À Perpignan, on a suivi un blocage d’autoroute par des agriculteurs en colère

  • il y a 9 mois
AGRICULTURE - « On ne se laissera pas mourir. » En Occitanie, les agriculteurs en colère qui dénoncent des revenus « parmi les plus bas de France » se sont à nouveau mobilisés, lundi 22 janvier, sur les autoroutes et même à l’entrée de la centrale nucléaire de Golfech, pour alerter sur l’inflation de leurs coûts de production, la multiplication des normes ou encore les sécheresses à répétion qui menacent la survie de leurs exploitations.

Comme vous pouvez le voir dans notre reportage vidéo, Le HuffPost a suivi le blocage de l’autoroute A9, au sud de Perpignan, où quelques centaines d’éleveurs, viticulteurs, maraîcher ou encore apiculteurs se sont réunis en début de journée avec des tracteurs, avant de déverser gravats et branchages devant la préfecture au centre-ville. À notre micro, ces derniers expliquent pourquoi le désespoir a atteint son paroxysme dans le monde agricole.

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Transcription
00:00 Gare au tracteur en ce moment sur les routes françaises.
00:02 Ces derniers jours, les agriculteurs ont mis en place des blocages
00:05 pour faire entendre la colère profonde et aux causes multiples du monde paysan.
00:09 À certains endroits, comme au sud de Toulouse, sur l'A64,
00:12 on se relaie jour et nuit pour exiger du gouvernement des réponses
00:15 sur l'inflation des coûts de production ou encore la multiplication des normes.
00:19 Aujourd'hui, 22 janvier, je suis à Perpignan
00:21 où un autre blocage se met en place devant un péage de taureau.
00:25 Il y a des entreprises qui ferment tous les jours.
00:36 Mais je peux vous dire que dans le département,
00:39 on est presque sur la mort, on y est presque.
00:42 Mais on ne se laissera pas mourir.
00:43 Pourquoi ça explose en ce moment ?
00:44 Parce que les charges ont explosé.
00:46 Les emballages, le carburant, les maintenances sur les véhicules,
00:50 il n'y a pas une once de baisse sur l'exploitation agricole en général,
00:54 telle qu'elle est constituée en France.
00:55 Je fais du fromage de chèvre, le fromage de 23 euros.
00:58 Avec toutes les charges et les augmentations, je devrais le vendre 5 euros.
01:01 Mais j'en ai parlé à mes clients, c'est impossible, le pouvoir d'achat, c'est difficile.
01:06 C'est toujours plus compliqué de produire, produire, produire.
01:08 Nous faisons toujours les efforts et derrière, il n'y a pas de compensation,
01:13 ni vis-à-vis du regard de la société, ni en termes de prix.
01:16 Sur les blocages, on croise des agriculteurs issus de différents syndicats
01:19 qui n'ont pas l'habitude de manifester ensemble,
01:21 comme la Confédération Paysanne ou la FNSEA,
01:24 une convergence qui n'est pas habituelle.
01:25 La difficulté est telle qu'aujourd'hui, on est capable de se mettre côte à côte
01:30 et de marcher ensemble sur une même cause.
01:31 Pour le département des Pyrénées-Orientales en particulier,
01:34 on joue la suite de l'agriculture, c'est-à-dire qu'on est à la veille
01:38 soit d'une extinction totale, soit d'un prolongement et d'une continuation agricole.
01:50 On ne sait pas où on va, on pense qu'on va arrêter les uns derrière les autres.
01:55 Et puis, ce sera des grosses exploitations internationales
02:00 qui reprendront s'il faut, ou la grande distribution qui le fait déjà,
02:05 qui commence déjà à le faire, et puis voilà.
02:07 Plusieurs agriculteurs affirment avoir de plus en plus de mal à vivre de leur métier.
02:10 Selon le type d'exploitation, il y a en effet de très fortes disparités de revenus
02:14 au sein de la profession, touchées par un taux de pauvreté de 18%.
02:17 C'est 5 points de plus que les autres ménages français
02:20 ayant une activité selon une étude de l'INSEE.
02:22 Je vous demande de ne pas y aller, monsieur.
02:30 Ma sécurité, c'est au quotidien dans mon exploitation.
02:33 Ma sécurité, c'est pas de me peindre un jour à l'issue de tout le monde.
02:37 C'est toi, non !
02:38 Allez !
02:39 Non, non, non !
02:40 Arrête de me coucher !
02:41 Non, non, non !
02:42 Arrête de me coucher !
02:43 Non, non, non !
02:44 Arrête de me coucher !
02:45 Non, non, non !
02:46 Arrête de me coucher !
02:47 L'objectif, c'est de bloquer et que tout le monde comprenne
02:50 que les camions espagnols et des pays étrangers rentrent chez eux en grande quantité.
02:54 Hyper dangereux, ce que vous faites.
02:56 C'est pas grave, on est prêts à tout, à l'allure ou pas l'agriculture.
02:59 Je vais dire, si on ne crève pas aujourd'hui, on crèvera demain.
03:03 Le problème, c'est cette Europe qui est complètement injuste.
03:05 On voit tous ces camions espagnols qui nous remontent
03:08 toutes ces bonnes marchandises qui ne répondent pas
03:10 au même cahier des charges que nous.
03:12 C'est complètement injuste.
03:13 Pour ma part, je suis apiculteur.
03:15 On rentre aujourd'hui du miel ukrainien à moins de 2 euros du kilo.
03:17 Sachant qu'aujourd'hui, si vous achetez du sucre, vous le payez à la même prix.
03:20 Le gouvernement redonne plus que toute la colère des agriculteurs.
03:23 Il a déjà annoncé un report de la prochaine loi agriculture
03:25 pour y inclure un volet "simplification des normes".
03:28 Et Bercy promet un meilleur contrôle de la loi EGalim
03:30 qui vise à assurer un juste prix aux agriculteurs
03:32 face à la grande distribution et aux industriels.
03:35 [Bruit de moteur de voiture]
03:41 [Musique]

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