L'INVITÉ / Les enseignants réagissent aux annonces d'Emmanuel Macron
Transcript
00:00 Et Lucas on va rester à l'école ce soir à présent avec notre premier invité Paul Hagar
00:05 représentant du syndicat enseignant ce nuit PPFSU 37
00:08 il réagit avec nous aux annonces du président de la république en matière d'éducation
00:12 Emmanuel Macron qui a rencontré hier les journalistes pour évoquer son plan d'action d'ici à la fin du quinquennat
00:17 Bonjour Paul Hagar
00:18 Bonsoir
00:19 Soyez le bienvenu sur notre plateau
00:21 Alors on a eu de nombreuses annonces hier qui concernaient l'enseignement
00:24 je rappelle que vous êtes vous même enseignant
00:26 d'abord il y a cette volonté de s'attaquer au programme, notamment celui d'éducation civique
00:30 en doublant son volume horaire dès la rentrée prochaine
00:33 ça avait déjà été proposé par PAP-NVI
00:35 mais Emmanuel Macron souhaite aussi que les arts soient plus présents
00:38 notamment en rendant obligatoire le théâtre et l'histoire de l'art
00:41 ça voudrait dire former plus de professeurs
00:43 et là on fait face à un autre problème, comment recruter ?
00:47 Oui c'est la question, une des questions primordiales que l'on rencontre en ce moment dans l'école
00:53 et depuis maintenant plusieurs années
00:54 c'est-à-dire que les concours de recrutement ne font pas le plein
00:57 et un certain nombre de nos collègues souhaitent quitter la profession
01:01 au regard des grandes difficultés que nous rencontrons au quotidien dans nos classes
01:05 ça fait lien avec le cas de la ministre Oudéa Kastéra
01:09 au-delà de son cas personnel sur lequel je ne vais pas vous demander de réagir
01:13 est-ce que ça ne relève pas un peu de la réalité finalement, ces professeurs non remplacés ?
01:17 Je crois que les annonces qui ont été faites hier sont en totale déconnexion
01:23 avec la réalité de la vie de les classes, moi je suis un professeur des écoles
01:27 il faut savoir, si on prend l'exemple de l'Indre-et-Loire
01:30 qu'en Indre-et-Loire on a presque 1200 enfants qui sont en attente de soins par des structures spécialisées par exemple
01:38 et on a 400 enfants qui devraient avoir une place dans l'institut spécialisé et qui ne l'ont pas
01:43 on a une crise sociale, une crise économique qui touche énormément de nos élèves
01:48 et l'un des éléments qui le démontre
01:50 c'est que le nombre de ce qu'on appelle les informations préoccupantes
01:53 donc des enfants qui sont en danger, ont des difficultés importantes
01:56 a augmenté de 25% en deux ans
01:59 tout ça fait que dans ce contexte-là, la classe est extrêmement, de plus en plus compliquée à gérer
02:06 et notamment à mettre en place des apprentissages pour toutes et tous
02:09 or là on a des réponses qui sont des réponses que l'on a maintenant depuis six ans
02:13 qui semblent être de bon sens mais qui en fait ne répondent pas aux problématiques que rencontrent nos élèves
02:19 M. Macron veut expérimenter par exemple l'uniforme
02:22 nous ce qu'on propose c'est d'expérimenter une école
02:25 une école qui disposerait d'enseignants rasettes spécialisés pour pouvoir justement aider les élèves
02:32 une école qui disposerait de médecins scolaires, d'infirmières scolaires, d'assistantes sociales
02:37 une école où on ne fermerait pas systématiquement les classes
02:40 et qu'il y aurait une baisse des effectifs
02:44 donc tout ça, tous les éléments sont là pour pouvoir permettre justement de faire réussir tous nos élèves
02:49 d'accueillir dans les meilleures conditions les élèves en inclusion en situation de handicap
02:53 or ce n'est pas le cas actuellement
02:55 et ce qu'on nous propose c'est simplement un uniforme, des manuels à suivre très simplement
03:02 et une pseudo autorité qui reviendrait spontanément
03:05 donc tout ça c'est totalement déconnecté de la réalité
03:09 et je pense que l'ensemble de notre hiérarchie est bien au courant
03:13 notamment l'inspecteur de l'académie d'Adréloire et le recteur en reliant tout
03:16 or les annonces qui ont été faites hier sont en totale déconnexion, je le répète, par rapport à ce que nous attendons
03:22 donc c'est extrêmement inquiétant pour l'avenir à la fois de notre profession
03:25 parce que nos collègues sont découragés, il y a une perte de sens importante du métier
03:29 mais aussi et évidemment en priorité pour l'avenir de nos élèves
03:33 pour lesquels on ne peut pas apporter les solutions pour qu'ils puissent réussir à l'école
03:37 et tout simplement, et ça c'est quelque chose qui est extrêmement difficile à vivre pour la profession
03:42 simplement apporter des soins médicaux, de suivi, d'accompagnement auxquels ils auraient droit et dont ils ont besoin
03:49 Et contre ces inégalités sociales dont vous parliez, l'uniforme, qu'est-ce que vous en dites ?
03:54 ça ne suffit pas ou ce n'est pas une bonne solution ?
03:56 parce que finalement ça permet quand même de gommer ces différences
03:59 Alors l'uniforme, déjà les études qui ont eu lieu ne montrent pas qu'il y a une différence particulière
04:04 Après on a des élèves qui ont par exemple des troubles du comportement, des troubles de l'attention
04:11 Sérieusement, ce n'est pas parce qu'on veut leur maintenir l'uniforme que l'on va résoudre leurs difficultés
04:16 Ce dont ils ont besoin, c'est des enseignants spécialisés dans le comportement
04:19 pour gérer leur comportement ou pour leurs problématiques d'apprentissage
04:22 ils ont besoin d'avoir accès, et nous on le voit de plus en plus dans le département, à des professionnels médicaux
04:29 Or on voit par exemple dans les zones rurales que simplement avoir un orthophoniste est déjà impossible
04:34 Donc tout ça fait qu'on abandonne nos élèves et dans un certain nombre de situations, un certain nombre d'endroits dans le département
04:42 l'école est le dernier lieu d'accueil pour tous les enfants
04:45 et ça c'est dramatique, il est urgent qu'il y ait un changement profond de choix politique, éducatif
04:53 et ce n'est pas du tout malheureusement ce qui a été annoncé hier
04:56 On l'a compris, vous ne vous sentez donc pas très écouté suite à la prise de parole du président
05:01 Merci beaucoup Paul Lagarde d'avoir répondu à nos questions
05:04 Je le rappelle, vous prévoyez une grève et manifestation le 1er février
05:08 C'était prévu avant en réalité les annonces du président
05:12 C'était prévu avant parce qu'on est déjà à 4 ministres d'éducation
05:16 même si on change un ministre, la politique reste la même, la politique éducative reste la même
05:22 donc la grève elle était bien entendu déjà dans le paysage au regard de ce qu'on avait déjà comme annonce par les présidents ministres
05:29 Merci Paul Lagarde d'être venu sur notre plateau
05:31 Merci Paul Lagarde d'être venu sur notre plateau
05:33 [SILENCE]