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00:00 Car ils ont été bloqués plusieurs jours dans leur camion.
00:02 Raison du mouvement des agriculteurs, les transporteurs routiers lancent un appel à l'aide au gouvernement.
00:07 Aujourd'hui, livraison retardée, commandes annulées, les entreprises du secteur annoncent des trous dans la trésorerie.
00:12 Et notre invité ce matin, Noureddine Zianne, patron de l'entreprise de transport MTS à Bassens.
00:17 Il est également président de la Fédération Nationale des Transports Routiers d'Aquitaine.
00:21 Marie Roach.
00:22 Bonjour Noureddine Zianne.
00:23 Bonjour.
00:23 Est-ce que vous avez déjà une idée de l'impact qu'a pu avoir le mouvement des agriculteurs sur votre filière, sur votre profession ?
00:30 Alors on n'a pas tout à fait des chiffres clairs, mais on estime à peu près entre 5 et 6 000 euros par jour de surcoût.
00:38 Alors pas de perte de chiffre d'affaires, mais c'est surtout un surcoût lié aux kilomètres, aux autoroutes, au temps de service des conducteurs.
00:44 Oui, puisqu'il a fallu sortir des autoroutes évidemment pour éviter les blocages, continuer la route.
00:49 Il y a eu des retards, des pénalités. Comment ça se passe dans ces cas-là pour un chauffeur routier ?
00:54 Alors déjà c'est un gros travail et on félicite nos conducteurs, nos exploitants, parce qu'il a fallu quasiment heure par heure, jour par jour, refaire les itinéraires de transport, de voyage.
01:05 Donc les conducteurs ont dû passer par des routes soit non pratiquables pour des poids lourds,
01:11 soit prendre des trajets autoroutiers qui avant étaient faits par de la Nationale.
01:14 Par exemple pour aller à Paris, vous prenez l'axe Bordeaux-Poitiers par Angoulême.
01:19 Et pas par la 10. Donc un surcoût, comme je disais, d'à peu près 5 à 6 000 euros par jour et des temps de service.
01:24 On avait des conducteurs qui ont forcément, même ne pouvant pas s'arrêter au milieu de l'autoroute, ont dû dépasser un peu leur temps de service.
01:30 Et aujourd'hui, vous demandez un coup de main à l'État ?
01:34 Oui, il va falloir que quelqu'un nous aide financièrement parce qu'on est déjà dans une situation difficile depuis 2022 avec une augmentation des coûts de plus de 20%.
01:43 La profession n'a répercuté qu'à peu près 10% en moyenne.
01:46 Donc on est en situation tellement difficile qu'on ne pourra pas s'en sortir seul.
01:50 Ça a été quoi ? Une goutte d'eau en fait ? C'est venu aggraver une situation qui était déjà difficile ?
01:54 Tout à fait. On a eu un épisode neigeux. Quand on a des épisodes neigeux, c'est pareil.
01:57 On a soit des véhicules qui ne tournent pas, soit des véhicules bloqués.
02:01 Donc cette fatigue qui s'accumule avec 14 jours de blocage, c'est un peu la goutte d'eau.
02:06 Est-ce que vous avez été tenté peut-être de rejoindre les agriculteurs ?
02:09 De vous aussi sortir dans la rue, bloquer des routes pour vous faire entendre ?
02:13 Aujourd'hui ce n'est pas le cas, sauf qu'on a discuté, on a fait notre conseil pro avec les confrères vendredi.
02:20 On a quand même des transporteurs qui sont dans une situation assez difficile, dont un gros qui est en RJ.
02:27 Et ça c'est un mauvais signal.
02:30 Donc la situation est vraiment...
02:32 Oui, de plus en plus on a quelques gros transporteurs qui ne vont pas bien du tout.
02:36 Et cette accumulation est forcément le moral et au plus bas chez certains.
02:41 D'où viennent ces problèmes ?
02:44 Quelles sont les sources des problèmes actuels de votre filière ?
02:48 On est confronté un peu à la même chose que subissent les agriculteurs.
02:52 C'est-à-dire qu'on a une concurrence internationale qui n'a pas les mêmes règles que nous.
02:56 En termes socials, les salaires sont plus importants en France.
02:59 La fiscalité est beaucoup plus importante aussi en France.
03:01 Donc on se retrouve avec des transporteurs étrangers qui traversent la France.
03:05 Des donneurs d'ordre français qui font appel à eux.
03:08 Et donc qui créent une distorsion dans le marché.
03:11 Et qui fait qu'on est obligé de baisser nos prix si on veut garder nos activités.
03:14 Ou carrément de les perdre parce qu'on est plus compétitif.
03:17 On a demandé à nos auditeurs Nord et Indiennes s'ils pensaient qu'on en faisait trop pour les agriculteurs.
03:23 L'État en tout cas en faisait trop pour les agriculteurs au détriment d'autres professions.
03:27 Et ça a fait réagir sur notre page Facebook.
03:29 Comme Laurent qui nous dit, on n'en fait pas trop pour les agriculteurs.
03:32 Mais pas assez pour les autres professions et travailleurs qui croulent sous les taxes.
03:35 Par contre, on ne taxe pas les produits financiers.
03:38 On a Charles qui dit, ils se battent les agriculteurs.
03:40 Ils ont des avancées, tant mieux les autres corps de métier.
03:42 Donc qu'à en faire autant finalement.
03:44 - Vous estimez que l'État doit vous accompagner.
03:47 Vous aussi à la même hauteur peut-être que les agriculteurs aujourd'hui ?
03:51 - Oui dans la mesure où on fait des efforts.
03:54 Les entreprises de transport ont accompagné le gouvernement, les collectivités.
03:58 Dans tout ce qui est environnemental, le respect des normes et du social pour nos collaborateurs.
04:07 Ils ont eu une augmentation de quasiment 20% de salaire en l'espace de même pas deux ans.
04:11 Donc oui, on a besoin d'être aidés puisqu'on subit une concurrence,
04:15 je ne dirais pas déloyale, mais européenne qui est non harmonisée.
04:18 - Les transporteurs routiers demandent l'aide au gouvernement.
04:21 Aujourd'hui, Noredine Ziane, patron de l'entreprise de transport MTS à Bassens.
04:24 Également président de la Fédération Nationale des Transports routiers d'Aquitaine est notre invitée ce matin.
04:29 - On entend ce matin sur France Bleu Gironde, Nicolas Guyamier,
04:32 qui dirige un groupe qui porte son nom du côté d'Ambès chez nous.
04:36 Il dit qu'il ne faut pas attendre que 30 ou 40% des entreprises de transport routier
04:41 aient disparu dans quelques années.
04:42 Est-ce que la crise dans le secteur est si importante que ça ?
04:45 - Oui, parce qu'on est un métier avec des faibles marges.
04:48 Dès qu'on est confronté à une situation comme celle-ci, assez inédite,
04:51 avec des fortes augmentations, ça va très vite dans notre métier pour descendre.
04:56 Il a certainement raison.
04:58 On se laisse le temps de réfléchir, de faire un peu le point sur ce qui s'est passé.
05:02 Mais effectivement, il va y avoir des demandes à prononcer.
05:06 - Et peut-être des actions ? Vous sentez une colère qui est naissante ou en tout cas existante ?
05:11 - Pour l'instant, ce n'est pas prévu, mais on n'exclut pas que selon la situation de chacun,
05:17 un mouvement se fasse grandir.
05:19 - Vous évoquiez tout à l'heure les exigences environnementales.
05:22 C'est important, surtout dans un secteur routier.
05:25 Dans le futur, vous devrez passer à l'électrique ?
05:29 Vous aussi, tous les véhicules devront passer à l'électrique ?
05:31 C'est d'énormes investissements pour les camions.
05:33 C'est même une incertitude sur les modèles, puisqu'il y en a très peu.
05:36 C'est aussi une grosse source d'inquiétude pour un avenir qui n'est pas si lointain ?
05:39 - C'est une source d'inquiétude.
05:41 Pour deux choses, vous l'avez dit, le prix des véhicules est énorme.
05:44 Je crois que c'est trois fois le prix d'un véhicule thermique.
05:47 On ne pourra pas passer avec tous en véhicule électrique,
05:50 parce qu'en termes de consommation d'énergie, d'approvisionnement, d'autonomie,
05:55 il faudrait un mix.
05:57 Mais ce qu'il faut surtout, c'est que le gouvernement nous donne une ligne directrice.
06:01 Et qu'on se dise "on va aller vers ça pendant 15-20 ans".
06:04 Pas comme avec le GNC, où on s'est dit "allons vers le GNC, c'est écologique".
06:08 Et quand les prix ont été multipliés par 5,
06:10 le gouvernement n'a pas aidé les transporteurs, il n'a rien dit.
06:13 Donc il faut qu'on sache un peu où on va pour pouvoir maîtriser nos investissements
06:17 et en discuter avec les clients.
06:19 - Vous n'avez pas de perspective sur le long terme,
06:21 sur le modèle qu'on va vous imposer finalement ?
06:24 - Non, aujourd'hui il y a plusieurs carburants, il y a le B100, il y a le HVO,
06:28 l'hydrogène qui est dans les prémices, l'électrique.
06:31 On nous dit qu'il n'y a pas d'autonomie et que les bornes de charge,
06:34 ça sera très compliqué d'en avoir.
06:36 Imaginez en hiver, s'il faut charger 1000 kW de batterie,
06:39 ça sera quasiment impossible avec ce qu'on entend ces derniers mois.
06:43 Donc non, il nous faut un peu plus de lignes directrices.