• il y a 9 mois
Où en est la mobilisation des agriculteurs en Conflent ? Soutiennent-ils les agriculteurs catalans ? Alexandre Torra, président du syndicat des porcs fermiers dans les Pyrénées-Orientales était l'invité de France Bleu Roussillon ce mercredi.

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Transcription
00:00 On l'entend, les agriculteurs sud-catalans toujours mobilisés pour de meilleurs revenus,
00:10 pour plus d'aide face à la sécheresse qui les touche aussi de plein fouet.
00:14 Et chez nous, dans les Pyrénées-Orientales, stop ou encore ? Il y a eu des mobilisations
00:18 ces derniers jours, notamment le week-end dernier, en conflant.
00:21 On en parle avec votre invité, Mélanie Juvé, c'est le président du syndicat des porcs
00:24 fermiers dans les Pyrénées-Orientales.
00:26 Bonjour Alexandre Thora.
00:27 Bonjour.
00:28 Vous êtes éleveur de cochons en liberté du côté de Deus, en conflant.
00:31 Vous avez vu les images peut-être des agriculteurs catalans qui bloquent la P7 ces derniers jours.
00:37 Est-ce que vous les soutenez ?
00:38 Vous savez, je crois qu'on se soutient tous.
00:41 On attendait justement qu'ils se mobilisent.
00:45 Mais si on regarde bien, c'est une grosse partie de l'Europe qui est en train de se
00:49 mobiliser.
00:50 Vous avez les mêmes revendications ?
00:52 En général, je crois que tout se recentre autour de la sécheresse et du revenu de l'agriculteur.
01:00 Donc oui, effectivement, les revendications se rejoignent.
01:04 Eux dénoncent une concurrence zéloïale, notamment du Maroc.
01:08 Vous, vous dénoncez quelque part une concurrence zéloïale de la part de l'Espagne.
01:12 Est-ce que justement, il n'y a pas un conflit entre la mobilisation française et espagnole ?
01:17 Effectivement, il y a un conflit.
01:20 La concurrence alliée, elle est avérée.
01:23 Après, c'est sur le marché national et international que ça va se gérer.
01:32 Aujourd'hui, je crois que ce qu'il faut qu'on traite en priorité, c'est nos enjeux
01:34 départementaux du département qui est vraiment dans une situation très critique.
01:40 Il faut savoir qu'on a passé deux ans de gel et dans la foulée, deux ans de sécheresse.
01:45 On attaque la troisième année.
01:47 Donc, on ne sait pas trop où c'est qu'on va arriver.
01:51 Est-ce que justement, vous allez évoquer ces questions-là en préfecture ?
01:56 Ce matin, vous avez une réunion pour parler notamment du million d'euros promis par Marc Fesneau,
02:00 le ministre de l'Agriculture, vendredi dernier.
02:03 Est-ce que vous allez demander des choses spécifiques ?
02:06 Disons qu'effectivement, il y a un million d'euros qui a été une enveloppe pour l'élevage.
02:12 On a réunion ce matin pour voir comment ça va être distribué.
02:17 C'est uniquement pour les éleveurs des P&O des Pérennées-Orientales ?
02:21 C'est un million d'euros pour l'élevage, pour la filière élevage et pour les P&O.
02:26 Un million d'euros, ça peut paraître un gros chiffre, mais au final, quand on va finaliser,
02:32 je suis sûr que ça ne fera peut-être pas grand-chose pour chacun.
02:35 Le but de la réunion de ce matin, c'est d'essayer d'avoir une rémunération équitable pour tout le monde.
02:41 Que tout le monde puisse être servi surtout, et que celui qui en a besoin puisse en bénéficier.
02:48 Et il n'y en a pas qui sont prioritaires ? Les éleveurs de Cerdagne, les éleveurs cerdans notamment,
02:52 qui ont des problèmes sur l'indemnisation des pertes de fourrage.
02:55 Est-ce qu'ils ne doivent pas passer en priorité sur cette enveloppe de un million d'euros ?
02:59 Écoutez, aujourd'hui, je n'ai pas envie de dire qu'il y a une priorité sur les uns ou sur les autres.
03:03 Effectivement, ils ont eu une grosse perte sur le fourrage.
03:07 Toute la filière volaille et porc a pris une augmentation énorme sur la céréale avec la crise en Ukraine.
03:15 Ces élevages-là ont été mis à mal depuis deux ans.
03:20 Donc votre exploitation ?
03:22 La nôtre en particulier, mais toutes les autres. La filière volaille est impactée aussi.
03:28 Il faut savoir qu'en filière porc, on a perdu cinq éleveurs en deux ans.
03:32 Dans les PO ?
03:33 Est-ce que ça va continuer ? Est-ce que la filière porc va disparaître ?
03:38 Mais est-ce que la filière volaille va disparaître ?
03:40 Et est-ce qu'au final, les bovins et toute la filière élevage de montagne va disparaître aussi ?
03:45 C'est ça qu'il faut se poser comme question.
03:47 Vous dites qu'il n'y a pas justement d'échelle de la gravité.
03:51 Tout le monde est au même niveau aujourd'hui.
03:53 Tout le monde doit justement avoir les rémunérations.
03:57 On est tous dans le rouge.
03:59 On est tous dans le rouge, que ce soit sur l'arboriculture, en conflans, où ils ont pris deux ans de gel.
04:05 Ça a été une catastrophe.
04:07 Derrière, on se paye de la sécheresse.
04:09 La sécheresse, toute la plaine a été impactée par la sécheresse.
04:12 Le conflans par la sécheresse, la montagne...
04:14 Donc en fait, c'est le département qui est en crise.
04:17 Et je crois qu'on est l'un des seuls départements dans cette situation-là en France.
04:21 Il est 7h52 sur France Bleu Roussillon, Mélanie Juvé,
04:24 notre invité Alexandre Thora, éleveur de cochons en liberté en conflans.
04:28 Vous dites justement que ce département a des problématiques spécifiques.
04:31 Est-ce que vous avez eu l'impression que lors des différentes annonces,
04:35 lors des différentes salves de mesures annoncées par le gouvernement,
04:38 les spécificités du département n'étaient pas assez prises en compte ?
04:42 Vous êtes un peu oublié ?
04:45 On pourrait croire qu'on est oublié.
04:48 Il faut quand même reconnaître qu'on a un million d'euros pour l'élevage.
04:53 Il y a des mesures qui ont été prises pour la Vity.
04:56 L'arbreau et le maraîchage ont eu certaines choses, c'est peut-être pas assez.
05:01 Ce qu'on est sûr et certain, c'est que toutes les mesures qui ont été prises ne seront pas suffisantes.
05:05 Ça c'est une certitude.
05:07 Alors on va regarder, on va décrypter toutes les annonces qui ont été faites,
05:11 on va ventiler, et une fois que ce sera ventilé, on dira ce qui manque.
05:15 Qu'est-ce qu'il faut de plus, Alexandre Thora ?
05:17 Aujourd'hui, ce qu'on demande, c'est une gestion de l'eau équitable
05:22 et une rémunération à l'agriculteur qui soit saine.
05:26 Vous voulez quelque chose qui change votre vie à long terme ?
05:30 Vous ne voulez pas des mesures, on va dire des rustines, pour pallier à la situation d'urgence ?
05:35 Ce qu'on veut, c'est pouvoir vivre sainement.
05:37 Pas avec des revenus, ou pas se payer pendant des mois et des mois.
05:41 Il y a plusieurs mesures qui sont prises,
05:44 mais aujourd'hui, ce qu'on fait, c'est qu'on se met tous autour de la table.
05:48 Et je crois qu'on a eu une chance, c'est d'avoir un préfet qui est arrivé récemment,
05:53 mais qui n'était pas très loin de chez nous, puisqu'il était dans l'Ordre,
05:55 donc nos problématiques, il les connaît, il les a suivis,
05:58 et il est totalement prêt à nous entendre et à trouver des solutions.
06:02 Donc, je crois qu'il ne faut pas s'emballer, il faut vraiment activer,
06:06 aller vite, se mettre tous autour d'une table et trouver des solutions
06:10 qui soient pérennes pour l'ensemble du département et des agriculteurs.
06:14 - Alors, pour justement débloquer de nouvelles mesures, il y a la mobilisation.
06:19 Vous vous êtes mobilisé, notamment la semaine dernière,
06:22 avec plusieurs jours d'affilée de barrages filtrants au rond-point de Villefranche de Conflans.
06:27 Il n'y avait pas de bannière syndicale,
06:29 il y avait 200 agriculteurs de différents secteurs,
06:33 notamment de production, qui étaient mobilisés pour se relayer sur ce rond-point.
06:37 Hier, un tractage au marché de Prades.
06:39 C'est compliqué de tenir sur la durée,
06:41 mais est-ce que vous envisagez d'autres actions en Conflans ?
06:45 - Écoutez, d'autres actions, certainement.
06:48 Pour l'instant, comme je vous le disais tout à l'heure,
06:50 ce qu'il faut voir, c'est ce qui a été donné,
06:52 décrypter les textes et voir exactement ce qui va en ressortir.
06:56 - Donc, le mouvement est en pause pour l'instant ?
06:58 - Pour l'instant, le mouvement est en pause.
06:59 On ne peut pas continuer à bloquer une route en rond-point
07:04 tant qu'on n'a pas décrypté.
07:06 Il faut savoir exactement ce qui nous revient.
07:08 On sait que ça ne suffira pas.
07:10 Aujourd'hui, notre axe principal, c'est l'eau.
07:13 L'eau et la rémunération des agriculteurs.
07:16 - Et l'eau, ça ne pourra se débloquer qu'au niveau local ?
07:19 - L'eau, c'est une gestion locale.
07:22 C'est avec les services de la préfecture, de la DGM,
07:25 la Chambre agriculteure, et je peux vous assurer que tout le monde est sur le pont.
07:28 La Chambre agriculteure, tous les techniciens se sont mobilisés depuis des mois et des mois.
07:32 - Alexandre Thoraz, si vous n'êtes pas entendu, notamment sur la gestion de l'eau,
07:35 est-ce que vous pourriez bloquer les stations de ski
07:37 pour les vacances de février qui arrivent dans trois jours ?
07:39 - Alors, vous savez, le sujet des stations de ski,
07:42 c'est, j'ai envie de vous dire, oui, on tire sur les stations de ski.
07:46 Mais est-ce que c'est réellement la bonne cible ?
07:48 Parce qu'il faut savoir que les stations de ski,
07:50 effectivement, ils pompent de l'eau pour les canons à neige,
07:53 mais ils ont fait énormément d'efforts sur la gestion de l'eau.
07:56 Ils ont changé leurs canons à neige pour avoir des canons à neige
08:00 qui consomment beaucoup moins d'eau.
08:02 Et puis finalement...
08:03 - Donc, vous soutenez justement l'économie des stations de ski,
08:06 et pour vous, ce n'est pas une bonne idée de les bloquer ?
08:08 - En fait, l'économie des stations de ski, c'est aussi la nôtre.
08:11 Il faut savoir qu'après les stations de ski, après la saison hivernale,
08:14 nos bêtes, les bêtes vont en estiveau où ?
08:18 Sur les stations de ski.
08:19 - En montagne.
08:20 - En montagne.
08:21 Sur les tables des restaurants, il y a quoi ?
08:23 Il y a des produits de producteurs.
08:25 Je ne sais pas si...
08:27 Pour ne pas la nommer, mais la ferme du Rialet à la Diagon,
08:31 si on commence à leur expliquer qu'on arrête les stations de ski
08:34 et toute l'économie d'hiver,
08:36 qu'est-ce qu'ils vont faire ? Ils vont fermer aussi.
08:38 Donc en fait, c'est quoi ?
08:39 C'est tout un tissu social qu'on va mettre à mal.
08:42 - Donc, pas une bonne idée selon vous, justement,
08:44 de bloquer les stations de ski pour les vacances de février.
08:47 Et peut-être un mouvement qui reprendra,
08:49 après analyse des mesures qui ont été annoncées.
08:52 Merci Alexandre Thora.
08:53 Vous êtes donc le président du syndicat des porcs fermiers
08:56 dans les Pyrénées-Orientales.
08:57 Bonne journée à vous.

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