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00:00 Là, la guerre d'Ukraine, elle est très technologique.
00:03 Elle est comme toute guerre, elle se déroule aussi à un moment dans une tranchée
00:07 avec des hommes qui ont froid, qui souffrent et qui vont s'égorger les uns les autres.
00:10 Les images de la guerre font penser à la guerre de 1914,
00:14 mais la guerre de 1914 était une guerre très technologique.
00:18 N'oublions pas ça, c'est une guerre où on a inventé l'aviation,
00:21 on a inventé les chars, on a inventé des choses comme ça,
00:23 pour produire un rafale entre le moment où vous dites "c'est bon"
00:27 et le moment où il va sortir de la chaîne, trois ans.
00:32 C'est immensément long.
00:33 Pendant la Seconde Guerre mondiale, on produisait ça en quelques semaines.
00:39 Je pense que la France vit dans un mythe de ce qu'elle a été,
00:44 c'est-à-dire une puissance globale, mondiale,
00:47 un ancien empire qui régnait sur presque tous les continents à l'époque coloniale.
00:53 Je pense qu'on n'a pas fait le deuil de cette période.
00:56 La réalité est malheureusement que nous sommes une puissance en déclin.
01:02 Parmi les échecs récents, évidemment, il y a l'Afrique, le Sahel.
01:07 On s'est fait sortir, comme des mâles propres,
01:11 d'une opération militaire qui était importante pour les Français.
01:17 Au bout de neuf ans, on a dû plier bagage sans demander son reste
01:22 et on est parti la queue entre les jambes.
01:25 Parce qu'on envoie des gens au Sahel, on en envoie 5 000
01:29 et on trouve que c'est un effort important.
01:32 Les Israéliens en mettent dix fois plus à Gaza.
01:36 Je me suis amusé à calculer selon les données même de l'armée française,
01:45 de l'armée de terre française.
01:46 Si on mettait l'armée française sur le front aujourd'hui en Ukraine,
01:52 l'armée française, la force d'action terrestre,
01:55 comme on dit, tiendrait 80 km de front.
01:59 Le front en fait plus de 1 000.
02:00 Lorsque les Ukrainiens nous disent "on a besoin de votre aide",
02:04 on n'est pas capable de leur fournir au niveau nécessaire.
02:07 Notre industrie notamment n'est pas formatée pour ça
02:10 et notre armée au fond est trop légère.
02:13 Si on compare avec les engagements de l'armée ukrainienne face à l'armée russe,
02:19 voire par exemple de l'armée israélienne à Gaza,
02:24 l'armée française ne peut pas faire ce genre de choses.
02:27 Nous n'avons pas les moyens humains, matériels.
02:30 Nous avons une armée que les spécialistes qualifient d'échantillonnaire,
02:35 c'est-à-dire qu'elle est petite, elle est techniquement performante,
02:40 ça il n'y a aucun doute.
02:41 Mais on a une armée qui n'a pas d'épaisseur et qui ne peut pas durer longtemps.
02:46 On est aujourd'hui confronté à une contradiction
02:50 entre le coût financier budgétaire de la haute technologie
02:57 et la nécessité d'avoir de la masse,
03:01 c'est-à-dire on a la qualité mais on n'a pas la quantité.
03:05 Pour une raison simple, c'est que ça coûte horriblement cher.