Mobilisation des agriculteurs : «Ça a été une aventure humaine incroyable», confie José Pérez

  • il y a 6 mois

Après une tentative de relier Paris, la plupart des agriculteurs ont décidé de retourner dans leur exploitation. Malgré l'absence de résultats concrets, ils rentrent avec le sentiment d'avoir vécu "une aventure humaine incroyable" grâce à l'accueil qui leur a été réservé par les Français dans chaque ville.
Retrouvez "Europe 1 Matin" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-6-9
Transcript
00:00 Direction Lavins à présent où nous allons retrouver José Pérez, le coprésident de la Coordination Rurale
00:06 dont le convoi qui était parti d'Agen avait été bloqué par les forces de l'ordre.
00:10 Ils font désormais demi-tour, ils viennent de passer la nuit dans une ferme du Loir-et-Cher.
00:14 Oui, nous sommes en ligne avec José Pérez. Bonjour José.
00:18 Oui bonjour.
00:19 Alors racontez-nous, vous avez fait demi-tour après une tentative de rallier Paris.
00:24 Ça s'est fait sur injonction des autorités. Comment ça s'est passé là ?
00:27 À quel moment prenez-vous la décision de rentrer chez vous ?
00:30 Alors bien moi la décision de rentrer chez nous, quand le préfet du département
00:35 vous met un escadron de gendarmes immobiles, vous bloque tous les tracteurs dans un parc
00:39 et vous dit maintenant il faut dégager. Voilà, à un moment donné, on écoute l'autorité
00:45 et on rentre. Ils nous ont pas laissé traverser déjà les ponts de la Loire.
00:50 On a réussi quelques tracteurs à passer mais bon on a été bloqué plus loin.
00:53 Tous les tracteurs qui étaient bloqués plus loin ont été bloqués sur un parc
00:57 et avec un ordre du préfet direct, escorté par des centaines de CRS, de rentrer vers chez nous.
01:08 Vous avez eu le sentiment d'être perçu comme une menace.
01:11 Dans quel état d'esprit vous êtes ce matin José ?
01:14 Bon écoutez, là on n'a pas pu monter les tracteurs autour de Paris
01:20 alors que tous les autres on les admette pas.
01:23 Nous on nous a bloqués de partout. On nous a bloqués déjà à 10h de route le matin à Montal à Pré-Dimanche par des CRS.
01:31 Bon voilà, je sais pas si on leur fait peur ou si c'est une magouille entre le président de la tête du syndicat adverse et l'État.
01:40 Je parle bien du président national. Je parle pas des agriculteurs
01:47 parce que moi j'avais des agriculteurs d'autres syndicats avec moi qui nous ont rejoints pour monter à Paris.
01:51 Oui, bon vous avez le sentiment que ça valait le coup quand même cette épopée ?
01:55 Alors vous n'êtes pas arrivé jusqu'à votre terme mais malgré tout un demi milliard d'euros annoncés hier,
02:00 déjà des annonces en fin de semaine dernière, est-ce que ça méritait tout ça ?
02:05 Ouais bon après tout ça pour l'instant c'est que du blabla.
02:08 On verra quand ça sera appliqué, si c'est appliqué puisque c'est facile de dire les choses
02:13 mais aujourd'hui des vraies mesures concrètes il n'y en a aucune.
02:15 C'est du blabla administratif, c'est des propositions administratives.
02:21 Pour l'instant il n'y a rien de concret, des vraies mesures.
02:23 Demain on va repartir sur nos fermes comme il y a 15 jours.
02:26 Donc pour l'instant il n'y a rien qui fait.
02:28 Mais oui après il y a une autre partie sur laquelle on est ravi, c'est cette aventure humaine qu'on a vécu.
02:33 Ah bah j'allais venir, oui j'avais vu.
02:36 Non mais 8 à 9 Français sur 10 qui vous soutiennent quoi, sans dépoucher non ?
02:42 Ah oui qui nous soutiennent, qui sont là avec nous.
02:44 On nous a hébergés chez l'habitant, on nous a mis des salles à disposition.
02:50 On est venu nous applaudir tout le long du trajet.
02:52 Et ça a été une aventure humaine incroyable.
02:55 On a rencontré des belles personnes sur la route qui nous ont proposé des douches.
03:00 C'est incroyable, ce qui s'est passé là, nos agriculteurs en sont tous ravis.
03:05 Alors d'accord les mesures c'est des mesurettes, il n'y a rien de concret.
03:09 Mais l'aventure humaine qu'on a vécue,
03:11 moi mes 500 agriculteurs qui sont partis avec moi,
03:14 ils n'en reviennent toujours pas de ce qu'ils ont vécu.
03:16 - Bon José, Pérez j'ai une dernière question qui fâche un petit peu.
03:19 Je ne sais pas si vous repassez par Agen sur le retour dans votre ferme.
03:22 Mais vous avez vu la mairie elle chiffre quand même à 400 000 euros
03:26 les dégâts du siège de la préfecture, notamment la semaine dernière.
03:30 Est-ce que vous ne pensez pas être allé un petit peu trop loin lorsque vous étiez là-bas Agen ?
03:34 - Non, non on n'est pas allé trop loin.
03:36 Absolument pas allé trop loin.
03:38 C'est l'État qui va trop loin, c'est l'État qui aurait dû se réveiller avant.
03:41 C'est l'État qui aurait dû soutenir ses agriculteurs avant.
03:44 Et encore aujourd'hui, après tout ça, l'État annonce des mesurettes.
03:48 Il n'annonce rien de concret.
03:50 Les agriculteurs ont besoin de trésorerie, ont besoin de revenus.
03:53 Et à ce jour, il n'y a toujours rien.
03:55 Donc les 400 000 euros annoncés, tout ça c'est du vent.
03:59 On préfère crever les agriculteurs que...
04:03 Par contre, des agriculteurs qui meurent, des agriculteurs qui se suicident,
04:05 des agriculteurs qui déposent du bilan, là les mairies n'en parlent pas.
04:08 Alors la mairie d'Agen c'est des amis à nous, il n'y a pas de problème.
04:12 Mais c'était annoncé au journal, au niveau médiatique,
04:16 qu'il y avait 400 000 euros de frais, vous savez,
04:18 les 400 000 euros qui s'occupent plutôt de savoir combien d'agriculteurs déposent de bilan
04:22 et combien d'agriculteurs sont tous les jours à la limite de suicider
04:25 et combien d'agriculteurs souffrent, plutôt que de s'inquiéter des 400 000 euros de dégâts.
04:30 - Le coprésident de la coordination Rural 47, donc au micro d'Europe, merci José Pérez.
04:35 Et on vous souhaite bonne route. - Merci beaucoup.
04:36 - Allez bonne route. - Merci, merci beaucoup.
04:37 - Sur le retour, donc, direction le Lot et Garonnes.

Recommandée