• il y a 10 mois

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Transcription
00:00 Les survivants et survivantes se souviennent beaucoup plus en détail, beaucoup mieux,
00:05 des violences perpétrées par des femmes que des violences perpétrées par des hommes
00:10 qui sont un peu perçus comme attendus.
00:14 Je m'appelle Elissa Meilander, je suis historienne du quotidien
00:18 et ça fait 20 ans que je travaille sur le nazisme.
00:20 Germaine Tillon, la grande anthropologue et rescapée du camp de Ravensbrück,
00:27 elle nous reporte que ces jeunes femmes allemandes et autrichiennes
00:33 sont parfois au début hésitantes, elles s'excusent,
00:38 mais au fil de quelques jours, ou plus de semaines,
00:43 elles ne s'intègrent pas parfaitement dans les camps,
00:45 elles développent un peu quelque chose qu'on ne peut pas appeler une habitude de seigneur,
00:52 c'est-à-dire qu'elles donnent des ordres,
00:54 elles commencent à chiffler et à piétiner et à se comporter comme toutes les autres femmes.
00:58 Ces femmes sont tellement choquantes que les historiennes et les historiens
01:06 s'en penchent comme un sujet extraordinaire.
01:10 Donc en fait, il faut bien faire attention de ne pas surinterpréter cette violence des femmes
01:16 et revenir à la conclusion que les femmes sont plus violentes que les hommes.
01:20 Par contre, évidemment, la violence des femmes est un phénomène social omniprésent
01:27 dans les démocraties et surtout dans la dictature nazie.
01:32 Les femmes gardiennes des camps, elles rôdent un peu avec une perception des femmes pacifiques,
01:39 des femmes de foyer, parce qu'elles seront employées dans les camps de concentration
01:44 en tant qu'auxiliaires civils de la Waffen-SS.
01:49 Et dans cette fonction-là, elles vont exercer beaucoup de violence vis-à-vis des ténues femmes.
01:56 Ce sont des jeunes femmes âgées de 20 à 40 ans,
02:00 normalement issues de classes modestes,
02:04 qui justement sont attirées par un travail stable, bien payé,
02:09 et une certaine perspective de carrière.
02:11 Le modèle féminin nazi, c'est un modèle assez éclectique.
02:15 Il y a d'abord le rôle important et très politique de la mère,
02:22 la mère de famille, la mère de foyer,
02:24 qui est considérée comme porteuse de la plus petite cellule de l'État, donc la famille.
02:30 L'idée d'émancipation féminine sous le nazisme fait grand débat
02:34 parmi les historiennes du fascisme et du nazisme.
02:37 Et évidemment, la plupart des femmes allemandes
02:41 n'ont aucune révendication politique d'émancipation,
02:46 mais dans leur vie quotidienne,
02:49 elles finalement mènent une vie assez indépendante
02:54 du point de vue financier, mais aussi du point de vue professionnel.

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