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La ville de Marseille veut accélérer sur l'habitat indigne. L'un des gros chantiers, c'est la rénovation de la rue d'Aubagne dans le centre-ville. Les travaux devraient commencer en 2025 ...

Vidéo publiée le : 23/01/2024 à 10:27:00

Lien vers l'article de Maritima.info :
https://www.maritima.info/actualites/societe/marseille/15787/habitat-indigne-a-marseille-la-rue-d-aubagne-bientot-rehabilitee.html

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Transcription
00:00 Merci d'être en notre compagnie Sophie Camart pour évoquer la réhabilitation de la rue d'Aubagne
00:04 qui prend une tournure enfin concrète effectivement avec des travaux en 2024 cet été
00:09 et puis sept immeubles qui ont été tirés au sort, en tout cas choisis, pas du tout tirés au sort
00:14 mais pour 2025 avec le lancement d'un appel à projet alors qu'on se plaint souvent de lenteur en la matière.
00:20 Là ça y est, ça va devenir vraiment très concret ?
00:22 Oui, je ne vous cache pas mon soulagement parce qu'effectivement depuis que nous avons été élus en 2020
00:29 il y a eu beaucoup de travail de fait avec cette société publique d'intérêt national
00:34 qui a été créée juste au lendemain de l'effondrement des immeubles de la rue d'Aubagne
00:39 mais qui n'était pas active puisqu'en 2019-2020 c'est les élections, il y a le Covid
00:44 et nous donc c'est une société commune avec surtout la métropole et l'État,
00:49 la métropole parce qu'elle a la compétence logement je le rappelle et la ville également
00:53 donc moi je représente la ville dans cette société.
00:56 Elle intervient sur un grand périmètre centre-ville d'ailleurs,
00:59 elle intervient aussi à la Belle de Mai et sur d'autres immeubles
01:03 et elle a ce mandat d'éradiquer l'habitat indigne en centre-ville.
01:07 C'est la bonne focale, c'est la bonne échelle Sophie Camard en femme,
01:10 on se met tous autour de la table évidemment.
01:12 Oui parce qu'il faut beaucoup d'argent d'ailleurs dans les trois premières années que nous avons passé
01:17 il fallait recruter une équipe, il fallait faire des tas d'appels d'offres
01:21 avant de lancer des travaux, des urbanistes, des géomètres, tout ce que vous pouvez imaginer
01:25 et puis il y a eu aussi tout simplement le choix des immeubles
01:30 qui appartenaient déjà à la puissance publique et que nous allons réhabiliter
01:35 et puis aussi effectivement je vous rappelle que l'effondrement des immeubles de la rue d'Aubagne
01:40 ça a été juste un symbole de tout ce qui n'allait pas
01:43 et qu'on avait mesuré dans certains rapports 40 000 logements indignes.
01:47 Il y a eu des milliers et des milliers d'évacuations, ça continue encore
01:50 et donc cette société qui va intervenir sur Noailles et la rue d'Aubagne,
01:54 je rappelle toujours qu'elle va être importante parce qu'elle va prototyper
01:57 c'est à dire qu'elle va montrer les conditions dans lesquelles on peut réhabiliter des immeubles anciens
02:03 parce que c'est un patrimoine ancien qui remonte souvent au 18e siècle
02:07 sans démolir, de faire aussi un peu parfois du cous-humain.
02:11 Ils en ont besoin effectivement parce qu'on va retrouver là du logement social
02:15 mais il y a également des petites copropriétés privées qui sont dégradées
02:18 et pour lesquelles on a du mal à intervenir la plupart du temps, la métropole le fait en ce moment.
02:22 Oui, c'est à dire que cette société publique elle intervient sur du bâti public
02:28 c'est à dire que nous avons soit acheté, soit préempté, soit exproprié
02:34 quand ce sont des immeubles vite dégradés
02:36 mais il y a aussi toute une partie d'accompagnement pour faire des travaux
02:40 dans des petites copropriétés privées avec l'ANA, donc elle a bien les deux fonctions.
02:45 Et ce qui compte pour moi en résumé, pour ne pas faire trop lourd, trop compliqué,
02:49 c'est que j'ai moi-même pu mesurer à quel point ce bâti ancien dégradé marseillais
02:54 faisait peur à tout le monde en fait, il faisait peur au privé, il faisait peur au public.
02:58 Il n'y avait guère que des marchands de sommeil ou des marchands de biens
03:01 qui giraient ça d'un peu loin parfois.
03:04 Et donc c'est vraiment moi la principale attente de cette intervention
03:08 c'est qu'elle puisse rassurer tout le monde, dire à quel coût on peut faire tout ça,
03:13 montrer un savoir-faire et puis derrière il va y avoir toute une filière aussi
03:17 de réhabilitation du patrimoine ancien à Marseille.
03:20 Parce que je tiens à le dire aussi, c'était la grande angoisse en 2020,
03:23 est-ce qu'on va raser la rue d'Aubagne à Marseille ?
03:25 On ne sait pas trop réhabiliter les centres anciens.
03:28 Heureusement on a souvent des historiques de quartiers détruits, réhabilités.
03:32 Donc là c'est aussi une belle nouvelle qu'on sache soigner notre patrimoine aussi au passage.
03:37 Alors ça a été un drame absolu évidemment la rue d'Aubagne,
03:39 mais finalement c'est peut-être également une chance de refaire des choses
03:42 qui vont permettre de vivre ensemble ?
03:45 Oui, moi je garde en tête, chaque année il y a les commémorations de la rue d'Aubagne,
03:49 c'est toujours très émouvant et on ne les oublie pas.
03:52 On est en contact avec les familles pour mettre un lieu,
03:55 ressource d'ailleurs sur le lieu de l'effondrement, un équipement public si vous voulez.
04:00 Et je me dis aussi que c'est pour elles qu'on fait tout ça.
04:03 Il y a une des mamans des victimes qui dit toujours
04:05 "Ma fille ne sera pas morte pour rien", c'est toujours très émouvant.
04:08 Et donc moi ça me motive aussi dans l'accompagnement de ce grand chantier
04:12 dont je suis satisfaite qu'aujourd'hui, comme je l'ai dit,
04:16 on passe de l'ombre à la lumière.
04:18 C'est-à-dire que les gens vont pouvoir voir en acte
04:21 ce dont on leur parle depuis ces dernières années.
04:24 On a deux points noirs dans ce quartier, malgré tout.
04:27 On a des problèmes de propreté, alors la métropole, la ville se renvoient un peu la balle.
04:31 Des problèmes de sécurité également, on a vu la préfecture de police
04:34 qui parlait d'une nouvelle stratégie en centre aux îles.
04:37 Ça empoisonne véritablement le quotidien de vos administrés
04:39 dans le premier arrondissement d'une manière générale.
04:41 Oui, j'ai passé une année, moi et les habitants,
04:44 parce que j'habite aussi le premier par ailleurs,
04:46 on a passé une année 2022 très difficile.
04:49 Il y a eu beaucoup, d'ailleurs j'ai eu une réunion de police tout à l'heure encore,
04:53 on fait régulièrement le point,
04:55 entre plus d'ampleur du narcotrafic du côté de Belsens,
04:59 à Noailles les ventes à la sauvette ne sont pas nouvelles du tout.
05:03 Ce n'est pas nouveau, les habitants de Noailles savent que ça existe depuis longtemps,
05:08 ça avait pris une ampleur vraiment plus grande qu'à d'habitude.
05:12 Maintenant c'est suivi de près, quand même, on a plus d'effectifs, plus de passages.
05:17 Et surtout je sais très bien aussi que à Noailles en particulier, ce sujet-là,
05:21 il vient aussi du fait que le quartier a été vidé suite à la crise de l'habitant digne.
05:26 La rue d'Aubagne est assez vide aujourd'hui,
05:28 donc ces immeubles dégradés sont aussi propices à des caches,
05:33 à faire des activités je dirais illicites,
05:37 décontentes, illicites,
05:39 et c'est pour ça qu'ils me tardent aussi d'agir sur le fond.
05:42 J'ai aussi déposé plainte en tant que maire de secteur,
05:45 j'ai saisi le procureur pour obtenir des enquêtes sur des réseaux de trafic organisés,
05:52 parce que je pense aussi qu'il y a ça dans ce quartier-là.
05:56 Vous essayez d'être actrice finalement de cette vie de quartier.
05:58 Dernière question, Sophie Camard,
06:00 quel est l'avenir du premier arrondissement entre précarité,
06:03 grande précarité quelquefois,
06:05 et boboïsation avec certains quartiers,
06:07 en bas en particulier de la rue d'Aubagne,
06:09 des commerces ultra branchés, recherchés par les parisiens, etc.
06:13 Comment est-ce qu'on arrive à mettre tout ça ensemble ?
06:15 Je dirais que nous le maître mot c'est la mixité sociale.
06:20 Je pense qu'il y a un chemin entre l'hyper-pauvreté d'un côté
06:24 et des quartiers très riches qui se ghettoïsent aussi.
06:26 Des fois je vois des ghettos de riches,
06:28 il y a des ghettos de pauvres et des ghettos de riches,
06:30 souvent dans notre ville.
06:32 Le centre-ville c'est typiquement un lieu où tout le monde doit se croiser
06:37 et partager l'espace public.
06:39 C'est pour ça que remettre du logement social de qualité
06:42 pour pouvoir loger des salariés qui vont aussi pouvoir travailler en centre-ville,
06:46 je le dis toujours, c'est important.
06:48 On a besoin de cette mixité sociale.
06:51 C'est quand même aussi un endroit où la puissance publique
06:55 va beaucoup intervenir pour réguler le mieux possible les choses sur le logement.
06:59 On n'a pas le temps de parler de toute la partie location touristique.
07:02 Une autre fois Sophie Camard !
07:04 Je suis intarissable, mais en tout cas je pense qu'il y a un chemin
07:10 entre l'hyper-pauvreté et le fait que tout le monde s'enferme dans l'entre-soi.
07:15 On est évidemment à la croisée des chemins dans ce quartier en particulier.
07:18 Merci Sophie Camard d'avoir été notre compagnie maire du 1er et 7e arrondissement
07:22 en printemps marseillais. Belle journée !
07:24 Belle journée à vous, merci.

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