• il y a 10 mois
Depuis quelques jours, et jusqu'à la panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian le graffeur C215 peint bénévolement dans la prison de Fresnes, les portraits des dix de «l'Affiche rouge». L'Humanité est parti à sa rencontre.

Depuis quelques jours, et jusqu'à la panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian l'artiste Christian Guémy, alias C215, peint bénévolement dans la prison de Fresnes (ou ils furent incarcérés) les portraits des dix de «l'Affiche rouge» et celui de quelques FTP-MOI, afin de rendre hommage à ce groupe dans son ensemble.

Cela fait 11 ans que le street artiste sillonne les prisons françaises et peint avec ses grands pochoirs et ses aérosols des portraits de personnalités. À la prison de Fresnes, dans l'Essone, il s'est installé depuis quelques jours dans la 3e division, ici même où étaient incarcérés les résistants du groupe Manouchian et FTP-MOI.
«Quans on a su avec bonheur que Missak Manouchian était panthéonisé avec Mélinée, j'ai eu l'idée de developper le projet afin qu'il soit accompagné de ses frères d'armes afin de les rassembler une dernière fois dans ce lieu très important», souligne l'artiste.

Pour C215, il est très important de rendre hommage à ces résistants d'une manière totalement bénévole. «C'est un engagement pour moi, une sorte de participation citoyenne et cet espace doit être propice à la réinsertion», insiste le graffeur avant de rajouter : «Il y a une dimension citoyenne à humaniser un lieu républicain d'importance qu'est la prison et j'espère que ces gens là pourront un jour, inspirer quelqu'un ici».

Pour Elijah, l'assistant stagiaire de C215, il est important d'intervenir dans ce lieu invilibilisé « C'est un endroit de reconstruction et c'est primordial d'intervenir ici.»

«Être Français, ce n'est pas une affaire de nationalité, c'est adhérer à des valeurs, adhérer à des combats égalitaires, fraternels et libertaires», nous explique C215 qui bénéficie de beaucoup d'inspiration à réaliser ses portraits.

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Transcription
00:00 C'est sa plaque anthropométrique avec son numéro d'écrou l'année.
00:03 Il a un regard très fort, très déterminé.
00:05 Je pense qu'il ne craignait absolument pas la mort.
00:07 Il savait exactement ce qu'il faisait.
00:10 C'était le premier DFTPMOI que j'ai peint dans la Maison d'arrêt des hommes.
00:23 Je voulais qu'il soit imposant parce que je voulais qu'on puisse le voir
00:27 notamment en passant dans l'allée centrale de derrière les barreaux.
00:30 C'est l'un des plus gros que j'ai peints ici.
00:33 Parce que pour moi, c'est vraiment le personnage qui a le plus marqué
00:36 la mémoire de la prison au 20ème siècle.
00:38 J'ai commencé par peindre des résistants dans d'autres établissements,
00:55 puis des résistants dans cet établissement.
00:56 Puis j'ai peint Manoukian.
00:57 Et quand est venue la question de la panthonisation,
01:00 j'ai participé à son comité de soutien.
01:02 Et lorsqu'on a su avec bonheur que Manoukian était panthonisé avec Méliné,
01:09 j'ai eu l'idée de développer le projet pour qu'il soit accompagné de ses frères d'armes,
01:14 au moins ceux de l'affiche rouge et quelques autres des DFTPMOI,
01:18 ici dans le cadre de la panthonisation et de venir bénévolement
01:21 comme une sorte de teasing en amont pour les rassembler une dernière fois ici
01:26 dans ce lieu qui est très important parce qu'on parle toujours du Mont-Valérien.
01:30 Mais avant le Mont-Valérien, malheureusement, il y avait l'étape de l'incarcération.
01:35 Il y avait d'autres prisons dans Paris,
01:36 mais Fresnes était un des principaux centres d'incarcération des résistants.
01:39 Avant toute chose que je donne à voir, c'est des visages.
01:46 C'est-à-dire qu'il y a plusieurs niveaux de lecture sur les portraits.
01:51 On peut se contenter lorsqu'on est surveillant ou détenu et passé devant,
01:56 de se dire « tiens, je regarde un portrait comme un autre et un visage, une humanité comme une autre ».
02:02 Puis à mesure que je rentre dans les détails, et surtout quand je mets le cartel,
02:06 on s'apercevra qu'il était un résistant et l'un des résistants de l'affiche rouge,
02:11 un front tireur partisan de la main-d'œuvre immigrée, qu'il a été incarcéré ici.
02:16 Et si on s'y intéresse davantage, on peut aussi apprendre qu'il a été ensuite fusillé au Mont-Valérien.
02:22 Pour moi, c'est important que la démarche soit complètement bénévole,
02:25 parce que ça reste un engagement et c'est une sorte de participation citoyenne
02:29 à ce que la prison soit pas seulement un espace coercitif,
02:33 mais aussi un espace propice à la réinsertion.
02:37 En tout cas, je ne conçois pas de le faire de manière rémunérée.
02:42 C'est comme ça que je trouve que ça trouve un peu de dignité et de dignité.
02:48 C'est pas un job, c'est pas possible.
02:52 Moi, j'essaie de l'épeindre avec dignité et respect.
03:04 C'est une démarche dans laquelle je me sens bien,
03:08 parce que je trouve qu'il y a à la fois la dimension citoyenne,
03:11 à humaniser un lieu républicain, un important, ce qui est la prison,
03:14 parce qu'il ne s'agit pas de polariser le lieu.
03:19 C'est un lieu de potentialité, la prison,
03:22 et j'espère que ces gens-là puissent un jour inspirer quelqu'un ici.
03:28 Je trouve que c'est un peu comme un travail de travail.
03:43 Je trouve que c'est important parce que c'est un endroit invisibilisé,
03:48 peu médiatisé, pourtant primordial.
03:51 C'est un endroit de reconstruction aussi,
03:54 et je trouve que c'est intéressant d'y voir un peu plus clair
03:58 et de voir comment ça s'organise.
04:01 Être français, ce n'est pas une affaire de nationalité,
04:04 c'est adhérer à des valeurs et justement adhérer à certains combats,
04:08 des combats égalitaires, des combats fraternels et des combats libertaires.
04:15 Ce n'est pas seulement une ambiance, c'est la pertinence, c'est la puissance.
04:19 Ces gamins-là, ils ont passé leur vie à faire des choses,
04:24 et je pense que c'est important de voir comment ça se fait.
04:28 Je pense que c'est important de voir comment ça se fait.
04:31 Je pense que c'est important de voir comment ça se fait.
04:34 Je pense que c'est important de voir comment ça se fait.
04:37 Je pense que c'est important de voir comment ça se fait.
04:40 Voilà, ces gamins-là, ils ont passé leur dernière semaine de vie ici,
04:46 et ensuite ils ont été conduits au Mont-Valérien pour être exécutés.
04:50 Tu reviens, tu les peins là, dans un autre contexte.
04:53 C'est très puissant, c'est très inspirant en tout cas.
04:59 Moi, je ne me lasse pas.
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