En janvier dernier, Pierre-Yves Bournazel, conseiller d'opposition au conseil de Paris a proposé la création d'un "Airbnb de la solidarité": une plateforme qui permettrait à des Parisiens volontaires d'accueillir pour la nuit des sans-abris. Nous sommes allés à la rencontre de l'association Utopia 56 qui propose déjà un concept similaire à petite échelle: qu'est-ce que cette plateforme pourrait changer ?
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00:00 Quand mes enfants ne sont pas là, cette chambre est disponible.
00:02 Donc, je peux la mettre à disposition des personnes qui viennent.
00:05 Il y a trois lits.
00:06 Ça fait du sens pour moi.
00:10 C'est de la vie dans cette chambre.
00:11 Et puis, je me dis que j'ai de la place pour accueillir.
00:15 En 2023, 3 000 personnes ont dormi dehors chaque jour
00:18 sans aucun hébergement d'urgence.
00:19 Et ça, juste dans les rues de Paris.
00:21 À la mairie de Paris, dans ces bureaux,
00:23 Pierre-Hubert Bournazel aimerait impliquer les citoyens
00:25 pour endiguer ce problème.
00:26 Nous avons fait un certain nombre de propositions nouvelles,
00:28 dont le Airbnb de la solidarité.
00:31 Car Airbnb, ce n'est pas uniquement pour les touristes.
00:33 Ça doit être d'abord en priorité pour les personnes
00:35 qui sont en grande détresse.
00:37 Et donc, nous proposons sur la base du volontariat
00:39 une plateforme de logement solidaire
00:41 pour permettre à ces personnes d'être à l'abri
00:44 pour une nuit, pour une semaine, pour un mois.
00:47 L'association Utopia 56 propose un concept similaire.
00:50 Alors, il n'y a pas de plateforme Internet
00:51 et ça se passe tous les soirs ici.
00:53 Alors, ici, les personnes viennent
00:55 car elles sont en situation de rue.
00:56 Et au travers de notre réseau d'hébergement solidaire,
00:59 on essaye de leur trouver des hébergements d'urgence
01:02 chez le citoyen.
01:03 Alors, une plateforme, pourquoi pas en soi,
01:06 mais il est indispensable qu'il y ait derrière un humain
01:10 qui prenne en considération la personne.
01:12 Vous avez une assistante sociale ou pas ?
01:15 Ah, vous cherchez une assistante sociale, d'accord.
01:17 Ça va être important.
01:18 Aujourd'hui, on est beaucoup derrière son téléphone
01:20 et on manque du relationnel.
01:22 Alors que les personnes qui sont ici en situation de rue,
01:25 avant tout, le problème, c'est l'indifférence.
01:27 Vous voulez poser vos affaires dans la chambre ?
01:38 Ok.
01:39 Ça va, les deux lits, du coup ?
01:40 Elle dort avec vous ?
01:41 Oui.
01:42 Pas besoin du petit lit ?
01:43 Non.
01:44 Ok.
01:45 Et puis, si vous voulez faire le biberon ?
01:47 J'ai donné un peu,
01:49 d'une façon très arbitraire,
01:51 deux jours où je voulais bien être contactée.
01:52 Donc, le mercredi et le jeudi,
01:54 je reçois un texto sur le coup de 18h.
01:57 On me dit, voilà, est-ce que vous êtes disponible ce soir ?
01:59 Et voilà, après, je suis libre de dire oui ou non.
02:02 On m'a dit que c'était vraiment pour dormir,
02:06 donc il n'y a pas la question du repas,
02:08 il y a la question de l'accueil,
02:10 mais ce n'est pas non plus contraignant.
02:11 Il y a quelque chose d'assez pudique, quoi.
02:12 On ne se raconte pas trop les choses,
02:14 enfin, on discute parfois,
02:16 mais c'est pas...
02:17 C'est engageant, mais pas trop.
02:18 Beaucoup de gens s'en font une montagne.
02:20 Moi, beaucoup de gens me disent, ah, je t'admire.
02:22 Enfin, en fait, je dis, bah non, en fait, je ne fais rien, quoi.
02:25 Et même, moi, je trouve que ça m'apporte aussi
02:28 parce que, à mon échelle,
02:31 j'ai l'impression de ne pas rien faire, quoi.
02:32 Vous avez mangé déjà ?
02:34 Ramenez, d'accord. Très bien.
02:36 Moi, ce soir, je vais partir, comme l'autre fois.
02:38 Je vais partir la soirée, je reviendrai dormir là.
02:40 J'aime bien aussi partir pour laisser la place un peu à la famille, quoi.
02:44 Je me dis, je ne connais pas, en fait,
02:45 leurs conditions de vie la journée.
02:46 Donc, je me dis que c'est bien, voilà,
02:47 qu'ils disposent un peu de l'espace.
02:49 Le soir, ils peuvent naviguer entre la cuisine,
02:51 la salle de bain, la chambre.
02:53 Ça va ? Vous avez tout ce que vous voulez ?
02:55 Quand on va se réveiller, vous pouvez appeler mes familles.
02:57 OK, OK, quand vous voulez.
02:58 Bonne soirée, bonne nuit.
03:00 Aujourd'hui, malheureusement,
03:06 on n'a pas un réseau d'hébergement solidaire
03:08 qui nous offre la capacité de répondre à l'ensemble des besoins.
03:11 Donc, c'est pour ça qu'on a des tas de personnes aujourd'hui
03:13 qui restent sans abri.
03:14 D'autant qu'ici, malheureusement, face à nos capacités,
03:17 on ne s'adresse qu'aux familles et aux femmes seules.
03:20 Ce qui, évidemment, n'est pas représentatif
03:22 de l'ensemble des personnes à la rue.
03:23 Cette plateforme, évidemment, gérée avec l'État et la ville,
03:26 pourrait être beaucoup plus puissante,
03:28 permettre d'accueillir davantage de citoyens
03:31 pour faire en sorte qu'il y ait plus de logements solidaires.
03:34 Évidemment, il y aurait une indemnité compassatrice, défiscalisée,
03:38 comme c'est le cas pour les hôtels,
03:40 afin d'inciter les Parisiennes et les Parisiens
03:42 qui sont solidaires, humanistes,
03:44 à aider celles et ceux qui souffrent et qui sont dans la rue.
03:47 [Bruit de la voiture qui se déplace]