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00:00 Le livre du jour, pour bien commencer la semaine, Nicolas Carreau, une histoire d'amour ce matin.
00:04 Une histoire de Gérôme Attal dans un roman qui s'appelle « Neuf rencontres et un amour ».
00:08 Ça commence avec un certain Antonin dans un train entre Bougival et Louvcienne.
00:13 Il est un peu ennuyé Antonin parce qu'il n'a pas sur lui sa casquette des Yankees,
00:16 l'équipe de New York, sa casquette fétiche.
00:18 Encore plus ennuyé Antonin quand il essaye en vain d'ouvrir la fenêtre du train,
00:23 mais c'est coincé alors il s'obstine mais il fait beaucoup de bruit
00:26 et ça dérange tout le wagon qui commence à le regarder de travers.
00:28 On n'en ouvre plus les fenêtres dans les trains.
00:30 - Par essence.
00:31 - On est en quelle année ?
00:32 - On ne sait pas trop mais on peut estimer.
00:34 Première moitié du 20ème, je dirais année 30 sans doute.
00:36 On comprend qu'il est comédien ou peut-être écrivain ou les deux, on ne sait pas trop.
00:40 Mais pour une rencontre ou une histoire d'amour, il faut être deux,
00:42 sauf chez les grands narcissiques.
00:43 Et la première rencontre va avoir lieu bientôt.
00:46 Il est invité à un dîner chez quelqu'un qu'il ne connaît pas.
00:49 Mais son ami Al, qui sera là lui aussi, l'a prévenu.
00:52 Inutile de lui offrir un livre, elle les a tous.
00:54 Pas la peine de lui écrire un poème, les siens seront meilleurs.
00:57 Non, le mieux, c'est de lui apporter quelques pierres pour son aquarium des cailloux.
01:01 - Et donc c'est elle dont il va tomber amoureux ?
01:03 - Oui, Anaïs. Et il ne tombe pas amoureux.
01:05 Il est complètement terrassé par l'amour et le désir.
01:07 Mais elle n'est pas libre. C'est malin.
01:09 Elle aussi, cela dit, est sous le charme.
01:11 Et elle est peut-être plus libre qu'il n'y paraît.
01:13 Toujours est-il qu'avant même la fin de la soirée, Antonin fuit.
01:16 Il court dans les rues de Louvcienne.
01:17 Et puis il sort son carnet de Moleskine et il note
01:20 « Tout faire pour que cette rencontre ne rejoigne pas la liste interminable des commencements perdus ».
01:25 Quinze jours plus tard, deuxième chapitre et deuxième rencontre,
01:28 il y en aura neuf en trois mois, comme le titre l'indique,
01:31 parce qu'Antonin a une théorie qui vaut ce qu'elle vaut.
01:34 Quand on rencontre une personne qui nous plaît,
01:36 nous n'avons que neuf chances, donc huit autres rencontres,
01:38 pour qu'advienne ou non une histoire d'amour.
01:40 Vous verrez ce qu'il advient donc en lisant les autres rencontres.
01:43 Ce que je peux vous dire quand même, ça donne le ton,
01:46 c'est que le Antonin, c'est Antonin Artaud en fait.
01:49 - Ah, c'est Anaïs !
01:50 - Anaïs Nin, c'est un roman enlevé, aérien, très bien construit.
01:53 - Voilà. - Très chouette.
01:54 - Anaïs Nin qui a été l'ami, la compagne de beaucoup de grands écrivains.
01:58 Henri Miller. - Et elle-même, grande écrivaine.
02:01 - Parfaitement. Et leur histoire romancée,
02:03 c'est donc « Dans neuf rencontres et un amour »,
02:05 c'est chez Fayard, signé Géraud Matal.
02:07 La série de la semaine à présent, Hélo Esgoua,
02:09 vous nous conseillez une série produite, incarnée par Nicole Kidman.
02:13 - Oui, un drame captivant et très réussi,
02:15 tant sur le fond que sur la forme expat.
02:17 C'est le nom de cette chronique sociale et familiale
02:19 qui explore les nombreuses inégalités de la ville de Hong Kong,
02:22 une ville où les expatriés bénéficient d'un nombre incalculable de privilèges.
02:27 La série se passe en 2014.
02:28 2014 à Hong Kong, c'est l'année des manifestations populaires
02:32 qui secouent la mégalopole.
02:33 Vous savez, c'est ce qu'on a appelé la « révolution des parapluies ».
02:36 Et l'intrigue s'articule autour de femmes américaines expatriées
02:38 et en souffrance.
02:40 Tout de suite, on comprend que les destins de ces héroïnes
02:42 se croisent après un événement dramatique.
02:44 - Il ne se passe pas un instant sans que je pense à vous,
02:46 sans que je me demande ce que vous êtes en train de faire,
02:49 comment vous allez,
02:51 et comment vous réussissez à tenir debout,
02:54 alors que j'ai fait voler votre vie en éclats.
02:58 Mais qu'a donc bien fait cette femme ?
03:00 - Mystère, Dimitri.
03:01 Je peux juste vous dire que cette jeune femme est une baby-sitter
03:04 qui s'adresse ici à Margaret, le personnage de Nicole Kidman.
03:07 C'est Margaret, la victime.
03:08 Elle vient de vivre une tragédie familiale
03:10 qui remet toute son existance en question
03:12 et notamment sa vie d'expatriée à Hong Kong.
03:14 - Parfois, j'ai envie d'être toute seule.
03:15 Là où je peux être autre chose qu'une épouse ou une mère de famille.
03:20 Où je ne suis pas définie par la tragédie.
03:23 Ça ne te manque jamais, Clark ?
03:24 La maison.
03:25 - J'adore la vie qu'on a ici.
03:28 - Ça ressemble à Big Little Lies un peu.
03:30 - Un petit peu d'ailleurs Big Little Lies,
03:32 qui est aussi produit par Nicole Kidman.
03:33 On retrouve un petit peu sa patte.
03:35 Et c'est vrai que cette vie à Hong Kong est confortable.
03:37 La famille habite un appartement très cossu,
03:39 avec un chauffeur à disposition,
03:41 une nounou qui s'occupe en permanence des enfants et des repas.
03:44 Ces gouvernantes, elles ont une place centrale dans les familles d'expatriés,
03:48 mais elles sont rarement traitées à leur juste valeur.
03:50 Je vous laisse découvrir la suite de cette intrigue prenant de cette série.
03:54 Interroge intelligemment le statut de victime et de coupable.
03:57 Un statut qui varie en fonction de votre place dans l'échelle sociale.
04:01 En plus du casting impeccable,
04:03 Nicole Kidman toujours aussi époustouflante,
04:05 la réalisatrice Lulu Wang propose une immersion
04:07 dans cette ville tentaculaire et effervescente
04:10 à travers une multitude de plans en tableaux.
04:13 Des tableaux qui m'ont fait souvent penser à ceux du peintre américain Edward Hopper.
04:17 C'est hypnotique, c'est le genre de fiction qui nous suit longtemps,
04:20 tant le propos et l'image sont puissants.
04:22 - Ça s'appelle donc "Expat" et c'est sur Amazon Prime Vidéo, la plateforme.
04:26 Merci beaucoup Héloïse Gouin, merci les amis,
04:29 c'était très sympa comme tous les jours.