7 MINUTES POUR COMPRENDRE - Agriculteurs : pourquoi ça coince toujours ?

  • il y a 8 mois
e Premier ministre Gabriel Attal a annoncé qu’il recevra mardi après-midi la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, alors que le syndicat majoritaire envisage une reprise des actions si les récentes annonces du Premier ministre ne sont pas suivies d’effets concrets d’ici au Salon de l’agriculture à Paris, qui s’ouvrira le 24 février. La réunion se tiendra à 16h30 en présence du ministre de l’Agriculture Marc Fesneau et de sa ministre déléguée Agnès Pannier-Runacher, a précisé ce lundi Matignon. 

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Transcription
00:00 Et avec nous pour en parler, Karine Duc, coprésidente de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne,
00:03 Paul De Vidaire, membre du Conseil d'administration du Syndicat Jeunes Agriculteurs,
00:07 Bruno Jeudy et Gaëtan Mellin, chef du service Éco de BFM TV.
00:11 Gaëtan, juste pour qu'on se remette un peu, qu'est-ce que les agriculteurs ont obtenu ?
00:15 Qu'est-ce qui a été promis par le gouvernement ?
00:17 Alors, ce qui a été promis et qui est en train d'être mis en place,
00:21 tout d'abord la fameuse taxe Génère, la taxe sur le gasoil non routier.
00:25 Le guichet pour se faire rembourser a été ouvert et la procédure est en cours.
00:31 Autre mesure en place également, les procédures d'indemnisation contre la MHE,
00:37 la maladie hémorragique épisodique, qui a concerné un certain nombre de bêtes.
00:45 Le déploiement du fonds d'urgence aussi pour la Bretagne, qui a été impacté par deux tempêtes.
00:51 Et puis, dans le cadre de la loi EGalim,
00:53 le gouvernement a annoncé qu'il y avait 124 procédures en cours.
00:58 Alors attention, ce sont des procédures,
01:00 puisqu'il nous précise que ces irrégularités peuvent encore être corrigées.
01:05 Et puis, il y a bien évidemment toutes ces consultations autour du projet de loi agricole,
01:10 puisque les consultations seront prises en compte
01:12 et le texte normalement devrait être soumis au Conseil d'État avant la fin février.
01:17 Le plan Eco-FITO qui est mis en pause,
01:21 et puis des discussions également sur les 4% de jachères.
01:25 Pour le moment, on est un peu en stand-by,
01:27 mais effectivement, tout cela est en cours de négociation.
01:30 Et puis, bien évidemment aussi, il y a cette simplification
01:33 qui est appelée par toutes les organisations professionnelles,
01:37 que ce soit les jeunes agriculteurs ou bien la coordination rurale.
01:40 Mais tout ceci, effectivement, prend du temps, mais est en cours de discussion.
01:44 Paul De Villers, Karine Duc, d'abord, il y a eu beaucoup de promesses.
01:47 Donc, vous avez vu quoi, vous, depuis 10 jours ?
01:51 Nous, concrètement, on ne voit rien du tout.
01:53 On ne voit rien se faire.
01:53 On est revenus dans nos fermes.
01:55 Le quotidien est exactement le même qu'avant de partir.
02:00 Les brefs points sur lesquels il y a eu quelques avancées,
02:06 ce n'est pas ça qui va permettre aux agriculteurs de se remettre à flot
02:11 et de permettre de produire 2024 correctement
02:15 et d'avoir, on va dire, les capacités financières d'honorer toutes les charges.
02:21 On a maintenant deux ministres qui sont à l'agriculture.
02:24 On a le Premier ministre et on a le Président de la République,
02:27 visiblement, qui se focalisent sur le sujet.
02:30 Il serait temps de passer un coup d'accélérateur.
02:32 Ce qui est fait aujourd'hui n'est absolument pas satisfaisant.
02:36 Justement, Paul De Villers, vous allez tout à l'heure voir le Premier ministre.
02:39 Après, il y aura le Président.
02:41 Vous allez nous en dire quoi ?
02:42 En fait, nous, ce qu'on voit, c'est que tout ne pourra pas se faire
02:47 dans un délai de temps très court.
02:49 Parce que l'objectif, c'était avant le Salon de l'Agriculture.
02:51 Oui, il y a des choses qui pourraient être traitées avant le Salon de l'Agriculture.
02:55 Après, il y a des thèmes qui commencent à toucher à l'Union européenne
02:57 où là, le délai, on va être conscient, responsable.
03:01 On ne pourra pas avoir des réponses aussi vite
03:03 que quand on traite un problème franco-français.
03:05 Donc oui, on va tout faire pour obtenir un maximum de lignes
03:10 avant le Salon de l'Agriculture pour que ça reste un bel événement
03:13 où on va y représenter et où on va voir une belle image de l'agriculture française.
03:18 Mais voilà, nous, on est conscient.
03:21 On est en mode travail actuellement avec le gouvernement,
03:26 que ce soit à tout niveau, que les échelons départementaux,
03:30 les préfectures et nous aussi à Paris,
03:34 directement avec les cabinets des différents ministres.
03:37 Mais voilà, le travail est en cours.
03:40 Il reste quand même beaucoup à faire, c'est sûr.
03:44 Mais voilà, il y a quand même quelques avancées.
03:46 Karine Duc, on entend les mots conscience, responsabilité.
03:50 Vous, on a entendu que vous n'aviez rien vu venir sur le terrain.
03:52 Je vais vous poser la question cash.
03:53 Est-ce que vous avez l'impression de vous être fait avoir ?
03:57 Écoutez, on est en train de se poser la question, concrètement.
04:00 C'est un peu le ressenti des troupes en ce moment.
04:02 Donc, il va falloir passer un sacré coup d'accélérateur
04:07 si on ne veut pas que l'amertume gagne trop les campagnes
04:11 et remette des actions en œuvre.
04:14 Et sinon, justement, vous reprenez les barrages, c'est ça que ça veut dire ?
04:18 Ça veut dire qu'il va y avoir des actions, évidemment.
04:21 Écoutez, on ne peut pas passer 15 jours avec autant de mobilisation
04:24 et se satisfaire de si peu.
04:27 Nous aussi, nous sommes dans la construction.
04:29 Nous avons fait des propositions.
04:30 Nous sommes en relation avec les services de l'État en permanence.
04:34 Mais quand on veut mettre un coup d'accélérateur,
04:36 on peut.
04:37 Donc, il va falloir le faire là très, très vite.
04:40 Et évidemment que les actions sont en cours de préparation
04:45 parce que s'il ne se passe absolument rien,
04:48 c'est malheureux de parler de cette façon-là,
04:50 mais s'il ne se passe absolument rien,
04:52 forcément, les actions reprendront parce qu'on ne peut pas rester comme ça.
04:56 On ne peut pas se satisfaire de ce qui est fait aujourd'hui.
04:58 Bruno, je dis justement, le chef de l'État surveille ça comme le lait sur le feu.
05:02 Oui, il met la pression sur son gouvernement
05:05 en rentrant la semaine dernière d'une visite dans le Doubs,
05:08 une visite chez un exploitant agricole,
05:09 le président des Jeunes agriculteurs.
05:11 Le soir, il a demandé à ce qu'on lui remonte le nombre de préfets
05:14 qui avaient engagé effectivement les négociations département par département
05:18 avec les responsables syndicaux.
05:20 Ce week-end, je peux vous dire qu'il n'avait toujours pas le nombre exact
05:23 de départements où les discussions étaient engagées.
05:26 Ça veut dire quoi ?
05:27 Ça veut dire que les mesures, le mois de simplification annoncé par Gabriel Attal
05:31 le 1er février, c'est-à-dire il y a 12 jours,
05:34 pour l'instant, on ne sait pas trop où ça en est.
05:36 Et on voit bien que Emmanuel Macron met la pression directe sur son Premier ministre.
05:39 C'est un peu un test aussi pour le Premier ministre.
05:41 Très fort dans la communication, très fort dans les annonces.
05:43 Maintenant, il va falloir passer au concret.
05:45 Alors, lui-même a annoncé 10 mesures de simplification,
05:48 curage des eaux, diminution des recours contre les projets agricoles.
05:51 Mais les agriculteurs département par département,
05:54 ils veulent avoir du concret, notamment sur la simplification des normes.
05:57 Justement, vous, représentants syndicaux, vous les avez vus ?
05:59 Les préfets, vous les avez vus ne serait-ce qu'au téléphone ?
06:02 Dans les départements, il y a eu les rencontres qui ont été organisées.
06:05 En tout cas, mon département et le préfet
06:09 ont rencontré les jeunes agriculteurs et aussi les autres organisations.
06:13 Mais effectivement, on attend maintenant des choses concrètes.
06:16 Il y a des choses, on va dire, toutes bêtes,
06:18 qui peuvent être faites assez rapidement,
06:21 qui nous simplifieront la vie de tous les jours.
06:24 Quand je pense à ça, je pense à la gestion des haies.
06:28 Quand on a des haies qui poussent sous les clôtures
06:31 et qu'on veut refaire la clôture,
06:32 si demain on vient à vouloir enlever cette haie, on ne peut pas.
06:36 Alors qu'en fait, c'est pour refaire la clôture
06:38 et qu'avant la clôture, la haie n'était pas là.
06:41 Donc ça veut dire quoi ?
06:42 Ça voudrait dire que la clôture, il faut qu'on la mette 1,50 m avant l'autre.
06:47 Donc une perte de foncier agricole,
06:49 c'est des choses logiques qu'on demande et concrètes.
06:52 Et il y a plein d'autres exemples comme ça qui peuvent nous faciliter la vie.
06:55 Karine Duc, le préfet du Lot-et-Garonne,
06:57 on l'a beaucoup vu à l'occasion de la visite de Gabriel Attal tout près de chez vous.
07:01 Mais est-ce que vous avez le sentiment d'avoir été entendu ?
07:03 Est-ce qu'il y a des choses qui ont bougé ?
07:06 Alors pour l'instant, pas grand-chose n'a bougé.
07:10 Je sais qu'il est attentif à nos demandes.
07:13 Il reçoit un courrier par jour de sous-sensation.
07:18 Et concrètement, nous, l'intérêt, ce n'est pas de le rencontrer une énième fois
07:23 parce qu'il connaît tous les sujets.
07:24 On l'a vu suffisamment de fois pour qu'il sache la teneur et les demandes pressantes.
07:30 On lui écrit tous les jours avec la Chambre d'agriculture.
07:35 Ce qu'on veut maintenant, c'est des actes et des réponses.
07:39 Ça suffit maintenant.
07:39 Les échanges, les débats, les réunions NIT, il faut que ça s'arrête maintenant.
07:45 Ils connaissent suffisamment tous les sujets.
07:47 Maintenant, il faut qu'ils prennent des mesures exemplaires
07:51 et exemplaires à l'échelle de chaque département
07:54 pour qu'on sente qu'il y a réellement une volonté de simplification.
07:58 Gaëtan, il y a une ministre déléguée à l'agriculture qui vient d'être nommée,
08:02 Agnès Pannier-Runacher.
08:03 Ça peut changer quelque chose ?
08:05 Ça peut accélérer les choses ?
08:07 Oui, parce qu'effectivement, toutes les organisations professionnelles
08:10 estiment que toutes ces choses prennent du temps.
08:12 Mais il y a ce projet de loi sur l'agriculture qui est très attendu
08:16 et dans lequel on retrouvera un certain nombre de mesures,
08:20 notamment sur la simplification,
08:22 notamment sur la transmission des exploitations.
08:24 Ce sont des attentes de ces organisations professionnelles,
08:27 mais malheureusement, effectivement,
08:28 ce texte, encore une fois, il sera présenté avant la fin du mois de février
08:32 au Conseil d'État.
08:33 Après, il arrivera bien sûr à l'Assemblée nationale.
08:36 Tout ceci prend du temps.
08:37 Mais il y a des choses...
08:38 Il y a de l'argent à débloquer, aussi.
08:39 Exactement.
08:39 Le GNR, le fameux gasoil non routier.
08:42 La taxe est censée être remboursée tout de suite.
08:44 Le guichet est ouvert.
08:45 Il faut maintenant en faire la demande.
08:46 Mais l'argent n'arrive pas.
08:47 Et l'argent arrivera dans les toutes prochaines semaines.
08:49 Mais encore une fois, là aussi,
08:51 ce sont des procédures qui prennent un peu plus de temps.
08:54 En revanche, il y a eu des réponses très concrètes,
08:56 notamment sur la volaille ukrainienne,
08:59 avec une décision au niveau européen
09:01 qui, pour le coup, est en faveur des agriculteurs français.
09:05 Mais effectivement, tout ceci prend beaucoup de temps,
09:07 et notamment sur la question, finalement, des revenus des agriculteurs.
09:11 Et ça, ça sera beaucoup plus complexe,
09:13 parce qu'aujourd'hui, que demandent les agriculteurs ?
09:14 C'est de pouvoir vivre de leurs revenus.
09:16 Et ça, malheureusement,
09:18 on ne peut pas d'un coup de maguet de magique leur assurer cette rentrée d'argent.

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