Ça vous regarde - Comment sauver notre souveraineté alimentaire ?

  • il y a 7 mois
Grand témoin : Antoine Armand, député Renaissance de Haute-Savoie et auteur de « Le mur énergétique français » (Stock)

GRAND DÉBAT / Comment sauver notre souveraineté alimentaire ?

« Le récap » par Valérie Brochard

En 2023, la balance agricole française était excédentaire de 6,8 milliards d'euros. Toutefois, ce chiffre repose principalement sur les exportations de céréales et de vins et spiritueux, sans lesquels la balance française serait fortement déficitaire. Dans la filière du lait par exemple, la souveraineté alimentaire de la France pourrait être mise à mal dès 2027. La crise ukrainienne et l'inflation ont accru les doutes des agriculteurs qui peinent à couvrir leurs frais de production et craignent pour la transmission de leur exploitation. Les annonces de Gabriel Attal du 1er février 2024 ont réussi à refroidir les braises de la crise agricole mais les producteurs réclament aujourd'hui un calendrier clair et des engagements concrets. Comment garantir aux agriculteurs des revenus suffisants pour assurer la pérennité de leurs exploitations ?

Invités :
- Charles Sitzenstuhl, député Renaissance du Bas-Rhin,
- Rodrigo Arenas, député LFI de Paris,
- Yohann Barbe, porte-parole FNSEA, Président de l'union des producteurs de lait des Vosges,
- Sylvie Brunel, géographe et auteur de « Sa Majesté le Maïs » (éditions du Rocher).

GRAND ENTRETIEN / Antoine Armand : énergie, 30 ans d'erreurs politiques !

Dans son livre « Le mur énergétique français », le député Antoine Armand simplifie le rapport d'enquête sur la perte de souveraineté énergétique de la France, présenté en mars 2023 à l'Assemblée nationale. Il expose pour le grand public, les erreurs politiques d'hier qui ont conduit le pays à une insécurité énergétique. L'auteur met en avant deux solutions pour retrouver un modèle stable et une forme de souveraineté énergétique : baisser notre consommation énergétique et produire une quantité inédite d'énergie bas carbone. Cependant, sommes-nous humainement et technologiquement capables de relever ce défi pour ne pas foncer dans ce « mur » ?

Grand témoin : Antoine Armand, député Renaissance de Haute-Savoie et auteur de « Le mur énergétique français » (Stock)

LES AFFRANCHIS

- Iannis Roder, professeur d'histoire-géographie en Seine-Saint-Denis,
- Thomas Lestavel, journaliste économique indépendant,
- « Bourbon express » : Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP.

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcript
00:00 [Musique]
00:06 Bonsoir, bienvenue, très heureuse de vous retrouver.
00:09 Un mot à la une de Savourgarde ce soir,
00:12 souveraineté, souveraineté énergétique,
00:15 avec le livre que viendra nous présenter Antoine Armand tout à l'heure,
00:19 le député Renaissance, publié chez Stock,
00:22 "Le mur énergétique français",
00:23 fruit du rapport accablant de la commission d'enquête parlementaire
00:27 qu'il avait piloté à l'Assemblée sur la fragilité de la filière nucléaire de notre pays.
00:33 Et puis, souveraineté alimentaire, c'est le thème de notre débat ce soir,
00:37 alors que les syndicats d'agriculteurs mettent la pression sur le gouvernement
00:40 pour qu'ils tiennent ses engagements.
00:42 Eh bien, un rapport parlementaire vient tirer la sonnette d'alarme
00:45 sur les capacités de l'Union à nourrir sa population
00:48 sans dépendre du reste du monde.
00:51 Comment renforcer notre autonomie stratégique en matière d'alimentation ?
00:55 C'est le grand débat que je vous propose ce soir dans un instant sur ce plateau.
00:59 Enfin, nos affranchis ce soir, l'économie, Thomas Lestavelle, l'école, Yannis Roder,
01:03 et puis Bourbon Express, bien sûr, l'histoire du jour à l'Assemblée avec Elsa Mondin-Gava.
01:08 Voilà pour le sommaire, ça vous regarde, top générique.
01:20 Alors, pouvons-nous compter sur notre capacité d'autonomie, sur nous-mêmes, pour nous nourrir ?
01:27 La colère des agriculteurs sur fonds de guerre en Ukraine
01:29 a fait ressurgir cette question de la souveraineté alimentaire,
01:33 même si, il faut le dire, l'Europe reste un très grand continent agricole, le premier notamment.
01:38 D'ailleurs, notre indépendance alimentaire, elle décline dans le temps,
01:42 à mesure que nos importations bondissent.
01:45 Est-ce qu'on peut comparer la désindustrialisation à la crise agricole
01:49 que traverse le continent ? C'est l'une des questions que l'on va se poser ce soir.
01:53 Bonsoir Charles-Syzen Stuhl.
01:55 - Bonsoir, Myra, encore. - Merci d'être là, député Renaissance du Barin,
01:58 co-rapporteur de cette mission d'information de la Commission des Affaires Européennes,
02:03 il faut le souligner, sur ce thème de la souveraineté alimentaire en Europe,
02:07 co-écrit avec Rodrigo Arenas. Bonsoir. - Bonsoir.
02:09 - Merci à vous d'être présent sur ce plateau, député LFI de Paris.
02:13 Bonsoir, Johan Barbe. - Bonsoir.
02:15 - Bienvenue, porte-parole de la FNSEA, reçu par Gabriel Attal en ce moment à Matignon.
02:20 Vous êtes aussi producteur de lait dans les Vosges, on parlera de la filière laitière en crise.
02:26 Et puis enfin, bonsoir, Sylvie Brunel. - Merci.
02:28 - Merci d'être là, vous êtes géographe, spécialiste des questions agricoles
02:31 et auteur de sa "Majesté le maïs", c'est votre dernier livre aux éditions du Rocher.
02:36 On va commencer avec l'actualité du jour.
02:38 Après les annonces du gouvernement, eh bien le gouvernement,
02:40 les syndicats, pardon, veulent des garanties rubis sur l'ongle.
02:44 On va faire ça dans le récap de Valérie Brochard, tout de suite.
02:47 Et bonsoir, ma chère Valérie. - Bonsoir, Myriam.
02:51 Bonsoir à toutes et à tous.
02:52 - Alors, ce n'est pas fini, le mouvement des agriculteurs ?
02:55 - Mais non, Myriam, les tracteurs sont rentrés à la ferme,
02:57 mais ils sont prêts à faire demi-tour à l'approche du Salon de l'Agriculture.
03:01 La pression est maximale.
03:03 Pourtant, il y a eu des promesses, beaucoup de promesses,
03:05 mais pas assez de résultats concrets pour le président de la FNSEA, qu'on écoute tout de suite.
03:11 - Les agriculteurs n'ont jamais désarmé, tout le monde a dit.
03:13 On est prêts à repartir si le travail réalisé n'est pas au niveau des attentes
03:19 qui sont très fortes et qui ont été exprimées.
03:21 Quand le gouvernement nous dit, il y a 15 jours,
03:23 on va travailler sur un grand plan élevage d'ici le Salon,
03:25 et qu'à mi-chemin, on n'a pas d'informations sur ce grand plan élevage,
03:28 les propositions, les grandes phrases, les annonces, ce n'est plus ce qu'on attend.
03:31 Nous, ce qu'on veut voir, c'est que ça change dans nos fermes.
03:34 C'est ça qu'on veut.
03:36 - Et Arnaud Rousseau précisera plus tard dans l'entretien
03:39 que certaines actions sont déjà prévues.
03:41 Bref, le Salon de l'agriculture est déjà pris en otage.
03:45 Alors, pour négocier avant le lâcher de bovins dans les rues de Paris,
03:47 Gabriel Attal recevait, vous le disiez cet après-midi,
03:50 les jeunes agriculteurs et la FNSEA pour les rassurer sur le calendrier.
03:55 Au moment même où l'on se parle, ils sont toujours en train de discuter,
03:58 mais d'après Matignon, un projet de loi sera bien présenté
04:01 avant le grand rendez-vous du Salon de l'agriculture
04:04 qui débutera le 24 février prochain.
04:07 Tic-tac, le compte à rebours est déjà lancé,
04:09 et le projet de loi sera déjà présenté.
04:11 - Et le gouvernement a déjà annoncé
04:13 que le salaire de l'agriculture sera réglé
04:16 en juin 2021, avec un budget de 3,11 millions d'euros
04:18 avant l'éventuelle reprise d'une mobilisation paysanne.
04:21 Panique générale jusque sur les bancs de l'hémicycle.
04:24 Cet après-midi, c'est le ministre de l'Agriculture
04:27 qui rappelait les dispositions déjà engagées
04:30 concernant la filière bio.
04:32 - C'est vrai que la filière bio connaît une crise très grave.
04:35 100 millions d'euros en 2023 pour accompagner la filière
04:38 va se voir dotée en année de croisière,
04:40 jusqu'en 2027 de 18 millions d'euros.
04:42 C'est aussi l'agence bio qui s'est vue dotée de moyens
04:44 beaucoup plus importants en termes de communication.
04:46 Une campagne de communication va d'ailleurs se dérouler
04:49 durant le Salon pour stimuler la demande.
04:51 - Alors cet après-midi, Marc Faineau,
04:53 le ministre de l'Agriculture, défendait le bio,
04:56 mais hier, il a vu les associations écologistes
04:58 lui claquer la porte au nez
05:00 quand il leur a annoncé la suspension du plan Ecofito.
05:03 Vous le savez, Myriam, ce plan est censé réduire de 50%
05:06 des pesticides d'ici à 2030.
05:08 Alors finalement, le plan est maintenu,
05:10 mais le calcul sera un petit peu différent.
05:12 Bref, pour la directrice de l'une des ONG
05:14 qui était conviée à cette réunion,
05:16 l'intention du gouvernement est claire,
05:18 rhabiller l'agriculture en déshabillant l'écologie.
05:21 On l'écoute.
05:22 - C'était le fondement d'Ecofito,
05:24 c'est de réduire globalement l'usage des phytosanitaires,
05:29 des pesticides, des herbicides dans l'agriculture française.
05:32 Et donc d'accompagner cette réduction des usages
05:34 par de nouvelles pratiques
05:36 et d'accompagner la profession agricole
05:39 à un autre, un nouveau modèle de production agricole
05:42 plus en phase avec la préservation des écosystèmes,
05:45 de la biodiversité et dans le respect de la santé humaine.
05:49 - Oui, c'est pas simple, pas simple de répondre à tout le monde
05:52 avec équité.
05:53 En France, il y a autant de filières agricoles
05:55 que de légumes différents
05:57 et une très grande diversité dans la façon de produire.
05:59 C'est ce qui fait la force de l'agriculture française.
06:01 Et quand elle souffre, tout le monde s'inquiète,
06:03 même le président de la République,
06:05 après sa visite totalement surprise et secrète dans le Doubs
06:09 la semaine dernière, il recevra lui aussi demain
06:12 la Coordination rurale et la Confédération paysanne,
06:14 puis la FNSEA et les jeunes agriculteurs,
06:16 un peu plus tard avec un seul objectif,
06:19 éviter de recevoir des oeufs sur son costume
06:22 le jour de l'ouverture du Salon de l'Agriculture.
06:25 - Oui, ce serait une image qui ferait le buzz, comme on dit.
06:29 Merci beaucoup, Valérie.
06:31 Johan Barbe, je vais commencer avec vous,
06:33 parce qu'on sent bien qu'on est un peu à mi-parcours.
06:36 Est-ce que vous avez déjà l'impression
06:38 d'être laissé pour compte après les annonces ?
06:40 Est-ce qu'il y a des signaux qui vous font craindre ça ?
06:43 - On a des signaux qui nous font craindre
06:45 que finalement on vient de perdre 10 jours.
06:47 Suite aux annonces, on n'a pas senti
06:49 le changement de logiciel, comme on le dit régulièrement,
06:52 de la part du gouvernement.
06:54 Dans les discours, oui, dans les actes, un peu moins.
06:56 Donc aujourd'hui, la réunion de travail qui s'est déroulée
06:59 et qui se termine en ce moment même avec le Premier ministre
07:02 était vraiment pour faire un point d'étape,
07:04 pour être sûr que tous les travaux qui avaient été annoncés
07:07 sont bien engagés.
07:08 Et le gouvernement doit respecter ses engagements.
07:11 C'est le gage qui nous a fait rentrer, entre guillemets,
07:13 sur nos exploitations, mais on est prêt à ressortir.
07:16 C'est pas de gaieté de coeur.
07:18 Là, aujourd'hui, ce qui est sûr, c'est que nos agriculteurs
07:21 sont en attente d'annonces concrètes sur les exploitations.
07:23 - Oui, après, vous le savez bien, et la FNSA le sait très bien,
07:27 il y a toujours un temps de latence entre l'annonce et la mise en oeuvre.
07:32 Je pense, par exemple, aux promesses de versement des aides de la PAC.
07:37 Ça, ça sera en mars. Est-ce que c'est trop long ?
07:40 Je pense au remboursement du gazole non routier.
07:42 Je crois que pas tous les agriculteurs l'ont touché.
07:45 Certains, à la fin du mois.
07:46 Je pense à la pause, la fameuse pause sur les jachères,
07:49 le pacte vert européen.
07:51 Là, on est dans l'annonce, mais forcément,
07:53 il faut encore des engagements à 27.
07:55 Est-ce que vous ne vous dites pas, tout simplement,
07:58 pour que la réalité soit là, il faut quand même quelques semaines ?
08:03 - Après, on alerte quand même le gouvernement depuis la mi-octobre.
08:07 Avec nos fameuses opérations, on marche sur la tête,
08:09 les panneaux retournés dans toutes les communes de France,
08:11 le soutien de beaucoup d'élus au niveau des territoires.
08:14 Donc, je veux dire, on n'est pas sur un pas de temps
08:16 qu'on presse le gouvernement.
08:18 Effectivement, les blocages des routes ont marqué le temps fort
08:21 de nos actions pour dire maintenant, on y va, on agit.
08:24 Donc, le gouvernement s'est engagé sur plusieurs mesures.
08:27 Aujourd'hui, on ne voit pas, ce n'est pas suivi d'effets.
08:29 Quand vous nous parliez du GNR, c'est bien,
08:31 ils ont dû balayer d'un revers de la main le travail qui avait été fait
08:34 au niveau du projet de loi de finances avec la FNSA et tout
08:37 pour assurer une transition.
08:39 Mais aujourd'hui, c'est bien d'avoir fait l'annonce.
08:41 J'ai commandé du GNR, semaine dernière.
08:43 J'ai payé la surtaxe.
08:44 Donc, la réalité, c'est que dans le cours des fermes,
08:46 ce n'est pas traduit encore.
08:47 Donc, qu'on ait des temps un peu plus longs, je l'entends.
08:49 Sur la PAC, vous me posez une question de la PAC.
08:51 Ceux qui l'attendent, c'est depuis le 15 octobre.
08:53 Quand on me dit que ça va être payé au 15 mars, au plus tard,
08:55 je suis désolé, c'est un temps trop long.
08:57 Et malheureusement, il a fallu des actions aussi fortes
09:00 pour que le gouvernement se prenne conscience
09:02 que les agriculteurs avaient vraiment besoin de cet argent.
09:04 Aujourd'hui, ils se sont mis mal avec leurs banquiers
09:06 parce que c'est les banquiers qui assuraient le court terme.
09:08 Mais comment on peut vivre comme ça, à court terme,
09:11 sur nos exploitations, alors qu'on a des engagements de long terme
09:13 pour assurer la souveraineté alimentaire française ?
09:15 Charles Stolz, c'est trop long.
09:17 Gabriel Attal, il a dit "de l'action, de l'action, de l'action".
09:20 C'est la fameuse parole performative.
09:22 J'annonce et c'est fait.
09:24 C'est trop long. Est-ce que vous le comprenez, ça ?
09:27 Je comprends totalement.
09:29 Je comprends l'impatience et aussi la colère
09:31 qui s'expriment dans le monde agricole
09:33 depuis maintenant, non pas plusieurs semaines, mais plusieurs mois.
09:35 Il y a un certain nombre de choses qui peuvent être faites
09:38 dans des délais très restreints,
09:40 ce qui peut être fait par voie réglementaire.
09:42 Mais comme vous l'avez dit, et comme je le rappelle aussi
09:44 comme député, ce qui doit passer notamment par la loi
09:46 ou par les négociations européennes, prend plus de temps.
09:48 Le sens de la réunion qui a lieu aujourd'hui
09:50 entre le Premier ministre et la FNSEA,
09:52 c'est de faire un point d'étape
09:54 pour que ce qui peut être fait le plus rapidement possible
09:56 par les services de l'Etat, le soit maintenant.
09:58 Je sais, par exemple, que nous avons des remontées,
10:00 que dans certains départements, il y a déjà
10:02 des simplifications qui ont été faites
10:04 avec les préfets,
10:06 il y a des arrêtés superflus
10:08 qui ont pu être supprimés
10:10 à différents endroits. -Vous parlez des normes.
10:12 -Oui, mais sur le terrain. -Sur les haies, notamment.
10:14 On est toujours à 14 réglementations sur les haies.
10:17 -Il y a souvent des problèmes...
10:19 -Il a qui, Siohann Barbe ? -Il y a des problèmes
10:21 globaux, nationaux, il y a aussi des problèmes
10:23 qui sont aussi parfois plus locaux.
10:25 Et donc là, où les solutions sont trouvées
10:27 plus directement avec le préfet.
10:29 -Vous n'avez pas pris un grand risque politique.
10:31 Je vous ai compris, les agriculteurs,
10:33 il a fait son De Gaulle un peu, Gabriel Attal.
10:35 Si à l'arrivée, vous n'êtes pas
10:37 au rendez-vous, ça va être compliqué pour vous.
10:39 -Le risque politique, c'est de ne pas écouter
10:41 les agriculteurs, c'est de ne pas écouter
10:43 le malaise profond
10:45 qui s'exprime dans le monde agricole
10:47 et en plus, dans le monde rural,
10:49 depuis maintenant un paquet de temps
10:51 dans notre pays.
10:53 Et ce qui aurait été une erreur,
10:55 c'est de ne pas apporter
10:57 les réponses. Au contraire, il faut agir.
10:59 Alors quand on agit, bien entendu,
11:01 on bouscule des idées,
11:03 on bouscule des intérêts,
11:05 mais la volonté de Gabriel Attal,
11:07 c'est bien de répondre au maximum
11:09 aux problèmes posés par les agriculteurs.
11:11 -En tout cas, il y a une date, c'est le 24 février.
11:13 -Il y a le Salon d'agriculture.
11:15 -Et si Marine Le Pen est applaudie
11:17 et le président Huet sifflé, voire un oeuf sur la tête,
11:19 il y aura des conséquences.
11:21 -Il n'y aura pas de politique qui sera applaudie.
11:23 C'est bien d'avoir un discours politique,
11:25 c'est ce qu'on répète régulièrement.
11:27 Aujourd'hui, on ne veut pas de reprise politique,
11:29 ce qu'on veut, c'est des actes.
11:31 C'est la majorité qui doit le faire au plus vite.
11:33 -C'est le responsable syndical qui parle.
11:35 Après, il y a la colère au Salon.
11:37 Vous ne pourrez pas la maîtriser.
11:39 -Nos agriculteurs, on ne peut pas les maîtriser,
11:41 le Salon, c'est notre vitrine de l'agriculture.
11:43 Il n'y aurait pas de Salon d'agriculture sans agriculteurs.
11:45 -J'entends que vous voulez être responsable.
11:47 -Il ne faut pas qu'on inverse les rôles des uns et des autres.
11:49 Les politiques viennent chercher une vitrine
11:51 sur notre Salon.
11:53 Notre vitrine, c'est la nôtre.
11:55 -Il y a des choix qui ont été faits.
11:57 Pour répondre, évite aux agriculteurs.
11:59 Le Premier ministre était dans une forme d'impasse
12:01 entre les écologistes, on l'a vu,
12:03 les ONG d'un côté, le plan Eco-Fito
12:05 et les agriculteurs. Il a choisi.
12:07 Vous, aux affaires, auriez-vous fait la même chose ?
12:09 -C'est une situation qui est héritée.
12:11 Je rejoins ce qui est dit sur le fait que c'est
12:13 une incapacité aussi d'Etat, y compris de faire respecter
12:15 ses propres règles. Je pense à la loi EGalim, par exemple.
12:17 -Mais là, je vous ai parlé des Co-Fito.
12:19 -C'est lié à ce que je suis en train de vous dire.
12:21 La loi EGalim impose que le levier public
12:23 permette aux écoles, aux EHPAD, aux hôpitaux
12:25 de donner à manger des repas corrects,
12:27 équilibrés et sains aux malades.
12:29 Aujourd'hui, le fait que ça soit un problème,
12:31 c'est que c'est un problème.
12:33 -Vous avez dit que vous n'alliez pas
12:35 faire la même chose.
12:37 -C'est un problème, oui, mais c'est un problème
12:39 pour les écoles, pour les EHPAD, pour les EHPAD,
12:41 pour les EHPAD, pour les EHPAD, pour les EHPAD,
12:43 pour les EHPAD, pour les EHPAD, pour les EHPAD,
12:45 pour les EHPAD, pour les EHPAD, pour les EHPAD.
12:47 -C'est un problème.
12:49 -C'est un problème pour les écoles,
12:51 pour les EHPAD, pour les EHPAD, pour les EHPAD.
12:53 -C'est un problème pour les écoles,
12:55 pour les EHPAD, pour les EHPAD.
12:57 -C'est un problème pour les écoles,
12:59 pour les EHPAD, pour les EHPAD.
13:01 -C'est un problème pour les écoles,
13:03 pour les EHPAD, pour les EHPAD.
13:05 -C'est un problème pour les écoles,
13:07 pour les EHPAD, pour les EHPAD.
13:09 -C'est un problème pour les écoles,
13:11 pour les EHPAD.
13:13 -C'est un problème pour les écoles,
13:15 pour les EHPAD.
13:17 -C'est un problème pour les écoles,
13:19 pour les EHPAD.
13:21 -C'est un problème pour les écoles,
13:23 pour les EHPAD.
13:25 -C'est un problème pour les écoles,
13:27 pour les EHPAD.
13:29 -C'est un problème pour les écoles,
13:31 pour les EHPAD.
13:33 -C'est un problème pour les écoles,
13:35 pour les EHPAD.
13:37 -C'est un problème pour les écoles,
13:39 pour les EHPAD.
13:41 -C'est un problème pour les écoles,
13:43 pour les EHPAD.
13:45 -C'est un problème pour les écoles,
13:47 pour les EHPAD.
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13:51 pour les EHPAD.
13:53 -C'est un problème pour les écoles,
13:55 pour les EHPAD.
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14:01 -C'est un problème pour les écoles,
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15:03 pour les EHPAD.
15:05 -C'est un problème pour les écoles,
15:07 pour les EHPAD.
15:09 -C'est un problème pour les écoles,
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15:17 -C'est un problème pour les écoles,
15:19 pour les EHPAD.
15:21 -C'est un problème pour les écoles,
15:23 pour les EHPAD.
15:25 -C'est un problème pour les écoles,
15:27 pour les EHPAD.
15:29 -C'est un problème pour les écoles,
15:31 pour les EHPAD.
15:33 -C'est un problème pour les écoles,
15:35 pour les EHPAD.
15:37 -C'est un problème pour les écoles,
15:39 pour les EHPAD.
15:41 -C'est un problème pour les écoles,
15:43 pour les EHPAD.
15:45 -C'est un problème pour les écoles,
15:47 pour les EHPAD.
15:49 -C'est un problème pour les écoles,
15:51 pour les EHPAD.
15:53 -C'est un problème pour les écoles,
15:55 pour les EHPAD.
15:57 -C'est un problème pour les écoles,
15:59 pour les EHPAD.
16:01 -C'est un problème pour les écoles,
16:03 pour les EHPAD.
16:05 -C'est un problème pour les écoles,
16:07 pour les EHPAD.
16:09 -C'est un problème pour les écoles,
16:11 pour les EHPAD.
16:13 -C'est un problème pour les écoles,
16:15 pour les EHPAD.
16:17 -C'est un problème pour les écoles,
16:19 pour les EHPAD.
16:21 -On ne peut pas les opposer.
16:23 -Il y a des arbitrages qui sont faits.
16:25 -L'écologie nous fait avancer.
16:27 Sur les exploitations, l'écologie est partie prenante.
16:30 Sylvie parle facilement du climat.
16:32 On le vit tous les jours.
16:34 -Ce sont les agriculteurs
16:36 qui sont les premières victimes.
16:38 -Si on demande des retenues d'eau,
16:40 des réserves d'eau,
16:42 c'est pour pallier à cette problématique climatique
16:44 de l'été et pour pouvoir,
16:46 on est sur la souveraineté alimentaire,
16:48 il ne faut pas qu'on s'en éloigne.
16:50 -On va parler de souveraineté alimentaire.
16:52 La ressource en eau, c'est lié.
16:54 Si elle est plus rare, il va falloir changer les modèles de culture.
16:57 On verra.
16:59 En attendant, de quoi parle-t-on précisément
17:01 quand on parle de souveraineté alimentaire
17:03 en France, en Europe ?
17:05 Que préconise ce rapport ?
17:07 Explication Hélène Bontuelle.
17:09 ...
17:11 -L'Union européenne a-t-elle les moyens
17:13 de satisfaire en toute circonstance
17:15 les besoins alimentaires
17:17 des consommateurs européens ?
17:19 Au niveau quantité, qualité
17:21 et diversité.
17:23 En clair, y-a-t-il
17:25 une souveraineté alimentaire européenne ?
17:27 Cela implique de maîtriser
17:29 à la fois sa production et sa consommation,
17:31 mais également de prendre en compte
17:33 les importations et les exportations.
17:35 Car qui dit souveraineté alimentaire
17:37 ne dit pas autarcie.
17:39 Première puissance agricole mondiale
17:41 en termes d'exportation agroalimentaire,
17:43 en 2020,
17:45 elle dépassait même les Etats-Unis.
17:47 La production européenne
17:49 permet de couvrir largement
17:51 sa consommation de lait,
17:53 de viande, de céréales,
17:55 alors que le secteur
17:57 des oléagineux est plutôt déficitaire.
17:59 Un marché néanmoins
18:01 fragilisé par la crise climatique
18:03 et par la guerre en Ukraine,
18:05 notamment avec les pénuries
18:07 d'engrais et d'huile.
18:09 Alors comment mieux la maîtriser ?
18:11 Dans votre rapport,
18:13 vous préconisez d'étendre
18:15 le dispositif zéro
18:17 artificialisation des sols
18:19 pour mieux protéger les surfaces agricoles,
18:21 de mieux diriger
18:23 les aides de l'APAC aussi vers la transition
18:25 écologique, ou encore
18:27 de ne pas ratifier l'accord avec le Mercosur.
18:29 Vous évoquez
18:31 également les limites
18:33 du pacte vert européen,
18:35 notamment sur la réduction des pesticides
18:37 de moitié d'ici 2030.
18:39 D'ailleurs, vous n'êtes pas d'accord.
18:41 Quand Lain pense qu'une pause est nécessaire
18:43 dans son application,
18:45 l'autre pense au contraire
18:47 que ce serait une occasion manquée pour
18:49 transformer les pratiques agricoles.
18:51 Reste que toutes vos recommandations
18:53 devront tenir compte du contexte
18:55 de mécontentement des agriculteurs français
18:57 et européens.
18:59 - Alors on va repartir des chiffres
19:01 pour bien comprendre Charles Sitton-Stuhl.
19:03 C'est intéressant parce que
19:05 notre balance commerciale-agricole,
19:07 en France comme en Europe, elle est...
19:09 - Très bonne. - ...excédentaire.
19:11 Donc on peut se dire qu'on est souverain.
19:13 Ce n'est pas un peu plus compliqué que ça ?
19:15 Est-ce qu'il n'y a pas l'arbre qui cache la forêt
19:17 quand on regarde la France ? Si on enlève les vins espiritueux,
19:19 on va voir les panneaux s'afficher.
19:21 Si c'est 22% de nos exportations,
19:23 les céréales, 14%,
19:25 le lait, 10%.
19:27 Si on enlève ces trois choses-là, alors là c'est déficitaire.
19:29 Qu'est-ce que ça veut dire ?
19:31 - Alors il faut...
19:33 Bon, nous la volonté c'était de poser la question
19:35 vraiment à l'échelon européen. Comme votre reportage le rappelle bien,
19:37 est-ce que l'Europe est en capacité de nourrir
19:39 ses citoyens européens ?
19:41 Et à la suite des mois d'audition
19:43 qu'on a fait avec Rodrigo Arenas,
19:45 la réponse que j'apporte,
19:47 c'est globalement oui.
19:49 Et donc il ne faut pas, aussi dans le débat
19:51 que nous avons, je pense,
19:53 effrayer
19:55 les citoyens européens.
19:57 - Pas les effrayer, mais je veux quand même
19:59 montrer l'impact de la guerre
20:01 en Ukraine, d'ailleurs, a été très important,
20:03 parce qu'on a des exportations
20:05 qui se sont effondrées,
20:07 et quand on regarde la comparaison
20:09 de la balance commerciale sans les vins
20:11 et sans les céréales,
20:13 alors là, c'est déficitaire.
20:15 Comment vous interprétez ça ?
20:17 - Si on reste juste sur les céréales,
20:19 l'alimentation, on va dire...
20:21 - Pour faire le pain.
20:23 - Les céréales, c'est quand même fondamental.
20:25 Rappelez que la France et l'Union européenne
20:27 sont des grands producteurs et des grands exporteurs
20:29 de céréales, et c'est ça, notamment,
20:31 qui fonde la puissance agricole de l'Europe.
20:33 - Mais pour le dire différemment,
20:35 c'est un mouvement proche de la crise industrielle
20:37 des années 1920. - J'y suis arrivé.
20:39 - Dans l'agriculture, sauf qu'on a
20:41 céréales et vins espiritueux qui cachent
20:43 ces deux tableaux. - J'ai fait la première
20:45 partie de ma réponse. La réponse est
20:47 globalement oui. Après, quand on rentre dans le détail,
20:49 il y a des zones de fragilité.
20:51 On voit que, par exemple, sur la volaille,
20:53 pour parler des viandes, la viande bovine,
20:55 globalement, on est encore un peu
20:57 excédentaire, mais sur la volaille,
20:59 par exemple, la tendance n'est pas bonne.
21:01 L'alimentation qui est donnée à l'élevage,
21:03 les protéines végétales,
21:05 là, pour le coup, en Europe,
21:07 les chiffres ne sont vraiment pas bons
21:09 du tout. Donc, il y a des indicateurs
21:11 qu'il faut prendre au sérieux
21:13 maintenant, qu'il faut corriger
21:15 dès maintenant pour que, précisément,
21:17 l'Europe ne se retrouve pas dans une
21:19 décennie ou deux
21:21 dans la situation de l'industrie
21:23 où on a laissé filer trop tôt.
21:25 Donc, le moment de protéger,
21:27 de réarmer l'agriculture européenne,
21:29 c'est maintenant, pour que nous restions
21:31 puissants, productifs,
21:33 exportateurs. -Avec une PAC plus ciblée,
21:35 mieux orientée, c'est ça, et en étant très vigilants
21:37 sur les accords de libre-échange.
21:39 -Sur les accords de libre-échange, c'est une autre partie
21:41 du débat qu'on a eue.
21:43 -Vous êtes d'accord là-dessus ? -On s'est plutôt rejoints,
21:45 notamment avec l'accord dont on parle beaucoup sur le Mercosur.
21:47 À date, voilà, c'est un accord,
21:49 moi, je considère,
21:51 il n'est pas mûr et il ne faut pas le signer.
21:53 -Voilà. Je crois que tout l'arc républicain
21:55 serait dans l'hémicycle des accords là-dessus,
21:57 c'est suffisamment rare pour le souligner.
21:59 -On va passer à la tâte sur le lait,
22:01 parce que c'est intéressant.
22:03 La France fabrique du fromage.
22:05 -La France aux mille fromages.
22:07 -Aux mille fromages, Johan Barbe.
22:09 Le lait, c'est très emblématique.
22:11 On importe 40 % de beurre,
22:13 36 % de fromage,
22:15 on va bientôt fabriquer du camembert
22:17 au lait cru,
22:19 étranger, importé.
22:21 Comment on en est arrivé là ?
22:23 Comment ça se passe pour vous, concrètement ?
22:25 Comment vous arrivez à négocier
22:27 avec la grande distribution pour vendre votre lait ?
22:29 -On ne négocie pas en direct avec la grande distribution
22:31 ou très rarement avec des contrats
22:33 qu'on appelle "tripartite", grâce aux lois Egalim.
22:35 Mais comment on en est arrivé là ?
22:37 On en est arrivé... Sans faire de revenus
22:39 aux producteurs, ça ne marche plus.
22:41 Comment on redonne de la dignité aux producteurs
22:43 pour qu'ils aient envie de travailler dans leur ferme ?
22:45 On a une crise identitaire
22:47 en même temps qu'une crise économique
22:49 dans le domaine du lait.
22:51 Je le rappelle à chaque fois.
22:53 Aujourd'hui, malheureusement, nos futurs sédants,
22:55 les plus âgés de notre filière,
22:57 on doit en changer. La moitié du lait
22:59 va changer dans les 10 ans demain.
23:01 Comment on fait pour donner envie à ceux qui vont quitter ?
23:03 -Transmettre. -Pour transmettre.
23:05 Et quand vous avez vécu toute une carrière,
23:07 entre guillemets, je dis jamais de misère,
23:09 mais difficile, sans trop de revenus,
23:11 sans reconnaissance, et qu'à la fin,
23:13 on se fait toujours écraser par nos transformateurs privés,
23:16 pour les citer, parce qu'en ce moment, ils continuent,
23:18 vous n'avez vraiment pas envie ni de transmettre
23:20 à vos enfants, ni de transmettre à un jeune...
23:22 -Qui vous fait vendre après casser ?
23:24 Lactalis, par exemple ? -Absolument.
23:26 -Lactalis, mais j'ai envie de dire tous les acteurs,
23:28 aujourd'hui... Rappelez-vous de la crise Covid
23:30 et de l'Ukraine qui est arrivée après.
23:32 On a des marchés européens qui se sont envolés.
23:34 On a demandé aux producteurs de lait français,
23:36 en bonne responsabilité, de dire
23:38 "N'utilisons pas ces indicateurs de marché export,
23:40 "parce que c'est pas la réalité,
23:42 "essayons d'avoir des indicateurs
23:44 "égalime franco-français."
23:46 On a accepté, puisqu'ils permettaient de rémunérer.
23:48 Donc, à minima, 2022-2023,
23:50 on a obtenu, à minima, des prix qui permettaient,
23:52 au moins, de rémunérer les producteurs.
23:54 Dès 2024, tout le monde s'inverse,
23:56 les indicateurs mondiaux et européens sont plus bas,
23:58 et là, les mêmes industriels qui nous ont demandé
24:00 de faire un effort nous disent
24:02 "On peut pas faire l'effort, nous,
24:04 "on repart sur des indicateurs de marché européens."
24:06 Quand on dit à la FNSF, qu'on marche sur la tête,
24:08 mais c'est vrai, et aujourd'hui, aucun acteur,
24:10 notamment de la part du gouvernement,
24:12 parce qu'on peut quand même les citer,
24:14 notre ministre de l'Economie qui a demandé
24:16 à réavancer les dates
24:18 de négociations commerciales,
24:20 comment, nous, on peut le subir
24:22 sur nos exploitations ? Je veux dire, c'est impossible
24:24 de penser une baisse,
24:26 j'ai envie de dire que Bruno Le Maire a confondu
24:28 baisse de l'inflation
24:30 avec décroissance.
24:32 Donc, on n'y est pas. On n'est pas dans le bon pas de temps,
24:34 on n'est pas dans le timing.
24:36 Aujourd'hui, la réalité, c'est que les producteurs souffrent
24:38 sur leurs exploitations, ils n'ont plus la capacité,
24:40 non plus, à répondre à l'attente sociétale.
24:42 Quand je parle d'attente sociétale, c'est mise aux normes
24:44 des bâtiments, c'est des ventilateurs,
24:46 c'est des brosses, c'est pour que les animaux
24:48 se portent bien, et aussi l'accès aux pâturages,
24:50 c'est un coût. Donc ça, le consommateur, il est prêt
24:52 à le payer,
24:54 mais on a des acteurs de la grande distribution
24:56 et des filières de la transformation qui font l'inverse.
24:58 - Alors, on est au cœur du sujet, le revenu
25:00 des agriculteurs, égalime, vous en aviez parlé,
25:02 Rodrigo Arena, c'est ce qu'il faut, un égalime
25:04 à l'échelle européenne, pour
25:06 essayer de garantir cette souveraineté,
25:08 ou est-ce que ça nivellerait par le bas,
25:10 tout simplement, le revenu des agriculteurs,
25:12 parce qu'à 27, on ne pourrait pas se mettre
25:14 d'accord sur un prix
25:16 digne
25:18 de base pour le producteur ?
25:20 - La baisse tendancielle
25:22 des revenus des agriculteurs, elle est liée, justement,
25:24 à un problème de souveraineté, parce que, effectivement,
25:26 les agriculteurs ont
25:28 produit suffisamment à manger pour les Françaises
25:30 et les Français. De ce point de vue-là, il n'y a pas
25:32 de problème de souveraineté ou de sécurité alimentaire.
25:34 En revanche, il y a une grande
25:36 dépendance aux marchés internationaux,
25:38 qui ne sont pas régis sous la même règle qu'un État
25:40 protégé ou un continent protégé
25:42 à l'échelle européenne. Vous avez évoqué tout
25:44 à l'heure les différentes colères
25:46 des agriculteurs à l'échelle européenne. Elles ne se sont pas
25:48 sous la même raison. Par exemple,
25:50 si on prend la Hollande, les manifestations
25:52 d'agriculteurs ont eu lieu parce que
25:54 le gouvernement hollandais a été
25:56 accusé d'inaction climatique par
25:58 ses propres lois.
26:00 Si on prend la question de la Roumanie et tout ce
26:02 coin-là, par rapport à l'Ukraine, notamment,
26:04 c'est parce qu'effectivement, en raison de la guerre
26:06 en Ukraine, nous avons ouvert un corridor européen
26:08 en soutien à la situation et que, du coup,
26:10 on importait des produits qui sont interdits,
26:12 y compris à la vente en France.
26:14 - Les poulets, les oeufs... - Et nous-mêmes,
26:16 en tant que puissance céréalière,
26:18 la France, elle exporte son excédent
26:20 céréalier, par exemple, à la Tunisie,
26:22 à l'Égypte, au Maroc, en Algérie, et ça devient
26:24 une arme géopolitique parce que nous ne voulons pas
26:26 la France d'avoir des gouvernements
26:28 ou des régimes dans ces pays-là qui soient contraires
26:30 ou qui portent atteinte à l'intégrité de notre pays.
26:32 Donc, vous voyez, c'est complexe.
26:34 - Il y a de multiples facteurs dans la grogne.
26:36 - On ne peut pas continuer aujourd'hui à être
26:38 dépendant à la fois des marchés internationaux
26:40 mais aussi des intrants que nous importons
26:42 de l'étranger, je pense au Maroc,
26:44 notamment les phosphates, et qui nous mettent
26:46 en problème de souveraineté.
26:48 - Est-ce que c'est aussi simple que ça ?
26:50 Est-ce qu'on peut dire, au fond, si on se concentrait
26:52 sur notre... - C'était complexe.
26:54 - Sur notre espace. - Sur notre espade !
26:56 - C'est moi qui vais dire ce qui est simple.
26:58 - Ce n'était pas simple, ce que je vous disais.
27:00 - Ce que je voulais dire, c'est qu'on pourrait se dire,
27:02 après tout, on va se concentrer
27:04 sur nos marchés intérieurs.
27:06 On va se concentrer sur le marché français
27:08 et le marché européen.
27:10 Il y a déjà de la concurrence entre les pays.
27:12 Mais arrêtez de vouloir exporter
27:14 à l'étranger en même temps.
27:16 - Alors, ça serait dramatique.
27:18 Il y a très peu de pays dans le monde,
27:20 il y a moins de 10 pays dans le monde
27:22 qui maîtrisent les exportations
27:24 de céréales. Il y a 150 pays
27:26 qui importent leurs céréales
27:28 où le prix de la nourriture conditionne
27:30 la paix sociale. Evidemment, ça serait bien
27:32 si leurs agriculteurs pouvaient
27:34 produire pour le pays. Mais en Afrique subsaharienne,
27:36 au Maghreb, il y a à la fois
27:38 les problèmes climatiques,
27:40 les problèmes de pauvreté des agriculteurs,
27:42 les problèmes de filières.
27:44 Et donc, il y a un grand nombre de métropoles
27:46 en Afrique qui, sans les céréales
27:48 françaises, basculent dans la guerre,
27:50 dans la révolution. Et il ne faut pas croire,
27:52 il ne faut pas dissocier les formes
27:54 d'agriculture. Quand vous avez une agriculture
27:56 qui exporte, c'est une agriculture performante.
27:58 Elle est obligée de respecter des cahiers
28:00 des charges extrêmement exigeants.
28:02 Les mégalopoles, il y a eu un rapport
28:04 de sénateur Gilles, qui montre que
28:06 les mégalopoles françaises ne s'approvisionnent
28:08 localement que sur 2 %
28:10 de leurs besoins. Que la Bretagne,
28:12 si elle passait uniquement en circuit court,
28:14 n'utiliserait que 7 % de sa production.
28:16 C'est-à-dire que la sécurité alimentaire,
28:18 ce sont les échanges, mais il faut
28:20 que ces échanges, à l'intérieur de l'Europe,
28:22 comme dans les échanges
28:24 avec le reste du monde,
28:26 se fassent sur des règles qui soient des règles,
28:28 comment dire...
28:30 - Équitables. - Équitables, voilà.
28:32 Par ailleurs, sachez que si...
28:34 - Ne pas importer ce qui est interdit en France.
28:36 - Et si le pacte vert avait été appliqué
28:38 comme ça, c'est-à-dire sans mesure,
28:40 vous avez dit tout à l'heure que l'Europe
28:42 était la première productrice mondiale,
28:44 17 % de la production mondiale.
28:46 Si on appliquait le pacte vert sans mesure
28:48 d'adaptation, ce dont parle le gouvernement,
28:50 la production européenne baisserait de 15 %.
28:52 C'est-à-dire que nous deviendrions
28:54 un continent dépendant
28:56 du maïs génétiquement modifié américain,
28:58 des volailles ukrainiennes,
29:00 des volailles ukrainiennes,
29:02 du soja, responsable
29:04 de la déforestation. - Mais là,
29:06 il y a un mot qu'on n'a pas prononcé, c'est le climat.
29:08 Parce que certes, cette stratégie de la ferme
29:10 à la fourchette, elle réduit les productions,
29:12 mais pour des raisons aussi climatiques,
29:14 non ? - Mais non.
29:16 - Non ? - Non, c'est des volontés politiques.
29:18 - Par volonté, quand même,
29:20 de moins produire de viande
29:22 pour essayer de moins...
29:24 - Les mètres de gaz à effet de serre, c'est ce qu'on comprend.
29:26 - Juste quand même pour répondre sur le fait de vouloir
29:28 moins produire de viande, c'est aussi parce qu'on a du lobbying.
29:30 - C'est quand même la philosophie. - Le lobbying,
29:32 c'est de dire qu'on doit moins consommer de viande,
29:34 les Européens en consomment de trop. La réalité, c'est qu'on a
29:36 peut-être une part des consommateurs qui en consomment
29:38 de trop, mais on en a encore de trop qui n'ont pas accès.
29:40 En France, aujourd'hui, on consomme toujours autant de viande,
29:42 globalement, tous les consommateurs ensemble.
29:44 Donc on a bien une réduction par personne,
29:46 mais il faut toujours assurer
29:48 l'augmentation de la population française.
29:50 Et contrairement à ce que vous affirmiez,
29:52 depuis deux ans,
29:54 en viande bovine, nous sommes déficitaires en France.
29:56 Donc ça veut dire qu'on est un portateur net.
29:58 - J'ai pas dit le contraire. - On est devenus un portateur net.
30:00 Et moi, ce que je déplore aujourd'hui,
30:02 c'est que la filière laitière, vous l'avez évoqué,
30:04 sur la matière grasse, depuis 98,
30:06 nous sommes dépendants des marchés extérieurs.
30:08 - Expliquez-nous sur le lait, on n'arrive pas à comprendre.
30:10 On produit beaucoup de lait,
30:12 et j'ai lu qu'en 2027, on deviendra
30:14 un portateur déficitaire.
30:16 Comment expliquer ça ?
30:18 - On l'explique tout simplement, c'est qu'on est
30:20 une France où on met le fromage, et pour faire du fromage,
30:22 il faut, entre guillemets, de la matière grasse.
30:24 Donc ça veut dire qu'il nous faut plus de litres de lait
30:26 que de kilos de fromage produit.
30:28 Et c'est ça qui se passe aujourd'hui,
30:30 c'est qu'on est déficitaires quand on décompose
30:32 la qualité du lait, la partie matière grasse
30:34 et matière protéique, donc la protéine.
30:36 On a trop de protéines en France
30:38 pour pas assez de matière grasse.
30:40 Et des industriels, plutôt que de se dire
30:42 "on va se mettre sur des marchés de la protéine",
30:44 on dit "non, les producteurs, vous n'avez qu'à réduire".
30:46 C'était un peu la volonté des quotas laitiers.
30:48 On a eu des quotas matière grasse, qui ont été instaurés en France
30:50 et en Europe pour arrêter de faire la matière grasse.
30:52 Donc on a stoppé les producteurs.
30:54 Et aujourd'hui, on demande de faire l'inverse.
30:56 Mais il faut accompagner les producteurs.
30:58 On ne peut pas, sans la recherche,
31:00 sans justement la recherche génétique,
31:02 accompagner nos agriculteurs.
31:04 Et je réponds quand même sur la problématique.
31:06 On est exportateur net de céréales, certes,
31:08 on est importateur de soja, de matière protéique.
31:10 Pourquoi la France n'a toujours pas pris le virage
31:12 de produire sa protéine ?
31:14 Parce que personne dans les instituts
31:16 n'ont cherché des variétés adaptées au climat français.
31:18 - Quoi ?
31:20 - Parce qu'on sait faire du soja aux Etats-Unis.
31:22 - Vous dites quoi ? Qu'on a freiné la recherche ?
31:24 - Surtout, on ne l'a pas accentuée pour avoir
31:26 une autonomie protéique française.
31:28 On a créé le colza qui se développe très bien.
31:30 Le problème, c'est que ce n'est pas une protéine hyper digeste
31:32 pour les bovins.
31:34 - On va faire un dernier tour de table sur les solutions.
31:36 Je crois qu'on a bien compris le diagnostic.
31:38 - Je vais rebondir sur ce qui vient d'être dit.
31:40 Effectivement, sur la question des protéines,
31:42 nous, c'est une recommandation
31:44 qu'on émet dans ce rapport.
31:46 C'est qu'on considère qu'il faut maintenant
31:48 un soutien européen sur la production de protéines
31:50 qui vont notamment pour l'alimentation animale.
31:54 Et ça, c'est une volonté politique.
31:56 Ça doit être une priorité de la prochaine commission.
31:58 Et un point d'alerte aussi,
32:00 on parlait beaucoup du lait qui est en situation
32:02 plus compliquée en France.
32:04 Il y a également les fruits et légumes.
32:06 - Là, on importe massivement en Europe.
32:08 - Il y a une filière qui souffre énormément
32:10 depuis une vingtaine d'années, avec une concurrence
32:12 intra-européenne très forte.
32:14 Il faut que sur les fruits et légumes,
32:16 reprennent un peu les choses en main
32:18 et qu'il y ait de la concurrence beaucoup plus loyale
32:20 au sein même aussi de l'Union européenne.
32:22 - D'accord, là-dessus, François Bayrou s'amuse toujours
32:24 à dire, pour terminer, que si on veut faire
32:26 une ratatouille en France, c'est quasiment zéro légumes.
32:28 Pourquoi c'est ?
32:30 - En fait, je pense qu'on est sur un enjeu de civilisation.
32:32 On n'est pas seulement sur la défense du monde agricole,
32:34 on est sur... On parlait de terroirs,
32:36 on parlait de tout ça, c'est aussi un mode de vie.
32:38 Moi, j'ai visité en Hollande, justement,
32:40 une ferme-école qui fait de la recherche génétique
32:42 et qui produit dans des bacs
32:44 à liquide et nutriments
32:46 et qui a un rendement plus efficace
32:48 que la production dans la terre.
32:50 Si on continue sur l'épuisement des sols en France,
32:52 ça peut être ça, l'avenir.
32:54 Moi, ce que je dis, dans le rapport avec Charles,
32:56 c'est qu'aujourd'hui, les enjeux où on doit faire
32:58 cette ratatouille dont vous parlez, c'est de faire en sorte
33:00 que ce que nous mangeons vienne de la terre,
33:02 vienne du travail et ne vienne pas de la recherche,
33:04 en tout cas, de ne pas faire ça dans des bassines
33:06 avec des nutriments. Ce que je vous dis là,
33:08 c'est pur rendement. En ce moment,
33:10 ils sont non seulement en train de changer
33:12 la modification des génomes, le goût
33:14 des aliments que nous sommes en train de manger
33:16 dans tous les Lidl et tous les Mc'shop,
33:18 mais ils sont en train aussi de travailler sur les céréales.
33:20 Donc, ce monde-là, ce monde de lait ou la cuisse
33:22 qu'on voyait chez Lucien, je n'en veux pas.
33:24 Je n'en veux pas pour moi, mais surtout non pas pour nos enfants.
33:26 Et je pense que c'est ça, l'enjeu dont on est en train de faire.
33:28 C'est comment est-ce que, dans notre civilisation,
33:30 on arrive à défendre ce que vous préconisez
33:32 avec ces enjeux-là. - Vous aurez le mot de la fin.
33:34 - Sylvie Brunel. - 20 000 départs en retraite chaque année,
33:36 13 000 installations seulement.
33:38 C'est un risque de désagriculturisation
33:40 de notre pays, comme il y a eu des industrialisations.
33:42 Il faut de nouveau que l'agriculture
33:44 soit attractive. Pour ça, il faut du respect,
33:46 de la reconnaissance, de la rémunération.
33:48 Il faut un nouveau pacte agricole
33:50 et c'est, ce que j'espère,
33:52 ce dans quoi le gouvernement est engagé.
33:54 - Merci beaucoup. On s'arrête sur cette note de consensus.
33:56 Tout le monde peut forcément se retrouver
33:58 dans les mots de Sylvie Brunel.
34:00 Merci d'être venue débattre sur LCP.
34:02 Dans une dizaine de minutes, les partis prides nous a franchis.
34:04 Ce soir, le professeur Yanis Roder
34:06 s'interroge sur le choix de Nicole Belloubet
34:08 à l'éducation. L'économie,
34:10 Thomas Lestavelle sur les folles ambitions
34:12 de Sam Altman, le patron de Chatty Pity,
34:14 qui fait d'ailleurs trembler Bruxelles.
34:16 Et puis, quel est le menu de Bourbon Express,
34:18 Elsa Mondingava, ce soir ? - Je vous parle de
34:20 l'hommage national à Robert Badinter,
34:22 la France insoumise et le Rassemblement National
34:24 ne sont pas les bienvenus. - Mais d'abord,
34:26 à tout à l'heure, les amis, on va parler de souveraineté
34:28 à nouveau avec Antoine Armand.
34:30 Souveraineté, cette fois énergétique.
34:32 Le député Renaissance et porte-parole du groupe
34:34 majoritaire à l'Assemblée va nous rejoindre
34:36 dans un tout petit instant. Il publie le mur énergétique
34:38 français chez Stock, où comment
34:40 ces 30 dernières années ont été faites
34:42 d'erreurs politiques qui ont mis
34:44 en péril cette fameuse souveraineté
34:46 énergétique. Regardez, c'est dans
34:48 l'invitation de Dario Borgogno,
34:50 interview juste après.
34:52 - Si on vous invite, Antoine Armand, c'est pour
34:56 vous parler d'un sujet qui vous anime,
34:58 l'énergie. Pas celle que
35:00 vous dépensez dans l'hémicycle, mais celle
35:02 de notre pays.
35:04 Le grand public vous découvre l'année dernière
35:06 en tant que rapporteur de la commission d'enquête
35:08 sur la perte de souveraineté énergétique
35:10 en France. - Le récit
35:12 qui s'est reconstitué devant nous, c'est bien le récit
35:14 d'une lente dérive, d'une forme de divagation
35:16 politique. Une divagation
35:18 qui nous a éloignés et de la
35:20 transition écologique et de notre souveraineté
35:22 énergétique. - ENA,
35:24 inspection générale des finances, un
35:26 parcours dans les pas d'Emmanuel Macron.
35:28 Député de Haute-Savoie en 2022,
35:30 porte-parole du parti Renaissance,
35:32 vous venez donc de publier ce livre,
35:34 "Le mur énergétique français",
35:36 issu de votre commission.
35:38 Vous condensez en presque 300 pages
35:40 6 mois de travaux parlementaires,
35:42 150 heures d'audition, 88
35:44 interlocuteurs, dirigeants de fournisseurs
35:46 d'électricité, ministres
35:48 et même deux anciens
35:50 présidents de la République, faits
35:52 inédits dans l'histoire des enquêtes
35:54 parlementaires. Parmi les auditions
35:56 marquantes, celle d'Arnaud Montebourg,
35:58 sur les coulisses de la réduction
36:00 de la part du nucléaire dans la production
36:02 électrique française. - Pour moi,
36:04 c'est un accord de coin de table.
36:06 C'est-à-dire qu'on s'est mis d'accord sur un marqueur politique
36:08 avec une manière à
36:10 marquer les esprits et on s'est
36:12 retrouvés avec un programme
36:14 qui expliquait qu'il fallait fermer 24
36:16 réacteurs.
36:18 Et après,
36:20 eh ben, vogue la galère.
36:22 - A partir de ces confessions, vous dénoncez
36:24 les attermoiements des différents gouvernements
36:26 autour notamment du nucléaire.
36:28 Même Emmanuel Macron,
36:30 entre fermeture de la centrale de Fessenheim
36:32 et construction de nouveaux réacteurs,
36:34 n'échappe pas à votre plume critique.
36:36 En plus des erreurs politiques,
36:38 vous proposez des solutions,
36:40 avec cette idée principale,
36:42 atteindre la souveraineté énergétique dans 30 ans,
36:44 en faisant prospérer
36:46 nucléaire et énergie renouvelable.
36:48 Alors Antoine Armand, nous avons une question
36:50 ce soir, mais avons-nous encore
36:52 le temps de réussir à l'horizon
36:54 de la 50, ou allons-nous tout droit
36:56 dans le mur ?
36:58 - Bonsoir Antoine Armand. - Bonsoir.
37:00 - Merci d'être là. Vous publiez donc le mur énergétique.
37:02 C'est le fruit de cette
37:04 commission d'enquête au
37:06 rapport à Cablan, que vous avez pilotée
37:08 il y a quelques mois à l'Assemblée
37:10 sur la filière nucléaire. Réponse
37:12 à cette question. Est-ce qu'on va pas
37:14 forcément se le prendre en pleine face,
37:16 ce mur énergétique ?
37:18 Tellement la demande en électricité va exploser,
37:20 a-t-on vraiment le temps
37:22 d'y répondre en produisant français ?
37:24 - On a encore le temps d'y répondre. C'est pour ça
37:26 que je l'écris, c'est évidemment une alerte,
37:28 mais c'est aussi un grand appel.
37:30 Un appel à arrêter d'opposer les solutions.
37:32 Les solutions, ce sera la sobriété,
37:34 non pas les critiques
37:36 et les caricatures qu'on fait d'une sobriété qui serait
37:38 médiévale, et les caricatures qu'on fait
37:40 d'une production qui serait forcément
37:42 industrialiste et dévastatrice. - Mais la sobriété,
37:44 c'est quand même d'écaler moins consommée
37:46 ou mieux consommée, c'est ça,
37:48 c'est quand même la fin de l'abondance, la sobriété.
37:50 - Absolument, mais l'année dernière,
37:52 au plus fort de l'hiver, grâce au plan
37:54 de sobriété, vous savez combien
37:56 on a réussi à économiser d'énergie collectivement
37:58 l'équivalent de huit réacteurs nucléaires.
38:00 Ca veut dire que chacun, individuellement,
38:02 on a une force gigantesque quand on la met en commun.
38:04 C'est pour ça que j'écris ce livre,
38:06 c'est pour annoncer des mauvaises nouvelles.
38:08 Le prix de l'électricité et de l'énergie,
38:10 il ne baissera pas dans les prochaines années,
38:12 parce que c'est la fin de l'abondance. Le blackout énergétique,
38:14 il risque de se reproduire.
38:16 La faillite écologique, elle peut se produire
38:18 si on ne réagit pas.
38:20 - Le blackout énergétique risque de se reproduire,
38:22 ça veut dire que même si on est dans la sobriété,
38:24 on n'est plus à l'abri,
38:26 malgré notre réarmement énergétique
38:28 avec les nouvelles centrales à venir ?
38:30 - C'est le chantier du siècle,
38:32 mais les centrales,
38:34 elles commenceront à être en service
38:36 à partir de 2035. Dans les 15 prochaines années,
38:38 pour éviter le blackout, pour réussir
38:40 notre transition écologique, on n'a que deux options.
38:42 Baisser la consommation et construire
38:44 des installations d'énergie renouvelable,
38:46 électrique et thermique.
38:48 C'est ça, la solution.
38:50 Face à ça, il faut faire preuve d'un immense pragmatisme.
38:52 Sans pragmatisme, il n'y a aucune réalisation qui se fera.
38:54 Si on passe les 10 prochaines années
38:56 à se disputer sur des cols roulés
38:58 et sur la hauteur des maths d'éoliennes,
39:00 on aura le blackout énergétique
39:02 et le blackout écologique.
39:04 - Vous nous dites qu'on n'est pas à l'abri du blackout,
39:06 qu'on va devoir moins consommer.
39:08 Vous nous alertez, c'est bien, c'est franc.
39:10 Est-ce qu'on va forcément
39:12 être obligés d'acheter
39:14 encore de l'énergie carbonée ?
39:16 Parce que c'est ce qu'on a fait
39:18 finalement pendant la crise ukrainienne,
39:20 même si ce n'était pas le gaz russe,
39:22 c'était le GNL américain.
39:24 Est-ce qu'on peut le faire
39:26 sans passer par ça ?
39:28 On peut réussir cette transition sans nous lier les mains
39:30 encore dans une énergie qui émet
39:32 des gaz à effet de serre ?
39:34 - Je raconte dans le livre à quel point
39:36 la sécurité d'approvisionnement,
39:38 c'est-à-dire la garantie que nos hôpitaux
39:40 n'auront pas à déclencher des groupes électrogènes
39:42 ou que les gens sous respirateur artificiel
39:44 chez eux n'auront pas besoin de se rendre dans un centre médical,
39:46 cette sécurité d'approvisionnement,
39:48 elle doit passer au-dessus de tout le reste.
39:50 Donc il faut avoir le courage de le dire.
39:52 Tant qu'on n'a pas assez d'énergie décarbonée,
39:54 il y aura du gaz russe,
39:56 il y aura du pétrole moyen-oriental,
39:58 il y aura du charbon allemand.
40:00 C'est là qu'on rejoint le chemin
40:02 de la souveraineté que je dessine dans le livre.
40:04 On a devant nous une opportunité extraordinaire,
40:06 c'est de réconcilier l'industrie,
40:08 la souveraineté nationale et l'écologie.
40:10 Elles ne s'opposent pas, contrairement au débat
40:12 qu'on a souvent, disant qu'on aurait d'un côté
40:14 les tenants de la souveraineté qui veulent produire davantage
40:16 et puis les tenants de la sobriété
40:18 qui veulent la décroissance. C'est pas vrai,
40:20 on a besoin de pousser ces deux curseurs à fond.
40:22 - Donc si je comprends bien, on va mettre le paquet
40:24 sur les renouvelables,
40:26 on va mettre le paquet sur le nucléaire
40:28 et on va moins consommer, parce qu'on n'a pas le choix.
40:30 Sauf que vous l'avez dit, le nucléaire,
40:32 c'est long, très très long.
40:34 Tous les écologistes maintenant utilisent cet argument pour vous dire
40:36 arrêtez d'imaginer qu'il faut investir
40:38 des milliards dans un nouvel EPR,
40:40 ça prend au moins 10 ans,
40:42 quand c'est pas 30 ans. Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
40:44 On n'a plus le temps.
40:46 - C'est le même argument, je décris dans le livre,
40:48 j'ouvre d'ailleurs le livre par le premier
40:50 scandale énergétique du début du 21e siècle,
40:52 qui est la fermeture
40:54 de Superphénix, le réacteur de 4e génération
40:56 qui mangeait ses propres déchets.
40:58 À un moment, on a commencé à ne plus
41:00 faire confiance dans notre recherche.
41:02 Et on le fait encore aujourd'hui, je les entends sur tous les bancs.
41:04 Ceux qui disent l'hydrogène,
41:06 ça marchera pas. Le nucléaire de nouvelle génération,
41:08 ça marchera pas. Cette technologie
41:10 de gaz, ça marchera pas. Mais croire en la recherche,
41:12 c'est croire en son pays, c'est croire à l'avenir.
41:14 Le but, c'est pas d'attendre
41:16 la neutralité carbone en 2050
41:18 et puis après, pour reprendre l'expression
41:20 d'Arnaud Montebourg, vogue la galère.
41:22 Le but, c'est d'avoir une France industrielle
41:24 qui compte encore dans le monde et dans l'Europe
41:26 demain après 2050.
41:28 - Donc Superphénix, vous l'avez dit, nous aurait donné
41:30 une avance unique au monde.
41:32 C'est Nicolas Sarkozy qui a contribué.
41:34 - Et Lionel Jospin.
41:36 - En fait, c'est aussi une boîte à baffes,
41:38 votre livre, d'une certaine façon,
41:40 parce que tous nos anciens présidents
41:42 ont fait des erreurs.
41:44 Hollande, on va passer vite, je crois que
41:46 les Français l'ont bien compris.
41:48 Il y a eu un grand débat
41:50 sur cette fameuse règle de plafonner
41:52 à 50 % le mix énergétique
41:54 renouvelable nucléaire
41:56 à la faveur d'un accord politique.
41:58 Vous avez la dent très dure
42:00 sur les conséquences de cet accord.
42:02 Mais également, Emmanuel Macron,
42:04 vous ne l'épargnez pas, parce qu'après tout,
42:06 c'est lui qui a décidé de fermer Fessenheim
42:08 et le projet Astrid.
42:10 Il a une part de responsabilité dans ces 30 ans d'erreur.
42:12 - Mais chacun, nous avons
42:14 une part de responsabilité, et je l'explique
42:16 dans le livre. Mais si j'ai écrit
42:18 ce livre après la commission d'enquête,
42:20 c'est pour, j'allais dire,
42:22 me corriger moi-même d'un défaut.
42:24 C'est sortir de la boîte à baffes.
42:26 Si on se focalise sur les responsabilités
42:28 individuelles, on passe à côté de l'idée
42:30 fondamentale de ce livre, qui est
42:32 "les mêmes causes entraîneront les mêmes effets".
42:34 C'est parce qu'on avait l'illusion de l'abondance,
42:36 qu'on s'est dit qu'on avait le choix
42:38 en enfant gâté entre les ENR
42:40 et le nucléaire. C'est parce que
42:42 on s'est dit qu'on avait cette illusion de l'abondance
42:44 et qu'on avait encore le temps, encore 5 minutes,
42:46 monsieur Le Bourreau, qu'on pouvait
42:48 attendre avant de déployer les énergies
42:50 renouvelables, attendre avant de relancer des centrales
42:52 nucléaires, attendre avant de faire cet effort
42:54 collectif de baisse de la consommation.
42:56 C'est ça que je veux faire comprendre, et c'est pour ça
42:58 que je vous laisse l'alerte aujourd'hui. La solution, elle est
43:00 dans nos mains collectivement. - Donc il y a un chemin
43:02 pour vous, malgré tout, on a compris.
43:04 Plus de nucléaire, plus de
43:06 renouvelables et un peu moins de consommation, la fameuse
43:08 sobriété.
43:10 Au niveau européen,
43:12 est-ce qu'on a fini aussi
43:14 par comprendre que le nucléaire était
43:16 une énergie d'avenir ? Est-ce que
43:18 les nouvelles règles de fixation
43:20 du prix de l'électricité sur le marché
43:22 européen, qui vont changer, vont
43:24 avoir des conséquences importantes ? - Oui, alors
43:26 ça a été une bataille inédite, je crois
43:28 qu'on peut le dire, le président de la République,
43:30 la chef du gouvernement, puis le chef
43:32 du gouvernement, les ministres se sont
43:34 engagés très fort, ils ont constitué une alliance.
43:36 Une alliance pour dire quelque chose de très simple.
43:38 Les pourcentages,
43:40 ça ne fait pas l'écologie. Ce qui fait l'écologie,
43:42 c'est pas dire qu'on aura 40 % d'énergie
43:44 renouvelable ou 60 %, c'est
43:46 combien d'émissions de carbone on va
43:48 éviter, à quel point ça va améliorer
43:50 l'état de la planète. Et pour ça,
43:52 ce dont on a besoin, c'est un cadre européen.
43:54 Évidemment qu'on a besoin d'un cadre européen
43:56 parce que ça nous permet d'échanger de l'énergie,
43:58 de nous protéger face, j'allais dire,
44:00 aux politiques hostiles américaines
44:02 et chinoises. Ça, c'est le cadre.
44:04 Ensuite, l'Europe, elle prévoit quelque chose de très simple,
44:06 qui existe depuis le début. Les Etats
44:08 fixent leur politique énergétique.
44:10 Donc l'Europe, elle a bon dos. Quand on dit
44:12 "c'est la faute de l'Europe", non. C'est
44:14 les dirigeants français qui ont
44:16 pris des décisions et qui,
44:18 parfois, n'ont probablement eu pas
44:20 la précience, ou qui n'ont pas eu le courage
44:22 de prendre leurs inconséquences. - Qui va payer ?
44:24 Qui va payer pour ce coût faramineux
44:26 de la transition ? Même nucléaire.
44:28 Les écologistes, là encore, utilisent cet argument
44:30 pour dire "regardez le coût de Flamanville",
44:32 qui se compte en dizaines de milliards
44:34 d'euros avec tous les travaux,
44:36 les difficultés de maintenance.
44:38 On a déjà
44:40 une dizaine de pourcents d'augmentation
44:42 des tarifs d'EDF,
44:44 c'est le contribuable.
44:46 Voilà la dette qu'il va falloir creuser.
44:48 - Vous avez raison, le mur énergétique est évidemment
44:50 aussi un mur financier.
44:52 - 20 milliards d'euros à déjà de déficit
44:54 pour EDF. - Bien sûr, et ce sera
44:56 beaucoup plus dans l'ensemble,
44:58 la contribution à investir sera gigantesque.
45:00 Et donc, il faudra se la partager.
45:02 Et il faudra se la partager, c'est-à-dire
45:04 qu'il faudra mettre à contribution
45:06 davantage les entreprises, non pas
45:08 pour taxer les riches, selon la chanson
45:10 à la mode, qu'on apprécie tous dans la mélodie,
45:12 mais pas dans la réalité, mais
45:14 en mettant à contribution les entreprises,
45:16 pour qu'elles fassent leur transition. Évidemment, les consommateurs,
45:18 en fonction de leurs revenus.
45:20 Et puis, il faudra aller plus loin.
45:22 Il faudra évidemment emprunter.
45:24 Il faudra évidemment continuer
45:26 à s'endetter, parce que la dette brune,
45:28 elle est bien moindre que
45:30 la dette verte. La dette verte, elle est inévitable.
45:32 C'est pour toujours. Vous savez,
45:34 l'inertie... - Donc peut-être sortir
45:36 les investissements verts, les 3 % de masse...
45:38 - Les scientifiques l'expliquent très bien, les émissions,
45:40 pour une grande part, une fois qu'elles sont dans l'atmosphère,
45:42 elles y sont pour extrêmement longtemps.
45:44 À nous d'être responsables sur les finances publiques
45:46 pour financer ce mur financier. - Merci de cette franchise.
45:48 - Merci à vous. - Il va falloir emprunter
45:50 pour financer la transition énergétique.
45:52 Merci Antoine Armand. Vous restez avec moi.
45:54 Le mur énergétique, c'est-à-dire donc ces stocks,
45:56 vous l'avez compris, ça va beaucoup plus loin que
45:58 les conclusions du rapport de la commission
46:00 d'enquête. Un chemin pour y parvenir,
46:02 en acceptant de baisser un petit peu
46:04 sa consommation. Vous reviendrez
46:06 nous en parler. Vous restez avec moi,
46:08 parce que vous allez réagir à présent pour terminer cette émission
46:10 au parti pris de nos affranchis, qu'on accueille tout de suite.
46:14 Yanis Roder, le professeur Yanis Roder
46:16 pour une nouvelle histoire d'école
46:18 de la fondation Jean Jaurès et puis l'économie
46:20 Thomas Lestavelle qui va nous parler de Sam Altman
46:22 qui fait trembler Bruxelles. Installez-vous messieurs.
46:24 On commence comme chaque soir par
46:26 Bourbon Express, l'histoire du jour à l'Assemblée.
46:28 C'est Elsa Mondingava qui nous la raconte ce soir.
46:30 Bonsoir Elsa. - Bonsoir. Je vais vous parler
46:32 ce soir de l'hommage national rendu à Robert
46:34 Bannenter, l'ex-garde des Sceaux
46:36 qui est décédé vendredi dernier.
46:38 Il y aura un hommage demain, on en reparlera,
46:40 mais je commence par celui qui a été rendu
46:42 à tous les députés présents dans l'hémicycle dès 15h.
46:44 À nous
46:46 de continuer son œuvre.
46:48 À nous de suivre
46:50 son magnifique exemple.
46:52 Après ces quelques mots
46:54 de la présidente, une minute de silence
46:56 qui est donc respectée, une photo de Robert
46:58 Bannenter pendant son célèbre discours
47:00 contre la peine de mort et puis
47:02 des applaudissements assez
47:04 spontanés de la part des députés.
47:06 Applaudissements sur tous les bancs, presque
47:08 puisqu'ils sont, on le voit, assez timides
47:10 voire inexistants sur les bancs du Rassemblement
47:12 national. Ça fait même hausser les sourcils du garde
47:14 des Sceaux. - Et exactement au même
47:16 moment, la famille de Robert Bannenter
47:18 fait savoir qu'elle ne souhaite ni
47:20 la présence du Rassemblement national, ni
47:22 celle de la France insoumise à l'hommage
47:24 national demain. - Oui, sa famille
47:26 et sa veuve, Elisabeth Bannenter,
47:28 qui a fait savoir à l'Elysée. L'Elysée
47:30 a transmis le message aux troupes de
47:32 Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon. Elles ne sont pas
47:34 les bienvenues demain Place Vendôme.
47:36 Deux réactions différentes. Marine Le Pen
47:38 a réagi, celle des quatre colonnes. On voit que ça la gêne,
47:40 mais elle accepte la décision de la famille.
47:42 - La famille
47:44 n'a pas souhaité que nous soyons présents
47:46 et donc on ne va pas polémiquer
47:48 avec la famille. Donc on ne sera pas présents,
47:50 on respectera les voeux de la famille.
47:52 Nous participons toujours
47:54 aux hommages nationaux,
47:56 quel que soit, par ailleurs,
47:58 la personne à qui l'on rend hommage
48:00 et même lorsqu'il s'agit
48:02 d'un adversaire politique.
48:04 C'est le principe
48:06 républicain qui le veut.
48:08 C'est le choix de la famille. Je ne vais pas polémiquer.
48:10 Vous dites que je polémique alors que
48:12 l'enterrement n'a pas encore eu lieu ?
48:14 Non.
48:16 Les Insoumis, eux, décident de maintenir
48:18 la présence
48:20 de deux de leurs représentants. Caroline Fiat,
48:22 vice-présidente de l'Assemblée et Éric Coquerel, président
48:24 de la Commission des finances. Ils seront présents
48:26 demain.
48:28 Ce qui est important aujourd'hui, c'est de se retrouver derrière
48:30 un homme qui a marqué l'Assemblée nationale,
48:32 qui a marqué le Sénat, puisqu'il a séché
48:34 avec Jean-Luc Mélenchon pendant
48:36 de nombreuses années. C'est un homme qui, avec son aura,
48:38 a fait briller la République.
48:40 Qu'est-ce que vous faites si, dans les heures
48:42 prochaines, la famille vous redemande
48:44 expressément de ne pas venir ?
48:46 Est-ce que vous irez coûte que coûte ?
48:48 Je pense qu'on ira coûte que coûte
48:50 parce que ce n'est pas
48:52 un hommage qui est familial.
48:54 C'est un hommage de la nation.
48:56 La nation doit rester
48:58 unie et indivisible, ce que je vous répète depuis tout à l'heure.
49:00 Et elle le sera.
49:02 Ce n'est pas la première fois, on s'en souvient
49:04 que les Insoumis ne sont personne à none
49:06 gratta à un hommage. C'était le cas la semaine dernière
49:08 lors de l'hommage rendu aux victimes françaises
49:10 des attaques terroristes du Hamas du 7 octobre.
49:12 Enfin Elsa, comment on expliquait cette volonté
49:14 de la famille de Robert Badinter ?
49:16 Pour l'extrême droite, Robert Badinter
49:18 a toujours combattu l'extrême droite.
49:20 On se rappelle que Jean-Marie Le Pen le traitait
49:22 à l'époque d'assassin. Pour ce qui est des Insoumis,
49:24 on peut parler du combat d'Elisabeth
49:26 Badinter, qui a dénoncé les dérives
49:28 islamo-gauchistes de ce mouvement.
49:30 Et puis plus récemment, les prises de position
49:32 sur le conflit entre Israël et le Hamas,
49:34 qui a donc sévèrement
49:36 distendu les relations de
49:38 Badinter avec cette partie de la gauche.
49:40 Antoine Armand, une réaction ?
49:42 Ils ont tort de...
49:44 Comment dire ? Persévérer dans leur
49:46 volonté de venir demain, les Insoumis ?
49:48 Quand on vous demande de pas venir à un enterrement,
49:50 vous vous y rendez pas.
49:52 Pardon, mais j'ai pas de mots plus simples
49:54 et plus triviaux pour le dire.
49:56 Et j'ai même pas envie de polémiquer dessus.
49:58 Quand on a tous applaudi spontanément
50:00 après la minute de silence dans l'hémicycle,
50:02 c'est parce que ce qui nous a envahis,
50:04 c'est un sentiment de gratitude à l'égard du combat.
50:06 Un sentiment de gratitude.
50:08 Et face à ce sentiment de gratitude,
50:10 l'idée même qu'on puisse essayer d'en faire une polémique,
50:12 qu'on puisse essayer de s'opposer
50:14 à la volonté de la famille du défunt,
50:16 ça me paraît en dessous de tout.
50:18 -Merci. On va enchaîner avec
50:20 Yanis Roder. Vous avez donc, mon cher Yanis,
50:22 une nouvelle ministre
50:24 en la personne de Nicole Belloubet.
50:26 Comment vous interprétez cette nomination
50:28 après Jean-Michel Blanquer, Papin d'Hiaï,
50:30 Gabriel Attal et Amélie Boudéa Castera ?
50:32 -Alors d'abord,
50:34 permettez-moi de rembobiner un petit peu.
50:36 Jean-Michel Blanquer est arrivé en 2017
50:38 avec une vraie connaissance de la maison Éducation nationale
50:40 et un vrai programme, qu'il plaise ou non.
50:42 Il a fini par être très critiqué
50:44 par les professeurs qui ne sont pas connus
50:46 pour apprécier leur ministre.
50:48 Il fallait donc les reconquérir et Papin d'Hiaï
50:50 est arrivé n'ayant, lui,
50:52 ni connaissance du système, ni programme.
50:54 La seule belle initiative notable
50:56 qu'il eut, promouvoir
50:58 la mixité sociale, fut phagocytée
51:00 par l'Élysée. Lui succédant,
51:02 Gabriel Attal avait bien compris
51:04 que les tergiversations de son prédécesseur
51:06 sur la laïcité étaient une erreur et a pris
51:08 l'exact contre-pied avec sa décision
51:10 immédiate sur la biaise qui l'a fait
51:12 bondir dans les sondages. Mais au-delà,
51:14 l'actuel Premier ministre a annoncé
51:16 un vrai programme de réforme
51:18 qui semble commencer à bousculer les enseignants.
51:20 On comprend dès lors que la nomination
51:22 de Nicole Belloubet, qui vient de la gauche,
51:24 vise, entre autres,
51:26 à apaiser les oppositions
51:28 naissantes au sein du monde enseignant.
51:30 Voilà, Myriam, la stratégie.
51:32 - J'essaye de suivre
51:34 la cohérence. Pourquoi Nicole Belloubet
51:36 a donc pris la peine de déclarer
51:38 "je ne suis pas Papin d'Hiaï" ? Qu'est-ce que vous avez compris ?
51:40 - Alors, d'abord, la droite
51:42 et l'extrême droite ont immédiatement attaqué
51:44 la nouvelle ministre pour des propos
51:46 de 2016 contre l'uniforme et pour
51:48 une approche vue comme pédagogiste
51:50 de l'enseignement, illustration,
51:52 selon eux, d'un prétendu laxisme
51:54 à venir. C'est à cela, je crois,
51:56 que répond Nicole Belloubet,
51:58 en disant ne pas être Papin d'Hiaï.
52:00 Nous savons qu'elle connaît très bien
52:02 le système, elle a été rectrice,
52:04 et comprenons de surcroît
52:06 qu'elle parlera fort et assumera
52:08 ce qu'elle fera, tout en restant ferme
52:10 sur la question de laïcité et d'autorité.
52:12 Son positionnement, je pense, sera celui du Premier ministre.
52:14 - Et est-ce qu'elle va assumer
52:16 les réformes qui, a priori, vont
52:18 à l'encontre de ce qu'elle pense,
52:20 notamment sur l'uniforme ? - De ce qu'elle pensait, Myriam.
52:22 - Ah, pardon, c'est du passé, déjà.
52:24 - Nicole Belloubet a affirmé avoir
52:26 évolué en mal droit, et si elle a accepté
52:28 la place, comme le disait lui-même
52:30 Gabriel Attal dans une interview, c'est parce qu'elle est
52:32 d'accord avec le fond. J'ai pu
52:34 assister à son discours au moment de la
52:36 passation de pouvoir avec Mme Moudéa Castérat,
52:38 et j'ai noté sa volonté affichée
52:40 de dialogue avec les enseignants, et c'est important,
52:42 mais également un vrai souci de justice sociale,
52:44 ce qui ne peut que plaire au monde enseignant.
52:46 Et il me semble que la ministre a raison.
52:48 Oui, pour les expérimentations,
52:50 dans l'échange avec les professionnels du terrain,
52:52 mais avec l'idée que les groupes de niveau,
52:54 le redoublement et les autres mesures annoncées doivent
52:56 être positifs pour tous les élèves,
52:58 et notamment ceux des classes sociales défavorisées
53:00 qui connaissent, nous le savons bien, le plus
53:02 de difficultés. Une ministre
53:04 qui veut essayer, donc, et qui
53:06 tient, je cite également, à
53:08 mettre en place un système
53:10 qui contribue à réduire les inégalités sociales,
53:12 qui refuse toute risque sociale, et qui n'exclue
53:14 pas les élèves par l'échec. Pas
53:16 de dogmatisme, donc, et une vraie
53:18 fibre sociale. - Elle anticipe les critiques des syndicats.
53:20 - Et si Emmanuel Macron et
53:22 Gabriel Attal avaient fait bonne pioche ?
53:24 - Bon ! Vous êtes
53:26 d'accord ? Vous la voyez, vous, la cohérence, franchement ?
53:28 Dans le choix de tous ces
53:30 ministres de l'Education si différents,
53:32 d'un tout petit mot ? - Non, mais le président
53:34 de la République a fixé un cap
53:36 en 2017 que nous tenons,
53:38 non mais, que nous tenons bon gré, mal gré,
53:40 et qui est celui de faire face
53:42 à deux injustices révoltantes.
53:44 Le premier, c'est que nous ayons les dépenses
53:46 d'éducation les plus élevées d'Europe
53:48 et que notre niveau scolaire continue
53:50 à baisser. Et le deuxième, qui est encore
53:52 plus insupportable, en fait, pour nous Français,
53:54 avec notre histoire, c'est que notre système
53:56 ne réduit pas les inégalités sociales, il a la même
53:58 tendance à les augmenter. - Bon, ben, on jugera
54:00 sur pièce. - Et depuis lors, nous cherchons des solutions.
54:02 - Le cap est là, les personnalités
54:04 sont différentes. - Non, mais l'expérience,
54:06 le tact, la capacité
54:08 à dialoguer avec les acteurs du
54:10 secteur éducatif, et puis, évidemment,
54:12 son passé de rectrice et de femme
54:14 du milieu éducatif seront un atout énorme
54:16 pour déployer la politique, ça, c'est sûr. - Bon, on verra ça.
54:18 Merci. Il nous reste 2 minutes 30,
54:20 Thomas Lestaven, pour nous parler
54:22 de Sam Altman,
54:24 le fondateur de ChatGPT, a défrayé la chronique
54:26 avec une déclaration
54:28 fracassante. - Alors, effectivement, toute la presse
54:30 économique a été prise de cour.
54:32 Il a annoncé qu'il souhaitait
54:34 lever entre 5 000 et 7 000
54:36 milliards de dollars,
54:38 je pèse mes mots, pour
54:40 financer les puces et les data centers
54:42 qui sont nécessaires, selon lui, pour accompagner
54:44 l'essor de l'intelligence artificielle.
54:46 Pour vous donner les ordres de grandeur,
54:48 ce montant, c'est 3 fois le PIB de la France,
54:50 et c'est 5 fois l'ensemble des sommes qui ont été
54:52 levées l'an dernier par les entreprises américaines.
54:54 - Oui, ça donne le vertige. Cette somme
54:56 est-elle justifiée ? - Alors,
54:58 à la base, l'intelligence artificielle,
55:00 ça demande une puissance de calcul très
55:02 puissante, d'où ses besoins
55:04 en semi-conducteur, et en fait, la vision
55:06 de Sam Altman, c'est que l'IA,
55:08 donc l'intelligence artificielle, va irriguer
55:10 tous les pans de l'économie et de la société.
55:12 Si on regarde
55:14 les entreprises du secteur en bourse, par exemple
55:16 Nvidia ou ARM, on voit que les cours de bourse
55:18 sont complètement explosés, donc on pourrait se dire
55:20 effectivement, il y a une pénurie à venir, il y a quelque chose à faire.
55:22 Néanmoins, cette somme qu'il annonce
55:24 est totalement ahurissante, et ça m'inquièterait
55:26 un peu qu'on prenne ça trop au sérieux. - Pourquoi ?
55:28 - Alors, déjà, il faut voir à qui on a affaire.
55:30 Sam Altman, c'est quand même quelqu'un qui,
55:32 il y a quelques mois, co-signait une tribune
55:34 de différentes personnalités de la tech qui disait
55:36 "Attention, l'intelligence artificielle menace
55:38 l'humanité." Là, il nous dit quoi ? Il nous dit
55:40 "On va mettre le paquet sur l'IA."
55:42 Donc, il est brillant, mais pas complètement fiable.
55:44 Et l'autre chose, c'est qu'en fait, pour lui,
55:46 l'IA va abolir la pauvreté,
55:48 soigner les maladies, permettre l'éducation pour tous,
55:50 etc. On peut en douter,
55:52 et en plus, quid de la crise climatique ?
55:54 Parce que là, pour le coup, l'intelligence artificielle,
55:56 on n'est pas sûr qu'elle puisse
55:58 supprimer les sécheresses ou les canicules, par exemple.
56:00 Donc, il faut pas surestimer les capacités
56:02 de l'IA, et il faut avoir en tête
56:04 les vrais besoins financiers. - Alors, ils sont où, ces besoins ?
56:06 - Alors, les vrais besoins financiers,
56:08 on en parlait tout à l'heure, vous en parliez tout à l'heure
56:10 avec le mur énergétique, c'est notamment
56:12 le financement de la transition. Et pour ça,
56:14 pour le coup, les solutions, elles existent.
56:16 Donc, le nucléaire, les batteries de stockage,
56:18 les renouvelables, la rénovation des bâtiments, etc.
56:20 Et pour le coup, ça, c'est quantifié.
56:22 C'est à peu près 3 000 milliards de dollars par an
56:24 d'ici 2050 au niveau mondial,
56:26 et c'est à ça qu'on doit prioritairement
56:28 consacrer notre argent.
56:30 Voilà. - Donc, vous considérez que...
56:32 Molo, molo, Sam Altman !
56:34 Il faut, quoi,
56:36 l'encadrer, le limiter,
56:38 7 000 milliards pour les semi-conducteurs
56:40 ou pour les data centers ? - Voilà, parce que lui, en plus, il nous dit,
56:42 par exemple, l'impact écologique, ben, c'est pas grave,
56:44 on va développer la fusion nucléaire et ça nous permettra
56:46 d'avoir de l'électricité pas chère.
56:48 À part que cette technologie, elle est pas encore mature,
56:50 on sait pas quand elle le sera, et puis,
56:52 les serveurs de Tchadzépété, en attendant, ils continuent de tourner.
56:54 Donc, voilà. Attention au mirage de l'IA,
56:56 et gardons en tête les vraies priorités.
56:58 - Merci beaucoup, et merci pour la concision,
57:00 Thomas Lestavelle. Merci, les Affranchis.
57:02 Merci, Elsa. À demain,
57:04 et merci à vous. - Merci.
57:06 - Antoine Armand, vous pouvez lire chez Stock le mur énergétique
57:08 pour prolonger ce rapport,
57:10 cette commission d'enquête
57:12 sur les 30 ans d'erreurs politiques
57:14 en matière de filières
57:16 nucléaires. C'est la fin
57:18 de cette émission. Merci à vous de l'avoir suivie.
57:20 Pour la voir ou la revoir, il y a la chaîne YouTube
57:22 d'LCP. À demain, très belle soirée,
57:24 bien sûr, avec Jean-Pierre Gratian.
57:26 (Générique)
57:28 ---
57:40 *Bruit de clavier*

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