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Bruno Chopard est chef de service Forêt à l'ONF Bourgogne Est.

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00:00 Jusqu'à 9h, toute la Côte d'Or se réveille.
00:04 À 8h25 pour parler des changements climatiques chez nous, on est avec le chef de service forêt à l'agence de l'Office National de Forêt Bourgogne Est, c'est Bruno Chopard, votre invité.
00:13 On parlait tout à l'heure dans nos journaux de ces témoignages des habitants du Châtillonnet qui voient les hêtres dépérir.
00:20 C'est un arbre emblématique de nos forêts françaises, mais aussi ici en Côte d'Or, est-ce qu'il y a vraiment une inquiétude à avoir par rapport à ces arbres ?
00:29 Oui, on a une inquiétude à avoir puisque d'après les résultats scientifiques, c'est une espèce qui pourrait être vraiment en difficulté de compatibilité climatique à l'horizon de 2050, voire 2070 en tout cas.
00:42 Donc c'est tout proche pour un hêtre qu'en général on essaie de faire vivre au moins une centaine d'années en forêt.
00:47 Ça veut dire quoi comme conséquence pour nos paysages et puis pour nos vies ici en Côte d'Or ?
00:52 Alors pour les paysages, ça va provoquer des changements dans le paysage important puisque le hêtre constitue l'ossature de beaucoup de forêts du Châtillonnet.
01:02 Donc ça veut dire probablement des phases de dépérissement un peu plus marquées et puis des incidences sur les écosystèmes, bien entendu sur la récolte de bois liée au hêtre.
01:16 Donc oui, il y aura des incidences.
01:18 On le sait, aujourd'hui il faut s'adapter à ces changements, en tout cas modifier nos comportements, mais s'adapter, ça veut dire que peut-être ces hêtres ne seront plus là ? Il faut les remplacer, planter autre chose aujourd'hui ?
01:33 Alors est-ce qu'ils ne seront plus là ? Il est probable qu'il y en ait beaucoup moins à l'avenir, c'est certain. Faut-il les remplacer ?
01:39 Notre stratégie aujourd'hui consiste surtout à essayer de diversifier, d'apporter de la diversité dans les espèces.
01:45 Donc ne pas à tout prix les récolter tout de suite, surtout de façon anticipée, ou planter en alternative.
01:52 Déjà s'appuyer sur la dynamique naturelle, sur la diversité des espèces qu'on trouve en forêt.
01:57 Et puis quand cette diversité est insuffisante, venir enrichir, apporter cette diversité par votre petite plantation disséminée.
02:04 Et puis dans les cas les plus rares qui peuvent exister, où les forêts sont trop pures en hêtres, effectivement on pourra être amené à apporter d'autres espèces par plantation en plein, mais qu'on fera toujours mélanger.
02:17 Vous, vous parcourez quasiment toutes les forêts de Bourgogne. Est-ce que cette situation dans le Châtillonnet, avec ces hêtres, on la voit aussi pour d'autres espèces dans nos forêts ?
02:29 Alors je dirais qu'on l'a déjà vu avec l'épicéa, qui est moins représenté en Bourgogne, qui l'est davantage en Franche-Comté, et qui était d'ailleurs souvent composé de peuplement plus pur.
02:40 Donc qui pose même plus de problèmes je dirais qu'avec le hêtre, où on a la chance souvent d'avoir l'espèce en mélange avec d'autres.
02:45 Donc on voit qu'il y a des situations un peu similaires, le hêtre et puis les épicéas. Est-ce qu'il y a aujourd'hui de quoi se dire peut-être demain le changement est possible et il y a des solutions ?
03:05 Alors oui, fort heureusement. En tout cas on essaie d'étudier toutes celles qui sont à notre portée. La première je l'ai évoquée à l'instant, à travers ces étapes du renouvellement, où on va chercher à installer davantage de diversité d'espèces.
03:17 Et on a des espèces locales qui sont déjà plus tolérantes aux difficultés de type sécheresse ou canicule. On connaît le chêne pubescent, on connaît l'érable à feuilles d'aubier, on connaît l'érable champêtre, les tilleuls.
03:29 Donc on va chercher à installer ces espèces en mélange. On va également chercher à avoir des forêts un petit peu moins denses et moins pures.
03:37 Et puis on va se débrouiller pour s'appuyer vraiment sur la dynamique naturelle et ce que la génétique naturelle peut nous apporter aussi en résistance.
03:47 Avec le chef de service forêt à l'agence ONF Bourgogne Est, on parle de l'actualité, on parle de nos forêts ce matin. Il s'appelle Bruno Chopard.
03:55 Vous le disiez, il faut diversifier. Pourtant on le sait, dans le Morvan, on a des secteurs où les habitants se plaignent de monoculture et notamment des résineux.
04:08 Quelle solution entre l'intérêt économique, qu'on comprend bien, et puis l'intérêt écologique pour la société ?
04:15 Alors c'est effectivement un challenge parce qu'il faut arriver à concilier cette multifonctionnalité de la forêt.
04:20 Ce qui est sûr, c'est que la monoculture est aujourd'hui une solution très très risquée et que ce n'est pas celle qu'on adopte.
04:27 Donc je vous disais, nous on s'efforce désormais d'installer au moins 30% de mélange dans nos peuplements, dans les jeunes stades.
04:33 Après, j'irais qu'il faut être vigilant sur le chiffon rouge qu'on agite autour du résineux. On utilise de plus en plus de bois en France et on est content de le faire.
04:42 C'est bon pour la planète et il ne faudrait pas exporter notre problème à l'extérieur. Il faut bien que ce bois puisse venir de quelque part.
04:47 Qu'est-ce qu'il faut penser aujourd'hui des coupes rase ? On a des coupes qui ont été envisagées et contre lesquelles se sont battus les responsables du parc naturel du Morvan, par exemple, qui ont tenté de limiter ces coupes rase.
05:03 Qu'est-ce qu'il faut en penser aujourd'hui ?
05:05 Cette mesure qui a été sollicitée par le parc du Morvan et non reçue par le Conseil d'État, elle concerne uniquement des forêts qui ne sont pas dotées d'un plan de gestion.
05:17 Ce qui n'est pas du tout le cas de toutes les forêts publiques et de la plupart des forêts privées qui sont dotées d'un plan de gestion et qui bénéficient déjà de systèmes d'autorisation de coupe.
05:24 Donc ces coupes rase sont restreintes à des domaines qui ne sont pas sous plan de gestion. Dans tous les cas, on évite au maximum la coupe rase.
05:32 C'est vraiment une solution de dernier recours lorsque soit l'état sanitaire du peuplement n'a pas permis d'installer avant d'autres espèces, soit qu'il faut carrément changer d'essence.
05:40 Est-ce que vous avez un message d'espoir aujourd'hui par rapport à nos forêts, par rapport à ces plantations assez brièvement ?
05:46 Oui, je pense qu'il faudrait se garder, simplement d'observer, de ne pas agir. Je pense qu'il faut un petit peu de proactivité en étant très humble dans ce qu'on fait, en diversifiant nos solutions.

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