L'expérimentation Osys permet aux pharmaciens de Port-Vendres de vous délivrer des médicaments sans ordonnance du médecin pour certaines pathologies : conjonctivites, cystites, angines ou encore brûlures.
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00:00 France Bleu Roussillon, l'invité du 6/9
00:03 Et avec notre invité, on va parler de cette nouveauté,
00:05 ces pharmaciens qui peuvent vous délivrer un antibiotique
00:09 contre une angine par exemple, sans passer par la case médecin.
00:13 C'est ça le changement.
00:14 Une expérimentation est lancée dans 40 pharmacies de la région Occitanie
00:18 et il y en a deux dans le département, les deux pharmacies de Port-Vendre
00:21 qui participent donc à ce test.
00:23 On va en parler donc avec votre invité, Mélanie Juvé,
00:26 c'est le président régional de l'Ordre des pharmaciens.
00:29 Bonjour Bruno Galland.
00:31 Oui bonjour.
00:31 Vous êtes donc président régional de l'Ordre des pharmaciens,
00:35 également pharmacien à Palau d'Elvidre et maire de la commune.
00:38 C'est ça.
00:39 On l'entendait dans le journal de 7h30,
00:41 le reportage sur cette expérimentation osisse à Port-Vendre.
00:44 Alors les patients semblent ravis,
00:46 on comprend aussi l'intérêt pour les médecins avec des salles d'attente qui se vident un peu.
00:50 Mais pour vous les pharmaciens, il est où l'intérêt ?
00:52 Alors cette expérimentation, il faut savoir qu'elle a commencé en Bretagne,
00:56 elle a eu vraiment un franc succès,
00:57 donc elle a été prolongée et puis adaptée à plusieurs régions en France.
01:03 Alors pour nous, le problème ça traite des pathologies qu'on a tous les jours à l'officine
01:10 et pour lesquelles on ne peut pas délivrer de médicaments sans prescription.
01:15 Donc ça permet déjà au patient, lui, il a un rendez-vous,
01:18 sans rendez-vous, donc il a accès à un professionnel de santé sans rendez-vous.
01:22 Le pharmacien, après évidemment une formation adéquate,
01:25 suit un arbre décisionnel et va soit délivrer des médicaments
01:30 pour lesquels il nous aurait fallu une prescription avant,
01:33 soit diriger le patient vers le médecin si c'est nécessaire.
01:36 Oui mais vous, vous ne gagnez que 12 euros et quelques sur cette prestation,
01:39 est-ce que justement c'est assez ?
01:42 Alors non, c'est jamais assez,
01:45 mais là vraiment, on a un système de santé qui est un surchauffe.
01:50 Là on est en zone rouge, il faut vraiment trouver des solutions,
01:53 alors ça fait partie du panel de solutions qu'on peut apporter,
01:59 mais le pharmacien en tant qu'expert et professionnel de santé averti est formé,
02:05 donc il peut répondre.
02:06 Il doit participer justement à améliorer le système de santé, les déserts médicaux ?
02:10 Voilà, le but c'est de rendre du temps médical au médecin,
02:13 c'est de libérer des places dans les cabinets médicaux.
02:16 Donc vous faites ça vraiment par altruisme ?
02:18 Alors pour le moment, c'est vraiment, je pense,
02:22 le début d'une nouvelle modification de notre profession.
02:29 On va aller de plus en plus vers la prévention,
02:33 alors que ce soit clair, on n'est pas là pour remplacer le médecin,
02:37 ni un infirmier, on vient en plus, on vient en complémentarité.
02:41 C'est important de le dire, d'ailleurs un de vos collègues le disait
02:44 dans le reportage de 7h,
02:47 on n'est pas là pour être des petits médecins,
02:49 il faut bien que les gens comprennent,
02:50 on ne vient pas à la pharmacie pour soigner toutes les pathologies.
02:53 Non, voilà, c'est ça, là l'expérimentation porte sur 6 pathologies.
02:58 On peut les rappeler peut-être ?
03:00 Dans les 6 pathologies, il y a la cystite, vous avez l'angine, la tique,
03:05 des problèmes gastro-intestinaux,
03:07 ce sont des pathologies qu'on a tous les jours,
03:10 tous les jours on est confronté à ce genre de pathologies.
03:13 Les patients arrivent, donc nous ne trouvons pas de médecin,
03:16 malheureusement, ou difficilement.
03:19 Ou alors ils font la queue pendant des heures
03:20 pour un renouvellement de redonnance aussi, ça peut être le cas.
03:22 Ou alors ils vont aux urgences pour ce qu'on appelle la bobologie.
03:26 Donc là on a un système d'urgence qui est saturé.
03:29 Voilà, c'est ce que je disais, c'est pour ça on est vraiment en surcharge.
03:32 Il faut vraiment trouver des alternatives.
03:37 Alors est-ce que si ça marche dans ces deux pharmacies de Port-Vendre,
03:40 ça pourrait être généralisé ailleurs dans les PO ?
03:42 Est-ce que vous le soutenez ?
03:43 Est-ce que vous souhaiteriez que d'autres pathologies soient prises en compte,
03:46 parce qu'en Bretagne c'était une dizaine, une douzaine qui étaient prises en compte ?
03:49 Oui voilà, c'était une douzaine de pathologies.
03:51 Alors effectivement, je le soutiens tout à fait.
03:54 J'aurais aimé que ce soit élargi à toute la région Occitanie,
03:57 parce que là vous avez 40 pharmacies en Occitanie.
04:00 C'est trop peu.
04:01 C'est trop peu.
04:02 Donc j'ai des confrères frustrés,
04:05 parce qu'eux aussi voudraient rentrer dans cette expérimentation.
04:08 Et pourquoi les pharmaciens justement veulent participer à cette expérimentation ?
04:12 Parce que tous les jours ils sont confrontés à ce problème,
04:14 à savoir, je pourrais vous donner le traitement,
04:18 parce que les symptômes que vous avez,
04:21 une cystite par exemple,
04:23 mais je ne peux pas.
04:25 Alors soit certains ont des cabines de téléconsultation,
04:29 on peut avoir une ordonnance par ce biais-là,
04:32 sinon on est devant ce problème.
04:36 Alors le patient lui, il attend une réponse,
04:39 mais le renvoyé lui dit "il faut aller consulter un médecin".
04:42 Oui mais comment on fait pour consulter un médecin ?
04:44 Puisque c'est compliqué.
04:45 Donc c'est vraiment une réponse pour le patient.
04:48 Et encore une fois,
04:49 la pharmacie c'est un lieu de santé, c'est sans rendez-vous.
04:52 C'est 6 jours sur 7,
04:54 les jours de garde,
04:56 donc le dimanche et même les nuits,
04:58 donc vous trouvez une pharmacie partout.
04:59 Dans les grandes villes justement,
05:01 il y a la pharmacie de garde.
05:03 Vous parliez de diversification justement Bruno Galland,
05:06 on a l'impression que ça devient une super officine de la téléconsultation,
05:09 on peut faire des vaccins, des tests Covid aujourd'hui,
05:12 maintenant voilà, ces petites pathologies,
05:14 on peut délivrer des médicaments.
05:15 Est-ce que ça c'est une aubaine pour la profession,
05:17 ou est-ce qu'on devient aussi des aides-soignants quelque part ?
05:21 Alors c'est un virage dans la profession.
05:24 Je pense que c'est une aubaine,
05:26 parce qu'on est tous professionnels de santé,
05:29 donc effectivement, il y a la délivrance,
05:31 il y a le contrôle de l'ordonnance,
05:32 donc la délivrance en toute sécurité,
05:34 mais on est aussi professionnels de santé
05:37 pour faire de la prévention par exemple.
05:38 Donc je pense que vraiment la pharmacie est un lieu de prévention.
05:41 Premier rempart en fait.
05:43 D'ailleurs on fait partie au niveau de l'agence de santé
05:46 du pôle de premier recours.
05:47 Donc nous sommes vraiment le premier recours.
05:49 Il est 7h52 sur France Bleu,
05:52 aussi on l'a invité ce matin, Bruno Galland,
05:54 président général de l'Ordre des pharmaciens avec vous,
05:56 Mélanie Juvé.
05:57 Alors il y a les biologistes notamment
05:59 qui ne sont pas très contents sur une de vos diversifications.
06:03 Le gouvernement est sur le point de faire passer un décret
06:05 qui vous permettrait de faire passer des tests
06:07 de dépistage de la syphilis.
06:09 Les biologistes disent que ces tests ne sont pas assez fiables.
06:12 Quelle est votre position vous justement ?
06:15 Alors je comprends tout à fait nos collègues biologistes.
06:19 Pour le moment, on peut réaliser des tests,
06:22 qu'on appelle des trônes,
06:24 des tests de rapide d'orientation pour la cystite ou pour l'angine.
06:27 Alors effectivement, on veut l'éteindre,
06:29 mais bon, il ne faut pas non plus aller trop vite.
06:32 Donc je crois que d'abord, réalisons cela.
06:36 Parce que là, à l'heure actuelle, il faut savoir qu'on peut réaliser ces tests,
06:40 mais au-delà, on ne peut pas donner le traitement.
06:42 Pour la syphilis par exemple ?
06:44 Non, pour l'angine ou la cystite.
06:46 Pour l'angine et la cystite, oui.
06:47 Donc on va les détecter.
06:48 Voilà, c'est une angine bactérienne, c'est une angine virale.
06:51 Une fois qu'on a fait le test, il faut qu'on renvoie chez le médecin.
06:55 Donc d'abord, donnons-nous la possibilité d'aller jusqu'au bout.
07:00 C'est-à-dire qu'on fait les tests et après, si nécessaire, on peut donner le traitement.
07:04 Donc là, on aura eu vraiment une efficacité.
07:06 Et ensuite, étendons-le, mais c'est vrai qu'il ne faut pas partir non plus dans tous les sens.
07:11 Donnons le traitement, mais si le traitement n'est pas disponible,
07:14 on parle de pénurie des médicaments, il y en a encore.
07:17 On en est où dans les PO ?
07:19 Voilà, ça c'est un autre problème.
07:21 La pénurie continue.
07:23 Donc tous les jours, on est confronté à ce problème
07:27 de devoir trouver des médicaments.
07:29 Des antibiotiques, par exemple, c'est quoi qui est le plus concerné ?
07:31 Alors, des antibiotiques, c'est très variable.
07:35 Donc vous avez la moxiciline qui revient, puis de nouveau qui est en rupture.
07:40 Antibiotiques à large spectre.
07:42 Il n'y a pas que les antibiotiques.
07:44 Tout est touché, même les antirejets.
07:47 Et ça, c'est vraiment un réel problème.
07:50 Les patients ne comprennent pas non plus comment ils ne peuvent pas avoir leur traitement.
07:56 Les pharmaciens passent à moyenne 6 à 8 heures par semaine
08:00 pour trouver un équivalent, un médecin,
08:04 pour pouvoir modifier l'ordonnance.
08:06 6 à 8 heures par semaine, justement, pour trouver des équivalents.
08:08 On passe 8 heures au téléphone, soit avec des confrères pour savoir s'ils ont les médicaments,
08:16 soit avec les médecins.
08:18 Et pourquoi on en est arrivé à cette situation-là ?
08:21 Alors, il y a plusieurs réponses.
08:24 Je pense que la première, c'est financier.
08:27 Il y a un problème.
08:29 On parle de médicaments qui sont des médicaments anciens,
08:33 donc qui ne sont pas très chers.
08:35 Il y a des pays qui achètent peut-être plus cher nos médicaments.
08:38 C'est une première raison.
08:39 Ensuite, il y a eu la délocalisation.
08:41 Le paracétamol, par exemple, il était fabriqué en France,
08:43 maintenant il est fabriqué en Chine ou en Inde.
08:45 Alors vous avez cette distance aussi.
08:48 Vous avez la Chine qui se soigne beaucoup plus.
08:51 Donc il y a ce problème de fabrication.
08:55 On veut relocaliser.
08:56 Bon, ça c'est très bien, mais on ne va pas le faire de suite.
08:58 Est-ce qu'on peut revenir à une dernière question rapide ?
09:00 Est-ce qu'un retour à l'anormal est prévu dans ces prochains mois
09:02 pour justement les ruptures de stock de médicaments ?
09:05 Alors non, je ne peux pas dire qu'un retour à l'anormal est prévu,
09:08 parce qu'on n'a aucune vue à moyen terme sur le retour des médicaments.
09:15 Donc c'est afflux tendu au jour le jour.
09:17 Merci Bruno Galland, pharmacien à Palau d'Elvidre, maire de la commune
09:21 et également président régional de l'Ordre des pharmaciens.
09:23 Merci d'avoir été notre invité ce matin sur France Bleu Roussillon.