• l’année dernière
« Les bars, il ne faut pas qu'ils disparaissent. Dans les bars, vous avez tous types de gens. Il y a des gens qui sont tout seuls, ils ont besoin de voir d'autres personnes. »

Agnès est la patronne d'un bar-tabac-hôtel. Avec la crise de la presse, la Covid, les factures d'électricité qui explosent, les entreprises qui ferment et les gens qui sont désormais en télétravail, elle sait que son métier a changé, mais ne se fait pas à l'idée que son bar puisse fermer sans trouver de repreneur.

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Transcription
00:00 Et vous savez que dans les bars, vous avez tous les gens et tout le monde se côtoie.
00:04 Et ça c'est important, c'est ça.
00:05 Les gens en ont besoin.
00:06 Vous avez des gens, ils sont tous seuls.
00:07 Ils ont besoin de venir ici, de venir à un endroit et parler avec d'autres personnes.
00:11 Les bars, il ne faut pas qu'ils disparaissent.
00:13 Bonjour.
00:16 Vous voulez un café ?
00:19 Alors deux cafés.
00:25 Je m'appelle Agnès, je suis propriétaire avec mon mari du bar Tabac Hôtel Brasserie Le Coupière à Giffs-sur-Yvette.
00:32 Bienvenue au Coupière.
00:33 Vous allez me dire s'il n'est pas bon mon café.
00:37 C'est le meilleur café de la région.
00:38 Je suis seule le matin jusqu'à l'ouverture, après j'ai mon fils qui arrive.
00:41 On met en route déjà toutes nos machines.
00:43 La machine du Tabac, la machine du PMU, la machine du Loto.
00:49 Il ne faut jamais jouer.
00:50 Il ne faut jamais jouer ?
00:51 Oui, parce qu'autrement vous aballez votre commission.
00:55 On ouvre à 7h30 et là il y a du monde qui arrive et là on les serre.
01:00 Je continue parce que je sais chronométrer les 6h.
01:03 Mon mari ne fait pas les ouvertures, lui il fait les fermetures.
01:05 Moi ça fait 36 ans que je suis là, ça fait 36 ans qu'on fait hôtel.
01:08 Au début quand on a commencé on faisait des pensions mais on a arrêté parce que malheureusement les pensions ça ne marchait plus.
01:14 On fait brasserie, tabac, presse, loto, PMU et la poste.
01:19 Et pick up, c'est les colis pick up.
01:21 Pick up parce que l'activité ralentit, surtout la brasserie, même l'hôtel ça ralentit.
01:26 On avait des entreprises autour de chez nous et ils ont toutes fermées au fur et à mesure.
01:32 Ça c'est la presse qui arrive le matin.
01:34 J'ai toujours aimé faire la presse.
01:35 Je regarde les titres.
01:36 Vous ne lisez pas l'Humanité tous les matins ?
01:38 Pas du tout, pas du tout.
01:39 Les gens n'achètent plus la presse.
01:40 Déjà les Parisiens, les machins, avant on avait toutes les personnes d'un certain âge qui venaient acheter tout ça.
01:46 Tous les jeunes maintenant, l'équipe, tout ça ils n'achètent plus.
01:48 [Musique]
01:54 Les quatre devant, c'est toutes les équipes de GIF sur Yvette.
01:58 La pauvre, il y en a qui sont mortes.
01:59 [Musique]
02:04 Avant, je me débrouillais seule.
02:06 Je me débrouille moins seule parce que j'ai du mal à porter.
02:09 Donc il faut toujours que j'ai un homme avec moi.
02:11 Je remplace les touneaux de bière, les fûts de bière.
02:14 Maintenant je ne fais plus ça.
02:16 Il n'y a plus d'administratif maintenant.
02:17 Ils ont dématérialisé pour se soulager tous les gens,
02:21 mais pas pour nous soulager à nous.
02:23 Je dois sortir toutes mes factures,
02:24 je dois sortir tous mes relevés de comptes,
02:26 je dois sortir plein de choses qu'avant je recevais par la poste.
02:29 Je pense que tous les commerçants et les artisans se retrouvent avec beaucoup plus de papier, de paperasse.
02:34 Parce que tout ça déjà, ça prend une heure moi, tous les jours à faire tout ça.
02:37 Alors là, je prépare des petits cafés.
02:39 Je prépare d'avance parce que ça, c'est des habitués qui viennent tous les jours.
02:44 Donc je sais ce qu'ils prennent.
02:45 C'est des chouchous.
02:46 J'ai une bonne clientèle, j'ai des gens super sympas.
02:49 Que des habitués, on n'a pas de passage.
02:50 Quand les gens viennent chez nous une fois, après ils reviennent.
02:53 Le Koubidi, il a fallu fermer.
03:03 Alors le bar et le restaurant ont été fermés pendant un certain temps.
03:07 L'hôtel aussi, les gens sont repartis chez eux.
03:09 On n'avait que le tabac d'ouvert.
03:10 On commence à reprendre de l'hôtel que depuis huit mois.
03:14 On a fait le PGE, ils nous ont fait des aides, ainsi de suite.
03:18 Le problème qui se passe, c'est que maintenant, il faut rembourser le PGE.
03:22 Je rembourse 3 000 euros par mois, mais malheureusement, le travail, c'est fini.
03:26 Ce n'est plus comme avant.
03:27 Les gens, ils ne viennent plus au café comme ils venaient avant.
03:29 Ils ne viennent plus au restaurant comme ils venaient avant.
03:30 Les gens sont au télétravail.
03:32 On arrive à 62 ans et demi.
03:33 On va peut-être passer le relais, je ne sais pas, on ne sait pas encore.
03:37 On ne va pas rester là jusqu'à 70 ans.
03:38 On voudrait bien vendre parce que nous, on est la troisième génération.
03:42 Mon fils ne veut pas reprendre.
03:44 Ça va me manquer quand je vais arrêter, surtout mes clients qui vont me manquer.
03:48 Bon, je vais ouvrir parce que je vais me faire engueuler.
03:52 Allez-y.
03:55 Merci, bonne journée.
03:57 Au revoir.
03:58 Non, je ne vais pas reprendre.
03:59 En fait, j'ai toujours voulu reprendre,
04:01 mais le problème, c'est de travailler 30 ans, 40 ans,
04:03 ne pas avoir de vacances, ne pas avoir de vie.
04:05 Moi, j'ai vu mes parents travailler dans ça.
04:07 Ils n'ont pas profité de leur vie.
04:09 Avec les augmentations de tout, ainsi de suite,
04:11 les gens qui ont un pouvoir d'achat qui diminuait.
04:14 Nous, on s'aperçoit que les gens viennent moins au restaurant.
04:18 Ils achètent moins de presse.
04:20 Ils font attention.
04:21 Et nous, pour nous, c'est un gros problème aussi
04:23 parce que nous, on a des augmentations d'électricité,
04:26 une augmentation de gaz, ainsi de suite.
04:28 Votre facture, elle a augmenté de combien ?
04:30 Elle a augmenté, oui, au moins de 4 000, 5 000, 6 000 euros.
04:33 Ça a triplé, oui.
04:35 Moi, je me paye, oui.
04:36 Mais mon mari n'est pas payé, non.
04:38 Les bars, il ne faut pas qu'ils disparaissent.
04:39 Dans les bars, vous avez tout, et tout le monde se côtoie.
04:42 Et ça, c'est important, c'est ça.
04:43 Les gens en ont besoin.
04:44 Vous avez des gens, ils sont tous seuls.
04:46 Ils ont besoin de venir ici, de venir à un endroit
04:48 et parler avec d'autres personnes.
04:50 Bon, je vais vous dire au revoir
04:56 et puis au plaisir de vous revoir dans mon commerce, au coupière.
05:00 Bonne journée à vous.
05:01 Au revoir.
05:02 Au revoir.
05:02 Au revoir.
05:03 Au revoir.
05:05 Sous-titrage Société Radio-Canada
05:07 ♪ ♪ ♪

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