• il y a 10 mois
Jérôme Cousin, professeur d’EPS à l’Institution Saint-Pierre à Caen, est irrité par les comportements de certains jeunes garçons vis-à-vis des adolescentes lors des cours de sports. Il a choisi d’agir ce mercredi lors de la journée mondiale du sport féminin

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Transcription
00:00 A 7h45, le Normandie Sport comme chaque jour avec vous Didier Charpin et ce matin Zoom sur la journée mondiale du sport féminin.
00:08 Elle aura lieu demain, mercredi, mais nous avons choisi de nous intéresser dès ce matin à ce vaste sujet en particulier chez les jeunes.
00:16 Avec vous Jérôme Cousin, bonjour.
00:18 Bonjour.
00:18 Professeur d'EPS à l'institution Saint-Pierre à Caen, vous avez décidé d'organiser demain une immense conférence, 300 élèves, de 4ème, de 3ème, qui seront présents. Pourquoi ?
00:29 Pour les sensibiliser un peu sur la place de la femme aujourd'hui dans le sport, qui n'est pas encore égale à celle de l'homme.
00:40 La place de la femme au sens large, ou alors, vous, chez les ados, comment on accepte la présence des filles ?
00:48 Alors voilà, moi j'ai pris comme exemple ma discipline, l'EPS. On se rend compte, aussi bien en cours que dans la cour de récréation, que les filles sont trop souvent laissées un peu sur le côté, sur la touche.
01:02 Les garçons jouent au foot, les filles, ben non, les filles ne peuvent pas jouer au foot parce que c'est des filles.
01:07 Carrément, c'est dit comme ça ?
01:09 Carrément, c'est dit comme ça. Alors de moins en moins, ça évolue, fort heureusement, mais on a encore un peu cette image et à mon tout petit niveau de prof d'EPS, j'essaye de gommer ça.
01:20 Mais pourquoi ce rejet ? Est-ce que vous leur demandez aux garçons ?
01:22 Mais, pardon ?
01:24 Pourquoi ce rejet ?
01:25 Ah, les garçons, parce que les garçons, ben voilà, c'est fort, les filles, c'est pas fort. Donc forcément, dans une équipe, si on peut ne pas avoir de filles, c'est mieux.
01:34 Et puis, quand on en a une, ben on lui passe pas la balle, on se moque d'elle. Donc, ça qui me gêne un peu.
01:41 Donc la fille qui veut jouer dans une équipe mixte, c'est non ? C'est pas possible de se réaccepter ?
01:45 C'est pas impossible, c'est plus difficile.
01:47 Vous avez décidé de faire venir la coach de la section féminine du Stade Mallerbe, Chloé Charlot, l'IRA 2 joueuses également. Quel témoignage elles peuvent apporter ?
01:58 Ben, déjà sur leur vécu, sur leur formation. Donc, la plupart ont commencé jeunes, dans des équipes mixtes, puisqu'il n'y avait pas de section féminine il y a quelques années. Alors ça se développe, fort heureusement aussi. Mais, voilà, leur vécu, leurs conditions de travail.
02:18 Est-ce qu'elles diront, au sujet de ce vécu, en général on commence le foot en 8-7, dans les catégories les plus jeunes. Une 9, c'est vrai que ce sont des équipes mixtes, elles parleront de la façon qu'elles ont eu pour s'imposer. C'est leur caractère qui sera bien avant ?
02:36 Très clairement, c'est leur caractère pour qu'elles se fassent accepter au sein des équipes de garçons, qu'elles fassent "leur preuve". Malheureusement, elles étaient obligées de faire ça.
02:51 C'est donc des témoignages qui sont censés frapper tout le monde, notamment les garçons comme les filles ?
02:55 Voilà, cette conférence, demain, il ne faut absolument pas que les garçons se sentent visés, puisque l'idée c'est d'avancer ensemble. Il n'y a que comme ça que les mentalités vont évoluer. Il n'y a pas les garçons d'un côté, les filles de l'autre. Ensemble, je pense qu'on peut y arriver.
03:11 Vous avez choisi de diffuser des extraits de Pierre de Coubertin, le père des Jeux Olympiques modernes, connu pour l'importance et l'importance de participer. Mais derrière, il y avait des propos assez édifiants.
03:25 En 1935, pour lui, la place de la femme se limitait à remettre les récompenses aux athlètes hommes. Pas plus. Donc voilà, ça a évolué. Cette année, on va arriver sur les premiers Jeux Olympiques totalement paritaires, avec autant d'athlètes masculins que féminins. En 90 ans, il y a une belle évolution.
03:47 Sur un segment plus court, vous êtes professeur depuis 26 ans. Est-ce que les mentalités évoluent quand même dans le bon sens ?
03:53 Oui, début de ma carrière, j'avais vécu une scène qui m'avait un peu choqué d'un collègue qui, en cours d'EPS, avait dit "les garçons aujourd'hui ont fait honte, vous les filles, ça ne vous intéresse pas, vous allez en salle de musculation pour faire des abdos fessiers".
04:08 Ça m'avait interpellé et là je me suis dit "il y a peut-être un petit peu de travail à faire quand même".
04:14 Et donc ce travail, ces choses que vous avez choisi de prendre en main, ça se matérialisera demain avec cette conférence dans votre établissement, Institution Saint-Pierre à Caen.
04:25 Merci beaucoup Jérôme Cousin d'être venu nous en parler ce matin. Bonne journée.
04:29 Merci.
04:30 Vous pouvez la retrouver bien sûr en podcast sur votre application ici.

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