• il y a 10 mois
Le tout nouveau champion d'Afrique Sébastien Haller, buteur décisif lors de la finale contre le Nigeria (2-1, ap.), est revenu, dans L'Equipe de choc, sur les nombreux rebondissements vécus par la Côte d'Ivoire durant la compétition.

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Transcription
00:00 Alors Sébastien Allaire qui est avec nous, bien sûr Sébastien qui vient de remporter la Cannes la semaine dernière,
00:05 la troisième de l'histoire de la Côte d'Ivoire. Salut Sébastien, merci beaucoup d'être avec nous.
00:10 Première question, comment va la cheville ? Surtout on sait que tu as contracté une entorse pendant cette Cannes,
00:15 on sait que tu as plusieurs semaines d'absence normalement au programme, comment ça va ?
00:20 - Bonsoir, merci.
00:22 Comme ça a été dit dans le communiqué du club, je suis toujours indisponible d'une participation à la Coupe d'Afrique.
00:31 Donc disons que je n'ai pas amélioré les choses en jouant, donc il va falloir se reposer et soigner ça bien.
00:42 - Et soigner ça bien. Mon autre question, elle est quand même un peu plus joyeuse bien sûr.
00:46 Est-ce que tu es toujours sur ton nuage une semaine après ou est-ce que tu as eu le temps de redescendre ?
00:51 - Non forcément on est toujours sur le nuage, mais plus que ça, c'est vrai qu'il faut aussi retourner à la réalité.
01:00 Ça a été très très très fort émotionnellement.
01:05 Ça a été une compétition où on a été ensemble du début à la fin, on a été ensemble peut-être six semaines.
01:13 Ça a été long, ça a été rempli de joie comme de peine et je dois vous avouer que les batteries sont un peu déchargées.
01:22 - C'est des images qu'on garde pour la vie également.
01:24 Je pense que tu as le retour plateau, j'imagine que tu vois qu'il y en a un bien sûr qui s'habille en orange aujourd'hui, spécialement pour toi.
01:32 - Oui, la bouche est marquée comme d'hab.
01:33 - Oui c'est normal, je me dis orange.
01:35 Ça va Sam ?
01:36 - Ça va, merci et toi Pierrot ?
01:38 - Très bien, je voulais juste avoir ton sentiment sur ce but que tu marques en finale.
01:44 Est-ce que c'est l'une des plus belles émotions que tu as reçues dans ta vie sur un match de foot ?
01:48 - Il n'a pas célébré.
01:49 - Non mais il n'a pas célébré.
01:52 - Ça c'est sûr et certain.
01:54 Après l'émotion, je dirais que ça a été assez long parce que la compétition a été longue.
02:01 Il y a eu beaucoup d'émotions durant tout le cheminement et le fait de marquer à ce moment-là, le match n'est pas fini non plus.
02:11 Et je dois avouer aussi que vu la compétition, vu comment elle s'est déroulée, tu n'es pas à 100% serein.
02:19 Tu sais que tu as marqué mais tu ne sais pas s'il ne va pas se passer un truc bizarre où finalement on va s'en prendre trois en trois minutes.
02:26 Tu célèbres mais tu n'as pas non plus envie d'enlever ton maillot et de faire une diakité et de te retrouver à 10 si jamais après tu…
02:35 Enfin, tu ne sais pas.
02:36 Donc tu célèbres, tu es heureux mais le temps aussi de réaliser que ce qui vient de se passer c'est exceptionnel.
02:44 Tu bug un peu.
02:47 Donc tu célèbres gentiment et tu attends surtout le coup de sifflet final.
02:52 - Thomas.
02:53 - Salut Sébastien.
02:55 On avait discuté ensemble juste avant le match face à Mayence et tu avais fait de cette Coupe d'Afrique un objectif très important dans ta carrière.
03:06 Est-ce que là tu as remporté ce trophée ?
03:08 Est-ce que tu as ce sentiment que ça va être compliqué d'avoir une émotion, une victoire aussi importante que celle-là avec ton pays, toi, binational français et ivoirien ?
03:19 - Est-ce que tu veux arrêter ta carrière ?
03:23 - Ce n'est pas prévu tout de suite là.
03:25 Mais c'est vrai qu'on en parlait.
03:28 On a parlé avec les gars là-bas.
03:30 Par exemple avec Yahia Fofana qui a arrangé et je me moquais de lui.
03:36 Je lui disais « là ça va être compliqué de trouver quelque chose qui ressemble à cette victoire-là parce que ça a été tellement fort ».
03:43 Et comme je l'ai dit, ce qui a été vu, visualisé, ce que les gens ont pu voir, c'est 10% de ce qu'on a pu ressentir nous en tant que joueurs.
03:52 Et vraiment ça n'a pas été simple mentalement.
03:57 Donc c'est clair que cette victoire vaut son peson d'or.
04:00 Elle a été attendue par beaucoup, nous les premiers.
04:05 Et c'est vrai que ça va être peut-être compliqué ou en tout cas tout de suite de réussir à trouver des émotions aussi fortes.
04:14 Parce que tout simplement, tous ceux qui jouent en sélection le savent très bien.
04:20 C'est-à-dire que quand on est en club, que ce soit l'entraîneur, les joueurs, on peut tous changer de club à un moment donné et se retrouver adversaires.
04:31 Mais la sélection, ça ne bouge pas.
04:33 Il n'y a que le coach qui peut bouger.
04:37 Et quoi qu'il arrive, quand on est embarqué en sélection, c'est du début à la fin.
04:42 Donc c'est différent.
04:43 On se doit peut-être plus de faire le job en sélection et ça marque peut-être plus que le club.
04:51 Et ça touche aussi plus de personnes quand c'est un pays.
04:55 Donc c'est des émotions différentes, surtout en Afrique.
04:59 - Bonsoir Sébastien et félicitations pour cette victoire à La Canne.
05:03 Et pas seulement, également félicitations pour ton parcours très inspirant.
05:08 Parce que c'est un chemin très compliqué qui t'a mené jusqu'à cette grande joie.
05:12 Moi j'avais une question justement sur ce qu'a été le récit de cette Canne.
05:16 Une Canne à plusieurs vitesses et notamment cette entre deux tours.
05:21 Comment vous avez vécu l'espace temps entre le 4-0 contre la Guinée équatoriale et ce match gagné,
05:27 enfin, où vous passez contre le Sénégal ?
05:30 Je voulais savoir vous, comment vous l'avez vécu ?
05:32 Est-ce que vous vous êtes mis dans votre bulle ?
05:34 Est-ce qu'au contraire, tu as senti que ça pouvait partir dans tous les sens ?
05:38 Est-ce que vous avez été consulté par rapport au choix également d'Emers Faye ?
05:42 Est-ce que tu as acheté un maillot du Maroc ?
05:44 Merci. Ah, le maillot, il était déjà à la maison.
05:49 Il était déjà là.
05:51 Ça a été un moment où on était un peu tous des zombies à l'hôtel.
05:55 On était là, mais sans vraiment être là.
05:57 C'est-à-dire qu'on nous dit oui, il y a entraînement ce jour-là, on y va, on ne sait pas trop quoi faire.
06:04 Enfin, je veux dire, on est dans notre bulle du début à la fin de toute façon.
06:07 Parce que la compétition s'avère extrêmement forte en termes de pression
06:15 et qu'on était dans un hôtel au centre-ville à Abidjan.
06:18 Donc du moins, il y en a.
06:21 Des perturbations, il peut en avoir très vite.
06:23 Donc quoi qu'il arrive, on était dans notre bulle du début à la fin.
06:25 Mais sauf que là, on est K.O. debout.
06:30 On attend, on réfléchit, on pense à toutes les erreurs, à tout ce qu'on aurait pu améliorer.
06:37 On se dit qu'il est peut-être trop tard.
06:39 Tous ces efforts, peut-être pour rien.
06:41 Toutes les attentes, tout ce qui a été aussi investi en énergie,
06:47 argent, en temps pour cette compétition-là.
06:49 Enfin, c'est beaucoup de questions.
06:53 Et comme je dis, on est abasourdu.
06:56 On est des zombies à l'hôtel.
06:58 Donc on attend patiemment le match du Maroc.
07:00 Et puis au niveau du choix du coach, on ne savait pas trop ce qui allait se passer.
07:07 Moi, je l'ai su juste avant qu'ils le disent.
07:11 Parce que je passais mon temps, moi, de toute façon, en soins et à travailler en salle.
07:16 Donc tous les petits moments avec les gars, je n'en ai pas eu.
07:21 Et ça a été assez intense.
07:23 Mais j'ai vu le préparateur physique partir.
07:25 Et il a été appelé par le fils de Gislain Printemps, donc Flo.
07:31 Et je le vois tout de suite quand il me dit bonjour et qu'il appelle Nico Girard.
07:37 Je sais qu'il y a quelque chose qui va se passer.
07:40 Donc à ce moment-là, tu te dis, bon, on va changer aussi de staff.
07:46 Moi qui suis blessé, ça veut dire aussi qu'on va devoir reprendre le protocole avec quelqu'un d'autre.
07:58 Donc voilà, il y a plein de questions qui arrivent.
08:01 Mais quoi qu'il arrive, on n'en était pas encore là.
08:05 On se demandait juste si on allait passer ou pas.
08:07 Donc ça n'a pas été simple à vivre.
08:09 – Bertrand Latour.
08:10 – Sébastien, bravo.
08:11 Bravo pour la Cannes.
08:12 Je pense qu'on a été un certain nombre à ne pas être ivoirien et à soutenir votre pays.
08:18 Parce que déjà, il y avait une ferveur dingue.
08:20 Et aussi parce que votre parcours est particulièrement aspirant.
08:22 Thidiane, il le disait, je veux insister, prolonger cette question.
08:25 Pour les gens qui ne le sauraient pas forcément, vous êtes revenu d'un cancer.
08:28 Est-ce que vous avez prévu, après ce titre justement,
08:32 vous êtes sur le toit de l'Afrique, de témoigner ?
08:34 Parce que c'est un message qui est énorme.
08:35 C'est déjà un témoignage à travers l'exploit sportif et la performance.
08:38 Mais comment vous voyez la suite vis-à-vis de ce que vous avez accompli ?
08:45 – La suite, la suite, très bonne question.
08:47 Je ne l'avais pas envisagé.
08:49 Pour moi, c'était un très, très gros objectif,
08:53 le fait d'aller à la Cannes et de représenter mon pays au mieux.
08:59 Après, c'est clair que, comme je l'ai dit, de la manière que ça s'est passé,
09:05 personne ne l'aurait imaginé.
09:08 Ça a été très sollicitant, mentalement et physiquement.
09:14 Donc là, c'est vrai qu'on est un peu dans un entre-deux
09:16 où il faut revenir à la réalité
09:18 et reprendre un peu le cours de notre vie et de notre saison.
09:24 Donc, on va se poser tranquillement, je pense,
09:28 et essayer de faire les meilleurs annonces.
09:34 Ou les meilleurs…
09:36 Je ne sais pas, on va essayer en tout cas de bien cadrer les choses.
09:40 Parce que, comme vous pouvez vous en douter,
09:41 le fait d'avoir gagné de cette manière-là,
09:44 on est pas mal sollicités.
09:45 Donc, il va falloir vraiment trouver la bonne formule
09:48 pour ne pas non plus trop parler,
09:51 mais essayer d'être vraiment convaincant dans ce qu'on dit.
09:57 - Sébastien, on voulait te montrer des images également.
09:59 C'est ton retour à Dortmund,
10:01 où tu as été complètement célébré par tes partenaires.
10:03 Nous, on va voir les images en même temps.
10:05 On voulait avoir ton sentiment.
10:06 Dis-nous comment tu as vécu tout ça.
10:07 - Non, franchement, c'était cool.
10:12 C'était sympa de voir ça.
10:15 Ça fait chaud au cœur,
10:16 surtout qu'on a été séparés pendant un bon moment,
10:20 pendant huit semaines.
10:22 De la manière dont je suis parti aussi.
10:24 Je finis sur une blessure, je pars.
10:26 C'est un peu…
10:30 Ce n'étaient pas les meilleurs adieux.
10:31 Enfin, adieu, ce n'étaient pas les meilleurs au revoir.
10:34 Et je sais qu'il y en a qui ont suivi,
10:37 qui m'ont envoyé des messages,
10:38 parce qu'on est quand même assez proches,
10:40 on parle beaucoup.
10:42 Ils savaient à quel point c'était important pour moi.
10:45 Et le fait d'avoir cette célébration-là,
10:48 qui n'est pas forcément facile pour eux,
10:50 parce qu'ils sont en pleine saison,
10:52 il y a plein de matchs,
10:53 il y a aussi le programme qu'il faut suivre.
10:57 Donc, le fait qu'ils aient pris le temps de faire ça pour moi,
10:59 c'est cool.
11:00 - On laisse le mot de la fin à Pierre.
11:04 J'ai senti que vous connaissiez très, très, très bien.
11:07 - On a joué ensemble au Cernan.
11:09 Pour la petite anecdote,
11:09 à Auxerre, il est parti…
11:10 - Tu étais remplaçant, Pierre.
11:11 - Non, mais c'est ça qui est assez paradoxal,
11:14 c'est que Sébastien est parti,
11:16 le club n'en voulait plus beaucoup,
11:17 il a une revanche.
11:18 En fait, sa vie, sa carrière,
11:20 c'est une revanche sur tout le monde.
11:22 C'est ça qui est assez dingue.
11:23 Moi, je le considère un peu comme X-Men,
11:24 parce qu'à chaque fois,
11:27 il sort de nulle part
11:28 et il fait des trucs qui sont fabuleux,
11:29 c'est parce que c'est un humain magnifique,
11:30 je tiens à le dire.
11:32 Au-delà de ça,
11:33 et maintenant que je t'ai bien ciré les pompes,
11:35 je veux juste savoir,
11:36 il y a Jean-Luc Gasset qui va être nommé
11:39 à l'Olympique de Marseille.
11:40 Toi qui l'as vu de près
11:42 et été sous ses ordres,
11:45 qu'est-ce que tu peux nous en dire un petit peu
11:47 de ce coach et de ce qu'il est en fait comme humain ?
11:52 - Un entraîneur principal à Marseille ?
11:56 - Oui.
11:57 - Ah, tu ne le savais pas !
11:59 - Je vais lui envoyer un message alors.
12:00 - Non, non, non.
12:01 - C'est déjà officiel.
12:03 - Comme je vous ai dit,
12:05 franchement, là, on essaye un petit peu de couper.
12:10 J'ai fait pas mal de choses.
12:11 On essaie de reprendre un peu la vie.
12:14 Il y a les enfants, il y a plein de choses.
12:15 Donc, je n'ai pas fait attention.
12:18 Et concernant Cotuga Gasset,
12:23 humainement, il est assez…
12:27 C'est comme le papy.
12:30 Il est assez bienveillant, il est gentil.
12:33 Il prend le temps de discuter, poser,
12:37 parle calmement.
12:38 Il va être entouré aussi de son staff
12:45 qui va gérer les choses tranquillement.
12:48 Mais ça passe aussi pas mal par le dialogue
12:50 et la relation humaine.
12:53 - Merci beaucoup Sébastien,
12:54 à l'air d'avoir été avec nous pour partager
12:56 plein d'émotions, évidemment, et ton histoire également.
12:59 Tu es le bienvenu à nouveau quand tu veux
13:00 au cœur de cette équipe de choc.
13:03 À très bientôt, évidemment, sur la chaîne L'Équipe.
13:05 On va jouer ?
13:06 - Merci beaucoup.

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