a pu se passer.
18:43 - Ah bon ? Parce que vous n'avez pas fait de erreur ?
18:45 - Je pense qu'il a fait une erreur. Il s'est fait tromper de corps, de bonnes.
18:48 Et ça, ça n'a rien à faire.
18:50 Dès la fin de cet entretien, nous avons fait part de ces propos troublants
18:54 à l'avocat de la famille, Maître Gilbert Collard.
18:58 - Tout cela démontre quand même que, contrairement à ce qu'on avait pu raconter
19:03 quand la plainte a été déposée, notre action ne relève pas de l'entonnoir.
19:08 On n'est pas des fous.
19:10 Parce que dans un premier temps, on a essayé de ridiculiser notre démarche,
19:15 de la brocarder, presque.
19:19 Non, on a raison. On a raison.
19:22 Il y a eu une substitution de cadavre. Et c'est inacceptable.
19:27 Pourtant, les portes de la justice se ferment les unes après les autres.
19:31 Aujourd'hui, trois procédures sont toujours en cours.
19:34 Non-assistance à personne en danger, recel de cadavre et même violation de sépulture.
19:39 Selon la famille, la tombe d'Éliane aurait été profanée.
19:42 Une horreur supplémentaire pour une famille qui ne demande qu'une chose,
19:46 pouvoir faire son deuil.
19:48 - Nous demandons à la justice de faire pratiquer cette exhumation.
19:53 Que la lumière soit sur cette affaire.
19:56 Il ne faut pas qu'ils nous laissent comme ça.
19:58 C'est inhumain. Nous souffrons terriblement.
20:01 Les enfants sont tous perturbés.
20:04 Notre vie a basculé. On n'en peut plus.
20:07 Écoutez, pitié. Pitié, vraiment pitié.
20:11 Voilà la détresse d'une famille.
20:14 Le reportage est signé Sophie Prichonny pour sans aucun doute.
20:17 Monsieur, il y a quand même des détails qui doivent permettre à un moment donné
20:22 à quelqu'un de se poser des questions.
20:24 Vous nous dites "le cercueil n'est pas le même".
20:26 C'est facile à prouver. Vous avez une facture.
20:28 Pardonnez-moi ce genre de détails.
20:30 Des pompes funèbres avec le modèle du cercueil.
20:32 Vous avez des photos du cercueil qui a été sorti.
20:35 On voit bien que ce n'est pas le même.
20:37 Est-ce que ce genre de détails n'alerte personne ?
20:40 - Justement. C'est un des soucis.
20:44 Il y a une évidence par rapport à toutes les preuves que nous avons accumulées,
20:48 notamment les photos qui étaient là, qui étaient dans la main de la justice.
20:51 - La taille, le poids, les dents.
20:53 - Mais malgré tout ça, justement, il disait que c'était notre maman.
20:56 On a de nous-mêmes fait présenter les photos à un prothésiste dentaire.
21:02 Et il a décrit séparément les photos.
21:05 Et à l'unanimité, ça ne pouvait pas être le dentier de notre maman.
21:08 - Dans cette salle d'autopsie, madame, est-ce que vous avez l'occasion de prendre la parole
21:12 et de dire "vous voyez bien que ce bras est celui d'un enfant,
21:15 que ce torse n'est pas celui d'un adulte".
21:17 Est-ce que vous posez ces questions ? Est-ce qu'on vous répond ?
21:20 - J'ai posé des tas de questions.
21:23 Le professeur me disait à chaque fois "ce sont des très bonnes questions".
21:28 Moi, j'étais partie avec l'idée de voir un squelette.
21:31 J'ai préparé psychologiquement, spirituellement,
21:36 en me disant "après 29 mois, je reconnaîtrai la robe d'Eliane avec ses fleurs,
21:42 je reconnaîtrai ses chaussures".
21:45 Et avoir un squelette.
21:47 Je suis arrivée devant cette horreur.
21:51 J'avoue que je ne comprends pas comment le juge a pu nous laisser ainsi.
22:00 Comment se fait-il que tous ces gens qui étaient autour de nous,
22:03 qui ont vu comme nous, n'ont rien fait.
22:06 Et ça, ce n'est pas possible.
22:10 Il y avait vraiment beaucoup de chair humaine.
22:13 - Revenons sur l'aspect médical, docteur Courtois, avec vous.
22:17 Pourquoi cette dame rentre pour la première fois à l'hôpital ?
22:20 - Cette dame rentre la première fois à l'hôpital car elle avait une douleur
22:23 au niveau de la cheville droite et qu'elle boitait un petit peu.
22:26 C'était un bilan classique qui a été fait à l'hôpital.
22:29 D'ailleurs, elle est restée peu de jours.
22:31 On a fait des examens pour chercher une phlébite.
22:34 On n'a rien trouvé.
22:35 Simplement, on a trouvé une forme de sanguine un petit peu modifiée,
22:38 une légère anémie.
22:39 On lui a proposé, si j'ai bien compris, de revenir ultérieurement
22:42 pour faire un bilan complet.
22:43 - Peut-on nourrir d'un cancer généralisé aussi foudroyant
22:48 sans qu'il n'y ait le moindre symptôme quelques mois auparavant ?
22:52 - Au risque de vous étonner, de vous décevoir, j'ai étudié le dossier
22:55 et c'est la première fois que je n'ai pas compris grand-chose.
22:57 Parce qu'à chaque page, on a des renseignements
22:59 qui sont contredits de la page suivante.
23:01 Je vais vous l'expliquer en deux mots.
23:02 Dans le dossier médical de l'hôpital, on vous explique que cette dame
23:05 a eu de la fièvre à 40, a fait une infection pulmonaire,
23:09 qu'on a mis des antibiotiques, qu'elle a été intubée.
23:13 C'est daté, donc on l'a mise à l'état de coma artificiel
23:15 et qu'elle est morte d'un choc sceptique avec des faillances multiviscérales.
23:18 Donc on part sur une infection, un choc sceptique.
23:21 Et quand on retrouve le rapport d'autopsie et le rapport de l'expert médical,
23:25 on nous explique que c'est une maladie très rare, exceptionnelle,
23:29 une leucémie foudroyante, et que donc c'est les tissus
23:32 qui ont été atteints par la tumeur, si vous voulez.
23:34 Mais on nous dit immédiatement après, on ne pouvait pas le savoir
23:37 parce que les cellules tumorales n'étaient pas dans le sang
23:40 et n'étaient pas non plus dans la moelle, c'est-à-dire on se demande où elles étaient.
23:43 Donc on a fait à postériori un diagnostic, si vous voulez,
23:46 sur des rapports d'autopsie, sur le rapport d'autopsie
23:49 et les examens anatomopathologiques des organes,
23:51 à condition que ce soit bien sûr des liens de cabine.
23:54 Et on en est là.
23:55 Alors les coups de fil vont arriver dans une seconde.
23:57 Nous avons bien sûr des photos de cette autopsie
23:59 que nous ne montrons pas ce soir, et vous comprenez certainement pourquoi.
24:02 Mais vous les avez vues, M. Rotoir, et je les ai vues également.
24:05 Est-ce qu'un corps se retrouve dans cet état, malgré la décomposition et le temps,
24:11 ou est-ce que là, on peut, au vu des photos, vous qui avez certainement dû assister déjà à ce genre de choses,
24:16 penser qu'effectivement, il n'y a pas qu'un seul corps ?
24:19 Mais déjà, il y a un problème, et je suis tout à fait d'accord avec vous.
24:21 Une autopsie, ça se fait sur une table d'autopsie.
24:23 On ne plonge pas les mains dans un corps qui reste dans un cercueil.
24:27 Donc déjà, les conditions d'autopsie sont totalement inadmissibles.
24:31 Et dans les photos que l'on voit, c'est un amas, d'abord de graisse qui est encore jaune,
24:36 d'amas d'organes sanguinolents, et manifestement, c'est un PEUZ.
24:42 C'est-à-dire que ce n'est pas un corps normal, de la tête aux pieds,
24:45 c'est des morceaux de corps, d'organes, on ne voit pas d'os.
24:49 C'est surprenant, on ne voit pas d'os.
24:50 Et on nous raconte après qu'on n'a pas pu faire de prélèvement d'ADN,
24:54 parce qu'on n'a pas pu le faire.
24:56 Forcément, si c'est 36 organes de personnes différentes, on ne peut pas le faire.
24:59 C'est tout ce que je peux dire.
25:00 À cet instant, nous ne pouvons affirmer qu'une chose.
25:03 Eliane a été hospitalisée pour une douleur à la cheville,
25:06 et son état s'est brutalement dégradé jusqu'à son décès, qu'un jour plus tard.
25:09 Plusieurs questions restent donc en suspens.
25:11 De quoi exactement est morte Eliane ?
25:13 Le corps autopsié une première fois, est-il bien celui d'Eliane ?
25:16 Si tel n'est pas le cas, où est passé sa dépouille ?
25:18 Le moment est venu d'élucider ce qui semble encore bien mystérieux aujourd'hui,
25:22 afin de permettre à cette famille de faire dignement son deuil.
25:25 C'est aujourd'hui le combat de votre vie également ?
25:27 Oui, je pense que c'est aujourd'hui le jour le plus important pour nous.
25:32 Oui, c'est aujourd'hui.
25:33 C'est aujourd'hui parce que je pense que grâce à vous,
25:35 on va pouvoir savoir de quoi maman est morte, et où est son corps.
25:42 Nous savons que notre famille traumatisée s'est demandée,
25:45 et se demande toujours, de quoi Eliane avait bien pu mourir à l'hôpital.
25:48 Une première autopsie a révélé un cancer généralisé et foudroyant.
25:52 Mais notre famille a toujours mis ce diagnostic en doute,
25:55 persuadée que le corps autopsié n'était pas celui d'Eliane.
25:58 Elle a donc fait procéder, 18 mois plus tard, à une exhumation du corps,
26:02 pour une deuxième autopsie.
26:04 Nous voulons donc entendre le médecin légiste qui s'en est chargé,
26:07 et lui demander s'il a bien autopsié le bon corps.
26:10 Ah, c'est cette histoire là, oui.
26:12 Alors là, vous devriez abandonner tout de suite,
26:14 parce que c'est une famille qui est pathologique.
26:17 Pourquoi dites-vous ça ?
26:18 Parce que toutes les expertises ont été faites pour montrer qu'il s'agit du bon corps.
26:22 Il y a eu des expertises ADN, à la fois sur les cadavres,
26:25 mais également sur la famille, pour montrer qu'il s'agissait bien de madame...
26:30 je ne sais plus comment c'est...
26:31 - La dame de sa...
26:32 - Vous voyez, c'est donc la même famille.
26:34 - Qui semble dire que ce n'était pas les mêmes chaussures, et les mêmes habits.
26:37 - Non, non, mais on parle des chaussures, c'est les mêmes chaussures,
26:40 mais ça les chaussures, il n'y a pas eu d'expertise technique sur les chaussures.
26:43 Mais l'expertise ADN, c'est formel.
26:46 Il y a identité absolue, et c'est bien le corps de cette dame, il n'y a aucun problème.
26:51 - D'accord, alors cette dame est à côté de moi.
26:53 Madame, ce professeur a l'air sûr de son fait.
26:56 - Déjà, il y a une question que j'aimerais vous poser.
26:58 Comment se fait-il que cette autopsie n'ait pas été pratiquée sur la table qui était à côté ?
27:04 - Madame, il ne faut pas mélanger les choses.
27:06 Il y a le problème de l'identité du corps, et le problème de la vraie technique d'autopsie.
27:10 Dans certains cas, quand les autopsies sont faites après exhumation,
27:13 et que le corps est en très mauvais état,
27:15 on le fait dans le cercueil pour faire les prélèvements et comparer les choses.
27:20 - Alors, il y a quelque chose, monsieur.
27:22 Écoutez, le corps qui était dans ce cercueil n'était pas un corps.
27:28 Il y avait des morceaux de corps.
27:30 Il n'y avait ni bras.
27:32 Ni bras. Vous pouvez m'écouter ?
27:34 Il n'y avait ni bras.
27:36 - Je ne vais pas perdre mon temps, madame, avec cela.
27:38 Je vous répète qu'un corps qui a été autopsié déjà une fois,
27:42 qui est inhumé et qu'on ressort plusieurs mois, plusieurs années après,
27:46 est très déchiré.
27:48 Les gens qui n'ont pas l'habitude sont toujours surpris de voir que le corps est en très mauvais état.
27:53 Ce qui est malheureusement normal. C'est l'évolution normale des cadavres.
27:56 Malgré l'assurance que manifeste ce médecin légiste,
27:59 sur notre plateau, nos témoins doutent toujours.
28:01 Il faut dire que des questions simples sont restées longtemps, sans réponse.
28:05 Pourquoi, après l'exhumation, la famille n'a pas reconnu les affaires que portait le corps ?
28:09 Pourquoi n'a-t-elle pas non plus reconnu le cercueil qu'elle avait acheté pour la défunte ?
28:12 Sur ce dernier point, voici l'opinion du légiste.
28:15 - Moi, je vais montrer la photo du cercueil de l'autopsie à celui qui l'a vendu des pompes funèbres,
28:20 et il va peut-être me dire, devant des millions de téléspectateurs,
28:22 "Ce cercueil-là, monsieur, je ne le vends pas et je ne l'ai jamais vendu."
28:25 Et auquel cas, il faudra que quelqu'un m'explique comment cette dame s'est retrouvée là-dedans.
28:29 - Il vous dira des bêtises, parce qu'il n'a pas l'habitude de voir des...
28:32 - Il a l'habitude, peut-être, mais un vendeur de cercueils ne fait pas des exhumations, et la photo que vous allez prendre est une photo de très mauvaise qualité,
28:40 sur laquelle on ne peut pas se prononcer sur le cercueil.
28:43 - Pour vous, le cercueil s'est altéré avec le temps ?
28:45 - Mais bien sûr !
28:46 Voici l'Octan. C'est le modèle de cercueil acheté par la famille Kabil.
28:50 C'est un modèle exclusif, vendu par une seule entreprise de pompes funèbres.
28:54 On peut voir sur la photo que les poignées sont à charnière,
28:57 alors que sur le modèle exhumé à droite, le système d'attache des poignées ne semble pas correspondre.
29:01 Vanessa Halal, de l'équipe de "Sans aucun doute", s'est rendue chez le vendeur du cercueil le jour de notre enregistrement,
29:07 pour lui montrer ses photos. Il était hélas absent.
29:10 Nous lui avons donc fait parvenir ses documents.
29:12 Il va nous dire ce qu'il pense des poignées, et cela ne va pas manquer de nous surprendre.
29:16 La suite de cette incroyable affaire, dans un instant, dans "Sans aucun doute".
29:20 Il y a quelques instants, une journaliste de "Sans aucun doute" se rendait dans l'entreprise de pompes funèbres
29:30 qui a vendu le cercueil de la défunte à la famille Kabil.
29:33 Nous voulions savoir si, sur ses photos du cercueil exhumé d'Eliane Kabil,
29:37 il reconnaissait le modèle qu'il avait vendu.
29:39 Voici sa réponse au téléphone.
29:41 Écoutez bien, elle est très claire.
29:43 "Le droit qui est sûr, c'est les poignées. Les poignées, ce ne sont pas les nôtres."
29:45 Il ne reconnaît pas les poignées, mais ce n'est pas tout.
29:48 La croix aussi pose un problème.
29:50 Elle figurait sur le cercueil acheté par les Kabil.
29:52 Elle a disparu sur le cercueil exhumé.
29:55 Le médecin légiste, toujours en ligne, a là encore une explication.
29:59 Pour revenir au cercueil, la croix a disparu. Comment elle peut disparaître ?
30:02 "La croix n'a pas disparu. Je ne sais pas si la croix a disparu.
30:05 Les croix, je vous le rappelle, ce sont des croix adhésives qui sont collées avec un adhésif double face
30:10 et ça ne tient pas, ce n'est pas très solide."
30:13 Monsieur, vous allez donner la parole à votre fils.
30:15 Le système de croix, par rapport à la facture, c'est une croix,
30:19 elle porte un nom, cette croix, et elle est vissée.
30:23 Elle n'est pas collée, comme le dit ce monsieur.
30:25 Non, elle est vissée.
30:27 Elle est vissée et le seul endroit où il y avait de la colle, c'est sur la plaque où il y avait le nom.
30:34 Effectivement, c'est un système d'adhésif et là, c'est collé dessus.
30:39 Paradoxalement, la plaque collée est restée en place.
30:41 Quant à la croix, la réponse du vendeur de cercueil, toujours au téléphone et là aussi, sans appel.
30:47 "La croix, c'est vrai que ça ne disparaît pas.
30:49 Si soit elle est restée dans l'intérieur, soit elle a été mise de côté ou à côté dans la housse.
30:55 Mais bon, la croix, ça ne disparaît pas. C'est la réponse gagnante."
30:57 Sur le plateau, nous sommes toujours en ligne avec le médecin légiste qui a autopsié Eliane Kabil.
31:02 Nous sentons poindre chez ce spécialiste un certain agacement devant nos objections.
31:06 Il n'a manifestement pas de temps à perdre avec nous et notre dossier.
31:10 "Encore une fois, je ne vais pas continuer à discuter de cela."
31:14 "Badrachowicz ?"
31:15 "Oui, bonjour docteur.
31:16 Simplement, j'ai une remarque à faire et une question à vous poser.
31:21 Déjà, peut-être que la famille est pathologique, mais vous en tout cas, vous manquez de psychologie.
31:25 Parce qu'on est véritablement dans un drame familial.
31:28 Nous sommes tous émus autour de cette table face à ce drame familial.
31:31 Il faut savoir quand même que lors de l'autopsie, une famille a découvert des déchets humains dans un cercueil."
31:40 "C'est ce qu'ils disent, c'est ce qu'ils disent."
31:42 "D'après eux, bien sûr.
31:43 Mais c'est leur version.
31:45 Il faut respecter leur version.
31:47 Ils ont eu un choc psychologique."
31:51 "Vous avez raison professeur.
31:52 Ecoutez-moi, je vous laisse raccrocher ensuite.
31:55 Bon, voilà.
31:56 Donc effectivement, ce monsieur a sa version qui est tout aussi respectable que la vôtre.
32:01 Effectivement, le seul point sur lequel nous pouvons avoir un véritable débat, c'est sur ces fameuses dates.
32:07 Qui, malheureusement, ne coïncident pas tout à fait avec la vérité."
32:11 "Tout à fait, car au vu des éléments du dossier, l'autopsie se serait déroulée le 1er juillet.
32:15 Le rapport aurait été déposé le 30 juin.
32:18 Par ailleurs, il y aurait eu effectivement des problèmes par rapport aux photographies.
32:23 On ne reconnaît pas le corps.
32:25 Même par rapport au rapport d'autopsie, on ne reconnaît pas la description de la personne qui est décédée.
32:31 Le docteur Courtois nous l'a confirmé tout à l'heure.
32:33 Il y a trop de différences pour considérer qu'il s'agit de la même personne.
32:37 Donc ce sont tout un tas de questions.
32:39 À la limite, peut-être que ce médecin a raison.
32:41 On n'en sait rien.
32:42 Mais aujourd'hui, il y a une véritable question que la famille se pose légitimement.
32:46 Je trouve ça inadmissible qu'on parle de pathologie,
32:49 alors même que ce médecin pourrait avoir un minimum de moralité et de bienveillance
32:54 à l'égard de cette famille qui souffre.
32:56 Je pense que c'est toujours le problème de beaucoup d'hôpitaux,
32:59 où il y a un manque véritablement d'humanité.
33:02 Je pense qu'aujourd'hui, on doit mettre également l'accent sur ce problème."
33:05 Le médecin légiste qui a pratiqué l'autopsie ayant raccroché.
33:09 Nous n'avons pas pu l'interroger sur la question des dates qui dans cette affaire est fondamentale.
33:13 Pourquoi le rapport de ce médecin est daté de la veille de l'autopsie elle-même ?
33:17 Le meilleur moyen de le savoir est de le lui demander en le rencontrant.
33:21 Nous envoyons donc notre journaliste Sophie Prichodny sur le terrain au contact de ce légiste.
33:27 "On a une informatique, comme tous les laboratoires, un peu compliquée.
33:32 Quand on tape, quand on dicte...
33:35 J'ai fait l'autopsie le 1er juillet, j'ai dicté le 1er juillet ou le 2 juillet,
33:39 il y a quelquefois un petit décalage.
33:41 Et quand les secrétaires tapent, la machine met la date de la date de frappe, automatiquement.
33:49 C'est comme ça.
33:51 Donc il faut corriger la date de frappe."
33:55 "La date de frappe, mais vous ne pouvez pas frapper un rapport de 30 si l'autopsie elle-même est la première ?"
34:00 "Si, parce qu'il y a des décalages dans la saisie.
34:03 Ça c'est pas de l'informatique."
34:05 Pour un novice, c'est une explication qui peut sembler acceptable.
34:08 En revanche, pour la famille Kabil, cette incohérence ouvre la porte à toutes les spéculations.
34:12 Autre point important lui aussi, et sur lequel notre médecin légiste va devoir s'expliquer,
34:17 concerne le bracelet d'identification que portait le corps qu'il a autopsié.
34:20 Il ne viendrait ni de l'hôpital dans lequel est décédée Eliane,
34:24 ni de l'institut médico-légal dans lequel elle a été autopsiée.
34:27 "Le bracelet qu'elle devait avoir était un bracelet d'ici."
34:31 "C'est pas ce qu'il notait dans les rapports, parce qu'il est marqué qu'il ne vient ni de chez vous, ni de l'hôpital.
34:37 Personne ne l'identifie.
34:39 Et c'est ce qui est conclu avec..."
34:42 "C'est fou ça, c'est pas une fousse de faire des bêtises comme ça.
34:48 S'ils veulent du fric, c'est ce qu'ils veulent,
34:51 et ils sont poussés par des avocats malhonnêtes,
34:54 pas simplement malhonnêtes, parce que c'est pas possible d'autrement."
34:57 "C'est pas de l'argent qu'ils veulent, monsieur."
34:59 "Qu'est-ce qu'ils veulent ? Ils ont leur corps, il est dans la boîte,
35:02 il n'y a qu'à le faire exhumer une troisième fois, on fera encore des empreintes génétiques,
35:05 puisque la justice a trop d'argent."
35:07 "Qu'est-ce qu'ils demandent ? Ils demandent une exhumation."
35:09 "Ils n'auront certainement pas d'exhumation, et il faut se faire arrêter.
35:13 Ils contesteront, c'est évident, étant donné que ce sont des malades mentaux,
35:17 ils vont tous, enfin ils sont rentrés dans un processus de maladie mentale,
35:20 ils vont tous contester éternellement le problème, ils ne seront jamais satisfaits."
35:25 La famille Kabil sait désormais à quoi s'en tenir, mais ce n'est pas tout.
35:28 Manifestement irrité par nos questions, le médecin légiste va se montrer soudainement moins coopératif.
35:34 "Vous attaquez, donc je vais vous attaquer, faites attention, j'en ai parlé,
35:38 parce que j'ai appelé la justice quand même, je vous le dis, je vous attaque en diffamation.
35:42 Nous vous attaquons en diffamation, la juge d'instruction vous attaque en diffamation immédiatement.
35:48 Vous lui dites à Julien Machin, je ne sais pas comment il s'appelle,
35:52 vous lui dites qu'il sera attaqué dans les minutes en diffamation, la chancellerie est au courant également,
35:58 j'ai appelé la chancellerie, je l'ai mentionné."
36:00 "Ce sera avec plaisir, ce qui permettra, car la diffamation a effectivement beaucoup d'inconvénients,
36:06 mais en a un, un avantage, c'est qu'on peut chacun déballer sur une table les pièces que l'on a,
36:12 car qu'est-ce que c'est que diffamer ? C'est affirmer des choses que l'on ne peut pas prouver.
36:16 Voilà, grosso modo c'est ça. Donc moi, j'irai devant le juge, si je suis attaqué en diffamation,
36:21 et je dirai au juge "Monsieur le juge, j'ai dit que ce n'était pas les bonnes dates, voilà les papiers,
36:25 j'ai dit que ce n'était pas les bons bracelets, voilà les bracelets, j'ai dit que ce n'était pas le bon cercueil,
36:29 voilà le témoignage."
36:31 "Et le monsieur en face devra dire en quoi je l'ai diffamé, mais au moins le juge lui sera au courant de ce qui s'est passé.
36:36 Donc si ce monsieur regarde cette émission, rendez-vous au tribunal pour la diffamation,
36:40 avec les pièces du dossier, j'y serai personnellement."
36:47 Voilà, maintenant, nous avons fait un grand pas aujourd'hui, nous avons alerté tout le monde,
36:51 et croyez-moi, et ce serait avoir peu de respect pour nos téléspectateurs,
36:55 si nous en restions là, nous allons aller jusqu'au bout.
36:58 Voilà ce qui a été fait, nous avons fait tout ça en 8 heures, puisqu'on a démarré ce matin à 9 heures,
37:02 et il est quasiment maintenant 20 heures, mais là, plus personne ne peut dire qu'il n'a pas été alerté par ce dossier.
37:08 Et celui, encore une fois, qui refuse d'aller chercher la vérité, c'est que ça cache quelque chose,
37:14 et je crois qu'on n'a pas le droit de jouer avec la mort des gens.
37:17 Peut-être qu'il ne s'est rien passé, qu'on nous le prouve.
37:19 Mais si s'est passé quelque chose, il faut savoir quoi.
37:22 Et voilà, j'espère qu'en haut lieu, le message sera passé.
37:25 Madame, qu'avez-vous à dire aujourd'hui ?
37:27 Bien écoutez, nous sommes vraiment très satisfaits, nous sommes très contents,
37:34 parce que nous avons fait une très grande avancée dans ce dossier,
37:38 et nous tenons à remercier, comme je vous l'ai dit, vous, M. Julien Courbet, toute l'équipe, et aussi Sophie.
37:48 Bien enquêté là-dessus, et on va se revoir.
37:51 Ce n'est que la première étape.
37:53 Grâce à vous, grâce à votre humanité, grâce à votre recherche, grâce à votre investigation,
38:01 aujourd'hui, on retrouve un petit peu de dignité.
38:04 Quant à ce médecin qui parle de folie, j'aimerais quand même lui dire quelque chose,
38:08 c'est que moi j'ai mes enfants, quand je regarde mes enfants,
38:11 quand je vois tout l'amour que notre maman nous a porté,
38:14 je me dis aujourd'hui, pour notre part, nous avons voulu nous battre jusqu'au bout pour avoir cette vérité,
38:20 et nous continuerons grâce à vous et avec vous.
38:23 Merci à tous les trois.
38:25 [Musique]
38:53 *Bruit de l'explosion*