• il y a 9 mois
Plus de 13% de la population française vit en montagne, elle couvre un tiers du territoire. Dans les Alpes, le climat se réchauffe deux fois plus vite qu'ailleurs. La montagne est en proie aux inondations, aux glissements de terrain, l'économie du ski est menacée. Joël Giraud, député Renaissance des Hautes-Alpes, se bat pour que le problème soit pris-à-bras-le corps, sans déni ni tabou. A la demande du gouvernement, l'ancien ministre de la ruralité a rédigé un rapport pour adapter les territoires montagnards au changement climatique. Il fait une trentaine de propositions pour dessiner la montagne de demain. LCP l'a suivi dans sa circonscription, du massif du Queyras aux sommets des Ecrins.

C'est une partie essentielle du travail parlementaire qui est de nouveau mise en lumière à travers ce reportage où les journalistes de la rédaction suivent un député dans sa circonscription pour expliquer son travail sur le terrain. C'est aussi un voyage sur un territoire, avec ses enjeux locaux, et une rencontre avec ses habitants. Suivez votre député sur LCP !

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Transcription
00:00 C'est ça, à la mairie, j'ai appelé à 7h30 du matin pour les lieux,
00:03 parce que ça allait monter d'un coup d'un coup, le torrent est sorti de son nid.
00:06 La saison, on s'est dit "non c'est bien parce qu'on avait beaucoup de neige"
00:09 et en fait, tous ces pluies déluviennes, elles ont fait fondre la neige.
00:12 C'est ça le sujet, c'est qu'en fait, on avait l'habitude d'avoir des grosses pluies torrentielles
00:16 à la fin de l'hiver, mais on peut s'attendre à avoir maintenant ce phénomène
00:20 tous les mois, toute l'année, et ça va être pour habiter en montagne, un truc difficile.
00:25 [Musique]
00:31 Joël Giraud, député des Hautes-Alpes depuis 2002, ancien ministre.
00:35 Ma vie personnelle et ma vie politique, c'est la montagne.
00:38 Aujourd'hui, elle doit s'adapter, le changement climatique est là,
00:41 sur le plan économique, sur le plan social, sur le plan également environnemental.
00:46 Le changement, c'est maintenant.
00:48 La circonscription de la montagne, c'est un des grands problèmes de la vie.
00:53 La circonscription de Joël Giraud, dans les Alpes du Sud,
00:58 est en première ligne du changement climatique.
01:01 En montagne, la température se réchauffe deux fois plus vite qu'ailleurs.
01:06 Entre le massif des Écrins et l'Oquéra, le député a rendez-vous à Rizou.
01:11 À 1100 mètres d'altitude, début février, il n'y a déjà plus de neige,
01:17 et le village porte encore les stigmates des violentes inondations survenues deux mois plus tôt.
01:24 - Dans l'île, carrément, le torrent, il est passé devant la maison, derrière.
01:27 Il peut être allé partout, d'ailleurs, on voit les traces.
01:29 - Mais celle-là, déjà, le rez-de-chaussée est entièrement plein, là, visiblement.
01:32 - C'est le torrent, oui.
01:33 - Ils étaient chez eux quand c'est arrivé, là ?
01:36 - Oui, ils étaient chez eux, oui.
01:37 - C'est les agents communaux qui ont réussi à les convaincre de partir.
01:40 - De sortir, hein ? - Oui, oui.
01:41 - Ça m'étonnerait qu'on puisse, sur une maison comme ça,
01:43 reprendre le cours de la vie normale un jour, là.
01:47 - C'est un torrent qui débordait régulièrement ?
01:50 - Non, c'est arrivé une fois en 1963, mais pas dans les proportions qu'on a aujourd'hui.
01:55 - C'est dû au changement du climat, bien évidemment.
01:58 On n'avait jamais eu une situation où, en plein mois de décembre,
02:01 où les températures sont quand même ici extrêmement basses,
02:03 on passe d'une chute de neige très importante
02:06 à, d'un seul coup, de la pluie jusqu'à plus de 2000 mètres d'altitude.
02:09 C'est ça, le phénomène qui n'existait pas.
02:12 - Début décembre, il est tombé environ 2 mois de pluie, en 48.
02:17 - Là, la mairie a eu chaud, hein ? - Ouais.
02:20 - Parce que je crois que s'il n'y avait pas eu cette fée, c'était quand ?
02:23 - Ça, ça a été fait l'an passé.
02:25 La mairie de Rizou nous avait appelés parce que la route commençait à se déchausser.
02:29 Et donc, on a fait une rustine, hein, une rustine à 100 000 euros.
02:31 Et donc, les 100 000 euros ont quand même permis, mine de rien,
02:34 à sauver et les services techniques et la main d'hôte.
02:37 Si on n'avait pas fait cette rustine, tout partait.
02:39 - Ah, c'est ça. - Voilà.
02:40 - Donc le problème, c'est que si on voulait éviter tout ce qui s'est passé,
02:44 c'est un programme de 3,5 millions d'euros qu'il aurait fallu faire sur ce terrain.
02:48 Quand on a de la casse comme ça, par dans la casse,
02:51 les cuves affioulent par l'assainissement qui casse.
02:54 Donc il n'y a plus d'assainissement, il n'y a plus rien.
02:55 Tout part en bas, l'eau n'est plus potable, l'eau n'est plus buvable en bas, quelque part.
02:59 Donc il faut bien comprendre que pour éviter ça,
03:01 il faut qu'on puisse faire des protections contre les inondations.
03:05 - Il y a un moment où, finalement, cette eau, elle sert à quoi ?
03:08 - Elle irrigue tout un bassin versant.
03:10 Très concrètement, je propose qu'on prélève une taxe
03:13 sur l'ensemble des contribuables du bassin versant
03:16 pour arriver en solidarité avec les zones de montagne,
03:20 qui sont finalement les pourvoyeuses de l'eau nécessaire à la vie dans les grands bassins,
03:24 comme par exemple la métropole d'Aix-Marseille,
03:26 pour citer celle qui est au bout de la chaîne du Rance-Verdon.
03:29 - Cette idée figure dans le rapport que le député Renaissance
03:33 a remis au gouvernement à l'automne 2023.
03:36 L'ancien ministre de la Ruralité y fait une trentaine de propositions
03:40 pour adapter la montagne au changement climatique.
03:44 La principale victime du réchauffement, ici, c'est le ski,
03:50 alors que toute l'économie en dépend.
03:53 Année après année, les températures grimpent, l'enneigement diminue,
03:57 la limite pluie-neige remonte en altitude
04:00 et la saison de ski raccourcit.
04:04 A Aiguille, au cœur du massif du Quérat,
04:07 le ski n'est déjà plus qu'un lointain souvenir.
04:11 - Alors tu vois là, Joël, Téléski de Chabataron, gare de départ.
04:16 C'est un téléski qui est installé sur les hauteurs d'aiguille.
04:19 Donc il date de 1937.
04:22 C'était un des plus longs de l'Europe à son époque.
04:25 - Bonjour, comment ça va ? - Bonjour Sylvain.
04:27 - Tu vas bien ? - Ça va, très bien, et vous ?
04:30 - Alors dis voir, ce téléski là, tu l'as utilisé toi ?
04:33 - Bien sûr, oui, c'est le téléski de notre enfance, des gamins du pays.
04:37 On a commencé à skier en montant à pied d'abord,
04:41 et puis ensuite on avait le droit d'aller au téléski de temps en temps.
04:44 Donc c'est vrai qu'on l'a pris beaucoup.
04:46 - Et ça te fait quoi maintenant de voir finalement que c'est devenu une statue
04:50 et que la station elle-même a dû malheureusement fermer ?
04:53 - Ça me fait de la peine, oui. C'est sûr qu'il y a toujours un souvenir énorme.
04:56 Les souvenirs de gamins, dès que j'avais 5 ans, 6 ans,
04:59 c'était "Waouh", le matin on se réveillait,
05:02 il y avait 80 cm au mètre de neige.
05:05 C'était assez régulier.
05:07 Et là maintenant, c'est vrai que quand je regarde en face,
05:09 je me dis qu'il est temps qu'on prenne des orientations complètement différentes.
05:13 En dessous de 2500 m d'altitude, je pense qu'il faut penser à autre chose.
05:18 - Aiguille tente de tourner la page du ski.
05:22 En 2006, la commune a fermé la station, qui n'était plus rentable.
05:27 Les remontées ont été démantelées.
05:30 - Les stations, c'est un modèle économique qui est fragile.
05:33 Surtout quand elles sont situées dans des endroits
05:36 qui ont un enneigement de temps en temps aléatoire.
05:39 Il faut dire les choses telles qu'elles sont.
05:41 - C'était le début des difficultés d'enneigement.
05:44 - L'évolution est maintenant inéluctable.
05:46 Ce qui s'est passé ici est quelque chose qui va se passer dans beaucoup de stations
05:50 et qu'il faut trouver un nouvel avenir.
05:53 - Mais Aiguille a bien du mal à s'inventer un avenir en dehors du ski.
05:58 - Suite à la fermeture de la station du domaine Haut du domaine de Pénin,
06:03 on a récupéré les tapis qui sont là, les deux tapis qui sont là derrière nous.
06:07 Et donc on a cet espace qui n'a pas compensé, évidemment.
06:13 C'est un petit complément, mais qui n'est pas forcément important.
06:18 Qui n'est pas à la hauteur de ce qu'on pouvait avoir au niveau de la station.
06:23 - Pour l'instant, on n'a pas trouvé le remplaçant à l'économie du ski.
06:27 - Non, il n'y a pas de remplaçant industriel à l'économie du ski, pour être très clair.
06:32 Il faut utiliser ce potentiel qui est un potentiel de nature absolument exceptionnel.
06:36 Et je continue à penser que le modèle estival appliqué à l'économie hivernale ici,
06:41 en termes de tourisme, puisqu'il faut qu'il continue à y avoir du tourisme,
06:44 bien évidemment en hiver, c'est un modèle qui peut très, très, très bien fonctionner.
06:49 - Pour pousser les élus à réfléchir vraiment au-delà du ski,
06:54 Joël Giraud préconise de classer les stations en trois catégories.
06:59 Celles, comme aiguilles, qui doivent renoncer au ski dès maintenant.
07:03 Celles qui, d'ici 2030, doivent abandonner une partie du domaine skiable
07:08 et où l'État doit arrêter de financer les remontées.
07:12 Et enfin, celles situées en haute altitude ou dans une zone froide
07:17 qui pourraient survivre à l'horizon 2050.
07:21 À 27 km, à vol d'oiseaux d'aiguilles, dans le massif des Écrins,
07:26 Cerf-Chevalier fait partie de ces stations d'altitude un peu moins menacées par le réchauffement.
07:32 Mais à la conscience de l'impact du ski sur l'environnement.
07:37 Alors, Cerf-Chevalier cherche à limiter son empreinte
07:41 et sert de laboratoire pour les énergies renouvelables en montagne.
07:46 - Alors, est-ce que l'éolienne en montagne, ça marche ?
07:50 On est là à 2,4 km du niveau de la mer.
07:54 Donc, on a toujours du vent.
07:57 Et en plus, on est dans un col qui canalise le vent.
08:00 Donc, autant, en général, l'énergie éolienne est intermittente,
08:03 autant ici, on a la même production toute l'année.
08:06 - L'éolienne produit 2 % de l'électricité de la station.
08:11 Il en faudrait une centaine pour que ce soit vraiment intéressant.
08:15 Alors, Cerf-Chevalier mise plutôt sur les panneaux solaires installés sur le toit des remontées mécaniques.
08:22 - On a derrière nous une des installations photovoltaïques de Cerf-Chevalier.
08:26 Il y a 20 sites installés. C'est l'un des 20 sites.
08:29 Et ça marche très bien parce qu'en montagne, on a beaucoup plus d'ensoleillement qu'en plaine.
08:34 On a une réverbération sur la neige qu'on appelle l'effet albédo
08:37 qui permet de renvoyer les rayons du soleil et qui font que les panneaux solaires
08:40 ont un rendement qui est bien supérieur à des panneaux solaires installés ailleurs.
08:44 Et en plus, le froid permet de maintenir ce rendement.
08:46 - Donc, ça marche mieux que prévu ?
08:47 - Ça marche mieux que prévu.
08:48 Avec les panneaux solaires, on produit environ 10 % de notre énergie.
08:52 L'électricité va toujours au plus proche de l'endroit où elle est consommée.
08:55 Donc, ça part directement dans le moteur qui fait tourner la remontée mécanique.
08:58 Ce n'est pas toujours suffisant, mais ça contribue au fonctionnement de la remontée mécanique
09:01 et ça vient en effacement de ce qu'on devrait soutirer sur le réseau.
09:04 - C'est à mon avis le modèle, mais il faut affiner les techniques et il faut effectivement le généraliser.
09:09 - Le problème, c'est de trouver les voies et moyens que toutes les stations arrivent à avoir un mix énergétique
09:16 pour être plus sobre au niveau énergétique, mais diminuer aussi la facture, être moins dépendant.
09:21 Selon le député, il faut simplifier la réglementation pour faciliter l'installation des énergies renouvelables en station.
09:29 Cissère Chevalier parvient désormais à produire 30 % de son électricité en énergie renouvelable.
09:35 Elle cherche aussi à réduire sa consommation.
09:38 Et là, il a fallu innover.
09:41 Chaque matin, avant l'ouverture, un drone survole le domaine.
09:47 Il mesure très précisément la quantité de neige sur chaque piste.
09:52 Ces relevés permettent de créer des cartes, vite devenues indispensables aux dammeurs,
09:58 pour diminuer l'utilisation de neige artificielle.
10:01 - Et bonsoir ! - Et bonsoir, monsieur Giraud !
10:04 - Ça va ? - Merci, bonsoir !
10:06 - C'est quoi cet instrument magique ?
10:08 - C'est la tablette que l'on utilise pour optimiser toutes ces zones.
10:12 On va prendre la neige sur ces taches bleues que vous voyez, et on va venir les répartir sur la couleur verte à rouge.
10:18 La piste se situe entre ce bleu ici et le bleu qui est ici à droite, et là où c'est orange-rouge,
10:24 c'est là où on a vraiment un réel besoin d'une épaisseur de neige homogène sur toute la longueur de la piste.
10:29 Ce qui nous permet d'optimiser la production de neige de culture sur l'ensemble du domaine.
10:34 - D'accord. - C'est des économies d'énergie, c'est des économies de ressources en eau, c'est des économies de carburant.
10:41 - Pour moi, c'est l'idéal pour pouvoir gérer très convenablement un domaine scalable.
10:46 Alors la problématique, c'est peut-être aussi que ça n'est accessible qu'à des grands domaines qui ont donc la possibilité d'investir, voilà.
10:53 - Grâce à ce système, la station a réduit sa consommation de neige de culture de 20% en 4 ans.
11:00 Une réduction significative pour Cerchevalier où un tiers des pistes est enneigée artificiellement.
11:07 Mais le domaine skiable ne représente que 2 à 3% du bilan carbone des stations françaises.
11:14 La moitié des émissions de CO2 est générée par le transport des vacanciers et plus d'un quart par le logement.
11:23 - Joël, bonjour. - Ça va ? - Bon, tu nous montres les lieux ? - Allez, c'est parti. - On y va.
11:29 - Donc, studio, c'est un bâtiment des années 70. - Donc, on est en F, là. - On est en F, tout à fait.
11:37 Chauffage rudimentaire avec des grilles peints d'époque. L'isolation du bâtiment, c'est une isolation des années 70.
11:45 Même si c'est entre guillemets du double vitrage, c'est plus du double vitrage qui peut correspondre aux normes actuelles
11:51 pour entre guillemets avoir un bilan énergétique qui se rapproche des standards, à savoir du C ou du D.
11:57 - Alors, c'est pas un cas isolé, quoi ? - On est plutôt sur du 60-65 % d'habitats, on va dire, de ce type. - Très bien.
12:06 - Donc, comme tu peux le voir, c'est un studio qui a quand même quelques potentialités face aux pistes. - C'est magnifique, là.
12:14 - Exposé sud-ouest. Comme je te le disais, si on regarde la façade, on aurait des possibilités d'isolation par l'extérieur.
12:21 - Par l'extérieur, oui, bien sûr. - Mais bon, là, c'est des travaux qui vont... - Ça fait combien, la loge ?
12:25 - On va être dans les 15-20 000 euros. - Pour revenir dans les normes acceptables en termes de location, par exemple.
12:31 - Joël Giraud propose donc que l'Etat aide à rénover ces milliers d'appartements touristiques.
12:38 - Concrètement, pour rénover un studio comme ça, il n'y a absolument aucune procédure à l'heure actuelle de subventionnement. - Absolument pas.
12:45 - L'idée qui serait celle d'utiliser la prime Rénov' pour des logements comme ceux-ci, ça serait quand même...
12:51 - C'est un axe de financement qui est assez intéressant pour les propriétaires. Ce sont des personnes qui ont "investi" pour leur retraite,
12:59 pour pouvoir avoir un petit subside complémentaire. Et c'est vrai que sans aide comme cette aide qui est proposée, il est difficile de remettre à niveau son appartement.
13:09 - C'est ça.
13:10 Les passoires thermiques sont un fléau dans toutes les stations de ski. Pourtant, au lieu de les rénover, on construit encore et encore.
13:19 Selon Joël Giraud, cette fuite en avant ne peut être jugulée qu'avec un moratoire sur la construction d'immobiliers neufs.
13:29 Sous-titrage Société Radio-Canada
13:33 ...

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