Euro 1984 - Les Pionniers : Documentaire HD de L'Équipe (2014)

  • il y a 7 mois
Transcript
00:00 *Bruit de clavier*
00:21 Et rigolo Marius.
00:26 Marius c'est mon petit-fils, 4 ans.
00:29 Hier il vient me voir et me demande "JP"
00:31 JP c'est moi, grand-père.
00:33 "JP, tu peux me raconter une histoire de foot ?"
00:36 Des histoires de foot, j'en connais plein.
00:40 Les bleus de 98 bien sûr, mais toute la France peut lui en parler.
00:44 Le Reims de Copa,
00:46 les Verts de Rocheteau,
00:48 l'OM de Boli.
00:51 A mon avis, il va préférer les 3 petits cochons.
00:54 Il faudrait trouver un héros,
00:57 un prince,
00:59 qui multiplie les exploits.
01:01 Mais, mais j'en connais un !
01:03 Un chevalier tout de bleu vêtu et couronné dans un grand tournoi.
01:08 Platini à l'Euro 84.
01:11 84, 84, c'est où ça ?
01:24 France-Bulgarie. Ah non, pas ça.
01:29 France-Allemagne à Séville. Alors là, ça le ferait pleurer.
01:33 Domenech, déjà qu'il a peur du grand méchant loup.
01:39 Ah, 84, le coufrant de Platini.
01:46 Arconada, ils l'ont fait !
01:55 Rapporter le premier titre au football français, qu'il n'en avait jamais eu.
01:59 C'est pas facile d'être dans la tête d'un favori,
02:02 surtout pour des Français, puisqu'on n'a jamais été favori de rien du tout.
02:05 Moi j'ai dit à Michel, attends, ça va pas, tu joues comment là ?
02:07 Il était en sang, il avait reçu des éclats de verre, il saignait,
02:11 il a pas bougé le type.
02:12 Pourtant j'étais à droite, mais on me laissait jamais faire ni les coufrants ni les cornets.
02:16 J'avais le droit de faire des touches de ta dindelle.
02:19 Il marque du pied droit, il marque du pied gauche, et il marque de la tête.
02:23 Ça arrive qu'on me digente un petit peu, même beaucoup.
02:27 Il m'a chambré un petit peu parce qu'il a trouvé que je n'avais pas été assez précis sur ce centre.
02:31 La première chose qu'il a dit, on la fixe, on la fixe, on la fixe,
02:35 elle va venir, elle va venir, regarde.
02:37 Lacombe qui me dit "Passe à ton père, passe à ton père".
02:40 Et puis il y a un joueur qui est français et qui sait nous sauver quand ça va pas,
02:47 Michel Platini.
02:48 Ça me plaisait ce coufrant là, c'est une bonne distance.
02:51 "Cinquième, Louis-Jean Bobet, Louis-Jean Bobet, équipe de France, numéro 61.
02:54 Belge, Belge, Belge, oui, numéro 30."
02:56 C'est la voix de Georges Bricquet.
02:58 Salut l'ancien.
03:00 C'est sûr que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître.
03:02 Il était en direct d'une arrivée du Tour de France en altitude,
03:05 tout près de Font-Romeu, là où l'aventure des bleus a commencé.
03:10 J'ai pensé à 84, très peu de temps auparavant.
03:14 Auparavant il y a eu 82.
03:16 Les joueurs m'avaient dit après moi, "Voilà, c'est bon, c'est bon,
03:20 les joueurs m'avaient dit après le match,
03:21 "Michel, 84 c'est pas pour nous,
03:26 préparez une autre équipe, une équipe de jeunes."
03:29 Après le match, j'ai accepté tout ce qu'ils m'ont dit.
03:32 Mais c'était 82.
03:34 84 ce n'était que deux ans plus tard.
03:37 Et le lendemain je me suis dit, mais c'est quand même pas loin.
03:40 Pourquoi on ne peut pas faire encore avec les mêmes joueurs ?
03:45 J'ai réussi au téléphone à remodeler un petit peu notre équipe.
03:50 Et la meilleure façon d'effacer la déception énorme de 82,
03:56 c'était peut-être de faire 84.
03:59 La préparation de cet Euro, rapidement,
04:02 elle s'est commencée l'hiver, toujours pareil.
04:05 Préparation parce qu'on allait à Font-Romeu,
04:07 pour d'abord se mettre, se régénérer après la saison,
04:10 et rentrer dans le vif du sujet, donc effectivement préparer l'équipe.
04:14 "On laisse partir devant les cracs et puis on ouvre."
04:18 Je suis arrivé assez en retard à Font-Romeu,
04:24 puisque le stage était déjà commencé depuis quelques jours.
04:27 L'équipe était forte par pas mal d'individualités.
04:30 Il y a des jeunes qui arrivaient, style Fernandez, style Amoros, style Bellone.
04:35 Donc voilà, on avait un renouvellement assez intéressant.
04:39 "Bon, je l'ai mort ? Je l'ai mort ?"
04:41 "Allez, vas-y. Je souffle."
04:43 "Ouais."
04:44 "Tu inspires bien à fond d'abord."
04:46 "C'est filmé ça ?"
04:48 Tu côtoies des Jires, des Platini, des Baptiston, des Bocis, des Rocheteau,
04:55 des Bernard Lacombe, que c'était mon enfance à l'Olympique Lyonnais.
04:59 Je me dis, attends, c'est formidable.
05:01 Je peux te dire, pour un fils d'immigré espagnol,
05:04 que j'avais choisi la société française et fier d'être français,
05:07 je peux te dire que j'étais hyper content d'être dans cette équipe de France.
05:10 Vraiment, pour jouer ce championnat d'Europe,
05:12 pour moi, c'était quelque chose d'unique, de formidable.
05:15 Tous ces gens-là étaient mes frères.
05:17 Ils m'ont accueilli, ils m'ont reçu, ils m'ont ouvert les bras,
05:20 ils m'ont expliqué, ils m'ont encouragé.
05:22 Et ça, franchement, je veux dire,
05:24 quand tu es dans un groupe comme ça, tu ne peux être que bien.
05:27 Donc quand j'étais à l'entraînement, je me donnais à fond.
05:30 J'ai dit, si je suis bon, j'ai une chance de jouer.
05:33 Si je ne suis pas bon, je serai remplaçant.
05:36 Ce n'est pas grave, j'ai 22 ans, j'ai toute la vie devant moi.
05:39 Je ne risque rien.
05:42 Allez !
05:43 Allez, quelques centres pour le gardien !
05:45 Attaquez-le de la tête, là !
05:47 Donc on a fait des matchs de préparation.
05:50 Et je me souviens d'un match,
05:53 il y a Michel Platini qui revient souvent dans ce match-là.
05:58 Il revenait souvent derrière, prendre le ballon, etc.
06:01 Et c'était quelque chose qui un peu a dérangé.
06:04 Moi, j'ai dit à Michel, attends, ça ne va pas, tu joues comment, là ?
06:08 Michel, va devant, laisse faire le truc avec les tigranas, les fernandes et compagnie.
06:13 Ce que tu viens faire là, on va le faire.
06:15 Toi, tu dois nous permettre, là-bas, dans les endroits où on fait la différence,
06:19 dans les endroits qui sont décisifs, ça, personne d'autre que toi peut le faire.
06:23 Donc, venir, prendre ton ballon derrière, ça va, nous, on va le faire.
06:27 On sait que nous, on est fait pour ça, ce n'est pas un problème.
06:29 Et si tu veux qu'on gagne l'euro, je l'ai dit comme ça,
06:33 il faut que toi, tu nous fasses la différence.
06:36 Ce n'est pas dans ces zones-là que tu vas venir à côté, derrière.
06:39 La preuve, il a un ami neuf et ça ne sera jamais battu.
06:44 Le premier match, c'est France-Danemark au parc.
06:48 La cassette, la cassette, ça doit être ça.
06:53 Les Danois étaient en blanc, les bleus en bleu.
06:56 Et c'était le jour du premier but de Platini, le jour aussi d'un sacré combat.
07:03 France-Danemark, c'était un match dur, vous avez une belle équipe, les Danois.
07:05 Si tu les prends un par un, les joueurs, ils ont tous joué dans les meilleurs clubs européens,
07:10 voire italiens, de Karl Larsen à Lodrup,
07:13 passant par Simon Sen, Olsen et toute la bande, Berggren.
07:16 C'était un match dur, dur, dur, dur.
07:19 Je ne voulais pas les retrouver en finale.
07:21 On anticipe un peu, mais je ne voulais pas les retrouver en finale, ce soir.
07:24 C'était mon premier match vraiment important, un match coupé.
07:31 Parce que j'avais disputé 7 ou 8 matchs avant,
07:33 8 ou 9 matchs avant, c'était que des matchs amicaux.
07:35 L'équipe de France était qualifiée, c'était que des matchs de préparation,
07:38 où tu as plus ou moins le droit à l'erreur.
07:41 Là, c'était un match qui ne comptait pas pour Griebel.
07:44 La première mi-temps, elle est très compliquée.
07:46 J'ai le souvenir, quand on revient en VCR, d'entendre le patron, d'entendre Michel pousser des cris.
07:52 Il était dans tous ses états.
07:54 Il a commencé à dire, il faut que les bordelais, il faut qu'ils arrêtent de jouer ensemble,
07:56 il faut qu'ils arrêtent de se faire des passes.
07:59 Entre Baptiston qui la donne à Tigana, Tigana qui la donne à Giresse,
08:02 Giresse qui la donne à Lacombe, il n'était pas content, il était énervé.
08:05 Je lui disais, mais Michel calme-toi, ça va bien se passer,
08:09 tu vas voir que tu ne finiras pas marqué.
08:11 Il est un peu remonté.
08:13 Le but, c'est un but imparable, un peu d'argent, on ne pouvait rien faire.
08:18 Il y en a deux qui sont imparables, le premier et le dernier.
08:20 L'action du but, ça se fait vite, avec Jean Tigana.
08:23 Moi, je sais m'appuyer sur Bernard Lacombe.
08:26 Et puis ce ballon qui tout d'un coup ne va pas au bout de ce qu'on avait choisi.
08:29 En deux, trois mouvements, Michel qui est là, qui récupère ce ballon.
08:32 Je frappe, puis la balle elle tape sur la tête du défenseur.
08:41 Les gardiens étaient surpris par la trajectoire du ballon.
08:44 Je suis allé fêter ça et j'ai eu un carton jaune avant de sortir du terrain.
08:52 C'est bien, bravo, sauf qu'Amoros prend un carton rouge.
08:56 Donc d'abord il sort, il nous laisse à dix, et deuxièmement, il va être suspendu.
09:01 Le carton rouge, ça a été un excès de tempérament que j'ai, ou que j'avais à l'époque.
09:07 C'est surtout un fait de jeu important, c'est-à-dire que j'avais le ballon, je me dégage,
09:13 je triple Jasper Olsen et lui me taque par derrière.
09:17 Donc c'est vrai que je me relève, je prends le ballon, je lui jette, je le manque,
09:21 et je me rapproche vers lui et c'est vrai que je lui assène un coup de tête entre guillemets
09:27 parce que je ne l'ai pas touché.
09:29 Donc il a très bien joué le jeu et il a fait semblant d'avoir reçu un coup de tête.
09:34 Et c'est tout à fait normal et logique que l'arbitre met le sou,
09:37 c'est parce qu'on ne va pas faire ce geste, même sans l'avoir touché.
09:41 On doit bannir tous ces gestes-là du football.
09:45 C'est un peu comme un jeu de foot, on va se dire "oui, certes, flûte, chiant, attention".
09:50 Et puis bon, on va jouer, de toute façon il nous reste à jouer.
09:53 Sur le coup, je n'ai pas trop bien compris parce que j'étais encore jeune.
09:56 Et après, c'est vrai que je suis parti dans les vestiaires,
09:58 c'est là que j'ai pris conscience de l'événement que je venais de subir.
10:02 Et c'est vrai que c'est difficile parce que je laisse mes camarades à 10.
10:06 C'est le premier match, on finira aussi la finale à 10,
10:10 donc c'est le destin des équipes de France,
10:14 les équipes de France pour les grands matchs.
10:16 C'est vrai que quand on a un tempérament qui est un peu chaud,
10:18 ça arrive qu'on digente un petit peu, même beaucoup.
10:22 Oh, ce qu'elle est lourde cette collection !
10:26 Les Belges à Nantes.
10:29 Les Diobs n'étaient pas vraiment rouges, même pas roses.
10:32 Tout pâles ils étaient.
10:34 Qu'est-ce qu'avait titré l'équipe ?
10:37 Ah oui, l'Europe sous le charme.
10:41 On joue à Nantes, nouveau stade,
10:43 les Belges avec leurs maillots rouges qui sont toujours dangereux,
10:48 qui nous ont toujours posé des problèmes.
10:50 Un temps splendide, grand soleil, beaucoup de public.
10:54 Mais là, on est dans une forme extraordinaire.
10:58 Ça faisait quand même une dizaine d'années que je ne prenais que des tôles à Nantes,
11:03 je ne prenais que des 3-0 et je crois qu'on fait le match presque parfait.
11:08 Tout est huilé, tout fonctionne, tout s'enchaîne comme on le veut, comme on le désire.
11:13 On se demande même s'il y avait une équipe en face de nous.
11:17 Les Belges avaient un aîlé gauche qui n'était pas un aîlé,
11:21 qui était un milieu très bon joueur.
11:23 Et moi, qu'est-ce que j'ai fait ?
11:25 Au lieu de mettre un arrière sur lui,
11:28 j'ai mis un milieu de terrain.
11:31 Fernandez.
11:33 Quand on m'annonce que j'allais jouer à un droit,
11:37 quand j'ai commencé avec Vazovic, qui était à l'époque l'entraîneur du Paris 1,
11:40 qui m'a quand même fait débuter au Paris 1,
11:42 ils m'avaient fait débuter aîlé gauche, attaquant.
11:45 Après, on m'a demandé sur ce match-là,
11:48 "Tu vas jouer à un droit parce qu'ils ont un garçon sur le côté gauche
11:52 qui s'appelle Francky Vercotte-Rennes, qui n'est pas un véritable attaquant."
11:55 On se retrouve contre la Belgique avec Max Axial,
11:59 couloir droit Patrick et Axial gauche moi-même.
12:04 Deux joueurs de couloir, très haut, le carré magique du milieu, bien sûr.
12:08 Et puis devant, dans l'axe, c'était Bernard.
12:13 Je suis à l'origine du premier but, puisqu'il y a un coufran.
12:17 Et alors, c'est assez étonnant parce que quand il y a un coufran,
12:21 aux abords des 16 mètres ou 20-25 mètres,
12:23 il y a une personne qui tire, c'est Michel Platini.
12:25 Si ce n'est pas Michel, dans mon club, c'est Alain Giresse.
12:28 Pourtant, j'étais à droit, mais on ne me laissait jamais faire ni les coufrans ni les cornets.
12:33 J'avais droit de faire des touches de tant en tant.
12:35 Le niveau était tellement élevé des tireurs de coufrans chez nous
12:39 qu'ils ne me laissaient même pas toucher le ballon.
12:42 Donc Michel s'apprête à frapper, il ne me dit rien.
12:45 Et il me décale le ballon.
12:47 Et je ne m'y attends pas, ce n'est pas prévu.
12:49 Ce n'est pas prévu. Donc le réflexe, je frappe, ça passe,
12:57 je transverse ça, et Michel enchaîne dessus et marque le but.
13:02 Je pense qu'on doit revoir cette surprise.
13:05 Parce que vraiment, ce n'était pas un mot.
13:07 Je pense qu'au dernier moment, Michel a dû dire que ça ne convenait pas,
13:11 peut-être l'angle de tir, et il a décalé, mais sans mon avertir.
13:14 Il met une frappe, comme le deuxième, un peu de l'extérieur du pied droit,
13:17 qui est un peu là-bas, transversale.
13:19 Puis après la balle, elle tombe devant le mur,
13:21 elle rebondit au-dessus du mur, et moi j'anticipe, je la prends,
13:24 je l'amène avec moi du pied gauche,
13:26 et je la frappe du pied gauche dans le petit filet.
13:30 Le deuxième but, c'est le but de Giresse, où il fait un petit piqué.
13:36 L'action du but, c'est simple, je vais déclencher ce piqué,
13:39 après que le gardien m'ait indiqué que je pouvais le faire.
13:42 C'est-à-dire que si il ne se jette pas, je ne peux pas le faire.
13:44 Donc le déclencheur, c'est lui.
13:46 Et moi, je suis prêt à répondre, entre guillemets,
13:48 au signal que le gardien me donne.
13:50 Et quand je le vois qui commence à se coucher,
13:52 j'ai dit, "Allez, j'enclenche."
13:54 Et à ce moment-là, je prends mon ballon par-dessous,
13:56 juste ce qu'il faut pour le faire monter au-dessus.
13:59 Le troisième but, après, une fois qu'on a mis 2-0 après Silius-Ferrandez,
14:05 qui la met de la tête au deuxième poteau, là où il n'est pas trop loin du but.
14:09 Je pars de très très loin, je récupère un ballon, je passe par-dessus un Belge.
14:13 Ensuite, je donne une balle dans la profondeur à Six.
14:16 Six, il rentre dans la surface, il n'avait pas de pied droit,
14:20 mais ce joueur, je ne sais pas ce qui lui est arrivé,
14:22 il s'est rappelé qu'il avait un pied droit, et normalement, il était gauché,
14:24 mais là, il a pris le pied droit.
14:26 Il est entré sur Gigi, et en moins 3-4 joueurs belges,
14:30 il réussit à lever la tête, à me voir au deuxième poteau,
14:34 et je suis là tout seul pour mettre un but à Jean-Marie Paf.
14:38 L'intelligence de Gigi, c'est de lever la tête,
14:40 parce que tu pouvais à chaque fois, j'en avais mis un en 1986,
14:43 après en Coup du Monde contre l'URSS, sur une passe de Gigi,
14:46 ce n'était pas Platoche qui me faisait les passes, c'était Gigi,
14:49 parce que lui, il avait envie de faire marquer les copains.
14:51 C'est mon premier but en équipe de France.
14:53 C'est mon premier but.
14:55 Je ne pensais pas que je pouvais marquer en équipe de France.
14:57 Je pensais que tout le monde allait venir m'embrasser,
14:59 mais ils n'arrivaient pas à m'attraper.
15:01 Mon quatrième but, c'était un pénalty.
15:06 Michel pose le ballon, il y avait beaucoup de cré, ou de chaud.
15:13 Et quand il tire, est-ce qu'il a tapé dans la terre,
15:16 ou est-ce qu'il y avait trop de chaud sur le point de pénalty ?
15:19 Il y a eu une gerbe de chaud qui s'était levée.
15:22 Paf est parti, et Michel l'a tiré au milieu.
15:24 Mon papa disait qu'un pénalty, ça ne se tire pas bien ni mal,
15:27 ça se met au fond.
15:29 Donc j'ai tiré, j'ai tapé fort.
15:33 J'ai tapé fort, je ne sais pas où c'est passé,
15:36 mais Jean-Marie ne pouvait pas l'arrêter.
15:38 Ce n'était pas son jour, Jean-Marie.
15:40 Jean-Marie de Paf.
15:42 Le cinquième but, l'apothéose.
15:45 Gigi, il l'a mis au point de pénalty.
15:47 Et Michel, qui est quand même assez loin du but,
15:50 s'élève parfaitement bien au timing,
15:52 il fait une tête piquée.
15:54 C'est un but à la Roubreche plutôt que à la Platine.
15:57 Et oui, ça jouait aussi dans le groupe B.
16:00 La Roumanie battue par le Portugal
16:02 et surtout l'Allemagne par l'Espagne sont éliminés.
16:05 Aujourd'hui, on s'en fout un peu, non ?
16:07 Surtout que quelque part, là, j'ai un document.
16:10 Oui, un document qui en dit long sur le jeu français.
16:13 Platini, dans un ancien forum de l'équipe TV.
16:17 Ils nous mettaient là parce qu'on s'entendait bien,
16:19 on avait la même philosophie du football,
16:21 et puis ils nous disaient "démerdez-vous".
16:23 Contre nous, par exemple, d'ailleurs,
16:25 c'était interdiction d'avoir des cornères contre nous.
16:27 Interdiction, celui qui faisait un corner,
16:29 il se faisait engueuler parce qu'on n'était pas bons
16:31 dans le jeu de tête et en défendant.
16:33 On n'était pas bons, donc je vais te dire,
16:35 on avait le but là.
16:38 Et au poteau, ils voulaient tous y être.
16:40 Personne qui voulait aller charger le premier attaquant
16:43 ou le plus grand défenseur.
16:45 Donc après, quand il y a eu Touré, Stoppira,
16:47 mais Max, il n'était pas un grand jour de tête.
16:49 Patrick, il n'était pas un grand jour de tête.
16:51 Il voulait tous se mettre au premier poteau, soit au but.
16:54 Donc on disait toujours, on ne peut prendre que des buts
16:57 sur des cornères, donc faisons pas de cornères.
16:59 Nous découvrons sur les côtés où on est en difficulté.
17:01 Et donc voilà, mais je vais te dire,
17:03 nous on jouait un peu partout.
17:07 Gigi, plus tôt, il se sacrifiait,
17:10 il se repositionnait un peu sur le côté droit.
17:12 Jean, il était dans l'axe, quand on avait mis lui sur le côté,
17:15 puis Chouqui était sur le côté gauche.
17:17 On pourrait caricaturer comme ça, mais on jouait un peu,
17:19 on jouait comme dans les livres.
17:21 On ne savait pas comment jouer.
17:23 Pourtant, c'est qu'on est le ballon et qu'on marque des buts.
17:25 C'était un autre football. C'était bien.
17:29 Schumacher,
17:32 Zuzic,
17:37 Foller, que des stars.
17:39 Ah, et Platini, bien sûr.
17:41 Saint-Etienne, Geoffroy Guichard,
17:45 et en face, des artistes.
17:47 France-Yougoslavie.
17:50 Vous savez quand même, on ne se souvient pas.
17:53 La Yougoslavie, c'était un grand pays de football.
17:57 Et donc, on savait qu'on allait avoir des difficultés.
18:02 On avait tellement de difficultés
18:05 qu'à la mi-temps, on était menés à un zéro.
18:10 Les Yougoslaves vont ouvrir un marc avec Sestic ici,
18:13 qui ne laisse aucune chance à Vács,
18:15 sur un très beau 1-2 avec Zuzic.
18:19 Cela se passait à la 31e minute du jeu.
18:22 On avait du mal à se trouver.
18:24 Il y avait de bons joueurs dans cette équipe de Yougoslavie,
18:27 des joueurs qui décrochaient beaucoup.
18:29 Alors, il y avait des hésitations. Est-ce qu'on sort ? On ne sort pas.
18:32 De ce fait, on n'arrivait pas à coordonner un petit peu nos mouvements.
18:36 Ce qui faisait que les joueurs se retrouvaient souvent tous seuls face à nous
18:39 et ça faisait des décalages énormes.
18:41 Donc, on était en difficulté à la mi-temps.
18:43 Michel Hidalgo a décidé de changer.
18:45 Fernandez s'est trouvé en difficulté.
18:47 Je me suis gardé arrière-droite dans ce match-là.
18:50 Ça a été ma connerie.
18:52 Parce qu'au premier match, c'était pas un élié gauche.
18:57 C'était un milieu gauche.
18:59 C'est pour ça que j'avais mis Fernandez.
19:01 Mais là, c'était un vrai élié.
19:03 Non, non, ça ne marche pas comme ça.
19:05 L'élié gauche belge, c'était pas l'élié gauche yougoslave
19:09 qui nous a fait beaucoup de mal.
19:11 J'étais en colère après moi.
19:13 C'est parce que ce n'est pas moi qui voulais ça.
19:15 Ce sont les joueurs qui voulaient.
19:17 C'est les joueurs qui ont fait la même équipe.
19:19 Donc, comme ça allait bien depuis le départ,
19:23 j'ai dit pourquoi pas.
19:25 Mais je n'aurais pas dû les écouter.
19:28 J'aurais dû faire comme je l'entendais.
19:31 Il n'y a pas d'élié, on n'a pas besoin d'arrière.
19:35 Quand il y a un élié, il faut un arrière.
19:37 On avait fait un petit peu comme on voulait.
19:39 Et là, il s'est vraiment mis en colère.
19:42 Ce jour-là, il avait poussé New-York,
19:44 il avait donné un coup de pied.
19:46 Il a fait une bouteille d'eau.
19:48 Il a rectifié le tir et on a gagné ce match.
19:52 Et puis, il y a un joueur qui est français
19:55 et qui sait nous sauver quand ça ne va pas.
19:58 Michel Platini.
20:00 Michel Platini est là, deuxième mi-temps, fantastique.
20:03 Il nous marque trois buts
20:05 devant une forte équipe yougoslave.
20:07 Je dis bien yougoslave.
20:09 Le premier, c'est une passe de Jean-Marc Ferreri
20:12 au deuxième poteau
20:14 qui met dans l'angle un obstant
20:17 à la sortie du gardien de but du pied gauche.
20:19 Oui, il touche un peu le pied, mais bon, pas grave.
20:23 Le deuxième, c'est certainement le plus beau but
20:27 de mes neuf buts.
20:31 C'est un mauvais centre de Patrick Baptisteau.
20:35 Si c'était un bon centre,
20:37 je n'aurais pas eu besoin de plonger par terre comme ça.
20:39 S'il l'avait mis sur la poitrine, je l'aurais contrôlé,
20:41 mais il l'a mis loin d'avoir l'impression de mettre de la tête.
20:43 Il a trouvé que je n'avais pas été assez précis sur ce centre.
20:47 Avec Michel, lorsque je jouais à Saint-Etienne,
20:49 après les entraînements, c'était centre et Michel qui reprenait.
20:53 Michel est très exigeant.
20:56 Il faut toujours mettre le ballon où il le faut,
20:58 autrement il ne faut pas qu'il fasse d'efforts
21:00 pour garder toute sa force pour les matchs.
21:05 Systématiquement, il fallait s'appliquer.
21:08 Il y a eu des répétitions de train,
21:10 mais vraiment, c'est un plaisir toujours
21:12 de travailler et de centrer,
21:14 d'essayer de trouver le geste juste,
21:16 le bon positionnement du pied.
21:18 C'était une situation qu'on avait dû faire
21:22 des centaines de fois ou bien plus.
21:26 Ce ballon montait un peu, je le prends
21:28 et c'est vrai qu'il passe juste au-dessus des défenses.
21:30 Je pense qu'il aurait peut-être pu marquer du pied également.
21:33 Il se trouve que dans sa tête,
21:35 il s'est dit "je vais le prendre dans la tête"
21:37 et il a fait une tête plongeante assez magnifique.
21:39 Il a pu marquer trois buts du droit, du gauche et de la tête.
21:43 Le troisième, c'est un coup franc,
21:46 un peu, comment dire, surtout à Saint-Etienne,
21:49 c'était superbe, d'autant que je l'avais un peu décalé
21:52 du bon côté, alors qu'il était un peu de l'autre côté.
21:56 Je pense que les images montreront que je l'ai décalé.
22:00 Voilà, il a déjà gagné 20 cm
22:04 parce qu'il était un peu trop en face.
22:08 Alors voilà, on le repousse encore un peu.
22:11 Comme ça, ça va être parfait.
22:13 Il était du côté droit, donc je l'ai mis du côté gauche-main.
22:18 Comme ça, c'est moi qui ai tiré.
22:20 Je suis à la mi-temps avec lui et je suis juste à côté de Michel.
22:23 Il se lève, il me regarde et il me fait "Bruno, je vais te dire un truc,
22:26 en deuxième mi-temps, il y a un coup franc, c'est but."
22:29 Je vois parfaitement son geste technique
22:31 comme on l'a toujours vu 20 et 20 fois,
22:35 le ballon brossé qui a mandonné est encore plus brossé
22:39 et tombe, va mourir dans le petit filet du carneau.
22:42 Voilà, par-dessus le mur, c'est parfait.
22:44 3-1, parfait geste technique.
22:46 Alors les Yougoslavs vont réagir
22:50 et obtenir un pénalty deux minutes plus tard
22:54 pour une faute de Bocsis sur Deverić.
22:58 Et c'est Radanovic qui va tirer ce pénalty.
23:02 Batts arrête, il n'est pas parti avant,
23:06 tout le monde est content et pourtant l'arbitre,
23:08 M. Dehna, va refaire retirer ce pénalty.
23:11 Pourquoi ? Bien tout simplement parce qu'il n'avait pas sifflé
23:14 et que Radanovic avait tiré avant le coup de sifflet.
23:18 On voit bien que Batts ne part pas avant.
23:21 C'est comme si on m'avait enlevé un but.
23:24 Pour moi, c'était comme si j'avais marqué un but en arrêtant ce pénalty-là.
23:28 C'était une grande frustration, une incompréhension
23:31 parce que je ne savais pas ce qui avait pu être illicite sur ce coup-là.
23:37 Et finalement les Yougoslavs vont refaire tirer ce pénalty,
23:40 non pas par Radanovic mais par Stojkovic
23:43 qui cette fois va battre Batts,
23:46 mais l'équipe de France emportera quand même cette rencontre
23:49 par trois buts à deux.
23:52 Platini, Platini et encore Platini.
23:55 Demi-finale.
23:57 Ah, c'est dans ce livre d'or, le 84, que j'en parle.
24:02 Je parle de la qualification de l'Espagne contre le Danemark,
24:05 au tir au but, mais surtout de France-Portugal, à Marseille.
24:10 Et dire que c'est un match qui a failli ne jamais avoir lieu.
24:14 On était dans un relais château avant le match.
24:18 Donc on part en bus. Le problème c'est qu'on a pris une route nationale qui était assez étroite.
24:22 Quand on était dans le bus, j'étais assis à côté de Bordeaux-Belonnes
24:27 et on a croisé un camion qui arrivait en face
24:31 et le motard lui demandait de se pousser, de se pousser.
24:34 Moi j'étais avec Jean-Noël Tigana, juste derrière le chauffeur,
24:37 et cet autre bus nous a attrapé, si tu veux, le rétroviseur.
24:41 Et les deux rétros se sont touchés.
24:45 Ça a cassé la vitre latérale du chauffeur qui nous est venu en plein intérêt.
24:49 Et il y avait un ravin de 3 ou 4 mètres.
24:53 C'est-à-dire que si le chauffeur a le malheur de faire ça,
24:56 de mettre un coup de volant, le match on ne le joue jamais.
25:00 C'est un truc de fou.
25:02 Et là on se regarde avec Jean-Noël, qui est quand même assez mode de peau.
25:07 Je l'ai vu mais il était blanc.
25:09 Mais moi aussi j'ai eu peur, la peur de ma vie.
25:12 Et quand j'ai vu le chauffeur, parce que celui-là on peut lui dire merci,
25:16 parce que le type il n'a pas bougé.
25:18 Il était en sang, il avait reçu des éclats de verre, il saignait.
25:22 Il n'a pas bougé le type.
25:24 Heureusement on n'a pas été coupé.
25:26 Et là j'ai dit à Bruno, aujourd'hui on ne peut pas perdre.
25:29 Il nous est rien arrivé, on ne peut pas perdre.
25:31 C'est pour ça qu'à 2 à 1, quand je rentre, je dis, le bon Dieu fait que voilà.
25:35 C'est pas possible, on ne peut pas perdre ce match.
25:37 France-Portugal ça a été un bon match.
25:40 Je pense que c'était un très bon match de notre part, mais on a loupé les occasions.
25:44 Et à la fin ça se retourne qu'on peut perdre.
25:46 Pour le public marseillais, ça a été un match animé,
25:49 ça a été un match indécis, ça a été un match avec des renversements
25:52 aussi bien du score que des renversements de jeu.
25:55 Quand on rentre sur le terrain, déjà on se surprit parce qu'il y a beaucoup de vent.
25:59 Donc on a l'impression, on est gêné par le vent.
26:02 Et je pense que sur les 21 minutes, il y a quand même une certaine forme de nervosité,
26:07 même moi le premier, on est assez nerveux, on n'est pas du tout relâchés.
26:11 Et je trouve que les Portugais ont une meilleure maîtrise sur l'entente du match que nous.
26:15 Puis arrive cette 24e minute, une fois qui est commise sur Michel,
26:20 Michel Barganou aussi.
26:22 J'ai une ligne 2 avec Alain Giresse, et puis il me prend le genou, le défenseur portugais,
26:28 donc j'ai mal, j'ai mal et je boitille.
26:32 Et Alain Giresse il vient, il me dit "il y a un petit jeune qui tire bien les coups francs".
26:36 Moi je dis "qui ?" il me dit "genre François Thaubergue".
26:38 Bon ben voilà, c'est tiré.
26:40 J'avais l'habitude dans mes clubs de tirer les coups francs,
26:43 j'ai marqué souvent, mais c'était plutôt en force, du coup de pied, un peu extérieur.
26:48 Donc je prends mes marques, je prends mon élan, et puis je pars.
26:52 Puis il l'a mis au fond moi.
26:54 Je ne connaissais pas, parce que j'étais en Italie depuis 3 ans,
26:59 d'habitude c'est moi qui ai tiré les coups francs.
27:02 François Thaubergue il croit que je l'ai laissé tirer parce qu'il tirait bien les coups francs.
27:06 Non, non, c'est parce que j'avais mal au genou, je ne pouvais pas tirer.
27:09 Donc il y a un petit arrière-gauche qui arrive comme ça et qui tire le coup franc,
27:12 je suis un peu surpris, mais il l'a mis au fond.
27:15 Et bien, et bien.
27:17 Quand on le revoit, là quand on l'image, j'ai vraiment l'impression de voir Ben Plouf
27:21 qui fait un pas d'anticipation par-dessus, parce qu'il pense que Michel,
27:26 et puis au moment où il fait ça, hop, le ballon part là-bas,
27:29 il n'a plus des cannes, il ne peut plus pousser.
27:31 Et puis bon, là-bas il va plein petit filet.
27:34 Je suis un total rêve, je saute.
27:38 C'est un moment magique, ça dure 10-15 secondes,
27:41 il y a des accolades et puis il faut se remettre à sa place.
27:45 Et là je sais très bien, le moment où je reviens me placer,
27:48 je suis encore dans un climat hors-terrain.
27:53 Je suis un petit peu sur une autre planète.
27:55 Bon, c'était un bon départ, mais par la suite,
27:58 le Portugal nous a montré qu'ils avaient de très bons joueurs
28:02 et on souffre et on est mené.
28:05 Inconsciemment, j'ai la sensation qu'on recule,
28:08 qu'on garde moins le ballon et eux par contre sont en densité,
28:11 beaucoup plus important au niveau du milieu.
28:13 Sur les côtés aussi, ils bougent beaucoup plus.
28:16 Il y a pas mal de mouvements, Chalana bouge beaucoup,
28:19 il vient à droite, tout d'un coup il revient dans l'axe,
28:21 j'ai quelqu'un d'autre à droite,
28:23 le latéral droit monte beaucoup, bon, et ils égalisent.
28:27 (musique)
28:44 L'important c'était de continuer et puis de repartir
28:47 et puis on repart et puis ça se passe mal quoi,
28:51 puisqu'on prend un deuxième but, on prend l'horloge.
28:55 - Prolongation dans cette rencontre et stupeur
28:58 dans ce stade vélodrome tout acquis à la cause française,
29:02 à la 98e minute de jeu, regardez bien le numéro de Chalana face à Damergue.
29:08 Hop, un centre deuxième poteau pour Kibbe et pour Jordao
29:12 qui écrase son tir et qui lobbe sans le vouloir Joël Bax.
29:16 C'est une reprise ratée mais qui fait mouche
29:18 et le Portugal mène 2 à 1.
29:21 Et à ce moment-là dans le camp portugais,
29:24 on pense bien que la porte de la finale est ouverte.
29:26 - Défensivement, là-dessus, c'est un peu moyen quoi,
29:30 bon, il y a Chalana qui m'endormit quoi.
29:33 Fin de pied droit, fin de pied gauche, bon, je me le jette
29:37 et puis il me recrochette et puis il pique avec son pied droit.
29:40 Ballon au second poteau, Jordao l'apprend de lui voler,
29:43 elle rebondit puis elle va se loger dans le petit filet.
29:46 - Comme on a dit, une arconada quand Michel Platini a marqué le coup franc,
29:51 ce but-là avec un rebond qui lobe le gardien,
29:53 longtemps j'ai entendu dire qu'un but à la Jordao à l'époque.
29:56 Donc c'était ça, c'était ce ballon lobé,
29:58 cette frappe qui tape le sol, qui remonte.
30:01 Il a été emporté par le vent, il est venu passer au-dessus de moi
30:05 et finalement le camp imposé.
30:07 - Peu de temps avant la fin, un quart d'heure,
30:09 c'est toujours les Portugais qui tiennent le coup.
30:12 On est menés 2 à 1.
30:14 - Il reste, on va dire, 15 minutes de prolongation
30:17 pour essayer de faire la différence et là...
30:20 - Ils ont une occasion très nette par Nené,
30:22 très très nette et ça peut faire 3 à 1.
30:24 - Je me souviens d'un face-à-face et l'attaquant,
30:27 il vient face-à-face un peu excentré sur le côté
30:30 et je viens devant de lui et puis bon, je ferme bien l'angle,
30:34 c'est la chance qui me tire dessus.
30:36 - Ensuite, il reste 7 minutes et puis il y a cette action
30:39 qui amène à un 2e but de Jean-François Domergue.
30:42 - C'est la Saint-Domergue.
30:44 - Je fais 1-2 avec Yvan Leroux.
30:47 C'est évident qu'Yvan n'allait certainement pas me la remettre.
30:50 Il pivote sur lui-même, il frappe et moi, je continue ma course.
30:53 Je pense que Michel, même s'il est poussé,
30:56 marque trop sa chute et que Bergamo ne siffle pas.
31:01 - Encore une fois, parce que le mec, il me...
31:04 Je me laisse un peu tomber quand même.
31:07 Je me laisse un peu tomber parce que je perds le ballon.
31:10 Jean-François est derrière, il l'a mis au fond.
31:12 - J'ai mis un plat du pied à me pencher un petit peu
31:16 pour éviter la sortie de Bento.
31:17 Si je le mets à terre, je pense qu'il a sort.
31:20 En mettant l'intérieur du pied, j'ai pu faire monter le ballon.
31:23 Le ballon est donc parti au fond.
31:25 - La fin va être sifflée.
31:27 Il va y avoir les tirs au but.
31:29 Il faut déjà choisir les joueurs.
31:32 - Dans ma tête, je commençais à me dire qui va tirer en face,
31:36 où est-ce que je vais partir, qu'est-ce que je...
31:39 Je pensais déjà aux pénaltis.
31:41 J'étais dans ma séance de pénaltis.
31:44 On s'est dit, ça y est, on y est,
31:46 on va rester au stade des demi-finales.
31:49 C'est ce qui est arrivé en Espagne avec la Coupe du monde.
31:52 - Je sais qu'il y a des joueurs comme Giano Tigana
31:54 qui se souvenaient, si on va aux pénaltis, ça ne va pas le faire.
31:57 Je pense que tout le monde, dans nos têtes,
32:00 à ce moment-là, on a voulu aller au bout.
32:03 - J'ai perdu, malheureusement, dans ma carrière,
32:06 beaucoup de demi-finales.
32:08 Je ne voulais pas perdre cette demi-finale.
32:10 Je suis parti récupérer le ballon,
32:13 le ramener au centre de l'utérée.
32:14 Et ce jour-là, j'ai vu tout le stade se lever.
32:17 - Les supporters, là, ils nous ont aidés aussi.
32:20 Là, ils nous ont vraiment aidés parce qu'on était contre les cordes,
32:23 on était en difficulté, on était très, très, très mal.
32:26 - Et donc, il faut arriver à marquer un but,
32:29 et puis si vous allez aux pénaltis, on est aux pénaltis,
32:31 et puis on gagnera, on est à Marseille, on est chez nous.
32:34 Avec le public, on ne peut pas perdre aux pénaltis à Marseille
32:37 en demi-finale de l'Euro, ça, c'est impossible.
32:39 - Heureusement, Dieu était avec nous
32:42 et était contre les pénaltis et contre les tirs au but.
32:46 Et il nous a permis de gagner loyalement,
32:50 c'est-à-dire en marquant un troisième but.
32:53 - Là, il reste, je crois, une minute, à peine, à peine de jeu.
32:57 Pacheco a le ballon, après avoir eu une transmission ou deux.
33:02 Il donne à profondeur le ballon sur Jordao
33:05 et l'arbitre de touche lève son drapeau
33:08 pour signaler la position de hors-jeu de Jordao.
33:11 Bergamo fait comme ça,
33:13 et au moment de la transmission de Pacheco,
33:16 Luis Fernandez intercepte.
33:18 Sur cette interception-là, Bergamo a l'intelligence
33:22 de laisser l'avantage puisqu'on vient de récupérer le ballon.
33:25 - Je me souviens d'avoir récupéré le ballon en bas à l'entrée des 18 m.
33:28 Je l'ai remonté au milieu de terrain et à ce moment-là, je l'ai donné.
33:31 Et là, il y a l'action de Jano.
33:34 Là, alors, c'est un moment de ma vie qui me restera gravé
33:38 parce que j'ai eu l'impression que cette action,
33:42 elle a duré au moins 10 minutes.
33:44 Je le vois partir et il a accéléré au fur et à mesure.
33:48 Il allait de plus en plus vite.
33:50 Et là, il a cette lucidité où il s'arrête et il voit Michel.
33:54 Et là, Michel, au lieu de reprendre le ballon directement,
33:58 il contrôle tranquille et là, il a place.
34:02 - Je peux pas le reprendre de volée.
34:04 Il est un peu derrière le ballon, donc je me tourne.
34:06 Mais sur le bon contrôle, me tourner et puis la mettre.
34:08 C'était long, long, long, se retourner et puis de frapper.
34:12 C'est long, hein, à la 120e minute.
34:15 Surtout, ça va être dans le but. Il faut que je la mette en hauteur.
34:17 Donc je suis pas loin et je frappe au niveau de la tête, quoi.
34:19 - Et là, le stade, sincèrement, j'ai des frissons.
34:22 Je te jure, j'ai des frissons.
34:24 J'ai eu l'impression que le stade Vélodrome s'était écroulé
34:27 parce que tous les gens, ils ont sauté en même temps.
34:30 L'impression du stade qui s'écroule.
34:33 Ça a été un moment, mais tout le monde a ressenti ça.
34:36 Ça a été un moment merveilleux.
34:37 Pour moi, ça a été le plus gros moment de l'Hichambelle d'Europe.
34:40 Sincèrement. Mieux que la finale.
34:42 - Et ce jour-là, j'ai vu tout le stade se lever.
34:45 Impressionnant.
34:47 Impressionnant, ce stade à Marseille.
34:50 Et tout le monde chantait la marseillaise.
34:53 C'était quelque chose de fantastique.
34:56 J'ai jamais retrouvé ailleurs le climat de ce 23 juin 84 à Marseille.
35:02 Jamais.
35:05 - Bergamo, l'arbitre italien que je connaissais,
35:08 parce que j'étais à l'Italie qui est arbitre.
35:11 Et il me dit, quand je marque le but,
35:14 j'ai l'air un peu fatigué.
35:16 La longue course que j'ai faite après le but,
35:19 il me dit "Michel, tu me donnes le maillot ?"
35:22 Je lui ai dit "Tu siffles tout de suite et je te le donne."
35:25 Il a fait "chut, chut, chut, chut" et je lui ai donné le maillot.
35:28 Je suis parti.
35:30 - Je me rappelle m'être mis à genoux.
35:34 Par rapport à cette sensation incroyable.
35:36 - C'était le jour de mon anniversaire à Marseille.
35:39 Toutes nos femmes avaient des bleus aux cuisses.
35:42 À force de se lever, de se rasseoir.
35:45 Elles avaient toutes une barre derrière les cuisses.
35:49 C'est l'anecdote que personne ne savait.
35:53 Et qui était marrante.
35:56 Après, ce n'étaient plus les jupes, c'était les pantalons.
35:59 Pour la finale.
36:02 La finale.
36:05 La finale.
36:07 C'est pas vrai.
36:09 Il y a un mec qui a déchiré la page et qui est parti avec.
36:12 J'y crois pas.
36:15 Heureusement, j'ai un petit trésor par là. Unique.
36:19 L'original de la causerie de Michel Hidalgo,
36:22 juste avant ce France-Espagne.
36:25 - Notre chance et notre force seront
36:28 de ne pas laisser les gens se faire chier.
36:31 De ne pas laisser l'initiative aux Espagnols.
36:34 Il faudra harceler.
36:37 Empêcher de créer.
36:39 Si vous démontrez tous le même courage,
36:43 nous ne serons pas battus.
36:45 Vous devez vous surpasser.
36:47 Aujourd'hui, l'essentiel n'est pas de participer.
36:50 Non. Il faut gagner.
36:53 Après le match, il sera trop tard
36:56 pour corriger nos fautes et nos défauts.
37:00 Pendant qu'il est encore temps.
37:02 Il y a 50 000 spectateurs et des millions de Français
37:06 qui vous attendent et qui sont derrière vous.
37:09 Ce match, il est à nous.
37:12 Être faute-balleur français,
37:14 ce soir, ça doit être une profession de foi.
37:17 On aggravit un à un les lacets qui mènent vers le haut.
37:23 Il nous faut maintenant planter notre drapeau.
37:28 Le drapeau français au sommet.
37:30 Je me souviens de ce discours.
37:32 Il avait dessiné les marches qu'on avait gravies.
37:35 Une montagne. Le drapeau à planter là-haut.
37:38 Si vous jouez avec le même plaisir
37:40 que vous le démontrez à l'entraînement,
37:42 ça doit aller.
37:44 Je lui dis, "Les gars, regardez la coupe pendant les hymnes."
37:56 On dit, "Celle-là, on la ramène à la maison."
37:58 Elle ne va pas aller dans les bras des autres.
38:01 La première chose qu'il a dit, on la fixe,
38:04 elle va venir.
38:06 Il avait eu un gros problème avec la Juive
38:09 pour une finale de Coupe d'Europe.
38:11 Ils ont joué contre Hambourg.
38:13 Ils ont perdu alors qu'ils étaient vainqueurs.
38:16 Pendant les présentations,
38:19 les joueurs n'avaient pas de concentration.
38:23 Les Allemands étaient concentrés sur leur objectif.
38:26 "On regarde la coupe et celle-là, on la ramène."
38:29 Je crois qu'on a tous regardé la coupe.
38:52 En face, il n'y a pas n'importe qui.
38:54 Il y a cette équipe espagnole.
38:57 On connaît la qualité du football,
39:00 la qualité du jeu.
39:02 C'est une finale où on a moins bien joué
39:05 que les autres matchs et surtout que la demi-finale.
39:09 On est nerveux. Là, on est vraiment nerveux.
39:12 On était sous pression parce qu'en face,
39:15 il y avait des joueurs qui jouaient meilleures équipes espagnoles.
39:18 L'Espagne représentait quelque chose.
39:21 C'était notre première finale.
39:22 On est pas mal bougés par des Espagnols
39:25 qui sont plus agressifs que nous,
39:27 qui sont costauds, qui sont durs.
39:29 Dans ce match-là,
39:31 j'ai subi pas mal d'agressions verbales.
39:34 J'ai souvent entendu par exemple "renegado".
39:37 "Renegado", c'est une sorte de "tu as quitté ton pays,
39:41 tu es venu ici".
39:43 Patrick Baptisteon m'a sauvé sur la ligne,
39:46 le jour de la finale.
39:49 C'est un message dans ma tête. Merci, Patrick.
39:51 On retrouve les Français à l'attaque avec Tigana Platini
39:55 qui alerte Lacombe, qui est accroché par Salva.
39:58 Sur ce plan-là, ce n'est pas évident.
40:00 Si on tient même le plus franc,
40:02 c'est plus ou moins litigieux.
40:04 Je pense que les Espagnols l'ont râlé en disant
40:07 "T'y es pas faute".
40:09 Je sais pas, Bernard dira s'il y avait faute ou pas faute.
40:12 Je sais pas, j'étais assez loin.
40:14 C'est des choses d'attaquants.
40:17 Il y avait le soleil avec l'ombre.
40:19 Il était là et les ombres au sol, ça se voit.
40:22 J'ai fait un petit pas de côté, il m'a poussé.
40:25 J'ai un peu amplifié le mouvement.
40:27 Il a un peu de sif, puis après, il arrive ce qu'il arrive.
40:30 C'est un moment important parce que je peux marquer.
40:33 Et un petit besoin de marquer un but,
40:35 parce qu'on n'arrivait pas trop à s'approcher
40:37 des buts d'Arconada.
40:39 Il fallait qu'il fasse un petit mot d'encouragement.
40:42 Il fallait un peu...
40:45 Il fallait dire "tu m'étonnes, on va souffrir encore".
40:48 J'aime ce coup front, c'est une bonne distance.
40:51 Je savais qu'il allait anticiper.
40:53 Je le savais, je sentais qu'il allait anticiper.
40:56 D'ailleurs, il a commencé à anticiper,
40:58 j'ai tiré, pas très bien tiré.
41:00 Et puis il l'a stoppé comme ça.
41:03 Je pense qu'il y avait beaucoup d'effet.
41:05 Il a voulu le prendre, en le touchant,
41:07 il l'a mis dans le but.
41:10 Même lui a été surpris quand il l'a pris.
41:14 Personne ne pensait que le ballon était rentré,
41:15 il pensait que le ballon était dans les bras d'Arconada.
41:18 On est obligé de dire que c'est une erreur,
41:20 parce que c'est un geste où il essaie de prendre le ballon comme ça,
41:23 il n'a pas son corps derrière et le ballon passe dessous.
41:26 Mais Michel Platini mettait tellement de diablerie dans ses frappes
41:30 qu'une annulée de frappe à Medin pour l'adversaire
41:33 a devenu quelque chose qu'on amplifiait
41:35 et qu'on devait voir quelque chose d'énorme.
41:37 Je duis être un des premiers à voir le ballon rentrer,
41:41 parce que je ne sais pas s'il est rentré de 50 cm.
41:43 Je revois des photos où je saute de joie,
41:47 il y en a certains qui sont un peu derrière,
41:49 je crois qu'il y a Luis, il y a Gigi,
41:51 ils sont comme ça, ils regardent, mais eux, ils ne voient pas.
41:54 J'ai vu Michel qui, de suite, levait les bras et s'est mis à genoux.
41:58 J'ai eu un sentiment...
42:00 J'ai eu un sentiment... comment dire... un peu spécial.
42:03 J'ai eu un sentiment spécial.
42:08 Ce n'était pas le but que j'aurais rêvé marqué en finale d'un Euro,
42:13 mais c'était le but qui allait peut-être nous faire gagner,
42:16 qui n'était certainement pas le plus beau,
42:18 mais le plus important de notre carrière à ce moment-là.
42:21 J'ai de l'admiration et de la reconnaissance pour ce gardien
42:24 qui était un des tout meilleurs, sinon le meilleur gardien de ce moment-là,
42:27 qui va finir... moi, je vais marquer un but pourri,
42:30 lui va finir sur un truc pourri.
42:32 J'ai ressenti tout ça, tu vois,
42:36 c'était quelque chose de... je ne sais pas...
42:41 pas décevant, mais de surprenant.
42:44 On sait que ce n'est pas fini.
42:46 On sait que ce n'est pas fini.
42:48 On marque, mais si tu veux, quelque part, ça libère les joueurs,
42:52 mais on sait qu'on est en danger.
42:54 Contre l'Espagne, Victor m'a suivi les 45 premières minutes.
43:02 Ça a été un combat intense, parce qu'il était systématiquement sur moi,
43:06 même quand je décrochais.
43:08 Donc j'ai beaucoup, beaucoup couru pour l'user.
43:11 Beaucoup couru.
43:13 Et il a craqué à partir de la 65e minute.
43:16 Là, il avait du mal, parce que j'avais l'antenne essoufflée,
43:19 il avait du mal à me suivre.
43:21 Donc on mène 1-0, il reste encore un peu de temps à jouer,
43:27 et puis il se passe quelque chose.
43:31 Ça m'a un moment perturbé.
43:33 Baptiston, sur le terrain, me fait signe,
43:38 comme s'il a quelque chose.
43:41 Et à un moment, oui, j'ai demandé à sortir.
43:45 J'ai dit "Qu'est-ce que tu as ?"
43:47 Il dit "Je me suis un peu claqué. Je regarde les remplaçants."
43:52 On en avait quelques-uns, et puis il y en avait un qui s'appelait Amoros.
43:57 Michel Hidalgo nous avait demandé de nous échauffer.
44:00 On était 3 ou 4, je crois qu'on était partis s'échauffer.
44:04 Donc à partir de là, j'avais un petit espoir de pouvoir rentrer.
44:09 Et là, je le fais rentrer, il reste 10 minutes.
44:13 Baptiston vient sur le banc, s'assoit à côté de moi.
44:19 Et puis une minute après, il me dit "Michel, je n'ai rien."
44:25 "Comment, t'as rien ?"
44:27 Il m'a dit "Non, j'ai fait semblant d'être blessé
44:31 parce que je voulais que Manu, qui est titulaire, ait sa part de finale."
44:36 C'est pas prémédité, ça vient, je ne sais pas, peut-être un regard sur le banc.
44:40 Voir ce garçon qui a fait une Coupe du Monde 82 exemplaire, extraordinaire.
44:46 Au moment où il est sorti, personne ne savait qu'il n'était pas blessé.
44:49 Tout le monde a cru qu'il avait quelque chose.
44:51 Mais c'est vraiment un geste incroyable, oui, oui.
44:54 Absolument merveilleux.
44:56 Je ne sais pas si c'était quelque chose de spontané,
44:59 en inconfiance on peut dire les choses.
45:02 J'aurais pu dire que j'avais mal, et puis tout simplement.
45:05 Je ne sais pas comment on peut expliquer ça.
45:08 C'est peut-être un coup de folie, j'en sais rien.
45:10 Qu'est-ce que vous voulez dire à un joueur comme ça ?
45:13 Est-ce que vous pouvez lui mettre un carton rouge ?
45:15 Pas du tout.
45:17 Ce sont des leçons qu'il nous donne.
45:20 Des leçons d'humanisme, des leçons de qualité d'homme.
45:25 Je crois qu'il reste entre 6 et 7 minutes de jeu.
45:28 On perd Yvan Leroux, on perd Yvan Leroux.
45:32 Il se pulse.
45:34 Donc on joue à 10.
45:36 Moi sincèrement, j'étais sur le terrain,
45:38 je me suis dit si on prend un but, on est mort.
45:40 En plus, moi j'étais pratiquement carbonisé
45:42 parce que j'avais un arrière-droit, il n'arrêtait pas de monter le type.
45:45 Donc je n'ai fait que ça, des allers-retours, je ne faisais que ça.
45:48 Parce que l'autre, je ne sais pas ce qu'il avait le type,
45:50 mais alors c'était une mobilette, il n'arrêtait pas de courir.
45:52 Et là je reviens doucement, tranquillement,
45:54 c'est une course de 20-30 mètres.
45:56 Donc je me replace et là je vois un ballon qui arrive à Marmanu Amoros.
46:00 Donc il la donne à Jean Tigana et Jeannot prend le ballon et il accélère.
46:05 Et moi je me décale, je me décale pour qu'il puisse me la donner entre deux.
46:09 Et là il me la donne, vraiment, il faut.
46:13 Quand je commence à fixer le dernier défenseur,
46:15 je vois que Bruno commence à faire son appel et s'écarte un petit peu.
46:19 Et c'est à ce moment-là que je lui mets le ballon.
46:22 Mais après il joue fantastiquement bien.
46:25 Je ne suis pas hors-jeu, je pars au bon moment et là il ne me rattrape plus.
46:29 C'est fini, même si je suis carmonisé,
46:31 j'ai les jambes comme si je venais de débuter le match.
46:35 Et là je pars et je pars.
46:37 Et comme le gardien, c'est un gardien qui est très intelligent,
46:40 il ne bouge pas.
46:42 J'ai la seule solution, c'est au dernier moment, il faut que je la pique.
46:44 Et là quand je la vois monter et que je la vois redescendre,
46:47 je dis c'est bon, elle rentre.
46:49 Elle passe juste sous la banque, vraiment.
46:51 Je ne peux pas faire mieux, c'est vraiment un sentiment.
46:54 Tout le monde pensait que j'avais tiré fort.
46:57 Oui, je sais.
46:59 Donc il fallait...
47:01 Parce que même Didier Roussin il dit "Ah, il a, il a réfléchi".
47:06 Je trouve que c'est tellement fort que l'émotion...
47:09 Et puis il y a Michel, c'est Michel qui avait l'entrée.
47:13 Il s'assoit, il s'allonge et il me fait "Viens".
47:17 Mais pour moi, la plus grosse récompense,
47:20 c'est quand Michel me dit "Le but que tu as marqué,
47:23 c'est celui-là que j'aurais aimé marquer moi".
47:25 Et là je le regarde, je lui dis "Mais toi tu en as marqué 9".
47:28 Il me dit "Mais toi c'est le plus beau,
47:30 c'est celui-là que je voulais marquer".
47:32 J'aurais voulu marquer ce but-là.
47:34 Le but à la 90ème minute, le piqué, le truc comme ça, imparable.
47:37 Le bonheur quoi.
47:39 Ça c'est le but du bonheur, le but qu'a marqué Bruno.
47:42 C'était quelque chose d'extraordinaire
47:44 et c'est bien que ça se termine sur un but d'anthologie comme ça,
47:47 à 10 sur une passe encore une fois de gentil Ghana.
47:49 Il a toujours ces mots qui font du bien, Michel.
47:52 Je vais sortir un peu de l'Euro
47:54 parce que je vais te dire ce qu'il m'a dit un jour.
47:56 C'est contre le Brésil, quand il manque son pénalty en 86.
48:00 Donc on se qualifie, mais il rentre dans le vestiaire
48:03 et on est en train de chanter avec Jeannot,
48:05 parce qu'on fait les lymes brésiliens et on chante,
48:08 on est tellement heureux.
48:10 Et là il arrête tout le monde, il dit "Stop,
48:13 j'ai quelque chose à vous dire".
48:15 Et il dit "Voilà, merci, merci".
48:19 Vous m'avez sauvé ma tête.
48:20 Et ça que je dis,
48:22 tu vois, je dis un grand monsieur.
48:24 Chapeau, respect.
48:26 Et voilà, c'est fini.
48:29 La France est championne d'Europe.
48:32 J'ai pris le temps pour aller chercher la coupe.
48:39 J'ai pris le temps.
48:41 Je me suis dit "Je vais prendre le temps".
48:43 On l'a voulu depuis longtemps, je vais prendre le temps.
48:45 Et j'ai pris le temps.
48:48 Je suis arrivé en haut,
48:49 il y avait Jacques-Georges Fernand Sastre,
48:51 François Mitterrand.
48:53 Et bon, Fernand, Jacques-Georges, c'était mes parrains.
48:56 Et puis le président de la République,
48:58 c'était quelque chose de beau.
49:01 C'est pas l'objectif de ma vie de montrer la coupe,
49:14 mais de courir autour du terrain avec les copains,
49:17 de monter la coupe,
49:18 ça je trouve que c'est beaucoup plus fort
49:20 que, égoïstement, individuellement,
49:23 parce que t'es capitaine de monter la coupe.
49:25 C'est pas dans mon truc.
49:27 Mais après, quand tu cours avec les mecs autour du terrain,
49:30 que t'arrêtes devant le public, devant tout ça,
49:32 ça c'est quelque chose que t'oublies pas.
49:34 C'est quelque chose de formidable,
49:36 de partager avec tes potes.
49:38 Et voilà l'histoire de cette finale,
49:41 où on a eu une équipe,
49:43 on a eu une équipe vaillante,
49:46 qui était bonne, sympa,
49:47 qui a voulu aller jusqu'au bout.
49:50 J'ai des regrets.
49:52 J'avais dit après 82,
49:55 parce que j'avais un entraîneur adjoint
49:58 qui était Henri Michel,
50:00 et pour ne pas trop le faire attendre
50:02 de prendre l'équipe de France,
50:04 j'avais dit, bah, 84, j'arrêterai.
50:07 J'ai regretté de l'avoir dit,
50:09 mais j'ai pas voulu dire à Henri Michel,
50:11 tu vas attendre encore un peu,
50:13 je pouvais pas lui faire ça.
50:15 Et maintenant, 30 ans après,
50:17 avec le truc, on aurait pu,
50:19 deux ans après, il y a le Coupe du Monde,
50:21 on aurait dû l'avoir.
50:23 Coupe d'Europe Henri Delonnet,
50:30 j'ai pas vu, parce qu'il est toujours tourné
50:32 comme ça dans mon bureau,
50:34 j'ai pas vu qu'il y avait un dessin derrière.
50:36 Mais je sais pas si la nouvelle
50:38 elle est encore comme ça,
50:40 mais ça c'est, je la vieille ça,
50:42 ça la vieille pour les vieux.
50:44 Mais là je l'ai levée facilement à l'époque.
50:46 Oh, mais maintenant c'est dur.
50:50 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
50:53 "La vie est une aventure"
50:56 "La vie est une aventure"
50:59 "La vie est une aventure"
51:02 "La vie est une aventure"
51:05 "La vie est une aventure"
51:09 "La vie est une aventure"
51:13 "La vie est une aventure"
51:17 "La vie est une aventure"
51:21 "La vie est une aventure"
51:25 "La vie est une aventure"

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