• il y a 10 mois
Grand témoin : Patrice Duhamel, éditorialiste politique et auteur de « Le Chat et le Renard » (L'Observatoire)

GRAND DÉBAT / Emmanuel Macron : le tournant conservateur ?

« Le récap' » par Bruno Donnet

Il avait annoncé un « grand rendez-vous » avec la Nation, ce fut finalement une conférence de presse à une heure de grande écoute. Mardi 16 janvier 2024, le Président de la République s'est exprimé devant un parterre de 300 journalistes pour définir le nouveau cap de son quinquennat. Une semaine après la nomination de Gabriel Attal au poste de Premier ministre et après la formation d'un gouvernement resserré, les interrogations de la presse étaient nombreuses. Se défendant d'être « vieux jeu », Emmanuel Macron a fait plusieurs annonces concernant l'éducation : l'expérimentation de l'uniforme à l'école dans 100 établissements volontaires et du service universel, des cérémonies de diplomation à la fin du collège et du lycée et des cours de théâtre et d'instruction civique. La conférence de presse a aussi été marquée par une saillie contre le Rassemblement National. Répondant à la question de Benjamin Duhamel, le Président de la République a estimé que le RN était le « parti du transformisme ». Emmanuel Macron a-t-il convaincu son auditoire ?

Invités :
- Christopher Weissberg, député Renaissance des Français établis hors de France,
- Thomas Ménagé, député RN du Loiret,
- Alexandra Martin, députée LR des Alpes-Maritimes,
- Valérie Rabault, députée PS du Tarn-et-Garonne.

GRAND ENTRETIEN / Patrice Duhamel : Président-Premier ministre, le couple infernal ?

Il les connaissait tous, sauf le premier. Patrice Duhamel est en quelque sorte l'omniscient des duos Président et Premier ministre de la politique française. Journaliste de renom et ancien directeur de grands médias comme France Télévisions, il évoque dans son dernier livre les dynamiques et les rapports de force de quatorze duos Matignon/Élysée. Inspiré par le monde poétique de Jean de la Fontaine et les caractères atypiques de ses animaux, Patrice Duhamel a créé quatorze portraits détaillés ; chacun d'entre eux étant destiné à relier un couple de l'exécutif à un poème. Quelle fable de plus de 400 ans serait la plus adéquate pour décrire le nouveau duo Attal/Macron ?

Grand témoin : Patrice Duhamel, éditorialiste politique et auteur de « Le Chat et le Renard » (L'Observatoire)

LES AFFRANCHIS

- Richard Werly, correspondant France/Europe pour « Blick »,
- Iannis Roder, professeur d'histoire-géographie à Saint-Denis,
- « Bourbon express » : Stéphanie Dépierre, journaliste LCP.

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcription
00:00 [Générique]
00:06 Bonsoir et bienvenue, ravi de vous retrouver en direct sur LCP.
00:10 Notre grand témoin ce soir a le sens du timing, c'est moins qu'on puisse dire.
00:15 Bonsoir Patrice Buamel.
00:16 Bonsoir.
00:17 Et merci infiniment d'être là.
00:18 Vous êtes éditorialiste politique, journaliste mémoire en peu de la 5ème République et
00:21 ancien directeur général de France Télévisions.
00:24 Vous publiez aujourd'hui même un ouvrage, je le disais, qui tombe à pic, "Le chat et le renard".
00:30 Président et Premier ministre, deux ou trois choses que je sais d'eux aux éditions de
00:35 l'Observatoire.
00:36 On va y revenir dans la longueur, le passé, le présent aussi, vous nous direz qui du chat
00:42 et du renard est Gabriel Attal ou Emmanuel Macron.
00:45 Tout à l'heure dans la deuxième partie, notre grand débat ce soir, le président lance
00:50 la bataille contre le Rassemblement National.
00:52 On va revenir avec quatre députés sur la conférence de presse présidentielle d'hier
00:57 à l'Elysée.
00:58 Uniforme à l'école, marseillaise, ordre, autorité, bon sens et classe moyenne.
01:03 Assiste-t-on à un tournant conservateur ? Peut-on faire baisser l'ERN en allant sur son terrain
01:09 et le Parlement dans tout ça ? Nous en débattons dans un instant sur ce plateau.
01:14 Enfin, nos affranchis ce soir, regard de profs sur l'uniforme, notamment après les annonces
01:19 présidentielles.
01:20 On va revenir avec Yanis Roder et puis qui pour mener la bataille européenne ? On verra
01:25 ça avec l'européen et l'ami Richard Verli, enfin Bourbon Express ce soir signé Stéphanie
01:30 Despierre.
01:31 Voilà pour le menu, on y va.
01:33 Patrice Duhamel, ça vous regarde, c'est parti.
01:47 Et si c'était mieux avant ? Le chef de l'Etat aurait-il de nouveaux accents conservateurs
01:52 pour lutter contre ce qu'il appelle le sentiment de dépossession ? Famille, école, ordre,
01:59 progrès, travail, mérites pour que la France reste la France ? Je cite le président, on
02:04 va revenir sur la conférence de presse d'Emmanuel Macron, qui veut redonner des repères face
02:10 à la montée du RN, alors retour au macronisme des origines ou virage à droite assumé ?
02:15 Christophe Heussberg, bonsoir.
02:17 Merci d'être avec nous.
02:19 Député Renaissance des Français établi en Amérique du Nord, porte-parole du groupe
02:22 Renaissance à l'Assemblée ce soir.
02:25 Vous débattez ce soir avec vos trois collègues.
02:27 Thomas Ménager, bonsoir.
02:28 Merci d'être là.
02:29 Député Rassemblement national du Loiret, bonsoir.
02:32 Alexandra Martin, bienvenue.
02:34 Député Les Républicains des Alpes-Maritimes, enfin bonsoir.
02:37 Valérie Rabault, ravie de vous avoir sur ce plateau.
02:40 Députée socialiste du Tarn-et-Garonne et vice-présidente de l'Assemblée nationale.
02:44 Inutile de préciser que votre regard de journaliste et d'observateur, avisé de ces conférences
02:50 de presse que vous connaissez bien, nous intéresse ce soir.
02:53 Donc vous intervenez, n'hésitez pas quand vous le voulez.
02:56 On va commencer avec les mots et la mise en scène du chef de l'État.
02:59 Le bon sens, l'ordre, l'autorité, c'est dans le récap de Bruno Deney.
03:03 Tout de suite.
03:04 Bonsoir Bruno.
03:05 Bonsoir Myriam, bonsoir à tous.
03:08 Bonne année, ravie de vous accueillir dans cette émission, à nouveau d'ailleurs, que
03:12 vous connaissez.
03:13 Vous avez tout regardé attentivement hier soir et vous avez été intéressée par un
03:17 paradoxe.
03:18 Oui, alors un paradoxe Myriam, entre d'un côté le constat que le président de la République
03:24 a choisi de poser d'entrée de jeu et de l'autre les propositions qu'il a choisi
03:28 de formuler.
03:29 Alors le constat, c'était celui-ci.
03:30 Au fond, le monde d'hier est en train de s'effacer.
03:33 Bien, le hic, c'est qu'en dépit du fait que le monde d'hier soit en train de s'effacer,
03:40 figurez-vous qu'Emmanuel Macron n'a jamais cessé de s'y réfugier.
03:43 Ça n'a d'ailleurs pas échappé à nos confrères du Monde et de Libération qui
03:47 l'ont épinglé ce matin.
03:48 Libération l'a trouvé très « vieille France » et le Monde l'a jugé par trop
03:53 conservateur.
03:54 Alors pourquoi ? Qu'avait-il à ce point de nostalgique ? Eh bien, il nous a d'abord
04:00 proposé tout un cocktail de mesures aux couleurs délicatement sépia dont je vous
04:05 ai concocté ici un petit florilège.
04:08 Dès la rentrée 2024, l'instruction civique sera refondée.
04:14 La tenue unique qui a donné lieu à tant de débats ces derniers mois dans notre pays
04:18 sera expérimentée dès cette année dans une centaine d'établissements.
04:22 Notre France sera aussi plus forte par la relance de sa natalité.
04:27 Natalité, uniforme à l'école, marseillaise, bienvenue à tous dans la Startup Nation 2024.
04:34 Mais alors, pourquoi donc le président de la République a-t-il voulu à ce point se
04:39 téléporter dans cette France-là ? Eh bien, la réponse, elle tient en un tout petit slogan.
04:45 Écoutez.
04:46 « Pour que la France reste la France ».
04:49 Un slogan chipé aux deux Éric, Éric Zemmour et Éric Ciotti qui ont très bien compris
04:56 que cette France éternelle, eh bien, elle séduisait un très grand nombre d'électeurs.
05:01 Alors, vous avez été aussi piqué au vif, je crois, par une petite phrase du président
05:07 qui vous a pris une forme de défi personnel.
05:12 Alors, vous connaissez Myriam, ma passion pour les archives politiques est celle de
05:17 la télévision.
05:18 C'est vrai.
05:19 Et je dois bien vous l'avouer.
05:20 En entendant Emmanuel Macron prononcer cette petite phrase, je me suis senti un peu apostrophé.
05:25 Les archives sont là pour le montrer, allez aussi les chercher.
05:29 Allez chercher les archives, qui l'a dit ?
05:33 Alors, en entendant ça, j'ai eu envie de le prendre au mot.
05:35 J'ai donc épluché toute ma collègue très personnelle d'archives de conférences de
05:39 presse présidentielles et j'ai trouvé à qui Emmanuel Macron avait fait autant d'emprunts
05:46 hier soir.
05:47 Celui qu'il a tant imité, c'est lui.
05:50 Il est tout à fait vrai que depuis toujours et aujourd'hui, je me fais en effet de la
05:56 France une certaine idée.
05:57 Au général de Gaulle, il a emprunté sa certaine idée de la France.
06:02 Parce qu'être français, c'est avant tout avoir des droits et des devoirs.
06:08 C'est porter une certaine idée de notre nation, de son histoire, de son ambition.
06:12 Mais il lui a aussi fauché l'art très rhétorique de la répétition.
06:16 L'école, l'école, l'école.
06:18 L'Europe, l'Europe, l'Europe.
06:19 Et même celui de l'ordre indissociable du progrès.
06:23 Mais avoir une France plus forte, c'est aussi assurer l'ordre.
06:27 Pour la France, il faut le progrès, il ne faut pas la pagaille.
06:30 Voilà, du reste, même en termes de réalisation, j'ai remarqué que les plans de coupe version
06:37 2024 sur la relève Gabrielle Attal étaient rigoureusement les mêmes que ceux que le
06:43 réalisateur de 1965 avait alors proposé lorsqu'il filmait le jeune Valéry Giscard d'Estaing.
06:49 Et puis surtout, j'ai découvert d'où venaient les origines du fameux "en même temps".
06:56 La France, c'est tout à la fois.
06:58 Tout à la fois.
07:00 Et j'ai même trouvé où Emmanuel Macron avait dégoté le nom de son parti.
07:05 Un grand peuple en marche.
07:08 Alors voilà Myriam, hier soir, le président était à la manœuvre, c'est vrai,
07:13 mais il a beaucoup regardé dans son rétro où l'on comprend qu'on peut parfaitement
07:17 être en marche et en marche arrière.
07:19 - Merci beaucoup.
07:20 Le défi est relevé, bravo d'avoir ouvert le placard à archive, Goliène.
07:26 Merci beaucoup Bruno Odonnet.
07:28 Christopher Weisberg, pour que la France reste la France, qu'est-ce que ça veut dire précisément ?
07:34 Est-ce que la France est menacée, si oui de quoi ?
07:37 De disparaître, de se diluer, de quoi précisément ?
07:41 - C'est évidemment, il a rappelé le contexte politique international,
07:46 qui est un monde, il a parlé des risques pour la démocratie.
07:50 Je suis en Amérique du Nord, il y a un risque de Donald Trump
07:54 face à un grand démocrate qui s'appelle Joe Biden et qui est aussi contesté.
07:57 Il y a plusieurs risques, il y a une tentation parmi beaucoup de peuples
08:01 d'aller vers des extrêmes droites et c'est vrai que c'est une des constatations...
08:06 - Ce ne serait plus la France si elle basculait dans les mains du RN, pour vous ?
08:09 - Ah bah évidemment, ça je crois que c'est...
08:11 En tout cas, c'est ce que je pense depuis toujours,
08:13 je pense que c'est ce qu'a répété le président de la République.
08:15 La France, et vous avez parlé de ce scénario un peu gaullien,
08:20 c'est à la fois un gouvernement qui est très jeune,
08:22 mais évidemment, le président de la République, déjà, le décorum,
08:26 est un décorum qui est très Ve République, qui est très Général de Gaulle.
08:29 - Mais ce slogan, il faut quand même qu'il signifie quelque chose.
08:33 Vous parliez de la menace Trump, pour l'instant ce sont les Américains.
08:37 Il le prend quand même à Éric Zemmour, ça c'est un fait,
08:40 2022, à Laurent Wauquiez, 2018.
08:43 La droite parle de recyclage, est-ce que le "et en même temps", c'est fini ?
08:48 Est-ce que vous mettez le cap à droite, désormais ?
08:51 - Non, moi je crois pas, parce qu'encore une fois,
08:53 il a eu aussi des propos sur l'inégalité des chances,
08:56 les inégalités à la source, donc il a eu aussi un propos sur les discriminations,
08:59 comment il fallait lutter contre les discriminations, par l'école, par la culture.
09:02 Donc il a eu aussi des propos qui parlent le plus aux progressistes,
09:05 mais évidemment, il y avait ce rapport à l'autorité,
09:07 ce rapport à l'autorité, il est en ce moment, dans la société française,
09:11 assez important, on le sait, l'autorité des maires,
09:14 l'autorité des policiers, l'autorité à l'école,
09:17 c'est quelque chose qui aujourd'hui est contesté.
09:20 - Et l'autorité n'a pas l'étiquette politique, c'est ce que vous voulez dire ?
09:24 - Non, justement, j'espère pas, parce que quand on est républicain,
09:27 on veut cette autorité, et c'est vrai qu'au fond, ça devrait tous nous rassembler,
09:31 c'est aussi un gage d'unité, l'autorité.
09:33 - Thomas Ménege est quand même le réarmement civique,
09:35 et même démographique, avec le retour des grands textes,
09:38 "Fondateurs de la Nation", qui seront chaque année,
09:42 parmi les cours d'instruction civique,
09:45 les cérémonies de remise de diplômes, l'uniforme,
09:48 l'apprentissage de la marseillaise, le contrôle des écrans,
09:51 le soutien à la natalité, le bon sens, près de chez vous,
09:55 vous pourrez rajouter, ça sonne doux à vos oreilles, tout ça.
09:58 - Je tiens déjà à répondre à mon collègue, si la France basculait
10:01 aux mains de Marine Le Pen et Jordan Bardella en 2026,
10:04 ça serait la démocratie, ça serait encore la France,
10:06 et je trouve ça méprisant pour les 13 millions de Français
10:09 qui votent pour nous. Mais pour répondre à votre question,
10:11 et pour revenir sur cet édito, qui était très bien fait,
10:14 c'est pas parce que vous mettez votre siège au niveau
10:16 du général de Gaulle que vous pouvez être le général de Gaulle
10:19 et que le costume est pas trop grand pour vous,
10:21 et c'est ce que j'ai ressenti hier soir en écoutant
10:23 le président de la République. Et le général de Gaulle,
10:26 c'était pas la nostalgie, c'était pas regarder derrière,
10:29 c'était être tourné vers l'avenir, vers le futur,
10:31 c'était le progrès, la justice sociale, l'ordre.
10:33 - Ordre et progrès, ça fait partie des locles.
10:36 - On l'a vu avec les émeutes, ça a été le désordre.
10:38 On le voit avec les difficultés que nos Français rencontrent
10:41 en matière de pouvoir d'achat. Il n'y a pas de justice sociale.
10:45 Les Français souffrent de plus en plus.
10:47 - Il n'a rien annoncé qui vous satisfasse aujourd'hui ?
10:50 Par exemple, le service national universel généralisé,
10:52 ça vous le proposez ?
10:54 - Il y a des choses qui vont dans le bon sens,
10:56 mais encore, c'est les paroles.
10:58 Nous allons voir dans les actes.
11:00 Aujourd'hui, il essaie de courir après Jordan Bardella,
11:03 qui est 10 points devant la liste de la majorité dans les sondages,
11:07 en essayant de reprendre un certain nombre de thématiques.
11:10 Si ça va dans le bon sens, nous le dirons.
11:12 L'uniforme, nous l'avons proposé.
11:14 Sa majorité, mon collègue, qui est en face de la majorité renaissance,
11:18 l'a refusé quand le RN l'a mis dans sa niche parlementaire
11:21 quand il a choisi l'ordre du jour.
11:23 Il y a un défaut de cohérence au sein de cette majorité.
11:26 Les Français ont été oubliés, rien sur le pouvoir d'achat.
11:30 Si ce n'est de dire aux Français,
11:32 sur l'augmentation de l'électricité...
11:34 -On attend les armiflages définitifs.
11:36 -On est dans ce domaine-là.
11:38 Un milliard et demi sur les franchises médicales.
11:41 Peut-être qu'en 2025,
11:42 après vous avoir promis en 2023 une baisse de 2 milliards,
11:45 sur les 6,5 milliards, je vous en rendrai 2 milliards.
11:48 C'est pas ce qu'attend les Français.
11:50 -Valérie Rabault, l'école, c'est quand même la mer des batailles.
11:54 C'est ce qu'a dit Gabriel Attal.
11:55 La France, comment dire, "vieille France",
11:58 je cherchais le titre de libération.
12:00 Est-ce que vous êtes d'accord avec ce titre
12:02 ou est-ce que vous le trouvez exagéré ?
12:05 -Je suis d'accord avec ce titre.
12:06 Ce qu'on attend du président de la République,
12:09 c'est pas de se retourner vers le passé, c'est d'avancer.
12:12 Il dit "le monde ancien a disparu",
12:14 mais pour chaque président, le monde ancien a disparu.
12:17 Ce qu'on attend d'un président de la République,
12:20 c'est de tracer un cap vers le futur.
12:22 -Savoir d'où l'on vient... -Oui, savoir d'où l'on vient...
12:25 Ce n'est jamais le problème avec savoir d'où l'on vient.
12:28 On a une histoire qui est absolument fantastique
12:31 et qui a été vraiment une boussole pour de très nombreux pays.
12:34 Tout à l'heure, on a encore eu avec la présidente Braun-Pivet
12:37 un entretien avec la présidente du Parlement, Chypriote.
12:41 Elle dit que la France, véritablement,
12:43 véhicule des idées, des valeurs humanistes
12:46 qui nous ont guidées et qui sont vraiment une boussole pour nous.
12:49 -Ce sentiment de dépossession, de déclassement,
12:52 vous le trouvez exagéré ?
12:53 Il n'existe pas dans le regard des autres, à l'étranger ?
12:56 -J'observe que le président de la République
12:59 va avoir deux mandats, dix ans,
13:01 qui lui restent trois ans et demi, c'est-à-dire un dernier tiers.
13:04 Il part comme s'il arrivait au pouvoir
13:06 et qu'il découvrait la situation.
13:09 Ca, c'est inacceptable.
13:10 Quand il regrette que certains professeurs ne soient pas remplacés,
13:14 il a supprimé 6 500 postes dans l'éducation nationale
13:17 depuis 2017.
13:18 Donc, on ne peut pas dire, d'un côté,
13:20 l'école est la priorité, et oui, elle est la priorité pour la République,
13:24 et en même temps, supprimer 6 500 postes
13:27 dans l'éducation nationale,
13:28 avec toutes les conséquences qu'on peut connaître.
13:31 -L'uniforme, pour vous, c'est cosmétique ?
13:33 -Moi, ce que je observe,
13:35 c'est que les vrais sujets n'ont pas été traités.
13:37 -Les vrais sujets n'ont pas été traités.
13:40 Qu'en pense-t-on, à droite ?
13:41 Là aussi, Alexandra Martin,
13:43 on retrouve un certain nombre de vos propositions,
13:46 la tenue unique, et d'autres.
13:47 Est-ce que vous avez l'impression
13:49 que c'est une forme de victoire idéologique,
13:53 cette conférence de presse ?
13:55 -Vous avez commencé l'émission en posant cette question.
13:58 J'ai envie de vous dire si c'était mieux à droite.
14:01 Cette droite classique et républicaine,
14:03 qui est la mienne,
14:05 qui est celle d'Éric Ciotti, de David Lysnard et de mon groupe.
14:10 -Qui a fait 8 % aux dernières européennes,
14:12 et à peine 5 % avec Valérie Pecresse.
14:14 -Je ne suis pas dans le déni, au contraire d'Emmanuel Macron.
14:18 Néanmoins, toutes les propositions qu'il a pu développer hier,
14:22 effectivement, sur l'uniforme, l'unité de la nation, l'ordre,
14:27 ce sont des principes et des valeurs
14:29 que nous portons depuis très longtemps.
14:31 Moi, j'ai entendu hier un Emmanuel Macron 1,
14:35 qui parlait à un Emmanuel Macron 2,
14:37 qui a dit tout et n'importe quoi.
14:39 Effectivement, il a saupoudré, effectivement,
14:42 quelques actions qui pourraient plaire à la droite.
14:46 Il a été même jusqu'à voler, effectivement,
14:48 vous en avez parlé, le slogan d'Éric Ciotti,
14:51 qui était celui de la primaire de 2021.
14:54 Il a aussi été emprunté à David Lysnard...
14:57 -La simplification administrative.
14:59 -Voilà, les enjeux de débureaucratisation
15:02 et d'excès de normes.
15:03 Il a été même jusqu'à parodier la gauche.
15:05 -Est-ce que vous avez peur au RN et à LR ?
15:08 Après tout, certains ont réussi.
15:10 Nicolas Sarkozy, en 2007, a siphoné les voix du RN.
15:13 Même pas peur ou il y a quand même à regarder de près ?
15:17 -Non, je pense que les Français préfèrent l'original à la copie.
15:21 Il y a aussi une cohérence, les Français ne sont pas idiots.
15:24 Ils ont bien vu qu'il y avait souvent des belles paroles.
15:27 J'étais le premier à regarder Emmanuel Macron à la télé
15:30 et dire "Il est pas mal, cet homme politique,
15:33 "il a des idées, il a quelque chose, il donne des faits,
15:36 "mais après, dans les actes, il n'y a rien,
15:39 "il n'y a souvent que du vent."
15:41 C'est la même chose pour le Premier ministre.
15:43 -Lui dit, et on le réécoutera après sur le RN,
15:47 partie de l'appauvrissement collectif et de la colère facile.
15:50 -On sortira les chiffres de la situation du pays
15:53 quand il y a aujourd'hui beaucoup plus de Français pauvres
15:56 dans notre pays, quand il y a 14 % des Français
15:59 qui sont en situation de pauvreté, de précarité matérielle,
16:03 qui ont des difficultés de plus en plus croissantes.
16:06 Les Français voient bien qu'il y a un décalage
16:08 entre Emmanuel Macron dans sa tour d'Ivoire
16:11 et la réalité du terrain, et les sondages le prouvent.
16:14 C'est pour ça que sa liste est aussi bas
16:16 et que les Français, le 9 juin, auront bien compris
16:19 que l'Europe peut changer et que ce sera aussi
16:21 un message clair en vue des élections présidentielles.
16:24 -On a compris qu'il y a une bataille électorale
16:27 et, d'une certaine façon, sans tête de liste,
16:30 c'est Emmanuel Macron qui va porter cette bataille.
16:33 C'est une forme de lecture de cette allocation d'hier soir.
16:36 -Moi, ce que j'ai retenu, c'est que, en une phrase,
16:39 c'était le retour de la politique.
16:41 Je pense que c'était une conférence de presse
16:44 beaucoup plus politique qu'on ne l'a dit.
16:46 Il y a eu un certain nombre de mesures qui ont été annoncées.
16:49 J'ai le sentiment, mais c'est à vous, Cade, de le dire,
16:53 de le confirmer ou de le démentir,
16:56 qu'il a pris conscience, peut-être avec un peu de retard,
16:59 d'ailleurs, de la situation arithmétique parlementaire
17:03 qui lui manquait 40 voix pour faire passer des lois
17:06 relativement facilement, et que, donc,
17:08 un certain nombre de ces mesures allaient être
17:11 de nature réglementaire ou décirculaire,
17:14 et qu'il y avait un certain nombre de mesures
17:16 qui allaient être mises à l'intérieur, etc.,
17:19 et qu'il voulait assister sur la vie quotidienne des Français.
17:22 -C'est la vie quotidienne, mais c'est beaucoup le symbole,
17:26 la tenue, la marseillaise, les rites de passage,
17:29 les cérémonies de diplômes.
17:31 Est-ce que ça parle aux Français, le symbolique ?
17:34 -Ça parle à une catégorie de Français.
17:36 Je pense que sur l'uniforme, les cérémonies de remise des diplômes,
17:40 c'est plus aux parents qu'aux enfants,
17:43 mais j'insiste, ce qui m'a frappé,
17:45 c'est le côté chef de guerre du président.
17:47 On sait, par toute une série de témoignages,
17:50 moi, je ne l'ai pas personnellement entendu,
17:53 mais je sais qu'il le dit, qu'il est un peu obsédé
17:56 à l'idée de ne pas être le président qui, fin mai 2007,
17:59 accueillera sur le perron de l'Elysée Marine Le Pen.
18:02 -Alors, justement. -Je pense donc
18:04 que le débat, le combat singulier qu'il a engagé hier
18:08 avec Marine Le Pen et Jordane Bardella,
18:10 c'est bien sûr dans la perspective européenne
18:13 pour essayer de réduire l'écart qui apparaît
18:16 dans les intentions de vote, mais déjà dans la présidentielle.
18:21 Et juste pour terminer,
18:23 ce qui m'a un peu frappé et étonné en même temps,
18:26 c'est le mélange entre le gouvernement...
18:29 L'image du gouvernement, je sais bien que ça existait
18:32 après De Gaulle, mais pour moi...
18:34 -Au garde-à-vous, en dessous du président.
18:37 -Au garde-à-vous de Gaulle. -Ca fait ORTF, c'est ça ?
18:40 -Ce qu'il faisait au RTF, c'était la diffusion de la conférence
18:43 de presse sur 5 ou 6 chaînes, c'est sûr.
18:46 Mais il y a ce côté, le gouvernement jeune,
18:48 très jeune même, resserré, ça, c'est un autre sujet,
18:52 et puis des accents beaucoup plus nostalgiques
18:55 qu'il ne l'a été, sauf une phrase qui, moi aussi, m'a frappé,
18:59 je sais pas ce que vous en pensez, qui est "les enfants vivront mieux",
19:03 qui était un aspect très positif.
19:05 Donc il y a un mélange de nostalgie et de confiance,
19:10 malgré le constat, il a commencé par ça,
19:13 que le monde est en train de changer
19:15 et que les nuages s'accumulent autour de nous.
19:18 -Vous l'avez dit, excellente transition.
19:21 -Beaucoup de contrastes. -On est à l'Assemblée nationale.
19:24 Dans ce qu'il a annoncé hier, il n'y a pas beaucoup de lois,
19:27 le Parlement serait-il contourné, voire court-circuité ?
19:30 Faut-il s'en inquiéter ?
19:32 La réponse de Yael Broun-Pivet, ce matin sur TF1.
19:35 -Il n'y aura jamais de contournement du Parlement
19:38 et je ne le laisserai pas faire,
19:39 mais ce n'est pas l'intention du Premier ministre.
19:42 En revanche, depuis des dizaines d'années,
19:45 et je le partage, nous disons que nous légiférons trop en France.
19:48 Donc si nous parvenions enfin à légiférer moins
19:51 et à légiférer mieux sur les sujets dont le Parlement serait saisi,
19:55 je pense, et qu'avec moi,
19:57 l'ensemble des parlementaires seront extrêmement satisfaits.
20:01 -Malhéry Rabault, moins de lois
20:03 pour des lois meilleures ?
20:05 -Moins de lois pour des lois meilleures,
20:07 il n'y a pas de problème.
20:09 Par contre, que l'Assemblée nationale soit contournée,
20:12 c'est ce qu'on observe.
20:13 Je pense que Gabriel Attal est le seul Premier ministre
20:16 qui va prononcer un discours de politique générale
20:19 trois semaines après sa nomination.
20:21 Pour l'instant, on ne sait pas quel est le cap
20:24 qu'il donne à son gouvernement.
20:26 C'est une première dans l'histoire de la Ve République.
20:29 -Il y avait eu des décalages. -Deux mois.
20:31 -Il y a eu un scandale basse. -Il avait été nommé
20:34 fin juin, début juillet, c'était peut-être une raison de carbonier.
20:38 -Là, c'est quand même, en tout cas sur les 25 dernières années,
20:41 c'est une première.
20:42 Ca, c'est un premier acte qui me paraît important.
20:45 -Mais c'est quoi ? C'est une mauvaise manière ?
20:48 -Non, je pense que ça reflète, effectivement,
20:51 ce que vous disiez sur le président de la République
20:54 qui prend conscience qu'il lui manque 41 voix
20:57 et qu'il va tout faire pour contourner l'Assemblée nationale.
21:00 A chaque fois qu'on contourne l'Assemblée nationale,
21:03 on l'a vu avec la loi immigration, avec d'autres lois,
21:06 l'expression du peuple se fait dans la rue,
21:08 et c'est pas bon, puisque l'Assemblée nationale
21:11 doit être le réceptacle de ces opinions.
21:13 -Mais il a essayé, malgré tout, ce compromis.
21:16 On l'a vu sur les retraites.
21:17 Vous n'étiez pas de la partie des partenaires.
21:20 -Il ne peut pas avoir essayé, puisque depuis juin 2022,
21:23 nous savons, et c'est une première sous la Ve République,
21:26 sauf sous Rocart, pour lequel il manque 41 voix.
21:29 L'Assemblée nationale reflète la diversité de la société française
21:32 et ses fractures.
21:33 S'il y avait une dissolution demain,
21:35 je ne suis pas certaine qu'il y aurait une majorité absolue.
21:39 La Ve République a été construite pour une majorité absolue.
21:42 -Vous dites que c'est dangereux ? -C'est très dangereux.
21:45 C'est très dangereux, parce que de toute façon,
21:48 ça se retrouve, il peut y avoir des mouvements gilets jaunes,
21:51 on voit aussi ce qui se passe dans d'autres pays européens,
21:55 et il serait important qu'il y ait un vrai débat démocratique.
21:58 -Je ne suis pas d'accord avec votre interprétation du délai.
22:02 Hier, le président de la République,
22:04 il a fixé un cap, il a fixé des orientations.
22:06 Ensuite, le fait qu'on laisse du temps au Premier ministre
22:10 pour aussi aller négocier un accord avec la majorité,
22:13 c'est la moindre des choses, mais aussi avec les oppositions.
22:16 On est toujours en majorité relative,
22:18 on sait très bien que c'est compliqué,
22:21 on a quand même réussi à avoir pas mal de textes adoptés.
22:24 On parle souvent des 49.3,
22:26 mais c'est uniquement sur les textes budgétaires.
22:28 -La démocratie représentative, aujourd'hui,
22:31 qu'est-ce que vous en faites ? -C'est aussi une première.
22:34 -Vous contournerez le Parlement par des décrets,
22:37 la voie réglementaire ?
22:38 Est-ce que c'est la voie privilégiée ?
22:40 A quoi vont servir les députés dans les prochains mois ?
22:43 -De toute façon, il y aura des textes,
22:45 il y a des textes sur l'énergie qui sont prévus,
22:48 il y a une loi constitutionnelle,
22:49 il y aura des réformes institutionnelles importantes.
22:52 Il n'y en a jamais eu sous François Hollande.
22:55 On a eu beaucoup légiféré,
22:57 et je souscris à ce que dit Yael Brown-Pivet.
22:59 Au fond, ce qu'on a vu, notamment sur la loi immigration,
23:02 c'est qu'on arrive avec des textes
23:04 qui sont censés avoir des objets politiques importants
23:07 et qui deviennent pléthoriques.
23:09 Avoir une méthode qui permet de négocier
23:12 plutôt un peu mieux avec les oppositions
23:14 des accords politiques, je trouve ça très bien.
23:17 Je devrais encourager...
23:18 Les LR savent jouer cette partie-là,
23:21 puisqu'ils le font avec un certain talent,
23:23 mais le Parti socialiste aussi devrait apparaître
23:26 comme proposant des choix, des orientations,
23:29 réussir à faire des accords.
23:31 Je regrette, par exemple, que sur un texte
23:33 de mon collègue Marc Ferracci
23:35 sur les inégalités et les discriminations,
23:38 sur le testing, il n'y a pas un député socialiste,
23:41 alors que c'est un objectif que vous partagez,
23:43 qui ait voté ce texte.
23:45 -Vous devriez dire que votre loi sur les énergies renouvelables
23:48 est passée grâce aux voix des socialistes.
23:51 -Le groupe à gauche a voté.
23:52 -Ce que je veux dire, c'est que ce gouvernement
23:55 et cette majorité a trouvé des alliés,
23:57 parfois à gauche, parfois à droite,
24:00 et je crois que le RN vote certains textes.
24:02 -Un certain nombre de textes,
24:04 même si ça a dérangé Gérald Darmanin.
24:06 -On avance, parce que l'autre grande priorité
24:09 est sur le terrain économique,
24:11 cette fois, ce sont les classes moyennes.
24:13 C'est désormais une certitude,
24:15 les impôts des classes moyennes vont baisser de 2 milliards d'euros,
24:19 et les classes moyennes, là encore, un marqueur de droite.
24:22 Explication Elisabeth Mondingava.
24:24 -Dès sa prise de fonction à Matignon,
24:30 Gabriel Attal fait des classes moyennes sa priorité.
24:34 -Coeur battant de notre pays, artisan de la grandeur
24:37 et de la force de notre nation française.
24:40 Ces femmes, ces hommes, ces familles
24:42 qui se lèvent tous les matins pour aller travailler,
24:45 qui peuplent notre territoire et que l'on n'entend pas souvent,
24:48 sont toujours au rendez-vous de leur responsabilité.
24:51 -Les classes moyennes, la nouvelle grande cause du quinquennat.
24:55 Accusé d'être le président des riches,
24:57 Emmanuel Macron veut devenir le président de la France qui travaille.
25:01 -Il y a ce que j'appellerais une France de l'angle mort.
25:04 C'est tous nos compatriotes qui gagnent déjà trop pour être aidés
25:08 et pas assez pour bien vivre.
25:10 C'est la France populaire, la France des classes moyennes,
25:13 la France qui dit que quand vous proposez quelque chose,
25:16 c'est la France qui le fait.
25:18 Et pourtant, c'est celle qui tient le pays.
25:21 -Alors, le président Macron leur promet 2 milliards d'euros d'impôts en moins
25:25 pour 2025.
25:27 Mais qu'est-ce que les classes moyennes ?
25:30 Le terme est mal défini, mais on considère que ce sont les Français
25:34 qui touchent à peu près entre 1 500 et 2 500 euros net par mois.
25:38 L'exécutif, au chevet de la France qui travaille,
25:42 de quoi rappeler la France qui se lève tôt d'un certain Nicolas Sarkozy.
25:48 -La France qui se donne du mal.
25:50 Il faut qu'on encourage absolument le travail,
25:53 qu'on soutienne les gens qui travaillent.
25:55 Que le fait de travailler ou de ne pas travailler,
25:58 c'est pas la même chose.
26:00 -Mais ce n'est pas tant dans le rétroviseur que regarde le gouvernement,
26:03 mais plutôt sur son extrême droite.
26:06 Après avoir conquis une grande partie des classes populaires,
26:09 le Rassemblement national lorgne désormais
26:12 ces Français touchés par la peur du déclassement.
26:15 Les classes moyennes pourraient bien passer de majorité silencieuse
26:19 à catégorie déterminante pour l'élection présidentielle de 2027.
26:25 -Thomas Ménager, 2 milliards d'euros, c'est beaucoup.
26:28 C'est dès le prochain budget 2025.
26:30 Vous voterez cette baisse d'impôts ?
26:32 -Je pense qu'on n'aura pas la possibilité de la voter,
26:35 parce qu'il y aura un 49-3 vraisemblablement,
26:37 si il y a un changement de méthode et un vrai dialogue
26:40 avec toutes les oppositions, et pas que les oppositions
26:43 qui sont soumises à la majorité, comme les Républicains,
26:46 comme on l'a vu en début de mandature.
26:48 -Mais vous êtes favorable.
26:50 -Tout ce qui permet de rendre de l'argent aux Français,
26:53 nous le voterons.
26:54 -Ca peut détourner un paquet de vos électeurs.
26:57 -Ce qu'il prend d'une main et il redonne que la moitié,
27:00 voire un quart, un cinquième, d'une autre main.
27:03 Il y a eu 16,5 milliards de hausses
27:05 sur l'électricité et les franchises.
27:07 Il donne le sentiment d'être grand seigneur en rendant 2 milliards.
27:11 Il y a eu une hausse de 86 milliards des recettes fiscales...
27:14 -Vous mettez en parallèle des masses de milliards,
27:17 c'est pas directement dans la poche des personnes.
27:20 -Il y a aussi les classes moyennes.
27:22 Il y a eu surtout une manne financière énorme pour l'Etat,
27:25 86 milliards, puisque les prix ont augmenté,
27:27 donc automatiquement, la TVA a augmenté.
27:29 Il y a eu 86 milliards de plus dans les caisses de l'Etat.
27:32 Il en rend 2 milliards.
27:34 -Pour vous, il n'y aura pas un ressenti direct
27:37 en termes de répercussions par monnaie, par mois,
27:40 même si on parvient à trouver ces 2 milliards.
27:43 La question, c'est qui paye ? Comment vous financez ?
27:46 On a déjà une dette abyssale, 3 000 milliards d'euros,
27:49 des promesses à Bruxelles de réduire,
27:51 de trouver 12 milliards d'économies.
27:53 Où les trouver, ces 2 milliards ?
27:55 -Vous l'avez dit, c'est sûr.
27:57 L'inflation fait qu'il y a des recettes fiscales en plus.
28:00 Au fond, cette logique de baisser les impôts,
28:03 c'est un moyen, c'est d'ailleurs constant depuis 6 ans.
28:06 Il y a eu des baisses d'impôts régulières.
28:08 Je vous entends souvent dire qu'on n'a pas eu d'action structurante.
28:12 On a réussi... Avoir des recettes fiscales,
28:14 c'est plutôt une chose positive pour un Etat.
28:16 Il n'y a rien de pire que de se retrouver...
28:18 -C'est un casquette à Bercy.
28:20 Bruno Le Maire ne sait pas du tout
28:22 comment il va répondre à cette question des 2 milliards.
28:25 Il y a un vrai sujet,
28:27 notamment sur les finances publiques.
28:29 -Là aussi, ce qu'a proposé le Premier ministre,
28:32 et il l'a répété en liant de groupe,
28:34 c'est qu'il veut travailler avec les parlementaires
28:36 plutôt en amont pour réussir à avoir des accords sur le budget.
28:39 Là aussi, encore une fois, c'est une logique de concertation.
28:42 Ca consiste à essayer de faire des choix politiques,
28:44 des choix politiques tranchés, et le faire avec les oppositions.
28:47 -Valéry Rabeau, je viens à vous dans un instant.
28:49 Vous êtes expert des questions budgétaires.
28:51 Il y a la question des impôts de production,
28:54 sur les entreprises.
28:55 Le gouvernement a annoncé qu'il continuerait à les baisser.
28:58 2 milliards en plus de baisse pour les classes moyennes.
29:01 Est-ce qu'on peut se le permettre ?
29:03 -La vraie question, c'est celle du pouvoir d'achat
29:06 des Français qui travaillent, qui voient
29:08 que quand ils prennent leur voiture,
29:10 comme en Tarn-et-Garonne, ils font 17 km par jour,
29:12 ça leur coûte 200 ou 300 euros par mois.
29:14 Sur un SMIC, c'est intenable.
29:16 Franchement, ça veut dire que ça dévalorise le travail.
29:19 Et j'observe aussi que c'est la première fois dans notre pays
29:22 que nous avons une inflation aussi forte
29:24 sans indexation des salaires.
29:26 Lorsque, dans les années 70, il y avait une inflation très forte,
29:29 il y avait une indexation des salaires.
29:31 Donc là, votre salaire est grignoté par l'inflation.
29:34 -Vous dites qu'avec l'inflation, il n'y aura aucun effet des baisses d'impôt ?
29:37 -Si vous avez 100 euros de baisse d'impôt
29:39 et que vous êtes pris de 300 ou 400 euros d'augmentation,
29:42 qui de l'électricité, qui de vos carburants,
29:44 qui de votre assurance, qui de votre mutuel,
29:46 qui de vos dépenses courantes sur l'alimentation ?
29:49 Sincèrement, vous pensez que le compte y est ? Non.
29:52 Aujourd'hui, la vraie réflexion, c'est que le travail paye,
29:55 que vous puissiez vivre de votre travail.
29:57 Il faudrait que le gouvernement lance une vraie conférence sociale
30:01 avec l'ensemble des partenaires sociaux
30:03 et qu'il puisse y avoir de véritables mesures sur les salaires.
30:07 -Il n'a pas voulu ni augmenter le SMIC,
30:09 ni même indexer les salaires sur l'inflation,
30:11 ni même indexer les superprofits,
30:13 alors que la plupart des pays européens l'ont fait.
30:16 -Alexandra Marr.
30:17 -Nous sommes sur un saupaudrage, là aussi, de 2 milliards d'euros.
30:20 Les économistes ont calculé, sur le périmètre
30:22 que l'on croit être celui que Emmanuel Macron va définir
30:25 pour la classe moyenne, c'est 15 euros d'économies par ménage.
30:28 Toutes les économies, évidemment, sont bonnes à prendre.
30:31 Nous, ce que nous disons à droite,
30:33 et c'est là où une vraie politique de droite,
30:35 c'est une politique qui s'attaque au pouvoir d'achat,
30:38 c'est ce que nous avons fait dès le début de cette session parlementaire.
30:41 -Moins d'impôts pour la classe moyenne,
30:43 c'est dans le programme des Républicains.
30:45 -C'est dans le programme, bien évidemment.
30:47 Être de droite, c'est être pour la baisse des impôts,
30:50 ce n'est pas vouloir être les champions du monde de la pression fiscale,
30:53 c'est s'attaquer à la dette, aux charges qui pèsent sur les entreprises
30:56 et sur les Français, c'est vouloir ramener le salaire brut au salaire net.
31:01 Et nous avons, nous, pu, justement, au sein du Parlement,
31:06 lors du texte sur les pouvoirs d'achat,
31:09 c'est nous, les Républicains, qui avons permis
31:12 d'augmenter le nombre d'heures supplémentaires défiscalisées,
31:16 de faire une économie de 30 centimes sur le carburant
31:20 et de nombreuses mesures que nous estimons
31:23 devoir pouvoir profiter à tous les Français.
31:26 -On va tout droit sur le 49-3, si cette mesure arrive dans un budget,
31:30 c'est une évidence à entendre ces premières réactions.
31:33 Il y a des voies de passage encore possibles à l'Assemblée nationale
31:36 et si oui, sur quel texte ? Avenir, pour terminer.
31:39 -Il y a le texte énergie, encore une fois,
31:41 il va y avoir plusieurs textes énergie.
31:43 Vous êtes très catégorique sur l'augmentation du prix de l'électricité,
31:47 mais dans quelle mesure, sur quel calendrier ?
31:49 Tout ça, ce sont des choses à négocier
31:51 et c'est le travail du Premier ministre, dans les deux semaines qui viennent,
31:54 parce qu'il se laisse le temps pour négocier avec vous.
31:56 -On va regarder ça attentivement,
31:58 les consultations jusqu'au discours de politique générale,
32:01 que vous suivrez, bien sûr, en direct sur LCP.
32:03 Ce sera le 30 janvier prochain.
32:05 Merci à vous, vous restez avec moi, Patrice Duhamel.
32:08 Dans une dizaine de minutes, les partis prides nous affranchissent.
32:11 Ce soir, l'uniforme dans le 9-3.
32:13 On y revient. Qu'est-ce que ça peut changer ?
32:15 On verra ça avec le prof d'histoire en Seine-Saint-Denis, Yanis Roder.
32:18 Qui pourra incarner la tête de liste aux Européennes ?
32:20 On l'a compris, c'est un casse-tête en Macronie.
32:22 Ce sera avec Richard Verli.
32:24 Et dans Bourbon Express, quel est le menu ?
32:26 Quelle est l'histoire du jour à l'Assemblée ?
32:28 -On parlera de ce qu'attendent les députés du discours de politique générale
32:31 de Gabriel Attal, après que le président a dressé
32:33 les grandes lignes de la suite de son quinquennat.
32:35 -Merci beaucoup, Stéphanie Despierre.
32:37 Mais d'abord, Patrice Duhamel, on va plonger dans votre livre
32:40 "Le chat et le renard", aux éditions de l'Observatoire,
32:43 qui sort, je le disais, aujourd'hui en librairie.
32:45 Déjà, bravo pour le sens du timing.
32:47 Vous livrez votre regard personnel, sous la houlette de Jean Delafontaine,
32:52 s'il vous plaît, sur ces couples exécutifs de la cinquième,
32:56 des duélistes, des duétistes, parfois.
32:59 Regardez, c'est dans l'invitation de Marco Pommier.
33:01 Interview, juste après.
33:04 Si on vous invite, Patrice Duhamel, c'est parce que votre ouvrage tombe à pic.
33:09 "Le chat et le renard", un livre pour décortiquer les relations
33:13 entre président et Premier ministre.
33:16 Qui mieux que vous, Patrice Duhamel, pour analyser ces tandems
33:20 depuis 1958, vous qui les avez presque tous connus
33:24 en tant que journaliste politique, ancien directeur général
33:27 de France Télévisions ?
33:29 26 couples exécutifs, pour le meilleur et pour le pire.
33:32 Je pense que quand le président se mêle de gouverner, il se plante.
33:37 Dans votre livre, vous associez chaque duo à une fable Delafontaine.
33:41 Le lion s'en allant en guerre pour De Gaulle et Pompidou.
33:45 Entre les deux hommes, des relations complexes.
33:47 Point d'orgue, mai 68.
33:49 Le 29 mai, alors que le pays s'enlise dans les blocages
33:52 et les manifestations violentes, le conseil des ministres
33:55 est annulé à la dernière minute.
33:57 Le général De Gaulle disparaît à Baden-Baden.
34:00 Georges Pompidou est seul, sans information ni instruction.
34:04 Le général avait eu une crise de découragement.
34:07 Croyant la partie perdue, il avait choisi le retrait.
34:10 C'est le général Massu qui a réussi à modifier la détermination du général.
34:14 Si les événements avaient mal tourné ce jour-là,
34:17 comment aurais-je pu tenir ?
34:19 Autre couple, autre ambiance, Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac.
34:23 Entre l'Elysée et Matignon, le malentendu est quasi immédiat.
34:27 Scène saisissante à l'été 76, à laquelle vous assistez Patrice Duhamel.
34:32 A votre micro, le président remet en cause l'héritage de Georges Pompidou.
34:36 Les commentateurs qui dissertent sur le sujet de la défense
34:41 ont oublié que la défense que j'ai trouvée était une défense qui était en état de malaise.
34:45 Jacques Chirac fulmine, Pompidou était son mentor.
34:49 Chirac, qui a vécu aussi une cohabitation glaciale avec François Mitterrand,
34:53 avant de l'affronter à la présidentielle de 88,
34:56 moment d'anthologie.
34:58 Je ne suis pas le Premier ministre et vous n'êtes pas le président de la République.
35:03 Nous sommes deux candidats.
35:05 Vous me permettrez donc de vous appeler Monsieur Mitterrand.
35:08 Mais vous avez tout à fait raison, Monsieur le Premier ministre.
35:10 On retiendra aussi les tensions plus récentes entre Elisabeth Borne et Emmanuel Macron.
35:15 Vous n'avez pas voulu de Catherine Vautrin, vous m'avez vendu Elisabeth Borne comme une perle rare.
35:20 Et voilà où on en est.
35:22 Ce soir, Patrice Duhamel, on a une question pour vous.
35:25 Quelle fable de La Fontaine pour qualifier le couple Macron-Attal ?
35:30 Réponse, vous l'avez trouvée ?
35:32 Le berger et le roi.
35:34 Alors, qui est le berger et qui est le roi ?
35:36 Le berger, c'est Attal et le roi, c'est le président.
35:40 C'est une fable sur l'ambition et la jalousie.
35:44 L'ambition, c'est Attal. Le jaloux, c'est Macron.
35:48 L'ambition, c'est Attal. Non, le jaloux, c'est plutôt ceux dans le gouvernement qui auraient bien aimé être bergers à la place d'Attal.
35:55 Le plus jeune président de la Ve République a donc choisi le plus jeune Premier ministre de la Ve.
36:01 Il a choisi son double en plus jeune ou pas, Emmanuel Macron ?
36:05 Alors ça, c'est une bonne question, parce que si on prend tous ces couples, on en est au 26e aujourd'hui,
36:11 depuis De Gaulle, Michel Debré.
36:14 Ce qui fonctionne, c'est en général quand le président et le Premier ministre ne se ressemblent pas trop,
36:20 quand ils sont complémentaires,
36:22 quand ils sont d'accord sur la répartition des rôles,
36:25 peut-être qu'on y viendra, mais c'est un énorme sujet pour le bon fonctionnement de la République et de la démocratie,
36:32 et du pouvoir exécutif, très important,
36:34 et quand le Premier ministre n'a pas d'ambition présidentielle rapide.
36:39 Donc il y a quelques cases qui sont cochées, actuellement il y en a d'autres qui ne sont pas vraiment.
36:43 Vous dites la complémentarité, ça veut dire quoi, concrètement ?
36:47 C'est un mot un peu valise, est-ce qu'il faut être différent dans le caractère,
36:52 différent dans la manière de gérer les hommes,
36:56 différent dans un contrat qu'on a conclu à deux ? Comment ?
37:00 Quelle est la meilleure des complémentarités ?
37:02 La meilleure des complémentarités, ce sont des personnalités qui ne s'opposent pas systématiquement,
37:08 bon, c'est pas un secret qu'Emmanuel Macron, Elisabeth Borne, il n'y avait pas vraiment d'atome crochu,
37:14 mais c'est aussi qu'ils sont d'accord sur ce dont doit s'occuper le président,
37:20 et une marge de manoeuvre, une autonomie réelle du Premier ministre.
37:25 Quand le président s'occupe de tout,
37:27 un, le Premier ministre n'est qu'un collaborateur, avait dit Sarkozy à propos de Fillon,
37:34 ou on dit un directeur de cabinet, etc.,
37:36 et le président ne peut pas s'occuper de tout.
37:39 Il a son domaine réservé, comme qui avait été théorisé par le général de Gaulle,
37:44 mais il ne peut pas être en permanence sur tous les sujets,
37:47 à annoncer lui-même, on l'a vu hier soir, il y a eu beaucoup d'annonces très précises,
37:51 et c'est vrai qu'on peut se demander, ça sera évoqué tout à l'heure,
37:54 de quelle marge de manoeuvre Attal va disposer.
37:58 Quand le président se mêle de gouverner, il se plante,
38:02 il est condamné à échouer, on l'a entendu, Edouard Philippe,
38:06 vous l'interrogiez pour un documentaire,
38:08 il n'était plus Premier ministre à l'époque,
38:10 il vous a demandé d'ailleurs de garder ses propos...
38:13 -Pendant un an. -Pendant un an,
38:15 mais quel claque pour Macron !
38:17 -C'est une... -C'est une forme d'aveu d'échec.
38:21 -Vous parliez de complémentarité tout à l'heure,
38:24 ça prouve que dès le départ, parce qu'Edouard Philippe,
38:27 c'était aussi d'une certaine manière la théorie de son "mentor" à la JUP,
38:31 il distingue présider et gouverner,
38:33 c'est le grand sujet de la Ve République.
38:35 On le prend toujours comme modèle de Gaulle-Pompidou,
38:38 de Gaulle-présider, et il laissait Pompidou gouverner.
38:41 -Justement, on connaît, pour ceux qui regardent
38:44 la chaîne parlementaire, l'article 20 de la Constitution.
38:47 -Qui n'a jamais été appliqué. -Jamais dans la Ve.
38:50 -Un peu au début de Michel Debray et de Georges Pompidou.
38:56 Mais est-ce qu'aujourd'hui, Gabriel Attal,
38:59 ou est-ce qu'hier, François Fillon, conduisait et déterminait
39:03 la politique de la nation ? Non, c'était le président.
39:06 -Le fait que le président préside et le Premier ministre gouverne,
39:09 ça n'est pas uniquement pour respecter la pureté de la Constitution,
39:12 que c'est important pour le pays. Pourquoi c'est si important ?
39:15 Parce que Matignon, c'est la ruche...
39:17 -Et on prend 50 décisions par jour à Matignon.
39:20 Et si, sur ces 50, qui sont de moyenne importance,
39:23 diverses, importantes, le président veut annoncer lui-même
39:28 une dizaine de mesures, pas tous les jours, mais régulièrement,
39:32 et qui se met à la place du Premier ministre,
39:35 il y a quelque chose qui ne fonctionne pas.
39:37 Le patron de l'administration, en France,
39:39 c'est le Premier ministre, pas le président.
39:41 -Les arbitrages sont constants, plusieurs dizaines par jour.
39:44 C'est le pays entier qui remonte à Matignon,
39:47 adossé à une administration pléthorique,
39:49 ce qui n'est pas le cas à l'Elysée,
39:51 qui est un palais assez silencieux et solitaire.
39:54 -C'est extraordinaire. Quand on va à Matignon,
39:56 c'est une ruche, et quand on va à l'Elysée,
39:58 on murmure, il n'y a pas d'éclats de voix, ou très peu,
40:02 et c'est tout à fait étonnant.
40:04 Mais ça, c'est quelque chose qui a été théorisé
40:06 par le général de Gaulle, et qui...
40:08 On a tout à changer, le quinquennat,
40:10 les réseaux sociaux, les chaînes d'information, etc.
40:13 Mais c'est pas parce que la vie politique s'accélère
40:15 qu'il faut que le président s'occupe de tout.
40:17 Je crois beaucoup au bon fonctionnement
40:19 des institutions, avec des effets sur la vie politique quotidienne.
40:22 Il faut que le Premier ministre protège le président.
40:25 -L'avenir dira si Gabriel Attal a des marges de manoeuvre
40:28 pour véritablement gouverner.
40:31 Faudra-t-il qu'il se démarque, comme un certain Laurent Fabius,
40:35 qui détenait le record du plus jeune Premier ministre,
40:39 il est détrôné.
40:41 L'heure de vérité, vous connaissez l'extrait,
40:43 beaucoup de ceux qui regardent aussi,
40:45 mais on va le revoir. 5 septembre 1984,
40:47 Laurent Fabius répond à votre frère, Alain Duhamel.
40:51 -Est-ce qu'on peut être un chef de gouvernement autonome
40:54 quand on devient le premier collaborateur
40:56 de celui dont on a toujours été le collaborateur ?
40:59 -Je vais vous faire une révélation.
41:02 Lui, c'est lui, et moi, c'est moi.
41:06 -Voilà, vous le racontez, cet épisode,
41:09 dont on connaît peu les coulisses.
41:11 -Ce livre, c'est pas un livre de théorie politique,
41:14 c'est un livre, je le crois, très personnel.
41:16 J'avais envie de raconter toutes ces histoires,
41:18 parce que j'ai connu tous ces présidents et ces Premiers ministres,
41:21 à l'exception du général de Gaulle, bien entendu,
41:23 et j'avais envie de raconter ce que j'ai vécu,
41:25 soit comme reporter, soit comme patron de médias.
41:28 Et cet épisode est très intéressant,
41:32 parce que Fabius va voir Mitterrand
41:35 quelques semaines après sa domination,
41:37 il dit "Je suis très jeune, je suis votre directeur de cabinet,
41:40 "pour que ça fonctionne bien, il faudrait que j'ai d'autorité".
41:43 La marche de Manoeuvre permet au Premier ministre
41:45 d'avoir de l'autorité sur son gouvernement, c'est très important.
41:48 Et ensemble, il trouve cette formule,
41:50 ensemble, Mitterrand et Fabius.
41:52 Et Fabius intervient, comme on vient de le voir,
41:56 dans l'ordre de vérité,
41:58 et le rendez-vous suivant entre Mitterrand et Fabius,
42:00 Mitterrand lui dit "Oui, j'ai vu, c'était pas mal,
42:04 "mais vous avez quand même pris un peu de distance",
42:06 alors qu'ils avaient trouvé cette formule ensemble.
42:08 -Lui, c'est le renard, Mitterrand, s'il y en a un.
42:10 -C'est le chat et le renard.
42:12 -Le rusé, le fourbe, aucun doute.
42:14 Il y a un peu de chat, un peu de renard,
42:16 expliquez-nous, dans chacun des couples.
42:18 -Le chat, c'est la souplesse et la fidélité,
42:22 le renard, c'est la ruse, la flatterie, la rourrie,
42:26 mais beaucoup des présidents dont je parle
42:28 et des premiers ministres dont je parle,
42:30 ils sont à la fois chat et renard.
42:32 C'est pour ça que cette fable, je l'ai choisie comme titre,
42:36 parce qu'on voit dans tous ces épisodes,
42:38 dans tout ce que je raconte,
42:40 qu'ils sont à la fois chat et des renards.
42:42 -La politique, c'est un bestiaire, écrivez-vous.
42:44 -Oui. -C'est pour ça que vous avez eu
42:46 l'idée d'associer les fables de La Fontaine.
42:48 D'où vous est venue l'idée pour chaque couple exécutif ?
42:51 -En écoutant... J'ai écouté un dialogue,
42:54 il y a deux ans, entre Emmanuel Macron et Fabrice Luquidi,
42:58 à l'occasion de l'anniversaire de la naissance
43:00 de Jean de La Fontaine.
43:02 J'ai trouvé ça très intéressant.
43:04 C'était à la fois léger, amusant, mais profond.
43:06 Et je me suis dit, effectivement,
43:08 ce sont des bestiaires, on parle des requins,
43:10 des jeunes loups, etc., dans la politique.
43:13 Et quand on rencard Mitterrand, c'est le loup et l'agneau.
43:17 Mitterrand-Chirac, c'est le pot de terre et le pot de fer.
43:20 Mitterrand-Cresson, c'est la perderie et les coques.
43:25 -Est-ce que... -Voilà.
43:27 Elisabeth Borne et Emmanuel Macron, c'est la cour du roi.
43:31 -Oui. -Parce que la cour,
43:33 c'est très important.
43:35 C'est souvent la cour qui gêne le Premier ministre
43:37 pour favoriser le président de la République.
43:39 -Oui. La question, c'est...
43:41 Ca finit toujours mal ?
43:43 -Oui. -Toujours ?
43:45 -Souvent. -Le plus souvent ?
43:47 -Franchement, le plus souvent.
43:49 Or, la comitation, c'est par principe...
43:51 -Le duétiste devient duéliste.
43:53 -Voilà. Mais ça finit souvent, franchement, très mal,
43:55 dans la détestation, dans une forme de jalousie,
43:59 dans une incompréhension.
44:01 Et ce sont deux postes...
44:03 Vous savez qu'on est la seule grande démocratie
44:06 où ça fonctionne avec un président qui a autant de pouvoir
44:09 et un Premier ministre qui est chargé
44:11 de mettre en oeuvre toutes les orientations.
44:13 -C'est bourré d'anecdotes, les 4 minutes,
44:15 les 4 à 5 minutes,
44:17 Michel Rocart. -C'est affreux.
44:19 -Nommé un peu...
44:21 Parce qu'il n'avait pas trop le choix, Mitterrand.
44:23 L'opinion l'imposait. -Parce qu'il voulait
44:25 l'empêcher de lui succéder.
44:28 -Racontez-nous ces 4 minutes.
44:30 -Eh bien, Rocart vient voir Mitterrand,
44:32 qui lui dit "C'est fini, vous allez me remettre votre démission".
44:35 Alors, Rocart essaie de dire
44:37 "Je voudrais encore un texte sur les écoutes téléphoniques,
44:40 "il faut que j'aille au Conseil d'Etat".
44:42 Mitterrand lui dit "C'est complètement grotesque,
44:44 "je vous demande, vous démissionnez, ça a duré moins de 5 minutes".
44:47 Raconté par Michel Rocart.
44:49 Mais la politique est d'une...
44:51 J'ai fait un livre, il y a quelques années,
44:53 avec Jacques Saint-Amarille, "Les flingueurs".
44:55 La politique est d'une violence absolument incroyable.
44:58 Mais ce qui m'a intéressé, c'est pour ça
45:00 qu'il y a toutes ces anecdotes,
45:02 c'est le côté romanesque, mais au bon sens du terme,
45:05 de ces présidents, de ces premiers ministres et de ces couples.
45:08 -Oui, ça en dit long sur la chair humaine,
45:10 sur l'exercice du pouvoir, mais aussi sur les hommes et les femmes,
45:14 parce qu'elles existent désormais, à Matignon.
45:16 -Absolument.
45:17 -Même si c'est fini pour Elisabeth Borne.
45:19 Dernière question, très rapidement.
45:21 Un destin présidentiel de Premier ministre, c'est Mornet.
45:24 On peut réussir à devenir président quand on est Premier ministre ?
45:27 -C'est difficile.
45:29 Chirac et Mitterrand ont...
45:31 Non, Chirac a réussi...
45:33 Georges Pompidou, pardon, pas Mitterrand,
45:35 qui n'a pas été Premier ministre, mais c'est très difficile.
45:38 Et quand on...
45:39 Souvent, en période de cohabitation,
45:41 la dure a perdu, Chirac aussi,
45:43 quand il était Premier ministre de François Mitterrand.
45:46 Mais c'est difficile, parce qu'il faut campagner
45:49 sur leur bilan, ou Jospin, qui est parfois bon,
45:52 comme le bilan de Jospin. -Il faut s'en dissocier.
45:55 -Il faut se projeter pour être élu président.
45:57 C'est très difficile, quand on est Premier ministre,
46:00 de devenir président. -On attend la suite.
46:02 -Forcément. Il faut l'écrire, maintenant,
46:04 avec Gabriel Taille, et puis la route présidentielle,
46:07 peut-être, pour Edouard Philippe.
46:09 "Le chat et le renard", un livre personnel,
46:11 vous l'avez compris, recommandé chaudement par LCP,
46:14 président et Premier ministre, deux ou trois choses
46:16 que je sais d'eux, c'est-à-dire à l'observatoire.
46:18 Vous restez avec moi, on va terminer
46:20 avec les parties prises de nos affranchis.
46:22 On les accueille tout de suite.
46:24 Yanis Roder, de la fondation Jean Jaurès,
46:26 professeur d'histoire-géographie en septembre,
46:28 qui va nous donner son regard sur l'uniforme.
46:30 Installez-vous, et puis bienvenue, également,
46:32 à Richard Verly, du quotidien suisse Blic.
46:35 On commence par Bourbon Express.
46:37 L'histoire du jour à l'Assemblée, c'est l'attente.
46:40 Qu'est-ce qu'ils en attendent, Stéphanie Nespierre,
46:42 les députés de ce discours de Gabriel Attal,
46:44 le 30 janvier ? -Ce soir, je vous raconte
46:46 l'histoire d'un discours encore inventé,
46:48 celui de politique générale.
46:50 Que va dire Gabriel Attal ?
46:52 Que n'a pas déjà dit Emmanuel Macron,
46:54 hier soir, dans sa conférence de presse ?
46:56 Les députés de l'opposition ne trépignent pas d'impatience
46:59 et pour une fois, la France insoumise
47:01 et leur Assemblée nationale sont d'accord.
47:03 Qu'attendez-vous du discours de politique générale
47:05 de Gabriel Attal ? -Je sais pas, on l'a eu hier,
47:07 le discours de politique générale de Gabriel Attal,
47:09 sauf qu'il s'appelait Emmanuel Macron.
47:11 -Pas grand-chose, puisque l'essentiel a été dit,
47:13 hier, par Emmanuel Macron,
47:15 qui lui a coupé l'herbe, sous le pile,
47:17 de toutes les bonnes nouvelles,
47:19 ou de ce qui pourrait être des bonnes mesures symboliques
47:21 sur l'ordre à l'école, même s'il s'est éculé.
47:23 Et la mauvaise nouvelle, c'est-à-dire la hausse
47:25 des factures d'électricité, effectivement,
47:27 qu'il a laissées pour M. Attal,
47:29 comme M. Attal devra expliquer comment ils vont trouver
47:31 12 milliards d'économies, alors que cette année,
47:33 ils n'en ont même pas trouvé deux.
47:35 -Il n'y a pas beaucoup de liberté de ton et d'action
47:37 pour le ministre Attal, donc pour l'instant,
47:39 il bénéficie d'une bonne cote de popularité,
47:41 il s'appuie dessus, mais je ne suis pas sûr que dans le jeu
47:43 parlementaire, ça change quoi que ce soit.
47:45 -J'attends qu'il nous donne un cap, mais vraiment un cap,
47:47 c'est-à-dire quelles mesures concrètes,
47:49 parce que le président nous a fait un catalogue hier soir,
47:51 mais on n'a pas trop de vision.
47:53 -Alors, comme il n'y aura pas de vote
47:55 de confiance dans la foulée de ce premier discours
47:57 de Gabriel Attal devant les députés,
47:59 il y a évidemment moins d'enjeux pour l'opposition,
48:01 même si la gauche a déjà dit
48:03 qu'elle déposerait une motion de censure
48:05 qui n'a aucune chance d'être adoptée.
48:07 Dans le camp présidentiel, on assure quand même
48:09 que si, si, si, un discours de politique générale,
48:11 ça sert à quelque chose, même après
48:13 les presque trois heures de prime time du président.
48:15 -Un discours de politique générale qui donne un cap,
48:19 comment on emmène les Français
48:21 pour continuer à réformer le pays,
48:23 comment on emmène les Français
48:25 sur l'école, sur le logement...
48:27 -C'est pas ce qu'a fait le président de la République hier soir ?
48:29 -Si, mais c'est au Premier ministre,
48:31 maintenant, de détailler la feuille de route.
48:33 -On est un peu dans deux temps.
48:35 On est d'un côté les grandes orientations
48:37 et de l'autre côté les mesures techniques
48:39 pour arriver à ces grandes orientations.
48:41 Donc, c'est pas du tout la même chose.
48:43 Évidemment, on aura besoin
48:45 de ce discours de politique générale.
48:47 -Alors, en fait, dans le camp présidentiel,
48:49 ce n'est pas le discours du 30 janvier
48:51 qui aiguise les curiosités,
48:53 mais la composition complète du gouvernement.
48:55 Qui entrera, qui n'entrera pas ?
48:57 Gabriel Attal va-t-il rééquilibrer
48:59 son équipe qui penche à droite
49:01 avec des députés renaissants issus de la gauche ?
49:03 Le Modem peut-il espérer un second ministère ?
49:05 Les couloirs de l'Assemblée,
49:07 Myriam Bruys de rumeurs,
49:09 les prétendants arrosent,
49:11 Matignon, de notes sur leur sujet de prédilection.
49:13 Alors, en fait, une quinzaine de ministres
49:15 et secrétaires d'Etat devraient s'ajouter
49:17 aux 14 déjà nommés.
49:19 -La nouvelle porte-parole du gouvernement,
49:21 Prisca Tévenoud, faudra patienter encore un peu,
49:23 environ une dizaine de jours.
49:25 -Merci beaucoup, Stéphanie.
49:27 Ça vous choque qu'il ait parlé avant ?
49:29 Est-ce que c'est plus qu'une mauvaise manière ?
49:31 -Ce que j'ai trouvé très, très difficile à gérer
49:35 pour le Premier ministre,
49:37 c'était Édouard Philippe,
49:39 parce que le président de la République
49:41 a fait un discours devant le Congrès la veille.
49:43 -Là, on sent bien que les équipes
49:45 à l'Elysée ont poussé pour décaler.
49:47 -Le sujet, c'est plus...
49:49 Effectivement, ça a été évoqué.
49:51 Que reste-t-il vraiment à dire,
49:53 en dehors de mini-détails,
49:55 peut-être des mesures sur le pouvoir d'achat,
49:57 quelque chose qui manquait hier,
49:59 alors que ça avait été annoncé,
50:01 et dont la France a besoin, sur la décentralisation.
50:03 Il n'y a rien eu sur la décentralisation.
50:05 Peut-être qu'il y aura quelque chose là-dessus.
50:07 Mais en tout cas, son champ de manoeuvre
50:09 est quand même relativement limité.
50:11 Mais discours politique général,
50:13 c'est très difficile,
50:15 parce qu'il faut éviter un catalogue.
50:17 Beaucoup de Premiers ministres ont fait
50:19 un catalogue interminable.
50:21 Il faut trouver un style,
50:23 parce que c'est là que le nouveau Premier ministre
50:25 s'affirme. -Il l'a déjà un peu,
50:27 le style, non ? Gabriel Attal.
50:29 -Je pense que les trois discours
50:31 de politique général les meilleurs,
50:33 ça a été Chabord-Elmas, bien entendu.
50:35 -La Nouvelle Société. -La Nouvelle Société.
50:37 Ça a été Michel Rocard,
50:39 et ça a été Manuel Valls.
50:41 C'étaient trois très bons, mais il y en a beaucoup
50:43 qui ont été décevants, voire médiocres.
50:45 -La barre est haute. On verra
50:47 comment ça se passe le 30 janvier prochain.
50:49 Yanis, je le disais,
50:51 vous êtes professeur en Seine-Saint-Denis,
50:53 regard de prof sur cet éternel débat
50:57 sur l'uniforme à l'école,
50:59 mais là, il va pouvoir trouver une certaine forme
51:01 de concrétude, parce qu'on expérimente
51:03 et si ça marche, on généralise.
51:05 Qu'en pensez-vous ? Et qu'en pensent vos élèves ?
51:07 -Oui, Myriam, j'ai échangé
51:09 dernièrement avec eux sur l'idée
51:11 du port d'un habit commun à l'école.
51:13 Et à ma grande surprise, la majorité
51:15 de mes élèves y est favorable et apprécient l'idée.
51:17 -Ah bon ? -Oui.
51:19 D'abord parce qu'en fait, ça fait américain.
51:21 Ils sont abreuvés de séries
51:23 et de clips venus des Etats-Unis.
51:25 C'est un peu le rêve américain à porter,
51:27 mais en gros, ça les amuse.
51:29 Ceci dit, ils ont quand même
51:31 plein de questions. Il y a ceux qui se demandent
51:33 si ça va être beau ou ça va être moche,
51:35 si ce sera le même uniforme
51:37 partout, s'il y aura le drapeau français
51:39 dessus et si les filles porteront des jupes,
51:41 parce qu'aujourd'hui, c'est plutôt le jean et le survêt.
51:43 Puis il y a qui s'inquiètent
51:45 de savoir ce qui va payer.
51:47 Un élève m'a dit "Monsieur,
51:49 l'école, elle est gratuite, non ?"
51:51 Je lui ai dit "Oui, c'est vrai", puis il a ajouté
51:53 "Il doit le rester", ce qui me semble une évidence.
51:55 -Tenue unique, on ne sait pas si c'est un uniforme,
51:57 on verra. Vos collègues, tiens, ils en pensent quoi ?
51:59 -Evidemment, mes collègues, je ne les ai pas tous sondés,
52:01 vous imaginez bien, mais ce que j'entends beaucoup,
52:03 c'est que ce n'est pas pour eux
52:05 un vrai sujet, pour eux, c'est de l'affichage.
52:07 Vous savez, les enseignants sont
52:09 aujourd'hui préoccupés, préoccupés par le niveau
52:11 de leurs élèves, préoccupés
52:13 par les conditions de travail, leur possibilité
52:15 d'enseigner dans des conditions convenables,
52:17 par leur salaire, par le manque d'enseignants,
52:19 mais aussi par la formation, par exemple,
52:21 dont on annonce qu'elle se ferait sur le temps de vacances.
52:23 Alors, le port de l'uniforme ou de l'habit commun
52:25 ne peut être vu que comme
52:27 un gadget qui ne réglera rien
52:29 des problèmes structurels de l'école.
52:31 Et d'ailleurs, la polémique, involontairement déclenchée
52:33 par la nouvelle ministre de l'Éducation nationale,
52:35 montre que ces sujets sont très sensibles
52:37 et que le monde enseignant est à fleurs de peau.
52:39 - C'est sûr que ce n'est pas une tenue
52:41 qui règle les inégalités sociales, ça se saurait.
52:43 Vous en pensez quoi, vous,
52:45 vous, Yanis Roder, le professeur d'histoire ?
52:47 - Alors, personnellement, j'y vois peut-être un intérêt.
52:49 Les études et les sondages
52:51 montrent qu'une part conséquente de notre jeunesse
52:53 a du mal à se penser comme partie
52:55 intégrante de la société en général.
52:57 Elle a tendance à réfléchir d'abord
52:59 en termes d'intérêts particuliers, voire individuels,
53:01 plutôt qu'en termes d'intérêts généraux.
53:03 Or, le port d'un habit commun
53:05 a pour première conséquence,
53:07 visuellement,
53:09 d'intégrer chacun dans un collectif
53:11 et l'idée peut plaire à certains élèves.
53:13 Le même habit pour tous
53:15 dessine aussi un espace d'égalité,
53:17 égalité symbolique, qui peut, à mes yeux, peut-être favoriser
53:19 le sentiment d'appartenance
53:21 à la société miniature
53:23 que représente un établissement scolaire
53:25 et au-delà, bien sûr, participer à la construction
53:27 citoyenne et républicaine
53:29 qui dépasse l'école.
53:31 Ernest Renan, le grand historien et philosophe,
53:33 disait dans son fameux discours de 1882
53:35 "Qu'est-ce qu'une nation ?"
53:37 "L'essence d'une nation est que tous les individus
53:39 aient beaucoup de choses en commun
53:41 et aussi que tous aient oublié bien des choses."
53:43 Alors peut-être que l'uniforme à l'école
53:45 participera à cette construction citoyenne,
53:47 alors pourquoi ne pas l'expérimenter ?
53:49 Mais, si vous me permettez, Myriam,
53:51 si Emmanuel Macron souhaite que le réarmement
53:53 civique, qui l'appelle de ses voeux,
53:55 fonctionne, il devra aussi répondre,
53:57 de mon point de vue, à une exigence,
53:59 celle de la justice sociale et scolaire,
54:01 car on ne construit pas une nation
54:03 quand les populations vivent dans des mondes
54:05 trop éloignés, voire séparés.
54:07 -Oui, ça ne peut pas suffire
54:09 à vous entendre.
54:11 C'est un vieux débat, hein.
54:13 C'est un vieux débat, là. L'uniforme,
54:15 la tenue unique, vous pensez qu'on pourrait y arriver ?
54:17 -Quand j'étais à l'école
54:19 communale et au collège,
54:21 on portait les blouses.
54:23 Moi, je trouvais ça... Bon, j'avais pas une folie,
54:25 mais ça ne me dérangeait pas du tout.
54:27 Et effectivement, quand même,
54:29 on est totalement dans le symbole.
54:31 -Ca gomme la tyrannie des marques.
54:33 J'en profite, quand même, Patrice Duhamel,
54:35 puisque Yanis Roder en parlait,
54:37 Amélie Oudéas Kastéra, en pleine tourmente,
54:39 qui a reçu le soutien appuyé
54:41 du président de la République hier,
54:43 qui reconnaît quand même une maladresse.
54:45 Vous ne faites pas mystère
54:47 que vous êtes de sa famille, puisque vous êtes...
54:49 -C'est ma nièce. -Son oncle.
54:51 Qu'est-ce que vous pensez
54:53 de cette entrée fracassante,
54:55 rue de Grenelle ?
54:57 -Je pense qu'elle a été... Elle l'a reconnue
54:59 elle-même, et le président l'a dit hier,
55:01 la commune est une maladresse.
55:03 Peut-être aurait-elle pu
55:05 rectifier
55:07 plus vite, mais bon, c'est difficile
55:09 d'arriver comme ça
55:11 dans un milieu politique.
55:13 -C'est rattrapable pour vous ? -Voilà.
55:15 -Quand on a déjà tous les syndicats sur le dos ?
55:17 -Je pense que ça va dépendre des premiers
55:19 contacts réels, de vraies discussions,
55:21 négociations, concertations
55:23 avec les organisations syndicales.
55:25 Mais le président, je pense, a trouvé
55:27 un bon argument hier en se mettant en cause
55:29 lui-même, on se souvient... -En s'identifiant.
55:31 -Pour les ouvrières de Gade.
55:33 -Avec ces mots qui ont choqué
55:35 sur les illettrés, qu'il a rappelés.
55:37 On va terminer avec vous, Richard Verli,
55:39 cap sur les Européennes, la bataille,
55:41 elle est bien lancée, logique.
55:43 La liste de Jordane Bardella devant
55:45 celle du camp macroniste,
55:47 de plus de 10 points dans les sondages.
55:49 Il y a des idées,
55:51 on les a entendues, il reste à trouver
55:53 une tête de liste, et ça, c'est le casse-tête.
55:55 -Eh oui, qui a aujourd'hui
55:57 la notoriété, le charisme,
55:59 les arguments et la capacité de mobilisation
56:01 pour s'opposer au Rassemblement national
56:03 et incarner ce souverainisme
56:05 européen qu'Emmanuel Macron
56:07 a encore défendu hier ?
56:09 Eh bien, pour l'heure, le candidat idéal
56:11 de la majorité présidentielle, il ne vient pas
56:13 spontanément à l'esprit, c'est le moins qu'on puisse dire.
56:15 Et pour cause, en 2019,
56:17 c'est le président lui-même qui avait fait campagne.
56:19 La tête de liste, c'était l'eurodéputé
56:21 Nathalie Loiseau, qui était
56:23 ministre sortante des affaires européennes.
56:25 Emmanuel Macron s'était investi, et ça avait marché.
56:27 Il avait recollé au score,
56:29 résultat, 23 élus pour Renaissance,
56:31 la majorité présidentielle,
56:33 et pour le Rassemblement national,
56:35 23,3 % des voix pour le RN,
56:37 et 22,4 %
56:39 pour Renaissance. Alors, 5 ans plus tard,
56:41 bis repetita, l'Europe,
56:43 c'est d'abord l'affaire d'Emmanuel Macron.
56:45 L'actuelle ministre,
56:47 Laurence Boone, elle n'existe que pour les cercles d'initiés.
56:49 D'ailleurs, vous aurez remarqué qu'elle n'a pas encore été
56:51 renommée. L'eurodéputé
56:53 Stéphane Séjourné, qui dirigeait le groupe
56:55 Renaissance au Parlement européen, le voit
56:57 la promue ministre des affaires étrangères.
56:59 Il va beaucoup s'occuper d'Europe, mais il ne sera
57:01 donc pas telle de tête de liste.
57:03 Qu'est-ce qu'il reste comme nom ? Le premier qui vient à l'esprit,
57:05 c'est celui de l'actuel commissaire européen
57:07 au marché intérieur, Thierry Breton.
57:09 - Qui a l'air d'y penser,
57:11 clairement. - Il a l'air d'y penser,
57:13 mais il n'en parle pas, et c'est pas
57:15 si simple pour lui, parce qu'il a été
57:17 nommé à Bruxelles après le rejet,
57:19 rappelez-vous, de la candidature de Sylvie Goulard.
57:21 Il avait été rejeté par le Parlement de Strasbourg.
57:23 C'est vrai qu'il a tous les atouts. Il a pour lui
57:25 le bilan des vaccins Covid.
57:27 Il est l'homme de l'industrie de défense. Il connaît
57:29 tous les PDG de la planète, ou presque.
57:31 Mais retourner aux urnes, ça pourrait
57:33 toujours lui réserver de mauvaises surprises.
57:35 - Et manifestement, en croire les bruits de couloirs à l'Elysée,
57:37 c'est pas forcément le choix
57:39 du président. Qui, alors ?
57:41 - Alors, il y a un candidat qui pourrait émerger
57:43 quand même. Il vient de fâcher le président
57:45 en exprimant son désaccord
57:47 sur le texte immigration, mais il est crédible,
57:49 il est médiatique, il est expérimenté.
57:51 C'est le ministre sortant des transports, Clément Beaune,
57:53 qui fut aussi conseiller Europe et ministre.
57:55 On pourrait imaginer, pourquoi pas, que Sylvie Goulard,
57:57 rappelons-le, qui a été blanchie des accusations
57:59 dans l'affaire des assistants parlementaires
58:01 du Modem, eh bien qu'elle repique
58:03 au truc, puisqu'elle a été elle-même eurodéputée,
58:05 et à l'époque, elle avait plutôt une bonne image.
58:07 Il y a l'Italien Sandro Gozzi,
58:09 qui est tout à fait charismatique, qui pourrait monter en gamme.
58:11 Et puis, il y a la rumeur, sur l'arrivée
58:13 possible à la tête de la liste,
58:15 d'Olivier Véran, porte-parole sortant
58:17 du gouvernement, très proche de Gabriel Attal.
58:19 Reste donc à trancher avec une assurance.
58:21 Je pense que vous n'en doutez pas, Myriam.
58:23 Quel qu'il soit, le candidat sera
58:25 amené à s'effacer devant le vrai chef de file
58:27 pour les Européennes. Allez, quel nom ?
58:29 - Emmanuel Macron. - Bravo.
58:31 - Eh, j'ai bien compris ! Merci.
58:33 Merci beaucoup. On s'arrête là.
58:35 Pas le temps de vous faire réagir. Dambo, alors.
58:37 - Oui, je pense que ça va se jouer.
58:39 Je pense qu'il y aura en avril
58:41 quelque chose comme ça,
58:43 ou en mai, début mai, face à face,
58:45 télévisé entre Attal et...
58:47 - Jordan Bardella. - Et Bardella, et que ça se jouera
58:49 beaucoup là-dessus. Mais que ça sera...
58:51 - Pas besoin forcément d'une tête de liste très charismatique.
58:53 - Un vrai pari pour le Premier ministre.
58:55 - Merci beaucoup. Merci, Patrice Duhamel.
58:57 Merci, les Affranchis, le chat et le renard,
58:59 c'est-à-dire aux éditions de l'Observatoire.
59:01 Très belle soirée sur LCP, bien sûr.
59:03 Soirée documentaire, Jean-Pierre Gracien.
59:05 À demain.
59:07 ...

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