LCP Assemblée nationale est partenaire de la 32ème édition des Prix du Trombinoscope
Pour la 32ème année consécutive, le jury du Trombinoscope a salué l'action et le professionnalisme de personnalités politiques qui se sont particulièrement illustrées durant l'année écoulée dans le cadre de leur mandat ou de leur fonction. La cérémonie a eu lieu le jeudi 15 février 2024 dans les salons de l'Hôtel de Lassay à l'Assemblée nationale en présence des lauréats, des membres du jury et des partenaires du Trombinoscope.
Les lauréats 2023 des Prix du Trombinoscope sont :
- Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher comme personnalités politiques de l'année
- Gabriel Attal comme ministre de l'année
- Nicolas Mayer-Rossignol comme révélation politique de l'année
- Hervé Marseille comme sénateur de l'année
- Sacha Houlié comme député de l'année
- Marie-Hélène Thoraval comme élue locale de l'année
- Donald Tusk comme européen de l'année
- Aurélien Pradié comme personnalité inspirante de l'année
LCP mobilise son antenne à l'occasion des grands évènements. Journées parlementaires, grands débats, votes et explications de vote, auditions des commissions d'enquête, congrès, session extraordinaire, discours et grandes cérémonies...la vie politique avec l'analyse des meilleurs experts et politologues.
Pour la 32ème année consécutive, le jury du Trombinoscope a salué l'action et le professionnalisme de personnalités politiques qui se sont particulièrement illustrées durant l'année écoulée dans le cadre de leur mandat ou de leur fonction. La cérémonie a eu lieu le jeudi 15 février 2024 dans les salons de l'Hôtel de Lassay à l'Assemblée nationale en présence des lauréats, des membres du jury et des partenaires du Trombinoscope.
Les lauréats 2023 des Prix du Trombinoscope sont :
- Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher comme personnalités politiques de l'année
- Gabriel Attal comme ministre de l'année
- Nicolas Mayer-Rossignol comme révélation politique de l'année
- Hervé Marseille comme sénateur de l'année
- Sacha Houlié comme député de l'année
- Marie-Hélène Thoraval comme élue locale de l'année
- Donald Tusk comme européen de l'année
- Aurélien Pradié comme personnalité inspirante de l'année
LCP mobilise son antenne à l'occasion des grands évènements. Journées parlementaires, grands débats, votes et explications de vote, auditions des commissions d'enquête, congrès, session extraordinaire, discours et grandes cérémonies...la vie politique avec l'analyse des meilleurs experts et politologues.
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NewsTranscription
00:00:00 (Générique)
00:00:06 -Bonsoir à tous.
00:00:07 Ravi de vous accueillir ce soir
00:00:11 dans cette magnifique salle des fêtes
00:00:13 de l'Assemblée nationale.
00:00:15 Monsieur le président du Sénat,
00:00:19 monsieur l'ambassadeur,
00:00:22 mesdames les ministres,
00:00:26 mesdames et messieurs les parlementaires,
00:00:28 mesdames les députés et sénateurs,
00:00:30 madame la représentante du président
00:00:32 de la région Grand Est,
00:00:33 mesdames et messieurs les maires,
00:00:36 madame la présidente de l'Autorité
00:00:38 des marchés financiers,
00:00:39 monsieur le président du Trombinoscope,
00:00:41 monsieur le président du jury,
00:00:44 mesdames et messieurs les journalistes
00:00:46 et éditeurs de presse.
00:00:48 C'est toujours un plaisir pour moi
00:00:50 d'accueillir à l'Hôtel de la Cé,
00:00:52 la traditionnelle cérémonie
00:00:53 des prix du Trombinoscope,
00:00:57 devant des sénateurs très dissipés.
00:00:59 Vous allez me perturber.
00:01:01 Il est vrai que je suis un peu partiale,
00:01:05 car il y a deux ans, votre jury
00:01:08 m'avait fait l'honneur de me primer
00:01:10 comme députée de l'année.
00:01:12 Et ce prix m'a porté bonheur,
00:01:14 parce que l'année suivante,
00:01:16 j'ouvrais cette cérémonie
00:01:17 en tant que présidente de l'Assemblée nationale.
00:01:20 Au-delà de mon cas personnel,
00:01:22 je sais toute la valeur prospective
00:01:24 des prix du Trombinoscope,
00:01:26 qui sont en quelque sorte
00:01:27 le festival de Cannes de la vie publique.
00:01:29 Cette cérémonie est importante.
00:01:33 Elle est importante pour la presse politique
00:01:35 et parlementaire,
00:01:36 mais elle représente aussi,
00:01:37 sachez-le, un moment de bonheur
00:01:39 pour nous tous, les élus,
00:01:42 députés, sénateurs, ministres.
00:01:44 Pendant quelques heures,
00:01:45 tout en restant sous le regard de la presse,
00:01:47 nous entendons ces plus célèbres porte-voix
00:01:51 dire enfin du bien de nous
00:01:55 et récompenser les meilleures initiatives politiques
00:01:57 de l'année.
00:01:58 Je vous assure que cela fait du bien.
00:02:01 Bien sûr, je reste la dite
00:02:03 dans son magnifique discours à la jeunesse.
00:02:05 Le courage, c'est d'agir
00:02:07 et de se donner aux grandes causes
00:02:10 sans savoir quelle récompense réserve à notre effort
00:02:13 l'univers profond,
00:02:15 ni s'il lui réserve une récompense.
00:02:19 Mais si l'univers profond de la presse
00:02:20 récompense notre action,
00:02:22 c'est tout de même une satisfaction.
00:02:25 Cher Alexandre Faro, cher François-Xavier Délier,
00:02:28 par cette cérémonie du trombinoscope,
00:02:31 le trombinoscope fait oeuvre utile
00:02:32 pour notre démocratie,
00:02:34 pour notre République,
00:02:36 car c'est souvent l'ignorance
00:02:38 qui nourrit l'antiparlementarisme et l'abstention.
00:02:43 Mettre l'accent sur la vitalité de notre Parlement,
00:02:46 sur l'inventivité, voire l'audace
00:02:48 de nos responsables publics,
00:02:50 c'est une manière de dire
00:02:51 que nos institutions fonctionnent.
00:02:54 C'est saluer l'engagement de tous,
00:02:57 par-delà les étiquettes partisanes,
00:02:59 au service de nos concitoyens.
00:03:02 Il ne m'appartient pas de révéler dès maintenant
00:03:04 le nom des lauréats,
00:03:05 mais je peux simplement vous dire
00:03:07 que vont être décernés, grâce aux jurés,
00:03:09 que je remercie d'avoir donné de leur temps
00:03:11 pour cette cérémonie civique,
00:03:13 le prix de l'inspirant de l'année,
00:03:16 qui est une nouveauté,
00:03:17 et nous avons hâte de savoir
00:03:20 ce que cette nouveauté recouvre,
00:03:23 les prix de la révélation politique de l'année,
00:03:25 de l'élu local de l'année,
00:03:26 l'expression est au féminin,
00:03:28 nous nous en réjouissons,
00:03:30 de l'Européen de l'année,
00:03:31 des sénateurs, députés, ministres de l'année,
00:03:33 et enfin des personnalités politiques de l'année,
00:03:35 au pluriel.
00:03:37 Je vous remercie de votre présence,
00:03:39 je vous remercie de votre intérêt
00:03:41 pour la vie politique,
00:03:43 et c'est avec plaisir que je cède à présent
00:03:45 la parole à monsieur Alexandre Faro,
00:03:47 président du Trombinoscope.
00:03:49 (Applaudissements)
00:03:51 (...)
00:03:58 Je vous en prie.
00:03:59 -Madame la présidente de l'Assemblée nationale,
00:04:11 monsieur le président du Sénat,
00:04:13 monsieur l'ambassadeur,
00:04:15 mesdames et messieurs les ministres,
00:04:16 mesdames et messieurs les parlementaires,
00:04:19 mesdames et messieurs les présidents,
00:04:21 mesdames et messieurs les élus,
00:04:23 mesdames et messieurs,
00:04:25 chers partenaires,
00:04:26 chers juries, chers amis.
00:04:28 Nous sommes ici, réunis à l'hôtel de la Cé,
00:04:33 témoins de l'histoire et du patrimoine
00:04:34 de notre République
00:04:36 pour la 32e cérémonie des trophées du Trombinoscope.
00:04:40 Cet événement célèbre l'engagement
00:04:44 et l'action politique,
00:04:45 ces piliers indéfectibles de notre démocratie.
00:04:49 Je tiens à remercier très sincèrement
00:04:52 la présidente de l'Assemblée nationale,
00:04:54 madame Yael Braun-Pivet.
00:04:56 Une fois de plus,
00:04:57 vous nous permettez de tenir cette cérémonie
00:04:59 dans ce lieu si emblématique.
00:05:02 Je remercie également le président du Sénat,
00:05:06 monsieur Gérard Larcher,
00:05:07 pour la 1re fois, la cérémonie du Trombinoscope
00:05:09 accueille ici les 2 présidents du Parlement.
00:05:13 Un très beau symbole.
00:05:15 Car cet attachement à notre démocratie
00:05:16 et à celles et ceux qui la font vivre
00:05:18 est au coeur du Trombinoscope.
00:05:20 Au-delà des polémiques et des affrontements partisans,
00:05:27 savoir faire un pas de côté,
00:05:29 reconnaître à chacune et chacun,
00:05:31 quel que soit son parti, son engagement,
00:05:34 est essentiel.
00:05:36 Ce moment est très positif,
00:05:38 qui crée l'événement chaque année dans les médias.
00:05:40 Une contribution au combat contre le désintérêt
00:05:43 malheureux pour la vie démocratique
00:05:45 qui gagne tant de Français.
00:05:48 C'est un message important pour nos concitoyens
00:05:50 dans tous les territoires et pour notre jeunesse aussi.
00:05:54 Dans cet esprit,
00:05:56 j'ai le plaisir de vous annoncer ce soir 2 nouveautés.
00:06:00 Tout d'abord, la création du prix
00:06:02 de la personnalité politique inspirante de l'année.
00:06:06 Il est décerné en partenariat
00:06:08 avec les entretiens de Royaumont,
00:06:10 initiés par Jérôme Chartier,
00:06:12 qui réalise un travail formidable
00:06:14 pour rapprocher la politique du monde économique
00:06:17 et intellectuel.
00:06:20 Seconde nouveauté, le prix du trombinoscope
00:06:23 va désormais célébrer l'engagement et l'action politique
00:06:25 dans nos territoires.
00:06:28 L'idée est de porter son esprit positif
00:06:30 dans chacune de nos régions.
00:06:33 Mieux faire connaître et reconnaître
00:06:36 les talents politiques et les réussites
00:06:37 de toute la France.
00:06:39 C'est le symbole fort d'une conviction profonde.
00:06:44 Nul ne peut résumer la France à Paris.
00:06:50 Et nul ne pourra plus résumer le prix du trombinoscope
00:06:55 à un événement politique parisien.
00:06:58 Nos régions, nos territoires se sont affirmés
00:07:01 comme le cœur vibrant de notre nation,
00:07:03 chacun contribuant par sa singularité
00:07:05 à la richesse de notre grand pays.
00:07:08 Nous avons organisé une première cérémonie
00:07:10 très réussie du trombinoscope en Grand Est,
00:07:13 et je remercie à cette occasion
00:07:14 son président, Franck Leroy, et Valérie Debord,
00:07:17 première vice-présidente de la région ici présente.
00:07:20 Et je vous annonce ce soir que la prochaine cérémonie
00:07:22 se tiendra dans les Hauts-de-France,
00:07:24 en mars, puis chaque mois, à travers tous les territoires.
00:07:28 Alors, célébrons ce soir l'excellence et la persévérance,
00:07:33 que ce moment soit un rappel de notre responsabilité collective
00:07:37 envers l'avenir de notre démocratie.
00:07:40 Avant de laisser la parole au maître des cérémonies,
00:07:42 Christophe Barbier, je souhaite remercier
00:07:45 les membres du jury qui vont très bientôt
00:07:47 nous dévoiler les prix.
00:07:49 Je souhaite vous dire à quel point je suis heureux
00:07:51 de vous voir en nombre ce soir,
00:07:53 à cette belle fête de la politique
00:07:56 et à toutes celles qui suivront en région.
00:07:58 Je vous souhaite une très bonne soirée
00:08:00 et je vous remercie.
00:08:02 (Applaudissements)
00:08:04 (...)
00:08:12 -Mesdames et messieurs, chers amis,
00:08:14 l'esprit du jury du prix du Trombinoscope
00:08:17 n'est pas seulement de récompenser les exploits électoraux,
00:08:20 les coûts politiques ou les performances ministérielles.
00:08:23 Il est aussi, et d'abord, de célébrer la défense
00:08:26 des valeurs républicaines, qui sont les mêmes
00:08:28 de la plus petite commune jusqu'au plus haut de l'exécutif,
00:08:32 cet humanisme européen qui va de Romance-Urizère à Varsovie.
00:08:36 Accompagné par Monique Cantos-Perbert,
00:08:39 le jury, composé de Nathalie Moret, Sonia Mabrouk,
00:08:42 Ludovic Vigogne, Christophe Baldelli,
00:08:45 Yves Tréhard, Bertrand Delay et moi-même,
00:08:47 ce jury a délibéré avec passion,
00:08:49 mais pour des votes réfléchis.
00:08:51 Un prix du Trombinoscope, bien sûr,
00:08:54 n'est pas une promesse de réussite future
00:08:56 pour les lauréats, un vaccin contre l'échec.
00:08:59 Mais il n'est pas non plus un porte-poisse.
00:09:03 Pas forcément.
00:09:04 Le palmarès est en réalité la photographie impressionniste
00:09:08 d'une année politique aux couleurs de nos analyses,
00:09:11 de nos coups de coeur et surtout de notre profond respect
00:09:15 pour l'engagement de toutes celles et tous ceux
00:09:18 qui prennent le risque glorieux de la politique.
00:09:22 Je vais commencer tout de suite en annonçant le 1er prix,
00:09:25 ce fameux nouveau prix inédit de l'inspirant de l'année,
00:09:29 qui n'a rien à voir avec la nécessaire lutte
00:09:31 contre les maladies respiratoires,
00:09:33 mais beaucoup avec la tout aussi nécessaire lutte
00:09:35 pour le retour de l'imagination en politique.
00:09:38 Et je veux demander à Monique Cantos-Perbert,
00:09:41 que j'ai eu la chance d'avoir comme directrice à Normale Sup
00:09:44 pour nous aider notamment dans nos aventures théâtrales,
00:09:47 de nous annoncer le lauréat de ce prix,
00:09:49 mais aussi l'esprit de cette distinction.
00:09:53 (Applaudissements)
00:09:55 (...)
00:10:00 -Bien, mesdames, chers messieurs.
00:10:04 Il me revient donc de remettre pour la 1re année
00:10:07 ce prix de la personnalité politique aspirante,
00:10:10 enfin, pour l'année 2023.
00:10:13 Et bien, je dois d'abord désigner le lauréat,
00:10:18 qui est parmi nous, évidemment,
00:10:20 lors de notre réunion.
00:10:23 Et à vrai dire, c'est le jury qui,
00:10:25 après une longue délibération,
00:10:27 a choisi de retenir
00:10:32 comme personnalité politique aspirante de l'année
00:10:35 M. Aurélien Pradié.
00:10:37 (Applaudissements)
00:10:40 (...)
00:10:46 Et puisque j'aurai la joie de lui remettre ce prix
00:10:49 dans quelques instants,
00:10:51 je voudrais dire quelques mots
00:10:53 de sa personnalité, de son engagement politique.
00:10:56 Député de la 1re circonscription du Lot,
00:11:00 je vous avoue que j'ai d'autant plus de joie
00:11:03 à décerner ce prix, qui, comme je vous le rappelle,
00:11:06 il est décerné pour la 1re fois,
00:11:07 et d'une certaine manière, le 1er récipiendaire
00:11:09 sert à définir les critères
00:11:12 de ce que nous appelons personnalité aspirante.
00:11:14 En tout cas, ce qui a inspiré la délibération du jury,
00:11:16 entre autres choses.
00:11:18 Personnalité aspirante,
00:11:19 c'est aussi une personnalité
00:11:21 qui incarne un souffle nouveau pour la politique,
00:11:24 par sa jeunesse, mais pas seulement.
00:11:26 Et ça peut être l'une des significations
00:11:28 du terme "aspirant".
00:11:30 Membre du parti Les Républicains,
00:11:32 Aurélien Pradié fut conseiller général du Lot,
00:11:35 maire de la Bastille-du-Murat en 2014.
00:11:38 Il a travaillé auprès de Christian Jacob,
00:11:41 au secrétariat général des Républicains.
00:11:43 Il a été candidat à la présidence
00:11:46 des Républicains en 2022.
00:11:48 Sa carrière politique fut donc rapide,
00:11:51 vous le comprenez, avec trois constantes.
00:11:55 Dans chacune des positions qu'il a occupées,
00:11:57 il fut souvent considéré comme l'un des plus jeunes
00:11:59 à l'avoir conquise.
00:12:01 Et de plus, ses succès électoraux
00:12:04 ont été obtenus dans un contexte politique difficile,
00:12:07 avec une ville, une circonscription
00:12:10 qui était, en tout cas pour la région
00:12:13 dont il vient très attaché,
00:12:14 à la tradition socialiste ou radicale socialiste,
00:12:18 et donc difficile à gagner pour la droite.
00:12:21 Et enfin, dans chacune de ses victoires,
00:12:24 je peux dire qu'elle a été remportée sans réserve.
00:12:29 Élu maire avec 70 % des voix,
00:12:31 à la Bastille-Murat.
00:12:34 Député du Lot en 2017 avec 62 % des voix
00:12:37 et 65 % en 2022.
00:12:40 Je rappelle cela parce que la capacité
00:12:42 de se donner des défis ambitieux, risqués,
00:12:44 qui ne sont pas faciles à relever,
00:12:45 de s'y engager, de tout faire pour réussir,
00:12:48 c'est aussi le propre d'une personnalité aspirante.
00:12:51 Mais ce n'est pas l'essentiel.
00:12:53 La résolution, la constance dans l'engagement
00:12:56 compte beaucoup.
00:12:57 Et celui d'Aurélien Pradié fut précoce, obstiné,
00:13:00 ce qui peut être une source d'exemplarité aussi,
00:13:03 dans un moment où la défiance à l'égard
00:13:05 de la classe politique semble très forte.
00:13:08 Aurélien Pradié a milité très tôt,
00:13:10 encore adolescent, au nom d'un idéal
00:13:12 nourri d'admiration pour Jacques Chirac
00:13:14 et Georges Pompidou.
00:13:15 Puis il s'est construit à la faveur des combats menés.
00:13:18 J'ajouterai que la politique se construit également
00:13:22 dans la référence à la vie réelle,
00:13:24 aux vies concrètes de nos concitoyens
00:13:26 dans la société où nous sommes tous.
00:13:28 Et d'un récit à raconter.
00:13:30 C'est ce qui permet de toucher le public,
00:13:32 de le convaincre que les représentants du peuple
00:13:35 peuvent parler aussi de nos vies
00:13:37 et en parler en des termes où chacun puisse se reconnaître.
00:13:40 Il y a quelques mois, Aurélien Pradié a publié un livre
00:13:42 qui évoque les épreuves familiales,
00:13:44 les espoirs, les déceptions,
00:13:46 le sens de la responsabilité pour lui-même
00:13:49 et pour les autres qu'il a dû acquérir très tôt.
00:13:52 Et encore une fois, ce sont des éléments
00:13:54 d'une vie particulière, mais qui résonnent
00:13:56 dans la vie de chacun de nous.
00:14:00 Les causes, les propositions portées par Aurélien Pradié,
00:14:04 à vrai dire, je n'ose pas les qualifier de sociales
00:14:06 parce que le terme serait mal compris,
00:14:08 mais elles me paraissent animées par ce même souci
00:14:12 de prendre en compte les conditions de vie concrètes.
00:14:16 En témoigne sa détermination à alerter
00:14:19 sur les violences interfamiliales
00:14:20 et en particulier les violences dont les enfants sont victimes,
00:14:24 ce qui est parfois un sujet oublié dans ce domaine,
00:14:27 sur la condition des handicapés.
00:14:29 Mais plus simplement, plus généralement,
00:14:31 le souci des vies réelles,
00:14:34 la vie de ceux qui ont commencé à travailler très tôt,
00:14:36 souvent dans des conditions difficiles,
00:14:37 avec des emplois plus rémunérés,
00:14:40 et qui n'ont guère eu, au fond, la possibilité
00:14:41 de choisir leur vie à aucun moment.
00:14:44 Celle de ceux qui, Français ou étrangers,
00:14:47 installés légalement dans notre pays,
00:14:49 travaillent, respectent ces lois, ces valeurs,
00:14:51 contribuent au bien commun,
00:14:53 mais restent l'objet d'une suspicion
00:14:56 en raison de la couleur de leur peau.
00:14:59 Je mentionne ces points car ils expliquent
00:15:00 certaines prises de position récentes d'Aurélien Pradié,
00:15:04 dans les débats qui ont précédé le vote
00:15:08 de la réforme des retraites,
00:15:09 mais également dans les débats qui ont suivi
00:15:13 l'adoption de la loi Immigration.
00:15:15 Surtout, et ce sera mon dernier mot,
00:15:18 il y a dans une personnalité inspirante
00:15:21 une vision, un idéal.
00:15:23 J'ai parlé du souci des existences concrètes,
00:15:26 mais il faudrait aussi ajouter la volonté,
00:15:28 me semble-t-il, dans son parcours politique,
00:15:31 de redonner une réelle responsabilité
00:15:35 à la vie des Français,
00:15:36 à la vie de chacun dans notre société.
00:15:40 Le plaidoyer pour une réforme des retraites
00:15:42 qui augmente le nombre d'annuités,
00:15:43 au lieu d'imposer un âge légal,
00:15:46 ne paraît en être la conséquence,
00:15:47 permettant à chacun de prendre
00:15:49 un domaine de responsabilité
00:15:53 où il peut équilibrer année de vie,
00:15:56 année de travail, comme il l'entend.
00:15:57 La volonté aussi de voir déconjugaliser
00:16:00 l'allocation adulte handicapé,
00:16:01 qui a été vraiment un des combats
00:16:03 portés par Aurélien Pradié.
00:16:05 Alors, ce sont des engagements qui,
00:16:08 à côté, évidemment, on a un engagement très fort
00:16:10 pour la responsabilité financière
00:16:13 et la liberté économique,
00:16:15 peuvent contribuer à dessiner un chemin nouveau
00:16:19 pour la droite.
00:16:21 Une personnalité aspirante,
00:16:23 ce n'est pas la personnalité d'un gourou
00:16:26 qui fascine ou qui charme,
00:16:27 sans idée forte ni vision,
00:16:29 qui se flatte lui-même,
00:16:31 mais qui ne contribue en rien
00:16:33 à rendre notre mode meilleur.
00:16:35 Pour moi, la personnalité aspirante,
00:16:38 celle qui nous a guidés dans nos délibérations,
00:16:40 c'est celle qui trace un sillon
00:16:42 de manière désintéressée,
00:16:44 avec une forte conviction,
00:16:45 soucieuse du bien commun,
00:16:47 parce que c'est, au fond,
00:16:48 la base de l'engagement politique
00:16:50 et de l'autorité légitime de l'État,
00:16:52 mais aussi respectueuse de la diversité
00:16:55 des conditions d'existence
00:16:57 et de la dignité,
00:16:58 la dignité qui revient d'à chacune
00:17:01 et qui parvient surtout à communiquer cet idéal
00:17:04 et à en convaincre nos concitoyens.
00:17:07 Donc, au nom du jury, cher Aurélien Pradié,
00:17:10 si vous voulez nous rejoindre,
00:17:12 et avec un réel plaisir,
00:17:16 je vous remets ce diplôme
00:17:18 de la personnalité politique aspirante
00:17:20 pour l'année 2023.
00:17:22 Vous aurez une tradition.
00:17:23 -Merci beaucoup. -Beaucoup d'autres.
00:17:24 (Applaudissements)
00:17:27 (...)
00:17:34 -Madame la présidente de l'Assemblée,
00:17:36 monsieur le président du Sénat,
00:17:37 monsieur l'ambassadeur,
00:17:38 mesdames et messieurs les députés,
00:17:40 sénateurs, mesdames et messieurs
00:17:41 les personnalités,
00:17:43 monsieur le président du trône binoscope,
00:17:44 monsieur le président du jury,
00:17:46 cher Monique, quant au Sperber,
00:17:48 c'est un double plaisir pour moi,
00:17:50 d'abord, de recevoir ce prix
00:17:51 ici, dans cette maison,
00:17:53 mais aussi de le recevoir de vos mains,
00:17:55 dont je sais qu'elles ont guidé
00:17:57 beaucoup d'idées nouvelles dans notre pays
00:17:59 et qu'elles continuent à le faire.
00:18:01 Il y a quelques années, c'était en 2019,
00:18:04 Ludovic Wigogne me remettait
00:18:05 le prix de député de l'année.
00:18:08 Et le président du jury de l'époque,
00:18:10 toujours le même,
00:18:11 me glissait un conseil à l'issue
00:18:14 en me disant désormais,
00:18:15 si vous voulez à nouveau être primé,
00:18:17 il vous reste deux voix raisonnables,
00:18:19 celle de sénateur de l'année
00:18:21 ou celle de ministre de l'année.
00:18:23 Et je dois dire que depuis quelque temps,
00:18:24 je n'ai fait aucun effort
00:18:26 pour espérer devenir sénateur de l'année
00:18:28 ni même d'ailleurs ministre de l'année.
00:18:30 Je suis donc ravi que vous ayez pu
00:18:32 créer un prix nouveau
00:18:34 qui me laissait espérer une nouvelle chance,
00:18:36 celle de la personnalité inspirante.
00:18:39 À l'instant où on nous a annoncé,
00:18:41 à chacun, que nous serions lauréats,
00:18:43 j'ai posé une question qui, sûrement,
00:18:45 monsieur le président du Trône Minoscope,
00:18:47 a dû paraître à vos équipes
00:18:48 très pratico-pratique
00:18:49 et qui était pour moi importante.
00:18:51 Je me demandais si cette année,
00:18:52 les prix seraient remis à l'Assemblée nationale
00:18:54 ou, monsieur le président, cher Gérard, au Sénat.
00:18:57 Je croyais que la tradition
00:18:59 de la garde alternée des commissions
00:19:01 mixtes paritaires désormais célèbres,
00:19:03 un jour à l'Assemblée, un jour au Sénat,
00:19:05 me permettrait cette année de recevoir ce prix,
00:19:07 cher Gérard, au Sénat.
00:19:09 Et je le dis sans malice
00:19:10 parce que mes proches m'expliquent
00:19:12 depuis quelque temps
00:19:13 que j'ai une opération de reconquête,
00:19:15 monsieur le président du Sénat
00:19:16 et monsieur le président Marseille,
00:19:18 de reconquête des cœurs des sénateurs à faire.
00:19:21 J'aurais été extrêmement heureux
00:19:22 qu'elle puisse commencer ce soir au Sénat,
00:19:24 mais je te charge, cher Gérard,
00:19:26 de rassurer tes collègues.
00:19:28 Ce n'est que partie remise,
00:19:29 je m'y remettrai très vite.
00:19:31 Plus sérieusement, merci pour ce prix
00:19:34 dont je pense qu'au-delà de la reconnaissance
00:19:36 qu'il peut me donner,
00:19:37 est un très beau message adressé
00:19:39 à tous ceux qui aiment la politique
00:19:41 et qui aiment notre pays.
00:19:42 Sûrement, notre époque n'a-t-elle
00:19:44 qu'aussi rarement manqué d'inspiration.
00:19:49 Avant d'inspirer quoi que ce soit,
00:19:50 à qui que ce soit, encore faut-il
00:19:52 que chacun nous soyons nous-mêmes inspirés
00:19:54 par d'autres.
00:19:55 Je me suis demandé d'où pouvaient venir
00:19:57 certaines de mes inspirations,
00:19:58 de mes convictions, de mes déterminations,
00:20:00 parfois de mes acharnements.
00:20:03 Je sais d'où ils ne viennent pas.
00:20:05 Ils ne viennent pas des bancs des grandes écoles
00:20:07 ou des facultés que j'ai fréquentées
00:20:09 de manière extrêmement épisodique.
00:20:12 Elles ne viennent pas non plus d'un héritage familial
00:20:14 où on m'aurait transmis ce goût
00:20:16 de l'engagement politique
00:20:18 et du service de la nation.
00:20:20 Elles ne viennent pas non plus
00:20:21 des cabinets ministériels
00:20:23 où j'aurais pu, d'une certaine manière,
00:20:24 peut-être apprendre à pratiquer la chose publique.
00:20:27 Je sais que cette inspiration,
00:20:28 elle vient du Lot, d'abord,
00:20:30 de cette terre dans laquelle je côtoie tous les jours,
00:20:33 comme le disait Jacques Chirac en 1995,
00:20:36 lorsqu'il devient président de la République,
00:20:39 où je côtoie des patriotes fiers, humbles et droits.
00:20:44 C'est eux qui, au quotidien, d'abord,
00:20:46 m'inspirent dans leur humilité et leur droiture.
00:20:50 On ne vient pas de nulle part.
00:20:52 La politique, comme la vie,
00:20:54 souffre, je le crois trop, d'un déracinement
00:20:57 qui nous condamne tous les uns et les autres.
00:21:01 Ce souvenir d'où l'on vient, ne jamais l'oublier,
00:21:03 le cultiver est sûrement une notion fondamentale.
00:21:07 L'inspiration, elle vient de ceux
00:21:08 que j'ai découverts plus tard,
00:21:09 comme pour beaucoup d'entre nous,
00:21:11 de ceux qui écrivaient de grandes aventures,
00:21:13 pas souvent, pas seulement politiques,
00:21:16 de Joseph Kessel, de toutes celles et ceux
00:21:18 qui brûlaient leur vie au contact d'un idéal
00:21:21 qui les dépassait.
00:21:23 Ce fut Georges Pompidou, ce fut Jacques Chirac,
00:21:25 mais ce fut aussi sûrement,
00:21:27 comme pour chacune et chacun d'entre nous,
00:21:29 des personnalités plus intimes.
00:21:31 La première des inspirations,
00:21:33 elle vient en réalité de mon père.
00:21:36 Non pas de ses mots,
00:21:37 non pas de ses présences ou de ses conseils,
00:21:41 mais de ses absences et de ses silences.
00:21:44 Il y a parfois une force à connaître
00:21:46 l'absence des mots très tôt dans sa vie.
00:21:49 C'est la meilleure manière de les peser
00:21:51 et de les aimer plus tard.
00:21:54 Toute l'inspiration vient pour chacun
00:21:56 et chacune de ceux qui s'engagent en politique
00:21:58 un peu de tout cela.
00:21:59 Mais je terminerai en me demandant
00:22:02 et en nous demandant collectivement
00:22:04 ce que nous avons à inspirer désormais aux autres.
00:22:07 Éluard disait que ce qui comptait le plus
00:22:10 n'était pas l'inspiration que l'on avait soi-même,
00:22:13 mais l'inspiration que l'on donnait aux autres.
00:22:16 Il n'y a pas d'inspiration d'abord
00:22:18 qui ne vaille sans une aventure collective.
00:22:21 Peut-être qu'en 2019,
00:22:23 lorsque l'on m'a remis le prix de député de l'année,
00:22:25 je ne l'aurais pas dit comme cela.
00:22:26 Mais je sais désormais que les plus grandes aventures
00:22:29 sont celles qui se mènent ensemble, collectivement.
00:22:33 L'inspiration la plus fondamentale, à mes yeux,
00:22:36 pour l'avenir, c'est de retrouver dans notre pays
00:22:39 non pas le goût de cette rationalité
00:22:40 qui nous mange petit à petit,
00:22:43 mais ce goût aussi de ce qui n'est pas rationnel.
00:22:46 L'idéal, la nécessité et la volonté ardente
00:22:49 de changer le monde, oui, de changer le monde,
00:22:52 parce que c'est le cœur de l'engagement politique,
00:22:54 non pas le dépassement ou l'effacement
00:22:57 des clivages politiques,
00:22:58 mais le conflit politique noble, respectable,
00:23:02 entre des idées et d'autres.
00:23:04 Cette ardente volonté de faire que la politique
00:23:06 soit un risque permanent.
00:23:08 L'aventure.
00:23:09 Non pas le goût de la rente en politique,
00:23:11 non, le goût profond de l'aventure.
00:23:14 Il n'y a pas de belles avancées politiques
00:23:17 sans un grand goût de l'aventure.
00:23:18 Et enfin, deux choses pour moi essentielles.
00:23:22 La première, c'est le goût de la dignité.
00:23:25 Ce mot-là, nous l'avons un peu oublié.
00:23:27 Et pourtant, à tous les âges de la vie,
00:23:30 il revient au galop.
00:23:32 La dignité des enfants,
00:23:33 dans un pays qui, depuis quelques années,
00:23:35 voit sa mortalité infantile augmenter.
00:23:38 La dignité du travailleur,
00:23:39 pour qui le salaire, le mérite, l'effort, la reconnaissance
00:23:43 a de moins en moins de sens.
00:23:45 La dignité de celui qui vieillit
00:23:46 et qui se demande quelle place il va trouver
00:23:49 dans notre société.
00:23:50 Ce combat pour la dignité est sûrement la plus belle
00:23:52 des inspirations des temps à venir.
00:23:56 Merci de m'avoir remis ce prix.
00:23:59 Je vais tâcher de le garder précieusement,
00:24:01 non pas comme un élément de promotion,
00:24:03 mais comme une exigence.
00:24:05 Et puis, je veux simplement terminer
00:24:07 en m'appliquant à un conseil que je partage avec vous.
00:24:10 Un de mes amis me disait, il y a quelques heures,
00:24:12 en apprenant que j'avais le prix,
00:24:14 qu'il ne fallait pas, en matière d'inspiration,
00:24:16 confondre le souffle et le vent.
00:24:19 Je vais veiller à ne pas confondre le souffle et le vent
00:24:22 et à garder ce qui, pour chacune et chacun de nous,
00:24:25 au fond de nous-mêmes engagés en politique,
00:24:27 fait que nous sommes des femmes et des hommes
00:24:30 un peu différents des autres.
00:24:32 Parce que l'engagement politique
00:24:34 nécessite cette différence fondamentale.
00:24:36 Vive le retour de l'inspiration en politique.
00:24:39 (Applaudissements)
00:24:41 (...)
00:24:50 Chaque année, quand nous délibérons,
00:24:52 nous veillons sans obsession
00:24:53 à respecter certains équilibres.
00:24:56 La parité, tout d'abord,
00:24:58 et je le dis d'autant plus que ce millésime
00:24:59 n'est pas exemplaire, mais d'autres l'ont été
00:25:02 dans les années précédentes.
00:25:03 L'équilibre plus facile à trouver
00:25:06 entre les oppositions et la majorité,
00:25:08 très facile cette année, parce que nous avons trouvé
00:25:10 des opposants dans la majorité.
00:25:12 En revanche, il est un équilibre un peu compliqué
00:25:14 à trouver depuis quelques années,
00:25:15 c'est l'équilibre entre la droite et la gauche.
00:25:17 Peut-être parce que ça ne veut plus dire grand-chose,
00:25:20 la droite et la gauche.
00:25:21 Peut-être aussi parce qu'on a vu beaucoup de trajectoires
00:25:23 aller de la gauche vers la droite.
00:25:26 Néanmoins, la gauche est représentée.
00:25:29 Et pour remettre le prix de la révélation politique
00:25:32 de l'année, la révélation politique de l'année,
00:25:34 le prix sera remis par Ludovic Vigognes,
00:25:36 qui, après avoir fait le bonheur de l'express
00:25:38 et de l'opinion, veille maintenant sur les premiers pas
00:25:40 d'un journal qui s'appelle "La Tribune Dimanche".
00:25:43 (Applaudissements)
00:25:49 -A l'impossible, nul n'est tenu.
00:25:52 Cette année, le jury du Trombinoscope
00:25:54 a choisi de faire mentir cet adage.
00:25:57 Il a en effet décidé de montrer
00:25:58 qu'il y avait encore de l'avenir
00:26:00 au milieu des débris de l'ancien monde
00:26:02 et de décerner son prix de la révélation politique de l'année
00:26:04 à l'élu d'un parti de gouvernement
00:26:07 qui ne parvient plus à dépasser les 2 %
00:26:09 à une élection présidentielle.
00:26:11 Incroyable mais vrai, le jury du Trombinoscope,
00:26:14 décidément téméraire, a tenu à relever un second défi,
00:26:18 faire d'un perdant un gagnant.
00:26:20 Nicolas Maillard signale, puisque c'est vous
00:26:23 le re-lauréat de ce prix, vous avez en effet perdu.
00:26:26 Il y a un an, vous vous êtes porté candidat
00:26:29 à la direction du Parti socialiste face à Olivier Faure,
00:26:32 mais même si vous avez échoué,
00:26:33 vous l'avez presque emporté
00:26:35 en venant perturber le duel annoncé
00:26:37 entre un premier secrétaire sortant ultra-favori
00:26:40 et sa première opposante ces dernières années,
00:26:42 Hélène Geoffroy.
00:26:43 En proposant une troisième voie,
00:26:45 ni pro ni anti-NUPES,
00:26:46 soutenue par nombre de figures du parti,
00:26:49 Carole Delga, Anne Hidalgo, Valérie Rabault,
00:26:51 vous avez frôlé les 49 %
00:26:53 et vous êtes devenue incontournable
00:26:55 au sein de la formation de François Mitterrand.
00:26:58 Alors certes, le PS a été fidèle à sa réputation
00:27:00 lors de ce congrès.
00:27:02 C'est plus souvent un couteau qu'une rose,
00:27:03 que beaucoup ont eu entre les dents.
00:27:05 Les menaces, les mots durs ont volé haut.
00:27:07 Les maigres 513 voix qui ont séparé votre motion
00:27:11 de celle d'Olivier Faure ont été comptées et recontées.
00:27:14 Mais la paix a fini par être signée
00:27:17 un samedi matin à Marseille,
00:27:19 et vous êtes devenu le premier secrétaire délégué du PS.
00:27:22 Lors de cet épisode, vous aurez démontré
00:27:25 une solide force de caractère
00:27:27 et vous êtes désormais prêt pour vos premiers pas
00:27:29 sur la scène nationale.
00:27:31 Avant celle-ci, il y en a une autre de scène.
00:27:33 C'est celle qui coule derrière nous
00:27:35 et qui, si on la suit, nous conduit en Normandie.
00:27:39 En 2007, alors fonctionnaire européen à Bruxelles,
00:27:41 vous décidez de changer de vie.
00:27:43 Vous écrivez un mail à Laurent Fabius
00:27:44 pour lui proposer vos services.
00:27:46 24 heures plus tard, vous avez un nouveau message.
00:27:50 La politique vous a mis le grappin dessus.
00:27:53 Qui dit Laurent Fabius dit Seine-Maritime,
00:27:55 ils sont fièves.
00:27:56 C'est évidemment là que l'ancien Premier ministre
00:27:58 vous met le pied à l'étrier.
00:28:00 En 2013, à seulement 36 ans,
00:28:03 vous devenez président de la région Haute-Normandie
00:28:05 après la démission surprise du sortant Alain Le Verne.
00:28:09 A l'occasion des régionales de 2015,
00:28:10 dans une Normandie réunifiée,
00:28:12 vous échouerez cependant à conserver votre siège
00:28:15 face au candidat de la droite Hervé Morin.
00:28:17 En 2020, c'est le rebond.
00:28:19 Vous emportez la mairie de Rouen.
00:28:20 Si vous succédez à un autre socialiste,
00:28:22 Yvon Robert, il ne faut pas moins souligner
00:28:25 votre performance.
00:28:26 Vous êtes parvenu à vous imposer face à des écologistes
00:28:29 qui comptaient bien faire main basse sur la ville.
00:28:32 Désormais, vous faites partie de la génération
00:28:34 de jeunes maires socialistes
00:28:36 qui, de Montpellier à Marseille ou Nancy,
00:28:38 a essémé un peu partout sur le territoire.
00:28:41 C'est sur elle qu'à l'automne 2021,
00:28:44 Anne Hidalgo décide d'appuyer sa campagne présidentielle.
00:28:48 Pour déclarer sa candidature, elle choisit votre ville,
00:28:51 puis fait de vous son porte-parole.
00:28:53 Si on connaît la suite tragique,
00:28:55 vous êtes la preuve, deux ans plus tard,
00:28:57 que sur un tas de cendres peut encore éclore une rose.
00:29:01 Venez me rejoindre.
00:29:04 (Applaudissements)
00:29:06 (...)
00:29:23 (...)
00:29:27 -Merci beaucoup, M. Vigogne.
00:29:29 Mme la présidente, M. le président,
00:29:31 mesdames et messieurs, je vais vous épargner les formalités.
00:29:33 Mesdames et messieurs, les ministres,
00:29:36 mesdames et messieurs, les anciens ministres,
00:29:37 mesdames et messieurs, les futurs ministres,
00:29:40 M. le président du jury,
00:29:41 cher Christophe Barbier, M. Vigogne,
00:29:43 en vous écoutant, je trouvais qu'il y avait
00:29:46 plusieurs façons sensibles de dresser un compliment.
00:29:51 Et je dois vous avouer que,
00:29:53 quelques instants, en écoutant l'inspiration
00:29:57 et le prix décerné à Aurélien Pradié
00:29:59 pour la personnalité politique inspirante,
00:30:03 j'ai cru, à peine quelques secondes,
00:30:07 que pour des raisons de quota
00:30:08 ou de discrimination positive,
00:30:10 comme l'a rappelé Christophe,
00:30:12 eh bien, après l'inspiration
00:30:14 pour une personnalité politique inspirante,
00:30:16 il fallait peut-être décerner un prix
00:30:18 à une famille politique expirante.
00:30:20 (Rires)
00:30:21 On a le droit, on a le droit,
00:30:23 on a le droit de faire de l'autodérision un petit peu,
00:30:24 mais je constate que ce n'est pas le cas,
00:30:26 puisque, à la vérité, vous avez dit
00:30:27 le fondement de la chose.
00:30:29 M. Barbier l'a dit rapidement,
00:30:30 mais tout le monde l'a noté.
00:30:32 Cette cérémonie est un portrait impressionniste.
00:30:35 Il était donc évident que Rouen y figure en bonne place.
00:30:38 (Applaudissements)
00:30:42 Je vais être extrêmement bref,
00:30:44 d'abord en voulant simplement saluer mon équipe,
00:30:48 qui est là, fort peu nombreuse,
00:30:49 nous sommes provinciaux,
00:30:51 mais qui travaille excellemment,
00:30:53 et cela a été dit tout à l'heure,
00:30:54 la politique gagnerait à rappeler
00:30:57 ce qui est fait partout par des femmes et des hommes
00:30:59 de convictions différentes, évidemment,
00:31:01 mais qui, tous les jours, je peux vous dire,
00:31:03 s'envoient des pierres,
00:31:06 suent tous les jours leur chemise au franprix,
00:31:11 avec les ouvriers,
00:31:13 avec les salariés des boîtes qui ferment,
00:31:15 et qui doivent tous les jours expliquer
00:31:17 que non, la politique, ce n'est pas une honte,
00:31:21 non, nous ne sommes pas tous pourris,
00:31:23 et que changer la vie, c'est un idéal,
00:31:25 mais c'est aussi une crédibilité au quotidien.
00:31:27 Et si je puis me permettre,
00:31:28 je voudrais, là encore, très rapidement,
00:31:31 remercier tous les élus républicains,
00:31:35 encore de sensibilité différente,
00:31:37 qui font cette tâche-là,
00:31:40 ce n'est pas un métier,
00:31:41 mais qui font cette tâche-là au quotidien.
00:31:44 Je voulais aussi, tout simplement,
00:31:48 dire peut-être pourquoi, malgré la défaite,
00:31:52 mais en français, il y a la défaite et l'échec,
00:31:54 ce n'est pas la même chose.
00:31:55 Malgré la défaite, j'ai souhaité,
00:31:57 comme beaucoup d'autres, d'ailleurs,
00:31:59 avec notre mouvement Refondation,
00:32:00 nous engager, peut-être, effectivement,
00:32:03 sur des cendres,
00:32:05 mais pour faire relâcher, c'est vrai,
00:32:07 quelques épines et peut-être, un jour, une rose.
00:32:10 Tout simplement parce que nous avons la conviction
00:32:13 que, dans notre pays,
00:32:14 c'est un peu comme un match de tennis.
00:32:16 Si vous voulez que le match soit bon,
00:32:17 il faut deux bons joueurs.
00:32:18 On a besoin d'une droite républicaine
00:32:21 et on a besoin d'une gauche républicaine.
00:32:23 On a besoin d'une gauche qui n'a pas peur de dire
00:32:25 que si les réformes sont injustes en matière de retraite,
00:32:27 c'est une connerie de vouloir proposer
00:32:31 ou faire croire, plutôt, au peuple
00:32:34 que 60 ans, 40 annuités pour tout le monde,
00:32:36 c'est possible,
00:32:37 et que la première des convictions
00:32:40 et des devoirs que nous avons vis-à-vis du peuple,
00:32:42 c'est la sincérité, c'est de dire la vérité.
00:32:45 C'est aussi l'honneur de la gauche républicaine
00:32:48 de savoir condamner sans réserve les violences,
00:32:51 quelles qu'elles soient, sans les justifier,
00:32:54 mais en essayant de les expliquer et d'en trouver les causes.
00:32:57 C'est aussi expliquer que l'écologie
00:32:59 ne veut pas dire la décroissance,
00:33:00 mais plutôt l'alter-croissance,
00:33:01 si vous me permettez ce mot un peu techno,
00:33:03 c'est-à-dire une autre façon de penser la production,
00:33:05 ce qui veut dire qu'il n'y aura pas d'écologie sans économie.
00:33:09 C'est aussi une façon de dire
00:33:11 que quand le coeur de nos engagements,
00:33:15 Aurélien parlait d'inspiration,
00:33:17 est convoqué un 7 octobre,
00:33:19 eh bien, on ne faillit pas,
00:33:21 on n'a pas peur des mots,
00:33:23 et on n'hésite pas à qualifier de terroriste ce qu'il est.
00:33:26 (Applaudissements)
00:33:28 Et c'est enfin...
00:33:29 (Applaudissements)
00:33:32 Et c'est enfin, et d'autres l'ont fait avant nous,
00:33:35 peut-être pas forcément de notre bord,
00:33:36 à nous de reprendre ce flambeau.
00:33:38 Je veux parler de l'Europe,
00:33:39 il y a quelques jours après le décès de Jacques Delors,
00:33:41 et c'est enfin la conviction, l'enthousiasme,
00:33:44 parfois peut-être un peu teinté de naïveté,
00:33:46 mais c'est utile,
00:33:48 de penser qu'à gauche aussi,
00:33:50 nous avons besoin d'une gauche pro-européenne,
00:33:53 altère européenne, là encore,
00:33:54 mais pro-européenne,
00:33:56 qui n'a pas oublié son histoire, son héritage,
00:33:58 et qui sait que l'Europe reste,
00:34:00 ce sont les mots de Mitterrand,
00:34:01 toujours notre avenir.
00:34:03 Alors, je viens de citer Mitterrand,
00:34:05 je dois citer Jacques Chirac,
00:34:07 qui disait, je le connais moins bien que d'autres,
00:34:10 mais qui disait,
00:34:11 "Il faut mépriser les hauts
00:34:14 "et repriser les bas", je crois.
00:34:17 Alors, aujourd'hui, je ne sais pas s'il faut du mépris
00:34:20 ou de la méprise dans la décision du jury,
00:34:22 mais je veux vous remercier sincèrement
00:34:24 pour cet encouragement à travers moi,
00:34:27 à une génération, vous avez raison de le dire,
00:34:30 de jeunes et moins jeunes,
00:34:31 le temps ne fait rien à l'affaire,
00:34:33 qui s'engagent pour que la gauche, demain,
00:34:37 renoue et réconcilie le peuple et les élus,
00:34:42 l'idéal et le réel. Je vous remercie.
00:34:43 (Applaudissements)
00:34:46 (...)
00:34:55 -Le mandat de président du jury du Trombinoscope
00:35:06 étant un décennat renouvelable 18 fois,
00:35:08 ça me donne un tout petit peu d'ancienneté.
00:35:10 Je me souviens qu'il y a une quinzaine
00:35:12 ou une vingtaine d'années,
00:35:13 quand on remettait le prix de l'élu local de l'année,
00:35:16 c'était toujours pour une raison heureuse,
00:35:19 une victoire électorale, une ville prise,
00:35:22 l'autre camp qui la détenait depuis des décennies,
00:35:25 ou bien une promotion vers des fonctions nationales.
00:35:28 Depuis quelques années, hélas,
00:35:30 nous remettons assez souvent le prix
00:35:32 à quelqu'un ou quelqu'une
00:35:34 qui a été au coeur d'un fait divers,
00:35:36 victime soi-même, menacée, symbole des tourments,
00:35:39 qui montre que notre démocratie, notre République,
00:35:42 sont attaquées au plus près de ceux qui se dévouent pour elle.
00:35:46 C'est encore le cas cette année.
00:35:48 Et pour le prix de l'élu local de l'année,
00:35:51 je vais demander à Albert Ripamonti,
00:35:53 qui représente Christophe Veldeli pour Public Sénat,
00:35:56 de rejoindre la tribune
00:35:57 pour vous annoncer le nom de la lauréate.
00:35:59 Merci.
00:36:01 (Applaudissements)
00:36:03 (...)
00:36:06 -Alors, cette année, la tradition a été,
00:36:08 encore une fois, respectée, cher Christophe,
00:36:11 puisque le prix de l'élu local de l'année
00:36:16 a été décerné à un maire.
00:36:19 En 90 % des cas, c'est un maire qui est récompensé.
00:36:22 Et le lauréat cette année est une lauréate.
00:36:25 Je ne vais pas ménager le suspense plus longtemps,
00:36:28 puisque ce prix a été décerné à Marie-Hélène Thauraval,
00:36:32 la mère...
00:36:33 (Applaudissements)
00:36:35 (...)
00:36:39 La mère de Romand-sur-Isère,
00:36:41 qui, comme son nom ne l'indique pas,
00:36:42 n'est pas dans l'Isère, mais dans la Drôme.
00:36:45 Alors, pourquoi, cette année, encore, un maire ou une mère ?
00:36:50 Vous savez, les maires jouent, dans notre pays,
00:36:52 un rôle majeur dans l'administration des territoires
00:36:55 et dans la vie démocratique.
00:36:57 Ils font vivre notre démocratie de façon quotidienne.
00:37:00 Ils sont des élus au contact direct de leurs concitoyens
00:37:04 avec une qualité rare et appréciée.
00:37:06 Ils ont les pieds dans le réel.
00:37:08 Cependant, le sentiment de ne pas être pris en compte,
00:37:12 entendu par l'exécutif, est souvent dominant,
00:37:15 et nombreux sont les maires qui finissent par jeter l'éponge.
00:37:18 C'est un phénomène inquiétant qui traduit un malaise,
00:37:22 des difficultés à exercer leur mandat,
00:37:25 une violence qui n'épargne plus les élus,
00:37:27 symptôme d'une société sous tension.
00:37:30 Ainsi, l'année dernière,
00:37:32 le nombre d'agressions visant des maires abondit de 15 %.
00:37:37 Alors, le système politico-médiatique
00:37:39 est ainsi fait que, trop souvent, pour se faire entendre,
00:37:42 il faut qu'un événement majeur se produise,
00:37:45 soit un événement national
00:37:46 qui concerne un grand nombre de communes,
00:37:49 comme, par exemple, les émeutes urbaines
00:37:51 de juin et juillet derniers,
00:37:53 soit alors un fait divers, hélas trop souvent tragique,
00:37:57 qui attire l'attention sur les maux de notre société.
00:38:01 Ainsi, le meurtre du jeune Thomas,
00:38:04 lycéen de 16 ans, dans la nuit du 18 novembre dernier,
00:38:08 au bal d'hiver de Crépole, petit village de la Drôme,
00:38:11 a constitué un choc dans tout le pays,
00:38:13 attirant un fort intérêt des médias nationaux.
00:38:17 Dans ce contexte éminemment douloureux,
00:38:20 si votre jury a choisi de retenir la maire de Romand-sur-Isère,
00:38:24 Mme Marie-Hélène Thauraval, je l'ai dit,
00:38:26 en lui décernant le prix de l'élu local de l'année,
00:38:29 ce n'est pas en raison de tentatives de récupération
00:38:31 de nombreux bords qui ont accompagné tristement
00:38:34 ce fait divers, mais c'est en raison du courage exceptionnel
00:38:38 des analyses et des prises de parole
00:38:40 de Mme la maire de Romand,
00:38:42 qui, près de trois mois après ces événements,
00:38:45 demeurent aussi forts et pertinents.
00:38:48 Marie-Hélène Thauraval a osé dire
00:38:50 ce que trop souvent on ne dit pas.
00:38:52 Cela lui a valu des menaces
00:38:54 jusqu'à des menaces de mort.
00:38:57 Loin d'en être effrayée, vous avez, madame,
00:39:00 des semaines plus tard, assumé à nouveau vos paroles.
00:39:03 Ces mots M-A-U-X,
00:39:07 que sont la délinquance, l'insécurité,
00:39:09 l'autorité de l'État dans des quartiers dissensibles,
00:39:12 méritent d'être rappelés.
00:39:14 Vous avez dénoncé une culture de l'excuse
00:39:17 entretenue depuis trop longtemps.
00:39:19 Il ne s'agissait pas pour vous d'une posture politique,
00:39:23 mais de l'expérience d'une élue qui a dit simplement
00:39:26 "Moi, j'administre le réel".
00:39:28 Votre phrase "la mort de Thomas n'était pas un fait divers,
00:39:32 "mais un fait de société" n'est pas passée inaperçue.
00:39:35 Combien d'autres, dans le prix, dans le maelström
00:39:38 des calculs politiques, des menaces bien réelles
00:39:41 auraient atténué le propos ?
00:39:42 Eh bien, bien au contraire, vous, le 20 janvier dernier,
00:39:45 sur RTL, vous avez encore dit
00:39:47 "Ne pas regretter vos propos sur la délinquance",
00:39:50 en vous félicitant d'avoir dit tout haut
00:39:52 ce que tout le monde pense tout bas
00:39:54 et d'avoir peut-être signifié
00:39:56 ce qu'est la réalité de nos territoires.
00:39:59 Alors, malgré ce constat difficile,
00:40:01 point de défaitisme chez vous, votre leitmotiv reste
00:40:05 "Dire, c'est trop tard, et c'est déjà baisser les bras."
00:40:09 Merci.
00:40:11 (Applaudissements)
00:40:13 (...)
00:40:18 -Madame la présidente de l'Assemblée nationale,
00:40:31 monsieur le président du Sénat, monsieur l'ambassadeur,
00:40:34 mesdames et messieurs les parlementaires,
00:40:36 mesdames et messieurs les élus,
00:40:37 monsieur le président du Trombinoscope,
00:40:39 monsieur le président du jury,
00:40:40 mesdames et messieurs, chers amis,
00:40:43 je voulais vous dire que je suis particulièrement fière,
00:40:45 mais tout aussi émue de devoir m'exprimer
00:40:48 devant vous ce soir,
00:40:49 à croire que c'est plus difficile
00:40:51 que lorsque je me trouve en tête à tête
00:40:53 avec l'un d'entre vous.
00:40:55 Pour autant, je voudrais vous dire
00:40:57 que je n'étais pas prédestinée à faire de la politique,
00:41:00 puisque ma carrière s'est opérée dans le privé
00:41:03 et tout particulièrement dans l'agroalimentaire
00:41:06 sur le développement de produits nouveaux.
00:41:08 Donc vous voyez qu'on est bien loin
00:41:10 de l'administration d'une ville.
00:41:11 Pour autant, la chose politique, l'engagement,
00:41:15 ont toujours été quelque chose d'extrêmement important
00:41:18 pour moi, parce que j'ai eu la chance
00:41:20 d'avoir des parents, j'ai eu la chance
00:41:21 d'avoir des grands-parents, j'ai eu la chance
00:41:22 d'avoir un oncle, une tante,
00:41:25 et une famille extrêmement fière
00:41:28 du pays dans lequel elle est,
00:41:29 et qui nous a inculqué des valeurs,
00:41:31 mais aussi le sens de l'engagement.
00:41:33 Ce sens de l'engagement, aujourd'hui,
00:41:36 et bien depuis 2014,
00:41:38 j'ai pu le mettre en oeuvre, et bien avant,
00:41:41 puisque moi aussi, j'ai eu des échecs.
00:41:43 J'ai échoué aux élections municipales de 2008.
00:41:46 J'ai été députée, madame la présidente,
00:41:49 en 2010, suite au décès du député
00:41:52 dont j'étais la suppléante.
00:41:53 Et finalement, je me suis vraiment investie,
00:41:57 investie avec un grand I, avec ce I majuscule,
00:42:00 qui fait qu'aujourd'hui,
00:42:03 ou il y a quelques mois, ou il y a quelques semaines,
00:42:05 lorsque je me suis trouvée dans une situation absolument...
00:42:09 Je ne peux pas vous dire ce que ça fait,
00:42:14 lorsque vous êtes réveillé dans la nuit,
00:42:16 qu'on vous explique qu'il y a un drame
00:42:18 dans un bal de campagne, comme vous le précisiez tout à l'heure,
00:42:21 et que vous apprenez que les auteurs,
00:42:24 tous les auteurs, sont issus de votre ville.
00:42:28 Une ville pour laquelle vous les êtes engagés,
00:42:31 jour, nuit, tous les jours de la semaine,
00:42:34 tous les mois de l'année,
00:42:36 et finalement, tout ce que vous avez engagé,
00:42:38 toute votre force, toute l'équipe que vous menez,
00:42:41 tous les combats que vous menez,
00:42:43 tous les projets que vous menez,
00:42:45 et bien, finalement, toute l'image que vous avez portée
00:42:48 de votre ville se trouve anéantie,
00:42:51 mais en l'espace d'une seule nuit.
00:42:55 Alors, à partir de ce moment-là,
00:42:57 c'est vrai que j'ai été prise au trip,
00:42:59 pardonnez-moi l'expression,
00:43:01 et lorsque je me suis retrouvée le lendemain
00:43:03 aux côtés de monsieur le préfet,
00:43:04 qui, lui, intervenait aussi
00:43:07 dans le cadre des responsabilités qui sont les siennes,
00:43:11 eh bien, j'ai pas pu me taire.
00:43:13 J'ai pas pu me taire parce que je me suis dit non, non.
00:43:16 J'ai pensé à cette paxime de Spinoza qui disait
00:43:19 "ne pas railler, ne pas pleurer,
00:43:22 "ne pas détester, mais comprendre".
00:43:26 Et je me suis dit que ce jour-là,
00:43:27 si on en restait à un discours
00:43:30 "politiquement correct",
00:43:31 eh bien, les gens n'allaient pas comprendre.
00:43:33 Et si les gens ne comprennent pas,
00:43:34 si les institutions ne comprennent pas,
00:43:36 si nos responsables politiques ne comprennent pas,
00:43:38 on ne trouvera pas de solution.
00:43:40 Donc, ma volonté, elle n'est pas d'aller
00:43:44 attaquer qui que ce soit.
00:43:46 Ma volonté, elle est vraiment
00:43:47 qu'on puisse se mettre tous autour de la table,
00:43:49 et même si la muraille est épaisse,
00:43:51 seule la volonté de la transpercer compte.
00:43:54 C'est vraiment dans ce sens-là
00:43:55 que j'ai mené mon engagement,
00:43:56 c'est dans ce sens-là que j'ai mené les propos
00:43:59 qui étaient les miens.
00:44:00 Oui, j'ai été menacée,
00:44:02 mais aujourd'hui, et je le répète,
00:44:04 je ne regrette absolument pas ce que j'ai dit.
00:44:07 S'il fallait le redire, je le redirai,
00:44:09 je continue de le dire,
00:44:11 mais je veux dire, je ne veux pas en rester
00:44:13 qu'aux paroles.
00:44:14 Je crois aussi que j'ai contribué
00:44:17 à faire de certains sujets
00:44:18 qui étaient des sujets tabous,
00:44:20 de faire en sorte que la classe politique
00:44:22 puisse s'en saisir.
00:44:24 À partir du moment où on est saisi,
00:44:26 je pense que maintenant,
00:44:27 l'élu local que je suis,
00:44:29 les élus locaux que nous sommes
00:44:31 sont tout à fait disposés et enclins
00:44:34 à travailler ensemble pour trouver des solutions.
00:44:38 Là où la prévention est possible,
00:44:40 OK, mais il y a des cas et il y a des situations,
00:44:43 et ce sont les nôtres,
00:44:45 où on a largement dépassé le stade de la prévention,
00:44:48 il faut passer au stade du traitement,
00:44:50 et ce n'est pas avec une somme de pansements
00:44:52 que nous y arriverons,
00:44:53 donc j'espère compter sur la force de conviction
00:44:56 et l'attachement qui est celui de nombreux élus
00:44:58 et de responsables politiques à notre pays
00:45:01 pour faire en sorte que l'on puisse travailler ensemble.
00:45:04 C'est ma seule volonté,
00:45:05 c'est la seule volonté que je porte,
00:45:07 et permettez-moi ce soir de vous dire,
00:45:09 monsieur le président du jury,
00:45:11 je suis honorée, je suis fière,
00:45:14 et j'ai une pensée pour Thomas,
00:45:16 j'ai une pensée pour ses parents,
00:45:17 et un grand merci.
00:45:18 (Applaudissements)
00:45:23 (...)
00:45:28 (...)
00:45:34 (...)
00:45:39 (...)
00:45:44 (...)
00:45:48 -En 1895, Alfred Jarry écrit à la 1re page
00:45:53 de sa pièce "Ubu Roi",
00:45:55 "L'action se passe en Pologne, c'est-à-dire nulle part,
00:45:59 "parce qu'à cette époque-là, la Pologne a été dépecée
00:46:02 "par ses gourmands voisins,
00:46:04 "et la nation devra attendre avant de se reconstituer."
00:46:07 En cette année d'élection européenne,
00:46:08 on voit à quel point la guerre à nos portes,
00:46:10 mais aussi les soubresauts politiques
00:46:11 à l'intérieur des nations
00:46:13 peuvent entraîner encore de telles dislocations
00:46:15 et le retour éventuel des combats.
00:46:18 Le prix européen de l'année 2023
00:46:21 va donc prendre une résonance particulière.
00:46:23 Il va être remis par Yves Tréhard,
00:46:25 qui représente le Figaro.
00:46:27 Il est remis à un chef de gouvernement de Londres
00:46:31 dont le nom est très facile à prononcer,
00:46:32 mais représenté par son ambassadeur de Londres
00:46:34 dont le nom est beaucoup plus difficile à prononcer,
00:46:36 mais Yves va faire ça très bien.
00:46:38 (Applaudissements)
00:46:43 (...)
00:46:45 -Je sais pas si je m'y risquerais,
00:46:47 madame la présidente, monsieur le président,
00:46:49 monsieur les parlementaires, monsieur l'ambassadeur,
00:46:51 je suis particulièrement heureux de vous remettre ce prix
00:46:54 parce que je suis un Européen convaincu,
00:46:58 probablement beaucoup plus, d'ailleurs,
00:47:00 que la plupart de la droite dans ce pays.
00:47:03 Et j'appartiens au journal de droite, comme vous le savez.
00:47:06 Alors, vous savez,
00:47:09 en cette période un peu incertaine,
00:47:12 un Donald peut toujours en cacher un autre,
00:47:14 et je suis assez content
00:47:16 que... de remettre ce prix,
00:47:18 non pas au visage haineux et libidineux
00:47:23 qui pourrait revenir bientôt,
00:47:24 à la fin de cette année, aux Etats-Unis,
00:47:26 mais à votre président,
00:47:29 qui est un social-démocrate bontain, on va dire,
00:47:34 et dont le nom signifie, en anglais,
00:47:38 comme vous le savez, "défense".
00:47:39 Donc, attention, défense de jouer avec la démocratie,
00:47:43 défense de jouer avec l'État de droit,
00:47:45 comme vos prédécesseurs,
00:47:46 comme le prédécesseur de M. Tusk
00:47:50 l'a fait à la tête de la Pologne.
00:47:52 Et c'est ça qui, d'ailleurs,
00:47:53 est assez intéressant à observer,
00:47:55 c'est que le prédécesseur de M. Tusk
00:47:58 était un dirigeant, on va dire, illibéral,
00:48:03 qui jouait un peu avec l'État de droit,
00:48:06 c'est le moins qu'on puisse dire,
00:48:07 et M. Tusk, justement,
00:48:11 est en train de détricoter tout ça.
00:48:13 Alors, il renvoie des fonctionnaires
00:48:17 qui sont stipendiés,
00:48:19 il renvoie des journalistes corrompus,
00:48:21 il renvoie des magistrats
00:48:24 qui sont très, très partisans,
00:48:26 et on lui fait le procès de faire la purge.
00:48:29 Et donc, j'ai regardé avec attention
00:48:31 ce qui se passe en Pologne,
00:48:32 et je me suis dit, zut,
00:48:34 il a chassé un illibéral,
00:48:38 et lui, il se comporte comme un autoritaire.
00:48:41 Donc, j'en viens à la conclusion suivante,
00:48:44 c'est que votre pays,
00:48:47 qui a connu le communisme,
00:48:50 est-ce que c'est plus facile
00:48:52 de se libérer du communisme en 1989
00:48:55 que de se libérer de l'illibéralisme
00:48:58 en 2024 ?
00:49:00 Bon, 2023, puisque c'était l'année dernière.
00:49:03 Eh bien, je pense que c'est plus facile
00:49:04 de se libérer du communisme.
00:49:06 Et vous savez pourquoi ?
00:49:08 Parce que le communisme,
00:49:09 quand en 1989, il a été chassé
00:49:13 manu militari,
00:49:15 et pas manu militari,
00:49:16 parce que c'était le peuple,
00:49:19 il était déclinant,
00:49:20 plus personne ne voulait cette idéologie.
00:49:23 Alors que l'illibéralisme, aujourd'hui,
00:49:25 c'est une idéologie,
00:49:27 si je puis me permettre,
00:49:28 qui est en train de progresser
00:49:30 partout dans le monde,
00:49:31 et beaucoup en Europe,
00:49:33 il faudrait peut-être s'en inquiéter
00:49:35 plus qu'on ne le fait.
00:49:38 Alors, votre Premier ministre,
00:49:42 M. Tusk,
00:49:44 est plein d'amour pour sa nation.
00:49:47 Il a dit, d'ailleurs,
00:49:48 "On ne fait pas de politique
00:49:49 "quand on n'a pas d'amour."
00:49:51 Et il a un défi majeur,
00:49:55 c'est de faire en sorte
00:49:58 que ce pays, et l'introduction,
00:50:00 on ne s'était pas concerté avec Christophe,
00:50:02 parce que votre pays,
00:50:03 il est très particulier.
00:50:05 Pourquoi il est très particulier ?
00:50:06 Parce que si on prend les 250 dernières années
00:50:09 de son histoire,
00:50:10 il n'a été libre que 50 ans.
00:50:13 Vous avez eu l'empérie russe,
00:50:15 vous avez eu les Autrichiens,
00:50:17 vous avez eu les Allemands,
00:50:19 vous avez eu l'Union soviétique.
00:50:21 Et donc, j'espère que votre Premier ministre
00:50:25 va réussir,
00:50:27 lui qui a été élu à l'automne dernier,
00:50:30 qui a fait son discours d'investiture
00:50:32 plein d'amour,
00:50:33 remarquable pour son pays,
00:50:35 le 15 décembre 2023.
00:50:38 Alors, il y a des élections présidentielles,
00:50:42 il y a une élection présidentielle
00:50:44 l'année prochaine, en 2025.
00:50:46 Il va être face au président sortant,
00:50:49 M. Douda,
00:50:50 qui est un président ultra-conservateur,
00:50:53 très partisan,
00:50:54 proche de l'équipe sortante,
00:50:58 le Premier ministre sortant.
00:51:02 Et est-ce qu'il va pouvoir
00:51:05 gouverner comme il le peut,
00:51:06 alors qu'on lui fait trois reproches
00:51:08 à votre Premier ministre ?
00:51:09 Il n'y a pas que des...
00:51:11 La première reproche, c'est qu'on lui reproche
00:51:15 d'avoir un grand-père qui a servi
00:51:16 dans la Wehrmacht.
00:51:18 Le deuxième reproche,
00:51:21 c'est d'appartenir ou d'être né
00:51:24 dans une région qui s'appelle la Poméranie,
00:51:25 qui est une région sur laquelle l'Allemagne
00:51:28 a voulu mettre le grappin
00:51:32 par le passé.
00:51:33 Et la troisième chose,
00:51:34 c'est qu'il est très, très proche,
00:51:36 il a été très proche,
00:51:37 quand il était président du Conseil européen,
00:51:39 de Mme Angela Merkel,
00:51:41 qui était toute puissante
00:51:43 à la tête de l'Europe.
00:51:44 Et on lui fait le reproche, peut-être,
00:51:46 d'être un peu trop proche des Allemands.
00:51:50 Et évidemment, beaucoup de Polonais
00:51:51 qui veulent garder jalousement
00:51:53 leur liberté n'ont pas du tout envie
00:51:55 d'être récupérés par les Allemands.
00:51:58 Alors, moi, je crois que ce sont des critiques
00:52:00 et des reproches qui sont infondés.
00:52:01 Pourquoi ? Parce qu'il a la foi,
00:52:04 parce qu'il a l'amour de son pays
00:52:06 et parce que des présidents, oui,
00:52:10 ou des Premiers ministres européens
00:52:12 ont fait voder à Mme Merkel,
00:52:14 y compris dans ce pays.
00:52:15 On en a connu beaucoup.
00:52:17 Ce qui était les petits toutous, d'ailleurs,
00:52:20 de Mme Merkel.
00:52:21 Ils ne pouvaient pas faire autrement,
00:52:22 elle était tellement puissante.
00:52:24 Donc, monsieur l'ambassadeur,
00:52:28 beaucoup d'espoir réside dans votre action,
00:52:32 dans l'action de votre Premier ministre
00:52:34 contre les vents mauvais qui soufflent
00:52:39 depuis Moscou, depuis Poutine,
00:52:41 contre les vents mauvais qui soufflent en Hongrie,
00:52:46 en Tchéquie, en Slovaquie,
00:52:49 et contre le populisme
00:52:53 qui est une vraie menace, aujourd'hui,
00:52:56 comme, jadis, l'ont été d'autres idéologies,
00:53:00 et notamment celle du communisme.
00:53:01 Merci à vous.
00:53:03 (Applaudissements)
00:53:05 (...)
00:53:10 (Propos inaudibles)
00:53:26 Merci.
00:53:27 (Propos inaudibles)
00:53:31 (...)
00:53:36 Madame la présidente de l'Assemblée nationale,
00:53:43 monsieur le président du Sénat,
00:53:46 mesdames et messieurs les parlementaires élus,
00:53:51 monsieur le président du Trambinoscope,
00:53:55 monsieur le président du jury,
00:53:58 mesdames et messieurs les membres du jury,
00:54:01 mesdames et messieurs les journalistes et éditeurs,
00:54:05 mesdames et messieurs en vos titres,
00:54:08 grades et qualités.
00:54:10 Le Premier ministre, monsieur Donald Tusk,
00:54:16 ne peut malheureusement être présent ce soir.
00:54:20 Il m'a cependant demandé de remercier,
00:54:25 en son nom, la rédaction du Trambinoscope,
00:54:28 ainsi que le jury,
00:54:30 pour l'attribution de ce prix prestigieux.
00:54:35 Il considère ce prix,
00:54:39 bien que décerné à titre personnel,
00:54:43 comme récompensant la Pologne entière
00:54:48 et ses citoyens.
00:54:50 Une certaine coïncidence fait
00:54:53 que ce prix est attribué au Premier ministre de la Pologne
00:54:58 à un moment privilégié,
00:55:00 cette semaine étant absolument exceptionnelle.
00:55:04 En effet, ce lundi, le Premier ministre Tusk
00:55:09 était en déplacement à Paris,
00:55:12 où il a pu s'entretenir avec le président Emmanuel Macron.
00:55:18 Ils ont échangé sur plusieurs sujets,
00:55:21 espérant relancer la coopération franco-polonaise,
00:55:26 aussi bien sur le plan bilatéral que européen.
00:55:30 Dans ce contexte européen, justement,
00:55:34 ce même jour, le ministre des Affaires étrangères
00:55:39 de la Pologne, de la France et de l'Allemagne
00:55:43 se sont réunis dans le cadre du triangle de Weimar
00:55:48 à la Selle-Saint-Cloud.
00:55:50 La déclaration des ministres annonce
00:55:53 deux efforts conjoints précis
00:55:57 axés sur un programme pour la paix et la sécurité,
00:56:03 la souveraineté et la solidarité entre nos citoyens.
00:56:08 Cette année est importante pour l'Union européenne.
00:56:13 Dans quelques mois,
00:56:16 se tiendront les élections au Parlement européen.
00:56:21 Elles détermineront
00:56:23 la nouvelle forme institutionnelle de l'Union.
00:56:27 Dans ces nouvelles circonstances,
00:56:29 la Pologne assumera début 2025
00:56:33 la présidence de l'Union
00:56:35 pour la deuxième fois de son histoire.
00:56:38 Ces prix qui mettent en avant l'Europe
00:56:43 et les actions préeuropéennes de premiers ministres
00:56:47 et de la Pologne confirment notre engagement
00:56:50 à poursuivre un travail sans relâche
00:56:54 pour la prospérité, l'unité
00:56:57 et la sécurité de notre continent.
00:57:00 À cet endroit, je souhaite aussi rappeler
00:57:04 que l'année de l'adhésion de la Pologne
00:57:07 à l'Union européenne,
00:57:09 il y a exactement 20 ans,
00:57:13 ces prix avaient été décernés
00:57:16 à un Polonais exceptionnel,
00:57:18 un homme d'Etat et un grand ami de la France,
00:57:22 M. le professeur Bronislaw Geremek.
00:57:25 Mesdames et messieurs,
00:57:28 pour les premiers ministres de la Pologne,
00:57:30 ces prix prouvent aussi que l'attention de l'Union,
00:57:34 mais également d'honorables membres du jury,
00:57:37 des journalistes et de la classe politique
00:57:41 s'est déplacée vers l'est,
00:57:43 car c'est là que l'avenir de toute l'Europe
00:57:48 se décide à présent.
00:57:51 C'est aussi là que la lutte pour la défense
00:57:54 de nos valeurs européennes se joue.
00:57:57 En effet, à quelques jours
00:58:01 du triste anniversaire du déclenchement
00:58:04 par la Russie d'une guerre à plein échelle
00:58:07 contre l'Ukraine,
00:58:08 nous ne pouvons y faire référence
00:58:12 que par une approche sécuritaire.
00:58:15 Les contextes géopolitiques différents de la France
00:58:20 et de la Pologne
00:58:21 pouvaient auparavant inciter
00:58:25 à évaluer de manière divergente
00:58:30 les sources d'une potentielle menace directe
00:58:35 contre nos pays,
00:58:37 et par conséquent, mener
00:58:40 à de différentes initiatives
00:58:43 en matière de politique de sécurité.
00:58:47 Mais cette approche est maintenant révolue.
00:58:52 C'est ce que soulignait ce lundi
00:58:54 le Premier ministre Donald Tusk
00:58:57 en citant la dévise des héros d'Alexandre Dumas,
00:59:02 "Un pour tous et tous pour un".
00:59:06 Elle doit désormais être l'axe
00:59:08 de nos futures coopérations,
00:59:10 car comme le soulignait
00:59:13 il y a presque un an,
00:59:15 à Bratislava, le président Macron,
00:59:18 il n'y a qu'une Europe.
00:59:21 Mesdames et messieurs, permettez-moi donc
00:59:24 de réformuler en nom du Premier ministre
00:59:27 sa reconnaissance pour ces prix.
00:59:30 Je vous remercie pour votre attention.
00:59:33 (Applaudissements)
00:59:35 (...)
00:59:44 -Merci beaucoup à M. Jan Emmerich-Rosizewski.
00:59:49 J'ai fait de mon mieux.
00:59:51 Depuis que l'Assemblée
00:59:54 est en majorité relative,
00:59:56 le Sénat a pris une importance particulière
00:59:58 et surtout une visibilité plus grande
01:00:00 dans la vie politique française.
01:00:03 Donc, pour le prix du sénateur de l'année,
01:00:05 les membres du jury ont pléthore de noms
01:00:08 qui rentrent dans la discussion.
01:00:09 Et c'est une bonne chose, sans doute,
01:00:11 pour la vitalité de notre démocratie.
01:00:14 Cette année, en plus,
01:00:15 le sénateur que nous avons récompensé
01:00:18 nous a fait la grâce de faire parler de lui
01:00:20 à la veille de la remise des prix,
01:00:21 avec une proposition de loi
01:00:23 pour limiter le nombre de jours de grève
01:00:25 autorisés dans les transports publics,
01:00:27 qui a lancé le débat
01:00:29 de manière flamboyante depuis hier.
01:00:32 Peut-être parce qu'il porte le nom d'une ville du Sud
01:00:35 qu'il va être très difficile de rejoindre en TGV
01:00:37 ce week-end.
01:00:39 Puisque le Sénat représente les territoires,
01:00:41 je demande à Nathalie Moray
01:00:43 de me rejoindre pour remettre ce prix.
01:00:44 Nathalie Moray du groupe Ebra,
01:00:46 qui représente à elle seule une dizaine de journaux.
01:00:49 (Applaudissements)
01:00:55 -Mesdames, messieurs, j'ai le plaisir
01:00:57 de remettre le prix du sénateur de l'année.
01:00:58 Et sans trahir les secrets,
01:01:01 effectivement, il y a pas mal de noms qui se sont détachés,
01:01:02 mais quand même, le choix a été facile
01:01:06 et a même fait l'unanimité.
01:01:08 Cher Hervé Merseille,
01:01:10 puisque c'est de vous dont il s'agit,
01:01:13 vous êtes récompensé par le jury du Trombinoscope cette année
01:01:16 car vous êtes à la tête du groupe l'Union centriste,
01:01:20 un groupe qui a été central et décisif
01:01:25 à plusieurs reprises au cours de l'année écoulée
01:01:27 et pas seulement au moment de la loi Immigration.
01:01:31 Alors, Christophe l'a rappelé,
01:01:33 mais c'est vrai que depuis, la majorité présidentielle
01:01:35 ne dispose que d'une majorité relative à l'Assemblée.
01:01:38 Le poids du Sénat, on le sait, s'est renforcé.
01:01:41 Celui de votre groupe aussi,
01:01:44 une petite minorité visible de 50 élus environ,
01:01:48 qui fait les majorités et qui les défait.
01:01:52 Votre groupe est assez, en fait, atypique au Sénat.
01:01:55 Il se situe dans la majorité sénatoriale de Gérard Larcher.
01:02:00 Mais en même temps, si je puis dire,
01:02:03 il compte en son sein des élus de Horizon
01:02:06 et du Modem qui sont en soutien au gouvernement
01:02:09 de Gabriel Attal, centriste donc et central.
01:02:15 Hervé Marseille, après une vie en politique
01:02:18 passée entre Meudon, Léot-Seine et le Sénat,
01:02:22 vous êtes devenu incontournable.
01:02:26 Les ministres vous brossent dans le sens du poil,
01:02:29 vous invitent à leur rentrée politique,
01:02:32 comme Gérald Darmanin à Tourcoing en août dernier.
01:02:36 Bref, à 69 ans, vous êtes devenu tendance.
01:02:41 Oui, tendance.
01:02:45 Vous, l'incarnation de l'ancien monde en politique,
01:02:49 celui où on pouvait cumuléguément tous les postes
01:02:53 sans aucun souci,
01:02:56 celui où les élus locaux sentaient avant tout le monde
01:03:00 les préoccupations des gens,
01:03:02 ceux qui votent ou ceux qui ne votent pas, d'ailleurs,
01:03:05 ceux, en tout cas, qui vivent dans la vraie vie,
01:03:09 ceux, en règle générale,
01:03:11 ceux qui sont mes lecteurs, qui lisent mes journaux.
01:03:15 Vous êtes donc tendance, Hervé Marseille,
01:03:19 la presse fait des portraits de vous,
01:03:22 et nous, les journalistes politiques,
01:03:24 on veut avoir votre avis et vos décryptages,
01:03:26 politiques surtout.
01:03:28 Donc, comme mes confrères,
01:03:31 je vous croise régulièrement,
01:03:33 salle des conférences au Sénat
01:03:35 ou autour d'une table d'un restaurant qui est,
01:03:39 avouons-le, rarement une saladerie.
01:03:42 Vous entendre parler politique est éclairant,
01:03:47 passionnant et aussi parfois désopilant.
01:03:51 Vous racontez la politique,
01:03:53 celle d'aujourd'hui et celle d'hier,
01:03:55 vous avez fait quelques coups pendables
01:03:57 que vous racontez parfois
01:03:59 sans trop qu'on ait à vous pousser.
01:04:02 Sachez, cher Hervé Marseille,
01:04:06 que cette récompense du sénateur de l'année
01:04:08 n'est pas une fin en soi,
01:04:10 elle est souvent un tremplin.
01:04:13 De nombreuses personnalités politiques récompensées,
01:04:16 y compris ce soir et à côté de vous,
01:04:17 ont reçu d'abord un premier prix comme révélation,
01:04:20 ministre ou député de l'année,
01:04:22 avant de recevoir, quelques temps après,
01:04:24 les prix de personnalité de l'année.
01:04:26 Donc, qui sait ?
01:04:30 Peut-être qu'un jour, vous succèderez à Gérard Larcher
01:04:33 comme personnalité politique de l'année,
01:04:36 et qui sait, mais c'est plus accessoire,
01:04:38 comme président du Sénat.
01:04:40 C'est tout le mal qu'on vous souhaite
01:04:42 et, cher Hervé Marseille,
01:04:44 je suis ravi de vous remettre le prix du sénateur de l'année.
01:04:47 (Applaudissements)
01:04:49 (...)
01:05:14 Madame la présidente de l'Assemblée nationale,
01:05:17 monsieur le président du Sénat,
01:05:19 madame la ministre, monsieur l'ambassadeur,
01:05:22 mesdames, messieurs les élus, chers amis.
01:05:24 J'avais déjà assez d'emmerdements comme ça.
01:05:28 (Rires)
01:05:30 Les déclarations que je viens d'entendre
01:05:32 ne sont pas faites pour arranger les choses.
01:05:35 Alors, vous n'avez pas eu trop de mal
01:05:38 à trouver le sénateur de l'année.
01:05:40 Vous avez dit que ça avait été facile,
01:05:41 et je vous comprends.
01:05:44 D'habitude, quand on entend dire du bien de soi,
01:05:47 en général, on n'est plus là.
01:05:49 C'est plutôt nécrologique.
01:05:51 (Rires)
01:05:53 Tout le monde peut se le permettre,
01:05:54 même si personne ne pense un très trop mot
01:05:56 de ce qu'il entend.
01:05:58 Sinon, on peut se faire remettre des décorations,
01:06:01 mais étant parlementaire
01:06:03 et ayant déjà le mérite agricole,
01:06:04 je pense que ça pourra attendre.
01:06:08 Alors, heureusement, il y a le prix du trombinoscope.
01:06:12 Et je remercie le jury qui a eu la bonne idée.
01:06:14 Enfin, de reconnaître des mérites qui attendaient.
01:06:18 Et donc, je comprends que vous ayez choisi
01:06:21 de me nominer cette année.
01:06:25 Et au-delà de la plaisanterie,
01:06:28 je voudrais dire que c'est effectivement,
01:06:31 comme l'a souligné Christophe Barbier tout à l'heure,
01:06:35 le Sénat, et je parle sous le contrôle de son président,
01:06:39 c'est le Sénat qui est en fait à l'honneur,
01:06:42 parce que la situation politique, effectivement,
01:06:46 a donné une responsabilité nouvelle au Sénat.
01:06:49 Et je crois qu'il y a une chose
01:06:51 qui est apparue comme étant décisive,
01:06:53 c'est le bicamérisme.
01:06:55 Effectivement, il y a encore quelques années,
01:06:58 voire quelques mois,
01:07:00 on pouvait lire ou entendre
01:07:03 que peut-être on pouvait supprimer le Sénat.
01:07:06 C'était superfétatoire, c'était peut-être inutile,
01:07:09 et que finalement, il valait mieux supprimer le Sénat.
01:07:13 On s'est aperçus rapidement, et surtout depuis juin 2022,
01:07:17 que le Sénat était indispensable
01:07:19 et que le bicamérisme était indispensable.
01:07:22 Et la responsabilité nouvelle qui a été portée par le Sénat
01:07:26 a été démontrée, on l'a vu, effectivement,
01:07:29 quand il a fallu faire la loi sur les retraites
01:07:32 ou, dans la même année,
01:07:36 produire la loi sur l'immigration,
01:07:38 parce que c'est essentiellement au Sénat
01:07:40 que ça s'est fait, pour toutes les raisons que vous savez.
01:07:44 Donc, il y a eu la démonstration, ces derniers mois,
01:07:47 que le Sénat était indispensable
01:07:50 et que les sénateurs étaient indispensables.
01:07:54 C'est la raison pour laquelle je vous remercie
01:07:57 et je suis très honoré de succéder à des gens prestigieux.
01:08:01 J'ai vu que Robert Badainter
01:08:03 avait été nominé bien avant moi,
01:08:06 et c'est un honneur.
01:08:09 Président Larcher a été nominé aussi, et bien d'autres.
01:08:13 Et je crois que les noms qui figurent au Sénat obligent,
01:08:18 parce que quand on se promène dans les travais du Sénat,
01:08:21 comme le font beaucoup de visiteurs,
01:08:23 on y voit des noms prestigieux,
01:08:24 Victor Hugo, Victor Schellcher,
01:08:27 et, finalement, on se dit que c'est un lieu
01:08:32 inspirant, comme cela a été dit tout à l'heure.
01:08:37 Alors, pour quelqu'un comme moi, cher Aurélien,
01:08:39 qui a fait sa carrière dans les Hauts-de-Seine,
01:08:43 et quand on est centriste,
01:08:44 faire sa carrière dans les Hauts-de-Seine,
01:08:47 tu as dit qu'il fallait être audacieux en politique.
01:08:52 Ça tient davantage de Koh-Lanta,
01:08:55 et il faut être adepte des thèses survivalistes.
01:08:58 Et donc, finalement,
01:09:02 quand on y arrive et qu'on arrive au Sénat,
01:09:05 on se dit que l'inspiration, elle vient aussi
01:09:10 de la promenade dans ces couloirs et dans ces lieux,
01:09:13 parce que quand on voit ces noms prestigieux
01:09:16 et qu'on relie ce qui a été dit,
01:09:19 ou qu'on entend, comme hier, comme nous étions ici nombreux,
01:09:22 à l'hommage rendu à Robert Badinter,
01:09:26 eh bien, finalement, on se sait porteur d'une responsabilité.
01:09:30 Et je crois que, compte tenu de la complexité politique
01:09:34 qui est celle de la situation parlementaire
01:09:37 et de nos institutions,
01:09:39 il est bon qu'il y ait un Sénat, un Sénat solide,
01:09:42 un Sénat qui puisse continuer à travailler main dans la main
01:09:47 avec les personnalités de l'Assemblée nationale,
01:09:50 qui partagent des convictions, des convictions républicaines,
01:09:54 parce que là encore, on a parlé d'illibéralisme.
01:09:57 Imaginez ce que seraient nos institutions
01:10:00 si nous devions, et pourquoi pas,
01:10:03 avoir un ou une présidente illibérale,
01:10:06 évidemment, qui, bénéficiant d'une majorité
01:10:09 à l'Assemblée nationale, serait enclin
01:10:13 à vouloir exercer un certain nombre de pouvoirs
01:10:17 qu'elle n'aurait peut-être pas les moyens de faire
01:10:18 tant qu'il y aura un Sénat républicain.
01:10:21 Et donc, je vous remercie d'avoir su mettre à l'honneur
01:10:24 un modeste sénateur, bien sûr,
01:10:26 mais surtout, à travers lui, le Sénat tout entier.
01:10:29 Merci.
01:10:30 (Applaudissements)
01:10:33 (...)
01:10:42 -Chaque fois qu'un président ne peut pas se représenter,
01:10:44 soit par les effets de l'âge,
01:10:45 soit désormais par le coup près de la loi,
01:10:47 il y a des forces centrifuges
01:10:49 qui se mettent en ordre dans son propre camp.
01:10:52 Ca a été, sous François Mitterrand,
01:10:54 le Congrès de Rennes et la division des socialistes.
01:10:56 Ca a été, sous Jacques Chirac,
01:10:58 la guerre entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin.
01:11:01 Et ce quinquennat n'échappera pas à ce scénario.
01:11:05 On voit que le continent de 2017
01:11:08 devient au fur et à mesure un archipel.
01:11:10 C'est aussi, tout simplement, l'effet de la démocratie.
01:11:13 On peut rester en marche
01:11:15 en n'allant plus tous dans la même direction.
01:11:17 C'est un peu ce qui se passe, peut-être,
01:11:19 dans la majorité actuelle.
01:11:20 En tout cas, le lauréat du prix du député de l'année 2023
01:11:24 va peut-être nous donner quelques éclairages sur ce sujet.
01:11:27 Pour remettre ce prix,
01:11:28 j'appelle pour représenter Europe 1 et CNews
01:11:32 Sonia Mabrouk, dont le temps de parole
01:11:34 ne sera décompté par personne.
01:11:36 (Applaudissements)
01:11:38 (...)
01:11:44 (Bip)
01:11:45 (Bip)
01:11:46 (Bip)
01:11:47 Bien, mesdames et messieurs,
01:11:49 chers amis, bonsoir à tous.
01:11:51 En l'espace de quelques années,
01:11:53 nous avons eu le plus jeune chef de l'État de notre histoire,
01:11:57 le plus jeune Premier ministre de tous les temps
01:11:59 et donc le plus jeune président
01:12:01 de la commission des lois de l'Assemblée jamais vue,
01:12:04 le député Sacha Ollier,
01:12:05 qui est donc l'heureux lauréat de ce prix.
01:12:07 Jeune, donc,
01:12:09 mais la jeunesse n'est pas qu'une période de la vie.
01:12:11 Elle est aussi et surtout, évidemment, un état d'esprit.
01:12:15 Et parfois, les plus jeunes d'entre nous
01:12:18 sont aussi les moins fougueux et, paradoxalement,
01:12:20 les plus sages, comme s'ils touchaient déjà du doigt
01:12:22 le crépuscule de leur âge.
01:12:25 Le sujet n'est donc pas tant de souligner ce soir
01:12:28 que Sacha Ollier est le plus jeune président
01:12:29 de la puissante commission des lois,
01:12:32 et jeune député,
01:12:33 que de s'interroger, me semble-t-il,
01:12:35 de la manière suivante,
01:12:36 est-il vraiment un esprit neuf
01:12:37 capable d'éloigner en politique les prudences calculées
01:12:41 et de susciter les orages désirés ?
01:12:44 La question mérite d'être posée, car en politique, souvent,
01:12:48 il n'y a pas plus vieux que les jeunes loups.
01:12:50 Ce n'est pas le cas de notre lauréat.
01:12:51 Mais notre lauréat a manifestement des crocs bien aiguisés
01:12:54 qui ont depuis longtemps remplacé ses dents de lait.
01:12:57 Ce même lait de la politique vibre au nez très tôt
01:12:59 auprès des jeunes avec Macron,
01:13:01 qu'il a cofondés avec d'autres anciens militants,
01:13:04 des jeunes socialistes.
01:13:05 Toujours jeunes, donc, mais plus tellement socialistes,
01:13:08 si l'on en croit les couleuves ravalées
01:13:10 après la loi Immigration,
01:13:12 sur laquelle le trublion houllier a manifesté,
01:13:15 il est vrai, un caractère bien trempé,
01:13:18 avant, finalement, de rentrer dans le rang
01:13:20 en priant à haute voix que tout soit retoqué par un sage
01:13:24 qui fut lui aussi un ancien plus jeune Premier ministre,
01:13:26 Laurent Fabius.
01:13:27 Bref, on n'est pas passé loin de la sortie de route politique.
01:13:31 Beaucoup avaient pourtant parié que le jeune ambitieux
01:13:34 qui a voté contre la loi,
01:13:35 crime de l'aise majestée, s'il en est,
01:13:38 pour le président de la Commission des lois,
01:13:40 allait quitter avec arme et conviction le camp présidentiel.
01:13:43 Il n'en fut rien.
01:13:45 L'empêcheur de tourner à droite du gouvernement
01:13:47 est resté confortablement dans la voiture présidentielle.
01:13:50 Et mieux, il en a été un habile copilote,
01:13:52 lui qui est pourtant fan du plaisir solitaire,
01:13:55 de la moto, bien sûr, "rouler jeunesse", comme on dit.
01:13:58 Mais ne vous fiez pas à son air juvénile,
01:14:01 et encore moins... Ca va durer encore un peu.
01:14:04 Et encore moins à son côté Harry Potter,
01:14:06 bien qu'en termes de tour de passe-passe politique,
01:14:08 il en connaisse déjà un rayon.
01:14:10 Sacha Houli a bien plus d'un tour dans son sac.
01:14:13 Il pense déjà à l'après,
01:14:15 et ne veut pas être une simple étoile politique filante
01:14:18 dans le ciel devenu désormais pâle de la Macronie.
01:14:21 Bien sûr, le jeune stratège est toujours en marche,
01:14:23 mais il préfère parfois marcher à l'ombre
01:14:25 pour ne pas se brûler les ailes trop près d'un chef
01:14:28 qui, de toute façon, ne refera pas un autre mandat,
01:14:30 du moins pas en 2027.
01:14:33 D'apparence timide et peu bavard,
01:14:34 le président de la Commission des lois
01:14:36 sait se faire respecter, attention, quand il le faut.
01:14:39 Il a vite compris qu'en politique,
01:14:41 il ne fallait pas dire oui tout de suite.
01:14:44 Et c'est même au faire le luxe, qui peut le dire ici ce soir,
01:14:47 de dire non à une entrée au gouvernement en juillet 2023,
01:14:50 quand le ministère des Outre-mer lui fut proposé.
01:14:52 Sans doute était-ce un exil trop lointain
01:14:54 pour ses brûlantes ambitions.
01:14:56 Notons aussi que Sacha Houlier sait prendre des risques.
01:14:59 Oui, je vous le dis ce soir, de grands risques.
01:15:01 Il faut le rappeler, et j'en suis devant vous le témoin
01:15:04 et même l'accomplice.
01:15:06 Il a accepté, je vous le dis en confidence,
01:15:09 il y a quelques semaines, d'être interviewé
01:15:11 sur CNews et Europe 1.
01:15:13 Par les temps qui courent, je vous l'assure,
01:15:14 ça peut valoir une excommunication
01:15:15 et un blâme du Conseil d'Etat.
01:15:18 Mais dans son cas, pas besoin de le ficher, non.
01:15:20 Pas besoin de le comptabiliser, son coeur penche à gauche.
01:15:23 Mais pour combien de temps ?
01:15:24 Car l'heure du choix est arrivée.
01:15:26 Comment en effet exister pleinement,
01:15:27 sans s'opposer frontalement ?
01:15:29 Frondeur, mais pas trop.
01:15:31 À gauche, mais pas gauchiste. Fidèle, mais pas assez.
01:15:33 Téméraire, mais pas fou.
01:15:34 Son numéro d'équilibriste, qui en agace plus d'un,
01:15:37 vient de lui faire manquer le portefeuille des sports.
01:15:39 Pourtant, il y a cru jusqu'au bout.
01:15:43 Il est vrai que rien n'est joué
01:15:44 jusqu'à la dernière seconde du match,
01:15:46 a toujours pensé le grand fan de l'Olympique de Marseille qu'il est.
01:15:49 Mais en termes de résilience, il a été battu
01:15:51 par une ancienne sportive, Amélie Oudea Castera,
01:15:54 qui a pourtant le don de marquer contre son camp,
01:15:57 mais qui n'a pas voulu lâcher le ballon.
01:15:59 Je note que vous avez tous souri.
01:16:02 Sans oublier aussi François Bayrou,
01:16:04 une star sur le retour...
01:16:06 Une star... Un compliment.
01:16:09 Sur le retour, dont l'entrée sur le terrain
01:16:10 n'aura duré que quelques secondes
01:16:12 avant de finir sur le banc de touche
01:16:13 pour avoir sermonné le môneur de jeu
01:16:15 et l'arbitre Emmanuel Macron.
01:16:17 Bref, à l'issue d'un match cacophonique,
01:16:19 Sacha Ollier n'aura pas touché une seule fois la balle,
01:16:21 ni un ministère.
01:16:23 Alors, en attendant le match au retour,
01:16:24 notre lauréat, qui est aussi un grand passionné
01:16:26 de romans sombres,
01:16:28 aimerait bien écrire la suite de son destin
01:16:30 à l'encre noire de ces nuits blanches
01:16:32 quand il rêve de gravir 4 à 4 les marches du pouvoir.
01:16:35 Son plus grand grève... Rêve ?
01:16:38 L'éducation nationale.
01:16:40 Lui, le fils d'une institutrice,
01:16:41 aimerait tant défendre l'école publique.
01:16:43 C'est aussi ça, la méritocratie.
01:16:46 Ministre de l'Éducation, ce serait un peu
01:16:47 sa Champions League à lui.
01:16:49 Mais ça fait longtemps que l'OM n'a pas soulevé
01:16:51 le fameux trophée en argent massif.
01:16:53 93, je crois. C'est bien ça.
01:16:56 Il va falloir en jouer d'autres matchs
01:16:57 avant d'espérer le Graal.
01:16:58 Mais quand on est jeune, on a du souffle, bien sûr.
01:17:01 Rien ne fait peur quand on avale les obstacles comme la vie.
01:17:04 Seulement, voilà.
01:17:05 Nous sommes dans un pays attaché à ses racines,
01:17:08 à sa longue histoire.
01:17:09 On aime bien aussi l'expérience du temps long
01:17:11 et la sagesse des tempes grises.
01:17:14 On refuse aussi de céder à l'injonction du jeunisme,
01:17:17 slogan éculé, qui a fait croire un temps
01:17:19 que le nouveau monde allait balayer d'un revers de main
01:17:21 l'ancien monde,
01:17:22 en accouchant de profils bien marquetés,
01:17:25 souvent aux mêmes costumes étriqués
01:17:26 et aux langages tchap-jépétisés.
01:17:29 Croyez-moi, tous les matins, parfois,
01:17:31 c'est difficile.
01:17:32 Il n'en fut rien.
01:17:33 La politique, comme la vie, se caractérise
01:17:35 par un grand mouvement de balancier.
01:17:36 Quand on est allé trop loin dans un sens,
01:17:38 on en revient toujours.
01:17:39 C'est vrai aussi pour la jeunesse
01:17:40 de nos responsables politiques.
01:17:42 On en revient aussi.
01:17:43 Alors, cher Sacha Ollier, cher lauréat,
01:17:45 d'abord, je vous souhaite vraiment le meilleur pour la suite.
01:17:48 Et puis, je souhaite aussi aux jeunes loups ambitieux
01:17:50 et très audacieux, il faut le reconnaître que vous êtes,
01:17:53 tout simplement de vieillir en restant,
01:17:55 et c'est le plus important,
01:17:56 fidèles et jeunes dans la tête et le cœur.
01:17:58 Je crois que c'est la plus belle récompense de la vie.
01:18:00 (Applaudissements)
01:18:02 (...)
01:18:11 -Madame la présidente, monsieur le président,
01:18:26 monsieur l'ambassadeur, mesdames, messieurs les élus,
01:18:28 mesdames, messieurs les journalistes,
01:18:29 mesdames, messieurs,
01:18:30 j'aurais certainement pas dû être devant vous ce soir,
01:18:33 d'abord parce que vous avez programmé cette soirée
01:18:35 pendant un match de barrage
01:18:36 de l'Olympique de Marseille en Coupe d'Europe,
01:18:39 mais surtout et plus sérieusement,
01:18:42 parce que rien n'est prédestiné,
01:18:43 et je crois que c'est presque la caractéristique
01:18:45 qu'a retenue le jury pour délivrer les prix
01:18:48 qui sont désignés ce soir.
01:18:50 Enfin encore, parce qu'il est évident
01:18:53 que compte tenu de la majorité relative,
01:18:55 le mérite revient aussi à tous mes collègues
01:18:56 qui en ont durement bavé durant toute cette année.
01:18:59 En tout état de cause,
01:19:01 vous avez choisi presque comme condition
01:19:05 de cette délivrance de prix
01:19:07 des poils à gratter, des troublillons
01:19:09 ou quelque part des personnes qui ont des convictions,
01:19:12 être de droite dans le lot,
01:19:14 être centriste dans les hauts de scène
01:19:15 et être de gauche dans la majorité présidentielle.
01:19:17 (Rires)
01:19:20 Quelque part, j'aimerais vous parler de moi,
01:19:22 mais ce n'est pas le sujet.
01:19:23 Le sujet, c'est peut-être ce qui m'amène devant vous,
01:19:26 ce que j'ai voulu défendre
01:19:28 et à qui et à quoi je dois.
01:19:30 Ce que je suis, je le dois d'abord à l'école publique,
01:19:32 laïque et républicaine,
01:19:34 cette école où je crois que le respect
01:19:36 est le préalable à l'autorité.
01:19:38 Ce respect commence par la juste reconnaissance
01:19:40 de ceux qui forment les esprits citoyens
01:19:43 et c'est aux politiques de résoudre l'incroyable paradoxe
01:19:46 qui fait que les enseignants et les personnels
01:19:48 s'estiment lésés par rapport aux tâches
01:19:50 qu'ils doivent accomplir quand la société entière
01:19:53 leur reproche de ne pas en faire assez.
01:19:56 C'est cette école qui reconnaît et respecte
01:19:58 les différences de toutes les élèves,
01:20:00 les cultive pour les éduquer tous.
01:20:02 Cette école comme le pensée célestin freinée
01:20:05 où la participation de chaque enfant
01:20:07 est le nécessaire à la réussite du collectif.
01:20:10 Cette école dans laquelle on doit donner plus
01:20:13 aux primaires ou aux secondaires
01:20:15 à ceux qui ont le plus besoin.
01:20:17 Cette école où on élève plutôt que l'on déclasse,
01:20:20 on trie ou l'on évince.
01:20:22 Ce sentiment d'éviction, d'injustice,
01:20:26 de déclassement,
01:20:27 il est la clé des malheurs de nos concitoyens
01:20:29 et je crois que vous l'avez entendu
01:20:31 dans les discours qui m'ont précédé,
01:20:33 j'y reviendrai moi-même.
01:20:34 L'incapacité à se loger dignement,
01:20:36 à acquérir son logement, l'insuffisance des revenus,
01:20:40 l'écrasement des individus
01:20:42 sous la roue de la reproduction sociale.
01:20:45 Tous ces phénomènes sont amplifiés aujourd'hui
01:20:46 par les incroyables inégalités
01:20:49 entre les métropoles et les territoires.
01:20:51 Et j'invite chacun à mesurer la colère
01:20:54 qui nous a fait élire et qui nous mène ici,
01:20:56 qui s'exprime aujourd'hui chez les oubliés,
01:20:59 des agriculteurs aux Gilets jaunes.
01:21:02 C'est cette colère, ce sentiment de mépris de classe
01:21:04 dont je m'inspire et qui m'inspire aussi
01:21:06 les propositions de loi
01:21:08 qui ont fait cheminer mon propre parcours.
01:21:11 Au fond, comme l'écrivait si justement John Rawls,
01:21:15 je crois qu'il nous faut garantir
01:21:16 la plus grande liberté égale pour tous
01:21:19 et assurer par le principe de différence
01:21:21 la concentration des efforts aux plus défavorisés
01:21:24 en toute matière.
01:21:26 C'est l'effort de la politique, c'est l'exercice du droit.
01:21:30 Et il y a aujourd'hui une opposition presque conjoncturelle.
01:21:32 Il est devenu la norme de critiquer la norme.
01:21:35 En clair, ce que nous faisons.
01:21:38 Je crois que cette idée est fausse.
01:21:40 C'est d'ailleurs mieux pour moi de croire qu'elle est fausse.
01:21:42 Je crois aussi qu'elle est dangereuse.
01:21:43 Je le crois comme avocat, je le crois comme militant.
01:21:47 Je crois aussi que dans un monde où tout bouge,
01:21:49 la rigidité d'une norme bien conçue,
01:21:52 et j'en ai discuté avec Mathias Feckel,
01:21:54 est aussi une protection
01:21:56 contre les effets pervers de la mondialisation,
01:21:57 la défense de notre modèle économique,
01:21:59 social, environnemental,
01:22:01 la garantie d'une vie meilleure en Europe.
01:22:03 Et chacun sait que ce monde,
01:22:05 ou en tout cas cette vie européenne,
01:22:07 elle nous est enviée par de nombreuses personnes
01:22:09 que nous ne découragerons pas à venir.
01:22:12 J'en viens donc aux fonctions, aux événements
01:22:14 qui m'ont certainement permis d'acquérir le prix
01:22:16 que vous venez de me remettre,
01:22:18 qui vaut peut-être votre connaissance,
01:22:21 la présidence de la Commission des lois.
01:22:22 C'est à travers cette présidence
01:22:24 que j'ai pu, comme l'avait fait Georges Clemenceau
01:22:27 dans un autre registre et avec plus de brio,
01:22:29 affirmer quelques convictions.
01:22:30 Le droit à la sécurité, le devoir du respect,
01:22:33 de la confiance,
01:22:34 et j'affirme que oui, on peut être de gauche
01:22:38 et avoir des convictions fortes en matière réellienne.
01:22:41 La conviction, d'abord, que rien ne se fait
01:22:43 sans revaloriser les hommes et les femmes
01:22:45 qui, dans leurs fonctions,
01:22:47 policiers, magistrats, gendarmes ou greffiers,
01:22:50 donnent tout à la République.
01:22:51 L'affirmation aussi que, comme Bécaria l'écrivait,
01:22:53 ceux qui font de l'efficacité de la réponse pénale,
01:22:56 ce n'est certainement pas la sévérité de la peine,
01:22:58 mais sa certitude.
01:23:00 La volonté que parlait fortement, clairement,
01:23:03 mais avec le sens de la mesure,
01:23:05 ça, c'est pour mon côté centriste,
01:23:08 le respect des règles fondamentales ne nuit pas.
01:23:11 La certitude, enfin, que les hommes doivent être jugés
01:23:13 pour ce qu'ils sont et pas pour ce qu'ils font
01:23:15 et pas pour ce qu'ils sont, l'absus.
01:23:18 Et à l'incarner quasiment dans une maxime
01:23:21 que j'ai défendue pendant de nombreux mois,
01:23:23 régulariser les travailleurs et expulser les délinquants
01:23:26 en matière d'immigration.
01:23:29 D'ailleurs, la menace des étrangers
01:23:30 n'est pas toujours celle qu'on croit,
01:23:31 et j'aurai l'occasion de le démontrer prochainement
01:23:33 avec ma nouvelle proposition sur les ingérences étrangères.
01:23:37 Des ingérences qui sont souvent utilement relayées
01:23:39 par ceux qui se disent patriotes,
01:23:41 mais qui ne sont, au fond, que des nationalistes.
01:23:44 Et face au dilemme, lorsqu'il apparaît dans un monde
01:23:46 où tout se vaut, où les repères tombent,
01:23:49 où les extrêmes participent activement
01:23:50 à broyer les messages à leur seul profit,
01:23:53 il est encore possible de préférer l'éthique de conviction
01:23:57 à celle de responsabilité.
01:23:58 C'est un débat que nous avons eu avec Christophe Barbier
01:24:00 lors de l'examen de la loi Immigration.
01:24:02 Cette loi Immigration,
01:24:04 elle est, pour moi, un enseignement
01:24:07 comme une introspection,
01:24:09 un moment où, comme André Agassi,
01:24:11 je considérais qu'on pouvait exécrer la spécialité
01:24:14 dans laquelle on exerce, pour lui, le tennis,
01:24:16 et pour moi, la politique.
01:24:18 J'en termine avec un trait de caractère.
01:24:21 Le mien est expressif, il est compétiteur.
01:24:25 Il s'est forgé dans le sport,
01:24:27 dont la place dans notre société est évidemment trop marginale.
01:24:30 Du code moral du judo
01:24:33 à la passion des supporters,
01:24:34 il y a tous les catalyseurs d'une société.
01:24:36 Et lorsqu'on entend promouvoir des valeurs,
01:24:38 on y trouve les ferments de la solidarité,
01:24:40 de la tolérance, de l'acceptation des différences,
01:24:43 qui devraient tous nous inspirer.
01:24:44 Alors, merci à tous pour ce prix.
01:24:46 Et je vous promets pour la suite
01:24:48 que je n'ai pas prévu d'être sage.
01:24:49 (Applaudissements)
01:24:52 (...)
01:25:00 -Entre la date traditionnelle de nos délibérations,
01:25:03 généralement le début du mois de décembre,
01:25:05 et celle de la remise des prix,
01:25:08 habituellement la mi-février,
01:25:10 le destin avance,
01:25:11 et l'actualité politique ouvre parfois des trappes
01:25:14 sous les pieds des acteurs de la démocratie,
01:25:17 mais parfois aussi, elle envoie des fusées dans l'espace.
01:25:20 C'est le cas pour le ministre de l'Année.
01:25:22 L'avenir dira si la fusée est un feu d'artifice
01:25:24 ou le véhicule d'un voyage intergalactique.
01:25:27 Pour le prix du ministre de l'Année,
01:25:29 c'est Bertrand Delay,
01:25:30 pour la chaîne parlementaire Assemblée nationale,
01:25:32 qui est ici chez lui,
01:25:33 qui va monter sur la tribune. Merci.
01:25:35 (Applaudissements)
01:25:40 (...)
01:25:45 -Mme la ministre,
01:25:47 M. le président du Sénat,
01:25:49 chère Yael, je ne sais pas où elle est,
01:25:53 mesdames, messieurs les parlementaires,
01:25:55 mesdames, messieurs,
01:25:57 effectivement, Christophe vient de dire,
01:25:58 le ministre de l'Année qu'on le récompense aujourd'hui
01:26:01 et que vous représentez, cher Pesca,
01:26:04 l'était déjà l'an passé,
01:26:06 puisque Gabriel Attal avait déjà reçu
01:26:08 le prix du trombinoscope.
01:26:10 Et en ces temps de zapping accéléré,
01:26:12 cela mérite d'être souligné, sans que l'on sache,
01:26:15 il faut ici saluer sa constance de ministre,
01:26:18 avant d'être le premier d'entre eux,
01:26:20 ou celle du jury, ou les deux à la fois.
01:26:25 Incarnation moderne du CIDE,
01:26:27 il s'inscrit dans la réalité que la valeur
01:26:30 natte en point le nombre des années.
01:26:32 Aujourd'hui, à la remise de ce prix
01:26:34 pour la seconde fois,
01:26:36 il illustre de nouveau les mots de Corneille
01:26:39 et montre qu'à vaincre sans péril,
01:26:41 on triomphe sans gloire.
01:26:42 Je ne doute pas que ce soit ce que les Français
01:26:45 voient en lui un combattant.
01:26:48 Dès son premier engagement politique
01:26:50 à l'âge de 15 ans,
01:26:52 il ne cesse de combattre pour démontrer
01:26:54 que sa jeunesse n'est pas un obstacle
01:26:57 à sa réussite, mais une opportunité d'innover
01:27:01 et de transformer le monde.
01:27:02 Sans doute faut-il y voir dans cette conviction
01:27:06 l'une des raisons pour lesquelles beaucoup
01:27:08 ont fait le parallèle avec le président
01:27:10 de la République.
01:27:11 Pourtant, il existe une vraie différence
01:27:15 entre le Premier ministre
01:27:16 et le président de la République.
01:27:19 Gabriel Attal a déjà un parcours plus classique,
01:27:23 ancré sur le terrain.
01:27:24 D'abord comme conseiller municipal d'opposition
01:27:28 à 2014 à Venves.
01:27:31 Il a, à cette occasion, découvert alors l'étendue
01:27:34 de la galaxie d'André Santini,
01:27:36 qui avait, au-delà de sa bonne ville d'ici,
01:27:38 les Moulinots, envoyé son ancien assistant parlementaire
01:27:42 à l'assaut de Venves, ville voisine.
01:27:46 Il ne lui faudra pas longtemps, trois ans,
01:27:48 pour venir défier le patriarche Santini
01:27:50 sur ses terres en 2017,
01:27:53 lors des élections législatives
01:27:55 qu'il remporte brillamment,
01:27:57 avec plus de 60 % des voix.
01:28:00 André Santini n'a jamais été l'adversaire direct
01:28:03 de Gabriel Attal, et on peut le regretter,
01:28:07 car l'opposition de génération aurait été également
01:28:11 une opposition de style, entre deux ciseleurs de mots.
01:28:15 Les citations d'André Santini ont longtemps nourri
01:28:17 la page 2 du Canard enchaîné,
01:28:19 inspiré le théâtre des deux ânes,
01:28:21 tandis que le punchline de Gabriel Attal
01:28:24 fond, elle, le bonheur des tweetos et des télés.
01:28:28 Opposition de génération et de style.
01:28:32 Mais il fallait à Gabriel Attal
01:28:34 définitivement prendre la lumière.
01:28:36 Et de ce point de vue, sa nomination rue de Grenelle,
01:28:39 qui lui vaut ce soir d'être consacré ministre de l'année,
01:28:43 était le point de passage obligé.
01:28:45 Et il a surtout su trouver les mots
01:28:48 pour incarner tout à la fois une autorité
01:28:51 et une détermination en écho
01:28:53 avec les demandes latentes d'une partie des Français.
01:28:58 C'est d'ailleurs sans doute là que réside sa force,
01:29:01 m'en déplaise à ses détracteurs,
01:29:03 qui ne veulent voir là que de la stratégie de com'.
01:29:07 Car au-delà de la com',
01:29:08 il parvient souvent à trouver les mots justes
01:29:11 qui rétablissent la confiance de nos citoyens
01:29:14 à l'égard de l'action publique.
01:29:16 En outre, il faut en politique savoir s'adapter
01:29:19 au gré des circonstances.
01:29:22 Les partisans de votre gouvernement,
01:29:24 chers Priscat-Evnaud,
01:29:25 appelleront cela de l'intelligence et du pragmatisme,
01:29:29 tandis que vos opposants n'y verront
01:29:31 que cynisme et opportunisme.
01:29:34 Nul doute qu'en ayant enjambé ainsi les 500 mètres
01:29:38 qui séparent la rue de Grenelle de la rue de Varennes,
01:29:42 Gabriel Attal s'est encore un peu plus exposé aux critiques.
01:29:45 On ne lui épargnera rien.
01:29:47 Les aînés en politique n'aiment pas
01:29:49 qu'on leur grille la politesse.
01:29:52 Et vos adversaires qui sont dans leur rôle,
01:29:54 peut-être même aussi ceux qui l'encensent aujourd'hui,
01:29:57 car en politique, pour paraphraser Coco Chanel,
01:30:01 après la mode, il y a la démode.
01:30:05 Il ne tient qu'à ce plus jeune Premier ministre
01:30:07 de la République de faire mentir cet adage
01:30:11 et surtout de déjouer la possible démode.
01:30:14 Dans ce cas, et je prends le pari,
01:30:16 il pourrait être le premier à recevoir
01:30:18 trois fois de suite notre prix,
01:30:21 puisqu'entre-temps, il est devenu Premier ministre.
01:30:25 J'ajoute un dernier mot.
01:30:26 Je suis plein de reconnaissance pour Gabriel Attal,
01:30:28 parce que moi, je vais quitter la présidence de l'LCP.
01:30:32 Il y a six ans, il y a un député qui a fait ma compagne
01:30:35 auprès de ses pères qui s'appelait Gabriel Attal.
01:30:38 Et donc, si pendant six ans, j'ai pu présider cette chaîne,
01:30:42 c'est grâce à Gabriel Attal aussi.
01:30:44 Et donc, j'ai une pensée pleine de reconnaissance pour lui.
01:30:48 Je vous remets donc ce prix, madame la ministre,
01:30:50 et je ne doute pas que vous saurez lui transmettre
01:30:53 et lui retransmettre la reconnaissance
01:30:55 du jury tout entier.
01:30:57 Merci.
01:30:58 (Applaudissements)
01:31:00 (...)
01:31:05 (Propos inaudibles)
01:31:07 Merci beaucoup pour lui.
01:31:19 Madame la présidente de l'Assemblée nationale,
01:31:21 chère Yael, monsieur le président du Sénat,
01:31:25 cher Gérard, monsieur l'ambassadeur de Pologne,
01:31:29 monsieur le sénateur,
01:31:31 mesdames et messieurs les députés élus,
01:31:33 mes chers amis,
01:31:35 ça ne vous aura pas échappé, non, je ne suis pas Gabriel Attal.
01:31:39 J'ai essayé, mais je n'y suis pas arrivé.
01:31:42 Et Dieu sait que j'essaie vraiment durement et vaillamment.
01:31:45 J'ai pris son bureau à l'Education nationale
01:31:48 en tant que secrétaire d'Etat,
01:31:49 je prends son bureau en tant que porte-parole,
01:31:52 mais non, je n'y arriverai pas.
01:31:55 Simplement vous dire que non,
01:31:57 ce n'est pas une erreur que je sois là aujourd'hui,
01:31:59 parce que oui, Gabriel Attal a été un ministre hors pair,
01:32:05 un ministre salué par ses pairs,
01:32:08 un ministre qui a su faire,
01:32:10 non pas simplement des punchlines ou des belles phrases,
01:32:13 mais d'une méthode, une méthode en politique
01:32:15 que nombreux sont à souligner et à saluer,
01:32:18 quelques mouvements qu'ils soient originaires,
01:32:22 parce que oui, Gabriel Attal assume sans totem ni tabou,
01:32:26 avec des lignes rouges,
01:32:28 de parler et de respecter l'ensemble
01:32:30 des forces politiques de notre nation.
01:32:32 Et je pense que dans les temps qui sont les nôtres en France,
01:32:36 nous devons être capables plus que jamais
01:32:38 de dire les choses clairement, calmement, sereinement,
01:32:42 mais avec détermination,
01:32:44 parce que les grandes puissances qui sont les nôtres,
01:32:47 les grandes puissances mondiales qui sont les nôtres,
01:32:49 nous l'imposent, mais également les grandes fractures
01:32:52 qui traversent notre pays nous l'imposent.
01:32:54 Et donc, aussi bien qu'en tant que porte-parole,
01:32:56 qu'en tant que ministre du budget,
01:32:58 qu'en tant que ministre de l'Education nationale,
01:33:00 il a su dire les choses avec fermeté, assurance
01:33:03 et permettre de faire avancer un certain nombre d'enjeux
01:33:06 sur la laïcité, sur le choc des savoirs,
01:33:09 mais également sur cette capacité à dire que, par moment,
01:33:12 nous avons besoin de ralentir.
01:33:15 Oui, un jeune homme de son âge peut ralentir,
01:33:18 pour prendre le temps d'écouter ses pères,
01:33:21 d'écouter les élus locaux,
01:33:23 d'écouter ses femmes et ses hommes d'expérience
01:33:26 qui ont été là avant lui et qui pourront aussi
01:33:29 lui montrer le chemin avant lui,
01:33:32 pour apprendre non pas à co-construire,
01:33:34 mais à construire simplement.
01:33:36 Alors, oui, je suis ravie d'être là
01:33:39 pour prendre ce prix pour Gabriel
01:33:43 que je ne tâcherai pas de lui remettre juste après,
01:33:45 puisque je le rejoins à Matignon,
01:33:48 mais je vais me permettre,
01:33:49 et ce n'était pas prévu dans le beau discours
01:33:51 que m'a préparé mon équipe, et je m'en excuse,
01:33:55 profiter pour avoir ce micro pour adresser deux messages,
01:33:58 parce que oui, même si aujourd'hui,
01:34:00 je suis porte-parole du gouvernement,
01:34:01 j'ai fréquenté de nombreux plateaux,
01:34:02 LCI, BFM, CNews, Europe 1,
01:34:06 et j'ai appris que quand on avait le micro,
01:34:07 on ne pouvait pas nous l'enlever.
01:34:09 Et donc, je voulais adresser deux messages.
01:34:11 Le premier, c'est que oui,
01:34:13 Gabriel Attal est d'ici les Moulinots,
01:34:15 mais il est aussi élu me-denez,
01:34:17 et je tiens à le dire ici.
01:34:19 Merci, Hervé, parce que tu fais partie
01:34:21 de ces politiques tendances,
01:34:24 qui sont surtout dans une tradition républicaine
01:34:26 qui est à saluer,
01:34:27 celle d'apprendre à transmettre
01:34:29 à ces jeunes, un peu, que nous sommes en politique,
01:34:34 toujours dans la bienveillance,
01:34:35 mais dans l'autorité sage qui est la tienne.
01:34:39 Merci infiniment.
01:34:41 Et puis à Sacha, ancien collègue
01:34:42 de l'Assemblée nationale,
01:34:45 merci d'être toi.
01:34:47 Merci d'être là.
01:34:49 Merci de continuer à défendre
01:34:51 ces convictions qui sont les nôtres.
01:34:54 Nous avons besoin résolument de toi
01:34:57 pour continuer à avancer
01:34:59 et à marcher dans des pas résolus,
01:35:02 ce que nous avons depuis 2016,
01:35:04 et je le dis en tant que marcheuse.
01:35:06 Merci infiniment, Sacha.
01:35:09 Merci à tous. À bientôt.
01:35:11 (Applaudissements)
01:35:13 (...)
01:35:20 (Propos inaudibles)
01:35:22 -Oui.
01:35:23 (Propos inaudibles)
01:35:25 (...)
01:35:28 -Je vais demander à M. Alain Di Crescenzo,
01:35:30 président de CCI France, de me rejoindre,
01:35:32 puisque le réseau des CCI est partenaire
01:35:35 de ce prix de la personnalité politique de l'année
01:35:38 pour le trombinoscope.
01:35:39 Merci, M. le président.
01:35:41 (Applaudissements)
01:35:44 Madame la présidente Yael Broun-Pivet,
01:35:46 M. le président Gérard Larcher,
01:35:48 mesdames et messieurs,
01:35:49 deux présidents pour un seul prix.
01:35:52 Ce n'est pas un ex aequo,
01:35:53 c'est un duo que nous honorons ici,
01:35:56 une addition miraculeuse
01:35:57 qui se fit multiplication des pieds
01:36:00 le dimanche 12 novembre 2023.
01:36:03 1 + 1 = 105 000.
01:36:06 Telle fut l'arithmétique de la manifestation
01:36:08 que vous avez conjointement organisée
01:36:10 en quelques jours
01:36:11 afin que la nation se dresse
01:36:13 contre l'antisémitisme.
01:36:15 105 000 personnes seulement, selon la police,
01:36:18 qui pratiquent visiblement le décompte du dimanche,
01:36:21 comme d'autres font de la peinture du même nom.
01:36:24 Soit les boulevards parisiens ont rétréci ce jour-là,
01:36:27 soit une partie du pouvoir ne souhaitait pas
01:36:30 que le succès fût trop éclatant.
01:36:32 Qu'importe, nous étions assez nombreux
01:36:35 pour que le sursaut apparût comme un réconfort.
01:36:38 Deux présidents pour un seul et même pas.
01:36:42 Deuxième, troisième ou quatrième personnage de l'Etat,
01:36:44 selon le protocole,
01:36:45 cela ne signifiait plus rien.
01:36:47 Vous étiez ce jour-là
01:36:48 les deux premiers citoyens de la nation.
01:36:50 La vie politique française déborde de duels,
01:36:53 elle est avare de duos.
01:36:55 Le vôtre était ce jour-là tellement soudé
01:36:58 que même la première ministre,
01:37:00 qui aurait bien voulu se glisser
01:37:01 entre vous deux dans le cortège,
01:37:03 n'a pu vous séparer.
01:37:05 Cette aventure n'a pas sans polémique.
01:37:07 En effet, elle aurait pu être gâchée
01:37:09 par ceux-là qui, curieusement,
01:37:11 s'imposent aux hommages funèbres,
01:37:13 mais se font porter pâle
01:37:14 quand il s'agit de se rassembler
01:37:16 contre l'antisémitisme.
01:37:17 Car il y eut une vague antisémite en France
01:37:19 et non un bloc unanime de solidarité
01:37:22 autour de la communauté juive
01:37:23 après la tragédie du 7 octobre.
01:37:25 Mais grâce à vous,
01:37:26 il y eut une digue pour arrêter cette vague,
01:37:29 une digue humaine et civique.
01:37:32 La vague reflue, paraît-il,
01:37:35 elle reviendra.
01:37:36 Il y aura d'autres digues à ériger.
01:37:39 Deux présidents pour un seul cortège,
01:37:41 et pourtant, il en manquait un troisième
01:37:43 ce jour-là, celui de la République,
01:37:45 dont le mot d'excuse ne parvint pas
01:37:47 et ne parvient toujours pas
01:37:48 à expliquer l'absence.
01:37:50 Et maintenant, deux présidents
01:37:52 pour un seul avenir présidentiel,
01:37:55 dans vos camps respectifs,
01:37:57 où vous êtes présidentes et présidents,
01:37:59 naturellement présidentiables.
01:38:01 Ou alors il y a une autre perspective.
01:38:03 Il reste une place qualificative
01:38:05 pour le 200 barreurs en aviron
01:38:08 aux Jeux olympiques de Paris.
01:38:09 Vous ramez tous les deux dans le même sens.
01:38:11 Inscrivez-vous.
01:38:12 Pour l'instant, vous faites fonctionner
01:38:14 en bonne entente le Parlement,
01:38:16 qui connaît assez de tumultes en ses travées
01:38:18 pour n'avoir pas besoin de discorde à son sommet.
01:38:21 Je pourrais vous dire ma préférence
01:38:23 pour le monocamérisme,
01:38:24 mais je me fâcherais avec l'un d'entre vous.
01:38:26 Je pourrais vous dire mon rejet de la proportionnelle,
01:38:28 mais je me brouillerais peut-être avec l'autre.
01:38:30 Alors, ajournons les débats sur la VIe République
01:38:33 et félicitons-nous de la vigueur de la Ve.
01:38:36 Dans quatre ans, elle deviendra
01:38:38 la plus longue république de notre histoire,
01:38:40 et votre initiative du 12 novembre
01:38:42 fut pour elle une précieuse cure de jouvence.
01:38:46 Deux présidents, enfin,
01:38:47 pour un seul département, les Yvelines.
01:38:50 C'est un poète, Géant Despair,
01:38:53 qui suggéra ce nouveau nom
01:38:54 pour l'ancienne Seine-et-Oise.
01:38:56 Despair écrivit aussi ceci.
01:39:00 "J'ai des rues pleines les yeux,
01:39:01 "des rues pleines la mémoire,
01:39:03 "découpées par les dieux
01:39:05 "dans un pan de leur gloire."
01:39:07 Grâce à vous, madame, grâce à vous, monsieur,
01:39:10 nous avons dans les yeux et garderons dans la mémoire
01:39:13 des rues découpées dans un pan de la gloire
01:39:15 de la République le 12 novembre.
01:39:18 Nous vous en remercions par ce titre
01:39:19 de personnalité politique du trombinoscope
01:39:22 pour l'année 2023.
01:39:24 (Applaudissements)
01:39:26 (...)
01:39:34 -Mme la présidente, M. le président,
01:39:36 bonsoir à toutes et à tous.
01:39:39 Quand on m'a appelé après vos délibérations
01:39:41 et quand on m'a dit que j'allais remettre
01:39:44 le prix de la personnalité politique de l'année,
01:39:46 non pas à une personnalité,
01:39:48 mais à deux personnalités, je me suis dit
01:39:51 "Alain, tu as vraiment de la chance."
01:39:53 Alors, effectivement, j'ai de la chance
01:39:55 parce que nous célébrons ce soir
01:39:57 deux personnalités à la fois très différentes
01:40:01 et très complémentaires.
01:40:04 Donc deux personnalités qui, par leurs fonctions et actions,
01:40:06 incarnent et sont garantes de notre belle République
01:40:10 à laquelle nous sommes tous très attachés.
01:40:13 Cher Yann Bande privée,
01:40:16 cette République, vous l'incarnez à travers la présidence
01:40:18 de l'Assemblée nationale,
01:40:20 mais aussi par l'audace et le courage
01:40:24 qui sont les vôtres et qui vous caractérisent
01:40:26 depuis votre entrée en politique
01:40:27 et plus encore depuis que vous siégez au perchoir.
01:40:32 Cher Gérard Larcher, cette République,
01:40:34 vous l'incarnez à travers la présidence de notre Sénat,
01:40:37 mais aussi par votre grande et longue expérience politique
01:40:41 et ainsi que par votre engagement sans faille
01:40:43 au service des territoires, cher Gérard,
01:40:45 que j'ai pu mesurer à plusieurs reprises.
01:40:48 Mais de la chance aussi, et vous l'avez toutes et tous introduit,
01:40:51 parce que grâce à vous deux, ce soir, nous célébrons,
01:40:56 nous célébrons aussi une grande initiative.
01:41:00 Une très grande initiative,
01:41:02 à la fois profonde et structurante,
01:41:04 qui est bien sûr la vôtre dans l'organisation
01:41:06 de cette marche civique contre l'antisémitisme.
01:41:11 Je ne vais pas rappeler le nombre de personnes,
01:41:13 je vais seulement vous dire une chose, merci.
01:41:15 Merci du coup de cœur, merci à vous deux.
01:41:18 Merci d'avoir montré qu'il y a certaines causes
01:41:20 qui dépassent tous les clivages politiques
01:41:23 et qui font rayonner les valeurs républicaines
01:41:26 qui sont les nôtres et à laquelle, encore une fois,
01:41:28 nous sommes toutes et tous très attachés.
01:41:31 Alors, je vous ai dit que j'avais de la chance,
01:41:35 c'est vrai, mais je crois qu'il n'est pas impossible,
01:41:38 et le voient presque tous, dit,
01:41:39 que je porte aussi un peu chance,
01:41:41 puisque l'année dernière, à ce même moment,
01:41:44 je remettais ce même prix à la première ministre.
01:41:48 Cette dernière étant empêchée,
01:41:51 c'est Gabriel Attal qui est venu récupérer ce prix.
01:41:55 La ministre est partie,
01:41:56 ça pourrait évoquer certaines choses.
01:41:59 Et donc, ensuite, vous savez ce qui s'est passé.
01:42:02 Doit-on y voir une certaine anticipation ?
01:42:04 Je ne sais pas, il ne m'appartient pas de le faire.
01:42:06 Par contre, je voudrais citer
01:42:10 un couteau suisse du XVIIIe siècle.
01:42:12 Écrivain, moraliste, journaliste,
01:42:16 qui s'appelle Sébastien-Roch-Nicolas de Chamfort,
01:42:18 et qui dit la chose suivante, c'est très court.
01:42:20 L'anticipation, vous l'avouez, de la victoire,
01:42:23 et aussi l'aiguillon de la conquête.
01:42:26 Il me reste à vous dire, "wait and see",
01:42:27 bravo à tous les deux.
01:42:29 Merci, et bonne soirée à toutes et à tous.
01:42:31 (Applaudissements)
01:42:33 (...)
01:42:40 (...)
01:42:46 -Merci beaucoup.
01:42:47 (...)
01:42:51 -Bravo, monsieur.
01:42:52 (Propos inaudibles)
01:42:55 -Merci à toi.
01:42:56 -Je vais embrasser ma collaurette.
01:42:59 (Rires)
01:43:00 (...)
01:43:02 -C'est un photo.
01:43:03 ...
01:43:13 -On s'est mis d'accord.
01:43:15 C'est moi qui commence le discours premier.
01:43:18 On ne sera pas très très long, quoique.
01:43:20 ...
01:43:24 On était réunis ici même,
01:43:28 à l'hôtel de la Cé, le lundi précédant la marche,
01:43:33 parce que depuis que je suis présidente
01:43:35 de l'Assemblée nationale,
01:43:36 avec le président du Sénat,
01:43:38 nous avons décidé d'avoir des relations
01:43:43 étroites, constructives,
01:43:44 dans l'intérêt de nos institutions,
01:43:46 mais surtout dans l'intérêt des Français.
01:43:51 Et nous avons commencé cet échange
01:43:53 par dire notre inquiétude,
01:43:56 par la partager après les horreurs du 7 octobre
01:44:00 et après cette montée de l'antisémitisme brutal
01:44:04 que nous avons vécu en France
01:44:07 et qui nous a tous glacés.
01:44:09 Et nous nous sommes dit,
01:44:14 non pas que pouvons-nous faire,
01:44:17 mais que nous avions le devoir de faire.
01:44:23 Le devoir de faire,
01:44:25 parce que nous étions présidents des assemblées,
01:44:29 le devoir d'agir,
01:44:32 parce que nous voyions à ce moment-là,
01:44:34 lorsque nous en discutions,
01:44:35 que personne n'arrivait à rassembler
01:44:39 et que tous les appels qui étaient lancés
01:44:42 faisaient pchit.
01:44:43 Et nous nous sommes dit,
01:44:47 il est de notre devoir d'agir.
01:44:50 Et cet appel a marché,
01:44:53 cet appel que nous avons conclu
01:44:58 en disant un mot de Clémenceau,
01:45:02 "La France ne serait pas la France
01:45:04 "si elle ne nous entendait pas."
01:45:06 Eh bien, je peux vous dire
01:45:08 que quand nous avons marché le 12 novembre,
01:45:11 nous avons été comblés.
01:45:15 La France était la France.
01:45:17 La France nous avait entendus.
01:45:19 Les Français étaient dans les rues.
01:45:21 Les Français étaient à nos côtés
01:45:24 pour marcher pour la République
01:45:26 et contre l'antisémitisme.
01:45:29 Et je peux vous dire que le matin même,
01:45:32 nous n'emmenions pas l'Arche avec Gérard,
01:45:34 parce que nous ne savions pas
01:45:37 si vous alliez répondre présent.
01:45:39 Et je peux vous dire que quand
01:45:43 nous sommes rentrés chez nous le soir
01:45:45 et que nous avons vu les images,
01:45:47 vos images,
01:45:49 je ne sais pas ce que ça t'a fait,
01:45:52 mais moi, j'ai pleuré.
01:45:54 J'ai pleuré parce qu'il n'y a rien de plus émouvant
01:45:57 lorsque vous êtes une femme,
01:46:01 mais une femme politique,
01:46:03 de constater que vous avez une capacité à mobiliser,
01:46:06 que vous avez non seulement une voix,
01:46:11 que vous avez gagnée par le suffrage
01:46:13 et par votre action politique, par votre audace,
01:46:17 que vous avez une voix, mais que cette voix, elle porte,
01:46:19 que cette voix, elle est entendue.
01:46:22 Et c'est une indicible émotion
01:46:25 de se rendre compte de cela.
01:46:27 Alors après,
01:46:30 parce qu'avoir une voix,
01:46:31 se rendre compte qu'elle est entendue,
01:46:34 ça ne doit certainement pas s'arrêter un 12 novembre
01:46:37 sur les pavés de Paris.
01:46:38 Et c'est vrai que ce jour-là,
01:46:43 peut-être plus que jamais,
01:46:46 mais dans la stricte continuité de mon action politique,
01:46:50 j'ai été convaincue que les Français
01:46:52 avaient besoin de plus de Parlement,
01:46:55 de plus d'Assemblée nationale et de plus de Sénat,
01:47:00 que notre démocratie était en souffrance
01:47:05 et que notre démocratie avait besoin
01:47:08 de ses représentants,
01:47:10 mais qu'elle avait besoin de ses représentants agissants,
01:47:14 de ses représentants proposants,
01:47:18 de ses représentants qui se dépassent
01:47:23 et qui, je crois, réussissent à répondre
01:47:26 aux aspirations profondes de nos concitoyens,
01:47:29 aux aspirations profondes de notre République.
01:47:34 Et donc, j'ai maintenant, plus que jamais,
01:47:39 la conviction que le Parlement doit reprendre pleinement sa place,
01:47:44 que les pouvoirs doivent être profondément rééquilibrés
01:47:50 et que nous avons du chemin à parcourir,
01:47:54 mais que vous pourrez compter sur moi,
01:47:56 parce que cette voie acquise, elle ne se taira pas.
01:47:59 Je vous remercie.
01:48:00 (Applaudissements)
01:48:04 (...)
01:48:21 -Madame la présidente de l'Assemblée nationale,
01:48:26 permettez-moi de saluer les collègues députés
01:48:30 qui sont aspirants vers le Sénat
01:48:33 ou qui prendront progressivement la sagesse des sénateurs.
01:48:38 Je vais saluer Hervé Marseille,
01:48:42 qui a fait une ode au Sénat, qui vaut tous les textes,
01:48:45 et dont, je dois dire, j'apprécie à la fois l'humour,
01:48:49 la solidité, la clairvoyance
01:48:52 et, quelque part, cette capacité à jouer collectif,
01:48:55 dans le respect de ce que nous sommes les uns et les autres.
01:49:00 Saluer mes deux collègues maires,
01:49:02 qui ont été, ce soir, nommés.
01:49:06 Ils sont différents, ils ont des histoires différentes,
01:49:09 mais ils incarnent profondément la réalité
01:49:12 de que nous vivons,
01:49:13 moi qui ai vécu trois décennies de maire.
01:49:18 Vous saluez, monsieur l'ambassadeur,
01:49:21 car vous avez évoqué le triangle de Weimar,
01:49:23 si cher à mon coeur,
01:49:25 que nous avons besoin de réanimer.
01:49:27 Mais permettez-moi, monsieur le président,
01:49:30 cher François-Xavier Dallière,
01:49:32 qui n'oublie pas qu'il y a eu un père qui siégea au Sénat,
01:49:35 de saluer les journalistes, les rédacteurs,
01:49:37 les éditorialistes qui sont là,
01:49:40 et vous dire un premier message.
01:49:43 Je suis de ceux qui pensent
01:49:46 qu'on ne mesure pas la liberté
01:49:49 de chacun des éditorialistes
01:49:51 et que, pour moi, on ne quantifie pas.
01:49:55 Autant qu'on ne quantifie, c'est la loi,
01:49:58 dans notre expression,
01:49:59 autant je suis profondément attaché
01:50:02 à votre liberté,
01:50:04 même quand elle me dérange.
01:50:06 C'est, me semble-t-il, le premier message
01:50:10 que je voulais vous passer ce soir
01:50:12 en vous remerciant.
01:50:13 Cher Christophe Barbier,
01:50:23 vous n'avez pas toujours aimé le Sénat,
01:50:27 mais, à tout pécheur, miséricorde.
01:50:30 Mais vous avez qualifié un duo, ce soir.
01:50:35 C'est vrai que nous formons un duo,
01:50:37 mais qui a réussi une symphonie,
01:50:40 et une symphonie pour la République.
01:50:43 C'est, je crois, ce que nous avons fait
01:50:46 le 12 novembre, ensemble,
01:50:49 avec des dizaines et des dizaines de milliers,
01:50:52 à Paris, mais aussi en province,
01:50:55 qui se sont dressés, ce jour-là,
01:50:57 à notre appel.
01:50:59 Yael a expliqué comment ça a été né,
01:51:02 à partir d'une réunion de travail,
01:51:04 de la montée d'un escalier,
01:51:07 où elle me disait ce qu'elle recevait
01:51:08 comme message.
01:51:10 Et je lui dis que c'est insupportable.
01:51:13 Et nous avons décidé,
01:51:14 au cours de ce déjeuner de travail,
01:51:17 qu'en quelque sorte,
01:51:19 nous ne nous contenterions pas
01:51:22 de faire un SMS
01:51:24 pour dire les rejets qui étaient le nôtre
01:51:26 de l'antisémitisme, mais que nous agirions.
01:51:29 Robert Van Ater, dans son dernier discours
01:51:33 au Sénat, lui qui fut sénateur 15 ans,
01:51:37 concluait par les mots définissant le Parlement.
01:51:40 Le Parlement est un phare
01:51:45 qui doit éclairer l'avenir,
01:51:48 et non le miroir transitoire
01:51:52 des passions publiques.
01:51:55 Je crois que c'est notre rôle,
01:51:58 en reprenant ces mots
01:52:00 de Robert Van Ater,
01:52:02 sénateur des Hauts-de-Seine,
01:52:04 monsieur le président Marseille.
01:52:07 C'est vrai que nous avons une conception,
01:52:11 ensemble, du bicamérisme.
01:52:14 Du bicamérisme parce que
01:52:17 il joue un rôle dans l'équilibre
01:52:18 de nos institutions.
01:52:19 Nous sommes différents,
01:52:21 nous n'avons pas toujours du même avis,
01:52:23 mais nous pensons
01:52:25 que ce balancier stabilisateur
01:52:27 des institutions qu'est le Sénat,
01:52:29 comme le lieu d'épulsion
01:52:31 que l'Assemblée nationale,
01:52:32 eh bien, tout ça peut former
01:52:34 une symphonie pour la République.
01:52:37 Alors, c'est vrai, je le dis,
01:52:40 j'ai été très sensible,
01:52:43 très sensible et blessé par cette montée
01:52:45 de l'antisémitisme dans notre pays,
01:52:47 mais pas que dans notre pays.
01:52:49 Vous savez bien, monsieur l'ambassadeur,
01:52:51 dans un certain nombre d'autres pays,
01:52:54 et qu'il m'a semblé qu'il était indispensable
01:52:56 de réagir, de réagir face à ce qui est
01:53:00 le contraire des valeurs de la République.
01:53:03 On peut être de gauche, on peut être de droite,
01:53:05 on peut être du centre,
01:53:06 mais il y a des valeurs sur lesquelles
01:53:08 on ne transige jamais.
01:53:10 La dignité des hommes,
01:53:12 la mémoire aussi de ceux qu'ont vécu
01:53:15 nos compatriotes de confession juive.
01:53:18 Robert Benatter nous a rappelé,
01:53:21 dans un discours terrible,
01:53:22 un jour de commémoration du Veldiv,
01:53:25 qu'il y avait aussi des responsabilités françaises
01:53:29 dans tout cela. Eh bien, nous,
01:53:30 nous pensons que notre responsabilité,
01:53:33 nous devions l'assumer.
01:53:35 Voilà, au travers du Parlement,
01:53:37 du bicamérisme, de la personnalité,
01:53:40 je dois le dire, attachante, profondément humaine,
01:53:42 de Yael Brown-Pivet,
01:53:44 voilà, au travers de notre responsabilité,
01:53:47 et moi, j'ai envie de dédier ce prix
01:53:51 en nous en remerciant aux plus de 180 000
01:53:55 qui nous ont accompagnés avec leurs pieds,
01:53:57 à Paris, en province,
01:54:00 et au fond, à tous ceux qui nous ont fait
01:54:02 des messages, tout simplement,
01:54:04 pour la dignité des hommes.
01:54:05 Et c'est vrai que j'ai eu un coup de gueule
01:54:08 qui n'est pas trop dans mon style.
01:54:10 Moi, le vétérinaire qui n'est parlé d'oralité
01:54:13 qu'au travers des animaux,
01:54:14 vous voyez à quoi je fais allusion.
01:54:17 Parce que, je vous le dis,
01:54:19 je ne supporte pas les allusions,
01:54:23 les propos, quand ils sont équivoques
01:54:26 par rapport à des valeurs essentielles.
01:54:29 Voilà ce que je voulais exprimer
01:54:31 en remerciant la présidente de l'Assemblée nationale,
01:54:34 de ce qu'elle est, de ce qu'elle transmet
01:54:37 et de ce qu'elle nous permet de partager
01:54:39 pour la République.
01:54:41 (Applaudissements)
01:54:43 (...)
01:55:07 Cette 32e cérémonie de haut niveau
01:55:10 avec que de beaux discours se termine.
01:55:13 Je vous remercie de votre attention
01:55:14 et de votre fidélité au Tromédioscope.
01:55:17 Avant d'inviter tous les lauréats à venir sur l'estrade
01:55:19 pour la traditionnelle photo,
01:55:20 je tiens à remercier très chaleureusement
01:55:22 nos fidèles partenaires,
01:55:24 CCI France, la FEPEM, l'Institut Opinion Noël,
01:55:27 CP, Assemblée nationale et Public Sénat.
01:55:30 Je vous donne rendez-vous dans un an
01:55:32 pour un nouveau palmarès du Tromédioscope
01:55:34 et chaque mois dans une nouvelle région
01:55:37 pour ce prix des collectivités.
01:55:38 Je vous remercie.
01:55:40 (Applaudissements)
01:55:42 (...)
01:55:48 (Musique douce)
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