• il y a 10 mois
Grand témoin : Sonia Tir, essayiste, conseillère politique et autrice de « Sortir du placard, LGBT en politique » (Fayard)

GRAND DÉBAT / Médecines parallèles : comment en finir avec les dérives ?

« Le récap » par Bruno Donnet

En seulement cinq ans, les signalements pour dérives sectaires ont augmenté de 86% selon les chiffres de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Des pratiques médicales vers lesquelles se tournent de nombreux patients mais qui peuvent cacher des charlatans, mettant parfois en danger la vie des patients. Face à ce mouvement dont l'ampleur s'est aggravée durant le Covid, l'Assemblée nationale a adopté, mercredi 14 février, un projet de loi pour lutter contre les dangers de certaines médecines parallèles. Un texte législatif loin de faire l'unanimité. Grandement modifié au Sénat, et amendé par les oppositions de droite comme de gauche, une seconde délibération a été nécessaire au gouvernement pour passer son texte. Le débat s'est cristallisé autour de l'article 4 qui vise à créer un délit d'incitation à l'abandon de soins. Salué dans son initiative mais chahuté dans sa rédaction, le texte adopté permettra-t-il une meilleure protection des patients sans porter atteinte à la liberté d'exercer une profession librement choisie ?

Invités :
- Brigitte Liso, députée Renaissance du Nord,
- Jean-François Coulomme, député LFI de Savoie,
- Marie Drilhon, vice-présidente de l'UNADFI (Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu victimes de sectes),
- En Skype : Jérôme Poiraud, naturopathe et Président de l'OMNES.

GRAND ENTRETIEN / Sonia Tir : politiques homosexuels, la fin d'un tabou ?

La loi ouvrant le mariage « aux couples de personne de même sexe » est promulguée le 17 mai 2023. La France devient alors le 9e pays à l'échelle européenne et le 14e à l'échelle mondiale à autoriser le mariage homosexuel. Dix ans plus tard la journaliste et conseillère politique Sonia Tir, dresse un bilan mitigé sur les évolutions politiques LGBT en France à travers divers témoignages du personnel politique. Elle revient sur le rôle souvent politisé de l'orientation sexuelle des personnages politiques tels que Mounir Mahjoubi, Olivier Dussopt ou encore Sarah El Haïry au sein des différents partis et institutions. Le livre s'intéresse également à l'évolution de l'opinion publique face à ces sujets et conclut en s'interrogeant : le prochain Président de la République sera-t-il gay ?

Grand témoin : Sonia Tir, essayiste, conseillère politique et autrice de « Sortir du placard, LGBT en politique » (Fayard)

LES AFFRANCHIS

- Yaël Goosz, chef du service politique et éditorialiste à France Inter,
- Richard Werly, correspondant France/Europe pour « Blick »,
- « Bourbon express » : Marco Paumier, journaliste LCP.

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité pol

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Transcription
00:00 [Musique]
00:06 Bonsoir à tous, bienvenue, très heureuse de vous retrouver dans Savourgarde ce soir,
00:11 le coming out en politique. Bonsoir Sonia Thir, et merci d'être notre grand témoin,
00:16 conseillère politique, ancienne journaliste, vous publiez "Sortir du placard, LGBT en politique chez Fayard".
00:23 C'est une enquête très fouillée, dix ans après le mariage pour tous,
00:26 ces hommes et ces femmes politiques qui disent ou ne disent pas leur homosexualité.
00:31 On va y revenir, le livre tombe à pic, après le coming out très politique de Gabriel Attal,
00:37 on va en parler, sommes-nous prêts à élire un homosexuel, une homosexuelle à l'Elysée ?
00:42 Vous nous le direz tout à l'heure. Dans la deuxième partie, notre grand débat ce soir,
00:46 alerte sur les nouvelles dérives sectaires. Jus de carotte et jeûne intégrale,
00:51 les médecines parallèles ne sont pas sans risque et sans menace, en témoignent les signalements à la Médillude
00:58 qui explosent, le projet de loi adopté hier crée un nouveau délit, provocation à l'abstention de soins,
01:05 nous en débattons dans un tout petit instant sur ce plateau.
01:08 Enfin, nos affranchis ce soir, le parti prix politique de Yael Ghose, l'Europe dans tous ses états,
01:13 Richard Verli et puis un bonbon express spécial, prix du Troubinoscope,
01:18 les personnalités politiques de l'année, ce sera avec Marco Pognier.
01:21 Voilà pour le menu, on y va, Sonia Thur ? C'est parti.
01:24 Ça vous regarde, ça commence tout de suite.
01:26 Les autorités auraient-elles baissé la garde ?
01:41 La prolifération des médecines alternatives et non conventionnelles inquiète le nombre de patients
01:47 ayant fait l'objet de manipulations, d'emprises et même de pertes de chance pour leur santé augmente dangereusement.
01:55 Alors qu'est-ce qu'on fait ?
01:56 Eh bien le gouvernement a fait voter hier soir par la représentation nationale
02:00 un nouveau projet de loi sur ces nouvelles dérives sectaires.
02:03 Il crée un nouveau délit dont on va parler avec nos quatre invités.
02:07 Bonsoir Brigitte Liseau.
02:08 Bonsoir.
02:09 Merci d'être là, vous êtes députée Renaissance du Nord et rapporteur de ce projet de loi.
02:13 Bonsoir Jean-François Coulombe.
02:15 Bienvenue, députée La France Insoumise de Savoie, vous allez voter contre ce texte.
02:20 Vous nous direz pourquoi. Bonsoir Marie de Rion.
02:22 Bonsoir.
02:23 Ravi de vous retrouver sur ce plateau, vous êtes la vice-présidente de l'UNADFI,
02:27 l'Union Nationale des Associations de Défense des Familles et de l'Individu Victime des Sectes.
02:32 On veut comprendre ce que vous entendez de la part de ces victimes que vous accompagnez.
02:37 Enfin, à distance avec nous ce soir, Jérôme Poirot, bonsoir.
02:41 Vous êtes naturopathe et président de l'OMNES, c'est l'organisation professionnelle des naturopathes de France.
02:47 N'hésitez pas Sonia Thier si vous voulez interroger nos invités.
02:50 Vous parlez des thérapies de conversion dans votre livre, ça ressemble véritablement à une dérive sectaire,
02:55 d'ailleurs les députés ont légiféré là-dessus.
02:58 On va commencer par planter le décor que prévoit ce projet de loi,
03:01 c'est dans le récap de Bruno Deney qu'on accueille tout de suite.
03:05 Et bonsoir mon cher Bruno.
03:07 Bonsoir Myriam, bonsoir à tous.
03:09 Ce soir, vous avez à la une de votre récap un article, une définition et un loup.
03:16 Oui, et on va commencer avec l'article, parce que pour bien comprendre ce qui s'est passé hier,
03:22 il faut commencer par faire un peu de technique parlementaire.
03:25 La commission des lois demande qu'il soit procédé à une seconde délibération sur l'article 4.
03:31 Car si Sacha Ollier a demandé hier à ce qu'il soit procédé à une seconde délibération,
03:37 c'est tout simplement parce qu'avant-hier, le fameux article 4 du projet de loi sur les dérives sectaires
03:43 a été retoqué, rejeté par 116 voix contre 108.
03:48 Du coup, les députés d'opposition ont dénoncé un odieux tripatouillage.
03:53 Vous avez manœuvré et vous avez bricolé de bout en bout sur un texte absolument essentiel.
04:00 Bien, mais alors qu'y a-t-il donc dans le fameux article 4 ?
04:05 Eh bien, il s'y trouve un terme.
04:07 Dérives sectaires.
04:09 Seulement, voilà, le terme n'est pas accompagné par une définition et c'est là qu'est l'os.
04:14 Alors, justement, quel est le problème de cette absence de définition ?
04:17 Alors, la grande question qui se pose, Myriam, c'est qu'est-ce qu'on appelle une dérive ?
04:23 À quel moment quelqu'un qui exprime une position qui sera jugée iconoclaste ou baroque
04:28 doit-il être considéré comme un gourou ?
04:30 Alors, sur l'essentiel, les députés sont d'accord.
04:33 Si un agité du bocal vous propose un jus de carotte pour guérir du cancer mieux qu'avec une chimiothérapie,
04:38 c'est une dérive qui mérite que l'on crée un délit d'incitation à l'abandon des soins.
04:44 Mais ce qui pose problème, notamment au Rassemblement national, c'est la zone de flou qui entoure la dérive.
04:51 L'article 4 porte une atteinte directe à la liberté d'expression,
04:56 au droit de ne pas être d'accord,
04:58 à la possibilité d'avoir un avis scientifique différent, divergent,
05:02 de dénoncer un scandale.
05:04 Voilà, alors vous savez tous ici, depuis que Martine Aubry nous a présenté sa grand-mère,
05:09 quand c'est flou, il y a un loup.
05:12 Et le loup, ce serait donc la liberté d'expression.
05:16 Par exemple, prenons l'hypothèse qu'un savant très décoiffé prétende que le vaccin contre le Covid ne sert à rien,
05:23 mais qu'on peut parfaitement se soigner grâce à de l'hydroxychloroquine.
05:28 Nous, on a estimé qu'il y avait 4,6 milliards de gens qui vivaient dans les pays dans lesquels on recommandait,
05:33 où on disait "vous pouvez utiliser l'hydroxychloroquine si vous voulez".
05:37 Alors là, qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce qu'il s'agit d'une erreur scientifique ou d'une dérive sectaire ?
05:44 Enfin, au-delà de la liberté d'expression, les députés de la France insoumise, cette fois,
05:49 ont débusqué par les oreilles un autre loup.
05:53 Donc il y a un flou tel que nous pouvons tout à fait penser que les arrières-pensées qui animent ce texte
05:58 pourraient mener à de graves dérives au niveau de l'expression démocratique,
06:02 au niveau de la liberté de la presse et au niveau de ce que nous appelons les lanceurs d'alerte.
06:07 Eh oui, que vont devenir les lanceurs d'alerte ?
06:11 Le docteur Irène Frachon, par exemple, celle qui a dénoncé publiquement les dangers du Mediator
06:17 après avoir reçu de très nombreux patients malades.
06:21 A chaque fois, elles me le disent, Servier, Servier, Servier, que m'as-tu fait, Servier ?
06:26 Cette femme courageuse, aurait-elle pu être poursuivie par les laboratoires Servier
06:30 pour délit d'incitation à l'abandon de soins ?
06:33 La question paraît totalement incongrue, elle permet pourtant, Myriam, de mieux comprendre
06:38 pourquoi certains voient dans ce projet de loi une dérive qui permettrait aux loups d'entrer dans la bergerie.
06:44 Wow, quel talent ! Merci beaucoup Bruno Denez, c'était technique mais c'était absolument clair ce soir.
06:50 Merci à vous. D'abord, Brigitte Lisio, il y a un débat juridique, la question des lanceurs d'alerte, on va y venir.
06:56 Mais déjà, est-ce que cette loi qui a été votée va permettre à tous ces charlatans
07:02 qui jouent avec la santé des gens, parce qu'il y en a dans notre pays, de trembler ?
07:06 Est-ce que ce nouveau délit va permettre de les poursuivre ?
07:10 C'est évidemment l'idée principale de ce texte et effectivement, ce texte est très bordé.
07:18 Alors, c'est vrai qu'on peut le résumer assez facilement mais il y a quand même des critères importants,
07:25 par exemple que la personne doit être malade, qu'il y ait eu une incitation réitérée de changement de soins,
07:34 de l'abandon de soins, que ça a provoqué une aggravation de son état, voire la mort.
07:41 Donc, vous voyez, je vais être un peu caricaturale, mais il n'est pas question, au cours d'un dîner de famille,
07:48 que quelqu'un dise "arrête tout ça et prends du naturel".
07:53 On n'en est pas là du tout.
07:55 On n'en est pas là du tout.
07:56 On ne voulait pas montrer leurs vidéos pour ne pas leur faire de publicité,
07:59 mais Irène Grandjean, Thierry Casas-Novas, avec des vidéos qui préconisent des jus de légumes
08:05 ou des jeûnes intégraux, notamment pour lutter contre le cancer, c'est contre cela.
08:10 -C'est contre cela.
08:12 -Vous attaquez.
08:13 -Vous citez la personne qui était adepte du crudivorisme.
08:18 Il a été condamné pour pratique illégale de la médecine,
08:22 mais ce n'est pas spécifiquement l'aspect dérive sectaire qui l'a fait condamner.
08:28 Donc, on ajoute à l'arsenal juridique des possibilités pour ces gourous,
08:34 parce qu'il n'y a pas d'autre nom.
08:36 -Qu'est-ce qu'ils risquent, alors, avec ce délit, aujourd'hui ?
08:38 -Alors, moi, j'ai besoin de mes notes pour les suivre.
08:41 -Allez-y, je vous en prie.
08:43 -On est à 30 000 euros d'amende.
08:45 Et là, c'est bien noté, à moyen de pression et de manœuvres réitérées
08:50 qui entraînent des conséquences graves pour la santé.
08:53 Et lorsque la provocation qui a été prévue, c'est jusqu'à 45 000.
08:58 -C'est très clair, Jean-François Coulombe.
09:00 Vous, vous avez voté contre.
09:02 Ça ne vous semble pas nécessaire, de bon sens,
09:05 pour reprendre un mot qui est dans l'air du temps,
09:08 ces derniers jours, d'empêcher tous les malades crédules
09:11 d'être les otages de ces charlatans ?
09:14 -Eh bien, déjà, je voudrais répondre à madame la rapporteure
09:17 de ce projet de loi.
09:19 Il existe déjà, dans notre Code pénal, des sanctions
09:22 contre l'incitation à l'abandon de soins,
09:25 contre la mise en danger de la vie d'autrui
09:27 et contre la non-assistance à personne en danger,
09:30 qui sont, d'ailleurs, davantage punies, dans notre Code pénal,
09:34 que les sanctions que vous venez d'évoquer.
09:36 Nous, nous avons considéré qu'il y avait tout un tas d'atteintes
09:40 à l'intégrité physique, mentale,
09:42 qui sont déjà couvertes par notre Code pénal.
09:44 -Donc, sur le fond, même, c'est donc à la société, pour vous,
09:47 et donc à l'Etat, de protéger les gens de ça.
09:50 -Bien sûr, l'Etat a sa responsabilité
09:53 dans la façon dont il protège ses citoyens, c'est évident.
09:56 -Donc, l'argument principal, pour ces particuliers charlatans,
10:00 c'est qu'au fond, le texte existe déjà,
10:03 les textes existent déjà. -La loi Boubicard avait prévu
10:06 tout un arsenal, en quelque sorte, pour lutter contre l'emprise,
10:10 la suggestion et les dérives qui en résultent,
10:13 qui portent atteinte, qui sont un dommage
10:16 pour la personne et pour la société.
10:18 -Inflation législative. C'est vrai qu'on nous a dit
10:21 "moins de loi pour mieux de loi".
10:23 -Je suis d'accord. Deux choses.
10:25 Alors, on parle beaucoup de cet article 4,
10:28 mais il y a aussi l'article 1, qui est très important,
10:31 qui est la création d'un nouveau délit,
10:33 qui est le délit de suggestion, qu'on pourrait plus facilement
10:36 appeler "emprise" dans le langage courant,
10:39 qui n'existait pas, et donc qui aide les magistrats
10:43 à faire le droit, et je voudrais juste vous donner
10:46 deux chiffres. Il y a environ 4 000 signalements
10:50 par an à la Musilude. -C'est pas évident.
10:53 -Il y a 15 condamnations.
10:55 Parce que les magistrats nous disent
10:58 que quelquefois, on n'y arrive pas,
11:00 parce que la personne n'a pas été reconnue sous emprise.
11:04 Maintenant, elle pourrait être reconnue.
11:07 -Il y avait besoin d'un arsenal législatif supplémentaire
11:10 pour aider le magistrat. -On a ajouté
11:12 des délits supplémentaires, deux principalement,
11:15 le délit de suggestion et le délit d'incitation.
11:18 -Je vous donne la parole, mais il faut bien comprendre
11:21 de quoi on parle. Quels sont ces dérives sectaires,
11:24 ces médecines qui s'autoproclament comme telles ?
11:27 Elles ne sont pas toutes interdites avec ce texte.
11:30 Il y a toutes une série de médecines dites alternatives
11:33 ou non conventionnelles qui vont continuer à exister.
11:36 Tour d'horizon avec Dario Borgogno.
11:38 -Il suffit d'un clic sur Internet pour consulter
11:46 des médecines parallèles.
11:48 Vidéos racoleuses et recettes miracles
11:51 pour soigner cancers et maladies neurodégénératives.
11:54 Ces gourous 2.0 touchent une audience crédule,
11:57 de plus en plus importante.
11:59 La preuve, l'avalanche de témoignages
12:01 pour dénoncer des maltraitances et parfois des drames.
12:23 Ces nouvelles dérives sectaires sont dans le droit
12:26 fil des pratiques déjà connues de sectes,
12:29 comme la scientologie ou les témoins de Jéhovah.
12:32 -Ce qui est un véritable fléau, qui a pris une ampleur
12:35 considérable, notamment depuis la crise pandémique,
12:38 c'est un marché colossal, notamment par Internet.
12:41 Il faut bien voir tous les intérêts qu'il y a derrière
12:44 et combien des personnes et des humains qui cherchent
12:47 des solutions parce que la médecine ne peut pas
12:50 les trouver, tombent entre les mains d'un négrophunt
12:53 qui est motivé uniquement par l'argent.
12:56 On voit bien qu'il y a là du charlatanisme.
12:59 Des gens qui sont en rupture, en souffrance,
13:02 en perte de repère parce qu'il y a certaines formes
13:05 de pathologies lourdes que la médecine ne sait pas
13:08 encore soigner, malheureusement, ils peuvent tomber
13:11 dans leurs griffes. C'est cela que la loi vise.
13:14 C'est ce comportement quasi-criminel d'un individu
13:17 qui se prétend détenteur d'une nouvelle technique révolutionnaire.
13:22 La mission interministériale de vigilance et de lutte
13:25 contre les dérives sectaires constatait 4000 signalements
13:28 en 2021, un chiffre qui a doublé depuis 2015.
13:31 Marie de Rion, racontez-nous, Alina Tchfi,
13:36 vous accompagnez les victimes et leurs familles.
13:39 Que vous disent-elles ? Comment tombent-elles dans les griffes
13:42 de ces gourous sous leur emprise ?
13:45 -C'est une mauvaise rencontre à un mauvais moment.
13:48 Et donc, avec les propositions,
13:51 parce qu'il faut bien dire que ce ne sont pas les thérapies
13:54 ou les pratiques qui sont visées là-dedans,
13:57 c'est les praticiens et les "thérapeutes",
14:00 entre guillemets, donc des personnes.
14:03 Et on peut tous, à un moment de plus grande interrogation,
14:07 voire fragilité, rencontrer une proposition
14:11 qui est vraiment séduisante,
14:13 qui correspond à quelque chose qu'on aimerait bien
14:16 ou qu'on recherche.
14:18 C'est exactement ça qui se passe.
14:20 C'est vrai qu'Alina Tchfi, en tout cas en 2022,
14:25 parce qu'on n'a pas encore les résultats pour 2023,
14:28 mais la part d'interrogations ou de signalements
14:33 sur santé au sens large...
14:35 -C'est la moitié.
14:37 -C'était même plus de la moitié.
14:39 -Plus de la moitié.
14:41 -Il y a vraiment un énorme problème.
14:43 -Il y a une très grande proposition,
14:45 avec des gens qui ont des situations de santé difficiles,
14:49 mais d'autres où, quelquefois,
14:51 la situation de santé n'est pas si mauvaise,
14:54 mais progressivement, avec la proposition,
14:57 oui, il pourrait aller mieux.
14:59 Et c'est impressionnant.
15:01 -L'emprise, quelles sont ses conséquences ?
15:04 Ca provoque quoi ? L'isolement complet du malade ?
15:07 -Nous avons l'habitude de dire que l'emprise sectaire
15:10 se repère par trois ruptures.
15:13 Une rupture individuelle avec la personne elle-même,
15:16 parce que c'est ça dont les proches s'aperçoivent,
15:19 c'est les changements, la rupture avec leurs convictions d'avant,
15:24 leurs valeurs d'avant, leurs activités d'avant, etc.
15:27 C'est vraiment une rupture profonde de vision du monde.
15:30 Après, c'est la rupture avec l'entourage,
15:33 professionnel, social, etc.,
15:35 et puis la rupture avec la société,
15:37 et donc on le voit avec le refus de vaccination
15:41 quand il est très important.
15:43 La loi et le collectif n'ont aucune importance.
15:46 La loi intérieure est plus grande
15:49 que la loi du pays et de la société.
15:52 -On va aller voir le naturopathe, qui est avec nous,
15:55 Jérôme Poirot. Bonsoir.
15:57 Déjà, est-ce que vous vous sentez visé par ce texte ?
16:01 Est-ce que vous le craignez ?
16:03 Tout à l'heure, Marie de Rion a bien dit
16:06 que c'était de personnes et non pas de médecine non conventionnelle
16:09 ou de pratique.
16:11 Peut-être pour commencer, qu'est-ce que c'est la naturopathie ?
16:15 -Je pourrais dire, en premier,
16:17 on ne se sent pas du tout visé par ce texte.
16:20 Tout ce qui renforce l'arsenal législatif
16:23 pour protéger les usagers, c'est quelque chose de positif.
16:27 Donc ça, c'est la première chose.
16:29 Après, la naturopathie,
16:31 c'est ce qu'on appelle la médecine traditionnelle occidentale,
16:34 un peu comme la médecine traditionnelle chinoise en Chine
16:37 ou la médecine traditionnelle ayurvédique en Inde.
16:40 En France, en Europe, en Occident, c'est la naturopathie.
16:44 Les naturopathes ne sont pas médecins,
16:46 ne sont pas des professionnels de santé.
16:48 Ils vont accompagner l'amélioration de l'hygiène de vie
16:52 des personnes qu'ils reçoivent dans leur cabinet
16:56 pour améliorer, par exemple, l'équilibre alimentaire,
17:00 accompagner la reprise d'une activité physique,
17:03 mieux gérer le stress au quotidien
17:05 et utiliser un certain nombre de techniques d'approche.
17:09 Ça peut être des techniques manuelles,
17:11 comme la réflexologie, par exemple.
17:13 Ça peut être l'usage de plantes médicinales aussi,
17:15 en plus de ce que j'ai déjà cité.
17:17 Donc c'est vraiment accompagner la personne
17:19 à mieux équilibrer son hygiène de vie au quotidien
17:21 et bien évidemment en complément de la...
17:24 - Voilà, c'est toute la question.
17:25 Vous arrivez en complément d'un suivi médical.
17:27 Si vous avez face à vous un patient avec une pathologie grave,
17:30 on pense au cancer,
17:32 à aucun moment vous ne l'éloignez,
17:34 même si vous lui donnez des plantes,
17:36 d'un suivi médical classique.
17:38 - Exactement.
17:40 Les naturopathes ne font pas de diagnostics médicaux,
17:43 ne coupent pas une personne de son parcours de soins
17:47 et interviennent vraiment en premier lieu en prévention
17:50 et de manière complémentaire à la médecine du médecin traitant.
17:54 - Mais vous le voyez bien dans les journaux,
17:56 beaucoup de naturopathes,
17:58 alors il y a différentes pratiques,
18:00 vous pouvez pointer du doigt,
18:02 ils peuvent parfois avoir des pratiques
18:04 qui retardent une prise en charge médicale.
18:07 - Je vais dire...
18:09 Alors en fait, bien évidemment,
18:11 dans tout métier, il peut y avoir des personnes
18:14 qui ont des approches qui amènent à la dérive,
18:19 à la dérive sectaire, à la dérive thérapeutique.
18:22 Et ça, il faut les combattre le plus fortement possible.
18:25 Mais évidemment, ce sont des personnes qui,
18:27 à un moment donné, ça peut être des professionnels de santé,
18:29 ça peut être des professionnels de pratiques de soins non conventionnels
18:32 qui vont aller dans ces dérives.
18:34 Et ça, on ne peut que le condamner.
18:36 Et ce ne sont pas les naturopathes en eux-mêmes
18:39 ou les professionnels de pratiques de soins non conventionnels
18:43 qui sont à risque de dérive,
18:44 mais bien des personnes en particulier.
18:46 Et en général, c'est mal formé,
18:48 qu'elles ne pratiquent pas correctement leur métier.
18:50 Et c'est pour ça que nous, à l'OMNES,
18:52 on encadre et on accompagne les naturopathes
18:55 et la profession de naturopathes en France
18:57 depuis plus de 40 ans,
18:59 avec un processus qualité
19:01 qui englobe vraiment toute la chaîne qualité,
19:05 de la formation jusqu'à l'installation,
19:07 jusqu'à la pratique,
19:08 pour éviter ce genre de dérive.
19:11 -Marie de Rion, convaincue ?
19:13 -Convaincue, je crois, c'est comme dit.
19:19 Sur le terrain, c'est vrai que toutes ces pratiques,
19:23 et la naturopathie en fait partie,
19:25 peut-être pas dans cette association-là,
19:26 mais elle manque d'encadrement.
19:28 Et c'est ahurissant de penser que pour vendre quoi que ce soit,
19:33 il faut avoir un certain nombre de normes
19:36 et on dépend d'un code, soit du commerce, soit d'autres.
19:40 Et là, il n'y a rien.
19:42 Rien.
19:43 Donc, c'est n'importe qui, vous et moi,
19:46 on peut s'installer demain
19:48 et commencer à faire notre business.
19:50 Et c'est quand même un énorme marché.
19:52 -Un énorme marché qui explose.
19:54 On est devant un tsunami.
19:56 Comment vous l'expliquez, Brigitte Lisot ?
19:58 Comment vous expliquez que toutes ces médecines alternatives,
20:01 on a bien compris que le texte ne s'attaque qu'aux charlatans,
20:04 qu'à des personnes,
20:06 mais quand on regarde ce marché, c'est impressionnant.
20:10 Impressionnant.
20:11 Les bols tibétains, le reiki,
20:14 les poses de main à distance,
20:16 les magnétiseurs, les ventouses,
20:19 il faut bien s'interroger sur ce phénomène.
20:21 -Il y a plusieurs choses.
20:22 D'abord, l'imposition des mains, les coupeurs de feu,
20:25 c'est des choses qui existaient depuis très longtemps.
20:28 C'était cantonné à un village.
20:30 En général, on faisait peut-être un peu de kilomètre
20:33 pour aller voir la personne, mais ça s'arrêtait là.
20:36 Maintenant, on est passé véritablement à une autre échelle.
20:39 Et effectivement, les réseaux sociaux, les plateformes,
20:43 tout ça provoque et aide à cette explosion.
20:47 Et en parallèle, la crise Covid,
20:50 qui a suscité beaucoup de transformations de comportement
20:55 dans tous les domaines.
20:57 -La crise de l'hôpital aussi.
20:59 -Y compris dans celui-là, peut-être une moins bonne confiance
21:02 dans la médecine classique.
21:04 Je voulais préciser,
21:06 je ne parle jamais de médecine parallèle
21:08 ou de médecine alternative, mais de pratique.
21:11 Je crois que les mots ont véritablement un sens
21:14 et que la médecine reste la médecine.
21:16 On peut la critiquer,
21:18 mais je pense que c'est important
21:20 et que déjà, si on faisait ces petites choses au quotidien,
21:23 on agirait.
21:25 -Jean-François Coulombe, il y a quand même
21:27 une crise de l'hôpital massive
21:29 et des déserts médicaux quasiment partout sur le territoire.
21:32 Donc, moins de prise en charge, des soignants qui désertent.
21:36 Est-ce que ça explique que ces patients-là
21:39 aient envie d'être entendus, prises en charge
21:42 par ces autres pratiques ?
21:44 -Oui, d'ailleurs, la Mivilud, dans son rapport,
21:47 avait pointé le fait que l'explosion
21:49 des signalements de dérive,
21:51 en quelque sorte, qu'elles soient sectaires
21:54 ou, là, en l'occurrence, médicales, par exemple,
21:57 avec des organisations qui peuvent inciter
22:00 à l'abandon des soins traditionnels, conventionnels,
22:04 a explosé en raison, notamment, de la crise sanitaire.
22:08 Mais, effectivement, la crise sanitaire, elle seule,
22:11 n'explique pas tout. Il y a la crise sociale,
22:14 la crise environnementale, la crise démocratique.
22:17 Tout ça crée une sorte de désarroi dans la population
22:20 qui pousse nos concitoyens à se tourner vers des gens
22:23 qui proposent des solutions alternatives.
22:25 Mais je voudrais revenir à ce que vous aviez dit tout à l'heure.
22:28 Le nombre de saisines, le nombre de plaintes
22:31 ayant abouti à une condamnation,
22:33 il est très faible dans notre pays.
22:35 Pourquoi ? Parce qu'on manque de moyens.
22:37 Cette loi ne résout en rien la nécessité
22:39 d'avoir des moyens à la hauteur
22:41 de l'enjeu des dérives sectaires.
22:43 Et ce n'est pas avec une loi qui a fait de l'inflation pénale,
22:47 que ce soit sur les amendes ou sur les peines carcérales,
22:51 que l'on va dissuader, on va dire, toute cette galaxie
22:54 d'aller à l'encontre de leurs dérives.
22:56 -Marède Rion ? -Les gourous n'ont pas
22:58 le code pénal sous le bras quand ils commettent...
23:01 -Sur l'efficacité, au fond. C'est bien beau, les textes,
23:04 mais les condamnations, si elles ne sont pas là...
23:07 -C'est un peu personnel. Il faut taper plus fort financièrement.
23:11 -Il faut des officiers de police judiciaire ?
23:14 -Non, on constate simplement que, même avec la loi de 2001,
23:18 les quelques condamnations qu'il y a eues,
23:21 je pense à une personne, entre autres, le procès de Lisieux,
23:24 cinq ans, ça y est, elle est déjà repartie,
23:27 elle a recommencé, enfin voilà, c'est...
23:29 Bon, c'est comme ça, c'est notre code, c'est comme ça.
23:33 Mais c'est vrai qu'il y a une espèce d'impunité,
23:37 et du côté des familles et des personnes
23:40 qui sont touchées par le phénomène, il y a un très grand désarroi.
23:44 Il se dit que personne ne reconnaît que nous avons été trompées,
23:48 que nous avons été entraînées dans des choses
23:51 avec des promesses fausses,
23:54 et là, c'est probablement que, quand même,
23:57 cet article-là peut répondre à ce désarroi.
24:00 -La faute aussi aux réseaux sociaux.
24:02 La plateforme Doctolib normalement a retiré ses praticiens du bien-être,
24:06 mais en même temps, vous pouvez trouver des praticiens
24:09 de toutes sortes de médecines non conventionnelles.
24:12 Est-ce que là, l'Etat doit réguler davantage ?
24:16 -Alors, ça, c'est un vrai sujet.
24:18 J'ai rencontré au cours de mes auditions Doctolib,
24:21 je rappelle que c'est une société privée,
24:24 donc l'Etat n'a pas à faire d'ingérence.
24:27 Doctolib souhaiterait que l'Etat donne une liste définitive
24:31 des personnes à exclure,
24:33 mais vous comprenez bien que ça n'est pas possible.
24:36 Ils sont multiformes, protéiformes.
24:38 -Pourquoi on n'exige pas des formations ?
24:41 Tout à l'heure, le naturopathe nous expliquait, Jérôme Poirot,
24:45 que les formations se faisaient, mais en interne, à ces pratiques-là.
24:49 Est-ce qu'il ne faut pas dispenser des diplômes certifiés par l'Etat ?
24:53 -C'est une solution, mais je ne pense pas
24:56 que ça limiterait l'imagination débordante
24:59 des personnes qui ont un véritable enjeu financier.
25:02 Ce n'est pas pour le bien-être de la population qu'ils agissent,
25:06 c'est parce qu'il y a un aspect financier énorme.
25:09 -Jérôme Poirot, qu'est-ce que ça vous inspire comme réaction ?
25:13 Il y a beaucoup de voix qui s'élèvent pour davantage de régulation,
25:17 d'encadrement, de dissuasion et pourquoi pas de formation
25:21 directement faite par les pouvoirs publics.
25:24 -Exactement, et l'OMNES supporte ces initiatives depuis longtemps
25:29 et réclame une meilleure réglementation.
25:32 Malheureusement, il a fallu prendre les devants.
25:35 C'est pour ça qu'avec d'autres acteurs
25:38 qui sont réunis au sein d'un collectif Naturopathie,
25:41 on porte une norme avec l'AFNOR, qui devrait être homologuée
25:45 avant l'été, pour mieux encadrer la pratique,
25:48 encore mieux sécuriser les usagers, et qui va permettre de définir
25:52 la pratique du métier de naturopathe, sa déontologie,
25:55 sa formation pour être naturopathe.
25:58 Ça sera un premier pas énorme en France,
26:01 et peut-être en Europe également.
26:04 On appelle de nos voeux une réglementation au niveau de l'État
26:07 pour qu'on puisse avoir des formations inscrites
26:10 au registre national des certifications professionnelles
26:13 de France Compétences, et puis une législation
26:16 qui encadre notre pratique.
26:19 -On va donner des mots à la publique, un peu plus d'encadrement.
26:22 Pour bien comprendre, vous pouvez vous dire naturopathe
26:26 en installant une plaque devant votre cabinet ?
26:29 -Effectivement, aujourd'hui, l'État n'a jamais réglementé
26:32 les pratiques de soins non conventionnelles,
26:35 et la naturopathie en particulier.
26:37 Vous pouvez avoir des personnes très mal formées,
26:40 ou des personnes qui viennent d'autres pays
26:43 où on peut se former en ligne avec 30 heures de formation,
26:47 et donc venir exercer en France et faire n'importe quoi.
26:50 Ce n'est pas spécifique à la naturopathie,
26:53 mais vous pouvez avoir ça dans toutes les pratiques
26:56 de soins non conventionnels.
26:58 Donc un meilleur encadrement, ce sera déjà un grand pas.
27:01 Néanmoins, on va dire que le risque zéro est impossible à atteindre.
27:05 On le voit aujourd'hui, on a des professionnels de santé
27:08 qui sont très bien réglementés et qui peuvent être à risque
27:11 de dérive sectaire ou avoir des propos qui relèvent du charlatanisme.
27:14 Ça existe aussi.
27:17 Vous citiez dans votre reportage Irène Frachon avec Le Médiator.
27:20 Le Médiator a eu des autorisations de mise sur le marché,
27:23 renouvelées pendant des années,
27:26 et on pourrait dire que c'est le meilleur niveau de validation,
27:29 et pourtant, on a vu les dégâts que ça pouvait avoir.
27:32 Donc oui pour une meilleure réglementation,
27:34 mais imaginez que ça réglera tous les problèmes de tous les charlatans.
27:38 Je pense que là, on se voit de la face également.
27:40 Jean-François Coulombe, au fond, c'est la question de l'efficacité.
27:43 L'époque, j'ai envie de dire, la société dérive beaucoup plus vite
27:47 que la limite du législateur ou des pouvoirs publics.
27:50 Est-ce qu'on n'est pas devant une forme de problème qu'on ne peut pas résoudre ?
27:55 Mais disons que cette loi, si elle avait eu dans son titre
27:59 la volonté de lutter contre le charlatanisme,
28:01 elle aurait été peut-être quelque part un peu mieux adaptée.
28:04 La réalité, c'est que nous voulions, dès le départ,
28:06 lutter contre les dérives sectaires.
28:08 Et les dérives sectaires, si on prend les dégâts principaux
28:11 qu'elles occasionnent sur la société française,
28:14 eh bien on va avoir affaire à des grandes sectes,
28:16 comme par exemple la Scientologie,
28:18 dont des représentants éminents ont été reçus amicalement
28:21 par plusieurs présidents jusqu'à Emmanuel Macron.
28:23 Et on se dit, c'est sur ce type-là de dérives qu'il faut lutter.
28:26 Et on a besoin d'un arsenal pour empêcher, par exemple,
28:29 que la Scientologie fabrique un bâtiment de 7 000 m2
28:33 au pied du Stade de France.
28:34 Donc, vous voyez, là, on a effectivement un contexte
28:38 qui aurait dû nous alerter et nous pousser à faire
28:41 de la prévention, de la formation, de l'éducation.
28:44 Et l'éducation nationale, aujourd'hui,
28:46 elle est quand même laissée pour compte, en quelque sorte,
28:48 comme outil de lutte contre les dérives sectaires.
28:50 - Et en même temps, pour terminer, il y a quand même parfois
28:53 la loi qui a le dernier mot sur la société
28:56 pour l'empêcher de dériser.
28:57 C'est le cas des thérapies de conversion Sonia Thir.
29:00 C'était absolument hallucinant de savoir
29:03 que ça existait encore aujourd'hui,
29:05 et le législateur y a mis un terme.
29:06 - C'est exactement ça. Là, on parle des soins parallèles,
29:09 mais moi, ça me fait penser aux thérapies de conversion
29:12 pour lesquelles je me suis plongée dedans pour mon ouvrage.
29:15 Mais ça existe encore. On l'a vu récemment.
29:18 Il y a eu pas mal d'affaires qui sont sorties,
29:20 notamment dans les milieux évangélistes.
29:22 - Thérapie de conversion, pour expliquer ?
29:24 - Thérapie de conversion, c'est quand, en fait,
29:25 des charlatans, parce que c'est le mot,
29:27 promettent à une personne qui est LGBT
29:29 de ne plus être LGBT, comme si c'était une maladie,
29:32 et en fait, vendent monde et merveille à des parents
29:34 qui sont convaincus du bienfait de leur initiative,
29:38 et en fait, ça ruine des vies.
29:39 C'est quelque chose qui est terrible pour ces personnes.
29:42 Et la demande des associations,
29:43 et je sais que certains députés travaillent là-dessus,
29:46 notamment de votre groupe, monsieur, à la France Insoumise,
29:48 et de votre groupe aussi,
29:50 réfléchissent à donner peut-être plus de moyens aux associations
29:53 pour se mettre aux côtés des victimes,
29:54 parce qu'on parle beaucoup des parents,
29:55 mais en fait, les victimes des thérapies de conversion,
29:57 elles se retrouvent un peu laissées pour compte
29:59 avec une emprise familiale très forte,
30:00 où elles se disent "je quitte un peu mon cercle familial,
30:02 je dois engager des processus juridiques",
30:04 et en fait, elles se retrouvent très seules,
30:06 et les associations demandent à être aux côtés des victimes
30:09 pour pouvoir porter plainte et les accompagner.
30:11 - Le mot de la fin, alors, Brigitte Lédeau.
30:12 - On a répondu en particulier aux thérapies de conversion
30:16 en incluant les thérapies de conversion dans cette loi,
30:19 c'est-à-dire que les associations habilitées
30:22 contre les dérives sectaires
30:23 peuvent maintenant également s'occuper
30:25 des thérapies de conversion,
30:26 et elles peuvent se porter partie civile,
30:28 ce que ne pouvaient pas faire les associations spécifiques
30:31 aux thérapies de conversion.
30:33 - Merci beaucoup. On va s'arrêter là.
30:35 Il y a quand même du consensus sur l'objectif,
30:38 l'efficacité, reste à discuter.
30:40 Merci d'être venue débattre sur LCP.
30:42 Vous restez avec moi, Sonia Thir,
30:43 dans une dizaine de minutes,
30:44 les partis prennent nos affranchis.
30:45 Ce soir, Yael Ghos va s'interroger sur l'arc républicain.
30:49 Est-ce la fin d'un tabou en politique ?
30:52 Est-ce que le RN est devenu la pierre angulaire
30:55 du débat idéologique ?
30:57 On parlera aussi de défense européenne
30:59 avec Richard Verri, qui nous dira
31:00 pourquoi Zelensky met tout le monde d'accord.
31:03 Et puis, on fera un petit tour du côté de la salle des fêtes,
31:06 à l'hôtel de la CES, ce soir,
31:07 pour connaître les prix du trombinoscope,
31:10 qui sont les révélations de l'année en politique.
31:13 Ce sera avec Marco Pommier tout à l'heure.
31:15 Mais d'abord, Sonia Thir, on va plonger dans votre livre
31:18 "Sortir du placard, LGBT en politique".
31:20 C'est une enquête passionnante sur les réseaux
31:23 qui pousse les hommes et les femmes politiques
31:25 à faire ou à ne pas faire leur coming-out.
31:29 C'est dans l'invitation d'Hélène Bonduelle.
31:31 Interview juste après.
31:32 Si on vous invite, Sonia Thir,
31:39 c'est parce que pour la première fois en France,
31:42 un Premier ministre peut prononcer ses mots.
31:45 Être français en 2024, c'est, dans un pays
31:48 qui il y a dix ans seulement se déchirait encore
31:50 sur le mariage pour tous, pouvoir être Premier ministre
31:52 en assumant ouvertement son homosexualité.
31:55 Si à l'étranger, de nombreuses GIT en ont fait leur titre…
31:59 En France, cette affirmation de son orientation sexuelle
32:09 s'est faite dans une relative indifférence.
32:12 Pourtant, le tabou de l'homosexualité en politique demeure.
32:16 Sonia Thir, journaliste puis conseillère politique,
32:20 c'est cette visibilité des personnalités LGBT en politique
32:24 que vous questionnez dans votre livre.
32:27 Une vingtaine a accepté de se livrer.
32:30 David Valance, député et ancien maire de Saint-Dié-les-Vosges,
32:34 raconte avoir fait son coming out en pleine campagne des municipales.
32:39 Je me disais que sans être militant, c'était ma manière,
32:42 à moi, dans ce territoire, de faire progresser les consciences.
32:46 Mais ça reste encore, pour certains collègues
32:50 dans cette maison ou ailleurs, de l'ordre d'une chose
32:54 qui doit être vécue dans la discrétion.
32:57 Parfois, c'est parce qu'on pense qu'électoralement,
33:00 ça fait perdre des voix, et ça en fait perdre.
33:03 Dix ans après le mariage pour tous, les choses ont évolué.
33:06 Des ministres, des députés de tous bords politiques
33:09 ont dû se positionner.
33:11 Certains même sont sortis du placard.
33:14 Je pense qu'on ne peut pas ne pas en faire un sujet politique.
33:17 Il ne faut pas lui donner une place centrale.
33:19 Mais quand vous appartenez à une minorité,
33:21 quelle qu'elle soit, vous ressentez forcément
33:24 les choses d'une manière différente.
33:26 Sont-ils prêts pour autant apporter des textes
33:29 en faveur des droits LGBT ?
33:31 Beaucoup vous répondent qu'ils ne veulent pas être les gays de service.
33:35 Pour les femmes politiques, le coming out officiel
33:38 est souvent plus compliqué.
33:40 C'est la double peine, celle d'être femme et lesbienne.
33:43 La députée Laurence Vinson-Broch explique avoir été réduite
33:47 dans son combat pour la PMA pour toutes.
33:49 Sarah El Hariri, première femme ouvertement lesbienne,
33:52 membre du gouvernement, n'a parlé que récemment
33:55 de son homosexualité, posant dans un journal
33:58 "Enceinte suite à une PMA".
34:01 D'ailleurs, très peu ont accepté de témoigner dans votre livre.
34:04 Elles vous disent que, souvent moins prises au sérieux
34:07 ou qualifiées de féministes radicales,
34:10 dès lors qu'elles formulent des propositions
34:12 en lien avec leur orientation sexuelle,
34:14 elles ont tendance à la cacher.
34:16 Vous dites pourtant qu'il est urgent de créer des modèles
34:19 pour les générations à venir,
34:21 qu'aucun candidat à la présidentielle de 2027
34:24 ne pourra faire fi de ce sujet.
34:26 Alors nous avons une question pour vous.
34:28 Est-ce que la France pourrait tenir un président,
34:31 voire une présidente, homosexuelle en 2027 ?
34:35 - Réponse, Sonia Thier ?
34:37 - Je pense que oui, mais comme on l'a vu dans ce sujet
34:40 très complet, à quel prix ?
34:42 Est-ce que ce serait une personne qui serait très militante ?
34:45 Est-ce qu'il l'afficherait pendant toute la campagne ?
34:48 Qu'il nous ferait rentrer dans son intimité ?
34:50 Je mets une nuance, je pense que oui,
34:52 mais je mets une nuance quand même.
34:54 - Ce serait plutôt, j'ai l'impression,
34:56 une personne qui n'en ferait pas une question.
34:58 - Totalement.
34:59 - C'est important, ce sondage que vous avez fait faire pour ce livre.
35:02 Sondage IFOP, 80 % des Français ne seraient pas choqués
35:05 qu'un président ou une présidente soit homosexuelle.
35:08 Ca veut dire que les Français sont comme les luxembourgeois,
35:12 prêts à accueillir un couple de même sexe à l'Elysée.
35:15 On va regarder les images de Xavier Bettel,
35:18 le Premier ministre luxembourgeois qui s'est marié
35:21 avec son compagnon.
35:23 Voilà les images, tout sourire du couple.
35:26 Et depuis, Xavier Bettel ne fait pas un déplacement officiel
35:30 sans son mari.
35:32 On va le voir en compagnie des premières dames du monde entier,
35:35 dont Brigitte Macron.
35:37 La voilà, la photo.
35:39 Eh bien, le seul homme, c'est pas le prince consort,
35:42 c'est le mari de Xavier Bettel.
35:44 Cette image, elle est possible en France ?
35:46 - Cette image, elle est possible en France.
35:48 Gauthier Destenet, le mari de Xavier Bettel,
35:50 est très, très ami avec Brigitte Macron.
35:52 Ils sont très, très proches.
35:54 Je vais vous dire à la précité, parce que c'est important.
35:56 Mais oui, je pense que cette image, elle est possible.
35:58 Après, il faut que le protocole français bouge un peu
36:01 sur le titre de première dame, qu'on puisse le transposer
36:04 pour un homme, par exemple, ça s'est pas fait encore.
36:06 - Premier monsieur. - Premier monsieur, peut-être.
36:08 Pourquoi pas ? Mais oui, je pense que cette image,
36:10 elle est possible, comme vous l'avancez, c'est 80 %.
36:12 C'est une évolution en 10 ans, 20 ans, vraiment...
36:15 - Sacrée évolution. - L'opinion s'est retrouvée.
36:17 - Le chiffre est vraiment très impressionnant.
36:19 Être français en 2024, c'est dans un pays
36:21 qui, il y a 10 ans seulement, se déchirait encore
36:24 sur le mariage pour tous, pouvoir être Premier ministre
36:27 en assumant ouvertement son homosexualité.
36:29 Qu'avez-vous pensé de ce coming out très particulier
36:33 et très habile politiquement de Gabriel Attal ?
36:36 - J'ai trouvé son discours de politique générale
36:38 très fort quand il termine là-dessus.
36:40 Honnêtement, moi, je me fais un peu taper sur les doigts
36:42 quand je dis ça par certaines autres personnes,
36:44 mais c'est très fort de l'avoir dit à l'Assemblée.
36:47 - Bien sûr, dans un hémicycle, un plein à craquer,
36:50 en direct, sur toutes les chaînes, mais c'est déjà s'inscrire,
36:53 la manière dont il le dit, dans un pays qui a changé.
36:56 Être Premier ministre ouvertement homosexuel,
36:58 c'est possible parce que c'est la France.
37:00 C'est ça qu'il dit. C'est pas "je suis homosexuel, point".
37:03 C'est "parce que c'est la France, je suis reconnue dans ma différence".
37:08 Ça, c'est quand même une manière différente
37:11 de présenter les coming out, non ?
37:13 - Gabriel Attal, il fait partie de cette génération
37:15 qui a commencé sa vie politique post-Mariage pour tous,
37:18 qui a pu bénéficier de la lutte de ses acolytes passés,
37:22 de ses luttes pour les droits et pour l'égalité.
37:24 Donc, en fait, quand il dit ça, quelque part,
37:27 il pose le sujet de "c'est grâce à eux que je peux être là".
37:31 Et sur ce qu'il dit, oui, certes,
37:33 c'est très fort de le faire en France, c'est très important.
37:36 Moi, j'aurais voulu qu'il apporte une nuance pour dire
37:38 qu'il reste encore des combats à mener.
37:40 On l'a vu sur les thérapies de conversion,
37:42 il y a encore des choses très fortes là-dessus.
37:44 - Comment vous expliquez aussi qu'aux Etats-Unis,
37:47 tous les titres sur Gabriel Attal,
37:49 c'était "le premier Premier ministre gay en France".
37:52 Il n'y a pas eu du tout ça en France.
37:55 Cette différence de traitement, là, elle dit quoi ?
37:58 - Ce qui est intéressant, c'est que les Français,
38:00 c'est qu'on est dans une France qui reste encore un peu gênée
38:03 sur ces histoires-là, sur l'intime.
38:05 L'intime n'est pas politique.
38:07 On s'est beaucoup posé la question, je pense, par exemple,
38:10 à ce qui s'est passé avec Julien Bayou, notamment,
38:12 où on disait "ça nous concerne pas, c'est sa vie personnelle".
38:15 - Mais pour vous, il faut en faire un sujet ?
38:17 Pour vous, quand on est politique et qu'on est homosexuel,
38:20 on se doit de le dire pour être un modèle ?
38:23 J'entends ça parce qu'on pourrait dire l'inverse.
38:25 Après tout, ça n'est pas un sujet, et c'est tant mieux.
38:28 - Moi, je pense que quand on est politique, on est élu.
38:30 C'est les Français qui votent pour nous, on a un mandat,
38:32 et à partir du moment où on accepte ce mandat
38:34 et de représenter les Français, il faut faire le jeu de la transparence.
38:37 Et c'est ça, en fait, ce que dit le livre,
38:40 et c'est un peu vers là qu'on tourne.
38:43 C'est à partir du moment où on a un mandat,
38:45 on doit de la transparence aux Français,
38:46 on doit de la transparence financière,
38:47 on doit de la transparence aussi, je pense, entière.
38:49 - La transparence de la différence,
38:51 et pas l'universalité de la République.
38:53 C'est un choix.
38:54 En tout cas, ce qui est passionnant dans le livre,
38:56 c'est qu'on se rend compte qu'en fait,
38:59 la famille politique qui ne peut pas parler de ça
39:03 de façon, on va dire, ouverte, c'est-à-dire pas anonyme,
39:06 c'est la droite.
39:07 Alors, comment vous l'expliquez ?
39:09 - La droite, en fait, elle ne s'est jamais relevée de 2013.
39:11 Depuis 2017, avec François Fillon,
39:13 qui a voulu récupérer la manif pour tous,
39:15 pour en faire des gens en avant pendant sa campagne en 2017,
39:18 elle ne s'est jamais relevée.
39:20 - Pourtant, il y en a des homosexuels à droite.
39:22 - Ils n'ont pas voulu me parler officiellement,
39:24 mais il y en a, évidemment, comme dans tous les partis politiques.
39:26 Mais ils ne se sont jamais relevés de 2013-2017,
39:29 François Fillon,
39:30 et ils ont fait le choix complètement inverse de ne pas...
39:32 Voilà, ceux qui ont décidé qu'ils étaient à droite
39:34 et qui ont décidé que ce n'était plus OK
39:36 d'être affiliés à ces gens-là,
39:38 ils sont partis chez Emmanuel Macron,
39:40 Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Édouard Philippe,
39:42 ils sont partis plus vers le centre.
39:44 - Les repentis de droite, d'ailleurs, sur le mariage pour tous.
39:46 - Exactement.
39:47 - Est-ce qu'ils sont sincères ? Est-ce qu'ils ont changé ?
39:49 - C'est un peu délicat de dire ça.
39:51 Moi, je pense qu'en fait, ils ont agi
39:53 par pur calcul politique à cette époque.
39:55 Donc maintenant, moi, j'espère tous qu'ils sont sincères.
39:57 Et par exemple, je pense au ministre de l'Intérieur,
39:59 à Gérald Darmanin, qui fait preuve de sincérité
40:01 dans ce qu'il dit, dans ce qu'il incarne.
40:03 Mais voilà, on peut toujours leur reprocher
40:05 d'avoir voulu faire de la politique sur le dos des minorités,
40:07 et ça, c'est un truc qui ne passe pas.
40:09 - Ce qui est très intéressant aussi, c'est que c'est une chose
40:11 de dire son homosexualité quand on est élu
40:13 d'une très grande ville, bobo, urbaine.
40:15 C'en est une autre quand c'est une petite ville,
40:17 plus rurale, c'est le cas de David Valance.
40:21 Ça, c'est un coming-out courageux.
40:23 Est-ce qu'on peut dire que tous les coming-outs sont courageux,
40:25 ou il y en a plus certains que d'autres ?
40:27 - On ne peut pas faire vraiment une gradation
40:29 sur les coming-outs, mais c'est vrai que quand on est
40:31 un élu local, on est à portée de claque, comme on dit.
40:33 Donc voilà, quand on est l'élu local,
40:35 on va faire ses courses au supermarché,
40:37 tout le monde le sait, on est vraiment
40:39 à portée de claque. Donc c'est vrai que
40:41 en rencontrant les élus locaux, il y a un chapitre
40:43 qui est consacré, il y a David Valance qui est dedans,
40:45 - Saint-Dié-des-Vosges. - à Saint-Dié-des-Vosges.
40:47 Et en fait, oui, pour eux,
40:49 c'est autre chose, ça change
40:51 radicalement leur vie. C'est vrai que quand on est à
40:53 Matignon, dans des ministères comme Clément Beaune
40:55 ou Olivier Dussopt, voilà,
40:57 c'est peut-être un peu plus simple, c'est du nation.
40:59 - Beaucoup de ministres macronistes ont fait leurs coming-outs,
41:01 vous les citez, ils se confient
41:03 à visage découvert,
41:05 Olivier Dussopt, Clément Beaune.
41:07 Pour certains, le prix à payer est élevé.
41:09 Mounir Majoubi ne regrette rien,
41:11 secrétaire d'Etat au numérique,
41:13 il s'est marié alors qu'il est d'origine
41:15 maghrébine avec un juif,
41:17 et ça a fait
41:19 le tour des médias,
41:21 notamment dans son pays d'origine,
41:23 le Maroc.
41:25 Ça, c'était pas prévu,
41:27 il assume ? - C'était pas prévu,
41:29 c'est une très belle histoire, Mounir Majoubi,
41:31 c'est un conte parfait à la française.
41:33 Un homme d'origine maghrébine qui a grandi dans
41:35 une éducation musulmane,
41:37 marié avec un homme juif,
41:39 en France, ça existe en France et c'est super,
41:41 mais il a retrouvé, à partir du moment où il a fait
41:43 son coming out, il a retrouvé sa tête
41:45 à la une du JT de 20h au Maroc.
41:47 C'est comme si...
41:49 - Et ça a été très dur pour sa mère.
41:51 - Ça a été très dur pour sa mère, qui a été menacée
41:53 dans son village d'origine au Maroc, son père,
41:55 qui ne s'était pas occupé de lui, est ressorti du bois pour dire
41:57 "Coucou, ça va pas la tête, comment t'as pu laisser
41:59 "notre fils faire ça ?" Donc ça a été très violent
42:01 pour lui, mais il ne regrette aucunement
42:03 d'avoir porté cette parole. - Où sont
42:05 les lesbiennes en politique ? Pourquoi sont-elles
42:07 si peu visibles ? Qu'est-ce qui est
42:09 si cher payé que d'assumer
42:11 quand on est une femme politique homosexuelle ?
42:13 - Je vais citer Roselyne Bachelot,
42:15 qui est très pertinente sur ce sujet.
42:17 Le fond de sauce, c'est le sexisme en politique.
42:19 On reste encore dans une construction
42:21 patriarcale des relations,
42:23 et c'est vrai que quand on est une femme lesbienne
42:25 en politique, et qu'on est sur des postes de premier plan,
42:27 moi j'ai rencontré, qui n'ont pas
42:29 accédé dans le livre, mais des ministres,
42:31 des femmes de premier plan à des postes très élevés,
42:33 qui me disaient "J'ai tellement galéré
42:36 en arriver là,
42:38 que, en plus, ouvrir mon intimité,
42:40 dire que je suis lesbienne,
42:42 j'ai peur que ça me marque à vie,
42:44 et que ce soit compliqué, après, pour moi,
42:46 de gravir les échelons, d'avoir une parole
42:48 sur des sujets peut-être plus régaliens".
42:50 C'est pour ça qu'elles sont aussi peu présentes dans mon livre.
42:52 - Vous parlez d'ailleurs d'une
42:54 lesbiennophobie, il y a une vraie inégalité
42:56 entre les hommes et les femmes politiques
42:58 au sein de la communauté LGBT.
43:00 Je voudrais qu'on parle du Rassemblement national.
43:02 Vous avez interrogé des élus.
43:04 Est-ce qu'on peut dire clairement
43:06 aujourd'hui qu'il y a un avant et un après
43:08 Marine Le Pen sur l'acceptation
43:10 de cette communauté,
43:12 sur sa visibilité dans ce parti-là ?
43:14 - Ça avait commencé
43:16 avec L'Orient Philippot, et c'est vrai que là,
43:18 maintenant, quand on voit Sébastien Chenuc
43:20 président de l'Assemblée nationale,
43:22 ou Thomas Ménager et Jean-Philippe Tanguy,
43:24 qui sont des porte-paroles très visibles.
43:26 - Qui fait d'ailleurs Thomas Ménager son commune dans votre livre.
43:28 - Tout à fait. On peut se dire qu'il y a eu
43:30 un changement entre Jean-Marie Le Pen et Marine Le Pen,
43:32 c'est assez évident, mais après, voilà,
43:34 moi, pareil, j'apporte de la nuance là-dessus.
43:36 - C'est un des gens qui est la tête de liste aux Européennes,
43:38 tient des propos qui sont
43:40 transphobes ou homophobes,
43:42 continue à entretenir une sorte de conservatisme
43:44 sur ces sujets et sur ces questions.
43:46 - Vous racontez d'ailleurs que vous vous êtes pointée
43:48 dans un colloque sur le wokisme,
43:50 sur la lutte contre la propagande LGBT,
43:52 le terme "propagande",
43:54 il vient de la Russie, il vient de la Hongrie,
43:56 où en fait on pointe du doigt ces communautés
43:58 en disant que ça porte un message
44:00 qui serait pas entendable, en fait,
44:02 pour les Français, par exemple, et il est là,
44:04 il est le maître de cérémonie,
44:06 c'est payé par des fonds européens, et il tient cette parole-là.
44:08 - Il est homophobe, à votre avis, Jordan Bardella ?
44:10 - Il n'est pas du tout à l'aise avec ces sujets,
44:12 et je pense que oui, en tout cas,
44:14 c'est quelqu'un de très conservateur.
44:16 - Donc il y a une forme de double discours au sein du RN ?
44:18 - Il y a l'affichage avec ce qu'on dit ici
44:20 à l'Assemblée nationale...
44:22 - Il y a le respect et la tolérance officielle et...
44:24 - Et après, quand on creuse,
44:26 voilà, j'en ai marre de la tête de liste aux Européennes.
44:28 - La gauche, c'est le parti,
44:30 la grande alliée de cette cause-là ?
44:32 - C'est la grande alliée de cette cause-là.
44:34 - C'est plus compliqué.
44:36 - Historiquement, avec le mariage pour tous,
44:38 même si la PMA a été mise de côté par le président Hollande,
44:40 le PAC, historiquement, c'est eux qui tiennent
44:42 la tête de front sur ces combats-là,
44:44 mais on peut le dire,
44:46 c'est un peu mou depuis quelques années,
44:48 on a l'impression que, voilà,
44:50 c'est très important de parler de pouvoir d'achat,
44:52 de chômage, et c'est évidemment des sujets
44:54 qui sont très importants pour les Français,
44:56 mais il ne faut pas faire de gradation entre les sujets,
44:58 c'est tout aussi important de parler des droits LGBT.
45:00 - La question, c'est ça, c'est quoi l'urgence
45:02 pour la communauté LGBT ?
45:04 Est-ce que c'est acquérir de nouveaux droits,
45:06 et on pense à la GPA,
45:08 ou est-ce que c'est tout simplement lutter contre l'homophobie
45:10 qui a encore la dent dure,
45:12 aujourd'hui, il n'y a pas assez de centres
45:14 pour accueillir les victimes ?
45:16 - C'est ça, l'urgence, c'est un vrai maillage territorial.
45:18 Quand on voit que le premier centre LGBT
45:20 qui a ouvert à Marseille,
45:22 comme la deuxième ville de France,
45:24 a ouvert il y a quelques mois, on se dit "mais c'est dingue".
45:26 Avant, en fait, quand on était jeunes et LGBT,
45:28 et qu'on était chassés de chez soi ou qu'on souffrait,
45:30 il fallait aller jusqu'à Nice.
45:32 On n'imagine pas un enfant de 16 ans
45:34 aller à Nice, raconter sa vie.
45:36 Donc voilà, il y a encore un travail de maillage territorial à faire.
45:38 Ensuite, hier, il y a un sondage qui est sorti
45:40 pour la Saint-Valentin qui disait que 74%
45:42 des couples LGBT ont toujours peur de se tenir la main
45:44 dans la rue. 74%.
45:46 Donc on a des chiffres de 80%
45:48 qui expliquent que les Français peuvent voter,
45:50 mais il y a toujours ce truc d'insécurité de ces personnes-là.
45:52 Moi, j'ai rencontré pas mal de gens qui me disent
45:54 "quand il m'arrive quelque chose, une agression,
45:56 j'ai peur d'aller porter plainte".
45:58 Je pense qu'il y a vraiment une ambiance sur laquelle travailler
46:00 et un confort pour permettre que ces gens s'aiment librement.
46:02 - Et ce livre, il contribue largement.
46:04 Merci beaucoup, Sonia Thier.
46:06 "Sortir du placard, LGBT en politique",
46:08 c'est à lire chez Fayard.
46:10 Il y a une grosse vingtaine de témoignages
46:12 à visage découvert.
46:14 Tous partis confondus, sauf un petit peu les Républicains.
46:16 Allez, c'est l'heure d'accueillir nos affranchis.
46:18 Leurs partis pris vont vous faire réagir.
46:20 On retrouve nos chroniqueurs tout de suite.
46:22 Yael Goss de France Inter
46:24 et Richard Verly du quotidien suisse Blic.
46:26 On va commencer tout de suite avec vous, Yael.
46:28 Côté pile, côté face, Emmanuel Macron.
46:30 Face à un président qui n'a plus d'arc républicain,
46:32 pile, celui qui commémore,
46:34 panthéonise et rassemble encore
46:36 par ses mots sur l'essentiel.
46:38 - Oui, je sais que c'est un petit peu dur à suivre.
46:40 Peut-être que vous êtes un peu lassé
46:42 des chroniques en deux parties.
46:44 Oui, mais...
46:46 Oui, mais ça se prête très bien.
46:48 Vous allez voir aux ambivalences actuelles,
46:50 à la dualité présidentielle.
46:52 Emmanuel Macron a cette qualité indéniable.
46:54 Il sait rendre hommage.
46:56 Et s'il enfile très vite le costume de président,
46:58 malgré son jeune âge,
47:00 même pas 40 ans en 2017,
47:02 c'est en puisant dans la mémoire
47:04 et la célébration de ses aînés.
47:06 "Dis-moi qui tu panthéonises
47:08 "et je te dirai qui tu es,
47:10 "quelle est ton identité politique."
47:12 Car sous la Ve République, c'est le président tout seul
47:14 qui décide qui il panthéonise.
47:16 Alors, regardons.
47:18 Emmanuel Macron a déjà fait entrer
47:20 dans ce temple républicain
47:22 Simone Veil, Maurice Gennevois et Joséphine Baker.
47:24 Simone Veil pour la mémoire des camps,
47:26 le combat pour l'Europe, pour les droits des femmes.
47:28 Maurice Gennevois pour ceux de 14,
47:30 ces poilus oubliés,
47:32 héros ordinaires de la Première Guerre mondiale.
47:34 Et puis Joséphine Baker parce que résistante
47:36 et militante, antiraciste.
47:38 Tout ça, ce sont les combats du XXe siècle.
47:40 Et la semaine prochaine, c'est la mémoire,
47:42 le sacrifice des étrangers qui ont résisté
47:44 au nazisme chez nous,
47:46 pour nous, qui sera honoré
47:48 avec l'entrée de Missak et Méliné Manouchian.
47:50 - Et puis prochainement,
47:52 entrera au Panthéon Robert Badinter.
47:54 - Oui, alors ça, c'est allé très vite.
47:56 Son nom s'inscrira aux côtés de ceux
47:58 qui ont tant fait pour le progrès humain,
48:00 a dit le président lors de l'hommage
48:02 qu'il lui a rendu hier Place Vendôme.
48:04 Et il faut y voir un fil.
48:06 - Une forme de continuité ?
48:08 - Oui, tout à fait. La constante d'une République
48:10 célébrée comme rempart à l'antisémitisme,
48:12 au racisme, à l'intolérance, quelle qu'elle soit.
48:14 La France accueillera en 2026
48:16 le Congrès mondial pour l'abolition universelle
48:18 de la peine de mort.
48:20 Et le président n'était pas dans le consensus mou
48:22 Place Vendôme.
48:24 S'adressant à l'immense portrait de Badinter,
48:26 il a dit "Vous nous quittez
48:28 au moment où vos vieux adversaires,
48:30 l'oubli et la haine,
48:32 semblent s'avancer à nouveau."
48:34 Et puis cette référence à l'état de droit
48:36 si souvent remis en cause au moment où vous partez.
48:38 - Alors de qui nous parle-t-il ?
48:40 Qui est cet adversaire qui revient ?
48:42 - De l'extrême droite, de la lupénisation des esprits
48:44 qui perpétuent dans la normalisation
48:46 des idées du RN. Et c'est là qu'intervient
48:48 mon "oui, mais".
48:50 Ces vibrants hommages se perdent
48:52 dans la petite politique du temps présent.
48:54 Jordane Bardella, invitée, appréciée
48:56 des réunions de Saint-Denis en septembre.
48:58 La victoire idéologique du RN
49:00 dont la préférence nationale
49:02 a infusé jusque dans la rédaction
49:04 finale de la loi Immigration.
49:06 Et puis maintenant, ce débat droit du sang
49:08 ou droit du sol. Les doutes dans la majorité
49:10 quand sur une loi sur les dérives sectaires,
49:12 c'était mardi, la secrétaire d'Etat
49:14 à la Citoyenneté, rend des avis de sagesse,
49:16 ne s'opposent pas aux amendements
49:18 du RN. 2024 commence
49:20 par un abandon, celui
49:22 de l'arc républicain. Il faut parler
49:24 avec tout le monde maintenant, au risque de tout confondre
49:26 et de ne plus avoir de flèche
49:28 en dehors des jours de cérémonie.
49:30 - Merci beaucoup Yael Ghos. Une réaction.
49:32 Emmanuel Macron sème la confusion
49:34 sur le Rassemblement national.
49:36 - Il sème la confusion sur le RN.
49:38 C'est ce qu'on disait juste avant sur Jordane Bardella.
49:40 Il y a une dédiabilisation du RN
49:42 qui est accompagnée à certains points
49:44 par le président de la République,
49:46 et notamment sur les sujets de lutte contre
49:48 les discriminations et notamment sur les personnes LGBT.
49:50 En fait, notamment sur les dérives sectaires,
49:52 sur ce qu'on votait, il y a eu des députés RN
49:54 et des députés LR qui se sont opposés
49:56 à ce que les associations s'accompagnent mieux
49:58 sur les thérapies de conversion. Il y a encore des choses
50:00 qui se passent aussi, notamment au Parlement
50:02 européen et qui ne sont pas assez rappelées
50:04 par ce gouvernement.
50:06 Et ça participe à cette
50:08 normalisation du RN sur ces questions-là
50:10 de lutte contre les discriminations,
50:12 où en fait, quelques années auparavant,
50:14 il n'était pas du tout moteur.
50:16 - Il est lésible ou à un moment donné,
50:18 le tableau va trop être brouillé ?
50:20 - Ça bouge beaucoup. L'arc républicain,
50:22 c'était le marqueur politique d'Elisabeth Borne.
50:24 Elle disait "je parle à tout le monde,
50:26 sauf LFI et au RN".
50:28 Et puis Gabriel Attal arrive et dit "moi, je prends
50:30 tout l'hémicycle". Et en même temps,
50:32 Gabriel Attal, qu'est-ce qu'il fait dans son discours de politique général ?
50:34 Il attaque très fort le RN,
50:36 partie de Poutine,
50:38 partie des amis de Poutine et partie du Frexit déguisé.
50:40 Il faut savoir, est-ce qu'on fait
50:42 des ponts à Paris et on se combat
50:44 à Bruxelles ?
50:46 - Attention à la cohérence en politique.
50:48 Richard, vous vouliez revenir
50:50 sur Volodymyr Zelensky,
50:52 qui sera à Paris demain.
50:54 C'est une tournée européenne décisive.
50:56 Évidemment, la livraison
50:58 d'armes est un enjeu
51:00 important, mais en même temps,
51:02 la question de la défense
51:04 européenne, via Zelensky,
51:06 peut-être nous permet
51:08 enfin de parler d'une seule voix.
51:10 - Oui, alors c'est le paradoxe absolu.
51:12 Volodymyr Zelensky n'a jamais eu autant de peine
51:14 à obtenir l'aide financière
51:16 et militaire promise par ses alliés
51:18 alors qu'il ne leur a jamais été aussi
51:20 utile. Je m'explique.
51:22 Pensez-vous que les opinions publiques européennes,
51:24 c'est-à-dire nous, accepteraient
51:26 sans ciller de dépenser aujourd'hui
51:28 toujours plus pour leur défense
51:30 si l'Ukraine ne se battait pas depuis deux ans
51:32 contre l'agresseur russe ?
51:34 Pensez-vous qu'en France, des noms comme ceux
51:36 des canons César, des missiles Scalp
51:38 ou du système de défense antiaérien Mamba
51:40 seraient connus du grand public
51:42 si Volodymyr Zelensky ne les réclamait
51:44 pas sans cesse pour résister
51:46 aux assauts de Poutine ? Depuis quelques jours,
51:48 tous les médias focalisent sur les provocations
51:50 de Donald Trump.
51:52 Le candidat à la Maison-Blanche,
51:54 a dimanche dernier, quasi encouragé la Russie
51:56 à s'en prendre à l'OTAN, laissant entendre
51:58 qu'il ne défendrait pas, s'il était réélu,
52:00 les pays alliés qui ne paient pas
52:02 assez pour leur défense.
52:04 Alors aussitôt, chacun a plongé dans ses commandes
52:06 d'armes et dans ses carnets, mais celui
52:08 à qui l'on doit ce réveil militaire européen,
52:10 ce n'est pas Trump, c'est Zelensky.
52:12 Et pourtant, le président ukrainien
52:14 pourrait repartir les mains vides,
52:16 en tout cas, c'est ce qu'il redoute
52:18 de Paris et Berlin au niveau des armes.
52:20 Côté Paris, il y aura cet accord de sécurité
52:22 qui a été présenté par l'Elysée
52:24 et qui sera signé demain sur le modèle
52:26 de ce qui avait été signé entre le Royaume-Uni et l'Ukraine
52:28 en janvier, mais ce qu'il faut bien comprendre,
52:30 c'est qu'en matière de défense, il y a deux parties
52:32 parallèles qui se jouent. La première,
52:34 c'est celle qui concerne l'Ukraine.
52:36 Et là, le problème, c'est le calendrier.
52:38 Il faut que l'armée de Kiev tienne bon jusqu'à l'été.
52:40 C'est à ce moment-là que la nouvelle
52:42 vague d'armement promise sera, a priori,
52:44 opérationnelle, y compris
52:46 peut-être les premiers avions F-16
52:48 et, qui sait, des Mirages 2000
52:50 français, même si Paris ne veut pas en parler.
52:52 Oui, Zelensky doit tenir,
52:54 le danger, c'est ce printemps, c'est les semaines
52:56 qui viennent. Et il y a l'autre partie,
52:58 celle que Poutine est en fait en train de perdre.
53:00 Le président russe qui sera réélu
53:02 le 17 mars, il pensait que
53:04 l'Europe se coucherait, qu'elle ne se réarmerait pas.
53:06 Erreur. Une stratégie
53:08 industrielle est maintenant en place,
53:10 les arsenaux se remplissent, les entreprises sont
53:12 priées de travailler ensemble, la peur de voir
53:14 les armées acheter américains est un accélérateur.
53:16 En bref, la défense européenne
53:18 devient une réalité, sous nos yeux,
53:20 au sein de l'OTAN, et
53:22 Volodymyr Zelensky, le président combattant,
53:24 est bien l'homme qui a permis cette révolution stratégique.
53:26 - Merci beaucoup, Richard.
53:28 Il faut parfois des guerres pour se
53:30 réarmer en Europe.
53:32 Allez, on va terminer,
53:34 on va même commenter si on a le temps,
53:36 avec le prix du Trombinoscope.
53:38 Bonsoir, Marco Pommier, je crois que vous êtes
53:40 dans la salle des fêtes ? Oui, c'est bien ça,
53:42 la salle des fêtes de l'hôtel de l'Assemblée.
53:44 Donc c'est le prix du Trombinoscope
53:46 qui se déroule en ce moment même. Vous avez les lauréats
53:48 qui sont les élus,
53:50 les personnalités politiques de l'année.
53:52 - Oui, Myriam,
53:54 vous savez, c'est un peu notre cérémonie
53:56 des Césars à nous, LCP.
53:58 Alors, à la tête de ce palmarès
54:00 2023, et bien pas une, mais deux
54:02 personnalités politiques.
54:04 Yael Brounpivé et Gérard Larcher,
54:06 la présidente de l'Assemblée nationale
54:08 et le président du Sénat, ont été désignés
54:10 personnalités politiques de l'année
54:12 pour leur initiative commune.
54:14 Cet automne, la marche contre
54:16 l'antisémitisme. Plus de 100 000
54:18 personnes avaient défilé à Paris.
54:20 Mobilisation historique.
54:22 Voilà Gérard Larcher qui vient de terminer
54:24 son discours. Moi je vous propose d'écouter un petit
54:26 son de Yael Brounpivé. Écoutez.
54:28 - Il n'y a rien de plus émouvant lorsque
54:30 vous êtes
54:32 une femme, mais une femme politique,
54:34 de constater
54:36 que vous avez une capacité à mobiliser.
54:38 Que vous avez
54:40 non seulement une voix,
54:42 que vous avez gagnée par le suffrage
54:44 et par votre action
54:46 politique, par votre audace.
54:48 Que vous avez une voix,
54:50 mais que cette voix, elle porte,
54:52 que cette voix, elle est entendue.
54:54 Et c'est une indicible émotion
54:56 de se rendre compte
54:58 de cela.
55:00 - Et puis roulement de tambour sur LCP,
55:02 le prix qu'on attend tous, celui du député
55:04 ou de la députée de l'année.
55:06 C'est qui, Marco ?
55:08 - Eh bien en 2023,
55:10 c'est Sacha Houllier, le député
55:12 de l'année, député de la majorité.
55:14 Il intègre pour la première fois
55:16 ce palmarès récompensé
55:18 pour sa prestation durant les débats
55:20 du projet de loi Immigration
55:22 pour son rôle, notamment, en tant que
55:24 président de la commission des lois.
55:26 On retiendra aussi, ce soir, Aurélien Pradié,
55:28 le jury, lui a décerné
55:30 la statuette de la personnalité
55:32 inspirante de l'année. L'année dernière,
55:34 le député Les Républicains avait semé,
55:36 souvenez-vous, la discorde à droite dans son propre
55:38 camp en refusant de voter la réforme
55:40 des retraites. Et puis parmi les lauréats,
55:42 il y en a un qui ne passe pas inaperçu
55:44 ce soir, c'est Gabriel Attal,
55:46 décidément, il rafle tout. Alors le Premier ministre
55:48 n'est pas là ce soir, mais le plus jeune
55:50 Premier ministre de la Ve République a été
55:52 sacré ministre de l'année
55:54 pour la deuxième année consécutive.
55:56 Le jury a donc récompensé son passage
55:58 éclair à l'éducation nationale.
56:00 - Oui, et Gabriel Attal, d'ailleurs,
56:02 qui pourrait se retrouver un peu
56:04 tout azimut face aux députés, c'est bien ça
56:06 lors d'un nouveau format de questions au gouvernement ?
56:08 - Oui, en fait, je vous explique tout, Myriam.
56:12 L'idée, ce serait que le mercredi,
56:14 pour la deuxième séance des questions au gouvernement
56:16 de la semaine, le Premier ministre soit
56:18 seul à répondre aux interpellations des députés.
56:20 C'est une idée de Yael Broun.
56:22 Pivet, la présidente de l'Assemblée
56:24 nationale, avait déjà proposé ce
56:26 format à Elisabeth Borne, mais l'ancienne
56:28 Premier ministre l'avait refusé. Lui, Gabriel Attal,
56:30 il est plutôt ouvert à cette idée.
56:32 Pour rappel, Myriam, depuis
56:34 mi-novembre, les questions au gouvernement
56:36 à l'Assemblée, c'est plus seulement le mardi, mais c'est
56:38 deux fois par semaine, le mardi et le mercredi.
56:40 C'est une expérimentation, elle se poursuivra
56:42 jusqu'à la fin du mois de juin, mais attention,
56:44 cette nouvelle formule du mercredi avec
56:46 le Premier ministre seul dans l'arène
56:48 n'a pas encore été actée. Yael Broun-Pivet
56:50 va réunir prochainement les présidents
56:52 des différents groupes pour les sonder sur cette question.
56:54 - Merci beaucoup, Marco Pommier.
56:56 Et merci à Ivana Navion,
56:58 en duplex de la salle des fêtes d'un tout petit mot.
57:00 Yael Ghos.
57:02 Un Premier ministre dans l'arène qui répondrait, vous adimitez,
57:04 à toutes les questions. - Oui, oui.
57:06 Je crois que c'est un peu le modèle anglais.
57:08 - Absolument.
57:10 - Où le Premier ministre est seul face à la meute
57:12 et répond. Il faut pas que ça empiète
57:14 sur le mardi, il faut quand même qu'il y ait des ministres
57:16 qui puissent avoir plus précisément leur réponse
57:18 parce que le Premier ministre n'est pas omniscient.
57:20 Si c'est pour cultiver l'idée
57:22 qu'il y a un "moi, je" qui sait tout faire...
57:24 - J'aime bien les réserves
57:26 de Yael Ghos. - C'est "oui, mais".
57:28 - Vous avez été là, je vois, déjà.
57:30 - J'ai 10 ans de plus que Gabriel Attal.
57:32 - On s'arrête là, merci beaucoup.
57:34 Merci à vous, Sonia Thir, "Sortir du placard",
57:36 "LGBT en politique",
57:38 c'est à lire chez Fayard dans toutes les bonnes
57:40 librairies depuis le 18 janvier.
57:42 C'est la fin de cette émission, merci à vous de l'avoir suivie.
57:44 Pour la voir, vous la revoir, il y a la chaîne YouTube
57:46 d'LCP. Très belle soirée documentaire,
57:48 Jean-Pierre Gratien. A demain.
57:50 (Générique)
57:52 ---

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