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Le témoignage de Jean-Marie Roughol, sans domicile fixe pendant 20 ans, sur la difficulté de s'abriter du froid et du manque d'hébergements pour les sans-abri

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Transcription
00:00 Quand on est confronté à ce genre de conditions climatiques, quand il fait froid, comment on gère quand on est dans la rue ?
00:06 Moi déjà je pense à un truc aussi, c'est ce que je vois, moi je suis sorti de la rue en 2016,
00:12 mais je vois de plus en plus de gens dans la rue, de plus en plus de jeunes, 18 ans, 19 ans, 20 ans,
00:18 même beaucoup plus jeunes que ça, beaucoup de femmes dans la rue qu'on voyait pas autant, et rien n'est fait.
00:24 Rien n'est fait. La pression que non, on laisse comme ça, on laisse passer, mais où qu'on va ?
00:31 On a plein de centres, on a plein de choses qui sont fermées, des stades, il y a plein de choses.
00:36 Pourquoi les gouvernements ne veulent pas ouvrir ces stands ? Pourquoi ils ne veulent pas les ouvrir ?
00:40 Et comment on fait quand il fait froid, que les températures sont négatives, qu'il neige ?
00:45 Moi je sais quand il y a eu des hivers très froids, on m'avait appris des anciennes méthodes,
00:48 de mettre des journaux pour absorber l'humidité, ou des collants,
00:55 qui permet, parce qu'où on attrape beaucoup froid, c'est les pieds, les mains, et...
01:02 - Pour choisir l'endroit aussi. - Faut trouver l'endroit, mais maintenant,
01:04 pour trouver des endroits, c'est dur. Avant on arrivait à rentrer dans des immeubles,
01:08 mais maintenant on n'arrive plus à rentrer dans des immeubles.
01:10 - Qu'est-ce qui reste ? Les bouches de métro ? - Les bouches de métro, quoi d'autre ?
01:14 Les gens appellent le 115, ils peuvent appeler pendant 3 heures, il n'y a plus de place.
01:18 - C'est le numéro d'urgence pour les personnes sans-abri ? - Oui, mais bon...
01:21 - Et ça, ça ne marche pas ? - Faut attendre 3-4 heures,
01:24 et après on vous dit "non, c'est complet".
01:27 Et puis bon, c'est des endroits pas... à fréquenter.
01:31 - Dans quel sens ? - Il y a pas mal d'agressions dans des centres comme ça.
01:35 - Et puis on n'autorise pas, "amenez vos chiens". - Voilà, non plus.
01:39 - Et donc, c'est généralement pas la solution ? Vous préfériez, vous, à l'époque...
01:43 - La solution, moi je préfère que le gouvernement bouge un petit peu,
01:46 qu'il fasse ouvrir des centres.
01:49 Des centres, il y a pas mal de choses qui sont fermées dans toute la France,
01:53 qu'on paie même des gardiens qui fabriquent des choses qui ne serviront jamais,
01:57 au moins que ça peut servir pour les sans-abri.
01:59 - Pourtant, le nombre des places d'hébergement d'urgence
02:01 s'est passé de 90 000 à 200 000 dans les 5 dernières années.
02:04 - Oui, mais les gens disent qu'il y a plus de 340 000 personnes dans la rue,
02:07 mais il y en a beaucoup plus que ça.
02:09 On n'est pas loin à frôler les 450 000.
02:12 C'est ça aussi qu'il faut penser.
02:14 - Il y a la présence d'associations qui distribuent de la soupe chaude ?
02:17 - Oui, il y a des trucs, regardez, comme les restaurants du coeur
02:20 qui ont des problèmes, des trucs comme ça,
02:21 il faudrait quand même que le gouvernement bouge.
02:25 Parce que si ça continue, regardez, il y a beaucoup de gens,
02:27 il y a quand même en France, il y a plus de 9 millions de personnes
02:29 qui sont sous le seuil de pauvreté.
02:31 Faut pas l'oublier.
02:33 Il y a des gens qui, pendant les 15 derniers jours, ils vont manger des patates.
02:37 - Et comment, à l'échelle individuelle, on peut nous...
02:39 - Moi, j'avais pensé un truc, j'avais pensé une chose.
02:43 C'était une idée, moi, maintenant, je suis salarié, je travaille.
02:45 Ça serait sympa de faire, par exemple, avec un droit de regard,
02:50 créer un site internet et que tout salarié paye un euro par mois,
02:56 solidaire, prévu à la source.
02:58 - Pour les personnes sans abri ?
03:00 - Pour les... Qu'ils soient suivis, non, ça peut servir pour les restaurants du coeur,
03:04 pour plein de choses, pour des hébergements.
03:07 Et moi, j'avais calculé que, à peu près, en France,
03:11 on a plus de 30 millions de personnes à travailler.
03:14 Ça rapporterait déjà à peu près un peu plus de 300 000 euros par an, sans compter les...
03:19 - 300 millions ? - 300 millions, oui.
03:22 - C'est une sorte de CRG, en fait, mais destiné aux pauvres.
03:25 - Uniquement pour ces associations-là,
03:30 qui puissent avoir, par exemple, comme les restaurants du coeur,
03:33 qui ont beaucoup de mal en ce moment, comme d'autres associations,
03:36 où il y a de plus en plus de gens qui réclament parce qu'ils n'arrivent plus à suivre.
03:39 - Ils sont déjà très financés par la puissance publique des restaurants du coeur.
03:43 - Oui, mais bon, vous avez vu le nombre aussi de pauvreté qui vient de plus en plus ?
03:47 - Non, non, mais je dis, il ne faut pas dire qu'on ne fait rien.
03:50 Il y a des financements massifs sur les restaurants du coeur.
03:54 - Oui, c'est fait, mais on a de plus en plus de gens qui sont dans la rue.
03:58 OK, pour la nourriture, mais pour les hébergements, comment on fait ?

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