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Doctorant en langue et culture corse, Nicolas Battini est le jeune dirigeant de l’association culturelle Palatinu qui se donne pour première mission de défendre l’identité corse.
Condamné à huit ans de réclusion à l’âge de 18 ans, Nicolas Battini a fait six années de prison pour l’attaque à la voiture bélier de la sous-préfecture de Corte qui avait provoqué de gros dégâts matériels. Aujourd’hui, le responsable corse propose un nouveau narratif dans le nationalisme corse, "un nationalisme de notre temps". "La Corse ne fabrique plus de Corses, la machine est cassée. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut la mettre au rebut. Il faut la reconstruire !".
En rupture de ban avec ses anciens amis, Nicolas Battini affirme que l’identité corse est menacée par l’immigration mais aussi le wokisme, l’islamo-gauchisme et le centralisme parisien. Un discours novateur qui trouve un véritable écho dans la population qui se mobilise et manifeste dans la rue. Alors que se dessine sur l’île la revendication d’une identité revigorée, Nicolas Battini vient de créer une formation politique "Mossa palatina" avec en ligne de mire les élections municipales et territoriales.

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Transcription
00:00 [Générique]
00:06 Un doctorant en langue et culture corse, Nicolas Battini, dirige une organisation associative et culturelle intitulée Palatinu,
00:13 qui entend défendre l'identité corse.
00:16 Et je suis donc avec Nicolas Battini. Bonjour monsieur.
00:18 Bonjour.
00:19 Merci d'être venu de Corse dans les studios de TV Liberté.
00:22 Vous êtes un militant nationaliste corse depuis votre adolescence.
00:26 Vous avez été condamné à l'âge de 18 ans à 8 ans de réclusion.
00:30 Et vous avez fait 6 ans de prison pour l'attaque à la voiture Bélier de la sous-préfecture de Corte.
00:36 Il faut préciser que cette attaque n'avait pas provoqué d'autres dégâts que des dégâts matériels.
00:43 Aujourd'hui, vous répétez à qui veut l'entendre que vous proposez un narratif nouveau dans le nationalisme corse.
00:48 Un nationalisme, je cite, de notre temps.
00:51 Alors comment a mûri en vous cette évolution et qu'est-ce que le nationalisme corse de notre temps ?
00:58 Eh bien écoutez, cette évolution a mûri tout au long du parcours militant qui a été le mien depuis ces 15 dernières années,
01:05 notamment lors de mon parcours carcéral que vous venez d'évoquer,
01:09 où précisément le nationaliste corse que j'étais et que je suis toujours,
01:13 a pour la première fois de son parcours militant ressenti le sentiment d'européennité
01:19 qui à ce moment-là était tout à fait nouveau.
01:21 En ce que nous ne nous projetions pas dans un monde qui intégrait la culture et l'identité corse
01:27 au cadre qui est le sien historiquement, c'est-à-dire l'Europe occidentale,
01:32 en ce que le nationalisme corse depuis les années 60 et 70
01:35 a conceptualisé au sein de la revendication identitaire ce que l'on appelle le tiers-mondisme,
01:40 c'est-à-dire en tout cas une pensée qui existait déjà évidemment dans le monde,
01:43 mais qu'il a adapté à la Corse afin de présenter aux Corses la nécessité de défense identitaire
01:49 dans un cadre précisément qui était celui du tiers-mondisme
01:52 et qui présentait la Corse comme faisant partie du tiers-monde devant se libérer,
01:56 se révolter face à l'impérialisme occidental évidemment incarné par la France dans ce narratif-là.
02:02 Eh bien voyez, le nationaliste corse que j'étais dans le milieu carcéral
02:08 a eu à affronter si j'ose dire ou en tout cas à expérimenter la vie en tant que minorité ethnique
02:15 au sein de populations très largement extra-européennes.
02:18 Et des événements bien précis tels que les massacres du Bataclan d'ailleurs
02:23 m'ont permis, en tout cas m'ont poussé à connaître le genre de situation
02:30 où très clairement des attentats islamistes contre des Européens sont acclamés
02:36 et qui sont en ce moment, pour ce qui me concernait en tout cas à ce moment-là,
02:38 la moitié de mon établissement carcéral.
02:41 Ce qui pousse évidemment un certain nombre de conclusions et de repositionnements idéologiques.
02:45 C'est une anecdote fondamentale et essentielle dans mon parcours.
02:49 Existe évidemment dans le cadre de l'engagement que j'ai connu
02:53 un attentat qui a eu lieu en Corse en janvier 2018
02:57 commis par un arabe au musulman qui est né en Corse, qui a grandi en Corse
03:01 et qui s'en est pris à deux surveillants en Corse
03:03 en les lardant d'une trentaine de coups de couteau au cri d'Allah Akbar.
03:06 C'est évident que ce genre d'événements, ce genre de situation
03:09 a poussé le militant que j'étais et que je suis toujours
03:13 à intégrer ou à vouloir intégrer au sein du nationalisme corse
03:17 les nouvelles thématiques qui ne se posaient pas dans les années 70
03:21 précisément telles que l'immigration massive, pour ce qui concerne la Corse,
03:25 pas pour l'Europe en général, ou en tout cas l'islamisme criminel
03:29 que les populations européennes ont à connaître depuis un certain nombre d'années.
03:34 – Vous avez dit, je trouve que vous avez dit qu'un élément déclencheur aussi
03:37 dans votre réflexion a été la crise née de l'assassinat,
03:40 c'était le 21 mars 2022, il y a près de deux ans de cela,
03:43 d'Ivan Colonna par un islamiste, et T.V.L. et David Louis
03:47 ont présenté un numéro de contre-enquête sur cet assassinat du berger de Karges.
03:52 Est-ce que ce crime ne met pas seulement en cause dans votre esprit
03:55 que, on a dit, le rôle de l'État ou de l'État profond, ce n'est pas seulement cela ?
03:59 – Écoutez, il est évident que dans tout attentat meurtrier qui est commis
04:03 et qui est perpétré en France ou en Europe,
04:06 les gouvernements qui ont à leur charge la défense des citoyens
04:09 sont évidemment responsables.
04:11 Mais ce n'est pas la question qui se posait en Corse à ce moment-là.
04:14 Lors de l'assassinat d'Ivan Colonna, un narratif a été présenté
04:18 par la majorité territoriale et qui consistait tout simplement
04:21 à accuser l'État d'être le commanditaire de cet assassinat,
04:25 ce qui m'est apparu comme tout à fait aberrant
04:28 et comme un véritable moyen de diversion,
04:31 afin de ne pas évoquer la question centrale de l'assassinat d'Ivan Colonna
04:35 qui est la question de l'islamisme.
04:37 Et vous avez raison de soulever cet événement
04:39 car il intervient quelques années après ma libération,
04:42 alors que toutes les conclusions que j'ai pu tirer
04:44 et que j'ai exposées lors du préambule de cette discussion
04:48 m'ont poussé à me rapprocher d'une formule plus modérée,
04:53 du nationalisme corse qui exclut la violence politique
04:56 et qui exclut la perspective de l'indépendance.
04:58 – On va en parler de cela.
05:00 Vous avez parlé à travers l'assassinat d'Ivan Colonna de traumatisme,
05:04 c'est le terme que vous avez utilisé en Corse,
05:06 et donc des changements de structure mentale dans l'île
05:09 après cet assassinat, c'est aussi exact que cela ?
05:12 – Je le crois.
05:13 En tout cas, dans une bonne partie du milieu militant,
05:15 pour ce qui concerne le reste de la Corse,
05:17 vous savez, la Corse n'a jamais réellement,
05:19 dans les profondeurs de son opinion publique et de l'électorat,
05:23 n'a jamais réellement intégré le grand narratif tiremondiste.
05:28 C'est ce qui précisément rend possible des situations électorales
05:31 telles qu'une majorité de nationalistes territoriales
05:34 qui peuvent développer ce narratif tiremondiste
05:37 et d'extraction de l'identité corse
05:39 de son véritable bassin occidental et européen,
05:42 et dans le même temps, à seulement une année d'intervalle,
05:45 une large majorité de l'électorat qui vote au présidentiel
05:48 pour Marine Le Pen au second tour.
05:50 Je rappelle que Marine Le Pen a réalisé,
05:53 aux dernières présidentielles en Corse, au second tour,
05:55 58% des suffrages exprimés.
05:59 – Vous affirmez que l'identité corse est menacée par l'immigration,
06:02 vous le faites à l'instant, vous faites le même constat
06:05 que les Corses sont en passe de devenir minoritaires.
06:09 Il y a une remise en cause, dites-vous,
06:11 de la notion de communauté de destin, et ces propos,
06:14 vos manifestations, celles que vous organisez
06:17 sur le thème "Terra Corsa, Ai Corsi",
06:20 c'est-à-dire la terre corse aux Corses,
06:22 vous mettez totalement en rupture avec les nationalistes
06:26 qui dirigent par exemple la collectivité corse,
06:29 mais aussi avec ceux qui furent, il n'y a même pas quelques années encore,
06:32 vos amis.
06:33 – Absolument, vous savez, ce qu'incarne Paladine,
06:35 aujourd'hui, dans le débat politique en Corse,
06:38 c'est précisément la recomposition du débat public,
06:41 non plus autour de simples questions institutionnelles,
06:43 qui nous poussaient tous, nationalistes,
06:45 à converger vers la même proposition,
06:47 en dehors de nos appréciations philosophiques
06:50 et du contenu sociétal que nous voulions mettre dans l'autonomie.
06:54 Nous poussent à rompre avec cette logique œcuménique
06:58 autour de la question institutionnelle,
07:00 et au-delà de la simple question du contenant,
07:03 et bien vouloir préciser le contenu.
07:06 Et je pense qu'en effet, ceux qui militaient,
07:09 il y a encore peu de temps,
07:12 dans les mêmes structures,
07:13 et qui aujourd'hui s'affrontent entre un nouveau paradigme
07:16 qui oppose le nationalisme palatinien et le nationalisme tièrement diste,
07:20 et bien correspondent à la situation, à l'évolution qui est la mienne
07:24 et que vous évoquez à l'instant,
07:26 et incarnent précisément ce grand changement de paradigme,
07:29 de schéma d'opposition en Corse,
07:31 qui va nécessairement déterminer la prochaine coloration du paysage politique.
07:36 – Quand on dit la terre Corse aux Corses,
07:38 on vous répondra que ça répond aux Arabes dehors ?
07:43 – Cela correspond simplement à la volonté d'assurer un continuum historique en Corse.
07:48 Et vous savez, un continuum historique qui, évidemment,
07:52 est nécessairement enraciné dans une réalité humaine,
07:55 et dans une communauté historique.
07:57 Alors on peut parler en effet de la question migratoire sous tous ses aspects.
08:01 Vous savez qu'il y a en effet un problème arabo-musulman qui est très clair,
08:05 et qui concerne, je pense, l'essentiel des pays européens,
08:08 mais aussi en effet un problème migratoire qui lui est plus héliotropique,
08:13 si j'ose dire, et plus bourgeois,
08:15 qui correspond globalement à une sociologie d'Européens plutôt de gauche,
08:18 boomers qui ont pu, ces dernières années, accumuler un certain capital,
08:22 qui leur permet en effet d'acquérir des biens immobiliers,
08:26 et foncier sur un marché Corse qui est passablement haut,
08:29 c'est le moins qu'on puisse dire.
08:31 Donc je pense qu'il y a en effet ces différentes dimensions
08:35 de la question démographique qui, pour la question européenne,
08:39 évidemment fait monter les prix du foncier
08:41 et empêche les Corses de se loger chez eux,
08:43 ce qui est passablement compliqué lorsqu'on est un autochtone sur une île,
08:46 et qu'on ne peut pas changer de département, évidemment,
08:48 sauf à aller vivre dans l'eau, mais enfin,
08:50 qui n'est pas nécessairement une perspective réalisable et appréciable.
08:54 Bon, au-delà de ça, pour être plus sérieux,
08:57 évidemment la question, la dimension extra-européenne,
09:00 qui, ma foi, s'incarne à travers un certain nombre de problématiques
09:04 liées à l'insécurité, liées aussi à une nativité,
09:08 une démographie galopante, qui concurrence très clairement
09:11 la démographie autochtone en Corse, qui, comme vous le savez,
09:13 souffre passablement d'un déficit de natalité,
09:16 plus encore que le reste de la natalité européenne.
09:19 – Nicolas Battini, vous dites encore,
09:21 j'ai vraiment essayé de parcourir tout ce que vous indiquiez,
09:24 tout ce que vous avez écrit, tout ce que vous avez dit,
09:26 la Corse ne fabrique plus de Corse, la machine est cassée,
09:29 ce n'est pas pour autant qu'il faut la mettre au rebut.
09:32 Et je me suis dit, là, est-ce qu'il faut donc la reconstruire ?
09:34 Mais comment on fait ?
09:35 Est-ce qu'on a ce problème ?
09:36 Par exemple, on supprime le droit du sol en Corse,
09:39 comme on veut le faire à Mayotte.
09:40 Première question.
09:41 – Écoutez, évidemment qu'il faut supprimer le droit du sol.
09:44 Mais au-delà de cela, je veux rebondir sur ce que vous avez dit,
09:46 en ce que nous ne parlons pas de fabrique de Corse,
09:48 nous ne parlons pas, pour ce qui nous concerne, de communauté de destin,
09:51 précisément nous nous inscrivons en faux, face à ce discours
09:54 qui est celui, très clairement, du président Siméoni
09:56 et de la majorité territoriale,
09:58 en ce que nous pensons que les Corses, à l'égal des autres peuples du monde,
10:01 ne se fabriquent pas, ils s'engendrent.
10:03 L'essentiel des Corses le sont, bien précisément,
10:06 parce qu'ils viennent de famille Corse,
10:08 ou bien du côté paternel, ou bien du côté maternel, ou bien des deux côtés.
10:12 Et je pense qu'en vérité, lorsque l'on évoque le fait que la Corse
10:15 ne produise plus assez de Corses,
10:17 eh bien, en vérité, on parle, sans la nommer,
10:20 de la problématique de la natalité.
10:22 Et par conséquent, je pense que l'avenir des Corses
10:25 en tant que peuple sur leur terre,
10:27 au-delà de la question migratoire, qui doit nécessairement être réglée,
10:30 qui doit, en effet, comprendre des mesures extrêmement claires,
10:33 telles que la suppression du droit du sol,
10:35 ce qui est valable pour l'essentiel des peuples occidentaux, je pense,
10:38 eh bien, doit nécessairement se munir de réponses
10:41 sur la question de la natalité et du natalisme.
10:43 – Pardonnez-moi, quand on ne veut pas être indépendant,
10:46 quand on ne veut pas, comment dire,
10:49 prendre en compte la réalité de la Corse politique aujourd'hui,
10:52 on peut tenir votre discours, mais là, en ce moment, au moment où nous parlons,
10:55 la Corse, elle est "tenue" par des politiciens locaux
10:59 qui soutiennent l'immigration, ils ne font rien pour la natalité,
11:02 et par un État central qui est tout aussi immigrationniste
11:05 et qui ne fait rien pour la natalité.
11:06 Comment fait-on ?
11:07 – Eh bien, d'où la nécessité de se battre localement
11:10 sur le discours que nous promouvons,
11:11 mais également de développer des partenariats et des points d'entente
11:15 avec des forces politiques qui, au niveau national,
11:18 mènent sensiblement le même combat,
11:20 notamment sur la natalité, et évidemment,
11:22 sur la défense de la civilisation occidentale
11:24 et sur la volonté de s'opposer à l'immigration massive
11:27 qui menace l'existence même des peuples européens.
11:30 – Vous allez quand même plus loin,
11:31 parce que vous êtes en rupture de banc avec vos anciens amis,
11:33 on le voit bien, mais vous n'hésitez pas à mettre un peu d'huile sur le feu
11:36 parce que vous dénoncez les dérives de l'islamo-gauchisme,
11:39 mais aussi le hockisme, vous vous emparez du domaine culturel.
11:42 J'ai trouvé par exemple un tacle à Simeoni,
11:45 la culture corse, c'est aussi chanter "Dio vi salvi Regina"
11:49 ou investir la mairie de Bastia pour installer une crèche.
11:53 – Absolument, vous savez, je pense que le crime politique
11:57 totalement impardonnable du nationalisme dont nous sommes tous issus,
12:02 mais évidemment j'incrimine dans mon propos les cadres
12:05 et non pas les militants qui, évidemment,
12:08 sont en charge de la conduite de la politique de la collectivité de Corse,
12:14 le grand crime impardonnable réside précisément dans le fait
12:18 que l'autonomisme que l'on peut aisément qualifier aujourd'hui de gauche
12:22 et au pouvoir en Corse a promis à notre peuple la défense de la langue,
12:26 la défense de la culture, la défense de la terre, la défense de l'identité
12:30 et lui a donné, une fois qu'il est arrivé au pouvoir,
12:33 l'Ocean Viking, l'Aquarius, les bateaux de migrants,
12:36 la première guépride de Corse à Bastia, la théorie du genre et l'écriture inclusive.
12:40 Vous admettrez que, ou bien nous avons affaire à un malentendu,
12:46 profond, très clair, ou bien à l'une des plus terribles escroqueries politiques
12:51 que la Corse ait connue dans son histoire contemporaine,
12:53 quoi qu'il en soit, cela devra nécessairement se régler
12:56 d'un point de vue électoral et politique.
12:58 – Vous avez fait le choix de l'autonomie, j'ai bien compris,
13:00 et non du régionalisme ou de l'indépendance,
13:03 vous êtes donc totalement en rupture avec ce que vous fûtes.
13:06 – Eh bien, je ne pense pas être en rupture avec ce que je fûte.
13:10 Je pense simplement que la motivation fondamentale du nationalisme corse,
13:16 qui consiste, comme de tout nationalisme,
13:18 qui consiste à assurer au peuple dont nous sommes issus
13:23 les moyens de la pérennisation de son existence
13:26 et de la continuité de son être dans l'histoire,
13:28 eh bien, aujourd'hui dans mon esprit,
13:30 se sont dotées d'appréciations différentes,
13:33 notamment sur la question institutionnelle,
13:35 en ce que je considère que les positions extrêmement radicales
13:38 qui ont été celles de ma jeunesse,
13:39 mais aussi, je pense que dans mon propos,
13:41 se reconnaissent des dizaines, pour ne pas dire des centaines,
13:43 de militants nationalistes qui ont évolué de façon très naturelle
13:46 et très spontanée devant l'impasse des réalités,
13:49 eh bien, je crois que ces préconisations qui étaient les nôtres
13:52 lors de notre jeunesse et de notre adolescence
13:54 ne sont pas en capacité d'assurer précisément
13:58 ce que les motivations initiales du nationalisme corse
14:02 sont en termes de volonté d'assurer la survie du peuple corse
14:05 sur la terre de ses ancêtres.
14:06 – C'est-à-dire, reconsidérer que l'appartenance de la Corse à la France
14:08 ne mène pas à la disparition du peuple corse.
14:10 – Dès lors que la France est gouvernée par des gens
14:12 qui ne sont pas des Jacobins et qui acceptent de prendre en compte
14:15 les réalités autochtones des territoires qui constituent
14:18 l'ensemble du territoire national, en particulier de la Corse,
14:21 qui en effet, je pense, n'est pas comparable de ce point de vue,
14:24 du point de vue identitaire, du point de vue culturel
14:26 et du point de vue historique à d'autres régions françaises.
14:29 – Vous considérez donc que les revendications en Corse
14:31 sont finalement bien moins de nature institutionnelle
14:33 que de nature identitaire ?
14:34 – Je le crois absolument et je pense que c'est précisément
14:37 le jacobinisme buté d'une certaine droite
14:39 qui l'a récupéré suite à la Seconde Guerre mondiale
14:42 à un logiciel de gauche.
14:44 Car il faut bien rappeler que le jacobinisme est historiquement
14:46 un logiciel de gauche, voire d'extrême gauche,
14:48 qui est né avec la Révolution française
14:50 et avec le fameux rapport de l'abbé Grégoire
14:52 que vous connaissez très certainement.
14:54 Je pense que la droite française et les droites
14:57 qui globalement veulent défendre l'héritage civilisationnel
15:00 de la France et des autres pays d'Europe,
15:02 dès lors qu'elles prennent en compte cette réalité corse
15:04 comme d'autres réalités autochtones,
15:06 et bien ma foi, non seulement ne sont plus des ennemis,
15:08 non seulement ne sont plus des ennemis mortels,
15:10 mais je pense peuvent et doivent devenir des partenaires privilégiés
15:13 dans une entente mutuelle et dans une pleine conscience
15:17 que les périls qui nous menacent sont communs.
15:21 Et je crois peuvent revêtir,
15:23 dès lors que nous ne nous organisons pas
15:25 pour nous battre contre eux,
15:27 un caractère tout à fait mortel.
15:29 – Alors on le voit tout au long de votre discours,
15:31 vous développez des considérations politiques bien sûr,
15:33 que vous voulez élever ou nobles,
15:35 les téléspectateurs jugeront bien sûr.
15:37 Est-ce que c'est suffisant pour s'engager
15:39 dans l'arène électorale avec le lancement
15:41 de votre organisation politique maintenant
15:45 qui va s'appeler Mossa Palatina ?
15:47 La vie politique corse, elle est marquée,
15:49 je pense quand même par des logiques claniques,
15:51 familiales, qui sont quand même bien loin
15:54 des considérations et des exigences que vous évoquez,
15:57 que vous avez.
15:58 – Absolument, mais c'est d'autant plus nécessaire
16:01 que d'investir le champ électoral
16:03 et le champ du débat public.
16:05 En effet, il existe dans la société corse
16:07 des mécanismes que vous venez d'évoquer
16:09 des mécanismes familiaux et claniques
16:11 mais qui peuvent, je dirais, profiter
16:13 à n'importe quelle démarche politique
16:15 dès lors qu'elle est insérée d'un point de vue social.
16:17 Mais au-delà de ça, nous prenons notre peuple tel qu'il est.
16:19 Et il y a en Corse un certain nombre de gens
16:22 qui ne doivent rien à personne,
16:24 qui n'appartiennent à aucune clientèle,
16:26 à aucune affiliation et qui sont vus précisément
16:28 par cette volonté de défendre un certain nombre
16:30 d'idées politiques et il va sans dire
16:33 que le logiciel que nous développons
16:35 qui est, somme toute, qui s'établit
16:37 à la croisée des chemins entre une droite
16:39 très identitaire et très régionaliste
16:41 et un nationalisme autonomiste
16:43 et conservateur et légaliste
16:45 représente d'un point de vue culturel
16:47 une force tout à fait centrale
16:49 qu'il s'agit désormais, évidemment,
16:51 de représenter d'un point de vue électoral.
16:53 – Amos Apalatina, c'est pour les prochaines élections
16:55 municipales et territoriales.
16:57 Vous l'avez lancée et fait naître à Ajaccio.
16:59 C'était symbolique ou c'était parce qu'il y avait
17:01 une salle qui était disponible ?
17:03 – Eh bien, tout simplement parce qu'Ajaccio
17:05 est la première ville de Corse et que c'est également
17:07 l'un de nos poumons militants
17:09 extrêmement organisés et structurés
17:12 et que, bien évidemment, il faut,
17:14 comme dans toute œuvre, commencer par quelque part,
17:17 il nous a semblé tout à fait pertinent
17:19 d'initier notre démarche politique à Ajaccio.
17:23 – Que vous quittez tout de suite,
17:25 parce que vous serez candidat à Bastia.
17:27 – Eh bien, je serai en tout cas, en effet,
17:29 à la tête d'une démarche politique
17:31 mais qui ne sera pas cantonnée, évidemment, à Bastia,
17:34 qui a vocation à être incarnée et défendue
17:37 dans tous les champs électoraux
17:40 qui constituent, évidemment, la vie politique en Corse.
17:42 – Et pour eux, vous avez choisi Bastia.
17:44 Vous avez dit "nous pensions élire Pasquale Paoli,
17:46 nous avons pris au pouvoir des disciples vulgaires
17:48 de Jean-Luc Mélenchon".
17:49 – Oui, je parle évidemment de l'actuelle majorité municipale
17:52 qui, somme toute, sur le même modèle que la majorité territoriale
17:55 dont elle est issue, a promu une base programmatique
17:59 pour être élue qui était, somme toute,
18:01 une base programmatique basiquement nationaliste.
18:04 La langue corse, la défense de l'identité, la défense de la terre,
18:06 l'accortisation des emplois, etc.
18:08 Et est devenue, en quelques années,
18:10 sans en avoir informé les électeurs
18:13 et sans leur en avoir demandé démocratiquement la permission,
18:16 eh bien, est devenue le point avancé,
18:18 le véritable fer de lance de l'insertion du wauquisme
18:21 dans l'autonomisme corse,
18:23 qui est, ma foi, passablement indigne et immoral
18:26 d'un simple point de vue démocratique.
18:28 Il est évident que Bastia sera, pour ce qui me concerne,
18:32 mon terrain de jeu électoral,
18:34 eh bien, tout simplement parce que j'y vis
18:36 et que je suis Bastia depuis plusieurs années.
18:38 Mes enfants y sont scolarisés.
18:39 Et vous vous doutez bien qu'au-delà des questions idéologiques,
18:41 c'est le père de famille qui vous parle,
18:43 et que l'insertion du wauquisme dans des plans de formation
18:46 au sein d'établissements municipaux
18:48 m'apparaît comme quelque chose de tout à fait innommable,
18:50 que je me ferais un plaisir, en effet, d'affronter à titre personnel
18:55 et épaulé par des dizaines de militants
18:57 qui convergent sur les positions qui sont les miennes.
18:59 – Comment vos adversaires et anciens amis voient votre démarche ?
19:02 – Je pense que nos adversaires sont tout à fait conscients
19:07 de la subversion dont ils se sont rendus coupables.
19:10 Ils sont également conscients de ce qu'est le peuple corse
19:13 dans ses profondeurs,
19:14 qu'il est un peuple profondément raciné dans sa tradition chrétienne,
19:17 qu'il est un peuple profondément conservateur,
19:20 pour ne pas dire réactionnaire à certains égards,
19:22 que c'est un peuple qui n'a jamais accepté
19:25 les affres de la post-modernité 68ard.
19:28 Et par conséquent, je pense qu'un certain nombre de nos adversaires
19:32 nous craignent, eu égard à tout ce que je viens d'évoquer,
19:35 je suis persuadé qu'ils ont tout à fait raison de nous craindre.
19:37 – Nicola Batini, j'ai encore deux dernières questions très rapidement.
19:40 Premièrement, l'identité corse.
19:42 En défendant une Corse peuplée essentiellement par les Corses,
19:46 vous trouvez un écho dans les nouvelles générations.
19:48 J'ai vu quand vous aviez été arrêté qu'il y avait eu des manifestations,
19:51 des lycées qui avaient été bloqués,
19:53 mais aujourd'hui on voit bien que ce sentiment-là, il s'élargit.
19:58 Est-ce que ça c'est quelque chose que vous appréciez ?
20:01 – Vous savez, il n'y a pas une seule journée depuis
20:04 que nous avons initié notre démarche politique,
20:07 en particulier depuis ces derniers mois,
20:09 où cette dernière a rencontré une démocratisation
20:12 tout à fait incroyable et fulgurante dans l'opinion.
20:15 Il n'y a pas un seul jour sans que des Corses de la rue
20:19 ne nous arrêtent pour nous témoigner de leur sympathie,
20:22 pour nous encourager à continuer dans ce sens.
20:24 Il existe une audience tout à fait considérable en Corse
20:27 autour du logiciel que nous défendons,
20:29 en ce que nous ne faisons que dire tout haut désormais,
20:32 ce que nombre de Corses pensaient tout bas depuis des années.
20:34 – Je vois aussi qu'il y a une renaissance de la culture chrétienne
20:37 parmi les nouvelles générations.
20:38 Vous avez un cardinal médiatique, sans aspect péjoratif à ce terme-là.
20:43 Ça aussi c'est quelque chose qui redémarre.
20:47 – Écoutez, le cardinal Bousti, qui était évêque il y a encore quelques mois,
20:54 lors de la création précisément de son cardinalat à Rome,
20:57 a été accompagné par une délégation d'un millier de Corses,
21:00 qui était la délégation la plus conséquente
21:02 et qui a attiré l'attention y compris du Pape,
21:06 lorsqu'il a créé Mgr Bousti au cardinal,
21:10 et qui a remarqué en effet l'ampleur des acclamations
21:14 qui ont succédé à cette création-là.
21:16 Je crois qu'en effet, il y a une régénération de la culture corse
21:20 qui est profondément chrétienne dans son histoire,
21:22 mais comme toutes les cultures autochtones européennes,
21:24 à ceci près que la culture corse, dans l'espace politique français,
21:28 n'a pas eu à subir les profondeurs et somme toute la lourdeur
21:33 du travail de sécularisation qui a été entrepris par la République
21:36 depuis plusieurs générations.
21:38 Et cela en effet est nécessairement lié à ce que vous venez d'évoquer.
21:41 Au-delà de ça, je suis issu d'une génération qui,
21:44 contrairement à la génération de nos parents et encore moins
21:46 à celle de nos grands-parents, a eu à grandir et à se structurer
21:50 dans un état de minorisation avancée,
21:52 dans un certain nombre de quartiers où les Corses
21:54 sont réellement devenus minoritaires.
21:56 Je pense que c'est le cas d'ailleurs d'un certain nombre de peuples
21:58 européens dans un certain nombre d'agglomérations et de grandes villes.
22:01 A ceci près que les potentiels de résistance et d'enracinement
22:05 communautaire en Corse sont sans aucune équivalence,
22:10 si j'ose dire, par rapport à d'autres pays d'Europe
22:12 qui, je pense, en termes de déracinement, ont particulièrement été atteints.
22:16 Je crois que c'est un avantage, un potentiel de résistance
22:19 qu'il faut mettre à profit, non seulement pour le bien de la Corse
22:21 et pour assurer à son peuple pérennisation et continuité,
22:24 mais aussi, peut-être, et c'est peut-être aussi
22:26 la pertinence de ma présence aujourd'hui chez vous,
22:29 pour en devenir essentiellement et potentiellement
22:32 un modèle à disposition d'autres peuples européens,
22:36 à disposition aussi du reste de la France
22:38 et de tous ceux qui refusent de disparaître.
22:40 – Merci beaucoup Nicolas Battigny.
22:42 Je me disais, si c'était Gilles Siméoni et que j'écoutais cette interview,
22:45 je lui dirais "Battigny, tu es venu pour nous parler d'une identité corse assiégée,
22:49 mais en fait c'est une identité corse revigorée que tu évoques".
22:52 – Je pense en effet, je pense que…
22:54 – Donc il n'y a pas besoin de s'inquiéter.
22:56 – Oui, dès lors que les motivations du président Siméon,
22:59 ils sont purement identitaires et nationalistes,
23:01 je pense qu'il a toutes les raisons du monde de se réjouir
23:04 de cette menée organisée essentiellement par de jeunes trentenaires
23:08 et de jeunes quadras,
23:10 mais je pense que les motivations de M. Siméoni
23:13 ne sont pas uniquement identitaires et nationalistes.
23:16 – Merci beaucoup Nicolas Battigny. – Merci à vous.
23:18 – Merci et bon retour en Corse.
23:19 [Musique]

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