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00:00 Il est très exactement 8h moins le quart avec l'invité d'ici matin.
00:04 Nous parlons de cette journée d'action dans l'éducation nationale.
00:06 Thierry Camperdelle.
00:07 À l'appel des principaux syndicats, les enseignants vont manifester aujourd'hui partout en France
00:11 pour dénoncer les salaires et les conditions de travail, notamment à Belfort.
00:15 Un rassemblement est prévu à partir de 10h devant la maison du peuple.
00:18 Alors comprenez-vous la colère des profs ?
00:19 Êtes-vous inquiets pour l'avenir de nos écoles ?
00:21 Dites-le franchement.
00:22 Vos appels aux 0384 982 82 82.
00:25 Bonjour Anne Forgery.
00:26 Bonjour.
00:27 Vous êtes enseignante à l'école Louis Pergaud dans le quartier des résidences à Belfort
00:31 et vous êtes également co-secrétaire du syndicat SNUPP pour le territoire de Belfort.
00:35 La colère est profonde.
00:36 La grève s'annonce très suivie aujourd'hui dans le Nord-Franche-Comté.
00:40 Qu'est-ce qui ne va pas dans l'éducation nationale ?
00:42 Alors il y a un certain nombre de revendications qui sont portées par cette grève.
00:46 La première, et ça fait longtemps que c'est déjà en marche, c'est des moyens pour l'école.
00:52 Ça fait très longtemps qu'il n'y a plus de postes qui sont alloués pour pallier au manque de remplacement.
00:59 Les effectifs sont aussi chargés, notamment dans le second degré.
01:02 Nous, pour notre département, ce n'est pas encore trop grave.
01:07 Il y a encore des écoles où les effectifs sont un petit peu élevés,
01:11 mais globalement c'est à peu près correct.
01:13 Mais il y a un gros problème de remplacement.
01:16 Et on a besoin de raz-z, on a besoin de postes dans l'inclusion.
01:24 Donc tout ça, c'est des moyens humains et des moyens financiers,
01:29 parce qu'il y a aussi la question des salaires.
01:32 Effectivement, on n'est pas du tout reconnu pour l'investissement qu'on met dans notre métier.
01:39 Combien gagne un prof en moyenne ?
01:41 En moyenne, ça dépend des échelons.
01:45 Un prof en début de carrière ?
01:48 Un prof en début de carrière, ils ont été revalorisés et ils gagnent presque plus maintenant que quelqu'un qui a 10 ans de carrière.
01:54 C'était ça la réforme qui est tombée il n'y a pas longtemps.
01:59 Ce n'est même pas 2000 euros pour un début de carrière.
02:02 Pour après, Bac +5 ?
02:03 Comprenez-vous la colère des profs ? Êtes-vous inquiet pour l'avenir de nos écoles ?
02:07 Vous êtes nombreux à réagir et nous avons en ligne Frédéric qui nous appelle de Belfort.
02:12 Bonjour Frédéric.
02:14 Bonjour.
02:15 On vous écoute.
02:17 Alors, du coup, oui, par rapport à la réforme, je trouve que, comme a dit madame, par rapport à l'éducation nationale,
02:24 elle doit mettre plus de moyens pour l'école puisque c'est un peu la formation pour nos enfants, etc.
02:29 On voit bien que les classes aujourd'hui sont surchargées, effectivement, et du coup aussi l'apprentissage ne se fait pas correctement.
02:37 Je sais que le métier de professeur ou instituteur est de plus en plus compliqué aussi.
02:44 On voit aussi qu'on est quand même aussi ici dans un milieu rural et il y a pas mal de ruralités en France où il y a des écoles qui ferment, qui disparaissent.
02:52 Donc c'est une grosse problématique aujourd'hui.
02:55 Plus il y a des gens aujourd'hui qui essayent de faire l'éducation, on va dire l'école à la maison,
03:01 parce qu'ils estiment qu'ils ont le temps et les moyens le permettent, c'est encore un facteur aussi,
03:07 donc ça désociabilise aussi puisqu'il n'y a plus de lien social pour les enfants, etc.
03:12 Et c'est quand même aussi l'école dans les villages ou les collèges, un courant local,
03:19 parce que ça fait marcher aussi tous les commerces autour, les boulangeries, tout ça.
03:22 Et donc c'est un problème aujourd'hui assez institutionnel qui est énorme.
03:27 - Et un problème de société. Merci beaucoup Frédéric pour votre appel, vous êtes donc soutenu en tant qu'enseignant.
03:33 Je vous propose de prendre tout de suite un deuxième appel, mais c'est Yves qui nous appelle de Belfort.
03:37 Yves qui est parent d'élèves, vous comprenez ce mouvement aujourd'hui des enseignants ?
03:43 - Complètement, c'est vraiment une solidarité aussi des parents d'élèves pour les professeurs.
03:49 Et moi ce que je voulais signaler c'était effectivement la carence, le manque de professeurs.
03:55 Aujourd'hui, quand on parle du second degré, des classes de lycée,
03:59 on a des exemples de professeurs qui sont absents sur des matières de tronc commun comme l'histoire-chirographie,
04:04 où le professeur n'est plus en place depuis le mois de novembre de cette année,
04:08 les élèves n'ont eu que deux notes, et on peut s'inquiéter aujourd'hui pour l'admissibilité de ces élèves qui sont en terminale,
04:14 qui n'ont absolument aucune note, et on sait que c'est déterminé souvent,
04:19 je veux dire l'acceptation dans ces établissements, pour les notes qui sont liées aux deux semestres de terminale.
04:24 Donc s'il n'y a pas de professeur, il n'y a pas de note, ça risque de fermer cours.
04:27 - Merci.
04:28 - C'est comme pour certains écoles, c'est inadmissible pour nous aujourd'hui sur le lycée Courbet,
04:34 pour le nommer, on a des démarches qui sont lancées auprès du rectorat,
04:39 et on n'a absolument aucune possibilité de visibilité sur un remplacement potentiel de ce professeur d'histoire-chirographie.
04:45 - Merci beaucoup Yves pour votre appel, merci également Frédéric pour votre appel,
04:49 vous l'entendez, vous êtes soutenu dans votre mot d'ordre.
04:54 - Merci beaucoup.
04:55 C'est sûr que le soutien des parents il est très important, parce que c'est les partenaires principaux de notre travail,
05:02 donc évidemment que si les parents sont avec nous, c'est très important pour nous.
05:09 - Ici Matin, France Bleu, Belfort Montbéliard, il est 8h10, et nous parlons de cette grève dans l'éducation nationale,
05:15 aujourd'hui avec Anne Forgery, co-secrétaire du syndicat Assenult-IPP pour le territoire de Belfort.
05:19 - Anne Forgery, la prise de fonction de votre ministre Amélie Oudéa Castera a été marquée, on se souvient,
05:25 par une immense polémique quand elle a annoncé avoir scolarisé ses enfants dans le privé.
05:29 Vous allez réagir dans un instant, mais j'aimerais vous faire écouter le témoignage de Karine.
05:34 Karine, elle est enseignante dans le public à Belfort, et elle assume de scolariser ses enfants dans le privé.
05:40 - C'est vrai que oui, j'ai fait le choix de les mettre dans le privé, même en tant qu'enseignante dans le public,
05:44 parce que le collège de secteur ne me convenait pas, par souci du bien-être de mes enfants, c'est vrai,
05:50 mais je ne suis pas la seule, on est beaucoup dans ce cas-là, sans faire de publicité pour l'enseignement privé,
05:55 parce qu'il y a beaucoup de bons profs et de mauvais profs, que ce soit dans le privé ou le public.
05:59 Il y a une concentration de bons élèves, et le fait d'avoir une concentration de bons élèves fait que,
06:04 quand on est prof, même si on fait le même programme, on le fait de la même façon,
06:08 quand il y a des très très bons élèves, que quand il y a des mauvais élèves, ou moins bons élèves.
06:12 Mais ça ne devrait pas, ça ne devrait pas se faire comme ça.
06:14 - Alors cette polémique concerne l'absentéisme des enseignants,
06:18 et le non-remplacement des enseignants dans le public. Vous l'entendez, cette polémique ?
06:24 - J'ai du mal à l'entendre, parce que moi, je suis bien sûr pour le public,
06:31 j'entends que cette personne veuille rester dans un entre-soi pour ses enfants,
06:36 parce que c'est ce qu'elle...
06:39 Moi j'ai déjà entendu des propos de collègues qui disaient "non, moi je ne vais pas sacrifier mon enfant",
06:43 donc ça c'est des propos qui sont tout le temps tenus, mais moi, on ne peut pas soutenir le public,
06:51 et en même temps envoyer ses enfants dans le privé.
06:54 C'est des propos d'une très grande violence qui ont été dit par la ministre...
06:57 - Il y a une réalité quand même, il y a beaucoup d'absentéisme dans le public,
07:00 et des pauvres non-remplacés.
07:01 - Oui, mais l'absentéisme vient des moyens qui n'ont pas été mis.
07:04 Donc quand notre ministre parle de paquets d'heures non-remplacées dans le public,
07:14 c'est juste que c'est les moyens depuis 2007 qui n'ont pas été mis par les gouvernements Macron,
07:19 qui ont choisi beaucoup d'autres réformes, comme le SNU qui coûte des sommes astronomiques,
07:24 le SNU c'est pas loin de 2 milliards.
07:27 Avec 2 milliards, je peux vous dire qu'on peut faire des paquets d'heures remplacées.
07:30 - Pour conclure, vous demandez la démission de votre ministre ?
07:32 - Oui, évidemment, on demande son remplacement, on ne peut pas avoir mis dans le gouvernement...
07:38 On ne peut pas dire "c'est la priorité du gouvernement l'éducation, c'est le plus gros budget de l'État",
07:44 et en même temps faire un ministère à mi-temps, ça c'est pas envisageable.
07:50 Donc nous évidemment on demande son remplacement, et surtout les excuses qu'elle a faites,
07:57 mais c'était trop violent, c'était évidemment trop violent.
08:00 - Merci beaucoup Anne-Françoise Joliot-Curie, je vous rappelle que vous êtes co-secrétaire du Sénégal SNU-PP
08:04 dans le territoire de Belfort, je vous rappelle ce rassemblement à partir de 10h devant la Maison du Peuple à Belfort.
08:08 Merci, bonne journée.
08:10 - Et pour réécouter cet entretien, rendez-vous sur l'application ici, par France Bleu et France 3.

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