SMART SPACE - Programme Artemis : course ou marathon vers la Lune ?

  • il y a 6 mois
C’est une éventualité qui planait depuis déjà quelques temps : la mission Artemis 2 est officiellement repoussée à 2025 ! Et ce n’est qu’un an plus tard que l’on pourra voir celle qui doit renvoyer des Américains marcher sur la Lune. En cause : le retard de quelques équipementiers et de SpaceX. Alors, la pérennité du programme est-elle menacée ? Et surtout, la course à la Lune et course à l’innovation sont-elles compatibles ?
Transcript
00:00 [Générique]
00:04 La course à la Lune et la course à l'innovation sont-elles compatibles ?
00:09 Alors que le programme Artemis, qui doit renvoyer des humains sur la Lune, prend du retard,
00:14 on s'interroge quant à la pertinence d'une formule qui entend remplir un petit peu
00:20 tous les défis technologiques de notre époque finalement.
00:24 Alors pour en parler, j'ai avec moi François Leproux, ingénieur en mécanismes spatiaux et auteur.
00:29 Bonjour. - Bonjour.
00:30 - Bienvenue sur le plateau de Smart Space. On a aussi avec nous à distance
00:34 Brian Calafasian, chercheur en politique spatiale à l'Institut d'études et de stratégie et de défense.
00:40 Bonjour Brian, bienvenue avec nous dans cette émission.
00:44 - Bonjour.
00:45 - Alors est-ce que c'est la faute de SpaceX si Artemis prend du retard ?
00:50 - Alors ce serait... ce n'est pas uniquement la faute de SpaceX.
00:55 Effectivement SpaceX est en charge du Starship, c'est-à-dire du vaisseau qui va permettre aux astronautes américains
01:01 d'aller à la surface de la Lune. C'est un développement qui prend du retard.
01:06 On l'a vu l'année dernière avec deux échecs lors de vol d'essai,
01:10 qui ont néanmoins permis à l'entreprise d'avoir des données très valables pour le développement de cet engin
01:16 qui est tout de même une rupture technologique. Donc on va dire que son développement suit sa route.
01:21 Il y a d'autres industriels privés qui sous-traitent pour la NASA dans le cadre du retour sur la Lune
01:27 et qui ont pris du retard. C'est notamment le cas d'Axiom Space qui est en charge des combinaisons spatiales pour les astronautes
01:33 qui ont également pris du retard.
01:35 - Mais est-ce qu'ils n'ont pas pris du retard parce qu'on repousse les budgets dédiés à ce sujet pour se concentrer sur les lanceurs ?
01:41 C'est possible ?
01:42 - Alors dans le cadre d'Axiom c'est tout à fait possible. Dans le cadre de SpaceX, il faut bien voir que
01:48 le développement du Starship c'est vraiment quelque chose de tout à fait complexe.
01:52 Il y a deux missions Artemis qui ont été repoussées, Artemis 2 et Artemis 3.
01:55 Donc Artemis 3 c'est le premier à l'unissage d'un Starship à la surface de la Lune.
01:59 Donc c'est directement imputable au retard du Starship. Dans le cadre d'Artemis 2, qui est une répétition générale finalement...
02:07 - Donc c'est un tour de la Lune avec astronautes mais personne ne s'y pose.
02:10 - Tout à fait. C'est la même mission qu'en novembre 2022 mais avec des astronautes à bord.
02:14 On sait que la mission prend également du retard vu que la NASA a des défauts au niveau du bouclier thermique de la capsule Orion
02:22 et souhaite les régler avant de faire un vol habité.
02:24 - Capsule Orion à la bord de la fusée SLS qui doit servir aussi dans le cadre de ce programme en plus de Starship.
02:31 Brian Calafation, quel est votre regard sur ce report-là ?
02:35 Est-ce que c'est aussi la conséquence de la stratégie des États-Unis de travailler main dans la main avec des partenaires privés ?
02:44 - C'est une excellente question. Ce que nous remarquons c'est que la réussite d'une mission lunaire passe par la maîtrise d'une multitude de facteurs techniques,
02:54 de briques technologiques qu'il faut maîtriser avant de pouvoir faire un voyage qui soit sécurisé si on veut emporter des humains.
03:00 Il faut pour cela maîtriser de nouveaux lanceurs, des atterrisseurs, des systèmes vides, des procédures de rendez-vous, de ravitaillement tout notamment.
03:07 Après, la NASA s'est toujours appuyée sur le secteur privé pour faire la conception de ces systèmes.
03:12 Le LEM qui avait servi pour Apollo a notamment été développé par Grumman avant la fusion avec Northrop.
03:18 Certaines briques technologiques, comme l'a énoncé François Leprout, sont développées par le privé.
03:24 C'est le cas notamment par Axiom qui développe la combinaison lunaire, Axému.
03:28 SpaceX avec le Starship ou encore Blue Origin avec le Blue Moon Lander.
03:32 Ces trois projets sont en retard. Il ne faut pas se mentir.
03:38 Mais c'est également du côté des entreprises historiques de l'industrie que cela se joue.
03:44 Les retards sont aussi à noter du côté de Lockheed Martin qui développe Orion ou encore de Boeing qui s'occupe de SLS.
03:49 Si on prend le rapport de l'inspecteur général de la NASA en 2023, il faut pour comprendre tout ce mécanisme,
03:56 de remonter au départ de la légitimation du projet Artemis, du programme Artemis.
04:02 Celui-ci a été conçu avec l'idée que l'on pouvait réutiliser des technologies issues de la navette spatiale
04:08 ou du programme Constellation pour faire gagner du temps et de l'argent.
04:12 Pourtant, selon les mots de l'inspecteur général, cela a produit le phénomène contraire,
04:18 notamment si on regarde les retards qui ont été accumulés pour la partie SLS concernant ces moteurs,
04:24 qui sont les dérivés des moteurs de la Space Shuttle.
04:26 C'est intéressant. Le programme Constellation, vous me préparez ma transition,
04:32 était mené par l'ancien administrateur de la NASA, Michael Griffin,
04:36 qui a justement pris la parole tout récemment au sujet d'Artemis et qui, grosso modo,
04:42 parle peut-être d'un retour nécessaire à l'ancien modèle qui tirait ses origines de Constellation,
04:48 en tout cas, il fustige le programme lunaire actuel. Est-ce qu'on peut comprendre pourquoi ?
04:54 On peut quelque part le comprendre. Il faut rappeler ce qu'était Constellation.
04:58 C'était un programme de retour sur la Lune qui était initié au début des années 2000
05:02 sous l'administration de George Bush et qui visait à réutiliser les technologies de la navette spatiale
05:07 pour faire des lanceurs lourds et atteindre la Lune.
05:10 Cela se basait sur deux lanceurs qui utilisaient tous deux l'abri qui est resté
05:17 de ce développement, c'est la capsule Orion qui était déjà présente.
05:20 La capsule Orion devait être tirée par un lanceur du nom de ARES-1
05:24 et un deuxième lanceur du nom de ARES-5, qui est très proche de la SLS qu'on connaît actuellement,
05:30 devait mettre en orbite un module lunaire et les deux devaient ensemble aller sur la Lune.
05:35 Ce programme avait été arrêté par l'administration Obama en 2009,
05:39 notamment parce qu'il était vu comme un Apollo bis qui n'apporterait pas de nouvelles technologies,
05:44 quelque part de nouveaux développements technologiques.
05:47 On imaginait déjà qu'il ne dépasserait ses budgets et que d'un point de vue technique,
05:51 il ne serait pas tout à fait satisfaisant.
05:54 C'est pour ça qu'on a migré vers un nouveau programme qui a pris le nom du programme Artemis.
06:00 Les critiques sont relativement valides dans le sens où les critiques de cet ancien administrateur de la NASA
06:05 se portent essentiellement sur le nouveau système d'alunissage, le Starship,
06:09 qui est un système lourd qui nécessitera une dizaine de ravitaillements en orbite,
06:14 assurés elles-mêmes par des Starships.
06:17 Cela nécessite déjà que le Starship soit fonctionnel, qu'il soit capable de revenir sur Terre,
06:21 que l'on maîtrise la technologie du ravitaillement en orbite qui n'est pas actuellement...
06:25 C'est au moins 10 vols tout ça. C'est une rupture technologique, vous en parliez tout à l'heure.
06:30 Michael Griffiths dit que la rupture technologique n'est pas l'allié de la course à la Lune, de la nouvelle course.
06:35 Tout à fait. Il pointe quelque chose qui est intéressant, c'est qu'en fait les objectifs de la NASA sont relativement contradictoires.
06:40 D'un côté, il y a un discours comme quoi la NASA retourne sur la Lune, mais quelque part n'a plus de rien à prouver,
06:46 vu qu'elle y est déjà allée dans les années 70. Donc on y va pour rester.
06:50 C'est-à-dire qu'on peut se permettre d'introduire des technologies de rupture qui vont permettre d'amener des charges très lourdes sur la Lune,
06:55 de construire des avant-postes permanents.
06:58 Mais d'un autre côté, il y a également une simili-course à l'espace avec la Chine,
07:04 dont l'objectif est d'arriver sur la Lune avant 2030.
07:07 Et ça, ce n'est pas quelque chose qui est forcément compatible avec l'introduction de technologies de rupture
07:13 qui sont au moins aussi complexes que l'été de la navette spatiale en son temps.
07:17 Vous partagez ce regard, Brian Calafascian, sur cette incompatibilité, cette ambivalence des ambitions de la NASA ?
07:24 Totalement, totalement. On va dire que c'est deux visions politiques qui rentrent en dissonance.
07:31 Comme l'a dit mon collègue précédemment, il faut voir le projet long-termiste et le projet court-termiste.
07:36 Si l'objectif à court terme, c'est d'arriver en premier, il faudrait se baser sur des technologies qui sont déjà éprouvées
07:41 ou qui seront plus faciles à mettre en œuvre.
07:44 Mais si l'objectif, c'est évidemment de s'installer, et c'est ce que met en avant l'administration américaine,
07:49 de s'installer durablement sur la Lune, sur le pôle Sud,
07:52 alors là, l'objectif sera de développer des technologies qui permettent d'avoir, on va dire,
07:59 une redondance dans les capacités pour pouvoir occuper rapidement l'espace
08:03 et permettre la sécurité des astronautes qui seront envoyés sur place.
08:06 Alors, peut-être qu'on peut comparer cette stratégie à double tranchant avec la stratégie chinoise.
08:12 La Chine a rattrapé son retard. La Chine, aujourd'hui, est en train de se positionner face au nouveau concurrent des États-Unis.
08:20 Vous l'avez dit, il y a cet effet de course qui est en train de renaître.
08:23 C'est la question qu'on se pose aujourd'hui. D'ailleurs, est-ce que c'est une course ou un marathon ?
08:26 On comprend bien que c'est un petit peu les deux.
08:29 Et la Chine, elle, a choisi une méthode un peu plus classique.
08:33 Mais s'il semble faire ses preuves, alors est-ce que ce n'était pas la solution ?
08:36 C'est une méthode qui est tout à fait cohérente pour la Chine
08:39 et qui est de toute façon cohérente avec la feuille de route spatiale de la Chine
08:42 qui est suivie, on va dire, depuis la deuxième moitié des années 90,
08:45 qui est vraiment une acquisition progressive et permanente de nouvelles technologies,
08:49 aussi bien dans le vol spatial d'habiter, alors d'abord avec le premier vol d'une capsule,
08:53 une de petites stations spatiales. La construction d'une station spatiale
08:56 est maintenant des ventes vers la Lune, que dans le domaine robotique.
08:59 Ça fait depuis 2013 que la Chine envoie régulièrement des missions robotiques
09:03 à la surface de la Lune qui sont assez ambitieuses.
09:06 Ce sont les premiers à avoir envoyé un objet sur la face cachée de la Lune.
09:09 Tout à fait. Et ils espèrent, et ils vont lancer une mission dans quelques mois,
09:12 dont l'objectif sera justement de faire un retour d'échantillons du pôle Sud,
09:16 qui est la région la plus intéressante à explorer.
09:19 Tout à fait, à cause de la présence de la glace, qui pourra permettre d'obtenir de l'eau ou du carburant.
09:24 Donc la Chine a vraiment cette approche qui est très classique.
09:27 Certains diront qu'elle est prudente, elle est légitime, mais je vais dire,
09:30 ce n'est pas une surprise. La Chine a annoncé très clairement ses intentions
09:34 depuis les années 2000 au moins, et elle suit une feuille de route
09:39 qui est tout à fait pertinente pour elle.
09:42 Mais Brian, elle veut y rester aussi, la Chine. L'idée, c'est qu'elle n'y va pas simplement
09:47 pour dire qu'on y a mis les pieds pour la première fois, et peut-être avant que les Américains retournent.
09:52 La stratégie est quand même similaire avec l'idée de s'installer durablement,
09:57 d'aller explorer la zone sud, si bien pour pouvoir ensuite redécoller depuis la Lune peut-être vers Mars.
10:02 Enfin voilà, il y a quand même ce désir de s'installer.
10:06 Bien entendu, oui, tout comme avait pu l'énoncer la Russie également dans l'ILRS,
10:11 donc dans leur entreprise commune qui a rassemblé aussi certains BRICS.
10:15 La question pour la compétition entre la Chine et la Russie n'est pas tant l'avance potentielle de la Chine,
10:20 mais le retard progressif des États-Unis, on va dire, qui les années s'amoncèlent.
10:26 C'est justement ce qui fait perdre un peu le soutien du Congrès au bout d'un moment,
10:31 parce que les financeurs perçoivent ça comme la perte d'un avantage comparatif.
10:37 Il ne faut pas sous-estimer la Chine en réalité, parce que pour la Chine, l'espace est un véritable outil de puissance
10:43 et de normalisation de ses échanges avec ses partenaires internationaux, ainsi qu'avec ses concurrents.
10:48 Pékin sera sûrement au rendez-vous des années 2030, comme cela a été fixé,
10:55 tout simplement parce que cela rentre dans la concrétisation du rêve chinois qui avait été énoncé par Xi Jinping.
11:02 C'est cela qui pourrait aussi parachever la bascule de certains États émergents vers la Chine,
11:11 ce que ne souhaitent pas les États-Unis, honnêtement.
11:14 La Chine pourrait aussi souhaiter s'installer durablement sur la Lune,
11:19 pour des enjeux de puissance, pour des enjeux de ressources également, pour des enjeux de médiatisation,
11:24 pour en montrer qu'elle aussi est une puissance technologique, et c'est très important.
11:28 La progression vers Mars n'est pas vraiment un objectif politique à long terme.
11:34 C'est un peu difficile à expliquer à l'opinion publique aux États-Unis.
11:38 Pour ce qui est de la Chine, c'est d'avant tout la Lune et le retour sur certaines planètes, comme Vénus notamment.
11:44 Mars reste du très lointain pour beaucoup de la science-fiction.
11:48 Bien sûr. Alors, est-ce qu'il faut choisir entre le marathon et la course vers la Lune ?
11:55 Si vous aviez le pouvoir de choisir et peut-être de remodeler le programme d'Artemis pour pallier ce retard,
12:02 est-ce que vous choisiriez entre le marathon et la course ?
12:05 Pour ma part, je pense que l'approche qui a été adoptée par les États-Unis est pertinente pour viser une installation,
12:11 on va dire au moins à moyen terme, sur la Lune.
12:14 Ce qui est un petit peu regrettable, c'est que je le sens, on va dire que c'est l'objectif du programme Artemis,
12:19 mais ce n'est pas celui qui est mis en avant. L'objectif d'Artemis qui est beaucoup mis en avant,
12:23 c'est justement de déposer les premiers hommes et la première femme à la surface de la Lune,
12:27 mais assez peu au sujet de l'installation.
12:29 Et à ce niveau-là, c'est un petit peu regrettable que le programme Artemis souffre également d'une autre ambivalence,
12:35 c'est-à-dire que c'est un programme qui est initié par des Américains, la communication est très « America First » si je peux me permettre,
12:41 alors que c'est un programme international.
12:43 L'Europe en est un partenaire majeur, de même que le Canada, le Japon et maintenant les Emirats Arabes Unis également.
12:49 Je pense que l'Europe aurait un rôle très important à jouer dans l'installation à long terme à surface de la Lune,
12:56 notamment parce qu'il a avancé un certain nombre de concepts.
12:59 À l'époque, ça s'appelait le « Moon Village » qui avait été proposé par Ian Vorner, qui est celui d'une station en sol.
13:04 L'Europe propose un certain nombre de systèmes, également de logistique,
13:08 pour exploiter les ressources et amener du cargo à la surface de la Lune.
13:12 C'est quelque chose qui mériterait d'être mieux mis en avant,
13:15 peut-être d'avoir une plus forte implication de l'Europe au sein du programme Artemis,
13:19 afin de le rééquilibrer et de tendre davantage vers une installation à long terme.
13:23 Quelque chose qu'on peut regretter, c'est qu'avec tous les retards qui concernent les systèmes d'atterrissage,
13:30 la NASA a fait appel l'an dernier à Blue Origin afin de développer un nouveau module.
13:35 Certainement re-challengé d'une sorte SpaceX.
13:38 Tout à fait. Blue Origin qui est à l'igne d'une sorte de name un peu plus classique.
13:43 Certainement, l'Europe aurait également pu proposer un système analogue,
13:47 sachant qu'elle développe également le système cargo Argonaut.
13:50 Argonaut, on en parle très peu en Europe aujourd'hui, mais c'est un vrai sujet en cours de développement.
13:55 De toute façon, le sujet des propositions cargo européennes, c'est un large sujet qu'on aborde souvent dans l'émission.
14:02 Il y a la question politique aussi. Cette décision n'est pas que scientifique,
14:08 elle n'est pas que d'une ambition de l'humanité, mais elle est politique aussi.
14:14 Les prochaines élections présidentielles pourraient jouer un rôle peut-être dans la pérennité de ce programme Artenis, Brian ?
14:22 Bien sûr, bien sûr. Il y a la question des élections présidentielles, mais aussi celle du Congrès,
14:27 ce qui se passe sur Capitol Hill, qui est très intéressant et qui, on va dire,
14:31 influe beaucoup sur ce que vont mettre en avant les présidents.
14:35 En réalité, le programme a été mis en avant notamment par Donald Trump.
14:40 Il a été pérennisé par l'administration actuelle.
14:45 Il y a peu de chances, là où on en est actuellement, pour qu'il soit purement et simplement annulé.
14:50 Ce qui pourrait arriver, c'est un changement dans l'architecture même,
14:53 donc se concentrer plutôt sur du robotique ou alors laisser la première place à la Chine pour pérenniser l'envoi de technologies.
14:59 C'est surtout sur ce genre de choses que cela peut se jouer actuellement.
15:03 Ce qu'on voit du côté du Congrès aussi, qui est très intéressant, c'est que Bill Nelson,
15:08 l'administrateur actuel, est un ancien sénateur, donc il connaît un peu les pratiques de Capitol Hill,
15:15 de ce qui se passe dans les chambres des représentants, dans les organismes du Congrès.
15:20 C'est sur ce point-là que va se jouer la potentielle reconduction des programmes,
15:26 l'annulation de certaines parties ou de certaines missions sur la question du budget,
15:31 qui est la question du budget absolument centrale aux États-Unis.
15:34 Il y a souvent des commissions d'enquête qui investissent, qui s'intéressent à ce genre de choses.
15:38 On s'est rendu compte que le budget a été de maintes reprises,
15:42 il s'en est systématiquement repoussé pour arriver à être en phase avec ce que demandait notamment SpaceX,
15:51 mais aussi l'administration de la NASA.
15:54 Donc ce n'est pas terminé, ça peut encore évoluer, l'avenir d'Artemis peut encore évoluer.
15:59 Les élections, si j'aurais à te dire, n'arrivent pas forcément au meilleur moment.
16:02 C'est-à-dire qu'il nous aurait manqué peut-être, en tout cas il aurait manqué aux États-Unis,
16:06 peut-être une mission clou d'éclat, une mission où on renvoie peut-être des humains autour de la Lune
16:11 pour embarquer tous les bords politiques peut-être américains.
16:16 Est-ce qu'on sait, Donald Trump on le connaissait plutôt pro-Space,
16:20 mais là on parle d'une collaboration, vous l'avez dit aussi, avec l'Europe et le Canada.
16:25 Est-ce qu'on connaît son positionnement ?
16:27 Est-ce qu'il serait plus apte à pousser vers un maintien du budget que Bill Nelson ?
16:33 Alors ça c'est assez difficile à dire, dans le sens où la campagne aux États-Unis
16:37 se concentre assez peu actuellement sur ce genre de sujet.
16:40 Effectivement, comme l'a rappelé Brian, le programme Artemis a été initié par l'administration de Trump
16:47 et notamment par son vice-président, qui sur ce genre de sujet, on va dire, était un peu plus conservateur.
16:52 Après, je pense que si les États-Unis venaient à refonder le programme Artemis,
16:58 ils ne préviendraient pas d'une approche du sort consistant à envoyer au plus vite les astronautes à la surface.
17:04 Et du coup, ce qui risque de passer à l'attrape, ce serait plutôt la station Gateway.
17:09 Depuis l'introduction du Starship dans l'architecture du programme,
17:13 il n'a plus vraiment un intérêt aussi fort qu'avant, c'est cet avant-poste.
17:18 Il a une orbite très complexe également, mais ça, ce serait particulièrement regrettable pour les partenaires internationaux,
17:23 vu que l'Europe et notamment la Space Alliance fournissent un certain nombre d'éléments de cette station.
17:28 C'est également le cas du Japon, c'est également le cas des Emirats Arabes aujourd'hui.
17:32 Donc c'est plutôt cet élément-là qui risquerait de passer à l'attrape.
17:37 Ce qui est sûr, c'est que Donald Trump choisirait la course, parce que cette idée de course avec la Chine,
17:42 on a vu le positionnement de Donald Trump vis-à-vis de la Chine sur beaucoup d'autres sujets pendant son mandat.
17:49 On peut imaginer que celui-là sera une nouvelle compétition.
17:52 Vous l'avez dit, ce sera peut-être la fin de ces projets-là.
17:56 La lune Nargatow, rappelons que c'est une station spatiale orbitale qui devrait être en orbite autour de la lune.
18:02 Alors, je n'ai plus les détails, mais je crois qu'on est plutôt autour de 2030 pour lancer ces projets-là.
18:08 Brian, avant de conclure, alors non, pas avant de conclure, on n'a plus le temps d'aller plus loin dans cette émission.
18:16 Mais je vous remercie tous les deux d'avoir pris le temps de venir parler de ce sujet passionnant en plateau.
18:21 On suivra le sujet notamment à l'aune des élections présidentielles pour connaître un petit peu l'évolution de ce programme et de ses budgets.
18:29 Merci à tous les deux d'avoir pris le temps de venir dans notre émission.
18:32 Et merci à tous de nous avoir suivis dans ce sujet passionnant.
18:36 À la production Lily Zalkine, on se retrouve dès la semaine prochaine sur Bismarck.
18:41 [Musique]

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