DébatDoc - Quelle reconnaissance pour les éducateurs de rue ?

  • il y a 8 mois
Ils sont environ 3600 éducateurs de rue en France. Ils arpentent les quartiers défavorisés, là où ils sont les seuls interlocuteurs disponibles pour des jeunes en rupture avec la société. Trouver du travail, des formations, un logement, une stabilité mais surtout trouver leur identité, voilà le mot d'ordre des éducateurs pour ces jeunes. Comment gèrent-ils ces jeunes en réinsertion sociale? A quoi ressemble leur métier au quotidien? Comment se sentent-ils face à un métier où les conditions de travail sont de plus en plus difficiles?Pour en débattre, Olivier Bonnin, journaliste au Média social, Gabriel di Grégorio, directeur de l'Association de prévention spécialisée Jeep qui officie à Strasbourg et Olivier Bonnaud, membre du bureau national du CNLAPS, le Comité National de Liaison des acteurs de la prévention spécialisée, réseaux national de la profession et directeur adjoint de l'association APS 34, basée à Montpellier.LCP fait la part belle à l'écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales....autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l'occasion d'un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.

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00:00:00 Générique
00:00:01 ...
00:00:16 -Bienvenue à tous.
00:00:17 Ils sont environ 3600 en France.
00:00:20 Gros plan sur les éducateurs de rue,
00:00:22 aujourd'hui, dans ce débat doc.
00:00:24 Quel est leur rôle ? À quoi ressemble leur métier au quotidien ?
00:00:28 Pour commencer, des réponses se figurent
00:00:30 dans le documentaire exclusif qui va suivre.
00:00:33 "Ils m'ont jamais lâché, jeunes de quartier et éducateurs de rue",
00:00:37 réalisé par Paul Muxel.
00:00:39 Elle y suit au plus près, vous allez le voir,
00:00:42 le travail des éducateurs de rue de la fondation Jeunesse Feuvert,
00:00:46 qui arpentent les quartiers de Paris et de ces banlieues défavorisées,
00:00:51 là où ils sont souvent les seuls interlocuteurs disponibles
00:00:55 pour des jeunes en rupture de banc ou en passe de le devenir.
00:00:59 Je vous laisse le découvrir et je vous retrouverai juste après,
00:01:02 sur ce plateau, en compagnie du journaliste Olivier Bonin,
00:01:06 du directeur de l'association de prévention spécialisée DJIP,
00:01:10 Gabriel Di Gregorio,
00:01:12 et du directeur adjoint de l'association APS 34,
00:01:16 Olivier Bonneau.
00:01:17 Avec eux, nous nous interrogerons sur la mission
00:01:21 et les difficultés actuelles auxquelles sont confrontées aujourd'hui
00:01:25 les éducateurs de rue. Bon doc !
00:01:27 ...
00:01:41 -Je suis allée à la rencontre de quelques éducateurs et éducatrices
00:01:44 et des jeunes et des adultes entre 12 et 40 ans.
00:01:47 À Paris, Porte de Ventre, dans le XIVe,
00:01:50 et Place des Fêtes, dans le XIXe,
00:01:52 et aussi le 93, à Saint-Ouen et à Épinay-sur-Seine.
00:01:55 ...
00:01:57 Le travail des éducateurs se trouve au coeur de la prévention de l'enfance.
00:02:02 Ils aident les jeunes en difficulté et créent des liens.
00:02:05 ...
00:02:06 Dire un simple bonjour, être toujours présent dans les quartiers,
00:02:10 dans la rue, dans le local des éducateurs, dans les familles.
00:02:13 ...
00:02:15 Ils les accompagnent sur toutes sortes de situations souvent instables.
00:02:19 Ils sont là dans les endroits où parfois il n'y a plus personne.
00:02:22 Un lien sur le temps qui construit la relation ou pas,
00:02:26 mais qui laisse une présence de confiance sur le trajet des jeunes.
00:02:29 ...
00:02:34 -Bon, ben, bon foot, les garçons ! -Merci !
00:02:37 -Entraînez-vous bien. T'as des nouvelles, toi,
00:02:39 pour ta détection ? -Ouais, j'ai été pib.
00:02:42 -Pourquoi ? -J'ai été blessé.
00:02:44 -Il est blessé. -D'où t'es blessé ?
00:02:46 Qu'est-ce que t'es fait ?
00:02:48 T'as mal au genou ?
00:02:49 Un coup pendant le foot, ça a tapé un endroit où t'as mal ?
00:02:53 Est-ce que tu l'as immobilisé ? T'as mis de la pommade ?
00:02:55 -Oui. -Je te conseille d'aller voir
00:02:58 un médecin, Boubou. Prends soin de toi, c'est important.
00:03:01 D'accord ? Allez, bon foot, les garçons !
00:03:03 Salut !
00:03:04 ...
00:03:07 -Je suis arrivé ici avec encore une grande proximité d'âge,
00:03:12 au final, avec les jeunes qu'on accompagne, 12-21.
00:03:15 Après, on sait qu'au final, la prévention spécialisée,
00:03:19 on dit pas à un jeune à 21 ans, "Maintenant, tu te démerdes."
00:03:22 Donc, il y avait des jeunes de 24, de 25, de 30 ans.
00:03:25 Quand je suis arrivé, le premier soir,
00:03:28 où je me suis retrouvé tout seul dans le local,
00:03:30 avec des grands qui me testaient un peu, qui me bousculaient,
00:03:33 voir comment je réagissais, est-ce que je tenais la route, tout ça,
00:03:37 je me suis dit "Waouh, c'est pas un boulot facile."
00:03:42 Et en fait, c'est par les actes
00:03:45 qu'on crée la relation de confiance.
00:03:49 -J'ai un souvenir, dans ce bureau, justement,
00:03:52 mon premier été, je suis arrivé en février,
00:03:54 je me suis retrouvée toute seule un long moment,
00:03:57 mes collègues étaient en vacances, on était que trois,
00:04:00 et des grands qui sont venus, de mon âge, de 25 ans,
00:04:03 ils étaient quatre, ils se sont posés dans ce bureau,
00:04:06 et en fait, ils ont sorti un couteau.
00:04:08 Ils m'ont demandé de mettre la main comme ça,
00:04:11 pour qu'il fasse "tac, tac, tac, tac, tac",
00:04:13 donc j'ai refusé, mais ça a été compliqué pour moi,
00:04:16 ils m'ont posé des questions sur ma sexualité,
00:04:19 donc je leur ai répondu de la sexualité en général,
00:04:23 voilà, qu'est-ce que... Enfin, un orgasme féminin,
00:04:26 mais ça a été assez déconcertant pour moi,
00:04:30 j'ai tenu, j'ai bien tenu, et quand ils sont sortis,
00:04:33 je me vois, en fait, transpirer, j'en pouvais plus,
00:04:35 j'ai même les larmes qui sont montées,
00:04:38 parce que j'ai eu peur, j'ai eu peur pour moi,
00:04:40 qu'ils vont me faire avec leur couteau,
00:04:42 des grands qui sortaient de prison,
00:04:44 enfin, voilà, c'est quand on est reparlés aux grands,
00:04:47 ils se rappellent plus, ils disent "non, t'as pas fait ça, Caro,
00:04:51 "si on avait fait ça, t'as eu peur ?"
00:04:53 J'ai eu peur, et je leur ai dit, j'ai cru qu'ils pouvaient me violer,
00:04:57 j'ai eu peur, les garçons, vous vous rendez pas compte,
00:05:00 vous me sortez un couteau,
00:05:02 je vous connaissais pas plus que ça,
00:05:04 donc oui, j'ai eu peur, et ils m'ont dit "on t'a testée,
00:05:07 "c'était pour voir si tu tenais",
00:05:09 et il y a vraiment ce truc de test,
00:05:11 qui est important en prévention spécialisée,
00:05:14 nous, en tant que femmes, tout ce qui va être la drague,
00:05:17 ils vont tester, ils vont mettre...
00:05:19 Ton CV ?
00:05:20 -Non. -Là-dessus ?
00:05:21 -Oui, s'il te plaît.
00:05:23 J'ai envoyé, mais je sais pas si c'est vraiment parti ou pas.
00:05:26 -C'est pas un CV, ça. C'est pas une adresse mail ?
00:05:29 -Si, si.
00:05:30 -T'as beaucoup d'amis ?
00:05:31 -Oui, beaucoup.
00:05:33 -Beaucoup ? -Oui.
00:05:34 -Dans le quartier ? T'en connais plein ?
00:05:37 -Presque tout le monde.
00:05:38 -Et tout le monde te connaît ? -Oui.
00:05:41 -Et tout le monde connaît Fovard ?
00:05:43 -Euh... Presque.
00:05:45 -Qu'est-ce qu'on dit des éducateurs ?
00:05:47 Tes copains, tout ça, tout le monde...
00:05:49 -Ils disent que ça serait bien de s'inscriver,
00:05:52 mais le problème, c'est que, des fois, ils sont occupés
00:05:55 pendant la semaine.
00:05:56 -Et tu passes les voir, dans le local ?
00:05:59 -Oui, à chaque fois que je passe par là,
00:06:01 je vois qu'il s'est ouvert, qu'il dit bonjour.
00:06:04 -Je me souviens de toi disant "venir voir les éducateurs, c'est bien",
00:06:08 mais ça ne durera pas toute la vie.
00:06:10 Tu aimerais que ça dure toute la vie ? -Oui.
00:06:15 -Tu sais pourquoi ? -Parce que c'est génial.
00:06:18 Musique douce
00:06:21 ...
00:06:28 ...
00:06:31 Rires
00:06:33 ...
00:06:35 -Tu veux me prendre ?
00:06:36 -Ca m'est...
00:06:37 J'aime pas, parce qu'on est pas à Bérencou, mais vraiment...
00:06:41 ...
00:06:44 -Si, je pourrais m'occuper sans eux,
00:06:46 mais quand même, ça me rendrait triste un peu
00:06:49 d'être sans eux, parce que, quand même,
00:06:52 des fois, on passe des bons moments,
00:06:54 même si je leur parle pas d'un truc d'organisation
00:06:57 ni de faire mes devoirs, même si on peut venir ici,
00:06:59 on fait des jus de société, un petit goûter,
00:07:02 je sais pas, des trucs comme ça, et ça, ça me rend heureux.
00:07:06 ...
00:07:27 ...
00:07:30 -J'ai entendu.
00:07:31 -Cyberharcèlement.
00:07:33 -On a le cyberharcèlement.
00:07:35 Donc ça, c'est le harcèlement qui se fait sur...
00:07:38 -Les réseaux.
00:07:39 -Les réseaux sociaux. -Est-ce que ça se fait beaucoup ?
00:07:42 -Oui. -Et face à une personne
00:07:44 qui subit du harcèlement,
00:07:46 vous pouvez en parler à une personne de confiance.
00:07:48 Ca peut être qui, cette personne de confiance ?
00:07:51 Ca peut être les parents ? -Oui.
00:07:53 -Ca peut être les parents, un professeur,
00:07:56 un surveillant CPE, un psychologue, un fermier.
00:08:00 Est-ce qu'il peut y avoir d'autres adultes de confiance
00:08:03 ? Vous pouvez en parler, Aubette ?
00:08:05 Ca peut être qui. -Vous.
00:08:07 -Mais nous, on est qui ? -Les profs.
00:08:09 -On n'est pas des profs. -Des assistants.
00:08:11 -Des musulmans. -On n'est pas des...
00:08:13 -Qu'est-ce qu'elle raconte ? -Des adultes.
00:08:16 -On est des adultes.
00:08:17 Vous voyez, on s'est commencé par là.
00:08:19 -C'est la réalisation.
00:08:20 -On est des directrices. -Non, on n'est pas...
00:08:23 -Des prétendantes.
00:08:24 -C'est un petit étinceau.
00:08:26 -Donc vous pouvez en parler à des éducateurs.
00:08:29 Il faut savoir que, par exemple,
00:08:31 un éducateur, comme un psychologue,
00:08:34 comme une infirmière, comme un assistant social,
00:08:37 sont soumis aux secrets professionnels.
00:08:40 Vous pouvez nous confier des choses,
00:08:42 et nous, on ne va pas les répéter à vos parents.
00:08:44 Sauf, il y a des conditions.
00:08:46 Si on estime que vous êtes en danger,
00:08:48 on sera amené à en parler à vos parents.
00:08:50 Mais nous sommes soumis aux secrets professionnels.
00:08:53 -Je ne suis jamais tombée sur un jeune qui dit
00:08:56 "Ca m'intéresse pas".
00:08:57 Des fois, ils n'osent pas trop le dire.
00:09:00 Mais bientôt, au moins, ils savent où nous trouver.
00:09:03 Après, des fois, ça prend du temps.
00:09:05 Je sais qu'il y a des jeunes qui ont été accompagnés
00:09:08 cinq ans après.
00:09:09 Le principal, c'est qu'il nous ait repérés
00:09:11 en tant que personnes ressources.
00:09:13 S'il estime qu'il a besoin de nous solliciter,
00:09:16 il sait où nous trouver.
00:09:18 C'est pour ça que c'est important de créer du lien.
00:09:20 Parce que quand le lien manque,
00:09:22 on a du mal à échanger avec les jeunes,
00:09:25 et c'est réciproque.
00:09:26 C'est pour ça que c'est important de consolider,
00:09:29 de renforcer ce lien-là,
00:09:31 qui est un lien d'échange, de confiance mutuelle.
00:09:35 Et le plus difficile, je dirais,
00:09:37 c'est au moment où peut-être j'ai du mal à comprendre
00:09:40 ce qu'un jeune veut me dire.
00:09:41 Après, ça se travaille sur la durée.
00:09:44 C'est pas grave, on le formule autrement.
00:09:46 Des fois, il faut se répéter, faire preuve de patience.
00:09:49 -Ouais, on a compris.
00:09:51 -Qu'est-ce que j'ai dit ?
00:09:52 Qu'est-ce que j'ai dit ?
00:09:54 Les cours ont déjà commencé.
00:09:56 -Le jeune, il en a marre,
00:09:57 parce qu'à l'école, tout le monde lui dit ça.
00:10:00 Il rentre chez lui, ses parents lui disent ça.
00:10:03 Et puis, moi, quand il est avec moi,
00:10:05 ben, sans forcément faire la part des choses,
00:10:08 je lui dis la même chose.
00:10:09 C'est pas marché.
00:10:11 Et moi, quel moyen j'ai pour lui faire comprendre autrement ?
00:10:14 Le...
00:10:17 Le moyen le plus efficace, c'est le temps.
00:10:19 Musique douce
00:10:22 ...
00:10:37 -Les enseignants, eux, ils crient trop.
00:10:40 Et moi, j'en ai marre de l'école,
00:10:42 parce que c'est trop nul, ça me saoule.
00:10:44 Après, ma mère, elle me crie quand j'ai des mauvaises notes,
00:10:47 je la rends énervée.
00:10:48 Moi, j'aime pas la rendre énervée.
00:10:51 -Qu'est-ce que t'avais envie de faire ? -Footballeur.
00:10:53 Et moi, si j'arrive pas à percer dans le foot,
00:10:58 si j'arrive pas à gagner des souls dans le foot,
00:11:00 je vais essayer d'être architecte ou ingénieur.
00:11:04 J'ai toujours dit que j'ai hâte d'avoir une carte bancaire.
00:11:10 Quand je demande des trucs à mes parents,
00:11:13 ils disent non, non, non.
00:11:14 Du coup, j'ai hâte d'avoir une carte bancaire
00:11:17 et j'ai hâte de travailler comme ça.
00:11:19 J'ai beaucoup de "tchita", comme on dit.
00:11:22 Comme ça, je pourrais m'acheter tous mes plaisirs.
00:11:25 -Il y a une chose qui vient juste d'arriver.
00:11:29 Ça peut être dans le malheur et dans le bonheur.
00:11:34 Tu vois,
00:11:35 tu vois un animateur que t'aimes bien,
00:11:39 tu l'aimes bien, tu lui fais confiance,
00:11:41 tu lui fais confiance, tu vas lui dire.
00:11:44 Par exemple, tu vas rentrer dans une salle
00:11:48 et ils vont te dire d'enlever la capuche.
00:11:51 Euh...
00:11:53 D'abord, t'as pas le droit de dire...
00:11:55 Ils vont pas te laisser dire des grands mots,
00:11:57 plein de choses.
00:11:59 La vie.
00:12:01 Moi, j'ai trois projets.
00:12:03 D'abord, mon plan A, rappeur.
00:12:10 Si ça marche pas, j'ai un plan B, c'est acteur.
00:12:14 Si ça marche pas, plan C, boxeur.
00:12:18 Je pense que ce qu'il a voulu dire,
00:12:20 par rapport à la discussion,
00:12:21 c'était de parler de l'avenir et d'être capable de se projeter.
00:12:25 Le fait de voir ça chez des très jeunes, déjà,
00:12:29 qui, sans même savoir ce qu'ils veulent faire,
00:12:32 savent ce qu'ils veulent être.
00:12:34 Et être du bon côté de la barrière à cet âge-là,
00:12:37 c'est déjà très... très important, en ce moment.
00:12:40 ...
00:12:49 -Vous êtes relou. Vous êtes...
00:12:51 -Je vais reposer.
00:12:52 -Faites tout ça.
00:12:54 -Faites tout ça.
00:12:55 -Faites tout ça, les gars.
00:12:57 -Ha !
00:12:58 -Un déshonneur des mendiants.
00:13:00 -Dans la manière où ils se présentaient à nous,
00:13:08 je pensais que... qu'ils étaient là pour nous.
00:13:10 Qu'ils pouvaient nous écouter
00:13:14 et nous aider dans plein de domaines.
00:13:17 -Ma manière de réfléchir, je pense, grâce à eux,
00:13:20 elle a changé un peu, en même temps,
00:13:23 au niveau maturité.
00:13:25 Au niveau maturité, je pense, ça a changé.
00:13:27 Avant, j'étais un gamin.
00:13:29 Mais là, depuis, je me comporte un peu plus comme un adulte.
00:13:33 Mais en vrai, je suis content.
00:13:36 C'est mieux.
00:13:37 -En fait, c'est avec...
00:13:39 C'est pas avec le temps, mais je sais pas comment expliquer.
00:13:43 Au fur et à mesure qu'on comprend
00:13:45 ce qu'ils font,
00:13:46 ce qu'ils font dans leur métier,
00:13:49 ils se mettent dans notre peau, en gros.
00:13:51 Et ils nous mettent à l'aise aussi, les éducateurs.
00:13:55 -C'est le premier séjour qu'on fait avec eux.
00:13:59 On a proposé de partir 3-4 jours dans le château Feuvert.
00:14:03 Ils sont un peu fatigués, du coup,
00:14:05 vu qu'ils dorment pas trop la nuit.
00:14:07 Mais ça va, ils ont pas fait trop de bruit cette nuit.
00:14:10 Forcément, quand on les entend parler,
00:14:12 on apprend des choses.
00:14:14 Ou quand ils nous parlent,
00:14:15 quand on est posé pendant des heures ici,
00:14:18 du coup, ils souffrent.
00:14:19 Là, avec eux, on travaille aussi les gros mots,
00:14:23 ou la façon de se comporter
00:14:25 quand on est...
00:14:27 Quand il y a des éducateurs ou quand il y a d'autres personnes.
00:14:30 Et là, je sens, par exemple, le travail, il avance.
00:14:34 Au tout début, il y a un an, c'était pas du tout comme ça.
00:14:37 Les gros mots, ça fusait dans tous les sens.
00:14:39 Ils sont dans une bulle, donc ils se rendent pas compte
00:14:42 du regard des gens ou de ce que les gens peuvent penser d'eux.
00:14:45 Ils font plus attention à ça.
00:14:47 Ils grandissent aussi,
00:14:48 mais je pense qu'il y a aussi le travail qu'on a fait avec eux.
00:14:52 Bruits de machine
00:14:53 ...
00:14:58 -Comme ça, regarde, tu fais ça, après, clac,
00:15:00 et après, tu coupes, et après, tu le sens.
00:15:03 ...
00:15:07 -Je t'explique, regarde. Je te détache.
00:15:10 Après, tu colles ici, tu colles, tu colles, tu colles.
00:15:13 Tu viens ici, tu fais le tour, et tu refais un tour.
00:15:17 ...
00:15:20 Voilà, t'as un homme à marier. C'est excellent, toi.
00:15:23 -Comment tu te nommes ? -Baba.
00:15:25 -Ce que j'ai toujours trouvé exceptionnel
00:15:28 chez ces jeunes, mais même adultes,
00:15:32 c'est cette capacité de rebondir.
00:15:35 Ils ont une espèce de...
00:15:37 Et puis... de dédramatisation, tu vois,
00:15:41 où rien n'est grave, en fait. Tout peut être pris à la rigolade.
00:15:44 Et même, tu le vois dans leur rapport entre eux,
00:15:47 ils se chambrent beaucoup.
00:15:48 C'est assez culturel. J'ai souvent mon discours de dire
00:15:51 "Ce que je veux, c'est pas que vous deveniez quelqu'un d'autre,
00:15:55 "ni que vous me serviez la soupe
00:15:57 "en ayant l'attitude parfaite d'un enfant sous cloche,
00:16:01 "mais c'est plutôt d'avoir...
00:16:04 "Déguiser votre intelligence de sorte d'être adaptée
00:16:07 "à tout ce qui vous entoure,
00:16:08 "pour pas que la société, elle vous sorte de ses rangs
00:16:13 "en disant que vous êtes inadaptée."
00:16:15 Là, du coup, tu vas pas pouvoir prendre la place que tu souhaites.
00:16:19 L'idée, c'est que tu puisses réaliser tes rêves,
00:16:22 prendre la place dont tu rêves, en fonction de tes compétences,
00:16:25 et qu'il y a rien qui est trop beau pour toi.
00:16:28 Par contre, faut que t'acceptes de jouer avec les codes.
00:16:31 Musique douce
00:16:33 ...
00:16:39 -Je n'en ai pas encore parlé.
00:16:41 On n'en a pas parlé, mais j'aurais bien repris les deux mêmes.
00:16:45 -Ca a bien fonctionné ?
00:16:46 -Je trouve que ça a bien fonctionné.
00:16:49 En plus, c'est dans les locaux de la mission locale.
00:16:52 C'est le même prestataire.
00:16:54 J'aurais trouvé ça intéressant de remettre les deux.
00:16:57 Après, il fallait qu'ils m'en parlent en équipe.
00:17:00 -On n'en a pas parlé.
00:17:01 Le 1er lundi, alors que j'étais en vacances,
00:17:03 c'est mon aventure.
00:17:05 -Les adolescents, ils ont un mouvement de vie.
00:17:07 Ils sont fragiles, mais ils ont un mouvement de vie très fort,
00:17:11 une pulsion de vie très forte.
00:17:12 Et donc, ils expriment des choses à l'état brut, quoi.
00:17:16 Et à leur contact, j'apprends.
00:17:19 J'apprends sur...
00:17:21 Effectivement, qu'on peut...
00:17:23 Que c'est une période où on peut être fragile
00:17:26 sur tellement de points.
00:17:28 Et que c'est important de pouvoir les comprendre,
00:17:30 de pouvoir leur laisser leur chance,
00:17:33 de pouvoir les accueillir dans notre société,
00:17:35 parce que c'est les adultes de demain.
00:17:37 Applaudissements
00:17:39 -45 secondes, juste ça.
00:17:40 Je ramène ici au visage, passe ta hanche,
00:17:43 décolle ton talon, jambe arrière.
00:17:45 Décolle ton talon, jambe arrière.
00:17:47 Je profite, tu peux me voir.
00:17:48 -Effectivement, pas mal de gamins...
00:17:50 "J'aime pas l'école. J'aime pas l'école.
00:17:53 "Je... Je m'ennuie.
00:17:56 "Je suis au fond de la classe, je bavarde,
00:17:59 "je dessine.
00:18:00 "De toute façon, j'aime pas la prof.
00:18:03 "Je sais pas ce que j'y fais à l'école.
00:18:05 "Ca me sert à quoi ? Qu'est-ce que ça va me porter plus tard ?"
00:18:09 Et c'est vrai que...
00:18:10 On se pose même plus la question, mais là, dans...
00:18:13 Il faut que t'ailles à l'école.
00:18:15 De toute façon, l'école est obligatoire.
00:18:17 Pourquoi ? Pourquoi je suis obligé d'aller à l'école ?
00:18:20 Pourquoi, quand on est adulte, on est obligé de bosser ?
00:18:24 Pourquoi...
00:18:25 Il faut pas tricher ? Pourquoi...
00:18:27 Pourquoi ma vie est définie à l'avance ?
00:18:32 -Va-moi vite. Va-moi vite. La qualité, la qualité.
00:18:35 Pas la quantité. -L'idée, c'est aussi...
00:18:38 De les aider à se définir, eux-mêmes,
00:18:40 en termes d'identité, en termes de...
00:18:42 "Est-ce que ma place est ici ? Est-ce que ma place est ailleurs ?
00:18:46 "Est-ce que ma place est auprès des autres ?"
00:18:48 Et on leur fait souvent...
00:18:50 Comprendre, dans notre discours,
00:18:53 que les armes, elles passent par la scolarité.
00:18:56 Le système a été conçu comme ça.
00:19:00 -C'est cette importance de mots, en fait,
00:19:02 où des jeunes, des fois, peuvent rire d'un coup.
00:19:05 On le voit dans le milieu scolaire, des professeurs vont dire
00:19:08 "T'as été bête" ou "T'es bête".
00:19:10 Le jeune, il explose.
00:19:11 C'est vrai que c'est super important,
00:19:14 de réfléchir à l'importance des mots qu'on emploie.
00:19:16 -Il y a pas mal d'adolescents,
00:19:18 quand ils ont des carences affectives,
00:19:21 qui viennent de l'enfant, je me suis rendu compte,
00:19:23 qu'il fallait accepter que quelqu'un puisse être là pour eux.
00:19:27 Et ce qui est assez, moi, que je trouve passionnant
00:19:29 dans ce métier, et à leur contact,
00:19:31 c'est qu'on arrive à un moment donné,
00:19:34 et ça prend énormément de temps, avec des jeunes comme ça,
00:19:37 après, ils sont pas tous...
00:19:39 Mais qui ont des fragilités...
00:19:41 C'est qu'ils nous demandent...
00:19:44 énormément de preuves d'amour.
00:19:47 -Lève ta main droite.
00:19:48 -Tu vas pas crisper.
00:19:49 -Plus t'es relâché, plus t'es en mouvement.
00:19:52 -C'est pas grave, tu t'en es rendu compte.
00:19:54 Continue, lâche pas.
00:19:56 Allez, lâche pas.
00:19:57 Bien joué, la flexion. Descends un peu plus.
00:20:00 Voilà ! Tu vois, tu y arrives.
00:20:02 -Quand je considère que c'est réussi,
00:20:04 c'est quand je me rends compte
00:20:07 que, relationnellement, si tu veux,
00:20:10 j'ai passé une étape avec la personne
00:20:12 qui fait que la personne a réellement confiance en moi.
00:20:15 -Ca s'appelle de la bonne fatigue. -C'est bien.
00:20:18 Comparé aux dernières séances, c'est mieux,
00:20:21 parce que plus on change de se mettre,
00:20:23 on commence à faire des trucs qu'on apprécie mieux.
00:20:26 En plus, comme t'as dit, la confiance,
00:20:28 on a fait un travail sur nous, on se parle,
00:20:30 on fait confiance aux autres.
00:20:32 C'est mieux, ouais.
00:20:33 Ca commence à avancer, c'est bien.
00:20:36 Faut qu'on continue comme ça.
00:20:37 -Les jeunes, par exemple,
00:20:39 quand on les accompagne dans une démarche,
00:20:42 ils aiment nous tenir informés de ce qu'il en est.
00:20:44 Au fond de moi-même, au fond de mon petit coeur,
00:20:47 je suis tellement contente pour eux.
00:20:49 Je me dis pas, "C'est bien, je suis contente pour toi",
00:20:52 mais au fond de moi, je me dis, "Petite victoire."
00:20:55 Je l'ai accompagnée, j'ai su le remobiliser
00:20:58 quand lui se démobilisait, je l'ai jamais lâché,
00:21:00 je lui ai mis des petits coups de pieds au fesque,
00:21:03 "Ca suffit, tu vas y arriver, je suis derrière toi."
00:21:06 Quand le jeune arrive en disant, "Regarde, j'ai mon diplôme",
00:21:10 je suis contente.
00:21:11 Je pense que si on avait pas été là, en effet,
00:21:13 ils seraient pas là.
00:21:15 Ils avaient besoin de quelqu'un qui croit en eux,
00:21:17 quelqu'un qui les pousse.
00:21:19 Et souvent, c'est des jeunes
00:21:21 qui ont perdu confiance en eux, mais pas moi.
00:21:23 -Faut que je vois en premier.
00:21:25 Quelle école tu vas en première ?
00:21:27 Là, t'es au CPROC.
00:21:28 -Au début.
00:21:29 -Si t'as le choix.
00:21:30 -Si, faire un BF1, je vais faire un petit direct.
00:21:33 -Un, faire un BF2.
00:21:34 -Je fais un petit sur mon télévis.
00:21:36 -Un, faire un BF2.
00:21:37 -Y a des choses que je peux pas dire à ma mère directement.
00:21:41 Je peux pas se parler à elle directement.
00:21:43 Et après, elle peut me donner des petites idées,
00:21:46 qui font que...
00:21:47 Des conseils, pas des idées,
00:21:49 plutôt des conseils.
00:21:50 Comment je peux dire à ma mère ?
00:21:52 Des fois, elle peut en parler directement à ma mère.
00:21:55 Elle est en relation avec ma mère.
00:21:57 C'est comme une grande personne.
00:21:59 C'est comme si c'était une personne de ma famille
00:22:02 à qui je faisais confiance.
00:22:03 -Ils nous mettent en confiance
00:22:05 comme si on avait une relation de père-fils,
00:22:08 fille-mère-fille.
00:22:09 C'est ça qui fait qu'à l'heure d'aujourd'hui,
00:22:12 on écoute un peu mieux.
00:22:13 On écoute facilement sans personne.
00:22:15 Genre, on peut pleurer devant eux, quoi.
00:22:18 On aura pas de gêne, genre.
00:22:19 Par exemple, on va jamais aller dans une ferme
00:22:23 faire des trucs avec des animaux.
00:22:25 On va dire avec le feu vert, on est partis.
00:22:28 Par exemple, on va jamais se dire
00:22:29 on va faire une distribution pour les SDF.
00:22:32 Avec le feu vert, ils nous montent vers le haut, en fait.
00:22:36 -La soupe, on va l'accrocher, les minettes.
00:22:38 -Une seule famille, elle a tout !
00:22:41 -Alors, vas-y, envoie les tuvailles,
00:22:44 je les mets ici.
00:22:45 -Elle est là.
00:22:46 -Eh, eh, venez pas à mon entourant.
00:22:48 -Là, à partir de maintenant,
00:22:50 vous ouvrez vos yeux.
00:22:51 Gauche. Celles qui sont à gauche,
00:22:53 regardent à gauche.
00:22:55 Celles à droite, à droite.
00:22:56 Quand on voit un SDF, on s'arrête en speed et on distribue.
00:23:00 -A la fin, on distribue.
00:23:01 -Sonia, wesh !
00:23:02 -Oh, tu parles mal !
00:23:05 Musique rap
00:23:07 -Oh là là !
00:23:08 Oh là là !
00:23:11 Musique rap
00:23:13 -Ca va, ça va, oui, mais à un moment donné,
00:23:15 c'est un budget pour nous, feu vert.
00:23:17 J'aimerais bien, dans ce cas-là,
00:23:19 on fait des pavés de saumon, on fait tout ça.
00:23:22 J'entends bien les filles, mais il faut être réaliste.
00:23:25 -Attache-toi !
00:23:26 -C'est quoi, un chantage ?
00:23:27 -Attache-toi, je te dis !
00:23:29 -T'as du mal à faire !
00:23:30 Musique rap
00:23:32 -Attache-toi !
00:23:34 -Elle a attaché ?
00:23:36 -Non, toi !
00:23:37 -Ouais !
00:23:38 -Qui voit d'autre ?
00:23:39 -Ce n'est pas ça, tu vas dégager !
00:23:43 -Qui voit d'autre ?
00:23:44 Mais dis-moi, qui voit d'autre ?
00:23:46 Tu fais du tout, tout, tout, tout, tout, tout, tout,
00:23:48 mais dis-moi, qui voit d'autre ?
00:23:50 -Dis-moi, qui voit d'autre ?
00:23:51 Mais dis-moi, qui voit d'autre ?
00:23:53 A 225 pouces, en couche, tu fais de l'honneur.
00:23:55 -Et je fais du samba,
00:23:56 ta mère, ça fait danser.
00:23:58 T'es toujours dans le noir, tu me reçois de soleil.
00:24:01 ...
00:24:07 -Les pères, pourquoi ils me mettent dedans ?
00:24:09 ...
00:24:12 -On y va, les garçons ? Des 20 tours, les gars !
00:24:14 Arrêtez de couper !
00:24:15 ...
00:24:20 Ça va ? Attention, Yann, c'est pas grave.
00:24:23 ...
00:24:26 -J'ai vécu des tas de choses en termes de suivi.
00:24:28 Larcèment scolaire, viol.
00:24:31 J'ai accompagné plein de jeunes à Robigny,
00:24:34 prison pour mineurs, prison...
00:24:37 La génération était un peu moins violente,
00:24:40 mais à l'époque, on a eu des situations,
00:24:43 les voitures de poulies ici, les jeunes,
00:24:45 en gros, on est en masse, en groupe,
00:24:47 qui allaient au niveau du pont, au niveau du collège,
00:24:50 mais on a eu des choses, des fictions, quoi.
00:24:53 Mais non, aujourd'hui, non.
00:24:54 Moi, je dis que c'est une bombe à retardement,
00:24:57 ce conflit de quartier, même qu'il y ait aussi la classe ours,
00:25:00 les prêtres, pardon.
00:25:02 C'est une bombe à retardement.
00:25:04 Demain, peut-être, on a l'air vides de rien.
00:25:06 Mais c'est vrai que ça fait un petit moment
00:25:09 où des faits très graves, coup de marteau, coup de machette,
00:25:12 attention, des choses...
00:25:14 Ici, même, en ce local, pour une petite anecdote,
00:25:16 des jeunes étaient scolarisés au lycée Fédère,
00:25:19 qui est plus vers la source des prelles.
00:25:22 Les jeunes d'orgelement étaient amenés
00:25:24 à prendre les transports en commun et à s'y rendre.
00:25:27 Il y avait un conflit avec les jeunes du centre-ville.
00:25:30 Ils les attendaient dans le parc à côté.
00:25:32 Un jour, ils se sont fait agresser avec des machettes.
00:25:35 Un jeune s'est fait couper la moitié d'un doigt.
00:25:38 J'ai rassemblé tous les jeunes ici, au local, ici.
00:25:41 À l'époque, les CPE du lycée étaient venus.
00:25:45 On les a effectués ailleurs.
00:25:47 -Bruit. -4 buts, 5.
00:25:50 -La prochaine fois qu'on vient, on fasse un match avec eux.
00:25:53 On partage un bon moment ensemble.
00:25:55 Ca serait bien, non ?
00:25:57 Je vous conseille... Voilà, tu fais ça, ça, tac, tac.
00:26:00 Comme ça, ça travaille votre esprit de solidarité et de partage.
00:26:03 D'accord ? On fera ça ? Allez, on y va, les gars !
00:26:06 Musique douce
00:26:09 ...
00:26:22 C'est mieux d'aller à Feuvert que de rester au quartier.
00:26:25 Au quartier, des fois, il n'y a rien à faire.
00:26:28 Tu peux...
00:26:29 Tu peux...
00:26:30 Tu peux...
00:26:31 Tu peux...
00:26:32 ...
00:26:35 Tu peux avoir des problèmes, tout ça.
00:26:37 Moi, j'ai pas envie d'avoir ça.
00:26:39 J'ai pas envie de rester à Feuvert, de pas faire comme lui,
00:26:42 de pas avoir de trucs bizarres avec la drogue, tout ça.
00:26:45 -Parfois, même si on n'est pas dans ça,
00:26:47 à force de traîner avec des gens qui sont comme ça,
00:26:50 on va finir par le denier.
00:26:52 ...
00:26:54 -Faut pas faire de gâchis.
00:26:56 Tu vas la découper, la mande.
00:26:58 -Tu fais comme ça ?
00:27:00 -Oh, comme ça, Georgina ?
00:27:02 -Après, tu l'ouvres comme une fleur.
00:27:04 -C'est comme ça que je fais.
00:27:05 -Merci.
00:27:07 -Regarde, il m'en saille.
00:27:08 -Tu sais, quand t'épluches, tu laisses pas ton doigt à la fin.
00:27:12 Sinon, tu peux te le couper.
00:27:13 -D'accord.
00:27:15 ...
00:27:17 -Tiens, après, il y a les ananas.
00:27:19 -Non, mais faut pas mettre ça dedans.
00:27:21 -Il n'y a que les faiblesses qui pleurent.
00:27:24 -Ah, on va... -Que les faibles qui pleurent.
00:27:26 -Les faibles ?
00:27:28 -Bah non, il n'y a pas que les faibles qui pleurent.
00:27:30 Moi, je dis que non.
00:27:32 Par exemple, si quelqu'un de dur,
00:27:35 il peut pleurer pour un décès ou un truc comme ça,
00:27:39 mais ça veut pas dire qu'il est faible.
00:27:41 Enfin, si, maintenant, mais...
00:27:43 -Ah !
00:27:44 -Oh là là !
00:27:46 -Est-ce que pleurer, c'est forcément une preuve de faiblesse ?
00:27:49 -Non. Ma mère, elle va me dire un truc.
00:27:52 Je vais pleurer.
00:27:54 Genre, ça se fait pas, tout ça.
00:27:56 Après, il va me dire "Pourquoi tu pleures ?
00:27:58 C'est pour les faibles."
00:28:00 Du coup, après, j'arrête de pleurer.
00:28:02 -Ah, donc ça t'aide ? -Ouais.
00:28:04 -Parce que c'est sa manière...
00:28:05 Le fait de te le dire comme ça, c'est sa manière de te réconforter.
00:28:09 Et ça t'aide ?
00:28:10 -Non.
00:28:11 -Non ? -Genre, je me dis que j'arrête de pleurer.
00:28:14 Mais sinon...
00:28:15 -Bah, j'ai appris les avis des autres.
00:28:17 Comme quoi, mon avis peut-être peut être négatif.
00:28:21 Genre, j'ai su contrôler mes avis
00:28:23 et avoir les autres avis des gens,
00:28:25 et tu te donnes un autre avis.
00:28:27 Et c'est ça qui te fait le fait de...
00:28:30 Tu peux avoir d'autres avis,
00:28:32 tu peux te dire que comme quoi t'avais pas raison.
00:28:35 Quoi.
00:28:37 Et tu réfléchis, en fait, dans ta tête.
00:28:39 Ça nous aide, ça nous fait avancer,
00:28:41 et ça m'aide, par exemple, à avoir...
00:28:43 Par exemple, une autre mentalité.
00:28:46 -Eh ! On y va ?
00:28:49 Vous commencez à monter là, direct ?
00:28:52 Et puis les autres, on va attendre.
00:28:54 Une fiction, pour moi, c'est pas juste une fiction,
00:28:59 on sait très bien,
00:29:00 il suffit que tu sois au mauvais endroit,
00:29:02 au mauvais moment,
00:29:03 tu peux terminer comme le jeune homme.
00:29:06 Et moi, c'est la haine.
00:29:07 Par rapport au quartier, je parle de super-m,
00:29:10 alors je m'en...
00:29:11 J'espère qu'un jour, on n'en arrivera pas.
00:29:13 Mais pour ça, il faudra agir avec intelligence.
00:29:16 Mon objectif avec vous,
00:29:17 l'influence que je peux avoir avec vous,
00:29:19 c'est de vous tirer vers l'eau, vous passer des messages.
00:29:23 Malheureusement, ça durera pas toute la vie.
00:29:25 Après, vous allez prendre votre envol,
00:29:27 vous allez vous récuperer des humains,
00:29:29 et je l'espère pour vous, vous êtes des gens.
00:29:32 Donc tout ce qui peut vous tirer vers le bas,
00:29:34 conflit de quartier,
00:29:36 "Vas-y, va faire le guet",
00:29:37 quand je dis "le guet", c'est-à-dire le guetteur,
00:29:40 dans le quartier, pour le trafic, tout ça,
00:29:42 éloignez-vous de tout ça, les gars.
00:29:44 -J'ai jamais été dans ça.
00:29:46 -C'est plus simple à dire qu'à faire.
00:29:48 Moi, je peux te le dire, j'en ai vu dans le quartier.
00:29:51 Et des gars comme vous,
00:29:53 c'est-à-dire sans problème, intelligents,
00:29:55 qui apprend à tous les problèmes, attention,
00:29:58 mais qui étaient pas faits pour ça.
00:30:00 Mais ils l'ont fait par manque de moyens,
00:30:02 ou parce qu'ils avaient pas forcément du travail.
00:30:05 Faites attention à ça.
00:30:06 -Attention à toi. -Junior,
00:30:08 parle à papa et maman, très important, tout de suite.
00:30:11 Idriss, pareil. Denis, attention à toi.
00:30:13 -C'est déjà ? C'est quoi, le feu de gueule ?
00:30:15 -Tu lui parles du séjour, s'il te plaît.
00:30:18 Je vais te donner les infos via WhatsApp.
00:30:20 -Quand on part en séjour,
00:30:22 c'est tout de suite... Ils veulent mettre leur musique.
00:30:25 Je leur dis "OK, je vais mettre mon musique,
00:30:27 "mais je mets la mienne d'abord."
00:30:29 "Non, tu vas pas nous mettre tes vieilles musiques."
00:30:32 "Si, on fait un échange."
00:30:34 Et du coup, une fois, on avait fait un séjour
00:30:36 avec un groupe mixte,
00:30:38 mais on avait retrouvé des jeunes filles qui avaient déjà fait
00:30:41 un séjour avec moi.
00:30:42 "Tu vas nous mettre du piaf ?" "T'as retenu le nom, déjà."
00:30:46 On échange aussi, ils nous apportent beaucoup de choses aussi.
00:30:49 C'est le but aussi de leur apporter.
00:30:51 Le but des séjours aussi, c'est de travailler aussi
00:30:54 sur... C'est toujours court, les séjours, en même temps.
00:30:57 Ce qui m'énerve, c'est qu'elles regardent pas.
00:31:00 Après, elles voient, elles sont pas aveugles.
00:31:03 -Elles font pas grave. -C'est toujours pareil.
00:31:05 Une fois, deux fois, elles vont dire que c'est toujours pareil.
00:31:09 A Nacera, c'est toujours pareil. C'est bon, on a de chef.
00:31:12 ...
00:31:15 -Moi, je sens plus mes pieds. A Nacera, je vais arrêter.
00:31:18 -Tu fais une pause ? -Oui.
00:31:20 -J'appelle Karima, là.
00:31:21 ...
00:31:25 -Et les filles, rangez vos portables.
00:31:28 Pendant que je vais à la promagerie, vous répondez "tac, tac, tac".
00:31:32 Rangez vos téléphones.
00:31:33 ...
00:31:35 ...
00:32:03 -C'est pas parce qu'une personne avait fait un truc,
00:32:06 qu'elle laisse les 5 autres personnes ne pas vouloir faire.
00:32:09 -On lui dit qu'elle veut pas faire, mais elle veut.
00:32:11 Dans ces cas-là, on reste à la maison, elle fait ça un autre jour,
00:32:15 elle ramène son fromage.
00:32:16 -On s'est senties forcées.
00:32:18 -Oui, voilà. Là, c'est vraiment... C'est force, en fait.
00:32:21 Maman a dégoûté du fromage. -Et du lait.
00:32:24 Les vaches, elles sont hyper sales, elles les lavent jamais.
00:32:27 -Ouais.
00:32:28 -C'est un truc, dans tous les cas, qu'on voulait pas faire.
00:32:32 -Mais bon...
00:32:33 C'est fait, c'est fait.
00:32:36 -T'as fait beaucoup la tête, Lina, aujourd'hui.
00:32:43 Vraiment, j'ai vraiment l'impression que cette visite-là,
00:32:47 c'était une torture pour toi, que je t'ai forcée.
00:32:49 Donc, dis, exprime-toi, Lina.
00:32:51 -Moi, je voulais pas partir, dans tous les cas.
00:32:54 -Oui, on avait tous compris. On aurait fait quoi ?
00:32:57 Les autres, ils partent visiter la fromagerie,
00:32:59 j'aurais fait quoi ? -Nous quatre, on a pas voulu y aller.
00:33:02 -Pourquoi, quand on a préparé la journée hier,
00:33:05 on m'a même dit... -Non, on a dit...
00:33:07 -C'est chouette, même si on fait la traite des vaches.
00:33:10 -Oui, si on fait la traite des vaches.
00:33:12 -Si on faisait la traite des vaches, on vous aurait fait comment ?
00:33:15 -Si les vaches étaient comme ça, je les aurais pas touchées.
00:33:19 -J'étais pas très contente, parce qu'un moment donné,
00:33:22 un séjour, c'est aussi du ski, vous avez fait de la luche,
00:33:25 mais moi, j'y tiens aussi, c'est partie culturelle.
00:33:28 Ils vont parler de leur famille, de difficultés, parler de...
00:33:31 Il y a des choses, des fois, difficiles à entendre aussi,
00:33:34 donc il y a des révélations, des fois, comme ça.
00:33:37 Des fois, on n'est pas toujours prêts.
00:33:39 Voilà, donc, du coup, attention à bien écouter
00:33:43 pour reprendre ça après.
00:33:57 -Viens.
00:33:58 Viens.
00:33:59 -Avec Limonce, j'ai trouvé plein de trucs,
00:34:06 en fait, de trucs vraiment sincères.
00:34:08 Et du coup, elle avait le côté professionnel,
00:34:13 mais plus dans la vie réelle, en vrai.
00:34:18 Elle donne des conseils,
00:34:19 elle a des façons pour parler aux jeunes,
00:34:22 et elle m'a montré comment la vie est en vrai.
00:34:27 Même quand j'étais des fois dans les difficultés et tout ça,
00:34:31 même le soir tard, elle est là pour me répondre.
00:34:33 Et après, ses réponses, c'est bien, c'est doux,
00:34:37 c'est compréhensif,
00:34:38 c'est des mots qui rentrent vraiment dans la tête.
00:34:43 C'est pas comme n'importe qui que...
00:34:46 Quand je leur raconte, c'est pas la même chose.
00:34:49 Et moi, quand je vois comment elle est avec Limonce,
00:34:53 j'aimerais bien avoir une vie comme elle, en fait.
00:34:56 Vraiment.
00:34:57 Dans le sens, comment elle présente, comment elle parle,
00:35:00 comment, ses manières et tout ça, vraiment.
00:35:03 Cette séance, c'était pas comme la première.
00:35:08 Mais elle m'a appris des choses, par contre.
00:35:12 C'est pour ça que j'aime bien te laisser aussi réfléchir
00:35:17 et pas tout de suite te débriefer.
00:35:20 Parce que ça s'infuse, et dans ton corps, ça s'infuse aussi.
00:35:24 C'est comme une infusion à la cannelle.
00:35:26 Je l'aime trop.
00:35:31 Vraiment. Malgré que j'étais chiante avec.
00:35:34 Dans mes formations, on n'en a jamais parlé, bien sûr.
00:35:39 Y a pas question d'amour, y a question de transfert.
00:35:41 Le transfert, c'est une grande question d'amour.
00:35:44 Mais rarement, on va t'en parler en ces termes-là.
00:35:47 Parce que c'est comme un gros mot lâché,
00:35:50 comme une bombe où on parle d'émotion, d'affect.
00:35:54 Et non, surtout pas.
00:35:55 Du coup, c'est quand même fou,
00:35:57 parce que t'arrives avec un tas de bagages en tant qu'éduc,
00:36:00 et on t'a jamais parlé de l'essentiel.
00:36:02 J'ai l'impression, un peu comme dans l'éducation avec les enfants,
00:36:06 ou par exemple la sexualité, et on n'en parle jamais.
00:36:10 On n'en parle qu'en termes de maladie,
00:36:12 en termes de prévention des maladies
00:36:14 et de la grossesse éventuellement, et puis fin de l'histoire.
00:36:18 ...
00:36:26 Sonnerie.
00:36:28 -Bonjour. -Bonjour.
00:36:30 -Salut. -Ça tombe bien, toi.
00:36:32 Ça y est, t'as eu ta paye ?
00:36:34 -Ouais, vas-y. -Tu l'as eue, ta paye ?
00:36:36 -Ouais, mais j'ai... J'ai trompé, voilà.
00:36:39 -Mais tu l'as eue ? -Ouais.
00:36:40 -C'est bon, t'as pu te faire un petit resto ?
00:36:42 -Non, j'ai payé mes factures.
00:36:44 -Ah, c'est bien, t'as payé tes factures
00:36:47 plutôt que le resto.
00:36:48 Tu passes quand à me voir ?
00:36:50 -T'es là demain ? -Ouais.
00:36:52 -A quelle heure ? -Je dis qu'à 15h.
00:36:54 Si tu veux, tu passes vers 15h30, 16h, mais grand max,
00:36:57 moi, à 17h, je suis partie.
00:36:58 -Vas-y, ça veut dire que tu passes à 15h30.
00:37:00 -Et comme ça, je t'aide dans les démarches ?
00:37:02 Vas-y, on fait comme ça.
00:37:04 -OK. -Je te le dis, on part toi.
00:37:06 Après, on va te tailler, après.
00:37:08 ...
00:37:14 -Mon but, à moi, c'est pas d'agir forcément
00:37:16 sur une situation marginale,
00:37:19 ou que moi, j'estime marginale, déjà.
00:37:21 Et...
00:37:23 Pour qui ? Pour qui ?
00:37:25 Pour moi, pour Pôle emploi,
00:37:28 pour la sécurité de l'arrondissement,
00:37:30 pour...
00:37:31 Il y a des jeunes qui font des choix,
00:37:35 qui assument leurs choix,
00:37:37 qui savent qu'il y aura dans cette direction
00:37:41 une case prison à un moment donné...
00:37:46 Et qui sont pas prêts à changer.
00:37:48 Est-ce qu'un jour, ils auront une rencontre amoureuse
00:37:52 et ils décideront de s'investir davantage
00:37:54 dans leur rencontre amoureuse
00:37:56 qu'auprès de leur groupe de pères
00:37:59 dans des côtes de la rue ?
00:38:01 Euh...
00:38:04 Ils seront...
00:38:05 Ils seront décisionnés, hein.
00:38:07 Je...
00:38:09 -C'est pas toi qui vas amener ce changement.
00:38:14 -Peut-être. J'en sais rien.
00:38:16 Mes paroles peuvent avoir un écho dans son esprit
00:38:19 sans même que je le sache,
00:38:20 sans même que lui ou elle le sache.
00:38:22 -Quand tu vas voir en détention, c'est un exemple,
00:38:26 un jeune,
00:38:28 tu vas le voir à un moment donné
00:38:30 où il est dans une fragilité...
00:38:33 extrême.
00:38:36 Et quand tu vas faire ce mouvement-là,
00:38:38 alors que t'es pas de la famille,
00:38:40 d'aller les voir
00:38:43 et de leur montrer par ton regard
00:38:44 que toi, t'es pas la justice,
00:38:48 mais que t'es encore là pour eux,
00:38:50 t'es encore là pour les écouter,
00:38:52 pour parler avec eux
00:38:53 parce que tu les apprécies,
00:38:55 eh ben là, tu...
00:38:59 Et moi, pour moi,
00:39:00 c'est vraiment le rôle de l'éducateur de prévention.
00:39:04 Parce que nous, on a un rôle à jouer là-dessus.
00:39:06 C'est que nous, on peut aller
00:39:08 aux interstices,
00:39:10 aux endroits où...
00:39:12 où y a plus grand monde.
00:39:14 Sonne la porte
00:39:16 ...
00:39:18 ...
00:39:35 -Sans feu vert, sans Rachid, Aïssatou, Romain,
00:39:39 en tout cas, l'équipe privée,
00:39:41 après, j'ai pas fait vert en entier,
00:39:43 mais l'équipe qui nous a suivis,
00:39:45 je pense pas que je serais en formation,
00:39:47 en prison ou en train de faire des bêtises.
00:39:49 -Et là, maintenant, tu fais quoi ?
00:39:51 -En ce moment, je suis en formation en alternance
00:39:54 avec la RATP pour devenir conducteur de bus.
00:39:57 -Ils veulent pas nous décevoir.
00:40:00 Et ils savent qu'on va pas les juger,
00:40:02 mais ils veulent qu'on garde
00:40:04 une image positive de leur personne,
00:40:06 et ça, c'est normal, et ça, c'est humain,
00:40:09 mais...
00:40:10 Et puis, faut prendre le temps.
00:40:12 J'ai pas besoin de tout savoir,
00:40:14 donc ça m'intéresse pas du tout,
00:40:15 mais c'est vraiment de les accompagner.
00:40:18 Ils savent qu'on est quand même des professionnels
00:40:21 et donc, du coup, quand même,
00:40:22 on a un oeil assez aiguisé de qui fait quoi,
00:40:25 et puis, du coup, on sera toujours là pour eux.
00:40:27 On est pas là pour juger qui que ce soit.
00:40:30 On est là pour accompagner.
00:40:31 -T'es pas en train de traiter de passer, hein ?
00:40:34 -Ce mec, en face.
00:40:35 -Romain, il est à peu près là.
00:40:37 ...
00:40:40 -Tu devrais garder le maillot du Stade Rallais.
00:40:42 -Ouais, il est en dessous.
00:40:44 Non, tu connais, c'est...
00:40:45 D'abord, on chauffe un peu.
00:40:47 -Il faut accepter aussi leur aide.
00:40:49 Parce que, par exemple, j'ai certains amis à moi
00:40:52 ou certains qui veulent pas de l'aide à Feuvert.
00:40:55 Quand ils croisent Feuvert, bonjour, au revoir,
00:40:57 mais sinon, ils ont rien à voir avec Feuvert.
00:41:00 Quand t'as grandi, quand on a cet âge-là,
00:41:02 on se dit qu'ils ont vraiment voulu nous aider.
00:41:05 Malgré qu'on voulait pas, ils ont forcé.
00:41:07 Ils voulaient qu'on avance plus que nous.
00:41:09 -Tire, tire !
00:41:10 -Ouh !
00:41:12 -Ouh !
00:41:13 -Ouh !
00:41:14 ...
00:41:23 -Dès qu'ils ont l'amour de leurs parents,
00:41:25 ils ont des discours bienveillants de la part des parents,
00:41:28 je sais que même s'ils sont dans une situation de précarité,
00:41:31 ils auront de la ressource pour après.
00:41:35 Mais s'il y a pas ce minimum-là
00:41:37 d'amour, de confiance et de discours positifs,
00:41:41 ça va être compliqué.
00:41:43 ...
00:41:46 -C'est Carla, Carla d'entraide.
00:41:48 Vous voyez comment ? C'est mon père, limite !
00:41:50 C'est comme mon père, ce type !
00:41:52 ...
00:42:00 -T'es moi, t'es moi !
00:42:01 Deux mètres, deux mètres, il était avec moi au collège.
00:42:04 Beaucoup, beaucoup, beaucoup !
00:42:06 C'est mon gars, quand même.
00:42:07 Voilà. Et ça, c'est mes frérots, ça.
00:42:10 J'ai fait mon collège avec eux.
00:42:12 Et voilà !
00:42:13 Vous voyez, un ballon, ça nous suffit pour jouer et être heureux.
00:42:16 Ils sont là. Ça, c'est mon gars.
00:42:18 Rappeur, flèche montante, drill.
00:42:21 Tu vois ce que je veux dire ? Voilà.
00:42:23 -Je suis là.
00:42:25 -19e, 10e, hein ?
00:42:27 Eh ouais, connu, GSL !
00:42:28 Regarde, là, t'es sur place des flèches.
00:42:31 Y a de tout et de rien.
00:42:32 Ce qui est sûr, c'est qu'on est tous là
00:42:34 et on s'en sort tous de la même manière.
00:42:37 C'est toi qui suis ? C'est carréal, là !
00:42:39 Je te le dis, c'est qui la suit.
00:42:41 Charo ! Mon frère ! Tu montes ?
00:42:43 ...
00:42:49 -Je me suis vraiment amusé avec Feuvert.
00:42:51 On a voyagé, mes premiers voyages sont...
00:42:54 ont été faits avec Feuvert.
00:42:56 On partait dans le sud, dans le nord,
00:42:58 mais c'était toujours des voyages
00:43:00 avec quand même cet aspect de faire quelque chose en retour.
00:43:03 Quand on partait en voyage, c'était pas un voyage,
00:43:06 on se la coulait. On partait, on ramassait des feuilles.
00:43:09 On travaillait, quoi, tu vois ?
00:43:11 Ils nous apprenaient déjà à travailler.
00:43:13 Travail mérite salaire.
00:43:15 J'étais en pro mécanique, j'ai fait de la pro électronique.
00:43:18 Ça m'intéressait pas, tu vois.
00:43:20 Et y avait Feuvert, tu vois.
00:43:22 Et je m'en souviens, t'sais, c'était une dame
00:43:25 qui s'appelait Virginie, maintenant,
00:43:27 je crois qu'elle travaille dans le 20e, tu vois.
00:43:30 Elle m'a aidé, tu sais, de ouf.
00:43:31 Et à la fin, bah, j'ai eu un entretien
00:43:34 avec le directeur d'un lycée bac pro-vente.
00:43:37 Et je suis rentré dedans.
00:43:39 Et Crescendo, il a kiffé mon profil, mon potentiel.
00:43:42 Mais s'il y avait pas eu Feuvert,
00:43:44 j'aurais...
00:43:45 J'aurais peut-être vu le côté négatif de la vie, hein.
00:43:48 L'économie parallèle, tu vois.
00:43:50 J'ai pas le fard de dessin, tu vois.
00:43:52 Ils ont ce rôle un peu d'éponge d'écouter, tu vois,
00:43:54 parce qu'ils sont dans la pédagogie à fond.
00:43:57 Ils sont là pour les jeunes.
00:43:59 Ils sont là pour tout ce qui est papera,
00:44:01 si une maman ne parle pas forcément français
00:44:03 ou quoi que ce soit, tu vois.
00:44:05 Ils sont là vraiment pour aider.
00:44:07 Mais ils te donneront jamais la chose dans ta bouche tout crue.
00:44:11 Et là, il est là, le...
00:44:14 le petit binz, tu vois.
00:44:16 Beaucoup pensent que tu viens à Feuvert,
00:44:18 je veux du travail, OK, tiens.
00:44:20 Non, non, non, non.
00:44:21 Ils vont pas te donner.
00:44:22 Ils vont voir si t'es motivé, tu vas aller avec eux,
00:44:25 ils vont te montrer comment faire.
00:44:27 Il faut avoir une certaine motivation en soi,
00:44:29 il faut se faire combat.
00:44:31 -Ouais !
00:44:32 -J'ai dit pas ça !
00:44:33 -Oui !
00:44:34 -Eh, eh !
00:44:36 -Une bague ? -Bah ouais !
00:44:37 -Deux chevaux ? -Bah ouais !
00:44:39 -Un podcast ? -Bah ouais !
00:44:40 -On est les gars, yeah !
00:44:42 On a besoin de ce qu'on a, yeah !
00:44:43 On a besoin de ce qu'on a, yeah !
00:44:45 -On va te vendre, ici,
00:44:47 que les gays te promettent,
00:44:48 et ça, qui a repris ce vrai rêve,
00:44:50 c'est tous les voyants qui l'étaient, ça connaît !
00:44:53 ...
00:45:08 -Ca fait 12 ans que je suis sur ce quartier-là,
00:45:10 j'y vais sur la 13e année,
00:45:12 mais ils me le disent, aujourd'hui, les anciens,
00:45:15 que toi, t'es toujours là, moi.
00:45:17 Tu te dis, tu t'es pas trompé,
00:45:19 parce qu'il y a des moments difficiles.
00:45:21 Après, tu peux devenir aussi un petit peu
00:45:24 celui qui porte un petit peu
00:45:26 toute la responsabilité de la frustration.
00:45:29 ...
00:45:30 Certain.
00:45:32 ...
00:45:33 -Pour moi, Emel, c'est comme un grand frère,
00:45:35 parce que depuis tout petit, je le connais,
00:45:38 je sais que c'est quelqu'un,
00:45:39 j'ai confiance en lui, il a confiance en moi,
00:45:42 et franchement, ouais, ça peut que être positif.
00:45:45 Ca peut que être positif.
00:45:46 -Il me voyait traîner un peu, il était là,
00:45:49 "Vas-y, va à l'école, qu'est-ce que tu fais ici ?"
00:45:51 Mais franchement, je l'en veux pas, je peux que le remercier.
00:45:54 Au jour d'aujourd'hui, j'ai mon bac,
00:45:56 j'ai eu le diplôme que ma mère attendait tant,
00:45:59 et franchement, je peux que le remercier.
00:46:01 Quand ta mère, elle va travailler tous les jours,
00:46:04 qu'elle est toute seule, qu'elle travaille,
00:46:06 même quand t'as une basket trouée, elle va te l'acheter,
00:46:09 tu vois ce que je veux dire ?
00:46:11 Au jour d'aujourd'hui, je peux que remercier ma mère.
00:46:14 Je peux que remercier ma mère,
00:46:16 parce que sans elle, je serais pas ce que je suis aujourd'hui.
00:46:19 Je sais pas... Et franchement, c'est...
00:46:22 C'est compliqué, c'est vrai que ça a été compliqué
00:46:25 de la voir, d'aller travailler,
00:46:26 mais moi aussi, j'essaie de travailler
00:46:29 pour que mes enfants, ils soient au maximum,
00:46:32 pour que mes descendants, comme on dit,
00:46:36 ils soient au top.
00:46:38 -On est là, on est en bas, tous les jours,
00:46:40 on voit tous les jours la même chose,
00:46:42 on voit tout le temps la même chose,
00:46:44 mais il m'aide, il me fait découvrir les environs.
00:46:47 -Je sais pas, chez moi, c'était pas ça,
00:46:50 une activité au karting, en famille et tout.
00:46:54 Ma mère a d'autres chats à fouetter, mon gars.
00:46:56 On a fait du vélo, on a fait du kayak,
00:47:01 trop de trucs, elle m'aide.
00:47:03 Trop de trucs, trop de trucs, j'ai fait trop d'activités.
00:47:06 J'ai fait du paintball, du karting, j'ai fait...
00:47:09 Là, au jour d'aujourd'hui, je suis animateur.
00:47:13 De base, il m'a trouvé juste un truc
00:47:15 juste pour avoir un peu d'argent,
00:47:17 histoire d'avoir un peu d'argent de poche.
00:47:19 Grâce à lui, au jour d'aujourd'hui,
00:47:21 ils ont kiffé mon travail,
00:47:22 ils m'ont donné plusieurs responsabilités,
00:47:25 je gagnais même plus le même salaire que je gagnais au début.
00:47:28 Musique douce
00:47:30 ...
00:47:34 -Il est là, là.
00:47:36 ...
00:47:40 -Je t'ai manqué, en plus, je lui ai acheté de la viande.
00:47:43 -C'est pas mal.
00:47:44 -On va t'emmêler, t'as mes grilles.
00:47:46 Rires
00:47:47 -Allez-y.
00:47:48 -Tout mec, mon frère.
00:47:50 -T'es sûre que t'es partie en vacances ?
00:47:51 -Il est allé nous couper et tout.
00:47:53 -Je t'ai ramené un petit cadeau.
00:47:55 -Ah, là, là, attention, c'est gênant, là.
00:47:57 -Attention.
00:47:59 -Un petit cadeau de...
00:48:00 Bah, c'est tout, merci beaucoup.
00:48:02 Merci. Je vais montrer un petit peu.
00:48:04 Voilà. Il est parti en vacances, il m'a ramené un petit cadeau.
00:48:08 Je l'ouvrirai tranquillement.
00:48:09 -Tu l'as acheté chez Shézade ?
00:48:11 -Il y a un bazar.
00:48:12 -C'est plutôt au collège où ça a commencé.
00:48:14 Souvent, au collège, à l'adolescence,
00:48:17 on veut s'affirmer.
00:48:18 Donc, là, on rencontre des gens,
00:48:20 on se fait tous influencer par les plus grands
00:48:22 qui sont nos modèles.
00:48:23 Et au quartier, à l'époque, en tout cas,
00:48:26 les modèles qu'on voyait, c'était plutôt les grands
00:48:29 avec des belles voitures. C'était plutôt ça.
00:48:31 Et puis, après, on rencontre, on a une bande,
00:48:34 tout le monde se... Voilà, j'ai suivi, j'ai suivi.
00:48:37 J'ai suivi mes copains.
00:48:38 En fait, c'est ça.
00:48:40 Et puis, après, au quartier,
00:48:42 ça continue, on commence à vendre des...
00:48:45 Un peu de shit, voilà.
00:48:46 Et puis, voilà.
00:48:48 -L'influence est très importante.
00:48:50 Ils m'ont influencé. -C'est pas vrai.
00:48:52 Ils m'ont influencé. -Pas lui, non.
00:48:54 -C'est là, il arrive au moment où on commençait...
00:48:57 -Il y avait des problèmes.
00:48:59 -Il arrive au moment où il y avait des problèmes.
00:49:01 -Il y avait des problèmes.
00:49:03 -C'est pas vrai.
00:49:04 -C'est pas vrai.
00:49:06 Musique douce
00:49:08 ...
00:49:10 -Ce que j'ai adoré, à l'époque, chez Fébère,
00:49:12 c'est le fait qu'il ne porte pas de jugement.
00:49:15 Je me rappelle, je les avais rencontrés,
00:49:17 il y en a trois qui m'ont marqué,
00:49:19 avec qui on a beaucoup échangé, qui nous écoutaient énormément.
00:49:23 Parce que, sans jugement,
00:49:25 je me rappelle, j'avais intégré une école,
00:49:27 une lycée technique à Torion,
00:49:30 en tout cas, dans le 11e, voilà.
00:49:33 Et c'était grâce à Macera.
00:49:35 En plus, elle m'a dit qu'on était là,
00:49:37 j'arrive avec des numéros,
00:49:39 et j'ose pas appeler,
00:49:40 parce que c'était une école dans le 11e,
00:49:43 et moi, pour moi, le 11e, car tchi-tchi,
00:49:45 j'y allais que la nuit.
00:49:47 Macera, elle appelle,
00:49:49 je sais pas comment elle a fait,
00:49:50 elle a réussi à convaincre la directrice,
00:49:53 un rendez-vous.
00:49:54 Elle me dit "Vas-y", je dis "Comment ça, vas-y ?"
00:49:57 "Vas-y, t'inquiète pas."
00:49:58 Elle appelle, j'ai mon rendez-vous, j'y vais,
00:50:01 et bam, c'est à ma tchie.
00:50:02 Ils voient que notre projet, on y tient à coeur,
00:50:05 ils vont pas nous lâcher, ils nous lâchent pas.
00:50:08 Même quand on a envie de lâcher,
00:50:09 ils disent "Non, on lâche pas,
00:50:11 "je suis confiant sur toi."
00:50:13 Rien que le fait de dire "J'ai confiance en toi",
00:50:16 pour ma part, c'est ce qu'ils m'ont apporté.
00:50:18 Le fait de savoir que moi aussi, je pouvais le faire.
00:50:22 Elle fait partie de ma vie, elle m'a aidé.
00:50:25 Et surtout, aujourd'hui, comme je dis,
00:50:28 je suis ingénieur automaticien, et c'est elle.
00:50:31 -C'est qui ?
00:50:32 -C'est ma deuxième maman.
00:50:37 Ca veut dire qu'un jour, je me souviens,
00:50:39 on était dans ma voiture ou dans sa voiture,
00:50:42 j'ai dit "J'ai ma maman chez moi, j'ai ma maman de dehors."
00:50:45 Elle dit "C'est qui ?"
00:50:46 Je dis "C'est toi."
00:50:48 Quand elle sait parler, c'est toi qui me prends la tête.
00:50:51 Donc...
00:50:52 Donc, ouais.
00:50:53 En fait, je pourrais pas expliquer.
00:50:55 C'est...
00:50:57 Je sais pas, j'ai...
00:50:59 Je sais pas, on ressent les choses.
00:51:01 Je voyais beaucoup de sincérité chez elle.
00:51:04 Et le fait qu'elle soit aussi sensible à l'art,
00:51:07 je crois que c'est ça qui a fait que...
00:51:09 Je pense que comme ils ont pris leur travail au sérieux,
00:51:13 nous aussi, on les a pris au sérieux très vite.
00:51:15 Et oui, ça a sauvé beaucoup de personnes.
00:51:18 Et même si parfois, il y avait...
00:51:20 Il pouvait y avoir un laps de temps où on se voit pas,
00:51:23 on avait toujours une pensée pour Feuvert.
00:51:25 Et je pense que, indirectement,
00:51:28 ces éducateurs, ces sorciers, là,
00:51:31 indirectement, ils nous ont donné ce truc-là
00:51:35 en nous, qui, on va dire,
00:51:37 on a envie d'aider les plus jeunes, automatiquement.
00:51:40 Là, ce qui va se passer, c'est que là, c'est le dernier artiste.
00:51:43 Je sais pas si vous le connaissez.
00:51:45 -Ouais, le voir !
00:51:46 Musique de jazz
00:51:47 ...
00:51:50 Musique de jazz
00:51:51 ...
00:51:53 Musique de jazz
00:51:54 ...
00:51:55 ...
00:52:22 -Je suis fatiguée de mon travail.
00:52:24 Je pense beaucoup à la vie.
00:52:26 ...
00:52:29 Sans ça, y a rien.
00:52:30 ...
00:52:33 Musique douce
00:52:35 -Tiens, allez. -Merci.
00:52:37 -Là, ça a filmé. T'envoies tes enfants.
00:52:40 ...
00:52:41 -Viens, on va...
00:52:42 -Elle arrête pas de filmer.
00:52:44 ...
00:52:53 -Ils m'ont jamais lâché,
00:52:54 jeunes de quartier et éducateurs de rue,
00:52:57 documentaire réalisé par Paul Muxel,
00:53:00 où elle a donc suivi au plus près, vous venez de le voir,
00:53:03 le travail des éducateurs de rue
00:53:05 de la fondation Jeunesse Feuvert,
00:53:07 qui officie dans certains quartiers de Paris
00:53:10 et de ces banlieues défavorisées,
00:53:12 là où ils sont souvent les seuls interlocuteurs disponibles
00:53:16 pour des jeunes en rupture de banc ou en passe de le devenir.
00:53:20 L'occasion, pour nous, d'en savoir encore un peu plus
00:53:23 sur le rôle et les difficultés rencontrées
00:53:25 par ces éducateurs spécialisés.
00:53:27 C'est ce que nous allons faire avec nos invités
00:53:30 présents sur ce plateau de "Débat doc" aujourd'hui.
00:53:33 Olivier Bonin est avec nous.
00:53:35 Bienvenue, Olivier Bonin.
00:53:36 Vous êtes journaliste au Média Social,
00:53:39 qui s'adresse aux travailleurs sociaux,
00:53:41 dont font partie les éducateurs de rue.
00:53:43 Votre dernier livre s'intitule
00:53:45 "Le travailleur social et la République,
00:53:48 un guide pour agir",
00:53:49 et il est disponible chez ESF Editeur.
00:53:53 Gabriel Di Gregorio est également avec nous.
00:53:55 Bienvenue. Vous êtes directeur
00:53:57 de l'association de prévention spécialisée DJIP,
00:54:00 qui est officieuse à Strasbourg.
00:54:03 Un mot sur DJIP ?
00:54:04 -C'est une... D'abord, ça veut dire
00:54:07 "jeunes équipes d'éducation populaire".
00:54:09 C'est une association qui emploie 45 personnes,
00:54:13 essentiellement des éducateurs spécialisés,
00:54:16 donc pour des missions essentiellement
00:54:18 de prévention spécialisée.
00:54:20 -Et puis, enfin, avec nous,
00:54:22 Olivier Bonneau. Bienvenue, Olivier Bonneau.
00:54:24 Vous êtes membre du bureau national du CNLAPS,
00:54:27 le Comité national de liaison
00:54:29 des acteurs de la prévention spécialisée.
00:54:31 C'est le seul réseau national de la profession.
00:54:34 Par ailleurs, vous êtes le directeur adjoint
00:54:36 de l'association APS34.
00:54:39 Vous êtes, basez-vous, à Montpellier.
00:54:41 Un mot sur cette association ?
00:54:44 -Donc, une association qui intervient
00:54:46 sur tout le département de l'héros,
00:54:48 enfin, les principales villes,
00:54:50 Montpellier, Sète-Frontignon et Béziers,
00:54:52 qui rassemblent une petite quarantaine
00:54:55 d'éducateurs sur ces territoires-là.
00:54:58 Et effectivement, essentiellement du travail de rue
00:55:01 et avec quelques dispositifs spécifiques
00:55:03 qui sont des outils de la prévention spécialisée,
00:55:06 je pense au chantier éducatif,
00:55:08 qu'on pourra aborder aussi au cours de ce débat.
00:55:12 Comme on l'a vu, on l'a esquissé dans le doc,
00:55:16 où on voit déjà faire de la peinture.
00:55:18 J'imagine qu'on était dans le cadre d'un chantier.
00:55:21 Voilà. Et pour ce qui concerne le CNL-APS,
00:55:24 c'est un comité qui fédère plus de 130 associations
00:55:29 à l'échelle nationale, métropole et dom-tom,
00:55:32 et qui essaye à la fois de réfléchir
00:55:35 sur le métier, l'avenir du métier, les actions,
00:55:41 et de fédérer pour défendre l'intérêt
00:55:45 à la fois des publics et de nos associations.
00:55:49 -Alors, Olivier Bonin,
00:55:50 peut-être pour recontextualiser le film que nous venons de voir,
00:55:54 nous allons parler ensemble des éducateurs spécialisés de rue.
00:55:59 Il y a en France
00:56:00 quelque 65 000 éducateurs, je crois.
00:56:03 En revanche, les éducateurs de rue
00:56:07 dont on parle dans ce film,
00:56:09 ils ne sont que 3 600.
00:56:11 Ce n'est qu'une partie des éducateurs
00:56:13 qui officient dans chacune de vos associations.
00:56:16 C'est bien comme ça qu'il faut comprendre les choses
00:56:19 pour avoir vu ce film.
00:56:20 -C'est à peu près 5 %, donc, effectivement,
00:56:23 c'est une partie des éducateurs spécialisés.
00:56:26 Ces travailleurs sociaux, on les retrouve
00:56:28 auprès des personnes en situation de handicap,
00:56:31 on les retrouve dans la protection d'enfance
00:56:33 de manière aussi très répandue.
00:56:35 Mais, effectivement, ceux qui choisissent
00:56:38 le travail de la prévention spécialisée
00:56:40 ont une mission assez particulière.
00:56:42 C'est une mission qui a été définie il y a 50 ans.
00:56:45 Il y a un fameux arrêté de 1972 qui a donné...
00:56:47 -Une profession qui date de 1972.
00:56:49 -Voilà, officiellement.
00:56:51 Après, il y a des origines plus anciennes.
00:56:53 Mais voilà, il a été défini. -L'acte de naissance.
00:56:56 -C'est un arrêté du 4 juillet 1972, pour être précis,
00:56:59 et qui définit notamment ce métier par la libre adhésion.
00:57:03 C'est-à-dire qu'on est éducateur spécialisé,
00:57:06 on n'a pas un mandat pour aller travailler
00:57:08 avec tel ou tel enfant.
00:57:10 Non, on est à la disposition des jeunes du quartier.
00:57:12 C'est ce qu'on appelle la libre adhésion,
00:57:15 c'est aux jeunes de venir ou pas.
00:57:17 D'où l'importance de la confiance qui doit se créer
00:57:20 avec ces éducateurs.
00:57:22 Et où est-ce qu'on travaille ?
00:57:23 On travaille, bon, ce qu'on peut appeler
00:57:26 les quartiers populaires.
00:57:27 En fait, dans les textes,
00:57:29 on parle de lieux à risque d'inadaptation sociale.
00:57:33 C'est le concept un petit peu ancien.
00:57:35 Mais, effectivement, on est dans des lieux
00:57:38 à risque de marginalisation.
00:57:40 Le travail consiste à travailler pour l'insertion,
00:57:42 pour la promotion sociale.
00:57:44 Voilà, c'est ça, les bases du métier d'éducateur de rue
00:57:47 dans le grand ensemble des travailleurs sociaux.
00:57:50 -Et pour être éducateur spécialisé,
00:57:52 et donc éducateur de rue,
00:57:54 il faut disposer d'un diplôme d'Etat.
00:57:57 C'est trois ans après le bac, c'est un bac +3,
00:57:59 avec un diplôme d'Etat.
00:58:01 -Exactement, diplôme d'Etat d'éducateur spécialisé.
00:58:04 Tout à fait. Voilà, c'est ça.
00:58:06 -On parlera du salaire, évidemment,
00:58:08 qui est une question centrale,
00:58:10 et aussi, peut-être, d'un manque d'appétence
00:58:12 pour ce métier du côté des jeunes.
00:58:14 On essaiera de comprendre pourquoi.
00:58:16 Je vous propose de voir un premier extrait
00:58:19 qui concerne, justement, le rôle des éducateurs,
00:58:22 avec un de vos collègues, qui s'exprimait dans ce film.
00:58:25 -Quand tu vas voir en détention, par exemple, c'est un exemple,
00:58:29 un jeune, tu vas le voir à un moment donné
00:58:34 où il est dans une fragilité...
00:58:36 extrêmement.
00:58:38 Et quand tu vas faire ce mouvement-là,
00:58:41 alors que t'es pas de la famille,
00:58:43 d'aller les voir,
00:58:45 et de leur montrer par ton regard
00:58:48 que toi, t'es pas à la justice,
00:58:51 mais que t'es encore là pour eux,
00:58:53 t'es encore là pour les écouter, pour parler avec eux,
00:58:57 parce que tu les apprécies,
00:58:59 eh bien là, tu...
00:59:03 Pour moi, c'est vraiment le rôle de l'éducateur de prévention,
00:59:07 parce que nous, on a un rôle à jouer là-dessus.
00:59:10 C'est que nous, on peut aller aux interstices,
00:59:13 aux endroits où il y a plus grand monde.
00:59:16 -Nous, on peut aller aux interstices,
00:59:20 aux endroits où il y a plus grand monde,
00:59:23 et c'est le fameux "aller vers".
00:59:25 D'ailleurs, ce documentaire devait s'appeler "Aller vers",
00:59:28 pour illustrer ce qui vient d'être dit par votre collègue.
00:59:32 C'est comme ça que vous le considérez,
00:59:34 aller aux interstices,
00:59:35 aller là où il y a plus grand monde,
00:59:37 où vont voir ces jeunes ?
00:59:39 -La prévention spécialisée, d'abord,
00:59:41 c'est, comme l'a justement souligné Olivier Bonin,
00:59:45 c'est une politique publique
00:59:47 qui a été pensée pour compléter les autres politiques publiques
00:59:51 en faveur de l'enfance,
00:59:52 et qui a pour rôle d'aller,
00:59:59 on va dire, combler les manques.
01:00:01 J'ai souvent l'habitude de dire, tout le monde rigole,
01:00:04 que c'est une politique publique interstitielle.
01:00:07 Notre travail consiste à aller là où les autres services publics
01:00:11 ne vont plus, là où les associations ne peuvent plus aller,
01:00:15 parce qu'il y a besoin d'une connaissance fine du territoire,
01:00:19 il y a besoin d'une connaissance fine
01:00:21 des habitants du territoire en question.
01:00:23 Voilà, et cette connaissance fine,
01:00:27 elle se construit sur le temps long
01:00:30 que le documentaire a fort bien souligné, là aussi.
01:00:33 C'est une des caractéristiques de la prévention spécialisée,
01:00:36 tout autant que les principes qui la guident.
01:00:39 Il y a cette dimension du temps long qui, de mon point de vue,
01:00:42 est probablement l'un des éléments les plus cruciaux
01:00:46 du travail que nous menons sur les territoires où nous le menons.
01:00:50 -Pour rendre les choses un peu concrètes,
01:00:53 à Strasbourg, dans les quartiers défavorisés de Strasbourg,
01:00:56 où c'est là que vous officiez le plus,
01:00:59 c'est pour aller vers ces jeunes,
01:01:00 et aller vers ces jeunes là où plus grand monde va vers eux.
01:01:04 -Alors, d'abord, on a, dans les quartiers
01:01:06 où nous travaillons, une antériorité
01:01:08 qui est déjà extrêmement importante.
01:01:11 On a aussi une façon d'amener les éducateurs,
01:01:16 notamment les jeunes éducateurs,
01:01:19 à... comment dire ?
01:01:21 À appréhender le territoire sur lequel ils interviennent.
01:01:24 Le diplôme d'Etat, c'est trois ans,
01:01:27 mais si vous voulez devenir éducateur
01:01:29 de prévention spécialisée, c'est au minimum une année,
01:01:32 une année et demie d'apprentissage.
01:01:34 Ce sont des apprentissages qui ne sont pas sanctionnés
01:01:37 par un diplôme, à la fin. -On apprend sur le tard ?
01:01:40 -Absolument. Et de préférence,
01:01:43 en étant aidés par des anciens qui connaissent le quartier,
01:01:48 qui connaissent ces dynamiques, qui savent où on peut aller,
01:01:51 quand on peut y aller, où il ne faut pas y aller,
01:01:54 quand il ne faut pas y aller.
01:01:56 Il y a toute une connaissance fine du territoire où...
01:02:00 -Pour avoir cette connaissance fine du territoire,
01:02:03 la quarantaine d'éducateurs spécialisés
01:02:05 qui travaillent à Djip,
01:02:07 ce sont des Strasbourgeois,
01:02:09 des gens qui connaissent parfaitement ce territoire,
01:02:12 ou pas uniquement, mais il faut l'avoir,
01:02:14 cette finesse connaissante du territoire.
01:02:17 -Non, mais elle s'apprend, elle se transmet.
01:02:20 J'ai pas mal d'éducateurs qui viennent de la campagne,
01:02:24 qui n'ont jamais vécu dans un quartier.
01:02:27 J'en ai quelques-uns dont c'est le cas,
01:02:29 mais pas la majorité.
01:02:30 -Ca facilite les choses, le contact avec ces jeunes ?
01:02:33 Le fait qu'ils soient pas forcément issus du quartier ?
01:02:37 -Ca ne facilite ni ne rend plus difficile.
01:02:41 Ce qui est extrêmement important,
01:02:43 c'est que l'éducateur qui arrive sur un territoire
01:02:46 soit accompagné par ses collègues
01:02:48 le temps qu'il faut, en général, de nombreux mois,
01:02:52 un an, on a tendance à dire que c'est un an, un an et demi
01:02:55 avant de connaître le quartier et d'être accepté par le quartier.
01:02:59 -Qu'est-ce que vous voulez rajouter ?
01:03:01 -Le "à l'évert". -Oui, le "à l'évert".
01:03:03 -On va vers ces jeunes.
01:03:05 C'est l'impression que ça nous donne.
01:03:07 -Oui, mais dans le doc, c'est difficile à filmer.
01:03:10 Dans le doc, on voit que c'est des équipes
01:03:12 qui s'appuient sur des locaux ouverts et sur place,
01:03:16 mais par exemple, il y a des associations
01:03:19 comme la mienne qui a fait le choix de ne pas avoir de local
01:03:22 implanté sur le quartier.
01:03:23 Il y a une forme d'obligation des éducateurs
01:03:27 d'être dans la rue et de passer du temps dans la rue.
01:03:30 Et quand on veut accueillir des jeunes à l'abri,
01:03:34 parce que, même si Montpellier fait tout le temps beau,
01:03:37 il arrive quelques fois tous les deux ans qu'ils fassent mauvais,
01:03:41 on va chez des partenaires, type centre social et tout ça,
01:03:45 pour organiser des réunions collectives
01:03:48 ou...
01:03:49 Ce qui est difficile à montrer, c'est ce travail,
01:03:52 à la fois d'observation de ce qui se passe sur un quartier
01:03:55 et d'aller vers, mais pour de vrai,
01:03:57 c'est-à-dire aller en direction d'un groupe,
01:04:00 repérer si on peut être accueilli à ce moment-là ou pas,
01:04:03 parce qu'on peut déranger.
01:04:05 On est chez les gens.
01:04:06 Et avoir ça en tête, déjà.
01:04:08 On arrive sur le territoire de ces habitants-là.
01:04:11 -Vous êtes sur leur territoire. -Et on a besoin d'être invité.
01:04:15 A l'usure, à l'usage, quand on est implanté depuis 20 ou 30 ans,
01:04:19 on est des invités permanents,
01:04:21 sauf quand on vient avec un petit nouveau,
01:04:23 où le petit nouveau va devoir montrer pâte blanche,
01:04:26 comme on l'a vu dans le doc. -On va le tester.
01:04:29 -On va le tester. -On l'a vu.
01:04:31 -Et la partie la plus difficile, c'est cette dimension d'approche.
01:04:35 Et l'outil, au-delà de l'origine de l'éducateur,
01:04:39 de son parcours de vie, etc.,
01:04:42 c'est la sincérité dans la rencontre.
01:04:45 C'est se montrer...
01:04:48 C'est évoqué à plusieurs reprises dans le documentaire.
01:04:52 C'est être soi.
01:04:54 Alors, soi avec son costume de professionnel,
01:05:00 mais très vite, on est démasqué si on joue un rôle.
01:05:03 Si on a la trouille, il vaut mieux dire qu'on a la trouille
01:05:06 que de faire semblant de ne pas avoir la trouille.
01:05:09 En face, on a des gens d'une finesse
01:05:11 qui vont le détecter à 300 m.
01:05:14 Et là, on peut rentrer dans des jeux qui ne sont pas terribles.
01:05:17 -On a souvent la trouille quand on est éducateur de rue,
01:05:20 quand on débute dans ce métier,
01:05:22 quand on est même accompagné par un ancien.
01:05:25 D'ailleurs, les éducateurs, j'ai appris ça en travaillant ce dossier,
01:05:29 sont toujours par deux, minimum.
01:05:31 -Ca dépend des équipes,
01:05:34 mais le classique, il est plutôt en tandem.
01:05:36 Éventuellement, des tandems qui bougent,
01:05:39 parce que là, sur 20, on vit parler, ils étaient trois,
01:05:43 donc soit ils partent à trois, soit à deux,
01:05:45 avec des binômes qui changent.
01:05:47 On essaye aussi d'être garçon-fille,
01:05:50 parce que...
01:05:52 On parle souvent des garçons dans les quartiers populaires,
01:05:56 mais il y a aussi l'autre moitié de l'humanité,
01:06:00 les filles,
01:06:02 et où il y a moins grande visibilité,
01:06:05 voire parfois une invisibilité de ces filles,
01:06:08 dans l'espace public, mais il y a aussi des choses à travailler.
01:06:12 Il y a de l'enfermement, au sens symbolique parfois,
01:06:15 et physique,
01:06:17 et il y a tout un travail d'approche
01:06:19 qui est encore plus compliqué avec certaines filles,
01:06:22 parce qu'elles sont moins souvent dans l'espace public.
01:06:25 Notre terrain de jeu, c'est l'espace public.
01:06:27 -Qu'avez-vous envie de dire ?
01:06:29 -On pourrait ajouter qu'à cet espace public,
01:06:31 il faut ajouter la rue électronique,
01:06:33 comme le terme a été employé ici et là,
01:06:36 parce qu'effectivement, il y a beaucoup d'associations
01:06:39 de prévention spécialisée
01:06:41 qui font le travail d'aller vers,
01:06:42 à travers les réseaux sociaux, WhatsApp,
01:06:45 en fréquentant l'Instagram, TikTok,
01:06:48 tous les outils électroniques que fréquentent les jeunes.
01:06:51 Ça permet peut-être aussi d'aller vers les jeunes filles,
01:06:54 qui sont peut-être plus à l'écart
01:06:56 et plus cachées derrière l'électronique,
01:06:59 cachées derrière les appareils.
01:07:01 -Pour aller vers,
01:07:03 il faut être en contact avec les services sociaux,
01:07:06 avec les établissements scolaires,
01:07:10 avec certaines autres associations qui officient localement.
01:07:13 Comment est-ce qu'on va vers ?
01:07:15 -Ca fait partie des principes aussi de la prévention spécialisée,
01:07:19 le fait d'être en partenariat
01:07:21 et de pouvoir orienter vers le droit commun,
01:07:23 puisqu'en fait, les éducateurs de rue
01:07:27 ne sont pas là pour faire le travail
01:07:30 que sont censés faire les services publics,
01:07:32 quand ils sont encore là.
01:07:34 Donc, effectivement, il s'agit d'aller vers les jeunes,
01:07:39 mais après, de savoir orienter, passer la main.
01:07:41 -Ca, c'est...
01:07:43 La question du partenariat, c'est une question extrêmement importante.
01:07:47 On n'intervient pas sur un territoire en...
01:07:51 Comment dire ?
01:07:52 En étant...
01:07:53 En ignorant toute la dimension partenariale.
01:07:56 Et effectivement, les collèges,
01:07:59 parfois même les écoles primaires,
01:08:01 les associations, quand il y en a,
01:08:04 il faut dire qu'il y en a beaucoup moins
01:08:07 depuis une vingtaine d'années,
01:08:09 qu'il y a eu des petites associations
01:08:11 qui avaient des objets très particuliers,
01:08:13 la santé, des choses comme ça.
01:08:15 Donc, il y a eu une crise des financements
01:08:17 qui a amené un grand nombre d'associations,
01:08:20 en tout cas à Strasbourg, à mettre la caisse sous la porte.
01:08:23 Mais il y a aussi, évidemment,
01:08:26 comment dire...
01:08:28 Comment dire ?
01:08:30 On rencontre les jeunes en allant vers eux,
01:08:33 mais on rencontre aussi les jeunes en allant vers les partenaires
01:08:36 qui ne connaissent pas la prévention spécialisée.
01:08:39 Donc, il y a tout un réseau qui se met en place
01:08:42 et qui existe la plupart du temps depuis de nombreuses années,
01:08:46 qui est évidemment tributaire des turnovers
01:08:48 dans les différentes associations ou institutions,
01:08:52 mais en prévention spécialisée,
01:08:53 on a à coeur, que ce soit à Strasbourg ou ailleurs,
01:08:56 de faire en sorte que ces réseaux-là existent
01:08:59 parce qu'ils sont vitaux pour le travail que nous menons
01:09:02 et pour les personnes que nous accompagnons.
01:09:05 -C'est un de mes extraits du documentaire.
01:09:07 Un autre de vos collègues, Sylvain,
01:09:09 qui est lui aussi éducateur,
01:09:11 s'est exprimé dans ce film à propos de l'identité
01:09:14 et de la définition de l'identité,
01:09:16 de l'aide apportée pour cette définition d'identité
01:09:20 auprès des jeunes que vous pouvez rencontrer
01:09:22 dans votre métier.
01:09:24 -L'école est obligatoire.
01:09:26 Pourquoi ? Pourquoi je suis obligé de l'école ?
01:09:29 Pourquoi, quand on est adulte, on est obligé de bosser ?
01:09:32 Pourquoi...
01:09:34 Il faut pas tricher ? Pourquoi...
01:09:36 Pourquoi ma vie est définie à l'avance ?
01:09:42 -Va moins vite, la qualité et la qualité,
01:09:44 pas la quantité.
01:09:45 -L'idée, c'est aussi de les aider à se définir,
01:09:48 eux-mêmes, en termes d'identité,
01:09:50 en termes de "Est-ce que ma place est ici ?
01:09:52 "Est-ce que ma place est ailleurs ?
01:09:54 "Est-ce que ma place est dans les voyages ?
01:09:57 "Est-ce que ma place est auprès des autres ?"
01:10:00 On leur fait souvent comprendre, dans notre discours,
01:10:03 que les armes, elles passent par la scolarité.
01:10:05 Le système a été conçu comme ça.
01:10:09 -Les armes, finalement,
01:10:11 pour l'insertion de ces jeunes dans la vie,
01:10:14 pas seulement dans la vie professionnelle,
01:10:16 elles passent par la scolarité.
01:10:18 C'est pas ce que vous tentez d'inculquer
01:10:21 aux jeunes auxquels vous avez affaire,
01:10:23 basiquement ?
01:10:25 -Oui, mais non.
01:10:28 Enfin, oui et non.
01:10:29 C'est-à-dire qu'effectivement, aujourd'hui,
01:10:32 90 % des parcours
01:10:34 vont être induits par la réussite
01:10:38 ou non de la scolarité.
01:10:39 Après, on a souvent face à des jeunes
01:10:44 qui ont un déficit d'une image d'eux-mêmes très forte.
01:10:48 C'est-à-dire que souvent,
01:10:50 c'est des parcours chaotiques à l'école.
01:10:52 Un rapport à l'école, on le voit dans le doc,
01:10:55 très moyen.
01:10:57 -Chaotique familialement ?
01:10:58 -Parfois chaotique familialement.
01:11:01 Après, il y a des cumuls.
01:11:02 Et souvent, ils ont fini par intégrer
01:11:04 une forme d'image d'eux-mêmes très négative
01:11:08 avec peu de perspective.
01:11:10 Quand Sylvain dit...
01:11:12 Je sais plus comment il le dit,
01:11:14 mais en gros, il y a une forme d'intégration
01:11:16 de l'idée qu'on va être assigné à résidence,
01:11:19 qu'on va être assigné à un parcours défini par avance,
01:11:22 qui va être fait de briquet de broc,
01:11:24 de petits boulots, de zones de chômage,
01:11:27 un peu de petites délinquances, etc.
01:11:29 Notre boulot, c'est avant tout de redonner,
01:11:34 de dire que vous avez de la valeur,
01:11:36 vous avez du potentiel, vous comptez.
01:11:38 Vous comptez dans nos yeux,
01:11:40 et si vous comptez dans nos yeux, vous comptez pour la société.
01:11:44 Alors, ça peut paraître bidon,
01:11:46 mais n'empêche que quand le premier interlocuteur dit
01:11:49 "on va le voir en prison", ça veut dire quoi ?
01:11:52 Ca veut dire qu'il compte pour nous.
01:11:54 Et compter pour quelqu'un,
01:11:56 c'est bien plus facile pour affronter le reste de la vie
01:11:59 et une société qui n'est pas toujours très accueillante.
01:12:03 Parce qu'il y a un sentiment fort vécu de discrimination,
01:12:07 d'assignation à résidence.
01:12:09 Certains quartiers, même s'il y a eu des efforts de fait,
01:12:13 restent quand même très enclavés, très stigmatisés.
01:12:16 Et on se rend compte avec le temps,
01:12:18 et de génération en génération,
01:12:20 que ce sentiment d'enclavement,
01:12:23 il finit par être... Comment dire ?
01:12:26 Porté par les jeunes eux-mêmes.
01:12:28 -La victoire, pour vous, c'est de désenclaver ces jeunes ?
01:12:31 Et à l'inverse, les plus grandes déceptions dans votre profession,
01:12:34 c'est de ne pas les désenclaver pour un certain nombre d'entre eux ?
01:12:38 -C'est jamais fini.
01:12:39 On a une forme d'obligation, c'est "on n'y arrive pas maintenant,
01:12:43 "on va réessayer."
01:12:44 Moi, j'y suis pas arrivé,
01:12:45 peut-être passez la main à un collègue
01:12:48 qui regardera les choses différemment, etc.
01:12:51 Une des seules obligations, c'est cette obligation de moyens.
01:12:54 Quoi qu'il arrive, on essaiera et on sera là.
01:12:57 -C'est là que la prévention spécialisée
01:12:59 a un sacré rempart, aujourd'hui,
01:13:01 quand on voit dans les quartiers les pièges
01:13:04 tendus par les trafics de drogue, par les intégrismes.
01:13:07 Heureusement que les éducateurs sont là
01:13:09 pour, effectivement, rattraper certains jeunes
01:13:13 qui peuvent glisser, et c'est rarement...
01:13:16 -Les pièges, vous les évoquez,
01:13:18 ils ont été aussi évoqués dans ce film.
01:13:21 La drogue, évidemment, le trafic,
01:13:23 on peut gagner 500 euros, aujourd'hui,
01:13:25 en gardant un ascenseur dans certains quartiers
01:13:28 pour le compte de dealers de drogue.
01:13:30 C'est tentant.
01:13:31 Quels sont ces autres pièges que vous évoquez ?
01:13:35 -C'est vrai que, pour Média Social,
01:13:37 j'avais posé la question, notamment à Marseille,
01:13:40 et c'est sûr que, oui, les réponses
01:13:42 sont, évidemment, compliquées à présenter,
01:13:45 la concurrence est rude, on va dire.
01:13:47 Donc, effectivement, c'est là
01:13:49 qu'on a le travail social collectif,
01:13:52 peut-être déjà, pour orienter
01:13:55 vers des activités qu'ils peuvent prendre.
01:13:58 Euh...
01:14:00 Mais, effectivement, c'est plutôt à vous
01:14:03 d'expliquer ce qui peut être fait,
01:14:05 mais la concurrence est rude.
01:14:08 -"Laisse pas tomber ton fils si tu veux pas qu'il glisse",
01:14:11 c'est une fameuse phrase de NTM,
01:14:13 ça vaut aussi pour les filles.
01:14:15 La scolarité, j'y reviens,
01:14:18 parce que c'est quand même un socle important.
01:14:20 Si on arrive à canaliser ces jeunes,
01:14:22 à les faire revenir dans le cycle scolaire,
01:14:25 est-ce qu'on leur donne pas tout de même
01:14:27 davantage de chances, au bout du compte,
01:14:30 de se réinsérer dans la vie, tout simplement ?
01:14:34 -Bien sûr. C'est l'objectif.
01:14:36 Ce serait et ça devrait être l'objectif premier.
01:14:40 Le problème, comme l'a très bien dit Olivier,
01:14:42 c'est qu'on a affaire à des jeunes,
01:14:46 moins jeunes,
01:14:49 et plus jeunes encore,
01:14:51 qui sont définitivement fâchés avec l'école
01:14:53 pour des tonnes de raisons,
01:14:55 puis l'école n'est pas nécessairement armée
01:14:58 pour offrir l'accompagnement individualisé
01:15:03 dont auraient besoin les jeunes en question,
01:15:06 qui constitue la majorité, on va dire,
01:15:09 du public de l'appréhension spécialisée.
01:15:11 Et c'est là que l'accompagnement,
01:15:15 sur le temps long,
01:15:17 l'accompagnement...
01:15:19 Enfin, la connaissance du territoire,
01:15:21 la connaissance de ses...
01:15:23 On va dire de ses atouts, voilà.
01:15:27 La connaissance aussi des dispositifs.
01:15:30 Alors, il y a ceux de droit commun,
01:15:32 il y a ceux qui émanent d'appels à projets,
01:15:35 maintenant, voilà, qu'on soit d'accord ou pas
01:15:38 avec les politiques d'appels à projets,
01:15:40 c'est une autre question, mais une fine connaissance
01:15:43 des dispositifs permet aussi,
01:15:46 en accompagnant le jeune, en travaillant avec lui,
01:15:49 évidemment, son projet,
01:15:50 parce qu'il faut évidemment que le jeune soit acteur.
01:15:53 Là, pour le coup, c'est pas une figure de style.
01:15:56 -On est là pour accompagner, mais pas pour juger.
01:15:59 C'est souvent ce qui est dit dans ce film.
01:16:01 -Il y a un accueil inconditionnel, non jugeant,
01:16:04 et il s'agit, à un moment, de faire en sorte
01:16:07 que le jeune puisse redevenir moteur
01:16:10 dans son parcours.
01:16:11 -Ce qui m'a frappé aussi dans ce film,
01:16:14 c'est que, finalement, on va vers les enfants,
01:16:16 on l'a expliqué pourquoi, ça fait partie de la mission.
01:16:20 En revanche, les parents, est-ce qu'ils arrivent parfois
01:16:23 d'en passer par la case parentale
01:16:26 pour consolider, réinitialiser le dialogue
01:16:30 avec ces jeunes ?
01:16:32 Ou est-ce que les parents doivent rester en dehors de ça,
01:16:35 justement parce que le contact que vous pouvez avoir avec eux,
01:16:38 il faut pas qu'il en passe par les parents ?
01:16:41 -Aussi systématiquement que possible,
01:16:43 mais ça n'est pas toujours possible.
01:16:45 -Aussi, c'est possible de les associer à votre démarche.
01:16:48 -Oui, bien sûr. La situation du jeune,
01:16:51 évidemment, on a affaire à un individu
01:16:53 avec ses problématiques, mais voilà,
01:16:56 il est ici d'une famille, il y vit,
01:16:58 donc si on veut travailler efficacement
01:17:01 la problématique du jeune,
01:17:04 il faut en passer aussi, d'une manière ou d'une autre,
01:17:07 par la famille. En tout cas, à la Jeep,
01:17:09 on fait... On se...
01:17:13 On se doit de travailler avec les familles,
01:17:16 mais il faut reconnaître que ce n'est pas toujours possible.
01:17:20 -On a évidemment, et c'est normal,
01:17:22 beaucoup parlé des jeunes
01:17:24 auxquels vous êtes...
01:17:26 Dont vous avez la charge, d'une certaine manière.
01:17:29 On va parler de votre profession
01:17:31 dans les 6-7 minutes qui nous restent ensemble.
01:17:34 Vous gagnez combien net par mois ?
01:17:37 -Alors, maintenant, je suis un vieux,
01:17:39 vieil éducateur, avec un passé chef, etc.
01:17:41 -Vous avez fait de l'ancienneté.
01:17:43 -Donc, moi, en net, je gagne 2 500 euros.
01:17:46 -2 500 euros. -Après avoir repris
01:17:48 des études. -Votre salaire net ?
01:17:50 -Je suis encore plus en fin de carrière qu'Olivier,
01:17:53 je gagne 3 200 euros. -D'accord.
01:17:55 Alors, moi, les chiffres dont je dispose,
01:17:57 Olivier Bonin, pour des éducateurs
01:18:00 dans les premières années, c'est pas votre cas,
01:18:02 ni l'un ni l'autre, entre 1 400 et 1 900 euros nets.
01:18:07 Il y a une prime de 183 euros nets
01:18:10 et un plus sur le salaire qui a été accordé
01:18:12 à l'occasion du Grenelle de la Santé de 2022.
01:18:16 -Décidue, hein. -Voilà.
01:18:17 La reconnaissance des éducateurs avec de tels salaires,
01:18:20 on peut peut-être en douter, non ?
01:18:23 -C'est tout le drame du travail social.
01:18:25 -Tel qu'il nous a été défini, et après ce film.
01:18:27 -Oui, c'est tout le drame du travail social,
01:18:30 et c'est vrai que c'est la forte demande
01:18:33 qui pousse aujourd'hui.
01:18:35 Il y a eu encore le Haut conseil du travail social,
01:18:38 qui a publié un livre blanc pour apporter des réponses,
01:18:41 des propositions de réponses à, effectivement,
01:18:44 la crise des vocations, qui touche tous les métiers,
01:18:47 aussi bien assistants sociaux,
01:18:48 éducateurs de jeunes enfants et autres.
01:18:51 La question des salaires est primordiale.
01:18:53 Il se trouve qu'on est souvent sur des professions très féminines
01:18:57 pour lesquelles on doit considérer
01:18:59 que c'est quelque chose de naturel d'aider
01:19:02 et que ça se rémunère pas à la hauteur.
01:19:04 -Vous avez beaucoup plus de femmes que d'hommes
01:19:07 dans votre profession.
01:19:08 -C'est peut-être moins marqué chez les éducateurs de rue,
01:19:11 c'est plus marqué chez les assistantes sociales,
01:19:14 très forte majorité des femmes,
01:19:16 mais il y a une forte féminité de ces professions.
01:19:19 Et en tout cas, oui, c'est mal payé.
01:19:21 Et effectivement, quand on voit l'engagement que ça demande,
01:19:25 on le voit dans ce beau documentaire,
01:19:28 ça pose des questions.
01:19:31 -J'ai lu qu'un jeune disait que c'est autant payé
01:19:33 qu'un vendeur chez Castorama,
01:19:35 mais l'idée, c'est que lorsqu'on est éducateur de rue,
01:19:38 on travaille souvent la nuit dans des milieux difficiles,
01:19:41 parfois hostiles, où il faut vraiment aller travailler.
01:19:45 C'est pas évident.
01:19:46 On peut parler d'une crise de vocation
01:19:48 pour le métier dont on parle ?
01:19:50 -On peut parler d'une crise de vocation,
01:19:52 et pour l'instant, les réponses des autorités ne sont pas là.
01:19:56 Le Livre blanc a été remis en décembre,
01:19:58 on n'a pas eu de réponse à ce stade des ministres concernés.
01:20:01 S'il y a du changement de gouvernement,
01:20:04 on peut espérer peut-être des nouvelles réponses,
01:20:07 une reprise en main de ces dossiers,
01:20:09 mais pour l'instant, on attend.
01:20:11 -Autre haute spécificité
01:20:13 de ce métier des éducateurs spécialisés
01:20:15 et des associations qui emploient ces éducateurs,
01:20:18 c'est qu'elles sont financées par les départements.
01:20:21 C'est décentralisé.
01:20:23 Il y a une différence notoire entre les différents départements
01:20:27 et la politique de ces départements vis-à-vis de ces associations ?
01:20:30 -Tout à fait.
01:20:32 Effectivement, déjà, dans les textes,
01:20:34 on voit que la prévention spécialisée
01:20:36 doit être mise en oeuvre dans les territoires
01:20:39 à risque d'inadaptation sociale.
01:20:41 Peut-être qu'en Corrèze,
01:20:43 on est peut-être moins directement concernés
01:20:45 qu'en Seine-Saint-Denis.
01:20:47 Néanmoins, je crois qu'à ce stade,
01:20:49 on a 17 départements
01:20:50 dans lesquels il n'y a pas de prévention spécialisée.
01:20:53 C'était aux dernières journées du CNLAPS
01:20:56 que ça a été mentionné.
01:20:57 -C'est la fédération, je le rappelle,
01:20:59 que vous représentez. -Oui.
01:21:01 Mais effectivement, il y a de toute façon,
01:21:04 ici et là, des départements qui décident
01:21:06 d'arrêter de financer ça.
01:21:08 Le drame de la prévention spécialisée,
01:21:10 c'est aussi qu'elle agit dans l'ombre,
01:21:12 discrètement, avec le principe de libre adhésion,
01:21:15 du secret professionnel de la protection d'enfance,
01:21:18 notamment.
01:21:19 Il est un peu dur, après, de rendre compte aux élus
01:21:22 à quoi ça sert.
01:21:24 Pourtant, on a vu pendant les émeutes de cet été
01:21:27 qu'il y a eu une vraie utilité, aussi,
01:21:29 de ces équipes de prêve pour éteindre le feu,
01:21:32 même si c'est pas leur rôle premier.
01:21:34 On a vu, ici et là, des éducateurs être très utiles
01:21:37 pour calmer la jeunesse
01:21:40 qui était dans les émeutes.
01:21:43 -Et vous parlez, bien évidemment, des émeutes
01:21:46 qu'a connues la France au printemps dernier,
01:21:49 à la fin du mois de juin dernier,
01:21:51 suite à la mort de jeune Naël,
01:21:54 tuée par un policier suite à un délit de fuite.
01:21:58 Bon.
01:22:00 Le financement par les départements,
01:22:03 cette crise des vocations,
01:22:05 tout ça est un peu lié.
01:22:07 Le financement par les départements,
01:22:09 il y a des couleurs politiques qui, à vos yeux,
01:22:12 suppriment les subventions de certaines associations
01:22:16 plus que d'autres.
01:22:17 C'est comme ça que vous vivez les choses ?
01:22:19 C'est compliqué ?
01:22:23 -La réponse est difficile,
01:22:24 concrètement, sur le terrain.
01:22:26 Euh...
01:22:27 Je mettrai à part les extrêmes,
01:22:31 mais dans ce qu'on pourrait appeler le spectre républicain,
01:22:35 il n'y a pas vraiment de règle, je dirais.
01:22:38 C'est...
01:22:39 Il n'y a pas un mouvement de fonds qui pourrait faire dire
01:22:43 que c'est plutôt la gauche qui finance ou... Non.
01:22:46 -Le soutien à la prévention spécialisée,
01:22:49 c'est plus une question d'hommes qu'une question de femmes
01:22:52 que de couleurs politiques.
01:22:54 On a travaillé dans des territoires...
01:22:57 Comment dire ?
01:22:58 Gérés par la droite,
01:23:01 on a eu une excellente...
01:23:03 d'excellentes relations avec les élus.
01:23:06 Et des territoires gérés par la gauche,
01:23:09 on a eu des relations exécrables avec les élus.
01:23:11 L'inverse est vrai aussi.
01:23:13 Donc non, c'est pas vraiment une question de...
01:23:16 En tout cas, l'expérience, maintenant,
01:23:18 me démontre que ce n'est pas qu'une question de couleurs politiques.
01:23:22 -Vous dites aujourd'hui, oui, la tendance est plutôt à la baisse
01:23:25 des financements concernant vos associations respectives.
01:23:28 Ca sera la dernière question et votre dernière réponse.
01:23:32 -Pas à Strasbourg. -Pas à Strasbourg.
01:23:34 -On est plutôt à l'inverse. -Oui.
01:23:36 C'est plutôt une bonne nouvelle de votre côté ?
01:23:38 -On s'appuie sur un cofinancement
01:23:40 département et ville et territoire d'intervention.
01:23:43 Et les villes qui financent entre 20 et 30 % de l'intervention
01:23:48 auraient tendance à plutôt se retirer.
01:23:51 Euh...
01:23:52 Donc on est dans des phases un peu de négociation
01:23:55 pour à la fois maintenir les effectifs
01:23:59 et voir en déployer sur des nouveaux territoires
01:24:02 qui émergent en termes de difficultés.
01:24:05 -Bien. Un grand merci à tous les trois
01:24:07 d'avoir participé à cette émission.
01:24:09 J'ai dit en préambule qu'il y avait 65 000 environ
01:24:12 éducateurs en France.
01:24:14 Et il y aurait 3 000 postes à pourvoir aujourd'hui
01:24:17 à Pôle emploi concernant ces postes d'éducateurs.
01:24:20 Dont un certain nombre concernent des postes d'éducateurs de rue
01:24:24 dont on a parlé ensemble dans cette émission.
01:24:26 Essayons aussi de créer des vocations, pourquoi pas ?
01:24:30 Même si les salaires, on l'a dit, ne sont pas mis au bolant
01:24:33 et les conditions de travail sont parfois extrêmement difficiles.
01:24:37 C'est pour ça que nous tenions aussi à rendre hommage
01:24:40 à votre profession et à ces éducateurs de rue
01:24:43 dans le cadre de cette émission "Débat d'Oc"
01:24:45 après ce documentaire que nous avons vu ensemble.
01:24:48 Vos réactions, ça sera sur #DébatDoc.
01:24:51 Merci à Selma Sally, qui m'a aidée à préparer cette émission
01:24:54 avec Sarah Udlin.
01:24:56 Prochain rendez-vous avec "Débat d'Oc",
01:24:58 ce sera tout simplement avec son documentaire et son débat.
01:25:02 A très bientôt.
01:25:03 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
01:25:08 Générique
01:25:11 ...
01:25:18 Merci.
01:25:19 [SILENCE]

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