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Témoignage de Gilles Pialoux, professeur de maladies infectieuses à l'hôpital Tenon à Paris, 40 ans après la découverte du Sida.

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Transcription
00:00 Je crois que dès la première rencontre avec le patient,
00:03 je ne pouvais pas dire que 40 ans après, je suis en train de vous expliquer ce qu'on a fait,
00:07 mais on savait que ça s'allait être dévastateur.
00:09 Bonjour, j'ai le pied à l'eau, je suis professeur de maladie infectieuse à l'hôpital Tenon à Paris dans le XXème,
00:15 et puis j'ai d'autres activités, je suis vice-président de la Société Française de lutte contre le sida,
00:19 et aussi rédacteur en chef d'un site qui s'appelle vih.org, qui porte bien son nom.
00:28 Paradoxalement, juin 1983, comme vous le savez, c'est la découverte du virus,
00:31 mais en fait, nous, je suis un clinicien de base, je suis interne, je n'ai pas totalement accès à la science.
00:39 Bien sûr, après, on a besoin de parler, mais surtout, le premier souvenir,
00:43 c'est la compréhension que ça allait être dévastateur pour les personnes atteintes.
00:48 Dès 1984, donc un an après, je suis rentré comme journaliste à Libération,
00:53 et ça m'a permis de rencontrer plus vite des interlocuteurs associatifs.
00:59 Disons que j'ai eu une formation accélérée grâce à ma double casquette,
01:02 à la fois d'être médecin et le soir, d'aller à Libération faire mes articles,
01:05 et à l'époque, je faisais un article sur le sida à peu près tous les 3-4 jours.
01:09 Le sida a bouleversé tout un tas de segments, et pas seulement de la médecine,
01:17 pas seulement du soin, de la politique sanitaire, ça a éclaboussé, si je puis dire,
01:21 mais dans le sens positif du terme, d'autres pathologies.
01:24 Vous ne le savez pas, mais il y a par exemple, quand vous prenez un médicament pour le Covid,
01:29 qui s'appelle le Paxlovid, dedans, il y a une molécule qui est active contre le VIH.
01:33 Je prends cet exemple-là. La recherche contre l'hépatite C a énormément bénéficié de la recherche contre le VIH.
01:38 On a cru revivre un peu ces choses-là au début du Covid,
01:45 notamment par le fait que le Covid n'était pas qu'une maladie et qu'il ne concernait pas que la santé,
01:53 on l'a bien vu, il concernait la politique.
01:55 Après, on a eu la variole du singe, et là on a revu, je vous parle de ça parce que ça a été un cauchemar,
02:01 pour moi en tout cas, et pour les premiers ou les seconds à couteau, si je puis dire, de cette histoire,
02:05 c'est que tout d'un coup, on a vu arriver une maladie, je parle de la variole du singe, en juin 2022,
02:11 où finalement le virus venait d'Afrique, il touchait essentiellement les gays,
02:16 et là on s'est dit non, ça ne va pas revenir, cette histoire.
02:20 On a des choses qui se réactivent, le vaccin notamment, la recherche vaccinale,
02:26 c'est-à-dire que là, c'est un effet positif du Covid qui a réactualisé, réactivé,
02:31 notamment avec les vaccins ARN, la recherche sur le vaccin contre le sida.
02:34 Donc ça, c'est des éléments extrêmement positifs.
02:38 On a tous les outils pour que ça marche, on a tous les outils.
02:41 On a du dépistage où on veut, comme on veut, gratuit, sans ordonnance, des autotests,
02:47 on a des outils de prévention, moi ça fait 10 ans que je travaille sur la PrEP,
02:51 et pour l'instant, on est à -11% de contamination, donc on a un problème français, on a un problème français.
02:57 Je pense qu'on n'atteint pas les bonnes cibles, on atteint la cible des gays de 40 ans, ça on y a réussi,
03:03 mais il faut aller chercher les femmes qui viennent de sortir du divorce et qui vont aller sur Tinder faire des rencontres,
03:09 moi j'en ai dans ma consul, qui ont eu un rapport, un rapport, non protégé, parce que c'est pas leur culture.
03:14 Il faut aller chercher les hétéros multi-partenaires, il faut aller chercher les jeunes migrants qui ne sont pas communautaires,
03:22 enfin on a raté quelque chose quoi.
03:24 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
03:27 [SILENCE]

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