• il y a 11 mois
Karim Dridi aime utiliser Marseille comme terrain de jeu pour ses films. Mais si son dernier film, "Chouf", sorti en 2015, portait sur la violence dans les quartiers nord, le documentaire immersif qu'il a présenté en avant-première au cinéma de l'Alhambra parle de vie, de "renaissance", comme il nous l'explique. "Revivre" est un long métrage poignant, où l'on suit le destin de Luna et Selim, deux très jeunes enfants en attente de greffes, l'une d'un foie et l'autre d'un cœur. Le parti pris du documentaire permet de se rendre compte de l'attente désespérée de ces parents, dont le sort de leurs enfants dépend de la mort d'un autre du même âge. Car, comme nous l'explique Louise, infirmière aux côtés de Selim pendant le documentaire, c'est la "double peine" pour ces parents, qui doivent décider tout de suite après l'annonce du décès s'ils lèguent les organes de leurs enfants. Mais ce geste permet également de donner, voire redonner, vie à des Luna, des Selim. Un film dur, mais nécessaire.

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Transcription
00:00 Ça a été la chose la plus difficile que j'ai eu à faire dans ma vie.
00:04 C'est d'aller marcher vers des parents qui sont dans cette situation
00:08 et de leur demander de les filmer.
00:10 J'avais envie de faire un documentaire à l'hôpital
00:22 parce que l'hôpital public, je pense qu'il faut en parler
00:25 et j'avais décidé de suivre les clowns du Rire Médecin
00:28 et quand je suis rentré dans le service de réanimation pédiatrique de la Timone
00:32 je me suis dit "c'est là que je veux filmer".
00:34 Pourquoi pas faire un film sur les parents en réanimation
00:53 parce qu'être parent c'est pour le meilleur et pour le pire
00:56 et là c'est parfois le pire la réanimation
00:59 mais c'est aussi le meilleur.
01:01 Donc j'avais jamais ressenti quelque chose d'aussi fort
01:04 et ça franchement chaque fois c'était très très dur.
01:08 C'était tellement dur que je ne pense pas être capable aujourd'hui
01:11 de refaire un film comme ça à cause de ça justement.
01:14 Moi j'étais beaucoup du côté de Célim plutôt
01:23 le petit garçon qu'on voit en attente d'une greffe cardiaque.
01:26 Je m'en suis occupée surtout sur la fin
01:29 c'est-à-dire quand on a eu l'annonce de la greffe
01:32 et le départ au bloc du coup j'étais là, j'étais au bloc avec Célim toute la nuit
01:36 et voilà c'était hyper hyper intense.
01:39 Une greffe cardiaque sur un petit de ce poids-là
01:42 parce qu'il est vraiment petit quand même Célim
01:44 c'est quand même hyper rare et que les familles donnent
01:47 c'est ça qui est en fait super rare, c'est l'autre côté
01:50 il y a un donneur qui soit compatulé avec Célim sur un petit de moins d'un an.
01:54 Je ne sais pas si vous vous rendez compte ce que ça veut dire
01:56 c'est des sujets qui ne sont quand même pas évidents
01:58 et donc ce n'est pas non plus courant courant.
02:00 C'est plus qu'un film, c'est un outil pour parler du don d'organes
02:03 c'est très important que ce tabou soit cassé.
02:06 On parle des organes en tant qu'adultes, c'est fait, on a acquis ça dans la société
02:11 mais on ne parle pas du grand tabou qui est de parler du don d'organes des enfants.
02:16 Et croyez-moi, sans le don d'organes, les deux enfants qui sont dans Revivre ne seraient pas vivants aujourd'hui.
02:22 Ça demande énormément, moi je pleurais tous les jours quand je tournais le film
02:25 mais je pleurais de joie aussi de voir des renaissances
02:28 parce que ça s'appelle la réanimation, donc on sort des gens, on les ramène à la vie
02:33 c'est quand même, c'est une deuxième naissance
02:35 j'ai filmé des accouchements mais là j'ai filmé des renaissances.

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