Côte d’Ivoire - Bonne gouvernance: Plusieurs institutions épinglées par un rapport - 10/02/2024

  • il y a 6 mois
MEDI1TV Afrique : Côte d’Ivoire - Bonne gouvernance: Plusieurs institutions épinglées par un rapport - 10/02/2024
Transcript
00:00 [MUSIC PLAYING]
00:03 [MUSIC PLAYING]
00:07 [SPEAKING FRENCH]
00:10 [SPEAKING FRENCH]
00:13 [SPEAKING FRENCH]
00:17 [SPEAKING FRENCH]
00:20, [SPEAKING FRENCH]
00:49 <i>Bonjour M. Sumaro, merci de nous avoir invité.</i>
00:52 <i>Et avec nous en studio M. Marius Komowe.</i>
00:55 <i>Vous êtes le président du Conseil National des Consumateurs de Côte d'Ivoire.</i>
00:58 <i>Merci d'avoir accepté notre invitation.</i>
01:00 <i>C'est plutôt vous.</i>
01:01 <i>Alors Dr. Christophe Kwame,</i>
01:03 <i>d'entrée de jeu, on veut comprendre, on entend beaucoup parler</i>
01:06 <i>des rapports de la Cour des Comptes, ou du rapport de la Cour des Comptes.</i>
01:10 <i>D'abord, pour nous situer, qu'est-ce que c'est exactement ce document ?</i>
01:13 <i>En réalité, la Cour des Comptes est une institution supérieure de contrôle, ISC.</i>
01:19 <i>Il y en a plusieurs en Côte d'Ivoire.</i>
01:21 <i>Et sa fonction est de contrôler les comptes publics.</i>
01:25 <i>Ce qu'il faut savoir, c'est que dans les comptes publics,</i>
01:28 <i>il y a trois types.</i>
01:29 <i>Il y a l'administration générale, la collectivité territoriale,</i>
01:32 <i>mairie, région et district.</i>
01:35 <i>Et enfin, il y a les EPN, établissements publics nationaux,</i>
01:38 <i>et les EPIC, établissements publics à caractère industriel et commercial.</i>
01:42 <i>Par exemple, le CHU, c'est une EPN.</i>
01:45 <i>Quand on a dit ça, la Cour regarde réellement</i>
01:50 <i>si l'exécution du budget s'est faite selon la loi.</i>
01:53 <i>Et ensuite, la Cour fait l'audit général de conformité</i>
01:58 <i>pour donner crédit au rapport pour que l'Assemblée nationale vote.</i>
02:02 <i>Et enfin, la Cour choisit chaque année, comme c'est ce qui s'est passé pour 2022,</i>
02:07 <i>un établissement, une institution.</i>
02:09 <i>Cette année 2022, la Cour a choisi le CHU</i>
02:12 <i>pour faire l'audit du CHU de 2016 à 2020.</i>
02:18 <i>Donc voilà, ces trois éléments.</i>
02:20 <i>Et enfin, la Cour fait un résumé de tout cela.</i>
02:22 <i>Donc, quand la Cour publie son rapport annuel,</i>
02:26 <i>vous verrez qu'il y a quatre ou cinq petits documents contenus dans ce rapport.</i>
02:32 Et justement, on a vu que ce rapport 2022, en tout cas,
02:35 a suscité beaucoup de réactions ici en Côte d'Ivoire.
02:38 Jean-Marius Komoe, Société Civile Présidente des Consommateurs,
02:41 comment vous avez accueilli cette étude, ce rapport de la Cour des Comptes ?
02:45 <i>Tout rapport d'une Cour des Comptes, tel comme celle de la Côte d'Ivoire,</i>
02:50 <i>suscite beaucoup d'intérêt pour une organisation de la société civile.</i>
02:54 <i>Cela dénote un temps simple pour une organisation de la société civile,</i>
02:58 <i>quels qu'elles soient,</i>
02:59 <i>et encore plus pour les organisations de consommateurs,</i>
03:02 <i>de s'assurer que nos institutions fonctionnent de façon autonome.</i>
03:07 <i>Et que les rapports, les audits réalisés par chaque structure d'une telle ambergue,</i>
03:15 <i>le sont, ces audits sont faits avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de responsabilités</i>
03:24 <i>qui engagent les auteurs, leurs auteurs,</i>
03:27 <i>afin d'attester le bon fonctionnement de la République.</i>
03:30 <i>Et ça, c'est ce qui nous a préoccupés le plus.</i>
03:33 <i>Ensuite, il fallait jeter un coup d'œil en s'assurant que dans le rapport,</i>
03:39 <i>eh bien, ils ont été très pragmatiques, très scientifiques,</i>
03:42 <i>et que la conclusion de leur rapport cadre avec la réalité qu'ils ont pu constater</i>
03:49 <i>dans les différents audits qu'ils ont menés.</i>
03:52 <i>Et ça, je pense que c'est salutaire pour un pays comme la Côte d'Ivoire,</i>
03:55 <i>en Afrique de l'Ouest, qui essaie de se démarquer</i>
03:59 <i>en démontrant pour la première fois de son histoire avec des hommes nommés,</i>
04:04 <i>pas décret présidentiel, mais qui prennent leur autonomie</i>
04:07 <i>et qui assurent leurs responsabilités au regard des dispositions légales</i>
04:11 <i>qui leur sont conférées pour faire leur travail.</i>
04:13 <i>C'est tout ce que nous demandons.</i>
04:15 <i>La gestion de la chose publique, des finances publiques,</i>
04:18 <i>doit être la chose la mieux partagée par chacun de nous,</i>
04:24 <i>par chaque organisme étatique,</i>
04:26 <i>de sorte à ce que les flux financiers qui sont attribués</i>
04:31 <i>aux différents acteurs de l'administration publique,</i>
04:34 <i>aux différentes structures de l'administration publique,</i>
04:37 <i>soient gérés dans l'intérêt de l'État,</i>
04:41 <i>dans l'intérêt des populations,</i>
04:44 <i>et que cela n'apparaisse pas comme des sommes importantes</i>
04:50 <i>mis à la disposition d'individus</i>
04:52 <i>qui les utilisent à leur gré au détriment de l'intérêt général.</i>
04:56 <i>Et ça, il faut dire que le rapport de la Cour des Comptes</i>
05:00 <i>démote, encore une fois, au risque de me répéter,</i>
05:04 <i>que nous pouvons garder espoir, nous pouvons avoir espoir,</i>
05:07 <i>pour d'un lendemain meilleur, quant au bon fonctionnement</i>
05:10 <i>de nos institutions, comme l'a démontré la Cour des Comptes.</i>
05:13 <i>Alors donc, vous vous saluez déjà, en tout cas, le travail de cette institution,</i>
05:17 <i>on vous dit qu'il y a une institution capable de faire ce travail,</i>
05:20 <i>ça c'est un point positif,</i>
05:21 <i>mais dans ce rapport, quels sont les...</i>
05:24 <i>je ne pourrais pas dire les leçons à tirer,</i>
05:26 <i>mais quels sont les points vraiment clés qui ont suscité autant de réactions,</i>
05:30 <i>quels sont les irrégularités, les dysfonctionnements qu'on peut relever</i>
05:34 <i>dans ce fameux rapport ?</i>
05:36 <i>Il y a sept principaux dysfonctionnements dans le rapport,</i>
05:40 <i>je dis sept principaux, parce qu'il y en a plusieurs.</i>
05:43 <i>Premièrement, il y a la modification budgétaire en compte d'année.</i>
05:47 <i>Modification budgétaire, on a un budget.</i>
05:50 <i>Je donne un exemple de 10 000 milliards en début d'année,</i>
05:54 <i>et en fin d'année, on le modifie.</i>
05:56 <i>Deuxièmement, il y a le nombre d'arrêtés qui ont permis de modifier ce budget-là.</i>
06:01 <i>Comment on l'a modifié ?</i>
06:03 <i>Troisièmement, il y a le ratio masse salariale sur gain.</i>
06:08 <i>On considère que vous gagnez un million par mois,</i>
06:12 <i>vous ne pouvez pas prendre un loyer de 900 000.</i>
06:14 <i>L'État de Côte d'Ivoire gagne 1 000 milliards,</i>
06:17 <i>dès que 1 000 milliards rentre, on dit que l'État doit payer 35% seulement aux fonctionnaires.</i>
06:23 <i>Donc les ratios sont déjà fixés au préalable.</i>
06:26 <i>Quatrièmement, il y a l'encours de la dette publique totale rapportée au PIB nominal.</i>
06:31 <i>Et cinquièmement, le taux d'inflation moyen.</i>
06:35 <i>La Côte d'Ivoire n'a pas atteint le bon chiffre.</i>
06:38 <i>Sixièmement, il y a le taux de pression fiscale.</i>
06:41 <i>Et septièmement, il y a le montant du financement des partis et groupements politiques.</i>
06:45 <i>Sur le premier point, l'État de Côte d'Ivoire de 2020,</i>
06:49 <i>nous l'avons classé ici, de 2020, 2021, 2022,</i>
06:54 <i>a modifié le budget et a dépassé le plafond fixé par la loi.</i>
06:58 <i>L'article 25 de la loi dit que d'une année à l'autre,</i>
07:01 <i>on ne peut dépasser le budget que de 1%.</i>
07:04 <i>J'ai dit bien 1% ! Même si la lune tombe !</i>
07:07 <i>2020, 12%</i>
07:10 <i>2021, 4,75%</i>
07:13 <i>2022, 4%</i>
07:16 <i>Donc, de 1%, on est monté.</i>
07:19 <i>2020, les 12% sont chiffrés à peu près à 1 078 milliards.</i>
07:23 <i>C'est-à-dire qu'on a fait un dépassement de 1 078 milliards.</i>
07:27 <i>Quand vous êtes obligé de dépasser ce montant,</i>
07:30 <i>c'est-à-dire quand le ministre doit dépasser ce montant,</i>
07:33 <i>la loi l'oblige aussi à respecter un certain nombre de processus,</i>
07:37 <i>dont un décret pris en conseil des ministres.</i>
07:40 <i>Il y a un événement, on doit modifier le budget,</i>
07:43 <i>on va en conseil des ministres, le président de la République seul,</i>
07:46 <i>pas un décret modificatif de la loi.</i>
07:49 <i>Non, les ministres qui sont passés de 2020 à aujourd'hui</i>
07:52 <i>ont modifié la loi avec des arrêtés.</i>
07:55 <i>2020, 22 arrêtés.</i>
07:58 <i>2021, 11 arrêtés.</i>
08:01 <i>2022, 28 arrêtés.</i>
08:04 <i>Ratio de la masse salariale, on dit,</i>
08:07 <i>on ne peut pas dépasser le budget de 35%.</i>
08:10 <i>Si vous dépassez, vous fonctionnez mal, c'est un dysfonctionnement.</i>
08:13 <i>Malheureusement, 2020, 48% de dépassement et ainsi de suite.</i>
08:18 <i>Donc ça c'est un mauvais travail, c'est un dysfonctionnement.</i>
08:21 <i>Ensuite, ce que je veux dire c'est le taux d'inflation.</i>
08:24 <i>Le taux d'inflation consiste, pour un État,</i>
08:27 <i>à freiner l'inflation des prix.</i>
08:30 <i>On parle de la vie chère, les consommateurs en parlent.</i>
08:33 <i>Donc l'État, par son professionnalisme, doit s'arranger</i>
08:36 <i>pour que l'inflation tourne soit le plus bas possible.</i>
08:39 <i>Et quand l'inflation est le plus bas possible,</i>
08:42 <i>ça augmente de manière arithmétique le pouvoir d'achat des citoyens.</i>
08:45 <i>Donc le rapport dit que l'État de Côte d'Ivoire</i>
08:48 <i>ne maîtrise pas l'inflation.</i>
08:51 <i>Donc ça voudrait dire que les techniciens actuels</i>
08:54 <i>qui gèrent les finances publiques doivent repartir encore à l'école.</i>
08:57 <i>Ensuite, le taux de pression fiscale, là encore c'est important,</i>
09:00 <i>par rapport à la dette.</i>
09:02 <i>Beaucoup de personnes, beaucoup d'entreprises disent</i>
09:05 <i>que le taux de pression fiscale de Côte d'Ivoire est élevé.</i>
09:08 <i>Mais en réalité, c'est une fausse pression.</i>
09:11 <i>L'UOMOA dit que dans le secteur de l'UOMOA,</i>
09:14 <i>le taux de pression fiscale doit être supérieur au égal à 20%.</i>
09:19 <i>2020, 2021, 2022, on est en déçà de 20%.</i>
09:24 <i>Ça veut dire quoi concrètement ?</i>
09:27 <i>Ça veut dire que vous, vous avez une population de 29 millions d'habitants,</i>
09:30 <i>au lieu de pouvoir fiscaliser tout le monde</i>
09:33 <i>pour que chaque citoyen ait un seul numéro d'immatriculation,</i>
09:37 <i>pour que chacun de nous paye en fonction de ses capacités les impôts,</i>
09:41 <i>il y a peut-être 15, 20% seulement qui payent les impôts en Côte d'Ivoire.</i>
09:45 <i>Et on doit créer des infrastructures et une bonne vie pour 29 millions.</i>
09:50 <i>Qui doit le faire ? Le gouvernement.</i>
09:54 <i>Quel est le ministère qui doit le faire ? Le ministère de la fonction publique.</i>
09:57 <i>On peut dire aujourd'hui à travers ce rapport</i>
10:00 <i>que le ministère de la fonction publique ne travaille pas suffisamment</i>
10:03 <i>pour garantir la qualité de la vie des citoyens.</i>
10:06 <i>Donc, le taux d'inflation...</i> Je finis sur les partis politiques, s'il vous plaît.
10:11 <i>Donc, le taux de pression fiscale étant bas,</i>
10:14 <i>l'État a deux éléments seulement pour pouvoir gagner de l'argent,</i>
10:18 <i>pour soutenir la vie des 29 millions.</i>
10:21 <i>Un des mécanismes, c'est d'aller prendre de l'argent d'ailleurs, les prêts.</i>
10:24 <i>C'est ce qui fait que, 2011, 2020, quatre aujourd'hui,</i>
10:28 <i>nous sommes à 22 000 milliards de dettes.</i>
10:31 <i>Si vous avez suivi avant-hier, on vient encore d'aller prendre de l'argent</i>
10:34 <i>il y a à peine trois jours.</i>
10:37 <i>Le deuxième mécanisme que le gouvernement utilise,</i>
10:40 <i>c'est d'augmenter la pression fiscale sur les instants.</i>
10:43 <i>Vous avez 29 millions d'habitants, vous avez 10% seulement qui payent les impôts.</i>
10:47 <i>Chaque année, le gouvernement met des impôts sur leurs têtes.</i>
10:49 <i>C'est pour cela que si vous allez à la CGCI, au MPME, à la FIPME,</i>
10:53 <i>toutes les entreprises de code ou avoue diront que la pression fiscale est élevée.</i>
10:56 <i>Donc on ne comprend pas le langage de la société civile qui dit que la pression fiscale est basse.</i>
11:00 <i>En réalité, l'État ne travaille pas structurellement pour structurer la vie publique.</i>
11:05 <i>Pour que le choukouyamane, la femme de la locodrome, paye ses impôts,</i>
11:09 <i>en fonction de ses capacités, ils ne le font pas.</i>
11:13 <i>Dernier point, le plus grave, qui délégitime tous les partis politiques,</i>
11:17 <i>je pense que les partis politiques de Côte d'Ivoire n'ont même plus à parler de corruption</i>
11:22 <i>parce qu'ils sont délégitimés.</i>
11:24 <i>Ils sont financés depuis 2004 à aujourd'hui.</i>
11:27 <i>Aucun d'entre eux n'a de rapport disponible.</i>
11:30 <i>Ils utilisent l'argent de l'État, ils utilisent tous nos argents,</i>
11:34 <i>ils sont financés sur fonds publics et la Cour des comptes.</i>
11:37 <i>Pour des structures privées.</i>
11:39 <i>Pour des structures privées, parce que c'est des droits de privé.</i>
11:41 <i>C'est des associations de droits privés.</i>
11:43 <i>Et on leur donne de l'argent et ils ne rendent pas compte.</i>
11:46 <i>Donc pour nous, nos recommandations, depuis que nous avons commencé à travailler sur les rapports,</i>
11:51 <i>on demande à l'État, on demande à la Cour des comptes, on demande au ministère du Budget et des Finances,</i>
11:56 <i>et le ministère de l'Intérieur, d'arrêter le financement des partis politiques,</i>
12:00 <i>tout en sachant qu'ils n'ont pas de rapport disponible.</i>
12:04 <i>Voilà les sept points de dysfonctionnement majeurs.</i>
12:07 <i>Il y en a d'autres.</i>
12:08 <i>Il y en a d'autres. En tout cas, merci déjà pour ces éclairages.</i>
12:11 <i>Alors, juste en face de vous, Jean-Marius Komoe,</i>
12:13 <i>quand vous regardez un peu tous ces dysfonctionnements,</i>
12:15 <i>vous, au niveau de la société civile et de toutes ces actions que vous engagez,</i>
12:21 <i>comment est-ce que vous associez le citoyen</i>
12:23 <i>ou comment est-ce que le citoyen est sensibilisé pour pouvoir s'approprier ces données,</i>
12:27 <i>ces éléments, pour pouvoir jouer le rôle de contrôle citoyen</i>
12:31 <i>dans la bonne gouvernance de nos États et de la Côte d'Ivoire en particulier,</i>
12:34 <i>dont on parle aujourd'hui ?</i>
12:35 <i>Mais sans cela, justement, l'importance des organisations de la société civile.</i>
12:40 <i>Le rapport entre le pouvoir public et la société civile découle de...</i>
12:48 <i>Votre question trouve sa réponse, justement, dans le rapport</i>
12:53 <i>entre la société civile et nos gouvernants.</i>
12:57 <i>En effet, pourquoi existe aujourd'hui la société civile ?</i>
13:01 <i>C'est justement parce que le constat est amer.</i>
13:06 <i>La gestion de la chose publique, aujourd'hui, suscite acrimonie,</i>
13:10 <i>angoisse et peine, souffrance au sein de la population.</i>
13:14 <i>Et donc, des citoyens qui se reconnaissent comme tels,</i>
13:19 <i>et qui constatent les dysfonctionnements dans la gestion de la chose publique,</i>
13:23 <i>se mettent ensemble et décident donc de créer des organisations</i>
13:29 <i>pour, naturellement, accompagner l'État à une meilleure gestion de la chose publique.</i>
13:34 <i>Les organisations de la société civile ne sont pas des adversaires à l'État.</i>
13:38 <i>Ce ne sont pas des partis politiques bis, que nennis.</i>
13:42 <i>Nous sommes tout simplement des organisations partenaires des pouvoirs publics.</i>
13:47 <i>Mais comprenez que souvent, entre partenaires, c'est comme la dent et la langue.</i>
13:52 <i>Eh bien, il arrive souvent que les dents mordent la langue.</i>
13:57 <i>Mais ce n'est pas une raison pour laquelle le citoyen dont la dent</i>
14:02 <i>a mordu sa langue va couper la langue et la jeter.</i>
14:06 <i>Non, les organisations de la société civile collaborent avec les pouvoirs publics</i>
14:12 <i>dans le secret, pour que les choses aillent pour le mieux</i>
14:17 <i>en vue d'une meilleure prise en compte de leur quotidien.</i>
14:21 <i>C'est ce qu'il a développé tout à l'heure, quand il faisait le sixième point</i>
14:26 <i>et le septième point du rapport de la Cour des comptes.</i>
14:30 <i>En regard de ce que nous savons, il faut dire tout simplement</i>
14:34 <i>qu'en ce qui nous concerne, organisation de défense et de protection des intérêts des consommateurs,</i>
14:38 <i>nous payons des impôts.</i>
14:40 <i>Nos impôts devraient nous révenir en termes d'amélioration de nos conditions de vie.</i>
14:45 <i>Cela veut dire que partout où l'ivoirien se trouve, il doit avoir accès aux sources d'énergie,</i>
14:51 <i>aux électricité, gaz, téléphone et tout le reste.</i>
14:55 <i>Il doit avoir accès à l'éducation, à la santé.</i>
14:59 <i>Il doit avoir accès aux commodités, ce que nous appelons les principes élémentaires</i>
15:08 <i>de mise à disposition par les pouvoirs publics du minimum nécessaire aux populations pour la bien-être.</i>
15:16 <i>Si vous n'arrivez pas à vous soigner, là où vous payez des impôts,</i>
15:20 <i>on parlait du cas, par exemple, il évoquait tout à l'heure la question de la lutte contre la vie chère,</i>
15:25 <i>le citoyen qui ne mange pas a sa faim.</i>
15:27 <i>Quel rendement l'État peut-il atteindre de ce dernier ?</i>
15:30 <i>Fait-il fonctionnaire dans le public ou dans le privé ?</i>
15:33 <i>Et donc, ce n'est pas essentiel de l'activité étatique qui nous préoccupe,</i>
15:39 <i>et qui faut que dans ce qui est fait par la Cour de Comptes,</i>
15:44 <i>nous nous retrouvons comme étant acteurs principaux, donc, des conclusions de cette Cour,</i>
15:50 <i>parce que, n'oubliez pas qu'il y a des organisations de la société civile,</i>
15:53 <i>dont le Dr Christophe Kwame est l'un des leaders,</i>
15:56 <i>qui sont pour la bonne gouvernance,</i>
15:59 <i>et qui travaillent au quotidien aux côtés de ces institutions.</i>
16:03 <i>Nous, en tant qu'organisation du consommateur,</i>
16:05 <i>nous défendons les droits et les intérêts des consommateurs</i>
16:09 <i>en termes de mise en œuvre des principes directeurs pour la protection du consommateur.</i>
16:13 <i>Pour la protection du consommateur, permettez-moi de revenir sur ce rapport.</i>
16:16 <i>On a vu qu'il y a à peu près 14 projets au niveau de différentes institutions et ministères,</i>
16:22 <i>notamment l'éducation, la santé, le commerce et des petites et moyennes entreprises et l'environnement,</i>
16:27 <i>des projets qui ont reçu le financement,</i>
16:30 <i>mais ces financements, en tout cas ces projets, n'ont pas encore vu le jour,</i>
16:34 <i>ne sont pas exécutés.</i>
16:36 <i>Je vais revenir vers vous tout à l'heure, Dr Christophe Kwame,</i>
16:39 <i>rapidement, en tant que citoyen de la société civile,</i>
16:41 <i>quand vous voyez qu'au niveau de l'éducation, de la santé, des petites entreprises,</i>
16:45 <i>il y a de l'argent qui a été débloqué pour des projets,</i>
16:49 <i>et que ces projets n'ont pas été exécutés,</i>
16:51 <i>qu'est-ce que vous pouvez faire ?</i>
16:53 <i>Comment vous sensibilisez déjà la population ?</i>
16:55 <i>Comment vous attirez l'attention des décideurs ?</i>
16:57 La question fondamentale est la prise d'abord de conscience
17:01 de ceux qui sont nommés à des responsabilités au niveau de la gestion de la chose publique.
17:07 C'est de ça qu'il s'agit.
17:08 Parce que le citoyen, il n'est pas le directeur, par exemple, d'un CHU.
17:12 Lui, il est un acteur,
17:15 qui vient vers, justement, le CHU,
17:18 pour trouver des prestations qui garantissent son état de santé.
17:23 Les dysfonctionnements sont à tous les niveaux, au niveau étatique.
17:30 Pourquoi la vie est chère ?
17:33 La vie est chère parce qu'il y en a qui refusent de faire le travail.
17:36 Il l'a dit tantôt.
17:39 Il y a des gens même qui méritent, qui devraient même démissionner.
17:42 <i>Permettez-moi de vous...</i>
17:44 Je ne dis pas que ça concerne uniquement,
17:48 ne voyez pas seulement dans la question de la lutte contre la vie chère,
17:51 un seul et unique acteur.
17:53 Très souvent quand on parle de lutte contre la vie chère, on regarde le ministère du Commerce.
17:56 Mais non.
17:57 La question, par exemple, relative à la production risicole,
18:01 en quoi ça découle du ministère du Commerce ?
18:04 Pourquoi le bétail en Côte d'Ivoire est si cher,
18:07 au point de confier notre vente à l'étranger ?
18:10 Regardez un pays comme le Mali, le Burkina, le Niger,
18:13 qui sont des pays enclavés.
18:15 Ils n'ont pas accès à des souches, à des herbes fraîches.
18:18 Ils n'ont même pas accès à une bonne saison pluviométrique.
18:21 Mais ces pays-là, dans cette calamité naturelle que Dieu leur a offerte,
18:26 produisent des bœufs, des moutons,
18:29 et viennent les vendre à un pays comme la Côte d'Ivoire,
18:32 dont Dame Nature a gratifié l'ensemble de son territoire national d'herbes fraîches,
18:37 pouvant lui permettre d'engager le pays sur une bonne politique de production animalier.
18:42 Nous avons un ministère de production animale et de ressources halieutiques.
18:48 Quelle est la politique nationale de production animalier,
18:51 de sorte à permettre à la Côte d'Ivoire de tourner le dos à l'importation tout à zimut de bétail ?
18:57 Voilà des questions fondamentales, parce que tout ça constitue justement des frais
19:02 à l'accès des populations aux ressources animalières.
19:07 Et donc ne pas le relever, ça fait preuve de malhonnêteté intellectuelle.
19:11 C'est pareil pour le secteur...
19:14 Aujourd'hui par exemple, vous prenez le secteur du riz.
19:17 Regardez l'Inde, regardez la Thaïlande, regardez la Chine, regardez même les États-Unis.
19:24 Des pays à des années lumières de développement de la Côte d'Ivoire.
19:28 Des pays dont on ne peut même nous comparer en termes de développement humain.
19:34 Mais les populations de là-bas, malgré la calamité naturelle qu'ils leur ont fait regarder bien,
19:39 la Chine c'est totalement clavé d'eau.
19:42 C'est des grandes îles.
19:44 Vous prenez l'Inde, c'est également assez d'eau.
19:47 Mais dans l'aire de dysfonctionnement naturel, ils produisent du riz.
19:52 Nous on a des bafons sur l'ensemble de notre territoire national.
19:55 On a une bonne saison pluviométrique.
19:57 Nous sommes en plein Armata, en Côte d'Ivoire, mais il continue de pleuvoir.
20:00 On a des ministères, on a des agriculteurs...
20:02 Je pense que votre message...
20:04 On a des ingénieurs, mais impossible de produire du riz.
20:07 Pour revenir à ce rapport, il y a un thème que vous avez étudié tout à l'heure.
20:10 Est-ce que ces dysfonctionnements, en tout cas ces projets qui n'ont pas vu le jour,
20:13 on peut dire qu'il y a des personnes qui ne font pas correctement leur travail,
20:17 ou qui refusent de travailler, ou bien est-ce qu'il y a des obstacles ?
20:19 14 projets pour des montants faramineux.
20:22 Qu'est-ce qui explique le fait que ces projets ne soient pas exécutés ?
20:26 En réalité, la Côte d'Ivoire est une république démocratique multipartite.
20:33 Et le travail est divisé.
20:35 Vous avez un exécutif, qui est le gouvernement,
20:38 avec l'administration centrale et les autres administrations.
20:41 Vous avez à côté le privé, qui fait du bénéfice pour créer la richesse.
20:45 Vous avez de l'autre côté les citoyens, qui ont une double fonction.
20:49 Ils sont les détenteurs de droits.
20:51 Certes, la production des services et des infrastructures doit venir aux citoyens,
20:56 mais en même temps, ils ont une deuxième fonction.
20:59 C'est comme si être citoyen, c'est un boulot, à plein temps.
21:04 Et donc, l'idée de la Cour des comptes
21:08 démontre que ces ministères n'ont pas atteint leurs objectifs.
21:13 Mais ce qui est encore grave, que la majorité des citoyens ne le savent pas,
21:18 c'est qu'en passant du budget de moyens au budget programme,
21:22 on donne l'occasion à chaque ministère
21:25 d'écrire lui-même en fonction de l'existence des statistiques.
21:30 Parce que l'Institut National des Statistiques de Côte d'Ivoire
21:33 dit dans tel domaine de la santé, voilà les besoins.
21:36 À l'école, voilà les besoins.
21:38 Tout ce que vous avez cité est l'existant.
21:40 Donc, chaque ministère récupère l'existant de la Côte d'Ivoire
21:45 et va dans le programme national de développement, le PND,
21:48 pour savoir que de telle année à telle année, voilà ce qu'on doit atteindre.
21:53 Par exemple, début 2023, dit Bicrou, 100% énergie solaire.
21:58 L'État de Côte d'Ivoire dit d'ici 2030, nous serons à 40% d'énergie solaire.
22:03 Donc, tous ceux qui sont dans ce domaine vont écrire
22:06 ce qu'on appelle un programme annuel de performance
22:09 en disant j'ai besoin de 10 milliards, j'ai besoin de 100 milliards
22:13 pour cette année, pour me mettre dans le cadre de la République de Côte d'Ivoire
22:18 jouer mon rôle pour l'éducation, par exemple.
22:21 En fin d'année, il faut un rapport annuel de performance
22:25 pour dire j'ai eu les 100 milliards, voilà ce que j'ai produit.
22:29 Et donc, ce que vous êtes en train de dire, la Cour des comptes constate
22:32 que 14 institutions n'ont pas atteint les objectifs.
22:36 Pire, en 2020, il y a un ministère qui a fait 2,96% de performance sur 100%.
22:43 La question aujourd'hui, c'est-à-dire après le constat,
22:47 nous avons déjà écrit à certaines institutions pour nous expliquer.
22:51 Par exemple, pour le cas précis du financement des partis politiques,
22:54 nous avons écrit à des ministères.
22:56 Les réponses qui sont arrivées ne nous ont pas encore satisfait.
22:58 Mais comme je l'ai déjà dit sur d'autres plateaux,
23:01 2020, 2021, 2022, le processus n'a que trois ans.
23:05 C'est-à-dire le budget programme n'a que trois ans d'existence.
23:08 Donc, on considère que les gens de l'administration,
23:12 pour certains qui ont travaillé depuis 50 ans, depuis 40 ans,
23:15 sur le budget de moyen, ont besoin d'un minimum de trois ans, quatre ans, cinq ans
23:20 pour se remettre à jour, pour maîtriser le nouveau système et être plus performants.
23:25 C'est ce que nous disons vraiment pour ne pas être des inquisiteurs seulement.
23:30 Mais quand on a dit ça, en regardant plus bas,
23:33 la question aujourd'hui, dont on n'a pas encore la réponse,
23:37 c'est est-ce que quand ils n'atteignent pas les objectifs, ils revêtent l'argent?
23:41 Est-ce que sur le papier du budget,
23:45 c'est à chaque étape d'exécution que l'argent est décaissé?
23:49 Pour le moment, on n'a pas d'informations disponibles.
23:52 Nous pensons que d'ici un mois, depuis deux mois,
23:55 nous allons le demander aux institutions,
23:57 le ministère du budget et le ministère des Finances,
24:00 enfin c'est fusionné maintenant, le ministère du plan,
24:02 et on reviendra à une autre émission pour savoir qu'est-ce qui est fait.
24:07 Est-ce que ce montant budgétisé sur papier reste dans les caisses de l'État
24:11 et est reversé au budget suivant?
24:14 Je ne crois pas parce que quand on lit actuellement,
24:18 quand on va commencer à écrire le budget 2025,
24:21 je constate que les éléments constitutifs du budget
24:25 ressortent que les impôts et le trésor vont acquérir pour chaque année de temps.
24:32 Je n'ai jamais vu encore une ligne disant
24:34 voilà ce qui est resté sur ce qui n'a pas été décaissé.
24:37 Je n'ai pas encore vu, mais ne pas avoir vu ne veut pas dire que ça n'existe pas.
24:42 La réponse, on viendra prochainement parce que nous,
24:44 on va faire la demande aux institutions en question.
24:48 Vous avez posé une question, je voulais répondre et vous l'avez donné la parole.
24:51 C'était, devant tout ça, qu'est-ce qu'on fait par rapport aux citoyens?
24:54 Justement.
24:56 L'accord du Voyageur aux Républiques est dans cette République,
24:59 nous avons des dispositions juridiques pour chaque corps.
25:02 Le corps des citoyens a un certain nombre de lois contenues
25:05 dans cinq lois précises avec le fameux article 23
25:10 contenu dans la loi portant ordonnance de la lutte contre la corruption et les infractions assimilées
25:16 qui rend le citoyen, qui lui donne le pouvoir de procureur citoyen.
25:21 Un procureur regarde ce qui se passe dans le pays.
25:24 Quand il y a un risque de trouble à l'ordre public, il s'auto-saisit.
25:28 Quand il y a un risque de mauvaise gouvernance, il s'auto-saisit.
25:31 Ces lois-là donnent le pouvoir aux citoyens de le faire.
25:34 Nous avons saisi la CAILP,
25:36 nous avons des décisions relativement à des ministères qui ne se seraient pas exécutées.
25:41 Je termine en disant, on est content que la Cour des comptes ait publié son rapport
25:46 et que pour cette fois-ci, après avoir publié le rapport, ait publié, communiqué,
25:50 parce que la loi l'oblige à double étapes.
25:52 Vous publiez le rapport, vous faites un communiqué officiel pour dire que vous avez publié le rapport.
25:57 Il manque les éléments constitutifs saillants que la Cour des comptes n'a pas encore publié
26:03 dans deux journaux de grand tirage.
26:05 Mais nous espérons que, nous avons déjà su quatre, on a déjà deux.
26:09 Il ne faut pas que l'arbre cache la forêt.
26:12 Il existe encore en Côte d'Ivoire plusieurs institutions supérieures de contrôle
26:16 qui ne publient même pas de rapport.
26:18 L'Inspection générale d'état, 2016-2022, aucun rapport.
26:22 Donc il faut attirer l'attention maintenant sur les délais de la classe
26:25 pour que ceux-là viennent maintenant publier leur rapport.
26:27 Je me permets, je suis sur votre plateau, je voulais me féliciter
26:31 de cette petite victoire qui a l'air de rien.
26:35 L'autorité nationale de régulation des marchés publics a publié son rapport 2022
26:39 et nous l'a fait porter.
26:42 C'est une première, c'est une victoire, c'est à féliciter.
26:45 Il faut féliciter l'institution administrative indépendante
26:49 qui s'appelle l'autorité nationale de régulation des marchés publics.
26:51 Pourquoi ? Parce qu'il y a trois grandes institutions supérieures de contrôle.
26:54 Il y a la Cour des comptes qui contrôle tout.
26:56 Mais les marchés publics représentent souvent 90% du burger,
27:01 la commande publique en général dans laquelle il y a les marchés publics.
27:03 Donc une institution si importante dans la gestion des finances publiques
27:07 publier son rapport attend le donner à des organisations de la société civile
27:14 faire preuve de transparence et c'est à encourager.
27:17 Alors messieurs, on a plus de temps, on arrive carrément au terme de cette émission.
27:21 Je crois qu'on va rester sur cette bonne note,
27:24 en tout cas cette note d'espoir de ces institutions qui se mettent au travail,
27:27 qui donnent de l'espoir à la bonne gouvernance en Côte d'Ivoire.
27:30 Mesdames et messieurs, c'est ici que se referme cette émission.
27:33 Nous étions avec M. Marius Komwe, président du Conseil national des consommateurs de Côte d'Ivoire
27:37 et Dr. Christophe Kwame, président de Civis Côte d'Ivoire.
27:39 Avec eux, nous avons évoqué la bonne gouvernance en Côte d'Ivoire
27:42 et surtout le rapport de la Cour des comptes et les institutions incriminées
27:46 et surtout comment lire ce rapport et les leçons à tirer.
27:49 Vous pourrez retrouver cette émission sur notre site internet www.medientv.com
27:53 et à l'institut de nos programmes sur nos antennes.
27:55 [Musique]
28:00 you

Recommandée