En Côte-d'Or, des infirmiers libéraux en quête de reconnaissance : "on voit entre 30 et 50 patients par jour"

  • il y a 8 mois
Anne-Gaëlle Kramer exerce son métier à Longvic, dans le sud de Dijon.

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Transcription
00:00 Jusqu'à 9h, toute la Côte d'Or se réveille.
00:02 La Côte d'Or se réveille et la Côte d'Or s'informe sur France Bleu Bourgogne et aussi sur France 3 Bourgogne.
00:09 Venez nous rejoindre aussi sur l'appli Ici, on est ce matin avec une infirmière libérale de Longue vie,
00:14 membre du collectif infirmier libéraux en colère, c'est Anne-Gaëlle Kramer.
00:17 Alors Anne-Gaëlle, vous travaillez à Longue vie dans un secteur populaire,
00:20 une zone sous-dotée en infirmières.
00:22 Est-ce que selon les secteurs où les infirmiers travaillent, les besoins sont les mêmes en matière médicale ?
00:29 Les soins que vous apportez aux clients ?
00:31 Oui, on a toujours les mêmes soins, ça va des soins d'hygiène,
00:36 aux soins avec des anticoagulants parce que les gens se sont fait opérer,
00:42 on a énormément de prises de sang, je pense qu'en milieu rural,
00:46 elles en ont encore plus que nous parce qu'il n'y a pas de laboratoire à proximité.
00:49 Et qu'on ne peut pas forcément se déplacer.
00:51 Et voilà, on a énormément de pansements de gens qui sont diabétiques.
00:59 Votre panel est hyper large.
01:02 C'est ça qui est bien aussi dans notre profession, parce qu'elle est bien notre profession,
01:06 c'est qu'on peut passer d'une maison où il y a eu une naissance,
01:11 et puis on vient faire des soins suite à cette naissance,
01:14 et puis la maison d'à côté, ça peut être des soins palliatifs,
01:17 et entre temps, on voit des gens qui ont des plaies dulcères,
01:22 des pansements chirurgicaux, donc il y a des gens où ça dure très longtemps,
01:26 et d'autres, beaucoup moins.
01:28 Vous nous le disiez il y a quelques minutes, vos journées, elles sont très remplies,
01:31 vous courez un peu toute la journée, mais le problème c'est qu'aujourd'hui,
01:33 vous dites que la situation se dégrade.
01:35 Pourquoi ? Vous nous parliez notamment de l'hôpital.
01:38 Eh bien, l'hôpital, nul n'est censé savoir qu'ils sont aussi en souffrance,
01:43 qu'ils ont un vrai manque de personnel,
01:46 et on le voit parce que les gens restent...
01:50 les temps d'hospitalisation sont rétrécis,
01:54 et en ce moment, là je dirais, ça fait deux, trois mois qu'on s'est aperçus sur le terrain
01:59 qu'il y a vraiment peu de personnel, puisque les services ont l'air de fermer des lits,
02:04 puisque nous, le vendredi, on a vraiment énormément de sorties de patients.
02:09 J'ai travaillé ce week-end, vendredi, j'ai eu cinq sorties de personnes
02:13 qui sortaient de l'hôpital à qui il fallait finir les soins X ou Y,
02:19 et qui retournent à l'hôpital dès le lundi pour revoir le médecin.
02:23 En fait, vous êtes au bout de la chaîne, c'est-à-dire que quand un patient sort de l'hôpital,
02:27 il rentre à la maison, et vous, vous devez être présent à la maison des patients.
02:30 C'est ça, avec le matériel médical et paramédical qu'il faut,
02:34 c'est-à-dire qu'il faut aussi qu'il aille à la pharmacie chercher ce qu'il faut,
02:38 et puis nous, on ne travaille que sur ordonnance.
02:41 Donc il faut qu'elle soit bien rédigée, puisque si elle est mal rédigée,
02:46 ce n'est pas la personne qui a prescrit ou le patient qui ne va pas être remboursé,
02:53 c'est nous, les infirmières, qui allons avoir des induits,
02:56 et qui remboursons l'ACPAM parce que l'ordonnance est mal rédigée.
03:00 - Alors là, on parle de la revalorisation de vos actes.
03:02 Pour nous donner un exemple, une prise de sang, aujourd'hui, vous la facturez combien,
03:06 et combien, au final, vous avez dans votre poche ?
03:08 - Alors, nous, on a déjà un AIMI, on cherche la revalorisation,
03:12 qui est de 3,15 euros bruts, qui a été revalorisé de 15 centimes en 2009.
03:19 - Et plus depuis. - Et plus du tout depuis.
03:21 Et en fait, après, ça reste une clé, et on la multiplie en général par 1, 1,5, 2,
03:27 c'est la grosse majorité de nos prestations dans la journée.
03:33 Il y a un petit peu plus des fois, mais vraiment, ça reste classique.
03:37 Une prise de sang, c'est 1,5, donc c'est 3,15 multipliée par 1,5.
03:43 Voilà, et il nous en reste 50% dans la poche.
03:46 - Donc la revalorisation de vos actes médicaux, sans compter que vous avez aussi des frais kilométriques,
03:50 qui sont à votre... - Qui ont explosé.
03:52 - Qui ont explosé. - On vous excuse.
03:55 - L'essence, depuis 2009, puisqu'on s'est calé sur cette date, a augmenté de 85%.
04:02 Nos indemnités forfaitaires de déplacement ont augmenté de 8,7%.
04:07 Et notre voiture, c'est notre bureau.
04:10 Donc on nous reproche des fois d'avoir des grosses voitures.
04:12 Alors non, on n'a pas des grosses voitures, on a des voitures qu'il faut qu'elles démarrent le matin,
04:16 qu'il faut surtout que ça ne nous lâche pas dans la journée,
04:19 et où dedans, on a des caisses avec du matériel de prise de sang,
04:23 des caisses avec du matériel pour faire des pansements.
04:26 On a aussi des glacières, parce qu'on doit mettre nos prises de sang dans des glacières.
04:29 - On a des années au labo d'analyse ensuite. - Et on amène ça au labo gracieusement,
04:33 puisque là, il n'y a aucune valorisation de ces frais de déplacement pour aller au laboratoire.
04:40 Et des fois, on appelle un médecin parce que le patient n'y arrive pas,
04:44 parce qu'il n'a pas de famille, parce qu'on fait plein plein de tâches en plus.

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