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00:00 - Anouchka et Alain Delon, bonsoir. - Bonsoir.
00:04 Père et fille ensemble dans une journée ordinaire, l'histoire d'un père qui doit se résoudre à voir sa fille quitter la maison.
00:12 Alain Delon, jouer avec sa fille, on imagine, fierté ?
00:16 Fierté, oui. Fierté, c'est la moindre des choses, mais bonheur.
00:20 Parce que jouer, que je l'ai déjà dit, mais jouer avec...
00:23 Quand on fait la carrière que j'ai derrière moi, et jouer avec sa fille de 20 ans sur scène,
00:28 c'est le bonheur absolu, c'est la plus belle chose au monde.
00:31 On peut s'arrêter après, croyez-moi.
00:33 Fierté, amour sur scène, vous avez une manière de vous toucher, de vous embrasser qui est...
00:37 Je voudrais te rappeler que c'est une pièce que j'ai commandée à Eric Assous.
00:41 Spécialement, j'ai dit "écris-moi une pièce pour ma fille et moi".
00:45 Un père, on a discuté un peu, "il faut qu'il se passe ça", etc.
00:48 Donc c'est un peu autobiographique aussi, mais c'est une commande particulière.
00:51 J'ai dit "fais-moi une pièce pour ma fille et moi". Et c'est ce qu'il a fait.
00:55 Anouchka, jouer avec Alain Delon, c'est comment ?
00:58 C'est extraordinaire. Parce que je connaissais déjà le père, mais je ne connaissais pas l'acteur dans le travail.
01:05 Donc je me rends enfin compte de l'acteur qu'il est, de l'immense acteur qu'il est.
01:11 Et du coup, c'est vraiment enrichissant pour une jeune débutante de travailler avec un acteur comme ça.
01:19 Vous vous touchez beaucoup, il y a vraiment quelque chose de fusionnel entre vous, c'est frappant.
01:22 Sur scène, en dehors de scène, après le spectacle, vraiment, vous vous touchez ?
01:26 Dans la vie, comme sur scène, comme les personnages, on est très fusionnels.
01:33 C'est l'amour.
01:34 On est tactiles.
01:36 Est-ce que vous rendez votre père encore meilleur ?
01:38 C'est frappant dans la pièce qu'on oublie un peu le Delon, parfois un peu ombrageux, etc.
01:43 Vous le rendez meilleur ?
01:46 Est-ce que je le rends meilleur ?
01:47 Comme comédien, comme acteur ?
01:49 Meilleur, je ne sais pas, mais je pense qu'on se stimule tous les deux sur scène.
01:53 C'est vrai, on est motivés de jouer l'un avec l'autre, on s'amuse beaucoup ensemble.
01:59 C'est-à-dire que je n'ai pas de limites avec elle, je peux aller n'importe où.
02:03 La pièce n'aurait jamais été la même, comme je l'ai expliqué, si j'avais joué avec une actrice ou si elle avait joué avec un acteur.
02:11 On a une complicité qui est déjà là.
02:12 C'est vraiment son père et sa fille, c'est ça qui est formidable dans la pièce.
02:16 Le Alain Delon de caricature, celui qui parle de lui à la troisième personne, celui qui fait toujours la figure, etc.
02:22 Il disparaît encore plus dans cette pièce-là, Anoushka ?
02:25 Oui, il disparaît encore plus dans cette pièce-là, mais il n'a jamais existé.
02:28 Il n'a jamais existé, c'est vrai ? Il n'est jamais comme ça dans la vie ?
02:31 Non, c'est un mythe autour de l'acteur, comme avec beaucoup d'immenses...
02:35 Non, mais je rappelle d'où ça vient, Éric.
02:37 Quand j'étais à la fois metteur en scène, acteur et producteur, je parlais de Delon,
02:41 "Ecoute, il va faire ça, vous vous occupez pas de lui, je vais le convoquer."
02:44 C'est parti de là.
02:45 On a l'impression quand même que vous êtes particulièrement heureux, vraiment heureux, là, sur scène, avec Anoushka.
02:50 Sur scène, avec elle, c'est de grand bonheur.
02:53 C'est pour ça que je vous dis, on peut s'arrêter après.
02:56 Il peut s'arrêter après, moi je me dirais, j'espère.
02:58 Oui, moi je peux m'arrêter après.
03:01 Faire une tournée avec ma fille, c'est la première tournée, la dernière,
03:05 et je l'ai faite parce que c'est ma fille, une tournée avec ma fille, c'est la plus belle chose au monde.
03:10 Il y a dans le journal "Le Temps" une très belle citation de vous où vous dites,
03:14 "Fille à papa, mais non, il y a bien des bouchers de père en fils,
03:17 pourquoi on ne pourrait pas être comédien, acteur de père en fille ?"
03:20 Oui, c'est ce que je disais, parce que, je veux dire, on a depuis des années, des années,
03:27 des médecins qui font médecin de père en fils, boucher de père en fils,
03:31 et nous, comme c'est un métier public, forcément, on est plus attendus.
03:35 Ils vous admirent, votre père.
03:36 Pendant que vous parliez, à l'image, ils vous observaient, ils vous regardaient, ils vous buvaient des yeux.
03:39 Moi, je suis très dynastique, j'aime les dynasties,
03:42 et cette espèce de petite dynastie qui est en train de naître,
03:46 des Delon, elle, mon fils, mes deux fils, c'est une forme d'immortalité,
03:50 parce que quand je pars, ils seront là, voilà, ils seront toujours présents,
03:53 il y aura toujours Delon quelque part.
03:55 Vous avez des yeux incroyables jusqu'à maintenant, vous avez des yeux verrons,
03:58 c'est comme ça qu'on dit, hein ?
03:59 Oui, verrons.
04:00 Un bleu.
04:01 Et un marron.
04:02 Un de sa mère et un de son père.
04:03 C'est pas mal, hein ?
04:04 Et en génétique aussi ? En caractère ?
04:06 Non, on n'a pas du tout le même caractère.
04:10 On a la même sensibilité, mais ça reste...
04:18 Enfin, non, on est deux personnes très différentes, quand même.
04:21 Est-ce que Delon vous a impressionnées ? Est-ce qu'il est arrivé qu'il vous impressionne, l'acteur ?
04:26 Dans le travail, dans le travail, beaucoup.
04:28 Beaucoup, quand on a commencé à répéter ensemble,
04:32 même quand on joue, il y a des moments où il me surprend,
04:35 il me surprend et je bolie pendant une fraction de seconde,
04:39 j'oublie que je suis dans le personnage, je le regarde jouer,
04:42 c'est quand même vraiment...
04:46 Moi, c'est au-delà de tout ce que j'espérais.
04:49 J'arrive à la voir sur scène, je joue, je lui donne la réplique,
04:53 et en même temps je me dis "mais c'est elle, c'est ma fille, mais c'est pas possible".
04:56 Vous êtes impressionnant, alors, votre compagnon joue,
04:59 votre compagnon aussi dans la pièce, Julien Derance,
05:01 il y a un moment où Alain Delon lui met la main sur la tête,
05:04 comme une grosse patte, comme ça,
05:06 vous êtes physiquement impressionnant sur scène.
05:08 Je me rends pas compte, j'ai jamais vu la pièce, moi, personnellement.
05:13 Quelle leçon il vous a donnée de comédie, de jeu d'acteur, d'actrice ?
05:20 Pas vraiment.
05:21 Non, pas vraiment, en fait.
05:23 Lui, il m'a toujours dit de vivre un rôle et de pas le jouer,
05:29 on se donne pas vraiment de conseils, non, du tout.
05:34 Non, je lui ai expliqué que la différence, c'est ce qu'elle fait, c'est ça qui me fascine,
05:37 c'est que la différence essentielle entre l'acteur et le comédien,
05:40 c'est que le comédien joue et l'acteur vit,
05:44 et elle vit, elle vit son rôle, elle vit ce qu'elle fait, et ça c'est prodigieux.
05:49 Oui, mais bon, après, je me considère pas comme une actrice ou comme une comédienne,
05:53 pour moi, il n'y a pas de...
05:55 Moi, personnellement, je fais pas la différence.
05:57 Pour le moment, mon amour, ça dira.
05:58 Non, mais j'ai fait des cours, c'est un métier aussi.
06:02 Vous disiez, Alain Delon, je crois que c'est Alégret qui vous conseillait ça,
06:05 d'avoir votre propre regard, votre démarche.
06:07 C'est mon premier metteur en scène qui m'a choisi,
06:09 c'était dans un film avec une belle distribution,
06:12 il y avait Ydvich Feuillert, j'en servais, Bernard Blier,
06:14 il m'a dit "écoute Alain, je t'en supplie", je n'avais jamais rien fait,
06:17 il m'a dit "je t'en supplie Alain, rappelle-toi ça, ne joue pas, sois toi,
06:21 parle comme tu parles, regarde comme tu regardes, bouge comme tu bouges,
06:25 s'il te plaît, ne joue pas".
06:28 Et ça a été le début de toute ma carrière.
06:30 C'est la plus belle leçon qu'on ait pu me donner.
06:33 Vous ne cabotinez pas sur scène, et en même temps,
06:36 on a toujours en tête que vous êtes père et fille,
06:38 donc ça rend encore plus touchant.
06:39 Tout le monde, évidemment, peut s'identifier à la scène.
06:42 Même dans le vocabulaire, il y a des mots, à la ville et la scène, qui sont les mêmes.
06:46 Vous avez dit, je crois, que Anoushka était le miracle de votre vie,
06:49 c'est dans la pièce, et c'est un mot que vous utilisez souvent.
06:52 Oui, quand j'aime vraiment, oui, c'est un petit miracle.
06:56 C'est vraiment un petit miracle. Et elle, c'est mon petit miracle.
06:59 Enfant tardif, vous aviez 55 ans.
07:02 Oui, merci de le préciser. J'avais 55 ans quand elle est née, effectivement.
07:07 C'est vrai, c'est dans la pièce, vous le savez, ça c'est tout à fait moi,
07:11 donc je ne veux pas révéler au spectateur, mais c'est moi, lorsque je dis,
07:14 peut-être parce que je t'ai eu tard, à l'âge que j'avais,
07:17 je ne m'attendais pas à ce que tu arrives, et voilà.
07:19 Et tu sais, quand je t'ai appelée, quand tu es née, je t'ai appelée mon petit miracle.
07:22 Il y a quand même beaucoup de ressemblances avec ce qu'on est dans la vie.
07:25 Ah bah oui, Eric, tu connais bien, il la fait vraiment pour nous.
07:28 Mais ça reste quand même une fiction.
07:30 Oui, bien sûr.
07:31 Être la fille d'Alain Delon, c'était compliqué ?
07:34 Ça l'est toujours, hein.
07:36 Ça le sera toujours.
07:38 Qu'est-ce qui est si compliqué ? Quoi, se faire un prénom ?
07:40 Oui, exactement. Essayer de démarrer dans le métier.
07:45 C'est pas facile.
07:46 Les essais qu'on peut parfois avoir plus facilement,
07:50 mais les réalisateurs ou les directeurs de casting qui nous attendent un peu plus durement,
07:55 parce qu'ils s'imaginent qu'on joue mieux,
07:57 parce que d'un coup on a un nom qui est plus important que d'autres.
08:00 Vous avez fait un parcours assez classique, un cours Simon, etc.
08:03 Vous avez tout mis de votre côté, tous les atouts.
08:05 J'ai vraiment essayé de mettre toutes les chances de mon côté, entre guillemets.
08:09 Le côté fille à papa, quand vous étiez enfant,
08:12 on imaginait que vous aviez une vie tout à fait hors norme, etc.
08:15 C'était pesant parfois ?
08:17 Oui, parce que quand on arrive à l'école et que les gens vous disent
08:20 "Ah, t'es arrivé en jet privé à l'école aujourd'hui !"
08:23 C'est pesant, mais c'est avec ce genre de choses qu'on arrive à différencier les vrais amis.
08:30 Il faut vraiment qu'on arrive à bâtir des murs un peu autour de nous
08:35 pour pas se laisser avoir par ce genre de choses.
08:37 Moi je connais une très belle actrice qui joue au théâtre,
08:40 et que je vois souvent, et qui souffre encore.
08:42 Elle a 35-40 ans et qui souffre encore.
08:45 C'est Sarah Schneider, la fille de Romy.
08:49 Biazini.
08:50 Pardon ?
08:51 Biazini.
08:52 Hein ?
08:53 Sarah Biazini.
08:54 Oui, Sarah Schneider, Sarah Biazini.
08:56 Et elle souffre encore, c'est terrible d'être la fille de Romy.
08:59 Et elle est magnifique, mais elle est la fille de Romy Schneider.
09:02 Vous avez l'impression que vous en êtes très bien sortie.
09:04 Vous avez une manière de bouger, d'être insolente parfois, en tout cas à la scène,
09:08 où on sent aucune pression.
09:10 Je l'ai, mais elle se voit pas.
09:13 Sur scène, je me sens...
09:16 Je suis en plein moment de panique, 5 minutes avant, et j'ai la pression,
09:20 mais une fois que j'y suis, je me dis "J'ai vraiment de la chance"
09:23 et j'essaie d'en profiter au maximum.
09:25 Le premier petit ami, on imagine quand on est fille d'Alain Delon,
09:28 ça devait être difficile quand même.
09:31 Ah, j'étais très attentionné, ça c'est sûr.
09:33 C'est lui qui répond avant vous.
09:35 Mais bon, rassurez-vous, c'est pas du tout comme dans la pièce.
09:38 Mais quand même, on imagine forcément, on compare.
09:41 Une jeune femme compare toujours, vous deviez...
09:43 Comment ça s'est passé ?
09:45 Ça s'est très bien passé, mais c'est comme toutes les filles avec tous les pères.
09:50 C'est différent d'un fils qui va présenter sa copine,
09:53 où ça va être plus un rapport de copains ensemble.
09:56 Mais on a toujours une petite pression en présentant son chéri, ça c'est sûr.
10:01 Et c'était comment dans la vraie vie ?
10:03 Les présentations, le premier face à face, on imagine le pauvre jeune homme
10:05 qui s'est trouvé face à vous, Alain Delon ?
10:07 Il avait un problème, parce qu'il est quand même très très bien avec tout le monde.
10:11 Vous dites quand même qu'il avait les chocottes.
10:13 Oui, comme tout le monde quand on rencontre le père de sa fiancée, forcément.
10:17 Non mais, il y a des éléments banals comme ça, mais bon...
10:21 Julien, c'est comme ma fille d'ailleurs, dès qu'un garçon ou une jeune femme,
10:26 de son âge, de leur âge, ne fume pas, ne boit pas, ne se drogue pas,
10:30 c'est déjà un gros gros gros avantage.
10:33 Et une grande tranquillité, tu vois ce que je veux dire.
10:35 Alain Delon, Anouchka Delon, un mot sur la Suisse.
10:38 Vous êtes très lié à la Suisse, Alain Delon, depuis très longtemps, devenu citoyen.
10:42 Je suis tranquille.
10:43 Vous êtes bien ici ?
10:45 Je respire ici, je suis tranquille, je suis détendu.
10:48 Plus qu'ailleurs ?
10:50 J'ai beaucoup de mal à vivre à Paris, parce que j'ai fait toute ma carrière à Paris,
10:53 mais une grande partie de ma vie, et puis Paris, c'est différent.
10:57 Mais c'est vrai que plus qu'ailleurs, je suis très très très très cool ici.
11:01 Vous avez fait l'événement, vous le savez bien, en déclarant dans le matin
11:04 que vous compreniez, que vous poussiez même le grand score du Front National.
11:08 Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe avec le Front National aujourd'hui ?
11:11 Alors on sort du théâtre, quoi.
11:12 Oui, mais qu'est-ce qui fait que vous avez ressenti ça ?
11:15 En deux mots, et je le dirai très sincèrement, j'ai dit que c'était édifiant,
11:18 parce que c'est un sentiment, et c'est ce que ressentent les gens,
11:21 une sorte de ras-le-bol, c'est tout, voilà, ils en ont assez des paroles,
11:25 et passés un peu aux actes, voilà.
11:27 Et c'est pour ça que c'est comme cela.
11:28 Dans quel domaine ? C'est quoi ?
11:29 Le MCG aussi, dans tous les domaines.
11:31 La sécurité, quoi d'autre pour vous ?
11:33 Général, tout, tout, tout. On parle, on parle, on parle, on parle, mais il ne se passe rien.
11:37 Voilà, c'est tout.
11:38 Vous êtes gaulliste à l'origine ?
11:40 Ben oui, j'étais, je le suis toujours, parce qu'on ne meurt pas à gaulliste.
11:44 Je l'ai été, je suis né avec le général, grandi avec le général,
11:47 j'ai rencontré le général, et c'était une autre époque, c'était il y a 50 ans déjà, et voilà, oui.
11:52 Qu'est-ce qui fait qu'un homme pour vous qui était gaulliste,
11:54 dit aujourd'hui, voilà, "Le Pen, je comprends, j'approuve".
11:57 Non, mais Le Pen était déjà là, il y a très longtemps.
11:59 Moi, je connais Jean-Marie personnellement depuis très, très, très longtemps, c'est tout.
12:03 Et c'est une amitié qui vous l'invite ?
12:05 Oui, oui, oui, absolument. Vous savez, j'ai des amis à gauche et à droite.
12:08 Mais là, je veux dire une amitié politique ?
12:10 Pardon ?
12:11 Là, une amitié politique aussi ?
12:12 Non, je ne pense pas que ce soit une amitié politique.
12:13 Non, non, non, non, non. Il le comprend très bien. Il le comprend très bien. Pas du tout.
12:17 Le côté conservateur, certains disent réac, de votre père, ça vous gêne parfois ?
12:22 Ça ne me gêne pas, il a ses points de vue, moi, j'ai les miens.
12:27 On n'est pas de la même génération, pas de la même époque, donc bon, voilà, on n'en discute pas.
12:34 Ah bah si, vous en discutez quand même, non ? Vous n'en parlez pas avec lui ?
12:36 De temps en temps, mais bon, ça reste léger comme discussion.
12:41 Quand on joue ensemble, il vaut mieux être de bonne humeur le soir.
12:44 François Hollande, qu'est-ce qu'il incarne pour vous ? Tous les présidents de la République en France, ça a été des monuments.
12:49 Un de Gaulle, un Mitterrand dans son genre. Hollande, quel moment de la France il incarne, d'après vous ?
12:55 Je ne peux pas vous répondre, je ne préfère pas vous répondre.
12:57 Bon, dites-le, dites-le, sincèrement.
12:59 Non, ça me gêne, non, non.
13:01 Tout ce qu'on peut vous dire, c'est qu'il n'est pas venu voir la pièce encore.
13:04 Vous répondez à la place de votre père, Anoushka Delon.
13:06 Il n'est pas venu voir la pièce encore, j'espère qu'il y en a.
13:08 Anoushka Delon, quand vous regardez le parcours de votre père, il y a un moment où vous dites, vous avez vu les films, tous ?
13:15 Pas tous, non, je n'ai pas eu l'occasion de tous les voir, j'en ai vu beaucoup.
13:19 Elle est trop jeune pour voir certains films, maintenant, elle peut les voir tous.
13:21 Plein Soleil.
13:22 Ah, mais ça, c'est un classique.
13:23 Il était beau.
13:24 Oui, mais il n'était pas juste beau, il était, il est toujours, mais ce qui m'a impressionnée, ce qui m'a frappée dans ce film, c'est vraiment que c'est un acteur, en fait.
13:33 C'est tout dans les mimiques, dans ses gestes, dans comment il se déplace, dans comment il parle, il n'est pas arrivé là par hasard.
13:40 Vous disiez, sa manière de bouger, tout, il est né pour ça.
13:44 Oui, c'est ce qu'on sent, c'est naturel, en fait.
13:47 La beauté, c'est vrai que chez Alain Delon, c'était presque un problème, vous étiez presque trop beau.
13:51 Il y avait ce préjugé, vous étiez presque trop beau.
13:54 Il y a ce préjugé disant que vous ne pouviez que bête en étant si beau.
13:57 Je suis désolé, je m'excuse.
13:59 C'était hier.
14:01 Quand même, combien de femmes ont rêvé d'être avec vous dans un lit ?
14:05 Quand vous les regardez là.
14:06 Ah, c'est bien ce que vous dites là.
14:07 Ah bah oui, vous savez bien.
14:08 J'espère qu'il y en a encore, de temps en temps, moins bien sûr, évidemment, mais il y en a encore certaines.
14:12 Vous vous êtes pris des râteaux, Alain Delon ?
14:13 Des ?
14:14 Des râteaux.
14:15 Bien sûr, j'ai fait des bides.
14:16 Comment c'était un râteau d'Alain Delon ?
14:19 Ah bah oui, j'ai fait des bides.
14:21 J'ai aimé des femmes sans suite, c'est vrai.
14:24 C'est pour vous dire que même Alain Delon ne peut pas toutes les avoir.
14:27 Vous avez été amoureux combien de fois ?
14:30 Oh ça, j'ai pas... Non, vraiment amoureux, non, non pas.
14:34 Pas assez de mains pour...
14:35 Non, si, j'ai été vraiment amoureux très peu de fois.
14:37 3-4 fois, vraiment, vraiment, vraiment.
14:40 Mais mon grand amour, puisque vous cherchez absolument à savoir,
14:45 ça a été à la fois... Romy c'est autre chose, bien sûr,
14:49 mais à la fois Mireille, sa maman, et la maman d'Anthony.
14:56 Il y a beaucoup d'amour dans la pièce,
14:59 beaucoup d'amour dans "Une journée ordinaire",
15:01 les bons, les mauvais côtés.
15:02 Chacun vraiment peut se reconnaître dans une pièce comme ça ?
15:05 Oui, chacun peut se reconnaître parce que c'est ce qui fait l'amour.
15:11 Il y a des bons moments comme des moins bons moments.
15:14 C'est ce que je pense, moi, de ces deux personnages.
15:18 C'est à la fois un père et une fille, mais comme ils ne sont que tous les deux,
15:22 la mère est décédée, c'est vraiment à la fois des amis, un couple,
15:25 ça montre toutes les facettes d'une relation qu'on peut avoir avec ses parents.
15:29 Même les mères et les fils, tout le monde peut se retrouver là-dedans.
15:32 Il y a une très belle phrase de Pascal Jardin sur vous,
15:34 qui parle de vos yeux bleus aciers,
15:36 mais qui dit qu'il y a toujours un peu de larmes qui viennent de l'enfance.
15:39 Les larmes de la petite enfance, oui.
15:41 Vous, vous avez été un enfant...
15:42 Je m'adjuste plus à rien.
15:44 Perdu dans un monde...
15:46 Oui, je ne sais pas, ça ne me vient pas à l'esprit sur le moment.
15:49 Vous avez été un enfant, vous, pas toujours aimé, pas toujours aimé, comme il faut.
15:52 Non, pas très heureux et pas toujours aimé, oui.
15:54 Mais je m'en suis sorti quand même.
15:57 Vous, vous êtes parti loin ? Indochine, militaire ?
16:00 Je suis parti très vite dans l'armée, on a 17 ans en Indochine, oui.
16:03 Parce que je voulais être seul, vivre par moi-même.
16:06 Et c'est ça qui m'a tout donné.
16:09 Vous dites cette chose incroyable, j'ai été heureux là,
16:12 il a fallu attendre d'être en Indochine, à l'armée, pour être heureux.
16:15 Absolument, c'est vrai.
16:18 Comment il faut vous imaginer, avant ça, vous étiez charcutier, hein ?
16:22 Pas du tout, pas du tout.
16:23 Non, chez votre beau-père, chez votre beau-père, vous faisiez ça.
16:25 Chez mon beau-père, oui, c'est ma mère qui est tombée amoureuse du charcutier.
16:28 J'étais petit, je vivais avec ma mère et mon beau-père, qui était charcutier, c'est tout.
16:33 Et puis un jour, j'en avais tellement assez de tout ça, je suis parti dans l'armée.
16:37 Avec l'accord de mes parents.
16:40 Quand vous regardez ce passé, quel sentiment vous avez, Anne-Jusque Adolant ?
16:46 Moi, je me dis qu'il s'en est quand même bien sorti.
16:49 Et qu'il en a vécu des choses, et ça fait de lui, maintenant, l'homme qu'il est aujourd'hui.
16:58 Et ça le rend encore plus... Je l'admire encore plus pour ça.
17:02 Vous avez peur, vous, d'avoir une vie trop facile ?
17:06 Non. Les deux.
17:09 J'ai peur de plein de choses, d'avoir une vie trop facile,
17:13 parfois de galérer peut-être un peu trop aussi, mais j'assume.
17:19 La célébrité, il y a peu de gens comme vous aussi célèbres, aussi longtemps, dans le monde entier.
17:24 Vous allez dans le plus petit village du Japon, à l'Inde-Londres.
17:28 Vous n'avez pas une vie normale depuis quoi, 50 ans ?
17:32 Ben oui, à peu près, oui.
17:34 Bon, mais c'est un choix. Vous savez, pour moi, ça reste et ça restera toujours le plus beau métier du monde.
17:39 Donc il faut assumer, si vous voulez. Il n'y a pas que du beau, il n'y a pas que du bon.
17:43 Mais ça, ce que vous dites, c'est formidable, c'est vrai, effectivement.
17:46 Mais ça confine à une certaine solitude, aussi.
17:49 Mais bon, je l'ai été toute ma vie, donc ce n'est pas nouveau pour moi.
17:52 Et moi, je suis vraiment un solitaire, un grand solitaire.
17:55 Je préfère vivre avec mes bêtes qu'avec les gens, mais ça ne me dérange pas.
17:59 Les bêtes, les chiens, les chats, il y a des scènes incroyables de vous, que vous rapportez avec les oiseaux.
18:04 Vous aviez un petit moineau.
18:06 Oui, les corbeaux, absolument.
18:08 Mais là, avec ça, là...
18:10 Les animaux me sentent, et même beaucoup, et je leur rends plus que ça.
18:14 Et ça, c'est des vrais amours, qui comptent autant que des amours pour des gens.
18:17 Absolument.
18:19 Est-ce que c'est vrai que quand vous mourrez, vous voulez être enterré là, vers vos chiens ?
18:22 Ben si vous me demandez, là, à la télévision, je vais bien vous le dire.
18:25 Oui, dans ma propriété, j'ai un cimetière, j'ai 45 chiens, chiens de toute ma vie.
18:30 Les couples sont ensemble.
18:32 Et au milieu d'eux, de ce cimetière, j'ai fait construire une chapelle,
18:35 très belle chapelle, où il y a 6 places, et où je serai, moi, enterré là.
18:40 Au milieu de mes chiens.
18:42 Après, me rejoindra qui veut.
18:44 Ma fille, sa mère, je ne sais pas.
18:46 Mais je serai enterré là, j'ai les autorisations, tout est fait, tout est prêt.
18:50 Voilà.
18:52 Une vie de famille, importante pour vous, vous le disiez, la dynastie, c'est très important.
18:56 Quand Anthony Delon vous contredit là, par SMS, en disant que vous feriez mieux d'être...
19:01 faire des films que de vous mêler de politique avec le Front National...
19:04 Ah, SMS ? Il ne m'a pas envoyé des SMS, moi.
19:06 Non, mais à la télévision, vous avez entendu ça ?
19:08 Non, on me l'a... Effectivement, oui. Alors ?
19:11 Alors, vous avez une vie de famille assez...
19:13 Je dirais, il ferait mieux de la fermer. Voilà.
19:16 On a une vie de famille, je pense, avec ses hauts et ses bas, comme toutes les familles.
19:21 Et malheureusement, quand on a une famille connue, ça se retrouve dans les journaux.
19:24 On peut dire, mon père prend ce qu'il veut et dit ce qu'il veut, je respecte.
19:26 C'est tout, je ne suis pas forcément d'accord, mais on s'arrête là.
19:30 Beaucoup espèrent vous revoir plus au cinéma.
19:33 Alain Delon, vous citez souvent les mêmes noms de metteurs en scène.
19:36 Parce que je n'en ai pas d'autres. Polanski, Besson, Tarantino qui voulait Johnny too.
19:41 Quel rôle pourrait encore vous faire vibrer ? Vous avez tout joué.
19:44 Quel rôle pourrait encore vous faire vibrer ?
19:47 Vous savez, vous ne pouvez pas le savoir.
19:49 Vous avez une histoire, vous lisez un scénario et vous vibrez.
19:52 C'est comme vous avez rencontré, croisé une femme, vous ne savez pas, et puis vous, vous, vous vibrez.
19:57 Et ben voilà, c'est pareil pour le cinéma.
19:59 Moi, ce que j'aimerais faire, évidemment, c'est plus dans le domaine polar des années 90,
20:04 que je serais le mieux, que j'ai envie de faire.
20:06 Je le dis toujours à mes amis producteurs aujourd'hui, puisque c'est un autre cinéma.
20:10 Le premier qui refait un polar, un vrai polar, il va faire fortune.
20:15 Parce que ça manque.
20:16 Regardez ce qu'on a au cinéma en ce moment.
20:18 Excusez-moi.
20:19 On a quand même des bons films.
20:21 Oui, bon d'accord.
20:22 On vous regarde côte à côte, on se crue de vos deux visages quand même.
20:25 Si vous regardez la caméra, regardez la caméra en face là, parce que vraiment, évidemment, c'est très frappant.
20:30 Il y a beaucoup de ressemblances chez vous, non ?
20:34 J'aimerais bien, oui, je suis heureux.
20:36 On me le dit, moi je le vois moins, mais je suis heureux.
20:39 Elle est tellement belle.
20:41 Vous savez, vous avez une petite fille, elle a 3 ans.
20:45 Attendez, vous allez voir, vous êtes fou d'amour pour votre petite fille, n'ayez pas honte de le dire.
20:51 C'est moi qui pose les questions.
20:52 Oui, non, mais vous avez le droit de le dire, vous êtes fou d'amour.
20:54 Vous aurez 78 ans le 8 novembre.
20:57 Mais qui vous a dit ça ?
20:58 Bah, je lis les journaux.
20:59 Qu'est-ce qu'il faut vous souhaiter ?
21:01 8, 7, 8, 7, 8, non ?
21:03 Ah, 78 je crois, oui, ça me semble.
21:05 Ah, oui, alors ?
21:07 Alors ?
21:08 Qu'est-ce qu'il faut, quoi ?
21:09 Ah bah alors, je sais pas, 78 ans.
21:10 Oui.
21:12 Elle souhaite 78 ans l'amour.
21:15 Qu'est-ce que vous lui souhaitez, Anoushka Delon ?
21:17 L'amour, la santé, surtout, tout, de continuer encore comme ça pendant un paquet d'années.
21:25 Il y a des interviews, Alain Delon, où vous disiez "moi je ne supporterais pas que ma fille me trouve avec une autre dame dans un lit un matin comme ça".
21:32 Ah non, j'ai pas, je m'attendais pas à ça.
21:33 Ça, on écho à votre pièce, c'est compliqué d'avoir de nouvelles liaisons quand on a des enfants.
21:39 Dans la vie, vous voulez dire ?
21:40 Dans votre pièce, déjà, dans une journée particulière, et dans la vie aussi, apparemment, ce que disait Alain Delon.
21:44 C'est compliqué, enfin, pas pour moi, franchement.
21:49 Moi, que mes parents trouvent d'autres personnes avec qui vivre, je suis heureuse pour eux, s'ils sont heureux.
21:54 Pour moi, il n'y a aucun souci.
21:56 On vous verra.
21:57 Une journée particulière, vous êtes...
21:58 Une journée ordinaire.
21:59 Une journée ordinaire, pardon, ah oui, ça c'est le lapsus.
22:01 La fiche est là.
22:02 À Neuchâtel le 25 novembre, le 26 novembre, à Bulle, la tour de Trèmes.
22:05 Vous allez partout, cette vie de comédien, c'est plaisant ?
22:10 Oui, c'est plaisant.
22:11 C'est enrichissant, c'est vibrant.
22:14 Quand on ne joue pas, on s'ennuie.
22:16 Là, entre notre première, il y a trois jours, et notre première à Paris, à côté de Paris, et la première à Genève, on tourne en rond, quoi.
22:27 C'est dingue, quand on ne joue pas, on s'ennuie à mourir.
22:30 C'est vraiment ça.
22:31 Donc oui, c'est que du bonheur de partir sur les routes comme ça.
22:34 Alain Delon et Anouchka Delon.
22:36 Pas oublier qu'on est quatre sur scène, avec Julien Derain, Elisa Servier, qui est une merveilleuse actrice, et Anne Bourgeois, qui est notre très chouette metteur en scène, qui nous a beaucoup aidé dans cette pièce, et qu'on aime beaucoup.
22:53 Je voulais passer mon petit message.
22:54 Toutes les formes d'amour sont représentées dans la pièce, d'amour, de jalousie, de déception.
22:59 L'amour d'un père pour sa fille, comment ça se définit Alain Delon ?
23:02 Ça se définit pas comment ça se définit l'amour d'un père pour sa fille.
23:06 Vous avez une fille, vous le verrez, c'est la femme, comme je l'ai déclaré, je ne l'ai jamais dit "je t'aime" autant de fois qu'à ma fille.
23:15 A personne d'autre.
23:16 Vous le verrez, vous le verrez.
23:18 Merci beaucoup de cet entretien.
23:19 Merci à vous.
23:20 (Générique)