80% des généralistes considère leur rôle dans la prévention des cancers comme crucial et 75% d’entre eux se disent intéressés par cet aspect de leur exercice, pourtant près d’un médecin sur trois estiment n’être pas assez formés sur les avancées dans le domaine des cancers.
Alors, comment les concerner plus ? Quel est leurs roles dans la prévention ? Et comment assurer une prise en charge des patients optimale avec les avancées que l’on connait aujourd’hui ?
Réponse avec le Pr Éric Solary, professeur d’hématologie à la faculté de médecine Paris-Saclay et médecin chercheur à Gustave Roussy, le Dr Patrick Mehlen, directeur du Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon et le Pr Matthieu Durand, chirurgien urologue et fondateur du média What’s Up Doc.
Avec la participation exceptionnelle de Denis Brogniart en live vidéo.
Alors, comment les concerner plus ? Quel est leurs roles dans la prévention ? Et comment assurer une prise en charge des patients optimale avec les avancées que l’on connait aujourd’hui ?
Réponse avec le Pr Éric Solary, professeur d’hématologie à la faculté de médecine Paris-Saclay et médecin chercheur à Gustave Roussy, le Dr Patrick Mehlen, directeur du Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon et le Pr Matthieu Durand, chirurgien urologue et fondateur du média What’s Up Doc.
Avec la participation exceptionnelle de Denis Brogniart en live vidéo.
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00:00:00 [Musique]
00:00:06 Bonsoir et bienvenue. Merci d'être présent pour cette soirée de la Fondation Arc,
00:00:12 qui portera sur une thématique particulière et probablement celle pour laquelle vous êtes présent,
00:00:18 qui concerne la cancérologie, notamment la recherche en cancérologie,
00:00:22 et notamment plus particulièrement la recherche en cancérologie et son impact avec la médecine générale.
00:00:28 C'est une soirée pour laquelle j'ai l'honneur d'être l'un des animateurs de cette soirée.
00:00:34 Je me présente, je suis le professeur Mathieu Durand, professeur d'Urologie au CHU de Nice,
00:00:39 je suis médecin-chercheur à l'Unité des Inserm,
00:00:41 et je suis spécialisé dans la cancérologie des pathologies de la santé de l'homme.
00:00:46 J'ai ce soir avec moi deux personnes particulièrement distinguées
00:00:52 qui vont pouvoir discuter des sujets pendant cette heure qui va être très intéressante entre nous.
00:00:59 Je vais accueillir le professeur Eric Solari, qui est professeur d'hématologie à l'IGR,
00:01:06 éminemment connu professeur et chercheur à l'Institut Gustave Roussy,
00:01:11 qui a des connaissances particulières sur la cancérologie en général,
00:01:15 et puis certaines, évidemment, thématiques particulières sur l'hématologie,
00:01:18 mais dont il nous fera part tout à l'heure.
00:01:21 Et avec lui, j'aurai aussi le docteur Patrick Mélen,
00:01:25 qui est évidemment très connu des Lyonnais,
00:01:29 qui est directeur du Centre de recherche en cancérologie à Lyon,
00:01:32 et qui nous fera part de son expérience particulière,
00:01:35 de son expérience depuis la conception, l'idée d'une molécule,
00:01:42 d'une recherche jusqu'à la mise en pratique et des études de phase 2.
00:01:47 Alors, on parle de cancer,
00:01:49 et le cancer, évidemment, c'est quelque chose qui nous impacte tous,
00:01:53 plus ou moins dans notre quotidien.
00:01:55 C'est quelque chose qui impacte aussi notre entourage autour de nous,
00:01:59 nos familles, on est parfois les patients.
00:02:03 Et c'est quelque chose qui est important,
00:02:05 puisque l'année dernière, c'était 433 000 nouveaux cancers diagnostiqués.
00:02:10 Donc, c'est forcément un élément important à la consultation.
00:02:14 Et 157 000 patients qui sont décédés l'année dernière du cancer.
00:02:20 Le cancer, c'est une vaste famille.
00:02:24 Ça concerne quand même 57 % pour les hommes,
00:02:27 43 % chez les femmes.
00:02:30 Donc, on est presque dans un ratio équitable.
00:02:33 C'est un ensemble de pathologies qui, dans 45 % des cas,
00:02:39 est après 70 ans.
00:02:41 C'est-à-dire que c'est une pathologie qui concerne les personnes plus âgées.
00:02:45 Mais on peut le voir dans l'autre sens.
00:02:47 C'est-à-dire que dans 50 % des cas, c'est avant 70 ans.
00:02:51 Donc, c'est évidemment très présent à la consultation.
00:02:54 C'est très présent à la consultation,
00:02:56 et comme c'est une incidence forte, une prévalence très importante,
00:03:01 comme globalement, il y a 100 000, 80 000 médecins généralistes en France en exercice,
00:03:08 donc cela représente environ 8 patients par médecin généraliste,
00:03:12 si tout était égal par ailleurs, ce qui n'est pas tout à fait le cas.
00:03:15 Mais en tout cas, c'est forcément quelque chose qui vient tous les jours à la consultation.
00:03:19 Donc, c'est un élément extrêmement important.
00:03:22 C'est la raison pour laquelle la Fondation Arc est très engagée
00:03:26 pour mobiliser la recherche à souhaiter organiser cet événement,
00:03:31 cet événement qui est ici en direct et qui est aussi rediffusé sur les réseaux.
00:03:35 Et c'est aussi la raison pour laquelle la Fondation Arc a réalisé un sondage,
00:03:39 Ipsos, il y a peu de temps, en février, qui portait sur le cancer
00:03:45 et aussi sur la vision que les professionnels de santé,
00:03:49 notamment les médecins généralistes, avaient de la prise en charge du cancer.
00:03:53 Un élément important puisque dans 90 % des cas, parmi les répondeurs,
00:03:58 médecins généralistes, tous précisaient qu'ils savaient qu'ils avaient un rôle majeur à jouer
00:04:04 dans la prévention contre le cancer.
00:04:07 Évidemment, c'est un fait, je dirais, presque banal.
00:04:10 C'est une certitude.
00:04:12 Donc, chacun à ce santé particulièrement impliqué,
00:04:15 75 % des répondeurs se disaient évidemment très intéressés par l'oncologie et la cancérologie.
00:04:20 Mais par contre, un chiffre à retenir, c'est qu'un médecin généraliste sur trois
00:04:25 évoquait avoir des freins, des problématiques à la mise en œuvre
00:04:31 de la prise en charge de patients atteints de cancer,
00:04:34 pour des raisons parfois qui touchent à des manques d'information,
00:04:39 des manques de formation, mais surtout et souvent des manques de temps,
00:04:44 des manques de temps notamment pour la partie prévention.
00:04:47 On le sait, c'est un enjeu particulier, un enjeu compliqué dans la clinique de tous les jours,
00:04:53 mais pourtant un enjeu primordial.
00:04:56 C'est un enjeu primordial et c'est aussi ce pourquoi la formation ARC s'est mobilisée
00:05:03 et a créé un podcast.
00:05:06 Et cette soirée où nous allons discuter de cancer et de recherche,
00:05:10 elle est aussi en l'honneur de lancement de ce podcast à destination du grand public,
00:05:16 mais aussi à destination des professionnels de santé et notamment des médecins généralistes.
00:05:20 Un podcast qui est animé par une personnalité, un parrain qui est bien connu,
00:05:26 parrain de ce podcast, Denis Brognard, qui est animateur et qui a choisi de s'investir
00:05:30 dans ce podcast pour essayer de porter plus loin, plus haut encore la question
00:05:34 de la cancérologie dans l'exercice clinique.
00:05:37 Je ne vais pas tout de suite vous faire écouter ce podcast, il y aura un petit peu de teaser.
00:05:41 On me propose en tout cas de vous en faire écouter quelques extraits
00:05:46 à la fin de cette édition tout à l'heure.
00:05:48 Le podcast s'appelle « Hypocrate dans le lab » et il est en tout cas téléchargeable
00:05:52 et à l'écoute sur toutes les plateformes dès aujourd'hui,
00:05:55 et aussi sur le journal WhatsApp Doc que je représente ici.
00:05:58 Alors cette soirée, elle sera en cinq temps, timée, courte, dynamique, je l'espère,
00:06:05 pour essayer d'être le plus saisissant possible.
00:06:08 Je vais d'abord inviter le professeur Eric Solari à me retrouver pour échanger
00:06:15 en tout premier lieu sur des éléments sur l'histoire de la cancérologie.
00:06:18 Alors c'est pas l'histoire de la médecine, c'est pas ce que l'on souhaite,
00:06:21 mais sur quelques grands points qui nous paraissent importants
00:06:24 pour comprendre ensuite combien il est important et comment est-ce qu'on peut pratiquer
00:06:29 aujourd'hui la prévention, le dépistage et pourquoi demain ce sera encore plus prégnant
00:06:35 dans les consultations.
00:06:37 Puis on évoluera vers les innovations thérapeutiques, celles qui nous concernent aujourd'hui,
00:06:42 celles que l'on doit mettre en œuvre ou que l'on doit faire mettre en œuvre par les réseaux de soins.
00:06:47 Et puis on évoluera avec Patrick Mellen sur ce focus local de la conception à la réalisation
00:06:54 avant que je puisse vous faire écouter.
00:06:56 Et justement, puisque je parlais du podcast, on a la chance d'avoir Denis Brenier avec nous
00:07:01 et je vais peut-être donner la parole à Denis Brenier s'il nous entend.
00:07:06 Denis, vous m'entendez ? Parfait.
00:07:09 Merci d'être avec nous. Je vous laisse la parole quelques minutes
00:07:12 juste pour introduire ce podcast pour lequel vous avez souhaité l'accompagner et le lancer.
00:07:17 Merci beaucoup. Avant de vous parler de tout ça, je m'excuse de ne pas être avec vous ce soir
00:07:24 parce que j'aurais aimé être là, mais malheureusement je suis très loin de vous,
00:07:27 dans l'océan Indien, avec quelques heures de décalage horaire.
00:07:30 Et c'est important en tout cas d'organiser cette soirée et d'avoir mis en place ce podcast.
00:07:37 Avant de vous parler du podcast « Hippocrate dans le lab », je voulais d'abord vous expliquer
00:07:41 pourquoi je suis devenu le parrain de cette fondation Arc.
00:07:46 D'abord, parce qu'en 1992, et vous l'entendrez d'ailleurs dans un des podcasts,
00:07:52 j'ai perdu mon père, j'avais à peine 25 ans, et lui avait moins de 50 ans.
00:07:56 C'est-à-dire qu'il était plus jeune que je suis aujourd'hui.
00:08:00 Et c'est important de vous dire ça parce qu'on est trois près
00:08:02 et qu'on a tous les trois dépassé les 50 ans, donc on a tous les trois dépassé l'âge symbolique
00:08:06 qui était celui de notre père au moment de son décès d'un cancer du coude mou.
00:08:11 Et c'est vrai que j'ai toujours été hypochondriaque, mais j'ai aussi toujours été très attaché
00:08:18 à la recherche et au cancer sur cette maladie, en me disant que ce n'était pas une fatalité,
00:08:25 et en me disant qu'avec le talent des oncologues, des cancérologues,
00:08:28 le talent des médecins, des chercheurs, en France et partout à l'étranger,
00:08:32 on devait réussir à réduire la mortalité, à trouver des process pour finalement soigner un maximum de cancers
00:08:42 chez les enfants, chez les adultes et chez les gens plus anciens.
00:08:46 J'entendais en préambule effectivement que le cancer concernait, pour plus de 50% des cas,
00:08:51 des gens qui avaient plus de 70 ans, mais dans 50% des cas aussi, des gens qui ont moins de 70 ans.
00:08:56 C'est quelque chose qui me passionne, la recherche, c'est quelque chose aussi qui m'obnubile, le cancer.
00:09:03 Et je voudrais vous dire qu'il n'y a pas une journée quasiment qui se passe
00:09:07 sans que j'apprenne que quelqu'un dans mon entourage, proche, familial, professionnel, amical,
00:09:14 ne soit atteint d'une pathologie cancéreuse.
00:09:17 Un exemple, aujourd'hui j'ai une copine qui a été opérée d'une tumeur au cerveau à l'hôpital de la Petit-Essai-du-Pétrière.
00:09:24 J'ai perdu, il y a quelques mois, trois personnes de mon entourage professionnel,
00:09:31 dans l'entourage de l'équipe de production de Koh-Lanta, de cancer.
00:09:35 Et je ne parle pas de gens âgés, ce sont des gens qui sont jeunes.
00:09:38 La femme d'un collaborateur, 35 ans, deux collaborateurs qui avaient pour un an 48 ans,
00:09:44 s'est déclarée en quelques mois et il est parti très vite, et puis un autre, 54 ans.
00:09:48 Vous voyez, ce sont des choses qui me touchent beaucoup.
00:09:51 Et puis pourquoi la Fondation Arc ? Parce qu'à l'époque du cancer de mon père,
00:09:56 et bien avant même, mon père donnait à la Fondation Arc.
00:09:59 Alors la Fondation Arc a eu plusieurs étapes dans sa vie.
00:10:02 Il y a une étape tristement célèbre qu'on va oublier,
00:10:06 et puis il y a cette époque aujourd'hui qui est absolument extraordinaire,
00:10:10 avec des gens qui sont dans une honnêteté absolue,
00:10:14 et qui finalement essayent de récolter un maximum de dons et de lègles
00:10:19 pour offrir cet argent, pour offrir ces moyens à des chercheurs.
00:10:23 Et ce que je voulais vous dire, à vous, médecins généralistes,
00:10:26 qui êtes confrontés évidemment au premier chef, tout au long de vos consultations,
00:10:31 à ces enfants, ces adultes, ces personnes âgées qui finalement sont atteints d'un cancer,
00:10:36 et c'est vous qui êtes au cœur du premier diagnostic,
00:10:40 je voulais vous dire que cette fondation, elle était formidable,
00:10:43 et surtout que les chercheurs, et que les médecins, les oncologues, les professeurs français
00:10:48 faisaient partie des meilleurs du monde.
00:10:50 Je pense à Fabrice André, qui est l'un des tout meilleurs sur le cancer du sein,
00:10:53 qui est devenu un de mes amis, avec qui je parle énormément.
00:10:56 Vous allez interroger Eric Solari, qui est quelqu'un que je trouve extrêmement brillant,
00:11:01 et qui a la capacité aussi, et c'est très important, de vulgariser la recherche,
00:11:06 parce que ça c'est la base, pour vous les médecins généralistes,
00:11:09 mais pour nous aussi les béossiens.
00:11:11 Si ce sont des termes complètement barbares, eh bien on décroche,
00:11:15 et vous verrez sur Hippocrate dans le lab,
00:11:18 eh bien, avec les questionnements des médecins généralistes,
00:11:24 les informations données par les spécialistes, les oncologues et les cancérologues.
00:11:28 Donc, encore une fois, et je ne veux pas être très long ce soir,
00:11:30 je voulais vous dire combien il était important pour moi de m'investir
00:11:35 au travers de la recherche contre le cancer,
00:11:37 avec la fondation Arc, avec François Dupré, avec toutes ces équipes qui sont là,
00:11:43 pour encore une fois, de manière totalement désintéressée,
00:11:48 pour faire progresser la science, et dire, vraiment, être conscient,
00:11:53 toujours, que les médecins français, les cancérologues et les chercheurs
00:11:57 font partie des meilleurs du monde, des gens qu'on s'arrache aux Etats-Unis,
00:12:00 qu'on s'arrache en Allemagne, en Angleterre.
00:12:02 Donc, voilà, il faut à un moment ou à un autre, que cette fondation,
00:12:05 mais il y en a plein d'autres, puisse récolter un maximum d'argent,
00:12:08 parce que vous avez beau avoir les meilleurs, vous avez beau avoir la science,
00:12:11 si vous n'avez pas d'argent, vous ne parviendrez jamais à faire progresser
00:12:16 la lutte contre le cancer.
00:12:18 Et moi, je voudrais simplement vous dire une chose, quand je suis arrivé,
00:12:21 on soignait un peu plus d'un cancer sur deux.
00:12:24 Et on m'a dit à l'époque, à hauteur de 2024, 2025, on en soignera deux sur trois.
00:12:29 Mais je me suis dit, c'est magique, parce que, généralement,
00:12:31 quand on parle de recherche, on parle pour nos enfants,
00:12:33 nos petits-enfants et les générations futures.
00:12:35 Là, on parle pour nous.
00:12:37 On parle pour les gens qui sont aujourd'hui dans la vie,
00:12:40 qui se disent, tiens, peut-être qu'un jour, je ferai partie de cette branche
00:12:45 de la population qui pourra, grâce à la recherche,
00:12:49 survivre à un cancer, quel qu'il soit.
00:12:52 Bref, voilà, je vous dis que je regrette de ne pas être avec vous
00:12:56 dans cette ville qui m'est chère, puisque c'est la ville de ma maman
00:12:59 et de l'un de mes frères, Lyon, quelle belle ville.
00:13:02 Mais je veux dire que je suis toujours très impressionné,
00:13:05 très honoré de pouvoir être au contact de médecins.
00:13:09 Voyez, aujourd'hui, j'ai fait un trail avec une femme qui est médecin.
00:13:12 J'ai croisé quelqu'un que j'avais rencontré dans une autre compétition de trail.
00:13:15 Et je lui ai dit, mais vous faites quoi dans la vie ?
00:13:17 Je suis médecin généraliste.
00:13:18 Qu'est-ce que c'est beau d'être médecin généraliste,
00:13:20 parce que c'est vous qui êtes au cœur du dispositif.
00:13:23 C'est vous qui êtes la courroie de transmission première
00:13:26 avant qu'on soit avec les spécialistes.
00:13:28 Donc, ce soir, j'espère que vous allez apprendre plein de choses.
00:13:31 Et puis, surtout, à travers le podcast Hippocrate dans le lab,
00:13:34 vous allez peut-être avoir des réponses aux questions que vous vous posez,
00:13:37 parce que c'est ça qui est formidable.
00:13:39 Quand on est un médecin généraliste, on aborde tous les sujets,
00:13:42 mais on n'a forcément et évidemment pas toutes les réponses.
00:13:45 Donc, grâce aux oncologues, aux cancérologues et grâce aussi à ce podcast,
00:13:49 j'espère que vous serez encore plus amenés à être pertinents et performants
00:13:55 avec vos patients qui ont besoin non seulement de réponses concrètes,
00:14:00 médicalement parlant,
00:14:01 mais qui ont besoin aussi de toute votre attention psychologique
00:14:04 lorsqu'il faut leur annoncer que finalement, ils sont atteints de ce mal
00:14:08 qui se soigne aujourd'hui beaucoup plus qu'hier et beaucoup moins que demain.
00:14:12 Mais ce mal qui nous terrorise tous un petit peu pour nos proches,
00:14:17 pour nos collègues, nos collaborateurs ou nos amis.
00:14:19 Donc, je vous souhaite une excellente soirée.
00:14:22 Et encore une fois, toute mon énergie pour les médecins, les chercheurs.
00:14:27 Vous êtes de grands hommes et de grandes femmes pour demain
00:14:32 et pour que l'humanité puisse être encore plus belle et que la vie,
00:14:37 on puisse le dire encore plus, que la vie est belle et que le cancer se soigne.
00:14:42 Merci.
00:14:44 Merci beaucoup.
00:14:48 Ce message important de conviction qui va nous donner la parole pour pouvoir continuer.
00:14:55 Je reçois donc le professeur Eric Solari.
00:14:58 Et Eric, mes premières questions vont d'abord être sur, globalement,
00:15:04 peut être un rappel assez simple pour poser le décor d'une sorte de fresque historique
00:15:11 de l'histoire moderne de la cancérologie aujourd'hui.
00:15:14 Oui, merci Mathieu pour l'introduction.
00:15:18 Donc, peut être la première chose, il y a quelques mois,
00:15:23 la Fondation RARC avait organisé un webinaire avec des adhérents d'une mutuelle.
00:15:28 Et la question que je leur avais posée, c'est est-ce que vous pensez que le cancer est une maladie de la civilisation
00:15:33 ou est-ce que c'est une maladie qui est intrinsèque à l'espèce humaine ?
00:15:36 J'avais été surpris de voir que 70% ont répondu c'est une maladie de la civilisation.
00:15:40 Ce qui me suggère qu'il y a une énorme culpabilité associée à,
00:15:44 en fait, c'est une maladie d'IA non comportement, on se comporte mal et un jour on a le cancer.
00:15:49 Ce qui évidemment ne parlerait du tout, la trace la plus ancienne de cancer qu'on ait trouvé,
00:15:53 elle est chez un homme inédit, c'est même pas encore un homme.
00:15:57 C'est il y a 1,7 millions d'années dans une grotte d'Afrique du Sud,
00:16:00 qu'on a trouvé des traces de sarcomes sur un os.
00:16:03 Alors, ce n'est pas facile de trouver des restes de cancer dans les restes humains,
00:16:06 puisque c'est souvent dans les tissus mou, mais là, il y avait des traces sur un os d'un sarcome,
00:16:10 chez un homme inédit. Et après, on a retrouvé des traces dans les momies,
00:16:13 on a trouvé des traces en Perse, etc.
00:16:16 Après, c'est Hippocrate qui a créé le terme, ça fait 500 avant Jésus-Christ,
00:16:21 c'est le premier qui parle de cancer, son histoire de crabe,
00:16:24 et qui commence, il parle au départ d'un cancer du sang,
00:16:27 c'est le premier qui fait une classification par organes,
00:16:30 et c'est le premier qui fait une proposition physiopathologique.
00:16:32 Il dit le cancer, c'est une rétention d'humeur, il parle de bile noire,
00:16:37 ça devait être le nécrotique, ce qu'il avait tripatouillé,
00:16:40 et donc c'est une rétention de bile noire.
00:16:43 Et en fait, la physiopathologie d'Hippocrate, elle va tenir le coup pendant 2400 ans.
00:16:48 Pendant 2400 ans, on dira que le cancer, c'est une rétention d'humeur,
00:16:51 d'ailleurs, de toute façon, on confondra le cancer avec les verrues, les hémorroïdes,
00:16:55 enfin tout ce qui fait des boules, c'est de la rétention d'humeur, et c'est des cancers.
00:16:59 Donc, on met du temps avant de comprendre ce dont il s'agit,
00:17:03 et donc on situe le début de l'histoire de la cancérologie moderne,
00:17:08 au milieu du 19e siècle.
00:17:11 À ce moment-là, il y a une invention magistrale qui a été faite déjà deux siècles avant,
00:17:15 qui était le microscope, mais au début c'était un bout de bois avec une loupe au bout,
00:17:18 donc on voyait pas grand-chose, mais il s'améliore d'année en année,
00:17:21 et au bout de décennies en décennies, et à la fin, au début du 19e siècle,
00:17:26 on peut enfin voir qu'un cancer s'est fait avec des cellules.
00:17:29 C'est la fameuse théorie cellulaire de Virchow,
00:17:32 l'anodomophtalologue allemand, qui lance le début de l'histoire de la cancérologie.
00:17:38 Et comme en même époque, aux États-Unis, l'anesthésie commence à se développer,
00:17:43 le premier traitement du cancer apparaît à peu près au milieu du 19e siècle,
00:17:47 avec le développement de la chirurgie cancérologique.
00:17:50 Et puis après, vous allez voir, ça évolue tous les 50 ans.
00:17:53 L'étape suivante, 50 ans plus tard à peu près,
00:17:55 c'est la découverte des rayons X par Hodgkin, du radium par les Curie,
00:17:58 et très vite, mais vraiment très très vite, et d'ailleurs en France,
00:18:01 on utilise ça pour traiter des cancers, c'est le début de la radiothérapie.
00:18:05 Et puis ensuite, les chimistes commencent à faire de la chimie de synthèse.
00:18:09 D'abord, ils l'utilisent pendant la Première Guerre mondiale pour faire du gaz moutarde,
00:18:12 et puis les Américains qui viennent soigner les blessés disent "c'est bizarre,
00:18:16 ceux qui ont respiré du gaz moutarde, ils n'ont plus de globules blancs,
00:18:20 ça peut peut-être servir".
00:18:22 Et donc ils retournent à leur pipette, et finalement,
00:18:24 ils mettent au point les premières chimiothérapies testées dans les leucémies,
00:18:27 à peu près au milieu du 20e siècle.
00:18:31 Et puis ensuite, c'est Watson et Crick qui découvrent la structure de l'ADN,
00:18:36 c'est le début de la génétique et de la biologie cellulaire.
00:18:38 Pendant 50 ans, les chercheurs font de la génétique et de la biologie cellulaire,
00:18:42 mais la chimiothérapie progresse à peine, on utilise toujours les mêmes drogues,
00:18:45 ça ne bouge pas, ça ne bouge pas, jusqu'à 2000,
00:18:48 première thérapeutique ciblée allant directement neutraliser une anomalie génétique
00:18:54 qui caractérise une cellule cancéreuse.
00:18:56 Entre temps, on a montré qu'un cancer,
00:18:58 il y avait toujours des anomalies génétiques au niveau de l'ADN dans les cellules manies.
00:19:03 Donc on a des thérapeutiques ciblées.
00:19:05 Et très vite, on enchaîne toujours sur les progrès de la biologie cellulaire moléculaire,
00:19:08 et on arrive à l'immunothérapie,
00:19:11 qui est maintenant le cinquième type de traitement qu'on peut utiliser en cancérologie.
00:19:18 Et donc pour nous, Fondation Arc, Recherche sur le Cancer,
00:19:22 la question c'est quelle va être la prochaine grande découverte
00:19:25 qui va nous faire avancer d'un cran,
00:19:27 trouver une nouvelle option thérapeutique en cancérologie.
00:19:30 On en a cinq pour l'instant, quelle serait la prochaine ?
00:19:33 Et si on veut résumer, très rapidement, je dirais que le pari
00:19:37 que font beaucoup de personnes pour les 50 ans qui viennent,
00:19:42 c'est que notre capacité à manipuler des quantités de données considérables,
00:19:47 qui est une chose complètement nouvelle,
00:19:49 il y a 20 ans, vos malades vous faisiez un bilan biologique,
00:19:53 vous aviez 20 chiffres et vous vous débrouillez avec ça.
00:19:56 Aujourd'hui, quand on fait un bilan de cancer,
00:19:58 on passe ça dans des machines qui vous sortent des milliards de chiffres
00:20:01 parce qu'on a fait des analyses génétiques, épigénétiques,
00:20:04 éventuellement protéomiques, éventuellement métabolomiques.
00:20:07 On a des analyses d'images qui utilisent aussi de nouveaux outils
00:20:10 et tout ça va être brassé, analysé.
00:20:14 Alors on peut penser que c'est avec des outils d'intelligence artificielle,
00:20:17 ça peut paraître fantasmatique,
00:20:19 mais l'année dernière, il y a un premier travail qui est sorti
00:20:23 quand on revenait de chirurgie médecine qui m'a paru frappante,
00:20:26 c'est que les Danois, en utilisant simplement les données de l'assurance maladie,
00:20:30 le rythme des consultations et les ordonnances que les médecins font au Danemark,
00:20:34 ils ont créé un algorithme qui est prédictif du risque de cancer du pancréas
00:20:37 et ils l'ont validé sur une deuxième cohorte aux Etats-Unis.
00:20:40 Donc simplement avec des données ultra simples mais massives,
00:20:43 on arrive à générer des progrès dans la compréhension
00:20:49 et la manière dont on peut aborder et peut-être prédire
00:20:52 et améliorer la prévention des cancers.
00:20:54 Alors Eric, est-ce qu'on peut dire qu'il existe à chaque période de la vie
00:20:59 certains types de cancers sur lesquels on doit plus orienter son attention ?
00:21:04 Oui, ça c'est indiscutable.
00:21:07 En gros, il y a trois périodes.
00:21:09 Je pense qu'il y a les cancers pédiatriques qui font beaucoup parler d'eux.
00:21:12 Par rapport aux 430 000 cancers, en France, c'est 2500 cancers pédiatriques.
00:21:16 Donc en nombre, ce n'est pas beaucoup,
00:21:18 mais en place affective, c'est considérable.
00:21:21 Les cancers pédiatriques sont un peu particuliers.
00:21:23 Ce sont essentiellement des cancers du tissu hématopoïétique,
00:21:27 donc des leucémies et des cancers du système nerveux.
00:21:30 Les raisons pour ça ne sont pas extrêmement claires,
00:21:33 mais ce sont des tumeurs particulières qui surviennent souvent
00:21:36 par des mécanismes relativement simples.
00:21:38 C'est-à-dire qu'il y a très peu d'événements génétiques,
00:21:41 d'événements moléculaires nécessaires pour qu'une cellule se transforme
00:21:44 et donne un cancer chez l'enfant.
00:21:45 Ce sont des événements moléculaires très forts
00:21:47 qui génèrent la tumeur et dans des tissus particuliers.
00:21:51 Donc ça nécessite des études spécifiques
00:21:53 et la recherche en cancérologie pédiatrique est particulièrement active
00:21:56 à travers le monde.
00:21:58 Il y a une deuxième période qui est la période
00:22:01 jusqu'à l'âge moyen de survenu des cancers.
00:22:04 L'âge moyen de diagnostic d'un cancer en France,
00:22:07 c'est 66 ans chez l'homme, 67 ans chez la femme.
00:22:10 Donc il y a toute la période entre des adultes jeunes,
00:22:14 25 ans et c'est 67 ans,
00:22:17 où on parle parfois de mort prématurée de cancer.
00:22:20 C'est-à-dire qu'on mort avant la moyenne habituelle
00:22:22 de survenu de ces maladies.
00:22:24 Ce n'est pas juste un artifice de description.
00:22:28 C'est aussi parce qu'il y a des cancers un peu particuliers,
00:22:31 semble-t-il, qui surviennent à cet âge.
00:22:33 Et surtout l'épidémiologie actuelle envoie des signaux
00:22:36 un peu inquiétants sur les cancers de la sphère digestive,
00:22:39 les cancers de l'œsophage, du foie, du pancréas, etc.,
00:22:42 où l'incidence augmente très rapidement
00:22:45 pour des raisons que personne n'explique correctement pour l'instant.
00:22:48 Donc il y a ces cancers de l'adulte jeune
00:22:51 qui sont en augmentation,
00:22:53 qui semblent obéir à des règles épidémiologiques
00:22:57 qu'on ne maîtrise pas encore bien.
00:22:59 Et on peut dire que la troisième catégorie,
00:23:01 ce sont les cancers plus âgés,
00:23:03 sont plutôt des cancers liés au vieillissement des tissus,
00:23:06 liés au fait que le cancer est une maladie intrinsèque à l'homme
00:23:10 qui, d'une certaine manière, accompagne le vieillissement des tissus
00:23:13 dans un certain nombre de cas.
00:23:15 Ça ne veut pas dire que c'est désespérant
00:23:17 parce qu'on progresse aussi beaucoup dans la biologie du vieillissement.
00:23:20 Ces 40 dernières années, il y a eu des fraudes inconsidérables
00:23:22 pour comprendre ce que c'est que vieillir,
00:23:24 ce que c'est qu'un tissu qui vieillit,
00:23:25 ce que c'est que la sénescence cellulaire,
00:23:27 comment elle est régulée, etc.
00:23:29 Et on commence à intervenir sur le vieillissement.
00:23:32 Le sérum de jouvence, ce n'est plus complètement fantasmatique.
00:23:36 Il y a des essais qui viennent d'être lancés
00:23:38 pour essayer de prévenir, de modifier
00:23:41 les effets du vieillissement sur les tissus.
00:23:43 On sait qu'en particulier, pour donner un exemple très simple,
00:23:46 dans nos tissus en vieillissant, on accumule...
00:23:48 disons que... je vais essayer de le reprendre autrement.
00:23:51 Disons qu'en permanence, on renouvelle nos cellules
00:23:53 et nos cellules entrent en sénescence.
00:23:54 Habituellement, une cellule qui entre en sénescence,
00:23:57 elle s'arrête, elle a un espèce d'arrêt métabolique,
00:23:59 elle reste là, mais quand on est jeune,
00:24:01 le système immunitaire vient l'éliminer et nettoie le tissu.
00:24:05 Quand on vieillit, notre système immunitaire vieillit avec nous.
00:24:08 Il y a aussi de la sénescence dans le système immunitaire.
00:24:09 Donc, il est moins doué pour enlever les cellules sénescentes.
00:24:12 Et donc, plus on vieillit, plus on accumule
00:24:14 des cellules sénescentes dans nos tissus.
00:24:15 Les cellules sénescentes, ce sont des cellules très inflammatoires
00:24:18 qui crachent des cytokines inflammatoires.
00:24:19 Elles ne se divisent plus, mais elles crachent
00:24:21 des cytokines inflammatoires.
00:24:22 Donc, elles créent...
00:24:23 Vieillir, c'est devenir de plus en plus inflammatoire.
00:24:26 Et l'inflammation, c'est un merveilleux promoteur de cancer.
00:24:28 Donc, ça explique qu'il y ait ce lien
00:24:31 entre vieillissement et cancer.
00:24:32 Si on arrive à éliminer les cellules sénescentes,
00:24:35 et on commence à avoir des médicaments sénolytiques,
00:24:37 on va faire un peu comme sur nos disques durs.
00:24:39 On va défragmenter nos tissus, nettoyer les cellules sénescentes
00:24:42 et peut-être ralentir l'émergence d'un certain nombre de cancers.
00:24:45 C'est en tout cas une voie de recherche extrêmement active.
00:24:48 Donc, on a bien compris le panorama global.
00:24:51 On a bien compris l'évolution chronologique.
00:24:53 Et puis, on a bien compris que le cancer est vraiment quelque chose
00:24:55 qui, malheureusement, quelque part, accompagne toute la vie de l'homme.
00:24:58 C'est donc quelque chose, forcément,
00:25:00 qui se présente aux consultations de tous les jours.
00:25:03 Ça veut dire que nous, thérapeutes,
00:25:06 on doit avoir un impact dessus pour l'identifier, l'éviter.
00:25:12 Il y a donc toute une logique de dépistage et de prévention.
00:25:17 Ce sujet est un sujet qui n'est absolument pas simple
00:25:21 dans la pratique clinique quotidienne,
00:25:23 notamment parce que la prévention primaire,
00:25:25 qui consiste à empêcher la survenue de la maladie,
00:25:29 doit venir en amont de tous signes indicateurs de cette pathologie.
00:25:34 C'est un sujet important parce que,
00:25:36 dans le sondage Ipsos qui a été réalisé par la Fondation Arc,
00:25:42 il a été identifié que cette question de la prévention
00:25:46 représentait un dilemme fort pour la médecine du quotidien,
00:25:52 la médecine générale.
00:25:54 Un dilemme important parce que les moyens de lutte
00:25:57 sont parfois complexes à appréhender pour le médecin.
00:26:02 Alors, justement, quels sont les moyens concrètement
00:26:07 que l'on peut avoir dans sa consultation
00:26:09 sans oublier quelque chose,
00:26:11 sans passer à côté de quelque chose au quotidien ?
00:26:15 C'est un vaste sujet et un sujet essentiel.
00:26:19 Il y a certainement un aspect très intéressant dans le sondage
00:26:24 qui est que les médecins généralistes répondent en disant
00:26:27 qu'on aurait besoin de temps pour des consultations de prévention.
00:26:30 C'est clair que l'approche de prévention nécessite
00:26:35 une interaction assez approfondie avec des personnes
00:26:39 qui ne sont pas encore forcément des patients,
00:26:43 pour essayer de détecter et de personnaliser
00:26:46 les recommandations qu'on va faire.
00:26:49 Si on regarde le panorama global,
00:26:51 aujourd'hui on considère qu'il y a à peu près 40% des cancers
00:26:55 pour lesquels il y a un risque modifiable.
00:26:58 On pourrait monter un peu la barre,
00:27:01 il y a en plus 10% de cancers avec des facteurs génétiques
00:27:05 de prédisposition constitutionnelle.
00:27:08 Et puis le reste, il y a les effets de vieillissement
00:27:10 qu'on a évoqués tout à l'heure,
00:27:11 qui sont peut-être un facteur modifiable
00:27:13 ou qui le seront peut-être dans les décennies qui viennent.
00:27:16 Si on s'intéresse,
00:27:17 réglons d'abord peut-être le problème de la génétique.
00:27:21 Il y a un certain nombre de prédispositions génétiques.
00:27:24 On a tous un patrimoine génétique
00:27:26 et certains d'entre nous sont plus prédisposés que d'autres
00:27:29 à faire des cancers.
00:27:30 Il y a des prédispositions très fortes qui sont bien connues.
00:27:33 Vous savez la mutation BRCA1 qui a été popularisée
00:27:37 par Angélina Jolie,
00:27:38 qui a mis sur la table sa mutation constitutive,
00:27:42 qui l'a amenée à titre préventif
00:27:44 à se faire enlever les seins et les ovaires.
00:27:46 Et à se faire surveiller de façon extrêmement rapprochée.
00:27:49 Ça c'est une première situation.
00:27:51 Donc il y a un certain nombre de gènes comme ça
00:27:53 qui sont mutés constitutivement dans des familles
00:27:55 qui sont des gènes de prédisposition très forte des cancers.
00:27:58 À ce moment-là, il y a beaucoup de membres dans la famille
00:27:59 qui sont touchés.
00:28:00 C'est des prédispositions assez bien identifiées maintenant.
00:28:04 Et la question qui se pose maintenant est de savoir,
00:28:08 une fois qu'on l'a identifié
00:28:10 et qu'on l'a expliqué à des gens qui ne sont pas encore malades,
00:28:13 comment on fait pour les accompagner
00:28:15 pour prévenir les étapes.
00:28:16 Et donc on progresse dans ce domaine,
00:28:18 d'abord en termes de rythme de surveillance
00:28:20 qui peut être adapté à ce qu'on a identifié.
00:28:23 Et puis éventuellement à des recommandations,
00:28:26 voire peut-être, et c'est la question qui se pose ensuite,
00:28:29 est-ce qu'on pourra même donner des médicaments
00:28:33 qui vont diminuer le risque ?
00:28:35 La question peut se poser.
00:28:36 Aller déjà utiliser, par exemple, avec l'aspirine
00:28:38 ou des anti-inflammatoires,
00:28:40 pour certaines personnes qui ont des prédispositions
00:28:42 aux cancers coliques,
00:28:43 parce qu'ils ont le syndrome de Lynch
00:28:48 qui s'accompagne de polypes un peu partout,
00:28:50 qui se transforment très vite.
00:28:52 Donc il y a déjà des médicaments utilisés.
00:28:54 On se pose la question,
00:28:55 et le concept qui a émergé il y a une dizaine d'années,
00:28:57 c'est le concept d'interception des cancers.
00:28:59 C'est-à-dire on sait que les gens ont une prédisposition génétique,
00:29:01 on sait qu'un jour ou l'autre, ils peuvent en développer un.
00:29:04 Est-ce qu'on va pouvoir leur donner de temps en temps
00:29:06 un médicament qui va éliminer les cellules
00:29:08 avant même qu'on soit capable de les détecter
00:29:10 ou de les voir en tout cas,
00:29:12 ou d'en avoir la preuve ?
00:29:15 Donc ça, c'est une piste de recherche assez active
00:29:17 et qui commence déjà à porter ses fruits.
00:29:19 Il y a d'autres maladies, comme le syndrome de Gorlin,
00:29:21 qui donne des basocellulaires un peu partout,
00:29:23 pour lesquelles on commence à utiliser à titre préventif
00:29:25 des médicaments qui avaient au départ été utilisés à titre curatif.
00:29:28 Mais on cherche la manière de faire ça.
00:29:30 Donc c'est une voie de recherche.
00:29:32 Ensuite, il y a des prédispositions génétiques
00:29:34 qui sont beaucoup plus faibles,
00:29:35 mais qui sont plus nombreuses dans la population.
00:29:37 Celle-là, c'est beaucoup plus compliqué à gérer.
00:29:39 Et pour l'instant, on n'a pas encore de bonnes mesures.
00:29:41 Mais il est probable que dans l'avenir,
00:29:43 on va utiliser ces connaissances des prédispositions génétiques
00:29:47 pour rythmer le dépistage qu'on va proposer aux patients.
00:29:52 Aujourd'hui, on a un dépistage systématique.
00:29:53 Vous connaissez le système mammographie tous les deux ans,
00:29:55 de 50 à 74 ans.
00:29:57 Test immunologique sur les selles de 50 à 74 ans
00:30:00 chez les hommes et les femmes.
00:30:01 Et surveillance gynécologique pour le col.
00:30:03 Ça, c'est le dépistage organisé, rythmé,
00:30:06 le même pour tout le monde.
00:30:08 La grande question, c'est est-ce qu'un jour,
00:30:10 et je pense qu'on y vient,
00:30:12 on va personnaliser le dépistage.
00:30:13 Et ça sera un rôle important du médecin généraliste
00:30:15 que de comprendre quels sont les facteurs de risque
00:30:18 chez un patient donné, comment vous vivez,
00:30:21 quelle est votre histoire familiale,
00:30:23 est-ce qu'on fait un test génétique
00:30:25 pour voir s'il y a quelque chose,
00:30:26 et est-ce qu'on adapte ensuite le dépistage à ça.
00:30:29 C'est vers quelque chose de cette nature
00:30:31 que l'on se dirige, même si aujourd'hui,
00:30:33 ce n'est pas le cas.
00:30:34 On n'est pas en train de faire ça,
00:30:35 mais simplement, c'est l'objet d'essais,
00:30:37 en particulier à l'échelle européenne.
00:30:38 Par exemple, dans le cancer du sein,
00:30:40 il y a 85 000 femmes qui ont été enrôlées,
00:30:42 la moitié à l'anthropographie tous les deux ans,
00:30:44 la moitié à une mammographie à un rythme fixé
00:30:46 en fonction de ces données de vie
00:30:47 et des données génétiques.
00:30:49 Et on va voir si on progresse en termes de dépistage
00:30:52 avec ce genre de stratégie.
00:30:54 Donc, on va vers une prévention personnalisée.
00:30:56 Et je pense que pour vous, généraliste,
00:30:58 ça va être sans doute une étape essentielle,
00:31:00 mais qui certainement va demander du temps.
00:31:02 Et donc, votre demande de temps pour la prévention,
00:31:05 elle est absolument essentielle.
00:31:07 - Cet élément-là, est-ce que,
00:31:09 vous l'avez évoqué un peu tout à l'heure,
00:31:11 l'apport des algorithmes au quotidien,
00:31:14 l'apport de l'intelligence artificielle,
00:31:17 va être un suppléant, un élément complémentaire
00:31:21 de la consultation de tous les jours ?
00:31:23 - Un suppléant, je ne pense pas,
00:31:25 mais ça va être une aide, en particulier,
00:31:27 dans des endroits très précis.
00:31:29 Par exemple, on progresse beaucoup en analyse d'images.
00:31:31 Donc, il est certain que l'intelligence artificielle
00:31:34 va aider les radiologues à interpréter des images
00:31:37 qui sont à peine visibles
00:31:39 et qui peuvent être difficiles d'interprétation.
00:31:41 C'est vrai pour l'imagerie médicale,
00:31:43 c'est vrai pour l'imagerie pathologique,
00:31:45 pour l'anapathe.
00:31:47 Tout ça va rentrer progressivement dans l'usage.
00:31:50 - Vous avez aussi beaucoup parlé de biopsie liquide.
00:31:53 Cet élément, d'ailleurs, on peut le préciser,
00:31:56 mais cet élément est-il aussi un outil,
00:31:58 un recours de la consultation du quotidien ?
00:32:01 - Biopsie liquide, c'est un joli concept,
00:32:03 mais c'est beaucoup plus compliqué.
00:32:05 Parce que le principe de la biopsie liquide,
00:32:07 c'est au lieu d'aller biopsier les gens
00:32:09 quand on pense qu'ils ont quelque chose dans un tissu,
00:32:11 c'est de dire on va le chercher dans le sang.
00:32:13 On va chercher dans le sang des morceaux d'ADN
00:32:15 parce que toute tumeur qui se développe dans un tissu,
00:32:17 il y a des cellules qui meurent et de l'ADN qui passe dans le sang
00:32:20 et on peut détecter de l'ADN muté.
00:32:22 Et ça donne une indication de la présence de la tumeur.
00:32:27 Si on fait ça en dépistage, c'est compliqué
00:32:30 parce qu'imaginez que vous faites une prise de sang,
00:32:32 vous trouvez un ADN muté avec une mutation,
00:32:35 on va prendre un gène qui est très connu, qui est P53.
00:32:38 Et puis voilà. Où est-ce qu'il y a la tumeur ?
00:32:42 Les mutations de P53, ça peut se voir dans toutes les tumeurs humaines.
00:32:46 Donc si vous tombez là-dessus,
00:32:48 ce n'est pas un outil de dépistage très accessible aujourd'hui
00:32:51 parce que ça ne suffit pas.
00:32:52 Il va falloir faire quelque chose d'autre.
00:32:54 Donc la biopsie liquide en dépistage pur,
00:32:57 aujourd'hui ce n'est pas faisable
00:32:58 parce qu'on risque de tomber sur des anomalies
00:33:00 dont on ne saurait pas d'où elles viennent.
00:33:01 Et là, c'est la panique générale.
00:33:04 Peut-être combiné à de l'imagerie et à d'autres techniques.
00:33:08 Oui, ça va peut-être dans les années qui viennent
00:33:10 devenir un outil de dépistage.
00:33:11 Pour l'instant, c'est plutôt développé en tant qu'outil de suivi.
00:33:15 Parce qu'on a identifié une tumeur,
00:33:16 on sait quelles sont les mutations.
00:33:17 Ensuite, on traite.
00:33:18 On voit si la réponse est bonne.
00:33:19 Et la biopsie liquide permet de voir si on a vraiment
00:33:21 complètement éliminé toute trace d'ADN muté dans le sang.
00:33:24 Et ça, c'est probablement une indication de suivi intéressante
00:33:26 qui permet aussi de voir venir ensuite les rechutes un peu plus vite.
00:33:29 Je reviens sur l'exemple du BRCA1 qui a été évoqué tout à l'heure.
00:33:33 C'est une recherche de mutation.
00:33:34 C'est quelque chose aussi que l'on doit rechercher à la consultation
00:33:38 en médecine générale et adresser vers quoi?
00:33:43 Un oncogénéticien, vers un oncologue,
00:33:46 surtout dans les personnes de la famille,
00:33:49 c'est à dire l'entourage qui ne sont peut-être pas encore malades.
00:33:53 Quelle est la conduite à faire ici en termes de prévention?
00:33:57 Autre sujet ultra délicat.
00:33:59 Donc, en fait, on ne peut pas bille en tête demander un test génétique
00:34:04 comme ça à un patient.
00:34:05 Il faut que ça passe par un oncogénéticien.
00:34:06 Donc, il y a une histoire familiale qui laisse suspecter qu'il
00:34:09 peut y avoir une cause génétique.
00:34:10 Je pense qu'il faut que ce soit analysé par quelqu'un qui a
00:34:13 l'expérience de la génétique et en particulier l'oncogénétique
00:34:16 pour le faire dans des conditions appropriées et savoir exactement
00:34:19 ce qu'il faut aller chercher parce que ce sont des tests assez
00:34:22 sophistiqués pour la santé et assez complexes.
00:34:25 Le danger, ce serait que tout le monde se fasse séquencer son
00:34:27 génome, se retrouve avec sa liste de ses mutations constitutives
00:34:30 et se débrouille avec ça après.
00:34:31 Ce qui est bon courage, évidemment, pour la plupart des gens
00:34:34 qui vont se retrouver avec des mutations difficiles.
00:34:36 Donc, vraiment, il faut que ça passe par les oncogénéticiens
00:34:39 pour tout ce qui est prédisposition.
00:34:41 Et quand il y a un doute, il y a des consultations d'oncogénétiques.
00:34:44 C'est une spécialité bien particulière qui connaît les règles
00:34:48 et qui, en plus, est connecté à toutes les questions d'éthique
00:34:51 qui accompagnent ça.
00:34:52 Puisqu'une fois qu'on a découvert une mutation,
00:34:54 mais ça, je pense que tout le monde en a probablement
00:34:57 l'expérience.
00:34:58 Après, la question, c'est qu'est ce qu'on fait avec la famille?
00:35:00 On l'annonce, on n'annonce pas.
00:35:01 Il y a des patients qui veulent surtout pas qu'on annonce
00:35:04 comment il faut se positionner en fonction du degré de risque
00:35:07 et en fonction aussi de ce qu'on va avoir à proposer derrière.
00:35:10 C'est à dire que annoncer puis n'avoir rien à proposer,
00:35:13 ça reste un problème compliqué.
00:35:15 Donc, il y a énormément de questions autour de la façon
00:35:17 de gérer ça et énormément de cas particuliers.
00:35:21 Et c'est pour ça qu'on a besoin des oncogénéticiens pour aider
00:35:23 à gérer ces diagnostics génétiques très difficiles.
00:35:28 Je reviens sur le vieillissement qui a été un point que tout à l'heure,
00:35:31 vous aviez évoqué.
00:35:33 C'est un élément inéluctable, même si on arrive peut être
00:35:38 à le repousser un peu.
00:35:40 Mais c'est un facteur de risque, donc de survenus de cancer.
00:35:44 Dans quelle mesure du coup, aujourd'hui, il est modifiable
00:35:48 pour repousser, reculer, éviter certaines survenues?
00:35:52 Aujourd'hui, il ne l'est pas, mais il commence peut être à l'être.
00:35:58 C'est ça en fait la question.
00:36:00 Le meilleur moyen de vieillir sainement et lentement,
00:36:08 c'est la restriction calorique.
00:36:11 Ce n'est pas tout à fait notre monde, mais c'est ça.
00:36:15 Dans tous les modèles qui soient, le meilleur moyen de vieillir
00:36:19 plus lentement, c'est la restriction calorique.
00:36:21 Bon, maintenant, c'est vivre mal, mais vivre longtemps.
00:36:26 Ce n'est pas forcément la meilleure solution.
00:36:28 Après, il y a des pistes.
00:36:30 Le vieillissement, c'est très associé au métabolisme,
00:36:32 aux voies de l'insuline, aux voies du sucre.
00:36:35 Les japonais centenaires qui ont été très étudiés,
00:36:39 parce que c'est des japonais qui vivaient 120 ans,
00:36:41 ça intriguait tout le monde, qui ne faisaient pas de cancer en plus.
00:36:43 Il y a une espèce de lien avec ces gens qui ont une extrême longévité
00:36:46 et le fait de ne pas développer de cancer.
00:36:48 Et donc, en fait, leur tissu vieillit très peu et ils ont
00:36:50 un polymorphisme génétique qui touche un facteur qui s'appelle
00:36:54 Fox-Pétoin, qui est un facteur qui régule le métabolisme de l'insuline.
00:36:57 Et donc, ils ont un métabolisme très particulier qui les protège
00:37:00 des effets du vieillissement.
00:37:01 Donc, ça commence à jouer dans les essais qui se développent.
00:37:04 En particulier, certains testent la metformine à titre de
00:37:08 antidiabétique, à titre de manière de prévenir les effets du vieillissement.
00:37:12 Il y a des voies de cette nature.
00:37:14 Est ce que ce sont les bonnes?
00:37:16 Et puis, il y a ces fameux scénolithiques que j'évoquais tout à l'heure,
00:37:18 qui sont faits plutôt pour détruire les cellules saines et saines.
00:37:22 Et il y a quelques autres voies.
00:37:23 Donc, on commence à connaître les voies métaboliques.
00:37:25 Et l'idée, c'est que si on arrivait à ralentir les effets du vieillissement
00:37:29 et aussi à le mesurer, mais je peux dire un mois après là dessus.
00:37:32 Déjà, ralentir les effets du vieillissement, c'est d'ailleurs
00:37:34 pas seulement une manière de prévenir le cancer, c'est une manière
00:37:36 de prévenir toutes les maladies chroniques associées au vieillissement d'un coup.
00:37:39 Donc, avec une seule approche, on peut avoir un effet préventif
00:37:43 beaucoup plus global.
00:37:44 Là encore, pour des médecins généralistes, le jour où on aura ces solutions
00:37:48 à évoquer, à proposer, ça va changer le panorama.
00:37:52 Donc, voilà, j'avais en tête le fait qu'une autre voie de recherche
00:37:58 actuellement, c'est de mesurer notre âge biologique.
00:38:00 Donc, c'est sur une prise de sang.
00:38:03 Il y a des équipes de recherche, en particulier avec quelques équipes
00:38:07 très pointues aux Etats-Unis qui travaillent là dessus, qui,
00:38:09 avec des marqueurs, tantôt des protéines, tantôt des marqueurs épigénétiques,
00:38:14 arrivent à calculer un âge biologique.
00:38:17 Et donc, certains d'entre nous ont un âge biologique inférieur à l'âge
00:38:20 civil, d'autres supérieur à l'âge civil.
00:38:22 Et c'est peut être une manière complémentaire et surtout beaucoup
00:38:27 moins chronophage que le bilan gériatrique classique chez les gens
00:38:33 qui sont un peu âgés.
00:38:34 Avant de traiter un cancer, souvent on fait un bilan gériatrique,
00:38:36 une évaluation gériatrique avec 10 spécialistes qui vont chacun donner
00:38:40 leur avis.
00:38:41 Ça prend énormément de temps et d'énergie.
00:38:43 C'est finalement pas très bien fait.
00:38:45 Et peut être que si on arrive à trouver des marqueurs biologiques
00:38:47 de vieillissement qui donne une espèce de panorama un peu comme ça.
00:38:51 Aujourd'hui, c'est encore du fantasme, mais c'est peut être aussi une voie
00:38:55 pour guider les thérapeutiques anti, le choix des thérapeutiques
00:38:58 anti cancéreuses chez les personnes les plus âgées.
00:39:00 De l'ordre du fantasme, aujourd'hui, on voit beaucoup la démultiplication
00:39:03 des applications de tout genre sur les smartphones et autres.
00:39:06 Et je fais cette petite digression, mais la prévention, c'est souvent
00:39:10 la détection de facteurs environnementaux qu'on n'a pas forcément établi,
00:39:14 de sa propre pression cardiaque ou autres.
00:39:18 Les applications iPhone, e-santé ou autres.
00:39:20 Est ce que c'est quelque chose que demain, à votre avis,
00:39:23 en médecine générale, du quotidien, on pourrait être amené
00:39:25 à recommander?
00:39:26 Je suis sûr qu'il y a des patients qui posent la question aujourd'hui,
00:39:29 parce que peut être cet outil permet d'avoir la détection
00:39:33 de facteurs favorisants qu'on n'aurait jamais même imaginé,
00:39:36 identifié ou dont on n'aurait pas voulu poser la question en consultation.
00:39:40 Alors ça, c'est sûr qu'on va vers quelque chose de cette nature.
00:39:43 L'Europe s'y emploie activement.
00:39:45 L'Europe s'est emparée de la santé.
00:39:47 C'est quelque chose qui n'était pas le cas.
00:39:50 C'était une Europe économique.
00:39:52 D'ailleurs, elle s'empare de la santé pour des raisons économiques.
00:39:54 Elle s'empare du cancer pour des raisons économiques.
00:39:56 Comme l'incidence va monter considérablement dans les années
00:39:59 qui viennent et que les traitements sont de plus en plus nombreux,
00:40:02 de plus en plus chers, les systèmes de santé vont dans le mur.
00:40:04 Donc, l'Europe s'est d'abord intéressée pour des raisons économiques.
00:40:07 Et finalement, on s'est dit on va monter.
00:40:09 On va réfléchir plus globalement en termes de santé.
00:40:12 Et ils sont en train de préparer ce qu'ils appellent
00:40:14 Europe Health Data Space.
00:40:16 C'est discuté en ce moment au Parlement.
00:40:19 C'est d'une très grande complexité.
00:40:21 J'ai reçu les textes il y a quelques jours.
00:40:24 C'est une page de texte législative.
00:40:26 C'est assez indigeste.
00:40:28 Mais tout ça pour dire que l'Europe s'empare du sujet.
00:40:31 Et ce qu'elle prépare, alors il y a plusieurs objectifs.
00:40:35 L'un d'entre eux, c'est comment on va avoir besoin de données massives.
00:40:38 C'est de faire circuler les données en Europe.
00:40:40 Pour l'instant, on est quand même très bloqué par le RGPD, etc.
00:40:43 Donc, ce n'est pas simple.
00:40:45 Donc, on travaille là-dessus.
00:40:46 Comment on va faire circuler les données pour avoir accès
00:40:48 à ces données massives de façon collective et ouverte.
00:40:52 La deuxième chose, c'est de mettre dans les mains des patients
00:40:54 des applications.
00:40:56 En ce moment, un des objectifs, un des projets européens,
00:40:59 c'est d'avoir une application sur le téléphone avec quatre parties.
00:41:04 Il y a une partie avec des informations générales.
00:41:08 Une partie avec le dossier médical du patient qui lui est propre
00:41:11 sur lequel il pourra renseigner.
00:41:13 Des dossiers avec des recommandations qui lui sont faites
00:41:15 et un dialogue avec son médecin.
00:41:17 Et un dossier pour donner accès ou pas accès aux données
00:41:19 qui lui sont données à tout le monde, à ces données de santé.
00:41:22 A tout le monde, évidemment, de façon anonymisée et dans un contexte
00:41:24 qui est en train d'être créé.
00:41:26 Mais à permettre que ces données soient utilisées pour la recherche.
00:41:30 Donc, tout le monde, dans combien de temps ?
00:41:33 Je ne sais pas, est-ce qu'on est à une échelle de 10-15 ans ?
00:41:35 C'est quelque chose comme ça.
00:41:36 Aura sur son téléphone cette application avec ces données de santé.
00:41:40 À côté de nous, maintenant, il y aura le permis de conduire,
00:41:42 paraît-il, et puis l'identité.
00:41:44 Mais il y aura aussi toutes les données de santé.
00:41:46 Et la possibilité d'autoriser les chercheurs à utiliser
00:41:48 les données de santé pour des interrogations sur des données massives.
00:41:52 Il semble que c'est quand même un élément sans doute clé,
00:41:55 parce que les facteurs environnementaux sont présents au quotidien.
00:41:58 Et ça ne pourra jamais être le médecin qui, au quotidien,
00:42:01 vit avec le patient et son entourage.
00:42:03 On est dans un sujet d'innovation.
00:42:05 C'est au cœur de l'actualité, c'est le lien avec la recherche.
00:42:09 L'innovation, justement, dans les pratiques, dans les prises en charge,
00:42:13 dans les traitements aujourd'hui.
00:42:15 Quel est le panorama à nouveau de l'arsenal thérapeutique
00:42:20 qui est face à nous aujourd'hui ?
00:42:22 On a évoqué tout à l'heure les cinq outils qu'on a à disposition.
00:42:29 Donc la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie,
00:42:33 les thérapeutiques cibles et l'immunothérapie.
00:42:36 Dans chacun de ces domaines, des progrès sont faits.
00:42:41 Sur le chirurgien, la chirurgie robotique explose.
00:42:45 La radiothérapie va devenir la radiothérapie flash,
00:42:49 avec très peu de séances, des calculs de doses extrêmement précis,
00:42:53 tenant compte des mouvements, etc.
00:42:55 Donc dans chaque domaine, on progresse.
00:42:57 J'utilise quelques fois la comparaison de...
00:43:04 On peut améliorer toutes ces bougies,
00:43:06 mais il faut inventer une nouvelle façon de faire de l'électricité.
00:43:10 C'est ça, c'est le travail de Patrick,
00:43:12 de découvrir la prochaine étape dans la thérapeutique anticancéreuse.
00:43:17 On en est là, mais dans chacun de ces domaines,
00:43:22 on est en train de continuer à progresser.
00:43:24 En particulier en immunothérapie, puisque c'est la plus récente,
00:43:28 c'est évidemment un domaine en pleine explosion.
00:43:30 L'une des raisons pour lesquelles l'immunothérapie fait tellement parler d'elle,
00:43:34 c'est qu'il y a un changement conceptuel majeur.
00:43:36 Jusqu'à maintenant, les quatre autres approches thérapeutiques
00:43:39 vont droit sur la cellule cancéreuse et la détruisent.
00:43:41 Avec l'immunothérapie, on va chercher,
00:43:43 ça vient des défenses de la personne.
00:43:46 On passe d'une vision de la cancérologie,
00:43:49 qui a toujours été, qu'on appelait réductionniste,
00:43:51 c'est-à-dire le cancer, c'est une cellule qui a des altérations génétiques,
00:43:54 qui est là et qui pousse toute seule.
00:43:56 Et il faut s'attaquer à cette cellule qui pousse toute seule.
00:43:59 Et aujourd'hui, on a une vision holistique.
00:44:02 C'est-à-dire que pour deux raisons,
00:44:05 je vais essayer de vous l'expliquer.
00:44:07 C'est une vision holistique parce que d'abord,
00:44:09 on va chercher d'autres cellules de l'organisme pour éliminer la tumeur.
00:44:11 Mais aussi, et peut-être qu'il faut insister là-dessus,
00:44:14 parce que ce n'est peut-être pas encore assez connu,
00:44:16 parce que ça date de 2015 seulement,
00:44:18 et c'est une découverte que je trouve fondamentale,
00:44:20 c'est que dans les cellules cancéreuses,
00:44:23 on a décrit des altérations de gènes
00:44:26 qu'on appelle des oncogènes depuis.
00:44:28 C'est les gènes de cancer.
00:44:29 Quand ils sont mutés, ils donnent le cancer.
00:44:32 Les oncogènes.
00:44:35 Et avec les techniques de séquençage génétique
00:44:37 qui ont cessé de progresser depuis 2000 en particulier,
00:44:41 et qui permettent maintenant d'aller au niveau d'une seule cellule
00:44:44 et de faire l'ensemble du génome,
00:44:47 on s'aperçoit que,
00:44:49 et en particulier les chercheurs anglais ont montré que
00:44:52 dans nos tissus sains,
00:44:54 on est bourré de cellules avec des mutations des oncogènes.
00:44:58 On a plein de clones, plein de tissus sains.
00:45:02 La première fois, ils ont fait ça sur des paupières
00:45:04 pour se faire de la chirurgie esthétique.
00:45:06 Ils ont fait des petits trous dans les paupières
00:45:07 et ils ont séquencé ça.
00:45:09 Et boum, ils ont trouvé des mutations de P53,
00:45:11 des mutations de NODGE, des mutations d'HFGFR.
00:45:14 Donc des gènes majeurs de cancer.
00:45:17 Et les gens à 25 ans avaient déjà 6 clones mutés
00:45:22 par millimètre carré de peau.
00:45:24 Wow.
00:45:27 Donc en fait,
00:45:29 le concept qu'on avait avant,
00:45:30 qui était un cancer c'est une cellule
00:45:32 dans laquelle sont apparus des mutations des oncogènes.
00:45:34 Appartenamment, on a une mutation d'un oncogène dans une cellule céphilis,
00:45:37 c'est une cellule cancéreuse.
00:45:38 Tout fou, c'est pas ça.
00:45:41 Donc on est plein de cellules.
00:45:43 Et pourtant, finalement,
00:45:44 on a plein de cellules avec des mutations oncogéniques
00:45:47 et on ne fait pas des cancers tous les jours.
00:45:50 En tout cas, c'est pas.
00:45:53 Donc, en tout cas, il n'y en a que très rarement qui émergent
00:45:57 compte tenu du nombre de clones
00:45:59 avec des mutations oncogéniques qu'on a dans l'organisme.
00:46:01 Et en plus, maintenant,
00:46:02 comme on a des techniques qui permettent de remonter le temps,
00:46:04 on s'aperçoit que les tout premiers clones de certains cancers
00:46:07 sont apparus dans l'enfance
00:46:09 pour un cancer qui émerge à 60 ans,
00:46:11 voire même pendant l'embryo génèse.
00:46:14 Ça a été montré en particulier dans des hémopathies
00:46:16 ou des outils qui permettent de remonter ça.
00:46:18 Donc quelqu'un qui développe, par exemple,
00:46:20 prenant une maladie assez simple,
00:46:21 la maladie de Váquez, une polyglobulie à 60 ans.
00:46:24 En fait, le clone Jacques de Demuté,
00:46:25 c'est la mutation de la polyglobulie,
00:46:27 il est apparu quelques fois pendant l'embryo génèse.
00:46:30 Bon.
00:46:32 Donc un cancer, ce n'est pas juste une cellule
00:46:34 qui acquiert des mutations, c'est autre chose.
00:46:36 Donc il y a une question d'environnement.
00:46:38 Il faut qu'à un moment donné,
00:46:39 le tissu autour du cancer soit devenu permissif.
00:46:42 Donc la vision endophaniste, ça ne tient plus.
00:46:44 Il faut absolument être holistique.
00:46:45 Il faut prendre en compte le tissu qui est autour.
00:46:47 Et donc, un des sujets de recherche actuelle,
00:46:50 c'est de comprendre toute la composante inflammatoire
00:46:52 que j'ai déjà évoquée,
00:46:54 qui probablement à un moment donné,
00:46:56 joue le rôle de promoteur sur un de ces clones qui existent.
00:46:59 Alors la plupart, probablement, disparaissent,
00:47:02 entrent en sénescence, etc.
00:47:04 Mais ce qui est épreuvant, c'est que
00:47:06 quand les chercheurs de Granbrunsch s'étaient amusés
00:47:09 à refaire l'expérience sur beaucoup d'autres tissus,
00:47:11 en particulier sur l'œsophage, à différents âges,
00:47:13 et on voyait que, en milieu de vie,
00:47:16 on a déjà 50% de nos tissus qui sont envahis de clones.
00:47:19 Donc il y en a énormément.
00:47:21 Et ces clones, ils ne donnent pas de cancer.
00:47:23 Donc à un moment donné, ils vont rentrer en sénescence
00:47:25 et être plus ou moins éliminés
00:47:27 et de moins en moins vients par le système immunitaire
00:47:30 et créent de l'inflammation.
00:47:32 Donc voilà, ça participe au vieillissement de ces clones.
00:47:34 Et de temps en temps, il y en a un qui émerge,
00:47:36 peut-être par une part de hasard,
00:47:38 plus de promoteurs.
00:47:40 Et pour terminer là-dessus,
00:47:42 l'année dernière, les Anglais encore,
00:47:45 ont publié un paper en disant que
00:47:47 les particules de diesel,
00:47:49 ces micro-particules,
00:47:51 on appelle ça 2,5, je ne sais pas quoi,
00:47:53 qu'il y a dans l'air, en fait, des moteurs diesel,
00:47:55 finalement, c'est exactement ça qu'elles font,
00:47:57 l'effet toxique de ces particules,
00:47:59 c'est qu'elles arrivent sur des muqueuses bronchiques
00:48:01 qui sont déjà pleines de clones.
00:48:03 Si on la fuait, elles en ont encore plus
00:48:05 et elles sont encore plus mutées.
00:48:07 Et elles jouent le rôle de promoteurs.
00:48:09 Je termine avec juste une histoire expérimentale
00:48:11 parce que je trouve qu'elle illustre bien
00:48:13 quels sont les problèmes.
00:48:15 Parce que c'est une vieille histoire.
00:48:17 C'est une chercheuse qui travaillait sur un virus
00:48:19 qui donne le cancer, le virus du sarcomte de Rousse.
00:48:21 Une histoire, un virus qui a été découvert
00:48:23 par un scientifique.
00:48:25 Et puis elle, elle a injecté son virus du sarcomte de Rousse
00:48:27 dans l'ail du poulet pour donner une tumeur.
00:48:29 Puis elle injecte son virus,
00:48:31 et puis il lui vient l'idée d'aller sur le motret
00:48:35 et de frotter avec un produit un peu agressif
00:48:39 qui déclenche de l'inflammation.
00:48:41 La tumeur émerge.
00:48:43 Donc pour qu'une tumeur émerge,
00:48:45 il faut qu'il y ait un tissu
00:48:47 qui soit un peu permissif.
00:48:49 Donc un cancer, ce n'est pas juste une cellule malade,
00:48:51 c'est une cellule malade dans un tissu
00:48:53 qui lui a donné la permission de pousser.
00:48:55 Et la manière de l'aborder maintenant en recherche,
00:48:57 c'est de comprendre qu'est-ce qui fait émerger les tumeurs.
00:48:59 Comment ça se fait qu'un tissu
00:49:01 tout d'un coup devienne permissif ?
00:49:03 Qu'est-ce que ça veut dire ? Comment ça se passe ?
00:49:05 Et aujourd'hui, on est encore dans le flou
00:49:07 dans beaucoup d'aspects de cette interaction
00:49:09 entre la cellule et son environnement.
00:49:11 - Ça veut dire quand même qu'on a beaucoup de situations
00:49:13 dans lesquelles on vit avec le cancer
00:49:15 naissant, pas encore déclaré.
00:49:17 Peut-être qu'il ne se déclarera pas.
00:49:19 - Il y a une illustration de ça
00:49:21 que l'on doit connaître.
00:49:23 Il y a des autopsies qui ont été faites
00:49:25 chez des gens qui ont eu des accidents de la route
00:49:27 et on a fait des autopsies de la prostate.
00:49:29 Et entre 20 et 30 ans, je crois qu'on ne trouvait rien.
00:49:31 Mais à partir de 30 ans, on commence à trouver
00:49:33 des petits carcinomes ici, de temps en temps.
00:49:35 À 50 ans, de plus en plus, etc.
00:49:37 Et donc voilà, on vit sans doute avec des petits carcinomes
00:49:39 qui sont longtemps contrôlés par le tissu environnement
00:49:41 et il faut les laisser faire.
00:49:43 - Ça veut dire qu'il faut savoir aussi
00:49:45 expliquer aux patients que
00:49:47 ce n'est pas une fatalité en soi
00:49:49 et que
00:49:51 tous les cancers ne sont pas équivalents
00:49:53 d'une part et qu'il faut savoir peut-être vivre avec
00:49:55 ce qui n'est pas forcément facile à expliquer.
00:49:57 - Alors, oui, ça c'est encore un autre aspect.
00:49:59 C'est vrai qu'il y a un certain nombre de cancers
00:50:01 qui ne sont pas très agressifs
00:50:03 et avec lesquels on peut vivre longtemps.
00:50:05 À partir du moment où l'authenticité
00:50:07 est modeste et acceptable.
00:50:09 Et même
00:50:11 un cancer qui est
00:50:13 très rare,
00:50:15 et même un...
00:50:17 Mais là, on n'y est pas encore tout à fait, mais
00:50:19 je pense que c'est un peu une bataille
00:50:21 avec les oncologues médicaux parce qu'il y a quand même
00:50:23 l'idée qu'un cancer,
00:50:25 nettoyer, en ralentir, il faut le guérir.
00:50:27 Mais peut-être qu'en particulier chez les gens les plus âgés,
00:50:29 et c'est difficile d'appréhender en ce moment
00:50:31 les cancers chez les gens les plus âgés, alors la population
00:50:33 va vieillir, vieillir, vieillir, donc c'est un vrai
00:50:35 problème de fond.
00:50:37 Chez les gens les plus âgés, est-ce qu'il faut absolument s'acharner
00:50:39 à guérir la tumeur, quitte à déclencher des effets
00:50:41 secondaires et des risques majeurs, ou est-ce qu'il faut
00:50:43 simplement ralentir la progression et contrôler
00:50:45 les choses ? Et
00:50:47 si on raisonne comme ça, peut-être que
00:50:49 on va, en qualité de vie en particulier
00:50:51 de gens qui sont atteints de tumeur, on peut accepter
00:50:53 si la qualité de vie est satisfaisante,
00:50:55 on peut accepter de dire "oui, il y a un cancer
00:50:57 quelque part, mais on contrôle", et on
00:50:59 arrive à chroniciter quand même beaucoup
00:51:01 un certain nombre de cancers. Donc cancer,
00:51:03 pathologie chronique, ça, on tous
00:51:05 bien fait des choses. Aujourd'hui,
00:51:07 si on devait donner un chiffre, si les patients nous demandaient
00:51:09 des consultations, on en guérit
00:51:11 combien de cancers ?
00:51:13 Aujourd'hui, on considère qu'on guérit
00:51:15 60% des cancers, et
00:51:17 on a beaucoup
00:51:19 travaillé au sein de la Fondation ARCOS pour pas
00:51:21 balancer des messages d'espoir inutiles,
00:51:23 mais si on regarde avec les épidémiologistes,
00:51:25 on a appelé le CIR,
00:51:27 le Centre international de recherche
00:51:29 sur le cancer, qui sont des épidémiologistes avec des données
00:51:31 dans le monde entier, etc.
00:51:33 Prévoir qu'on guérira
00:51:35 3 cancers sur 4
00:51:37 en 2035
00:51:39 paraît accessible.
00:51:41 C'est déjà beaucoup.
00:51:43 Ça veut dire du coup
00:51:45 guérir, on dit vraiment
00:51:47 guérir, et donc on peut
00:51:49 vivre après aussi,
00:51:51 alors même que justement,
00:51:53 vous avez dit qu'on vit quand même toujours
00:51:55 un peu avec, donc du coup
00:51:57 il y a une certaine ambiguïté.
00:51:59 Non, en fait,
00:52:01 d'abord il y a toujours la question
00:52:03 de la rémission longue et de la guérison,
00:52:05 mais évidemment, c'est un sujet
00:52:07 où il y a toujours cette ambiguïté
00:52:09 et les statistiques se font toujours sur des
00:52:11 5 ans ou maintenant, les américains montent à 10 ans.
00:52:13 Donc ça veut dire quand même qu'on progresse,
00:52:15 n'empêche,
00:52:17 rien que l'idée de reculer la barrière suggère que
00:52:19 si on est capable de la reculer, c'est qu'on sent
00:52:21 qu'on y est. Donc je pense que
00:52:23 on progresse tellement.
00:52:25 Non, mais en fait,
00:52:27 ce qui a émergé récemment, c'est que
00:52:29 puisqu'on guérit 60%
00:52:31 des cancers, il y a 60% de gens
00:52:33 qui vivent et qui ont eu un cancer.
00:52:35 Or, le traitement
00:52:37 du cancer lui-même, la maladie,
00:52:39 le traitement du cancer lui-même a des effets.
00:52:41 Et un des effets des traitements
00:52:43 des cancers, c'est qu'ils accélèrent les effets
00:52:45 de vieillissement. Si on prend les paramètres
00:52:47 de vieillissement et qu'on les mesure chez des gens
00:52:49 qui ont été traités, on voit que cet effet
00:52:51 de fatigue chronique est souvent décrit par des gens
00:52:53 qui ont eu un cancer.
00:52:55 Et c'est un des paramètres
00:52:57 de vieillissement, d'où encore l'intérêt
00:52:59 de travailler sur
00:53:01 le vieillissement et sur la façon
00:53:03 de le limiter,
00:53:05 de limiter les effets.
00:53:07 C'est aussi important pour les survivants de cancers,
00:53:09 c'est-à-dire même qui vont représenter la majorité
00:53:11 des patients maintenant.
00:53:13 C'est
00:53:15 un premier aspect.
00:53:17 Le deuxième
00:53:19 aspect, c'est que maintenant qu'on guérit
00:53:21 beaucoup, on travaille aussi sur la désescalade
00:53:23 thérapeutique dans un certain nombre de cancers.
00:53:25 Parce que si on peut guérir,
00:53:27 et maintenant, il y a
00:53:29 quelques tumeurs qu'on arrive
00:53:31 à guérir, par exemple, sans aucune chimiothérapie,
00:53:33 alors c'est des pharmacies avancées
00:53:35 avec des médicaments ciblés,
00:53:37 avec des combinaisons de médicaments ciblés
00:53:39 et d'immunothérapie, et on commence
00:53:41 à avoir des résultats de cette nature, qui vont
00:53:43 probablement,
00:53:45 on l'espère, réduire les effets
00:53:47 à long terme du traitement et permettre aux gens de retrouver
00:53:49 une qualité de vie quasi normale
00:53:51 après. C'est l'espoir.
00:53:53 C'est l'objectif.
00:53:55 Une dernière question encore. On a l'impression
00:53:57 que c'est une certitude,
00:53:59 c'est un bouillonnant évolutif
00:54:01 de thérapeutiques et de nouvelles voies.
00:54:03 On n'a pas évoqué
00:54:05 l'environnement proche
00:54:07 aux professionnels,
00:54:11 des médecins autour, et les nouvelles
00:54:13 possibilités de délégation
00:54:15 de nouveaux acteurs,
00:54:17 d'infirmiers ou d'infirmières de pratiques
00:54:19 avancées. Juste
00:54:21 un élément sur ce sujet-là, quel est son rôle
00:54:23 dans ce tissu de relation avec
00:54:25 le médecin généraliste, l'oncologue,
00:54:27 l'oncogénéticien?
00:54:29 Alors ça, c'est un autre élément extrêmement
00:54:31 important. Je pense que pour le médecin
00:54:33 généraliste qui est en train de se passer en cancerologie, il doit être
00:54:35 un peu vertigineux parce qu'il y a plus de
00:54:37 1000 médicaments qui sont laissés en permanence dans le monde,
00:54:39 quasiment dans chaque catégorie de médicaments.
00:54:41 C'est un thérapeutique ciblé, peut-être mieux autre
00:54:43 dans les immunothérapies, les différentes formes.
00:54:45 C'est
00:54:47 manifestement impossible de suivre
00:54:49 énormément de médicaments qui ont été mis sur le marché
00:54:51 dans les dernières années,
00:54:53 avec des effets secondaires qui ne leur sont spécifiques
00:54:55 et pas encore très bien connus, et pas encore
00:54:57 bien enregistrés. Donc,
00:54:59 c'est vertigineux.
00:55:01 Alors comment faire face à ça?
00:55:03 Je pense que ce qui est en train de se dessiner,
00:55:05 c'est des nouveaux parcours de soins
00:55:07 et des nouvelles façons
00:55:09 de prendre en charge les patients
00:55:11 à l'hôpital pour que le médecin généraliste
00:55:13 ne se prête pas tout sur le dos
00:55:15 quand les patients sont sortis.
00:55:17 C'est d'abord
00:55:19 le développement de nouveaux métiers infirmiers,
00:55:21 donc les infirmières de pratiques avancées
00:55:23 qui vont, par exemple,
00:55:25 rester en contact téléphonique avec les malades.
00:55:27 Et il y a déjà des études qui ont été faites
00:55:29 et qui montrent que c'est un bénéfice considérable
00:55:31 de pouvoir téléphoner aux malades toutes les semaines
00:55:33 ou tous les 15 jours ou tous les mois, selon le type
00:55:35 de traitement et les effets secondaires,
00:55:37 simplement pour les aider à tenir,
00:55:39 à vérifier qu'ils ont bien pris le médicament,
00:55:41 à expliquer,
00:55:43 à aider pour les effets secondaires. Ce qui
00:55:45 peut libérer le médecin généraliste, c'est de lui permettre de se consacrer
00:55:47 à d'autres tâches d'accompagnement
00:55:49 pour les patients traités. Cet aspect qui est très spécifique
00:55:51 du médicament lui-même et qui nécessite énormément
00:55:53 de spécialisation peut être géré
00:55:55 à partir de l'hôpital, même si
00:55:57 le patient est suivi et traité en ambulatoire.
00:55:59 C'est vraiment quelque chose,
00:56:01 le changement de parcours de soins
00:56:03 et
00:56:05 le maintien d'un contact
00:56:07 pour les aspects très spécifiques
00:56:09 entre l'hôpital et le patient
00:56:11 devrait éviter,
00:56:13 j'espère, enfin vous me direz ce que vous en pensez,
00:56:15 mais peut-être éviter
00:56:17 cette impression d'être
00:56:19 débordée par le nombre de nouveautés
00:56:21 qui émergent quasiment tous les mois
00:56:23 parce que le nombre de médicaments enregistrés
00:56:25 c'est vraiment important.
00:56:27 Peut-être avant de donner la parole
00:56:29 à une success-story lyonnaise,
00:56:31 j'aimerais peut-être juste
00:56:33 proposer éventuellement
00:56:35 distribuer la parole s'il y avait des
00:56:37 questions sur ces éléments
00:56:39 ou sur ce vertige
00:56:41 notamment qui est évoqué du nombre
00:56:43 de thérapeutiques en cours
00:56:45 ou de la difficulté peut-être
00:56:47 à être informée, bien
00:56:49 renseignée.
00:56:51 C'est peut-être quelque chose au quotidien parmi les médecins
00:56:53 qui sont dans la salle qui représentent
00:56:55 un élément
00:56:57 complexe du quotidien
00:56:59 pour lequel vous avez
00:57:01 déjà fait face ou
00:57:03 pour lequel vous avez peut-être eu
00:57:05 des expériences ou des
00:57:07 anecdotes ou des solutions.
00:57:09 Si peut-être quelqu'un,
00:57:11 c'est un petit peu audacieux ce que je fais, mais peut-être que quelqu'un
00:57:13 veut échanger ou
00:57:15 rapporter une problématique
00:57:17 sur une prise en charge
00:57:19 si c'est une prise en charge bien sûr
00:57:21 régulière ou quotidienne.
00:57:23 Et peut-être que je suis
00:57:25 trop présomptueux et il n'y aura pas
00:57:27 de courageux qui prendront le micro
00:57:29 qui va me donner la possibilité
00:57:31 pendant que vous méditerez à cette question-là
00:57:33 de laisser la parole
00:57:35 à Patrick Mellen
00:57:37 qui incarne ici
00:57:39 justement
00:57:41 la possibilité d'avoir des idées
00:57:43 pour changer,
00:57:45 pour pouvoir évoluer,
00:57:47 passer des concepts thérapeutiques
00:57:49 que l'on a vus vers
00:57:51 des formes peut-être
00:57:53 du quotidien de demain, écrire
00:57:55 une nouvelle voie de traitement
00:57:57 qui pourrait être celle des patients
00:57:59 de demain. Patrick, est-ce que vous pourriez
00:58:01 un petit peu préciser
00:58:03 justement votre histoire,
00:58:05 votre sujet ?
00:58:07 Merci, bonsoir. J'ai bu
00:58:09 les paroles d'Éric, c'était tout à fait remarquable.
00:58:11 J'ai appris
00:58:13 plein de choses en fait, c'est beau.
00:58:15 Donc raconter mon histoire
00:58:17 qui n'est pas forcément très intéressante.
00:58:19 Donc moi je ne suis pas
00:58:21 médecin, je suis un chercheur
00:58:23 initialement
00:58:25 biologie cellulaire,
00:58:27 plutôt intéressé au départ
00:58:29 biologie du développement.
00:58:31 Éric en a parlé un petit peu,
00:58:33 on a parlé des cancers pédiatriques qui sont
00:58:35 effectivement globalement des cancers
00:58:37 qui sont liés à un défaut de développement.
00:58:39 Il n'y a pas d'altération génétique, c'est plutôt
00:58:41 un problème de développement.
00:58:43 Donc moi ce qui m'a intéressé au départ, c'est
00:58:45 le développement embryonnaire, de la recherche
00:58:47 très fondamentale.
00:58:49 Et puis,
00:58:51 quelque chose qui m'intéresse
00:58:53 depuis toujours, c'est comprendre pourquoi les cellules
00:58:55 meurent et pourquoi certaines cellules
00:58:57 ne meurent pas. Donc vous allez me dire pourquoi on s'intéresse
00:58:59 à ça. Parce que dans
00:59:01 un organisme,
00:59:03 il y a forcément plein de choses qui se passent
00:59:05 mais la mort cellulaire est quelque chose d'essentiel
00:59:07 parce qu'il faut que toutes cellules qui se divisent
00:59:09 à un moment donné se mettent à mourir.
00:59:11 Si ce n'est pas le cas, on est une espèce de
00:59:13 grosse patate énorme qui va
00:59:15 grossir et grossir.
00:59:17 Donc la mort est paradoxalement quelque chose de
00:59:19 très important dans le
00:59:21 développement de l'organisme.
00:59:23 Et donc, il se trouve
00:59:25 qu'on a découvert pourquoi
00:59:27 certaines cellules
00:59:29 mourraient.
00:59:31 On a découvert un mécanisme
00:59:33 pour expliquer ça.
00:59:35 Et puis, ma vie a basculé
00:59:37 quand
00:59:39 j'étais un chercheur assez visible
00:59:41 sur Lyon et donc
00:59:43 le centre Lyon-Berart voulait à ce moment-là
00:59:45 développer de la recherche sur son site.
00:59:47 C'était essentiellement un hôpital qui traitait
00:59:49 les patients qui avaient des cancers.
00:59:51 Et un visionnaire
00:59:53 qui était Thierry Philippe
00:59:55 avait décidé de dire qu'il fallait
00:59:57 essayer d'amener de la recherche sur le site.
00:59:59 Et donc,
01:00:01 il m'a fait venir sur le site
01:00:03 pour essayer
01:00:05 d'aider au recrutement d'autres chercheurs
01:00:07 qui pourraient développer
01:00:09 des thématiques de recherche sur le cancer.
01:00:11 Et en arrivant ici, j'ai découvert
01:00:13 des oncologues
01:00:15 qui étaient des gens
01:00:17 tout à fait merveilleux
01:00:19 qui s'intéressaient
01:00:21 à ces malades. Et je me suis dit,
01:00:23 est-ce que ce que j'ai découvert
01:00:25 dans le cadre de la
01:00:27 biologie cellulaire et du développement
01:00:29 embryonnaire pourrait
01:00:31 servir au cancer ?
01:00:33 Une banalité qui est de dire que
01:00:35 les cellules cancéreuses, ce sont les cellules qui refusent de mourir.
01:00:37 Donc je me suis dit,
01:00:39 est-ce que le mécanisme que j'ai mis en évidence
01:00:41 de réinduction
01:00:43 de mort cellulaire est bloqué
01:00:45 dans les cellules cancéreuses ?
01:00:47 La chance a fait qu'effectivement, c'est un
01:00:49 mécanisme majeur
01:00:51 dans les cellules cancéreuses.
01:00:53 Et donc,
01:00:55 on a décidé de développer
01:00:57 un composé thérapeutique qui est en fait
01:00:59 un anticorps, un anticorps monoclonal
01:01:01 qui bloque, donc il y a une
01:01:03 protéine qui est sécrétée par les cellules
01:01:05 cancéreuses et qui
01:01:07 bloque la mort cellulaire. Et donc, on a créé
01:01:09 un anticorps monoclonal, on l'a fabriqué
01:01:11 pour réinduire la mort des cellules
01:01:13 cancéreuses. Et donc, on a fait
01:01:15 tout le parcours d'une recherche très
01:01:17 fondamentale à
01:01:19 des essais cliniques.
01:01:21 Donc, on a fait
01:01:23 ce qu'on appelle une phase 1,
01:01:25 qui a été faite au centre Léon Bérare,
01:01:27 qui est donc des patients qui sont très
01:01:29 malades, qui acceptent de prendre le traitement
01:01:31 comme dernier recours. Et donc,
01:01:33 on a vu que la première chose, c'est qu'il n'y a pas de toxicité,
01:01:35 mais surtout, on a vu
01:01:37 qu'il y avait des effets
01:01:39 thérapeutiques avec
01:01:41 des patients qui avaient des tumeurs
01:01:43 qui avaient réduites. Et puis,
01:01:45 en décortiquant un petit peu plus
01:01:47 ce qui se passait au niveau de la tumeur,
01:01:49 donc là, c'est
01:01:51 vraiment les
01:01:53 retours entre la recherche fondamentale
01:01:55 et la recherche clinique.
01:01:57 On a réussi à avoir des prélèvements
01:01:59 des tumeurs qui avaient été
01:02:01 traités avec notre anticorps. Et on a
01:02:03 découvert qu'en fait,
01:02:05 certes, on tuait des cellules cancéreuses,
01:02:07 mais on tuait plus spécifiquement
01:02:09 des cellules cancéreuses, qui étaient des cellules
01:02:11 qui se cachaient normalement au
01:02:13 traitement de référence
01:02:15 que sont les chimiothérapies.
01:02:17 Eric disait, des deux
01:02:19 avancées, des deux
01:02:21 dernières avancées, ça a été
01:02:23 les chimiothérapies
01:02:25 et les immunothérapies. J'oublie
01:02:27 exprès les thérapies ciblées. En fait,
01:02:29 ces traitements visent des cellules qui prolifèrent
01:02:31 beaucoup. Et en fait, il se trouve
01:02:33 que nous, avec notre anticorps, on
01:02:35 induit plus spécifiquement
01:02:37 la mort des cellules qui ne prolifèrent pas
01:02:39 beaucoup et qui sont celles qui vont être
01:02:41 à l'origine de ce qu'on appelle la
01:02:43 rechute.
01:02:45 Et donc, ayant
01:02:47 découvert ça, notre idée
01:02:49 était de combiner notre anticorps
01:02:51 soit avec des chimiothérapies,
01:02:53 soit avec des immunothérapies.
01:02:55 Et donc, c'est ce qui est fait depuis
01:02:57 deux ans. C'est piloté
01:02:59 par le Centre Léon Bérard. Il y a
01:03:01 six essais cliniques de phase 2
01:03:03 qui sont en cours
01:03:05 et qui testent des différentes
01:03:07 indications tumorales, des
01:03:09 cancers gynécaux, puisque c'est là qu'on avait vu
01:03:11 des effets en monothérapie,
01:03:13 donc la drogue seule
01:03:15 dans la phase 1. Donc, cancer
01:03:17 de l'endomètre, cancer du col de l'utérus.
01:03:19 Et puis, comme ça a l'air prometteur,
01:03:21 on a ouvert un essai
01:03:23 sur le cancer du pancréas qui a l'air tout à
01:03:25 fait très intéressant,
01:03:27 cancer du foie,
01:03:29 et puis des cancers qui sont
01:03:31 résistants aux immunothérapies. Donc, c'est ce qu'on appelle
01:03:33 un essai panier où il y a à la fois des
01:03:35 patients avec des cancers du poumon, des cancers
01:03:37 tétécous qui sont normalement
01:03:39 traités avec des immunothérapies qui ne répondent
01:03:41 pas et on leur rajoute notre anticorps
01:03:43 pour voir s'ils se mettent à répondre. Voilà.
01:03:45 Donc, c'est là où on en est et
01:03:47 on approche de la fin de l'histoire
01:03:49 puisque les résultats de la phase 2,
01:03:51 des phases 2 vont être
01:03:53 publiés dans les
01:03:55 six prochains mois. Là, on finit le recrutement
01:03:57 des patients. Et donc,
01:03:59 si ça marche, ce qu'on espère, ce qu'on pense,
01:04:01 à ce moment-là, effectivement,
01:04:03 on aura une petite contribution à augmenter
01:04:05 l'efficacité
01:04:07 des traitements à la fois
01:04:09 chimiothérapie et immunothérapie.
01:04:11 Pour bien comprendre, là, on est en train de parler
01:04:13 de cancers métastatiques
01:04:15 d'origine des organes que vous avez évoqués.
01:04:17 Gynéco et pancréas.
01:04:19 Pancréas, foie, tétécous, poumon.
01:04:21 On n'est pas en train
01:04:23 de parler de la tumeur localisée initiale.
01:04:25 Alors, il se trouve que
01:04:27 il y a un
01:04:29 ensemble de cette phase 2, donc pancréas,
01:04:31 foie,
01:04:33 qui sont des premières lignes.
01:04:35 Donc, c'est des patients qui ne sont pas forcément
01:04:37 métastatiques. Et par exemple, pour le pancréas,
01:04:39 c'est intéressant puisqu'on prend ce qu'on appelle
01:04:41 des localement avancés.
01:04:43 Donc, c'est des patients qui ne sont pas métastatiques
01:04:45 mais qui ne sont pas opérables.
01:04:47 Et la chose qui est
01:04:49 super prometteuse, c'est qu'on arrive
01:04:51 à avoir un certain
01:04:53 nombre de patients qui n'étaient pas opérables
01:04:55 qui deviennent opérables. Et donc,
01:04:57 voilà, ce qui semble aller avec l'idée
01:04:59 qu'on a
01:05:01 réussi à augmenter l'efficacité
01:05:03 de la chimiothérapie parce qu'on a plus spécifiquement
01:05:05 tué ces cellules
01:05:07 qui se cachent face à la chimiothérapie.
01:05:09 Ce qui est sûr, c'est que c'est une voie thérapeutique
01:05:11 en plus des voies thérapeutiques
01:05:13 déjà citées. C'est ça.
01:05:15 C'est exactement ça.
01:05:17 Et peut-être en complément de ce que disait
01:05:19 Eric tout à l'heure,
01:05:21 je pense que c'est aussi vers là qu'on va.
01:05:23 C'est-à-dire que de plus en plus,
01:05:25 on s'oriente vers des traitements en combinaison.
01:05:27 Pourquoi ? Parce que c'est
01:05:29 comme le rasoir Wilkinson.
01:05:31 Au départ, on avait des pubs avec une lame.
01:05:33 On se rendait compte que ça repoussait.
01:05:35 Après, on a eu deux lames. Et puis, je ne sais pas,
01:05:37 on est arrivé à cinq lames. L'idée, c'est effectivement
01:05:39 de multiplier
01:05:41 les impacts
01:05:43 de façon à,
01:05:45 dès la première fois,
01:05:47 limiter des cellules résiduelles,
01:05:49 des cellules qui
01:05:51 se cachent,
01:05:53 qui vont produire
01:05:55 des paramètres inflammatoires
01:05:57 qui vont être à la base de la rechute.
01:05:59 Si on peut éliminer ça tout de suite, on aura
01:06:01 donc des rechutes qui vont être retardées.
01:06:03 Vous parlez de lames, donc du coup, ça me parle un petit peu
01:06:05 en tant que chirurgien. Du coup,
01:06:07 je m'interroge, je me dis,
01:06:09 avec les éléments qui ont été évoqués par Eric
01:06:11 et les vôtres,
01:06:13 la place des thérapies
01:06:15 qui sont physiques
01:06:17 comme la radiothérapie
01:06:19 pour la tumeur localisée ou la chirurgie,
01:06:21 si on se projette,
01:06:23 ça n'aura peut-être
01:06:25 plus de place dans
01:06:27 quelques décades, dizaines d'années.
01:06:29 Je crois que la chirurgie, c'est encore le meilleur
01:06:31 moyen de régler
01:06:33 le problème du cancer.
01:06:35 - Ça, c'est OK pour aujourd'hui.
01:06:37 - Vous avez encore du travail pendant un petit moment.
01:06:39 - Si on se projette.
01:06:41 - Effectivement, on peut imaginer que...
01:06:43 Déjà, c'est le cas dans certains
01:06:45 cas, on n'opère pas, parce que soit
01:06:47 c'est trop tard, soit c'est pas possible.
01:06:49 Et donc, dans tous
01:06:51 ces cas, la chirurgie va
01:06:53 devenir de moins en moins
01:06:55 primordiale, peut-être.
01:06:57 Pour la radiothérapie,
01:06:59 c'est amusant parce qu'en fait,
01:07:01 il y a eu la radiothérapie, on est en train
01:07:03 de changer de mode de radiothérapie, mais on
01:07:05 fait aussi ce qui est très à la mode en ce moment,
01:07:07 qui émerge, qui n'existait pas il y a
01:07:09 5-6 ans, c'est ce qu'on appelle la radiothérapie
01:07:11 vectorisée, c'est-à-dire qu'on
01:07:13 va coupler des radio-éléments
01:07:15 à des drogues qui vont emmener
01:07:17 la radioactivité,
01:07:19 le radio-élément, vers la tumeur.
01:07:21 Et donc, il y a des effets
01:07:23 que vous devez connaître, ça, avec le cancer
01:07:25 de la prostate, le gluathéra,
01:07:27 qui est quelque chose qui permet
01:07:29 directement d'envoyer une
01:07:31 radiation locale sur les cellules tumorales,
01:07:33 ou en tout cas dans la masse tumorale,
01:07:35 et qui permet d'avoir des efficacités intéressantes.
01:07:37 Donc en gros, on va quelque part
01:07:39 transformer la radiothérapie classique
01:07:41 en une radiothérapie
01:07:43 qui sera associée à moins d'effets indésirables
01:07:45 et plus vectorisés.
01:07:47 Et donc en fait, ce que l'on comprend
01:07:49 en tout cas, c'est que l'évolution,
01:07:51 en tout cas pour les 20 années qui viennent peut-être,
01:07:53 c'est la combinaison.
01:07:55 C'est ça. C'est en fait avoir
01:07:57 un catalogue. Eric le mentionnait,
01:07:59 on est en parallèle
01:08:01 avec une caractérisation moléculaire
01:08:03 de plus en plus avancée.
01:08:05 Donc,
01:08:07 quand des patients rentrent
01:08:09 en consultation, on fait des biopsies,
01:08:11 des biopsies liquides, des biopsies solides.
01:08:13 On fait de la caractérisation
01:08:15 moléculaire. Donc on a une information
01:08:17 gigantesque sur
01:08:19 les altérations génétiques,
01:08:21 les paramètres immunologiques,
01:08:23 ce genre de choses. Et en même temps, pour l'instant,
01:08:25 on a un nombre de drogues. Donc Eric disait
01:08:27 qu'il y a 1000 essais cliniques
01:08:29 en cours, mais en fait, il y a très peu
01:08:31 de classes de médicaments différents.
01:08:33 C'est globalement toujours la même chose.
01:08:35 C'est aussi l'industrie pharmaceutique
01:08:37 qui veut ça. On prend assez peu de risques.
01:08:39 On a toujours tendance à vouloir faire la même
01:08:41 chose que les autres, parce qu'on est sûr que ça marche.
01:08:43 Donc il y a encore
01:08:45 peu de catalogues de médicaments différents
01:08:47 qui ciblent des altérations
01:08:49 différentes. Donc avec l'ensemble
01:08:51 de ces avancées, de la
01:08:53 recherche qui
01:08:55 prend des nouveaux paradigmes.
01:08:57 On parlait de la sénescence tout à l'heure,
01:08:59 avec les sénolytiques. Il y a des
01:09:01 thérapies qui visent les cellules
01:09:03 du microenvironnement.
01:09:05 Eric disait
01:09:07 en expliquant en quoi le microenvironnement
01:09:09 est super important pour
01:09:11 permettre le développement des tumeurs. Donc cibler
01:09:13 le microenvironnement, c'est quelque chose d'essentiel.
01:09:15 Des nouvelles molécules
01:09:17 qui vont cibler cette plasticité.
01:09:19 Donc le fait que des cellules
01:09:21 se cachent face au traitement,
01:09:23 tout ça, ça va être un arsenal qui va être
01:09:25 possible d'utiliser en fonction de la
01:09:27 caractérisation. Donc on va faire une espèce de
01:09:29 match entre ce qu'on sait
01:09:31 de la tumeur, ce qu'on sait du patient
01:09:33 et des différentes drogues qu'on a à disposition.
01:09:35 Plus on a de drogues, plus on aura de chances
01:09:37 d'avoir d'efficacité.
01:09:38 Je reviens sur un autre aspect de votre
01:09:40 exposé.
01:09:42 Les anticorps monoclonaux, on a vu
01:09:44 l'angle efficacité.
01:09:46 Mais on a parlé tout à l'heure de qualité de vie
01:09:48 et de vivre avec le cancer ou de vivre après le
01:09:50 cancer. J'imagine aussi qu'il y a quand même
01:09:52 aussi une certaine tolérance ou une intolérance
01:09:54 à ce traitement, à cette voie-là,
01:09:56 qui se surajoute à d'autres
01:09:58 toxicités peut-être, puisqu'on est dans les traitements
01:10:00 combinés. Alors j'imagine que
01:10:02 c'est aussi testé dans les phases, c'est le but.
01:10:04 Aujourd'hui,
01:10:06 comment vous
01:10:08 concevez ce traitement ?
01:10:10 Est-ce que la tolérance, elle est, par rapport
01:10:12 aux études en cours, est-ce que c'est quelque chose
01:10:14 qui semble être un
01:10:16 point faible ? Ou est-ce
01:10:18 que c'est quand même un point fort de cette thérapeutique ?
01:10:20 Alors la beauté de la chose, c'est que c'est un point
01:10:22 fort, c'est que pour l'instant, on n'a pas
01:10:24 de toxicité. Il y a plus de 300 patients
01:10:26 patients qui ont été
01:10:28 traités, certains pendant plus de
01:10:30 trois ans, et on n'a pas de
01:10:32 toxicité. Et le rationnel de ça,
01:10:34 c'est qu'en fait, la cible,
01:10:36 notre anticorps cible quelque chose
01:10:38 qui n'est pas présente chez
01:10:40 l'adulte. Il est présent qu'au cours du développement.
01:10:42 Donc on revient à mon background initial,
01:10:44 biologie du développement.
01:10:46 Donc c'est une protéine
01:10:48 qui n'est importante qu'au cours
01:10:50 du développement embryonnaire. Par
01:10:52 exemple, chez la souris, si on l'enlève au cours du
01:10:54 développement embryonnaire, la souris,
01:10:56 l'embryon ne se développe pas. Si on l'enlève
01:10:58 chez l'adulte, il ne se passe absolument rien.
01:11:00 Donc en fait, le traitement
01:11:02 n'est pas toxique
01:11:04 parce qu'il semble toucher uniquement
01:11:06 cette protéine qui est présente
01:11:08 que dans les cèlules tumorales. Donc pour
01:11:10 l'instant, on ne voit pas
01:11:12 ça comme un frein. - Tout à l'heure, vous disiez
01:11:14 que c'était l'aboutissement bientôt
01:11:16 des phases en cours. Ça veut dire que
01:11:18 l'étape d'après, c'est quoi ?
01:11:20 - L'étape d'après, c'est ce qu'on
01:11:22 appelle la phase d'enregistrement.
01:11:24 C'est le testé sur
01:11:26 beaucoup plus de
01:11:28 patients et dans de multiples
01:11:30 pays pour pouvoir
01:11:32 le prescrire
01:11:34 à tout le monde. Pour l'instant, on parle
01:11:36 des essais de phase 2. On a
01:11:38 un essai, c'est 200 patients. L'autre, c'est
01:11:40 50 patients. L'autre, c'est 100 patients. Donc c'est
01:11:42 un petit nombre de patients. Donc on est encore
01:11:44 dans l'étape de recherche.
01:11:46 L'étape d'après, ça sera plus
01:11:48 une étape industrielle puisque là,
01:11:50 il faut produire des tonnes de médicaments
01:11:52 et le candidat médicament est testé
01:11:54 à grande échelle. - Donc là, justement,
01:11:56 en ce moment, c'est une étude multicentrique
01:11:58 française ou peut-être même européenne,
01:12:00 des études multicentriques européennes,
01:12:02 issues au départ, du point
01:12:04 de départ du... - Du centre Clionbera,
01:12:06 exactement. - Et qui ensuite se
01:12:08 diffuse dans les centres promoteurs.
01:12:10 Demain, ça passe forcément du coup dans
01:12:12 l'industrie pharmaceutique et
01:12:14 la production de masse. - C'est ça, exactement.
01:12:16 - Ça, ce sera l'étape d'après si la phase 2
01:12:18 est concluante. - Est concluante, voilà.
01:12:20 - Ce que l'on vous souhaite. - Ce qu'on nous souhaite à tous.
01:12:22 - Ce qu'on vous souhaite à tous. Ça me donne
01:12:24 l'opportunité de dézoomer
01:12:26 un petit peu et puis de revenir
01:12:28 sur ce sujet
01:12:30 de lancement de podcast
01:12:32 qui nous réunit aussi aujourd'hui,
01:12:34 qui a été présenté tout à l'heure avec
01:12:36 conviction, on l'a vu, par le parrain
01:12:38 de ce podcast, Denis Brognard,
01:12:40 et qui me donne l'opportunité
01:12:42 de peut-être vous faire
01:12:44 écouter un petit peu, quelques séquences
01:12:46 si vous voulez bien le lancer.
01:12:48 Sonia et Jean sont médecins.
01:12:52 Et comme tous les médecins généralistes,
01:12:54 dans leur pratique,
01:12:56 ils peuvent être confrontés au cancer.
01:12:58 - Je me demande d'ailleurs
01:13:00 si aujourd'hui, il existe un dépistage
01:13:02 systématique pour les personnes à risque comme les...
01:13:04 - Mais d'ailleurs, on en est où sur les
01:13:06 nouveaux traitements pour le cancer ?
01:13:08 Est-ce qu'un jour, on va pouvoir parler de guérison ?
01:13:10 - C'est au cœur
01:13:12 des laboratoires que s'écrit
01:13:14 l'avenir de la lutte contre le cancer.
01:13:16 "Hypocrates dans le lab",
01:13:18 c'est le podcast
01:13:20 qui fait le lien entre
01:13:22 les médecins et les chercheurs.
01:13:24 - Alors pour identifier les personnes à risque, il y a pas mal
01:13:28 de moyens différents actuellement.
01:13:30 - On a réussi à utiliser
01:13:32 une arme indirecte,
01:13:34 l'immunothérapie. - Dans les années qui viennent,
01:13:36 créer des algorithmes permettant de détecter
01:13:38 un risque plus élevé de cancer du pancréas
01:13:40 et donc de surveiller. - Aujourd'hui,
01:13:42 il existe différents types de vaccins
01:13:44 préventifs du cancer. - L'intervalle de temps
01:13:46 entre le laboratoire et le passage
01:13:48 aux patients, il se raccourcit, grâce
01:13:50 à tous ces progrès au fil des années récentes.
01:13:52 "Hypocrates dans le lab",
01:13:54 un podcast
01:13:56 de la Fondation Arc, avec la
01:13:58 participation exceptionnelle
01:14:00 de son parrain, Denis Brognard.
01:14:02 Une production du studio
01:14:04 OZ, bientôt disponible
01:14:06 sur toutes les plateformes.
01:14:08 - Eh bien, c'est même pas bientôt disponible,
01:14:14 c'est ce soir disponible si vous voulez
01:14:16 le télécharger chez vous en rentrant
01:14:18 ou le faire découvrir aussi
01:14:20 à vos patients. Ça me donne
01:14:22 l'opportunité de conclure
01:14:24 sur cette soirée et sur
01:14:26 ces deux formidables interventions
01:14:28 pour lesquelles je remercie Eric
01:14:30 et puis je remercie Patrick
01:14:32 pour avoir
01:14:34 partagé avec nous la vision
01:14:36 de leur travail,
01:14:38 de leur exercice,
01:14:40 de ce que la cancérologie est aujourd'hui
01:14:42 dans le quotidien, de la clinique,
01:14:44 de ce que ce sera demain,
01:14:46 sans doute en soulevant des points
01:14:48 et des questions que vous posez
01:14:50 vous-même, que l'on retrouve d'ailleurs et que l'on vient
01:14:52 d'entendre dans ce podcast
01:14:54 qui donne en écho un petit peu
01:14:56 ces interrogations
01:14:58 en tant que professionnels de santé que l'on peut
01:15:00 avoir et qui sont parfois le miroir de celles
01:15:02 que nous pose le patient
01:15:04 à la consultation. Ça me donne
01:15:06 l'opportunité de remercier la fondation
01:15:08 Arc pour cet investissement
01:15:10 depuis de nombreuses années et on
01:15:12 l'espère pour de nombreuses années encore
01:15:14 avec le succès que ça portera
01:15:16 pour lutter contre le cancer.
01:15:18 De remercier aussi l'ensemble du public
01:15:20 et des médecins présents
01:15:22 ici pour être venus
01:15:24 et avoir assisté à ces deux
01:15:26 moments de conférence
01:15:28 et à l'ensemble de l'équipe technique qui a permis
01:15:30 cette réalisation. Merci à tous
01:15:32 et je vous souhaite une très bonne soirée.
01:15:34 [Applaudissements]
01:15:36 [Musique]
01:15:38 [Musique]
01:15:40 [Musique]
01:15:42 [Musique]