Pour les élèves de 6ème et de 5ème, le gouvernement souhaite constituer des groupes de niveaux centrés sur les mathématiques et le français à partir de la rentrée 2024. La mesure devrait être étendue aux autres classes de collège en 2025.
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00:00 Devant ce collège, ce qui inquiète le plus les élèves, c'est d'être jugés et classés parmi les plus mauvais.
00:06 "Ce serait bien que tout le monde soit réuni, comme ça les gens ne se passent pas séparés par exemple.
00:11 Comme ça tout le monde pense avoir le même niveau, comme ça c'est équitable partout."
00:15 Les élèves seront répartis dans les différents groupes après avoir passé des évaluations en mathématiques et en français en début de sixième.
00:23 Dans cet établissement, cela veut dire 19 heures d'enseignement supplémentaire à trouver dans un planning déjà bien chargé.
00:31 Pas le choix donc, selon la proviseure, il faudra rogner sur d'autres choses.
00:36 "Prendre sur des dédoublements qui, pour notre établissement, étaient pertinents,
00:41 ça veut dire prendre sur des heures de langue vivante qui étaient mises en place dans d'autres établissements et qui étaient pertinentes en fonction du contexte local."
00:50 Le plus gros problème, selon cette représentante syndicale, c'est que séparer les élèves n'aura pas d'impact positif sur leur apprentissage.
00:58 Bien au contraire.
01:00 "Quand on met les bons élèves d'un côté et les moins bons élèves de l'autre, finalement les écarts se creusent.
01:05 C'est-à-dire que les bons élèves vont continuer d'avancer très vite et les moins bons élèves vont être cantonnés un peu à quelques savoirs fondamentaux."
01:15 La mesure doit entrer en vigueur en septembre prochain pour les classes de 6e et de 5e et à la rentrée de 2025 pour les classes de 4e et de 3e.
01:25 "On va peut-être commencer par rappeler, Véronique, ce que sont ces groupes de niveau.
01:28 C'est le projet de Gabriel Attal qui, on le comprend bien, va rester ministre de l'Éducation nationale en dépit de Matignon."
01:34 "Oui, c'est son intention en tout cas, c'est son intention.
01:37 L'idée c'est qu'il voulait répondre aux problèmes d'hétérogénéité des classes,
01:41 les grands écarts qu'il y a à l'intérieur des classes et dont se plaignent les professeurs qui ont du mal à gérer.
01:46 L'idée c'est de faire des groupes de niveau, comme Adeline l'a dit, en français et en maths, en 6e et en 5e, des groupes qui seraient flexibles avec.
01:54 Le groupe des bons, le groupe des moyens et le groupe des moins bons.
01:58 Et celui-là, il doit être allégé.
02:00 Pas question de faire des classes de niveau, on sait que c'est très mauvais, c'est-à-dire regrouper toutes les classes ensemble tout le temps, ça c'est très mauvais.
02:07 En revanche, voilà, on veut quelque chose de flexible.
02:09 L'obstacle il est d'abord technique.
02:11 Concrètement, quand vous voulez faire mélanger les élèves de 6e et mélanger les élèves de 5e, vous devez aligner les emplois du temps des professeurs de français,
02:21 aligner les emplois du temps des professeurs de maths.
02:23 Ça vous bloque déjà pas mal vos emplois du temps.
02:26 Et puis, faire les groupes.
02:28 Mais vous avez des collèges qui sont dans des zones difficiles, ils ont eu des postes en plus, les autres ils vont faire un moyen constant.
02:34 Donc concrètement, dans le collège où on a tourné hier, vous allez avoir, au lieu d'avoir des classes à 28, vous aurez les deux premiers groupes, les forts et les moyens,
02:43 qui seront à 30, pour alléger le dernier groupe.
02:46 Et encore, il va falloir quand même qu'elles rognent sur d'autres groupes.
02:50 Donc tout ça se fait à moyen constant, c'est un casse-tête.
02:52 Ça bloque les emplois du temps avec un risque de faire des emplois du temps à trop pour les profs.
02:56 Impossible de répondre au petit desiderata sur "je voudrais cette demi-journée", là ça va être très très compliqué.
03:01 Là tu nous parles des difficultés techniques, mais est-ce que ces groupes de niveau, ils ont prouvé leur efficacité ?
03:05 On entendait cette enseignante dans le reportage qui disait que ça creuse les écarts.
03:09 Alors c'est ce qui a été prouvé, notamment dans beaucoup de pays où ça a été testé, c'est que si les groupes de niveau seuls, ça creuse les écarts.
03:19 C'est-à-dire que ça avantage les bons, mais alors pour les plus fragiles, c'est une catastrophe.
03:24 Ça ne les tire pas vers l'autre ?
03:25 C'est une catastrophe, tout le monde le dit.
03:27 Et d'ailleurs les professeurs le savent. Pourquoi ils ne veulent pas aussi cette réforme ?
03:31 Parce qu'ils savent que personne ne voudra prendre les groupes des plus faibles,
03:36 parce que le risque quand on regroupe les plus faibles, c'est que non seulement ils ne progressent pas,
03:41 ils s'enferment dans l'échec et voire même, ce que dit la recherche, s'enferment dans un comportement qu'on appelle "antiscolaire".
03:47 Donc des classes très dures, à qui on va les donner à votre avis, les classes très dures, les professeurs contractuels,
03:52 les professeurs qui sont inexpérimentés. Donc c'est très dangereux.
03:55 Donc on va le faire, mais ça marche ailleurs. C'est ça en fait l'argument, c'est de dire ça marche ailleurs.
04:00 Pourquoi ça ne marchera pas chez nous ?
04:01 Alors effectivement, ça marche ailleurs. Ça marche à Singapour, ça marche au Royaume-Uni, mais qu'est-ce qui se passe ?
04:06 C'est un système global. On n'est plus dans le cours magistral.
04:09 Ça ne peut marcher en fait, ce système-là, que si vous avez des petits groupes de cinq élèves qui travaillent en collaboration.
04:18 On est dans une organisation complètement différente.
04:20 On peut décider de changer toutes les deux semaines de groupe, et pas seulement trois fois par an si vous voulez.
04:26 On peut décider de faire des groupes différents pour la géométrie, des groupes différents pour les fractions.
04:31 On peut être bon en fraction et pas bon en géométrie. C'est ça l'intérêt.
04:35 Ça nécessite une révolution, ça nécessite, à l'intérieur des collèges, ça nécessite de la place dans les classes pour évoluer.
04:42 C'est quelque chose qui sans doute devrait être expérimenté et non pas passé à grande échelle comme ça.
04:48 comme ça va être le cas.