INFO BFMTV-Mediapart. Un agent de la Direction générale de la Sécurité intérieure, la très prestigieuse DGSI, a été condamné à trois ans de prison en 2022 pour détournement de fonds publics. Il aurait accumulé près de 100.000 euros entre 2009 et 2016.
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00:00 - ...information BFM TV, ce sont des révélations de notre chaîne et de Mediapart ce matin. Bonjour Stéphane Sélamy. - Bonjour.
00:05 - Grand reporter police-justice ici à BFM. Stéphane, on parle donc ce matin avec vous
00:11 d'un ripoux au cœur même des services de renseignement français, au cœur de la DGSI, le service de renseignement intérieur.
00:19 Un agent, un espion, qui a donc été condamné pour avoir détourné l'argent, l'argent qui était normalement destiné aux indics de la DGSI.
00:28 Comment est-ce qu'il a opéré ? - Assez simplement, puisque lui était chargé justement de gérer ces indics,
00:32 et là en l'occurrence on a affaire à des pirates informatiques, qui eux étaient missionnés ensuite pour aller s'introduire dans des sites djihadistes.
00:39 Donc lui, qu'est-ce qu'il faisait ? Il avait de l'argent à disposition qu'il devait ramener pour payer ses sources.
00:44 C'est de l'argent liquide, donc au passage il en prélevait une partie pour lui.
00:48 - Combien il a détourné ? - On estime environ cette somme à 100 000 euros, mais c'est déjà quand même assez important,
00:56 en sachant qu'à une certaine période la DGSI ne disposait pas forcément d'énormément de fonds.
01:01 Là on parle quand même d'un détournement de fonds publics, ce sont des faits assez graves.
01:05 Et la période est comprise entre les années 2009 et 2016.
01:08 - 100 000 euros, mais cet argent-là, il l'a fait fructifier. - C'est ça, c'est l'histoire un peu dans l'histoire.
01:14 Il ne s'est pas juste contenté de détourner de l'argent, il l'a fait fructifier.
01:17 Ce magot récupéré de manière illégale, il s'en est servi pour miner de la crypto-monnaie,
01:23 c'est-à-dire pour gérer les transactions en crypto-monnaie, en bitcoin, et lui aussi en récupérer au passage.
01:30 Ce petit manège-là, on estime que ça lui a rapporté plus d'un million d'euros en monnaie virtuelle, c'est quand même assez colossal.
01:37 - C'est colossal, et effectivement Stéphane, on parlera de ce qui s'est passé pour les autres agents de la DGSI,
01:44 parce que ce n'est pas le seul qui a été mêlé à cette affaire, et d'autres ont été mêlés bien malgré eux.
01:50 Mais il y a une chose qui m'interpelle, cet agent-là dont vous nous révélez la condamnation,
01:55 cette condamnation date de 2022, pourquoi est-ce qu'on n'en parle que ce matin ?
01:58 - Alors, c'est condamnation en 2022, mais attention, dans des conditions on va dire un peu particulières,
02:02 c'est-à-dire qu'il n'a pas été jugé lors d'une audience publique, il a choisi le plaidé coupable.
02:07 Il a reconnu les faits, il est passé devant un magistrat, le procureur de la République de Nanterre d'ailleurs,
02:13 dans les Hauts-de-Seine, et donc ce dernier lui a proposé une peine.
02:16 La peine c'est trois ans de prison, dont six mois fermes, puisqu'il faut savoir que dans cette affaire,
02:21 après sa mise en examen, il a purgé six mois de détention provisoire.
02:24 Donc tout ça s'est fait un peu en catimini, on a lavé notre linge sale un peu en famille,
02:28 c'est comme ça qu'on peut le dire.
02:29 Donc voilà comment ça s'est passé pour lui, c'est cette condamnation à trois ans de prison,
02:34 donc avec six mois de prison ferme.
02:37 - Alors on le disait, il y a une onde de choc qui s'est répandue,
02:39 parce qu'il y a d'autres agents qui ont été d'une certaine manière mis à pied après cette affaire-là.
02:44 - Oui, et après enquête, ces agents n'avaient rien à voir.
02:47 Le malheur qu'ils ont eu finalement, c'est d'avoir travaillé aux côtés de ce brilladier d'ailleurs,
02:52 de 52 ans aujourd'hui, qui a été radié évidemment des rangs de la police,
02:56 puisqu'il a une interdiction définitive d'exercer le métier de policier.
03:00 Donc leur malheur, ça a été de travailler à ses côtés.
03:02 Eux aussi ont été placés en garde à vue au moment de la découverte de ces faits,
03:06 entendus, et puis finalement ils n'ont pas fait l'objet de poursuites.
03:09 En revanche, la DGSI a décidé de faire table rase,
03:12 c'est-à-dire qu'ils ont été déshabilités.
03:15 - On ne prend pas de risque ?
03:16 - Ah non, aucun risque. Ils ont perdu l'habilitation secret défense,
03:19 qui est absolument nécessaire pour pouvoir travailler dans un service de renseignement.
03:23 Et ensuite, ils ont été poussés vers la sortie.